Février 2021 | Sur les routes | début de soirée

L’information était tombée soudainement, mais en réalité, Azzio n’était jamais prévenu très longtemps à l’avance non plus. On lui disait qu’il avait une mission et il partait dans la demi-heure. Il aimait ça, cette rapidité qui l’empêchait de pouvoir prévoir. Il aimait être surpris et plus que tout, il adorait quitter le garage soudainement. Certes, son métier là-bas lui procurait de la joie et il appréciait vraiment pouvoir toucher à tous sur les motos, mais l’ambiance était souvent trop pesante pour lui et cela lui faisait du bien de respirer l’air frais. Bon, c’est vrai qu’au travers du casque, l’air n’était plus toujours si frais, mais tout de même, il était plus pur que l’ambiance hypocrite qui régnait dans le cambouis.

Il attrape sa veste et se rend dans le bureau pour recevoir son ordre de mission. En réalité, c’est toujours le même : transporte ceci là-bas. Il ne fait pas grand chose de plus et cela lui convient parfaitement. Il ne veut pas être mêlé jusqu’au cou dans les emmerdes. Et, même s’il déteste Luca à cause de sa soeur, il admire le travail que fournit le jeune chef. Luca porte un poids énorme sur ses épaules et il n’a pas les vieux de la vieille pour le conseiller et l’entourer chaque jour. Bien sûr, avec la magie, toutes les informations vont très vite, mais il est tout de même seul ici aux commandes. Bien sûr, Azzio n’admettrait jamais ce qu’il vient de penser à voix haute.

La porte est entrouverte, il est donc attendu, mais quand il pose un pied dans le bureau, il se rend compte qu’il n’est pas seul. Haig tient un casque entre ses mains. Est-ce elle qu’il doit transporter ? « L’argent se trouve là » Il indique le point avec sa longue baguette sur le plan de Londres. « Vous avez trois heures pour le ramener. » Pas une formule de politesse ou de remerciement, comme d’habitude on ne lui demande pas son avis, juste d’agir. Le reste se verra sur place. Azzio acquiesce et se tourne vers Haig. Il la connait de nom surtout, mais c’est une bonne occasion pour se rencontrer. Il la salue d’un geste de la tête puis il sort du bureau, se dirigeant vers sa bécane, un sourire aux lèvres.

Il enfile sa veste en cuir et son casque, puis monte sur la moto. Il attend que la demoiselle se positionne derrière-lui. Enfin, il décolle. Pour de vrai. Même s’il monte des motos volantes depuis des années, même si elles ont toutes était améliorées par la magie et qu’il en est habitué, il ne s’arrêtera jamais d’être extasié par le principe. Il continue d’avoir des étoiles dans les yeux et de savourer chaque instant. Le vent qui fouette son visage, la sensation de tout maîtriser, le fait de voler ! Azzio se sent bien sur ses motos.

Leurs casques étant magiquement relié dès l’instant où ils sont sur la même bécane, Azzio se permet de parler à la jeune femme. « J’t’ai même pas demandé si tu avais l’habitude ? T’avais l’air sereine en montant alors je ne me suis pas posé de question, mais tu me dis si … y a le moindre truc. » Azzio ne sait pas vraiment ce qui pourrait être ce truc, la vitesse ? L’inconfort ? L’envie de vomir ? Qu’importe, il ne ressent rien de tout cela, il aime juste être à sa place dans les airs.


Il ne savait toujours pas précisément ce qu’il allait faire, ni si Haig comptait sur lui pour quoique ce soit, mais ils auraient tout le temps de voir ça plus tard, une fois arrivés. Pour l’instant, il savourait juste l’instant et souhaitait qu’il ne s’arrête jamais.

Février 2021 | Sur les routes | Début de soirée

Théodora se regardait dans le miroir. Avec son blouson en cuir, son jean et ses bottes de motard, elle était bien loin du tailleur qu’elle portait habituellement. En même temps, si elle devait se balader en moto volante, il fallait avoir un minimum de tenue adéquate. Elle n’avait pas l’habitude de ce genre de mission. Elle était le plus souvent dans son bureau avec ses tableaux et ses chiffres ou en réunions avec des fournisseurs mais toujours de manière distinguée. Elle n’allait jamais se « salir les mains » sur le terrain. Alors dans quoi s’embarquait-elle maintenant ? Soupirant devant son reflet, elle referma la porte de l’armoire qui accueillait le miroir et se retourna vers son bureau. La sacoche qui trônait sur celui-ci était remplit des papiers dont elle pourrait avoir besoin. Le paiement en gallions sonnant et trébuchant qu’elle devait récupérer y entrerait sans problème. Pourquoi avait-il fallu qu’on la demande personnellement ? Elle n’était qu’une employée, pourquoi ne pas plutôt vouloir avoir affaire à Luca Zabini ?!

En parlant de ce dernier, il l’attendait juste à côté, dans son bureau. Soupirant, mais sentant bien qu’elle n’avait pas beaucoup d’autres choix, elle attrapa la sacoche et son casque avant de rejoindre l’Italien. En entrant, elle sentait bien qu’il se délectait de ce moment. Cela devait le faire hurler de rire de la voir dans cet accoutrement et plus encore pour aller sur le terrain. Le petit sourire satisfait qu’il lui servit la fit le fusiller du regard. « Ça te va pas si mal… » Dora le regarda avec défi, un sourire pointant malgré tout sur ses lèvres. « T’habitue pas trop, ça durera pas. »  Ils commencèrent à discuter de la « mission » et plus les instructions lui étaient données, plus elle sentait ses genoux trembler sous la pression. Elle avait l’habitude d’avoir des responsabilités. Après tout, une faute dans les comptes pouvait mener la boîte à sa perte. Mais là c’était différent. Elle entrait physiquement dans l’arène. « Cet échange est simple et ne devrait pas te poser de problème Théodora. Et puis tu ne seras pas seule. »  Ladite Théodora ne voyait que le verbe au conditionnel dans cette phrase et souffla bruyamment pour laisser transparaitre son mécontentement. Oui elle ne serait pas seule. Mais ce serait avec Azzio. Certes, il était transporteur pour la Cosa Nostra depuis des lustres mais quand même. Il ne connaissait que très peu Londres.

En parlant du loup, l’Italien entra et Théodora le détailla quelque peu curieuse. Ils avaient rapidement échangé deux mots mais ce n’était pas allé plus loin. En même temps, il était relativement nouveau en Angleterre et était fort occupé au garage. Avec la carte posée sur le bureau, Luca leur indiqua précisément où ils devaient se rendre ainsi que les délais qu’ils avaient. Super. Trois heures c’était beaucoup comme rien du tout. Azzio la salua de la tête, salut qu’elle lui rendit mais avant de pouvoir échanger plus de paroles, Mister Tozello est déjà sur le départ. Elle jeta un dernier regard accusateur à Luca avant de trottiner pour rejoindre son chauffeur du jour.

