Le programme de la soirée de Doryan, à la base, consistait à rentrer du travail sortir son excitée de service qui débordait d’énergie et de la laisser courir dans un parc non loin de chez lui, tout en essayant de ne pas la regarder quand elle se roulait dans la terre. Non mais pourquoi il n’avait pas un chien qui savait se tenir, pourquoi la sienne, elle finissait toujours avec de la terre sur le pelage... c’était pas un chien qu’il avait c’était une taupe en fait. Son portable vibra dans sa poche fut le signe que sa soirée allait changer. Sol ? Il attrapa le téléphone pour vérifier, pas Sol du tout, Charly. Il parcourut les quelques mots qu’elle lui avait envoyé et releva la tête pour voir où était sa taupe géante et la récupérer. La voilà qui faisait amie-amie avec une humaine, du Belle tout craché ça, il fallait qu’elle essaie d’avoir des papouilles. En temps normal, discuter avec la demoiselle n’aurait pas été un problème du tout, bien au contraire mais là, il semblerait que le programme ait quelque peu changé et il lui paraissait important de ne pas perdre de temps. Il échangea malgré tout quelques mots avec la propriétaire d’un jeune chien qui lui avait compris que le principe du parc c’était de jouer avec les copains, pas de se rouler et de faire la fête à tous les humains qu’il croisait. Non Belle, cette pique ne t’était pas destinée ou peut être que si. La fille en question trouvait Belle charmante, oui ça c’était le nez en forme de cœur, lui aussi il était amoureux de sa chienne, il ne fallait pas chercher plus loin. Belle était la plus mignonne de toutes et c’est sûr qu’un chien inconnu qui vient gratter l’amitié, ça plait toujours. Il n’empêche qu’aujourd’hui, il n’avait pas le temps pour discuter, il devait passer chez sa sœur, il y a des priorités dans la vie.

Une fois Belle rattachée pour éviter qu’elle ne retourne en arrière pour récupérer une dernière caresse, Doryan passa sa main dans le pelage ultra court pour essayer de la rendre un minimum présentable. Se connaissant et connaissant sa sœur, il allait éviter de prendre la voiture pour se rendre chez elle, sachant d’ores et déjà qu'à chaque fois il finissait un peu trop alcoolisé pour prendre la voiture et puis aller chez sa sœur à pied ça ne pouvait faire que du bien. Avant de passer chez elle, il s’arrêta chez un vendeur de sushi, pensant bien évidemment à en prendre des végétariens pour la soeurette, Belle attendrait qu’ils soient rentrés pour être nourrie, à moins qu’il ait laissé une réserve de croquettes chez Charly c’était tout à fait possible. Ce qui était possible aussi c’est que Charly ait un stock de croquettes chez elle, vu qu’il passait régulièrement, que Belle était apprécié, elle pouvait très bien en avoir acheté comme on achèterait des bonbons à un enfant. Par chance pour tout le monde, à force de se rendre chez elle et bien oui, Doryan connaissait le trajet par cœur, bon après, il est vrai que Belle avait un sixième sens pour se repérer et qu’elle tirait dans la bonne direction, il aurait voulu se louper qu’il n’aurait pas réussi, mais même sans elle, Doryan aurait réussi, enfin, normalement.

Une fois en bas de l’immeuble, il tapa sur le digicode pour ouvrir la porte du bas. Il y avait de fortes chances qu’elle ne soit pas directement de son appartement mais sur la terrasse tout en haut, il ne s’embêta pas à toquer à sa porte, préférant monter directement, sa chienne sur les talons. Lorsqu’il ouvrit la porte, Belle trépignait sur place, attendant d’être libérée, ce que Doryan fit, pour se précipiter vers Charly. Pourtant une fois à sa hauteur, plutôt que de lui sauter dessus, comme elle savait si bien faire, elle posa sa tête sur ses genoux avant de pousser ce qui semblait un soupir. Doryan en profita pour remonter la fermeture éclair de son blouson tout en haut, sentant qu’ils allaient rester ici un bon moment. Ceci étant fait, il s’approcha de sa sœur, la regardant attentivement, les traits soucieux, forcément, il finit par s’asseoir face à elle « Tu vas bien ? » Ce n’était pas la meilleure façon de débuter la conversation mais en même temps, il fallait bien commencer quelque part et autant lui donner l’occasion de parler tout de suite. « J’ai ramené de quoi manger. » Non parce qu’il avait quitté le boulot il y a pas si longtemps que ça, il n’avait pas mangé depuis une longue période et sauter les repas, ce n’était pas vraiment le truc que Doryan préférait faire et il valait mieux ramener des choses plutôt que de fouiner dans les placards de sa sœur dans quelques heures parce qu’il avait faim.

