A broken heart is all that's left
Loving you is a losing game
We were always a losing game
I got addicted to a losing game

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“Comment ça ?”

*Mon cœur s’arrête, pendant que j’observe le jeune homme face à moi. Il me surplombe de toute sa hauteur, m’observe un instant avant de détourner le regard. Déjà, je sens la tristesse m’envahir. Mes yeux azur se remplissent de larmes, j’ai peur d’avoir mal compris. Mais non.

Devant moi, il y a cet homme, avec qui j’avais passé de nombreux moments privilégiés ces derniers mois. Des moments qui m’avaient fait sortir de cette torpeur, réparant lentement mais sûrement ce cœur fragile et terrifié qui battait dans ma poitrine. Et, j’aimais le penser, des moments qui avaient aussi apaisé le grand blond qui me fait face.

Bien sûr, j’aurais dû le savoir. Nous venions de deux mondes différents, si ce n’est opposés. Nous retrouver ici en même temps était sûrement dû au hasard, ou peut être le destin, si on se plaisait à y croire. C’était une chance, une chance folle, que de trouver chez un vert et argent la chaleur qui avait agité mes sens. Mais Björn était tellement plus qu’un simple serpentard, ou même qu’un sang pur, ou que le capitaine de l’équipe de Quidditch. C’était le premier garçon dont j’étais tombé amoureuse. Pas pour ses titres, sa fortune familiale, pour sa popularité ou son habilité sur un balais. Pour l’homme, celui qui savait faire des plaisanteries, mais qui savait aussi quand s’arrêter. Qui était sensible, mais ne le montrait pas aux autres. Qui me protégeait sans vouloir le montrer. Pour ses regards et ses sourires. Pour son humour et sa gentillesse. Pour ses qualités et ses défauts.

Aujourd’hui, mon premier amour se termine. Non pas par manque de réciprocité. C’était peut être encore plus dur que cela. Je redresse le regard et déglutis, pour essayer de retenir mes larmes.*

“Mais pourquoi si brusquement ?
- Mes parents ont entendu des rumeurs.
- Des rumeurs ?
- Sur toi et moi. Que leur fils flirtait avec… Avec une…
- Une sang-de-bourbe.
- Une née-moldue !
- Ce n’est pas ce que les personnes qui refusent que nous nous mélangeons disent de mon statut…
- Je m’en fous de ce qu’ils disent !
- Mais tu ne peux pas aller contre leur volonté sans risquer de perdre ta famille.”

*Björn me regarde, la gorge serré. Il sait que j’ai raison. Et je sais que la famille est importante, oh oui, je le sais terriblement. Je sais aussi qu’il aime énormément ce que l’empire familial lui réservait, même si le Quidditch risquait de lui manquer. Se faire éjecter de sa famille, dans son monde, c’était une sentence terrible et irréversible. On soutient les enfants sorciers envoyés au BC par leur parents, mais personne ne s’intéresse à ceux qui sont exclus de tout ce qu’ils ont connus parce que leurs idéaux sont différents de ceux de leurs parents. S’il perdait ça, il se retrouvait seul. Et je ne pouvais pas accepter ça.

Je ferme les yeux, inspire un grand coup, et rouvre doucement les yeux, en lui offrant un sourire léger. Je ne veux pas rendre ce moment encore plus difficile pour lui.*

“Alors… Dumstrang, hmm ? Tu y arriveras, j’en suis sûre. Tu es doué et intelligent, tu auras ton diplôme haut la main !
- C’est à ça que tu penses ? Rachel, je suis en train de te dire qu’on se reverra plus. Sûrement jamais.
- Je sais.
- Et tout ce à quoi tu penses, c’est me dire que je réussirais mes examens, en souriant ?
- C’est tout ce que je peux faire sans pleurer.”

*Je le regarde, en souriant toujours, mais ma voix tremble. Je déglutis, détourne le regard, et essuie le bord de mes yeux qui commencent à laisser couler une perle d’eau salée. Björn pose sa main sur ma joue, et je redresse le visage. Je n’arrive plus à sourire, cette fois, en le regardant.*

“Désolée… Je ne veux pas rendre ça encore plus dur pour toi, c’est juste que… Je…
- Je sais.
- Non, non Björn attends. Je veux réussir à te le dire avant que tu partes.”

*Le silence s’installe entre nous. Un vent glacial vient faire voler mes cheveux châtains, et quelques boucles blondes viennent danser sur la nuque de Björn. Je me pince la lèvre. C’est dur à dire. Je n’aurais jamais pensé le formuler comme ça, si tôt, si vite.*

“Je t’aime, Björn.”

*Je l’ai dit. Le silence s’est coupé, la brise hivernale a déjà emporté mes mots au loin. Sa large paume est toujours contre ma joue. C’est à son tour de se pincer les lèvres. Il détourne le regard un instant, avant d’à nouveau m’observer.*

“Je… Je ne peux pas te dire que moi aussi. Pas encore. Pas pleinement. Mais je.. Enfin…
- Je sais. Tu n’as pas besoin de répondre quelque chose. Je voulais juste que tu le saches.”