Refermant sa veste jusqu’au menton, et mettant également son casque, Dora était parée pour le vol à moto. Elle était une habituée. Avec Jaeden, ne pas aimer la moto signifiait une haute trahison. Elle laissa le conducteur s’installer puis ce fut son tour. La moto démarra et Théodora se cramponna instinctivement à Azzio. Bon, quand c’était Jaeden ou Luca, c’était quand même moins gênant. Elle relâcha un peu son emprise à mesure que l’altitude de croisière était atteinte. Elle sourit à la remarque d’Azzio. « J’ai l’habitude mais j’arrive pas à oublier que je joue ma vie à chaque fois sur ce genre de truc. »  Elle émit un petit rire devant la sollicitude d’Azzio, sollicitude à laquelle elle ne s’attendait absolument pas. « S’il y a le moindre truc hein ? Faudra être un peu plus précis mais ok… Je te dirais si y a le moindre truc… »

Le vol continua pendant quelques minutes avant que Dora ne reprenne la parole. Elle n’aimait pas les silences. Et même si c’était à elle de le couvrir, cela ne la dérangeait pas. « Bon on va voir des petits dealers donc normalement y aura pas de soucis. Mais bon dans le doute, faudrait p’t’être se donner un signal au cas où ça dégénère non ? Genre « niffleur » ou « billywig » ? »  Cela se sentait-il qu’elle n’était pas du tout rassurée par cette mission ? A peine Commenta son esprit aussi moqueur que Luca quelques instants plus tôt. Elle n’avait qu’une envie, c’était de retourner poser ses fesses dans son bureau, fesses qu’elle n’aurait ainsi pas à risquer pour une mafia qui quelques mois plutôt avait voulu la voir morte.

Mais déjà la moto quittait les nuages pour viser un quartier un peu mal famé de Londres. Ce n’était clairement pas le pire coin de la capitale mais ce n’était pas non plus là où Théodora aurait voulu acheter un petit pied-à-terre.  La bécane se posa sur les pavés d’une petite allée et Théodora scruta de suite les environs à la recherche de la moindre menace potentielle qui aurait pu en vouloir à son joli visage. Mais non rien. L’endroit était vide. « C‘est là le lieu de rendez-vous ? »  Du ciel, distinguer le lieu indiqué par Luca sur une carte était relativement simple. Mais une fois dans les méandres des rues, c’était une autre affaire. Elle espérait qu’Azzio s’y retrouve un peu mieux qu’elle. Peut-être s’était-il trompé ? Peut-être avait-il atterri exprès un peu en retrait du lieu d’échange ? Toutes ces subtilités lui échappaient encore un peu et elle espérait sérieusement qu’il sache ce qu’il faisait. Elle était trop jolie pour y passer et avait survécu à trop de choses pour se faire égorger dans une ruelle sombre de Londres avec un Italien qu’elle ne connaissait quasiment pas. Serrant un peu plus sa sacoche, elle ouvrit la visière de son casque pour pouvoir sentir un peu d’air. Bon… Quand fallait  y aller, fallait y aller…

Février 2021 | Sur les routes | début de soirée

Elle avait paru à l’aise sitôt arrivée devant la moto et Azzio ne s’était pas posé la moindre question. D’ailleurs, il ne lui avait même pas adressé la parole avant d’être en l’air. Il se dit qu’il était sûrement passé pour quelqu’un de mal poli. Il s’en fichait pas mal en réalité. Il n’était pas là pour se faire des amis ou pour avoir l’air gentil. Il était là pour faire son boulot, c’était tout. Pourtant, il sait bien qu’il doit faire un effort pour s’intégrer, sinon il sera seul et c’est trop lourd d’être seul. Ce premier mois et demi lui a rappelé qu’il n’était pas un loup solitaire, mais plutôt un lapin de garenne. Heureusement qu’Adèle était là pour l’aider à se sortir les doigts et rencontrer des gens. C’est donc en pensant à tout cela qu’il lance la conversation avec la jeune femme.

Elle rit doucement et il se mord la lèvre. C’est vrai que c’était vaste et lui-même n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait bien vouloir dire, mais c’était juste histoire de…

« Parfait alors, et je peux te dire s’il y a le moindre truc ? »

Il continue dans sa bêtise, mais tant que ça les fait rire, autant ne pas se prendre au sérieux. Ils auront tout le temps d’être concentrés et froid quand ils joueront leur vie. Pas comme ici. Il lève les yeux au ciel d’ailleurs quand elle dit qu’elle peut mourir en l’air.

« J’conduis depuis que j’ai 14 ans, je t’assure, il n’y a pas le moindre problème. »


Puis il fronce les sourcils en songeant aux imbéciles qui ne font pas gaffe. Et aux conséquences dramatiques. Et forcément son esprit vagabonde vers Anjelica et Andrea. Andrea qui n’était pas le plus sérieux de sa sécurité, qui en riait même.

« J'ai des sortilèges intégrés de protections pour ralentir les chutes et des bulles d’air qui protègent les corps présents sur la moto. Je ne quitte pas mon chemin des yeux et, même si je roule depuis que j’ai quatorze ans, je ne prends jamais rien comme acquis quand je conduis. »



Sa voix n’est plus du tout légère et frivole. Il ne rigole plus finalement. La sécurité n’est pas un jeu. C’est beaucoup trop réel, beaucoup trop dangereux. Et depuis qu’il a appris qu’Andrea avait été victime d’un meurtre prémédité, cela changeait tout. On peut saboter des motos, on peut prévoir des courses et des trajets, on peut espionner et trafiquer. Alors Azzio faisait encore plus gaffe que d’habitude. Lui qui pouvait avoir l’air insouciant, était intraitable sur certains points.

« Promis, je prends ta sécurité très au sérieux et je ferais en sorte que tu n’aies même pas l’impression de jouer ta vie, pour reprendre tes mots. »

Il sourit, même si elle ne peut pas le voir. Et souffle doucement l’air de ses poumons. Le paysage change au fur et à mesure qu’ils se déplacent, mais pour l’instants, ils voient surtout des nuages et quelques nuées d’oiseaux.

Le jeune homme acquiesce aux paroles de Théodora. « Va pour billywig, même si je vois pas comment je vais caser ça. Mais on va dire que tout se passera bien. » Est-elle totalement parano ou la mission est plus dangereuse que Luca a bien voulu le laisser paraître ? Azzio fronce les sourcils. Il est vrai que dans ce boulot, il vaut mieux s’attendre au pire d’abord.

Azzio active le sortilège anti-brouillard au moment de traverser le nuage puis il fait descendre sa moto et se gare dans une petite ruelle. « Tu cours vite ? » lui demande-t-il soudain quand elle s’inquiète du lieu de rendez-vous. « Je préfère toujours me garer un peu en retrait, on court plus silencieusement qu’un démarre de moto. Et puis je préfère qu’ils ne me l’abîme. Si elle est posée pile devant c’est toujours plus risqué. »

C’est qu’il l’aime cette bécane qu’il a améliorée et dont il a pris soin pendant des années. Puis, il y a encore le premier autocollant posé par son frère. Et s’il est ridicule aujourd’hui, il a toujours une valeur sentimentale pour le jeune homme. « Mais s’tu préfères je me gare plus près, y a genre 200 mètres du point de rendez-vous. » Courir avec une valise pleine d’argent n’est vraiment pas un problème pour Azzio, mais il peut concevoir que cela n’est pas pareil pour tout le monde.

Plus tard, ils arrivent devant l’immeuble délabré. « Franchement » commence-t-il en chuchotant « Je comprends pas pourquoi ils choisissent ces lieux, y a vachement plus de décente de policer quand c’est cassé comme ça. Alors que des planques dans des beaux immeubles se font jamais attraper. » A voir la Cosa Nostra qui ne se cache pas derrière des quartiers malfamés et dégoutants, alors qu’elle prospère sans se faire repérer.