Elle n’allait pas bien, effectivement, la question n’était pas des plus utiles. Comme quoi, il avait bien fait de prendre Belle avec lui, la chienne était une meilleure thérapie que Doryan et elle se débrouillait à la perfection dans son rôle, pelotonné contre Charly pour lui transmettre tout son amour et ça fonctionnait que trop bien puisque Charly la papouillait. Pendant ce temps, il annonça à sa sœur qu’il avait récupéré de quoi manger et il eut un sourire en l’entendant dire qu’il était le meilleur. Voilà qui faisait plaisir à entendre, elle pouvait compter sur lui pour ramener de la nourriture, il était toujours au rendez-vous. Tandis qu’il s’installait face à elle, parce que Belle prenait pas mal de place sur la couverture et que c’est mieux de parler à quelqu’un en le regardant dans les yeux, Charly commença à parler de ce qui la tracassait. Il ne s’attendait pas à ce que la conversation débute sur le fait qu’il avait raison sur les sexfriends. Oui alors à ce sujet, il n’était pas sûr de pouvoir la ramener étant donné qu’il essayait de passer toutes ses nuits avec la même fille et que la seule chose qui l’en empêchait réellement ça n’était pas le manque de motivation mais bien son emploi du temps et il détestait particulièrement les nuits où il était d’astreinte, surtout quand il n’était pas appelé, donc bon il n’avait pas raison sur toute la ligne. Par contre, il était curieux qui était attaché dans l’histoire, Charly ou Sofiane ? Parce qu’il s’agissait de Sofiane n’est ce pas. Si l’attitude de Charly faisait dire à Doryan que c’était elle qui s’était attachée à lui, ses paroles semblaient déclamer un tout autre discours. Cela voudrait donc dire qu’ils s’étaient attachés mutuellement l’un à l’autre ? Elle réagissait quand même vraiment bizarrement si elle avait des sentiments. Il avait envie de savoir la suite mais elle semblait trouver plus important de lui filer une bouteille vodka, rhum ou whisky « Va pour le whisky. » De toute façon pour le moment, ça n’était pas l’alcool qui l’intéressait mais bien sa sœur, il déposa néanmoins les sushis devant eux, en piochant un pour le manger et donnant une pichenette à Belle qui voulait voir et certainement engloutir le reste.