*Il ne dit plus rien. Il n’en a pas besoin. Oui, nous n’en étions qu’au début de tout cela. L’éclosion des sentiments, le cœur qui bat, la peau qui nous brûle, le désir ardent de ne plus jamais s’éloigner. Pas encore d’amour pour lui, mais pas rien non plus. Alors il se penche. Ses lèvres se posent sur les miennes, et cette fois, je laisse perler les larmes qui coulent le long de ma joue, alors que nos lèvres sont jointes.

C’est mon tout premier baiser. Mon cœur bat si vite que j’ai l’impression qu’il cherche à quitter ma cage thoracique. Ma colonne vertebrale est comme traversée de petits courants electriques, qui poussent ma main à venir se loger dans ses cheveux dorés et me pousse sur la pointe des pieds pour essayer de gagner quelques centimètres.

Ses lèvres sont douces et chaleureuses, elles ont un petit goût acide. C’est mon tout premier baiser, mais c’est le dernier que je recevais de lui. Je le sais. C’est la première fois que mon coeur ainsi que mon corps me rappellent que je ne suis pas une petite fille et que des désirs naissent honteusement dans un esprit pas aussi pur que je le croyais. Je ne saurais pas dire que Björn était véritablement mon tout premier amour, car je ne pouvais pas oublier Dean. Mais tout était différent alors. Nous n’avions que l’autre sur qui compter. Bien sûr, le fait que nous soyons les deux seuls “grands” avait aidé à notre rapprochement, mais cela ne rendait pas ce qu’il y avait eu moins important. Dean était mort, je me refusais à dire qu’il n’y avait rien eu entre nous. Je n’étais pas sûre que c’était de l’amour, pas cet amour-là en tout cas.

Pour tout cela, Björn était le premier. Oui, le premier à me faire chavirer ainsi, à me faire prendre des décisions aussi stupides que de me rendre dans les couloirs des verts et argents pour le trouver m’assurer qu’il aille bien. Mais ne dit-on pas que toutes les bonnes choses ont une fin ? En tout cas, c’était ce qu’il me semblait voir dans ma vie. Ma vie de famille, et même cette relation qui n’avait jamais eu le temps de véritablement exister.

Je recule mon visage, garde les yeux fermés. Je sais ce qui se passera quand je les rouvrirais. Björn n’avait pas beaucoup de temps. Il réussit à m’attraper pendant que je me rendais en cours, mais on l’attendait pour partir. Aujourd’hui même. C’est ce qu’il m’avait dit en m’entraînant à l’écart, à ce même endroit où nous nous étions refugiés avant noël, où j’avais ressenti tant de choses, ce soir où il m’avait protégé, où il avait pris ma main et ne l’avait pas lâché.

En rouvrant les yeux, je dois me retenir pour ne pas exploser en sanglot. Ce n’est pas facile pour lui non plus. Avec ce petit jeu, il avait perdu bien plus que le début d’une relation. Il perdait son rôle de capitaine de l’équipe de Quidditch, la reconnaissance des professeurs qu’il avait depuis sept années maintenant, tout ce qu’il connaissait et toutes ses habitudes. A cause de moi. A cause de rumeurs. A cause de mon sang et de ma naissance.

Il caresse une dernière fois ma joue, alors qu’une sourire s’affiche sur mes lèvres. Je pose ma main sur la sienne, penche mon visage, comme pour imprimer son contact sur ma peau. Finalement, ma main lâche la sienne qui retombe.*

“Au revoir, Rachel.
- Je suis désolée, Björn. Désolée pour tout. Au revoir.”

*Il a déjà tourné le dos, il est déjà parti quand je parviens à murmurer ces mots. Il disparaît au détour d’un couloir, et seulement alors, j’explose en sanglot. Les larmes coulent à grosses gouttes le long de mes joues, mon souffle est incontrôlable, ma voix emet quelques gemissements de peine, comme si la douleur de mon coeur devenait inexorablement physique.

Je ne retourne pas en cours, ce jour là. A la place, je passe la reste de l’après-midi dehors, devant cet enclos où j’avais des milliers de souvenirs. C’est là que mes amies me retrouvent, folles d’inquiétude. A nouveau, j’explose en larme, incapable de leur expliquer quoi que ce soit. Elle m’entraîne à l’intérieur, un peu de force, jusqu’au dortoir, où je parviens juste à leur apprendre que Björn est parti, définitivement.

Epuisée par toutes ces larmes et ces émotions, je m’endors là, entourée par toutes mes amies, qui me donnent des chocolats, des bouillottes ou tentent de me changer les idées. Le lendemain, je me reveille avec une légère fièvre, mais je ne veux pas aller à l’infirmerie. Non, cela me donnerait trop de souvenirs encore bien trop douloureux. Alors Sybil parvient à convaincre l’infirmière de passer me voir, et celle-ci, mise au courant de la situation -du moins, en quelques mots, me laissera me reposer quelques jours, même s’il faut bien plus de temps pour se remettre d’un coeur brisée.

Le lundi suivant, je reprends les cours, comme si de rien n’était, tout sourire, comme si une partie de mon coeur ne m’avait pas été arraché par quelques idéaux d’un autre temps. Mais parfois, mon regard se tourne alors vers l’extérieur, et, pendant quelques secondes, une vague de tristesse s’empare de moi, de mon coeur, de mon âme, avant de se dissimuler de nouveau derrière tout le travail que je m’imposais pour penser à autre chose.*