Azzio avance doucement en regardant discrètement autour de lui et se demande s’il doit parler ou si c’est à la demoiselle de prendre les devants. Si on lui a demandé de l’accompagner, c’est que c’est Théodora qui doit gérer non ? Il toque à la porte, du signal convenu, puis attend qu’elle s’ouvre. « Je suppose que je rentre le premier ? » demande-t-il en lui faisant un sourire avant de pénétrer dans la pièce sombre.

Février 2021 | Sur les routes | Début de soirée

Le vent sur le casque, Théodora dut bien avouer qu’elle aimait voler. Elle n’aimait juste pas le danger que cela représentait, cela faisait bien longtemps que la Gryffondor en elle s’était apaisée, mais elle appréciait surtout cette sensation de liberté. Avec ses deux pieds qui n’étaient plus ancrés dans le sol, elle avait la possibilité de s’élever, loin, très loin au-dessus de ses problèmes. Alors qu’Azzio et elle avançaient vers leur destination, celui-ci lança la conversation et elle s’en amusa grandement. Dora était plutôt douée pour lire les gens, une petite réminiscence de son passé et de son besoin de plaire, et elle sentait qu’avec Azzio, ils seraient amis. Enfin, alliés. Enfin pas ennemis quoi. Et dans cette mafia qui commençait à peine à la reconsidérer comme un membre à part entière, cela faisait un bien fou.  Dora émit à nouveau un petit rire à la réponse de l’Italien. « Bien sûr, s’il y a le moindre truc dis le moi… Au moins tu prends la peine de demander, la plupart des gens balance leur avis sans préambules… »  La jeune femme pouvait jouer à ce petit jeu tout le vol. C’était un moyen comme un autre de briser la glace.

Alors que Théodora avoua qu’elle pensait risquer sa vie à chaque fois que ses fesses se retrouvaient sur une moto volante, la réponse terre à terre d’Azzio la rassura bien qu’elle ne se le serait jamais avoué. Le soudain sérieux dont il fit preuve fut déroutant et la comptable ne sut pas bien comment réagir. Il semblait tenir à cette sécurité bien plus qu’une personne lambda et elle se demanda un instant si elle n’avait pas touché un point un peu trop sensible. Cela aurait été bien loin de son intention. « C’est très honorable de ta part. »  Alors qu’il ajoutait qu’il prenait sa sécurité très au sérieux, un petit sourire se dessina à nouveau sur ses lèvres. « Je me rends bien compte que je suis bien loin de la risquer aujourd’hui. Ou du moins, pas sur cette moto… »  Elle laissa planer un silence avant de terminer tout simplement par un « Merci. » .

Alors que l’angoisse de la confrontation prochaine s’insinuait dans chaque pore de la peau de Théodora, celle-ci ressentit le besoin de préparer la rencontre. Le choix du nom de code en cas de problème fut décidé et le faible engouement du pilote pour sa superbe idée la refroidit quelque peu. « Il faut être prêt à toutes les éventualités Azzio… »  Dit-elle avec un ton qu’elle voulut sérieux mais dans lequel transparait une petite appréhension. La moto entama sa descente et ils furent bien vite dans les ruelles londoniennes.

« Tu cours vite ? »  La question laissa Théodora silencieuse. Non mais ça voulait dire quoi ça ?! C’était pas franchement prévu de courir ici. Elle était d’ailleurs trop jolie pour faire du sport. Non, il était vraiment hors de question qu’elle sprinte avec des dealers à ses trousses. Son casque masqua l’air outré qu’affichait la jeune femme. « Je ne courrai nulle part. De toute façon il n’y a aucune raison que ce soit nécessaire. Cet argent, nous allons le récupérer sans encombre. »  Théodora entendit malgré tout l’argument de sauvegarder le précieux moyen de locomotion et se fit la remarque qu’elle serait bien contente d’avoir une moto en état de marche au retour, que la sortie soit tranquille ou plus mouvementée. « Mais s’tu préfères je me gare plus près, y a genre 200 mètres du point de rendez-vous. »  Enlevant son casque, Théodora se passa une main dans les cheveux pour se recoiffer. Avec une moue agacée par la réponse qu’elle s’apprêtait à donner, elle se préparait déjà mentalement à courir si nécessaire. « Non, ça ira comme ça. » .

Les deux cents mètres les séparant du lieu de rendez-vous franchis, Théodora déglutit bruyamment devant l’immeuble. Elle jeta un coup d’œil à la dérobée vers Azzio, jugeant le gabarit et les capacités physiques du jeune homme dans le cas où la situation tournerait en leur défaveur. Bon, il était quand même un peu carré. Ça voulait bien dire qu’il y avait un peu de muscles cachés quelque part non ? En tant que transporteur, il avait probablement déjà dû échanger quelques coups de poing avec d’autres malfrats, pas vrai ? Oui c’était sûr qu’il savait se servir de ses poings. « Franchement »  La soudaine prise de parole chuchotée d’Azzio la fit sursauter. Perdue dans ses pensées et ses estimations de l’efficacité de l’Italien sur un ring lui avait presque fait oublier la réalité de la situation. La remarque sur les états des bâtiments laissa Théodora sans voix quelques secondes, fixant surprise le jeune homme. Mais oui ! Elle s’évertuait à répéter qu’il fallait plus de classe, d’élégance et de distinction pour brouiller les pistes et se rendre imposant. Enfin quelqu’un qui voyait les choses de sa façon ! Il commençait à gagner des points dans son estime celui-là. Elle hocha la tête avec un petit sourire en coin en détaillant à son tour l’immeuble. « C’est vrai que c’est franchement glauque. C’est sûr qu’un bel hôtel, aux frais de l’organisation, là cela aurait été plus sympa. Et puis bon… Je connais la comptable, elle aurait fait passer ça en note de frais sans soucis. »  Heureuse de sa blague, elle prit de grandes inspirations pour se préparer à la confrontation.

S’approchant de la porte, Azzio toqua et le regard qu’il lui lança sembla être celui de quelqu’un de perplexe. Ça y était, ils étaient au cœur de la mission. Théodora ne riait plus du tout, elle était aussi concentrée que sur ses tableaux de chiffre et son cœur battait à tout rompre. Il fallait qu’elle imagine cette rencontre comme toutes ses réunions. Elle avait fait plier des mafieux et des fournisseurs pour bien plus que les quelques gallions d’aujourd’hui. Alors il n’y avait aucune raison que cela se passe mal non ? « Je suppose que je rentre en premier ? »  Dora posa ses yeux bleus sur le jeune homme et elle acquiesça distraitement. Elle avait l’impression de se retrouver des années en arrière quand elle côtoyait encore ce milieu miteux et poisseux de basse pègre. Des immeubles comme celui-là, elle avait vu des centaines. Des gamins aux yeux explosés et inquiets comme celui qui leur ouvrit la porte aussi. Comme convenu elle laissa entrer Azzio et le suivit, presque sur ses talons, ne voulant pas se retrouver, sous aucun prétexte, isolée dans cet endroit sombre. Le gamin les jugea quelques secondes avant de les mener dans le dédale de couloirs. Pratiquement collée à Azzio, elle lui chuchota : « Tu mémorises le chemin de retour hein ? »  Dora le faisait déjà mais elle n‘était pas sûre de retrouver ces informations dans sa mémoire si le stress grimpait en flèche. Ils débouchèrent face à un trio derrière une table sur laquelle trônait une petite caissette. Dora fixa ce qu’elle soupçonnait être les gallions et chercha les yeux d’Azzio pour s’assurer qu’il était aussi concentré qu’elle.