Sofiane donc, purée, il aurait pu faire détective. Bon, deux secondes après, Doryan était perdu quand elle disait qu’il avait pété un câble, il l’avait frappé ? Elle n’avait pas l’air d’avoir d’ecchymose en tout cas pas visible et il venait de la voir se redresser sans l’ombres d’une hésitation qui trahirait une quelconque douleur et pour le coup, sans être médecin, il savait quand même repérer ce genre de choses, métier oblige. Qu’elle finisse la nuit avec lui après une mission, rien de trop surprenant, Doryan faisait bien la même chose avec Soledad, quand il ne douillait pas trop bien entendu, sinon s’il morflait à cause de ces enfoirés de sorciers, il évitait d’aller la voir, si c’était pour se tendre sous prétexte qu’elle touchait un endroit douloureux, ça n’était pas la peine. Il fronça les sourcils en entendant cette histoire d’initiales, un dossier au nom de Charly ? Il aurait fait exactement la même chose que sa sœur soit dit en passant, il aurait ouvert le dossier. Pourquoi elle faisait une pause quand c’était hyper important. Doryan la regarda boire, essayant vraiment de ne pas lui dire, tu ne veux pas aller plus vite mais bon le suspens était quand même bien présent et bien désagréable. En fait, après une toute petite réflexion de rien du tout, probablement qu’il aurait préféré que le suspens dure éternellement parce qu’il se figea, incapable de savoir quoi dire. Qui faisait ça ? Il faisait une filature de Charly ? Mais pourquoi faire, elle n’avait rien à cacher, elle était clean comme fille. A la façon dont elle prononçait ses mots, il était évident pour Doryan qu’il y avait beaucoup de photos dans ce dossier. Les explications que Sofiane avait données était, au passage, pitoyable. Non mais à quel moment, il s’était dit que le mieux c’était de dire que c’était pour la protéger. La protéger de quoi et qui protège quelqu’un avec des photos. Non Doryan était sidéré « J’avoue avoir un peu de mal à saisir l’intérêt de faire ça. Les photos ne sont que des photos, c’est pas avec ça qu’il allait révolutionner le monde de la protection. » Il avait de sérieux progrès en matière de détective privé le Sofiane, sans vouloir paraître condescendant. Le fait qu’il la suive à son insu bah ça aussi c’était bizarre, de ce qu’il comprenait assez facilement, Charly était tout à fait disposé à coucher avec lui, quel intérêt de ne pas la rejoindre pour la mettre directement dans son lit et pas se prendre la tête. « Tu es rarement toute seule, surtout en soirée. » constat totalement inutile mais réel « Essaie de te souvenir des photos, il y avait forcément des gens autour de toi sur ces photos, est ce qu’ils étaient floutés ? Est-ce qu’il les avait noircis au crayon ? Est-ce qu’il y avait des photos où tu embrassais quelqu’un ? » Non il n’était pas capable de comprendre la psychologie de Sofiane, ayant trop peu d’élément pour le faire, Sofiane n’ayant jamais été un grand bavard, et puis d’ailleurs Doryan n’avait pas envie de le comprendre. « Tu dis que c’était ton sexfriend, crois tu qu’il soit amoureux de toi ? » Oui il posait beaucoup trop de questions et il en avait bien d’autres, mais il fallait qu’elle se souvienne des photos et il n’était pas certain qu’elle ait eu le temps de les analyser voir l’envie, personne a envie d’analyser une dizaine de photos de soi en plein de milieu la nuit, surtout quand il n’était pas censé exister de photos.

Si en temps normal, la relation qu’il avait Charly était plutôt festive. Ce soir ça n’était pas le cas. Est-ce qu’il était la meilleure personne pour l’épauler dans les coups durs, eh bien Doryan n’en avait pas la moindre idée mais il faisait de son mieux. Le problème c’est que selon lui, le comportement de Sofiane était aberrant. Ça ne l’était pas forcément parce qu’il prenait sa copine en photo, ça à la rigueur, avoir des clichés de Charly ça n’avait rien de bizarre. Le problème c’était de le faire à son insu et même quand ils ne se voyaient pas. Niveau stalkeur on atteignait des sommets et c’était une catastrophe. Bien sûr qu’elle était perdue, normal qu’elle soit perdue, elle avait de l’affection pour un mec qui se révélait barge. Non parce que là, Doryan ne voyait pas d’autres termes, probablement parce qu’il s’agissait de sa sœur et qu’il n’aimait pas trop qu’on se foute de la gueule de cette dernière. Pourtant, les gens n’agissent pas sans raison, que ça soit en bien ou en mal, Sofiane, bien qu’un peu spécial était quelqu’un d’intelligent, il avait donc agi volontairement mais pourquoi et surtout comment il avait fait pour ne pas se faire prendre avant.

Il avait trop peu d’éléments en sa possession pour réussir à comprendre Sofiane et ce qu’il cherchait dans ces clichés, avoir des souvenirs de Charly ? ça ne collait pas, pourquoi ne pas lui demander directement de poser pour lui, les clichés seraient plus sympas. Non à entendre la Rosebury, il y avait de tout dans ces clichés, elle était le centre d’intérêt mais peu importe le lieu, les gens, il avait agi comme un détective. Ah non, pardon, il était allé plus loin qu’un détective avec cette histoire de photos dénudées. S’il avait envie de dire ah bah c’est malin, ce serait quand même gonflé de dire cela, oui avec le recul ça n’était pas très malin mais sur le moment il n’y avait rien de mal à faire cela. Surtout que la logique était là, il lui avait donné la carte mémoire. Quel connard, sérieusement, non mais il avait carrément abusé de la confiance de Charly. Il lui avait menti, il lui avait passé la carte dans le but de lui faire croire qu’elle pouvait avoir confiance en lui, que les clichés lui appartenaient et au final, il les avait gardés quand même, wouahou, ça dépassait tout ce que Doryan aurait pu imaginer.

Donc monsieur était jaloux et voulait l’exclusivité, ça n’avait pas plu à Charly mais au final ils avaient remis le couvert quelques semaines plus tard. Ah bah c’est malin avec l’exclusivité cette fois. Doryan cligna des yeux, non pas que l’exclusivité soit impossible pour Charly, là n’était pas le problème, lorsqu’elle était fiancée, elle jouait la carte de l’exclusivité et ça n’avait pas l’air de lui déplaire. Là le truc c’est qu’elle l’avait recalée parce que ça ne l’intéressait pas et au final, elle avait accepté… Ce mec devait être ultra bon au lit, franchement Doryan ne voyait que ça pour qu’elle change d’avis, il aurait bien posé la question mais ça n’était pas le moment. Ils n’étaient pas un couple, juste ils ne couchaient pas ailleurs. L’expression de Doryan parlait d’elle-même, non mais ça c’était la première étape vers le couple hein.

Elle avait dû avoir une trouille monstre lorsqu’il l’avait pris sur le fait en train de fouiner. L’hôpital qui se foutait de la charité par contre. Il n’avait pas vécu ce que Charly avait vécu, ne pouvait que l’imaginer mais son histoire lui faisait froid dans le dos. Il était pendu à ses lèvres, sentait son cœur se serrer en imaginant ce qui aurait pu lui arriver et le problème c’est qu’il était compliqué de savoir s’il aurait pu lui faire du mal ou non. Là comme ça, Sofiane faisait bien sous tout rapport, sans être la personne la plus sympathique de la terre, Doryan l’avait toujours apprécié et au final, ce n’était pas la personne qu’il prétendait être. Ça n’était pas de l’amour, non en effet, après réflexion ça ressemblait plus à de  la possessivité oui, exactement ce que venait de dire Charly. Elle s’expliqua un peu plus sur ce terme et tout ce qu’en retira Doryan de cette histoire c’est que Sofiane était un lourd, il était même pas en couple qu’il se comportait comme le mec le plus jaloux de l’histoire de la terre. Doryan fit un petit signe de tête pour montrer qu’il comprenait que toutes les informations arrivent un peu n’importe comment, tant qu’il comprenait les grandes lignes, c’est que ça allait. Aucune surprise quant aux réactions de Charly, il aurait fait la même chose à sa place et si la discussion de ce soir n’avait pas été si tendu, Doryan aurait fait un check pour lui montrer son soutien. Que lourdaud n’ait pas apprécié, ah bah ça, Doryan l’aurait parié, Charly quand elle poussait les gens à bout, elle le faisait bien, elle rendait dingue et lorsqu’ils étaient gamins, elle avait rendu folle Doryan qui avait plus d’une fois  voulu filer une bonne baffe avant de se dire que s’il faisait ça les parents allaient hurler qu’on tape pas sa sœur, genre, et il s’en serait pris une ou deux. Dire que maintenant c’était sa sœur préférée, franchement, les gens changent. Hum, oui il retirait de son vocabulaire le mot amour pour qualifier ce qui liait Charly et Sofiane, c’était spécial, ce mec était spécial.

Il n’avait même pas eu le temps de répondre aux propos de sa sœur que ça y est elle embrayait sur Soledad. Non, non ça c’était de l’anti jeu de changer de sujet ! Néanmoins, parce qu’elle avait ce petit sourire moqueur, il commença par parler des travaux dans la boutique. « Ah mais je la retape entièrement la boutique. J’aime le travail bien fait, tu me connais. Je prends du bon temps et je sens que ça va me prendre un certain temps. » Ah ça c’est sûr que pour le moment, il ne se lassait pas le moins du monde de Soledad. Il allait éviter de préciser à sa sœur que pour le moment, il ne faisait des travaux que dans une seule boutique à la fois, ça c’était un coup à être charrié, le mieux c’était de faire comme si de rien était. De toute façon, la discussion de ce soir ne concernait pas le fait qu’il se tapait Soledad régulièrement, la discussion portait sur Charly et Sofiane. « Qu’est ce que tu as l’intention de faire en réalité. Ce mec me semble être un chouya dangereux, quand bien même il avait la possibilité de te faire du mal quand tu étais en culotte avec ton dossier chez lui et il n’a rien fait du tout. » Il fallait quand même noter ce point, il n’avait rien fait, ce qui n’était pas non plus ultra positif, ça pouvait être de la manipulation. « Tu penses qu’il y a possibilité que tu continues à le fréquenter ou tu songes qu’il vaudrait mieux que tu l’évites ? » Il voulait connaître son état d’esprit sur la question, certainement qu’elle s’était posée un milliard de fois la question depuis ce soir là mais Doryan voulait l’entendre dire les choses à haute voix pour pouvoir se faire une idée et donner des conseils, qu’elle ne suivrait pas forcément d’ailleurs.