« Vous êtes envoyés par les Zabinis ? »  Demanda le plus âgé du groupe dans un reniflement. Dora le fixa finalement et prit un air sérieux. « Oui. On prend les gallions comme convenu et on s’en va. »  Dit-elle avec tout le détachement qu’elle ne ressentait pas du tout en cet instant. « C’est toi la comptable hein ? J’avais d’mandé spécialement à que ce soit le gars d’bureau qui viennent chercher not’paiement… J’m’attendais pas à qu’ce soit une poupée dans ton genre…»  Ajouta le petit gringalet de droite. Théodora déglutit lentement mais ne se démonta pas. « J’suis pas là pour filer mon CV. Alors vous allez être gentils de donner le paiement à mon… »  Elle montra Azzio d’une main mais n’arriva à trouver un qualificatif qui la satisfasse. « …Associé et nous serons partis en moins de deux. »  Le troisième qui ne s’était pas encore exprimé jugea Azzio de la tête au pied. « T’es un associé toi ? T’as plutôt une gueule de larbin. C’est bien ça comme poste, larbin d’la jolie demoiselle ? »  Dora fixa avec agacement les trois interlocuteurs. Elle sélectionna avec application celui qui l’avait qualifiée de « poupée » et lui lança avec toute l’aigreur dont elle était capable : « Les gallions. Maintenant. »  Elle espérait encore pouvoir jouer sur l’influence des Zabinis mais pria silencieusement qu’Azzio soit véritablement capable de les sortir de là si cela tournait au vinaigre. Elle n’était qu’une comptable qu’i n’avait jamais fini Poudlard, niveau efficacité sur le terrain elle était proche du crabe de feu asthmatique. Il avait intérêt à assurer l’Italien.

Février 2021 | Sur les routes | début de soirée

La conversation avec Theodora était bien plus simple et reposante que toutes celles qu’il avait eu récemment. Adèle exceptée - et encore il y avait un but derrière - Azzio ne s’était pas senti entouré de bonne personne depuis longtemps. Alexis le rendait fou, Anjelica décuplait sa rage, Luca le mettait mal à l’aise et se compagnons piliers de bar n’était tout bonnement qu’inintéressants. Au moins Theodora était agréable. Et il lui répondit avec plaisir. Il n’avait pas à se forcer et l’humour comme le sérieux semblait passer. Elle acceptait ses quelques vannes et lui était intraitable quant à la sécurité de sa moto.

« Parfait alors ! » Il acquiesça dans son casque avant de se rappeler que c’était complètement con. Il appréciait ses compliments en se demandant depuis quand il n’en avait pas reçu. Et punaise, qu’est-ce que ça fait du bien au moral !

Dans son ton, il lisait un peu d’appréhension. « Oh, on s’est mal compris, évidemment qu’il faut être prêt à tout… » Il soupire, combien de fois s’était-il retrouvé dans une situation compliqué alors qu’on lui avait lancé un « oh ce sera facile il y a juste à… » et ce juste à se transforme trop rapidement en catastrophe. « Je trouvais juste que caser un Biliwing dans une conversation n’est pas le plus aisé. J’aurai plutôt trouvé un truc du genre « Azzio, t’es l’meilleur » mais bon, je m’adapte. » Un peu d’humour ne fait pas de mal non ? Il sourit, encore une fois, c’est invisible à Théodora, mais la situation est appréciable. Bien plus qu’il ne l’avait songé de prime abord.

L’air outré de Théodora le fait se mordre les lèvres, pour s’empêcher de rire. Il adore les manières qu’elle prend et acquiesce pour tenter de conserver un visage sérieux. « Oui, on ne va pas courir, on est badasse, rien ne va nous arriver de mauvais. » Il tente un léger sourire. « Enfin ça, c’est ce qu’on sait, eux le savent-ils ? » Non parce que les ennuis viendront à causes des autres, jamais à cause d’eux, cela semble logique.

Qu’ils soient sur la même longueur d’onde confirme à Azzio que la jeune femme est intelligente et drôle en plus d’être belle. Et ça, c’est un sacré bon point. Une amie de ce poids-là est essentielle. « On pourrait leur souffler cette idée. » chuchote-t-il avant de toquer.

Puis, les rigolades s’arrêtent et le commence. Ils ne sont plus là pour jouer, ils sont là pour travailler. Et elle comme lui, font leur boulot avec soin. Azzio regarde discrètement autour de lui et mémorise le chemin. Il acquiesce silencieusement aux paroles de la jeune fille et observe. Le trio qui se trouve face à eux. Des créateurs d’embrouilles à ne pas en douter. Azzio se retient de lever les yeux au ciel, préférant gonfler ses muscles et ne pas sourire. Son masque d’homme sérieux et menaçant sur le visage, il attend. Et il écoute. Les trois sont des vieux ringards et il a envie de cogner. Une envie violente comme il n’en a pas ressenti depuis longtemps. Il est habitué à ce que le nom « Zabini » ouvre les portes, à ce qu’un seul regard à sa carrure suffisent. Et là, il comprend tout le sexisme qu’Anjelica peut se prendre dans la gueule alors qu’elle est mille fois meilleure qu’eux. Il espère que Théodora recèle de talents cachés, mais quand ils ne donnent pas l’argent, Azzio s’approche. « C’est quoi votre problème ? Vous n’avez jamais vu une femme faire son travail ? Elle vous parle, vous répondez correctement et vous nous donnez l’argent. J’ai pas besoin de rabaisser les autres pour savoir ce que je vaux. » Putain, il aurait dû se taire. Et encore, il ne leur a pas craché dessus. « Si vous ne nous donnez pas l’argent, on viendra le chercher. Vous choisissez si vous préférez nos poings ou nos baguettes. » Et là, son sourire se fait carnassier. Seul contre trois, il s’en sortira pas, c’est certain, mais Théodora sera là non ? Et puis, parfois, l’assurance suffit. « Hahahahaha, tu crois qu’tu nous fais peur. » Azzio hausse les épaules. Comme s’il avait fait ça toute sa vie, bon ça, c’est sûrement vrai. « Moi je ne suis pas en tort et je n’aurai pas les Zabini sur le dos, c’vous qui voyez. » Et les yeux d’Azzio se mettent à pétiller de joie à l’idée de les voir se rétamer.

« La comptable vous a demandé l’argent, on va attendre combien de temps ? » Mentalement Azzio passe en revu les sortilèges qu’il maitrise et qui seraient efficace dans cette situation. Il entend le chuchotement - complètement idiot dans ce genre de gars - et d’un sortilège informulé, fait apparaître un protège autour d’eux deux. « Sérieusement, vous maîtrisez même pas les informulés à Poudlard ??? » s’étonne l’italien, laissant planer le doute de ce qu’il peut réellement maîtriser. Azzio jette un coup d’oeil vers Théodora, puis vers la valise. Lui demandant sans parler de s’occuper principalement de l’argent tandis que lui, gère le reste. « On va perdre combien de temps encore ? » Et, de trois coups rapide de baguette, il lance un stupéfix, un jambencotton et un rictusempra. Le premier jet de lumière rouge tape les jambes du petit qui s’écroule de ton son long. Le train bleu du deuxième sort passe largement à côté du vieux tandis que le sortilège atteint le dernier homme qui explose de rire. « Ouais, pas trop un sortilège d’attaque mais il a une tête de clown, ça lui va bien. » Il renforce son bouclier magique tout en parlant, parce qu’il sent qu’il a énervé les deux mecs. Et maintenant, il se peut que les choses tournent un peu mal.