Qu'avait-il songé déjà ? La discussion de ce soir ne concernait que sa sœur ? Belle erreur, elle ne semblait pas vraiment au courant la sœur en question. Très bien, très bien, il allait donc se pencher un peu plus sur sa situation vue que madame subtile le souhaitait et que s'il y avait bien une personne qui était au courant de tout ce que Doryan songeait sur cette terre, c'était Charly. « C'est un chantier très agréable. » Ah ça, il n'y avait pas meilleure description de sa relation avec Soledad, mieux encore de Soledad tout court. C'était quelqu'un d'agréable au quotidien. Il pencha la tête sur le côté en pleine réflexion sur le fait qu'il passait effectivement beaucoup de temps avec et que oui, ce n’était pas courant, enfin rectification ça n'était pas courant pour Doryan. « Tu sais, c'est le problème quand on commence un chantier, on sait quand ça commence mais on ne sait jamais quand ça se terminer. » La question à propos de la déco et l'entretien était loin d'être innocente. Répondre c'était se projeter, comment voulait-elle qu'il réponde, lui-même n'en avait pas la moindre idée, la seule chose à laquelle il s'engageait à propos de Soledad c'était à la rendre dingue et pour le coup ça marchait très bien pour son plus grand bonheur. Il prit la décision de ne pas se mouiller, ne pouvant répondre à Charly des choses qu'il ne savait pas lui-même, en revanche il pouvait rétorquer quelque chose sans soucis « T'enflamme pas, je ne vais pas te demander d'être mon témoin, d'acheter une jolie robe, enfin ça tu fais ce que tu veux, et je ne vais pas non plus t'annoncer que tu vas être très prochainement tata. Inspire, expire, c'est juste du cul avec la même personne parce qu'on s'entend bien. » Voilà comme ça il évitait à Charly de se prendre le chou avec des questions sur son frère. Bon et ça permettait surtout à lui de respirer et de se dire qu'elle allait arrêter de creuser. Il n'y avait rien à creuser.  

Revenir sur le sujet principal était certainement plus sage. Doryan souleva un point qui lui semblait important, le gars n'avait rien fait à Charly. En toute franchise, si Doryan trouvait Soledad en culotte chez lui, clairement il tentait un rapprochement. Joli self control de la part de Sofiane, bien que ça ne soit pas forcément rassurant et pas la chose à noter mais il notait. « J'avoue que j'imagine la scène dans ma tête et je regrette un peu de ne pas avoir vu ça, tu devais être ridicule, je pense que j'aurais bien rigolé. » Bon si on enlevait le côté dangereux et inquiétant de la chose, oui bon en gros juste d'imaginer sa sœur tenter de se barrer par la fenêtre des toilettes en sous vêtement  c'était drôle. Est ce qu'elle s'était fait des films ? Alors là, à partir du moment où un type avait des photos d'elle, un dossier sur elle, ça puait quand même énormément. « C'est pas bizarre Charly, c'est flippant, personne fait ça. Le fait qu'il ne tente rien ça n'excuse en rien le fait d'avoir des photos de toi. » En fait c'est même normal de rien tenter quand il y réfléchissait surtout qu'elle devait bien flipper à ce moment-là et que ça devait se lire dans son regard. Non vraiment, n’agissait de la sorte.