Février 2021 | Sur les routes | Début de soirée

Alors qu’ils discutaient d’un mot de code à utiliser au cas où les choses tourneraient mal, Théodora et Azzio semblait avoir des visions similaires quoiqu’un tout petit peu différentes. D’un côté, la vision de Dora, utilisation d’un mot qui avait très peu de chance d’être utilisé dans leur contexte pour être sûre de le comprendre, et de l’autre Azzio, qui lui visait quelque chose de plus simple... « Parce que « Azzio t’es l’meilleur » c’est plus simple à caser selon toi ? » Le taquina Théodora. Les Italiens et la modestie… Bon elle n’irait pas plus loin dans ses moqueries car Azzio était quand même celui qui conduisait et qu’elle avait bien envie d’arriver à destination en un seul morceau.

Après s’être garés (extrêmement) loin du lieu de rendez-vous, et après que Théodora eut indiqué l’outrage que lui faisait Azzio en suggérant une course, la jeune femme remarqua bien que son acolyte faisait tout pour ne pas rire. Oui mais bon, il y avait des priorités dans la vie ! Non mais il avait pas idée comme ça de suggérer de devoir suer pour faire un boulot ? Non non et non. Théodora Haig garderait une allure de marche jusqu’à en sombrer. Bon, poursuivie par un griffon, elle ne savait pas si elle tiendrait ses grands principes, mais passons. Elle acquiesça à la remarque moqueuse d’Azzio mais le fusilla du regard lorsqu’il demanda si leurs futurs interlocuteurs étaient également au courant. « Ils apprendront. Et puis on leur laissera pas le choix. Ils oseront pas nous toucher, on représente les Zabinis après tout… » Fallait bien qu’elle essaye de se persuader elle-même de la chose…

Devant la porte, l’état de délabrement des lieux leur fit échanger quelques commentaires qui trahissaient malgré tout le stress de toute cette situation. Un petit sourire s’apposa sur les lèvres d’Azzio lorsqu’il confirma son idée de grand hôtel. Mais cette joie fut de courte durée alors qu’ils pénétraient dans la gueule du dragon.

Une fois entrés, le chemin sinueux qu’ils suivirent fit presque perdre la tête à la jeune femme. Bon au moins Azzio retenait aussi le trajet : à deux ils avaient plus de chance de reconstituer les détours qu’ils avaient pris pour retomber ensuite sur la sortie. Débouchant dans une pièce, un trio de vainqueurs à n’en point douter les attendaient. Tout de suite, Théodora sentit que ça allait être la loose cet échange. Ils avaient ces petits airs suffisants qui donnaient envie de leur faire ravaler leurs sourires graveleux à grand coup de table dans la gueule. Les échanges fusèrent et Dora ne fut pas déçue par le niveau de bêtises de ses interlocuteurs. La tension était palpable et la comptable fut imperceptiblement soulagée lorsqu’Azzio sortit les dents. Il donnait l’impression de gérer un groupe de gamins en colonie magique (ce qui n’était pas très loin de la vérité). La situation commença à s’envenimer. Ce n’était pas bon pour eux. « Hahahahaha, tu crois qu’tu nous fais peur. » Théodora jeta un coup d’oeil vers Azzio. Elle ne voulait pas montrer son inquiétude mais elle était franchement très très inquiète. Parce qu’Azzio était certes costaud mais il était en infériorité numérique. Et s’il comptait sur elle pour faire quoique ce soit de combatif, il avait misé sur le mauvais hippogriffe. De nouveau, il invoqua le nom des Zabini avec l’espoir que cela ait un quelconque effet. Mais plus ils discutaient, plus Dora se doutait qu’ils ne les avaient jamais rencontrés. Ces gaillards ne n’auraient pas fait les malins s’il avait un jour croisé Luca…. Et ils ne le feraient très probablement pas si cela arrivait un jour... Théodora serait sûre d’y veiller pour bien leur faire mordre la poussière à ces idiots.

« La comptable vous a demandé l’argent, on va attendre combien de temps ? » Théodora fixa tendue le trio et sursauta lorsqu’Azzio se moqua des trois sorciers incapables de lancer des sorts… Oui bon, elle ne pouvait rien dire… Elle n’était pas tout à faire sûre d’elle-même les maîtriser correctement ces sorts-ci, alors... Son regard croisa celui de l’Italien et le suivit sur la valise. Oui bon il ne fallait pas être Merlin pour comprendre ce qu’il voulait dire. Et puis surtout, ce partage des tâches-ci allait très bien à la jeune femme. Elle gérait les gallions, sa passion, et Azzio le reste. Dès qu’Azzio commença à lancer des sorts, Dora, après une prière silencieuse, se jeta en avant et marcha à quatre pattes jusqu’à la mallette. Dans son champ de vision, elle vit l’un des gars tomber, un deuxième bouger et le troisième… Impossible à dire. Ses mains se posèrent sur la mallette. Mais en relevant la tête, elle tomba nez à nez avec le vieux qui lui agrippa le bras. Ah bah super. « Pas si vite ma jolie. » Dora le regarda, les yeux exorbités par la peur mais tira d’un coup sec la valise. Son adversaire ne s’attendait probablement pas à ce qu’elle soit aussi impliquée dans la récupération de gallions (on l’a déjà dit c’était sa vie) et faillit lâcher son emprise sur son poignet. Mais sa main squelettique tint bon sur le poignet d’une Théodora qui secouait de plus belle pour se libérer. « Mais lâche moi vieux débris ! » Grimaça la comptable entre ses dents. Elle attrapa la mallette d’une main et mit avec un grand coup sur le visage du sorcier. Elle avait grandi moldue, les sorciers oubliaient trop souvent le physique. Le vieux partit en arrière en se tenant le nez. Théodora aussi mais dans l’autre sens, enfin libérée. Sa tenue pleine de poussière, elle repartit à quatre pattes pour rejoindre Azzio et sa protection. « Sale sangsue je vais te la faire bouffer c’te malette. » La jeune blonde jeta un regard en arrière, le vieux sorcier la visant avec sa baguette, le nez ensanglanté. Elle chercha frénétiquement sa propre baguette dans sa veste mais à une main elle eut du mal. « Azzio ! » Hurla-t-elle pour appeler le chauffeur qui avait très vite intérêt de la sortir de là.

Février 2021 | Dans le vieil immeuble désaffecté pour la transaction | début de soirée

« Comment ça, tu n’as pas prévu de le dire dans tous les cas ? » s’offusque-t-il avec exagération alors qu’elle se moque de lui. Décidément, cette Théodora lui plait, pleine d’humour, intelligente et belle, elle a tout pour plaisir. Azzio commence à voir d’un bon oeil se binômage imprévu ! Pourtant, il sent qu’elle le tient avec plus de force qu’au début du trajet, se demandant si elle a peur de sa conduite malgré toutes les précaution qu’il prend. Il accélère sur sa moto pour rejoindre le lieu plus rapidement et l’entendre rire à nouveau.

Elle le fusille du regard. « Tout doux, j’suis d’ton côté moi. » rit-il. Réellement, ce duo fonctionne, il a presque hâte de la voir à l’oeuvre avec les brutes qu’ils vont rencontrer dans peu de temps. C’est toujours agréable quelqu’un qui a du répondant. Ensemble, ils s’enfoncent dans les couloirs de ce vieil immeuble pour trouver ceux qui les attendaient… et évidemment, rien n’est facile. En même temps, venant de gens qui ne sont pas capable de payer à temps et honnêtement - sinon ce n’est pas Azzio qu’on aurait envoyé - il ne s’attendait pas à grand chose. Il soupire par principe, mais se sent tout de même encore assez amusé par la situation. Il aime bien la rage et la colère, Azzio, il aime se battre l’italien. Alors pour l’instant, il se lance corps et âme dans ce combat.

Rapidement les sortilèges se mirent à fuser dans tous les sens. Seul contre trois ce n’était pas évident, surtout que malgré les éclats de rire, le troisième arrivait à parler. Et que le premier avait beau avoir ses jambes bloquées, il arrivait à se défendre. Azzio était plus doué avec ses poings, mais il n’y pensa pas un seul instant, se concentrant sur le duel magique qui se déroulait. Des éclairs de lumières blancs, bleus et rouge jaillissaient de part et d’autre. Quand Azzio entend le cri de Théodora, il lance un sortilège qui forme un épais brouillard autour d’eux.

Il court vers Théodora et la force à se baisser, pile à temps, le sortilège bleu qui crame le haut des cheveux. « Yes, bravo pour l’nez en sang, excellente idée ! » lui dit-il pour la féliciter de s’en être si bien sortie face au vieux moche. « Allez viens. » Nouvelle bulle de protection autour d’eux et il s’extirpe du nuage de fumée. Là, l’air est respirable, moins étouffant. En temps normal, la Cosa Nostra demande à ce que ses membres soient respectés par la peur et la crainte, ce qui est une technique intéressante. Mais Azzio lui, aime bien rire aussi et il préfère faire chier les autres jusqu’au bout. « putridum ovum » lance-t-il vers la pièce avant d’attraper la main de Theodora. « Un sortilège qui fait que la pièce va sentir l'oeuf pourri, ils vont suffoquer. » explique-t-il bien trop fier de sa connerie. Ils courent rapidement le long du couloir, Dora portant la mallette, Azzio lui demande « ça va ? pas trop lourd tout cet argent ? » Certes, elle aurait préféré ne pas courir, mais plus vite ils sortent de là, mieux c’est pour tout le monde. Arrivés à une intersection, Azzio prend à droite, deux fois. A la quatrième porte, il a un doute. « Merde » souffle-t-il en regardant devant et derrière lui.

Ils vont s’en sortir, c’est évident, mais il aurait préféré ne pas perdre de temps en cherchant son chemin. Les connards, ils auraient pas pu les accueillir dans le bureau en bas devant la porte ? Fallait les faire passer par un labyrinthe. Evidemment ! Il lève les yeux au ciel et veut s’en remettre à Théodora quand il entend un bruit derrière. Merde, déjà ? « Vite ! » chuchote-t-il en ouvrant la porte - celle d’une pièce minuscule - et la fourrant dedans.

On dirait un placard possédant une minuscule fenêtre plus large que haute sur le dessus du mur. Ces derniers sont couverts d’étagère pleine de bocaux - dans le genre flippant - et il y a assez de place pour se tenir à deux. Azzio se colle à la porte pour entendre leurs potentiel poursuivants, mais en refermant la porte, il a l’impression de s’être coupé du monde, comme si c’était un lieu magique. Mal à l’aise, Azzio se retourne vers la jeune fille. « ça va ? » demande-t-il soudain, étonné par son silence.

Février 2021 | Sur les routes | Début de soirée

« Bah non, c’est fou hein ? » Renchérit Théodora alors qu’Azzio s’offusquait faussement de ne pas voir arriver dans la conversation sa suprématie sur le reste des sorciers. Théodora commençait à l’apprécier de plus en plus ce gars là. Il avait un sens de l’humour au poil et il savait conduire des motos volantes. Il ne manquait plus qu’il soit capable de correctement se battre et il entrait franchement dans son top trois des sorciers de la Cosa Nostra sur lesquels elle pouvait compter. Elle priait ne pas découvrir trop vite ses capacités au combat mais son instinct lui indiquait de ne pas avoir trop d’espoir sur l’issue de leur entrevue. Dans les qualités du garçon, elle avait cité « savoir conduire des motos », ce qui pour elle incluait le parking proche des lieux de rendez-vous et non à trente six kilomètres plus loin… Bon il y avait encore du travail… Bon après il n’y avait pas des centaines de sorciers qui se bousculaient aux portes de son top trois alors elle était prête à fermer les yeux sur cet évènement pour conserver Azzio dans ses bonnes grâces, grand prince qu’elle était…

La jeune femme ne répondit pas à la tentative de paix qu’effectuait Azzio. Elle était déjà plongée dans la future entrevue qui avait toutes les chances de mal se passer…  Elle sourit malgré tout à l’Italien et le suivit vers les mystérieux contacts. Tout dans les lieux sentait aussi mauvais que la situation elle-même. Et cela ne rata pas. Ils n’eurent même pas le temps d’échanger deux mots, à rouler des mécaniques pendant trente secondes tout en jouant à savoir qui avait la plus grosse que les idiots d’en face perdaient patience. Dora leur aurait bien fait manger leur mallette pour la forme mais avec le lancer de sort d’Azzio et ceux en réponses des malfrats, la situation devint chaotique.

Après une échauffourée digne des plus grands films d’espionnage moldus, Théodora se retrouva en difficulté. Une main prise par la mallette de gallions, elle n’arrivait pas à correctement attraper sa baguette. Et face au vieux sorcier qui la visait déjà, elle n’avait que peu de chance de s’en sortir indemne. Enfin sauf si elle utilisait son ultime carte : Azzio. Celui-ci, tel le chevalier servant qu’il semblait être pour cette mission, lança un sortilège de brouillard et fonça vers elle. Ainsi, il lui permit d’échapper au sortilège du vieux schnock. Si elle avait pu avoir des étoiles dans le regard devant ce sauvetage, elle aurait eu l’intégralité d’Andromède. Théodora se cramponna à Azzio comme une moule à son rocher. « Merci, c’est une vieille technique moldue qui marche régulièrement.  Oh merde ! » Ajouta-t-elle alors qu’ils fuyaient tous les deux sous les sortilèges de leurs assaillants, protégés par la bulle de l’Italien.