Le fait qu'elle mange poussa Doryan à faire de même et à regarder Belle faire la baleine échouée en manque d'amour, mais ce chien n’était pas possible. Ainsi, elle comptait l'éviter. Hum et lui ? Il avait démontré qu'il ne l'évitait absolument pas, c'était même plutôt l'inverse il la suivait bah comme Belle pouvait suivre Doryan en fait. Ah bah là, nouvelle façon de définir être en chien. Le problème c'est qu'il était impossible d'empêcher Sofiane d'agir, en toute logique. Ouai, le mieux c'était encore de se goinfrer de sushi en attendant qu'un éclair de génie vienne. Il faisait le tri dans les sushis récupérant ceux aux poissons, paraîtrait que ça rend intelligent, il testait cette hypothèse. Pendant qu'il trempait délicatement le sushi dans la sauce et que son sushi s'effritait... sushi de merde, ça rend pas intelligent, ça rend l'air stupide ouai, Charly se battait avec la chienne pour une histoire de couverture. Il releva la tête à la mention de Belle, un petit rire le secouant « C'est sûr qu'on a tous bien vu son courage dans une maison hantée. Tu m'étonnes qu'elle te conseille de faire attention, elle flippe de tout. » Et pourtant la moindre personne qu'elle rencontrait dans la rue, qui venait chez Doryan, elle se montrait on ne peut plus affectueuse à son égard. Donc trouillarde oui mais affectueuse d'abord la pépettes. Elle serait capable de dire à Charly de faire gaffe à Sofiane et de lui sauter dessus pour le léchouiller donc bon, beaucoup trop sociable la demoiselle. Ce qui arrangeait bien Doryan en réalité

Ah, Charly avait besoin d'un avis extérieur sur la question, c'était un peu mauvaise pioche pour le coup. Il était obligatoirement partial, c'était de sa sœur qu'on parlait tout de même. Doryan prit le temps de boire un peu avant de répondre. « J'en pense que tu es ma sœur Charly, que j'ai beau savoir que tu te débrouilles toute seule, l'idée qu'un gars ait un dossier sur toi avec des photos ça me pose forcément un problème quand c'est fait à ton insu. » Non parce que si c'était volontaire, ça n'était pas ses oignons et il serait bien mal placé pour faire le moindre commentaire à sa sœur sur ce qu'elle faisait de son corps. S’il essayait tant bien que mal de se couper du lien qu’il pouvait avoir avec sa sœur et des sentiments d’inquiétudes qui l’habitait forcément, que pouvait-il donner comme avis. « D’un point de vue extérieur, je te dirais que si tu veux discuter, tu choisis un lieu fréquenté, tu ne vas pas chez lui, il ne vient pas chez toi. » En public, les gens se retenaient toujours plus et même si Doryan savait très bien que si agression il y avait, la plupart détournerait les yeux plutôt que d’agir, il y avait toujours plus de chance que quelqu’un agisse en public qu’à deux. « Je te dirais d’enregistrer la conversation que tu as avec lui pour pouvoir l’écouter à tête reposée et je te dirais aussi que peu importe le fait que tu prennes ton pied avec lui et que tu puisses réfléchir en te disant est ce que vraiment je veux pas jouer avec le feu pour des parties de jambes en l’air. La réponse est non, tu ne veux pas. Il y a plus de 8 millions d’individus à Londres » plus si on comptait les sorciers non ? Ils ne devaient pas être comptabiliser ceux-là mais bon Doryan allait pas les compter non plus, ça faisait mauvais genre. « Il doit bien y en avoir qui égalent s’ils ne surpassent pas cette personne donc on réfléchit avec son cerveau. » Ah oui, ça lui allait à merveille de dire ça, il l’avait dit il était un point de vue extérieur, une autre personne… une autre personne qui n’écouterait jamais son propre discours, réfléchir avec son cerveau et puis quoi encore.

C'était censé être la soirée de Charly, c'est elle qui devait parler de ses aventures sexuelles, de son gars un peu spécial - totalement spécial- et Doryan devait se la jouer frère modèle, un rôle qu'il prenait très à cœur d'ailleurs, toujours présent pour aider Charly à prendre les bonnes décisions dans la vie. Bon il y avait certaines fois où la bonne décision s'était avérée être le contraire de celle proposée par Doryan mais dans ces cas-là, il était là pour faire suer la personne ou, si vraiment ça ne suffisait pas, à taper, dans le nez. En aucun cas, il n'avait prévu de parler de Soledad, Soledad fera l'objet d'un prochain rp il n'y avait trop rien à en dire, ou plutôt rien qu'il ne souhaitait réellement partager. Oui il était toujours fourré avec, oui, il ne se lassait pas mais que Charly ne se mette pas des idées en tête, ils couchaient juste ensemble, faisaient des sorties, dormaient ensemble, pas de quoi  épiloguer trois heures, pas de mariage en vue. Et voilà, elle se marrait et venait le provoquer « J'ai osé faire ça? N'importe quoi, tu as dû mal comprendre, je devais dire un truc du genre éclate toi avec tes potes. » Merde c'est pas la crédibilité de Doryan qui se barrait? « Tu dois confondre, c'est Lyam qui a dû te dire ça. C'est fou que tu ne saches pas nous différencier quand même après tout ce temps. » Voilà, ça c'était le culot, un très bon ami de Doryan, pas comme crédibilité.

Par chance, quoi qu'on peut pas vraiment parler de chance vu ce qui était arrivé, sûrement que parler de Soldad aurait été préférable, la discussion revint sur Sofiane. L'épisode de la tentative de fuite de Charly était ridicule, ah Doryan regrettait totalement de ne pas avoir été là, il aurait eu un fou rire, il en était sûr. Il sourit face à l'air outré de sa sœur, elle aussi elle n'était pas très amie avec crédibilité. « Mais si mais je pense pas que je sois la personne la plus convaincante au monde de te laisser tranquille si je me marre. » Enfin il disait ça là maintenant mais pas sûr que ses réactions aient été les mêmes s'il avait vraiment assisté à ça, c'est bien mignon de se moquer de sa sœur préférée mais si elle était en panique au point de fuir en sous vêtement et qu'il était présent pour le voir, bien sûr qu'il interviendrait. Il en profita pour se moquer du courage de Belle qui était sensationnel. C'était mal connaître Charly que de penser qu'elle se rangerait sans broncher du côté de son frère, et la voilà qui complimentait Belle qui ne se sentait plus devant tant d'attention, la queue battait à un rythme effréné et preuve de son amour immodéré pour sa tata, Belle léchouilla le visage de Charly.

S'il se comportait en joyeux luron les 3/4 du temps, ça ne l'empêchait pas d'être en capacité de réfléchir sérieusement au problème de sa sœur. Des conseils, il pouvait en donner, des faisables facilement. Elle se devait de faire attention, elle n'avait qu'une vie, il fallait en prendre soin. Il y avait bien assez de gens sur cette planète pour se prendre la tête pour un type, surtout un type qui attire des problèmes. Il essaya de remonter le fil de ses souvenirs jusqu'à cette conversation qu'ils auraient pu avoir mais rien ne vint. Après, si c'était raconté comme une anecdote, pas sûr qu'il ait enregistré. Elle était étonnante la sœurette quand même, elle ne s'était pas sentie sereine la première fois qu'elle l'avait rencontré, alors certes on ne juge pas un livre à sa couverture mais bon. Il y a des fois où la couverture est aussi bidon que le livre. Doryan passa une main dans ses cheveux, pensif « Ecoute toi, peu importe les choix que tu fais, suis ton instinct et sois prudente Charly. » Mais elle ne serait pas la seule à être prudente. Ils se retrouvaient bien assez souvent en soirée ensemble pour que Doryan tente de veiller sur ses fesses. Tenter étant le mot important dans cette phrase, il se connaissait, s'il y avait Soledad dans les parages, il y a fort à parier qu'il serait en pleine bataille avec elle pour tenter de lui piquer son verre et ça, ça occupait l'esprit. Il ferait de son mieux pour repérer Sofiane, bon il ne chercherait pas à l'intimider, déjà parce que Doryan n'était pas très intimidant comme type et il se doutait que ça ne ferait que pousser l'autre à continuer, voire intensifier, il était le premier à réagir aux défis donc il se doutait de ce qu'il fallait ne pas faire pour ne pas inciter les gens à réaliser le défi. Ah, Charly passait à autre chose, madame voulait rencontrer des pompiers « Ils sont tous sans prise de tête. C'est plutôt l'inverse, faut pas t'attendre à l'exclusivité mais ils sont tout à toi Charly. » Elle n'avait pas spécialement besoin qu'il les lui présente, elle les voyait assez souvent assez en soirée. A moins qu'elle veuille rencontrer ceux qui ne venaient pas en soirée ? Possible, boarf s'il y avait que ça, il voulait bien les lui présenter aussi. Franchement si elle voulait se taper des pompiers, ses futures soirées allaient être bien occupées.