Alors qu’Azzio lançait son sortilège d’œuf pourri, Théodora le regarda hagarde : « Non mais sérieusement ?! C’est le seul truc auquel tu penses maintenant ? Non mais c’est pas possible ! » L’air fier de lui d’Azzio termina de classer cet homme dans la catégorie des « petits fouteurs de merde qu’il fallait mieux avoir de son côté ». Elle secoua la tête mais se laissa malgré tout entrainer dans une course effrénée. Entre être à la merci de ces petites frappes et courir, elle dut se résoudre à la seconde option. Elle en détesta chaque seconde et en souffrit chaque instant. A la question d’Azzio, la réponse lui parut évidente : « C’est pas la mallette ni les gallions, le soucis, c’est cette putain de course ! » Tenta-t-elle tant bien que mal d’articuler entre deux soufflements bruyants dus à l’effort. Théodora tenta de se souvenir du chemin. C’était la base de toute survie de savoir comment sortir. Elle le faisait depuis qu’elle était gamine. Alors qu’Azzio s’arrêtait à un embranchement, Dora mit quelques secondes à reconnaître les lieux. Trop long pour Azzio alors que leurs poursuivants se rapprochaient derrière. « C’est… C’est… C’est la porte… »  Mais Le premier ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase.

« Vite ! » En deux temps, trois mouvements, Théodora fut projetée dans ce qu’elle prit aux premiers abords comme un placard à balai. Tentant tant bien que mal de se remettre en position verticale, elle arrêta presque de respirer alors qu’Azzio tentait d’écouter à la porte. Mais sans essai direct d’ouverture de porte par l’extérieur, Dora eut bon espoir qu’ils aient semés leurs assaillants. Tentant de reprendre son souffle, son cardio ayant été malmené par la course imprévue, elle en profita pour détailler rapidement les lieux. Des étagères, des bocaux et une petite fenêtre. Bon, au moins il n’y avait pas de cadavres dans ce placard ci. Placard qui était relativement petit. Sans grand échappatoire. L’étude d’un coup d’œil de la fenêtre lui indiqua qu’il serait impossible de passer par là pour s’extirper de ce mauvais pas. Et alors, la réalisation de l’espace clos qui l’entourait commença à faire son petit bonhomme de chemin dans son esprit. Et plus elle tentait de reprendre sa respiration après la course, plus la panique lui arrachait le peu de souffle qu’elle arrivait à avoir. « Merde merde merde merde… » Murmura Théodora alors qu’elle tournait en rond frénétiquement. «  ça va ? » Elle tourna la tête vers Azzio, le regard de plus en plus paniqué. « Non non non et non. Faut qu’on sorte de là. Rapidement. Très rapidement, extrêmement rapidement. Ok ? ! » Dora lâcha la mallette et se jeta sur les murs à la recherche de la moindre faille possible qui lui permettrait d’arracher les pierres avec ses ongles. « Non non non non c’est pas possible. Y a forcément une sortie quelque part… » Marmonna-t-elle frénétiquement dans l’espoir que ses paroles lui ouvre une sortie cachée. « Mais dépêche-toi putain ! Cherche toi aussi ! On peut absolument pas rester là ! Imagine qu’ils nous retrouvent ! » La panique qui la gagnait doucement mais surement la rendait mordante, agacée, agressive. Elle ne pouvait pas rester enfermée. Elle ne pouvait pas se laisser coincer ainsi dans un vulgaire placard. Non c’était impossible, impensable, et elle n’en fut plus du tout imperturbable.

Février 2021 | Dans le vieil immeuble désaffecté pour la transaction | début de soirée

Azzio fait le choqué en ouvrant grand sa bouche, posant sa main sur le coeur et quittant des yeux la jeune sorcière. « Honteux » lâche-t-il en séparant chaque syllabe avant d’éclater de rire. Il est définitivement bien avec Theodora, elle est drôle, intelligente, vive et n’a pas la langue dans sa poche, c’est très agréable. Il a décidé qu’ils seraient amis. Elle n’a plus le choix. Voilà c’est tout.

Malheureusement, ils n’eurent bientôt plus le temps de badiner tranquillement, la vie les rattrapa à une vitesse folle. Et ne me dites pas que c’était normal et le but de cette journée, parce qu’Azzio le vit mal. Ce n’est vraiment pas compliqué d’avoir peur des Zabini et d’agir sous leurs ordres sans faire de vague, bon sang ! Même lui, alors qu’il les déteste, les respecte à fond. Enfin, dans son fort intérieur, il se peut qu’il les qualifie de surnom peu aimable, mais c’est un autre débat. Il lance des sortilèges, frappe avec son poing, court, crie, agit, bref, il est au coeur de la mêlé… merci la colère qui l’alimente depuis des mois, ça le permet de rester en forme et de n’être même pas essoufflé. Il court en tenant Theodora qui elle n’est visiblement pas habituée à mener cette vie-là. « Rha, merde, c’est pas cool que tu te retrouves plongée jusqu’au cou… » souffle-t-il. Il ne s’excuse pas, ce n’est en aucun cas sa faute. Lui il a tout fait comme on lui a dit et comme il fallait. S’il faut blâmer quelqu’un et bien… au hasard il choisit les Zabini. Ils n’avaient qu’à être plus effrayants, voilà ! « Hey oh, j’ai pas eu des Optimals partout non plus, j’ai fait le premier truc qui me venait à l’esprit. » geint-il quand Theodora lui fait remarquer que son sortilège bah… il pue la merde quoi. Azzio en a conscience, évidemment, mais on peut pas être parfait. « Ah oui, courir, t’avait prévenu. » Il se rend compte qu’il ne peut pas faire grand chose de plus, la porter… faudrait pas pousser non plus. Alors il la soutient du mieux qu’il peut.

Il ne l’écouta pas - alors qu’il aurait clairement dû - et les enferma dans cette minuscule pièce macabre, toute obscure, étroite, remplie de poussière et de bocaux suspects. Clairement, pas son meilleur coup. Et là, Theodora panique. Il ne reconnait pas tout de suite le mal, mais la crise d’angoisse si. Elle tremble, griffe les murs - à l’endroit où la porte se tenait quelques secondes plus tôt… elle a donc disparu, super ! - et sa respiration enfle dans toute la pièce. Il faut la détourner, lui faire penser à autre chose. Il lui attrape la main. « Theodora, est-ce que tu aurais des bonbons à me donner ? » Oui ok, pour l’idée du siècle on repassera. Mais peut être qu’elle en a dans sa poche et qu’en les croquant elle sentira moins l’odeur de la poussière sur ses lèvres ? Azzio lui lâche la main « Tu me fais confiance ? Mange un bonbon, assied-toi là et laisse-moi trouver une solution. » Et si elle n’a pas de bonbons ? Elle n’a qu’à en faire apparaître, voilà, elle se débrouille.

Debout, il allume sa baguette, plus besoin de chuchoter, il est certain que la pièce est magique, mais il refuse de croire qu’il n’y a pas d’issus. Il ferme les yeux et lance un autre sortilège, un pour créer du mouvement, une sorte de vent qui donne vie à la pièce et qui s’infiltre par « LA » hurle-t-il soudain en sautant de joie. Il pousse les bocaux de l’étagère et touche du bout du doigt le mur derrière. « Il est mou ? » Alors là, s’il s’y attendait. « Ahhh, ma main passe au travers, viens vite. DORA VIENS. » Il crie pour qu’elle l’entende, pour qu’elle se bouge car déjà il sent que son corps est aspiré. De l’autre côté, qu’y a-t-il ? Il inspire retire sur son bras et s’approche de Theodora.

Il lui prend la malette. « Je suis sûr de moi, viens, on va sortir de là et retrouver la moto, tu vois, heureusement qu’on était pas garé trop près, j’suis sûr qu’ils l’auraient trouvé sinon. » Putain, mais c’est pas à ça que tu dois penser maintenant ! « Passe ton bras là. » Indique-t-il, le courant d’air les aspire toujours, le mur n’a toujours pas une consistance ordinaire et rapidement Theodora et lui disparaissent du placard. Qui redevient sûrement un placard.

« Lumos » murmure-t-il et la nouvelle pièce s’éclaire, c’est un couloir, très long, mais qui a une sortie, c’est certain. « En avant ! » Le couleur est étroit mais ils peuvent marcher de face sans toucher les bords, mais pas à deux. « Tu veux passer devant ou derrière ? » Pitié qu’elle soit remise et en forme. Pitié qu'elle ne le haïsse pas de tout son être.

Février 2021 | Sur les routes | Début de soirée

Pourquoi tout se passait-il toujours le plus mal possible alors que rien ne l'y obligeait ? C'était un peu frustrant à la longue. Il n'y avait vraiment qu'à entrer dans le bâtiment, récupérer les gallions et repartir. Simple et efficace. Alors pourquoi, pourquoi y avait-il toujours des idiots pour tout faire foirer ?! Et ce n'était même pas de sa propre équipe cette fois-ci, ni même elle-même, Théodora était innocente, pour une fois !. Non il avait fallu que des caïds un peu trop sûrs d'eux se décident à vouloir jouer les gros bras lors de leur rencontre. Non mais elle avait prévu le truc hein, elle savait que ça allait mal de passer. Luca était vraiment un idiot des fois. Il aurait suffit que lui ou Anje soit présent et rien de tout cela ne seraient arrivé... Théodora rêvait parfois de faire se liquéfier sur place un homme un peu trop arrogant d'un regard... La réputation faisait tout... Il faudrait qu'elle voit comment se faire une réputation équivalente... Cela lui sauverait bien des situations...

Ces réflexions seraient pour plus tard... Théodora était un peu occupée à sauver ses saintes miches des abrutis du petit gang du coin. Après une confrontation au pied avec le plus vieux dudit gang, la voilà qui volait presque en tentant de garder l'allure d'un Azzio particulièrement en forme physiquement. Non mais sérieusement, il devait faire du jogging ce gars là, c'était pas possible. Non vraiment des gens qui choisissaient de courir pour leur loisir elle ne comprenait pas... « Non.... Sans... Blague... C'est... Pas... Cool... Du... Tout... »  Articula-t-elle entre deux inspirations roques pour tenter de respirer. Les cigarettes, l'alcool et la drogue ne faisait pas bon ménage avec un corps d'athlète... La réponse d'Azzio suite à son idée de sortilège lui fit ouvrir la bouche, à cours de réponse cinglante tant l'honnêteté de la réponse la pris de cours. Non mais c'était qui ce gars franchement ?! Il ne pouvait pas au moins faire semblant un tout petit plus longtemps de savoir ce qu'il faisait ? Maintenant elle allait presque croire que personne ne savait réellement ce qu'il faisait dans la vie et que tous naviguaient à vue. En même temps, c'est un peu le cas... Ta gueule conscience, c'est pas le moment de faire douter.

Barricadés dans le placard, les voilà enfin aptes à reprendre leur souffle. Il ne fallut qu'une minute ou deux à Théodora pour prendre la mesure de la situation. Elle était dans un espace clos, sans possibilité de sortie, avec la désagréable sensation que les murs se refermaient sur elle. Alors qu'elle cherchait une sortie frénétiquement, Azzio l'interpella en lui prenant la main : « Theodora, est-ce que tu aurais des bonbons à me donner ? »  Dora le fixa quelques secondes, ahurie par la teneur de l'interrogation et ce soudain contact. Non mais il se fichait d'elle, c'était pas possible... Il était encore plus fou que les zigotos de dehors.. « Un bonbon ?! UN BONBON ?! Non mais c'est quoi cette question ridicule ?! »  Azzio lui lâcha la main et elle se rendit compte que cela lui avait quand même permis de prendre deux ou trois respirations normales, ce qui était un point non négligeable dans une crise de panique. Machinalement mais toujours en bougonnant, elle fouilla ses poches à la recherche d'un potentiel bonbon ou quoique ce soit d'autre qui puisse la calmer. Cela et respirer profondément. Mais à part un vieux mouchoir et un chouchou pour les cheveux, il n'y avait rien évidemment.

Les secondes s'écoulaient à la vitesse de ses battements de cœur et cela n'était pas forcément une bonne chose. Dora avait fermé les yeux pour tenter d'oublier le piège dans lequel elle se trouvait. « LA » Théodora sursauta en réouvrant ses paupières. Elle se releva précipitamment alors qu'Azzio sautillait de joie devant... Par Merlin il commençait à se faire aspirer par un mur ! Elle se releva précipitamment et le fixa sans trop y croire vraiment. Il revint vers elle et Théodora le fixa comme si le Messie lui-même venait la secourir. Il récupéra la mallette et Dora se cramponna à un Azzio qu'elle voyait comme sa porte de sortie, littéralement. Elle fit ce qu'il lui demanda, non sans appréhension devant ce mur mou et bientôt ils se retrouvèrent dans une obscurité complète. « Lumos » Le couloir qui les accueillit n'avait rien d’accueillant. Pire, la sensation d'être enfermée fut accentuée par l'obscurité. La respiration saccadée de Théodora laissa transparaître son inquiétude. Et bah... Elle est courageuse la petite lionne... Se moqua son subconscient. Azzio la ramena à la situation du moment. « Tu veux passer devant ou derrière ? »  Elle farfouilla dans son manteau pour en sortir elle aussi sa baguette. « Lumos ! »  Une petite lumière douce et rassurante commença à émaner de sa propre baguette. A deux, on y voyait (pas du tout) comme en plein jour. « Quelle question. Derrière évidemment ! C'est toi les muscles de ce duo ! »  Dit-elle très sérieusement. « Et je suis sûre qu'on aurait pu mieux s'enfuir si la moto n'était pas garé à l'autre bout de la ville... »  Répondit-elle emplie de mauvaise foi. Elle se mit derrière Azzio et ils commencèrent à avancer. Jetant de nombreux regards derrière , elle avait la vague impression d'être observée. Mais cela pouvait être son imagination en ébullition. Il fallait qu'elle se change les idées. « Comment t'en es venu à bosser pour les Zabinis toi ? »  C'était le genre de questions hyper personnelles entre mafieux. Il était assez rare de discuter de la vie « d'avant ». Mais bon, quitte à mourir dans un couloir vétuste avec un gars qu'elle connaissait depuis deux heures, elle espérait au moins que ce ne fut pas une totale crevure... Après, y avait-il vraiment des gens de qualité dans la Cosa Nostra ? Le débat était ouvert. Mais ce n'était pas vraiment une surprise... On ne plongeait pas dans la pègre par bonté de cœur ou rêve de gamin... On ne faisait qu'essayer de s'en sortir et parfois cela menait à rejoindre des gens plus puissants pour survivre. Elle fixa un instant le profil d'Azzio qui se découpait dans les faibles lumières de leurs baguettes. Qu'avait-il pu bien vivre pour se retrouver là ? Théodora reprit de grandes respirations pour tenter de se calmer. Un bruit de brindille qui craque se répercuta dans le couloir. Dora aurait juré que cela provenait de derrière eux, là exactement ou elle se trouvait en première ligne. Quelle journée de merde.