Kiara MacMillan & Balthazar Salvan
14 septembre 2020| Salle commune de Poufsouffle | Fin d’après-midi

Retourner à Poudlard, cela avait quelque chose de réconfortant. C’était comme revoir un vieil ami, ressortir un bouquin qu’on avait adoré plus jeune, ou regoûter à un dessert familial. Il avait cette sensation étrange, un savant mélange de joie et de mélancolie, de regrets. Balthazar savait que ce serait sa dernière année. Cinq ans, cela passait trop vite. Mais cette fois-ci, il n’aurait plus d’école par la suite. La prochaine étape était peut-être celle la plus terrifiante : la vie d’adulte avec ses aléas, ses joies et ses peines. Plus de cocon pour se protéger et plus de barrière pour être retenu. Il n’était pas rassuré mais comme lui avait dit son père, il pourrait toujours devenir professeur pour revenir. Venant d’un enseignant, la blague en était presque drôle.

Retrouver ses amis, ses passions, ses hobbies, cela aussi permettait de rendre cette dernière année plus douce. Il avait avec joie regagné les bancs de la chorale de Poudlard, avec une impatience difficilement contenue. Les petits nouveaux étaient là bien sûr et sur la demande du chef de chorale, il avait avec plaisir accepté de présenter le fonctionnement du club et les différents spectacles auxquels ils seraient amenés à participer. L’objectif de la première séance était bien sûr de fidéliser les élèves pour s’assurer de les voir toute l’année. Les clubs étaient tellement nombreux à Poudlard que chaque élève pouvait être sûr de trouver ce qu’il voulait.

La séance se passa sans trop de problème et Bathazar fut ravi de voir qu’il n’avait pas trop perdu sa voix de baryton si longuement travaillée les années précédentes. Il ne put tout de même s’empêcher de remarquer qu’il manquait quelqu’un. Celle qu’il considérait comme l’une de ses meilleures amies et avec qui il avait partagé la chorale quelques années plus tôt : Kiara Macmillan. Elle lui avait indiqué -presque promis !- de reprendre la chorale avec lui cette année. Mais elle n’était pas là. Pourtant tous les deux s’étaient croisés depuis la rentrée, peut-être avait-elle été retenue ailleurs ? Cela ne ressemblait vraiment pas à sa collègue Poufsouffle… Mais l’univers n’était-il pas fait de surprises et l’une d’entre elles pouvaient bien s’être retrouvée sur le chemin de son amie.

Récupérant ses affaires, Taz salua ses camarades et prit la direction de sa salle commune. Le début d’année était proche et les devoirs ne pleuvaient pas encore sur les pauvres étudiants. Non, les esprits n’étaient pas encore aux révisions mais à un sujet plus festif. Une effervescence emplissait le château : un grand bal avec les anciens de Poudlard aurait lieu sous peu. Erin était d’ailleurs réquisitionnée pour l’organisation de par son rôle de préfète. Ils se voyaient encore moins que d’habitude, habitude qui, depuis cet été, n’était de toute façon pas très nombreuse. Avec la maladie d’Erin, quelque chose les avaient éloigné et cela minait Balthazar à petit feu de ne pas pouvoir comprendre quoi. C’était avec ces idées noires virevoltant dans sa cervelle qu’il se dirigea vers les cuisines.

Entrant dans la salle commune de Poufsouflle, il balaya les lieux du regard. Il y avait plusieurs têtes qu’il connaissait, la majorité, et quelques nouvelles pour lesquelles il n’avait pas encore tout à fait retenu les noms : les nouveaux premières années étaient chaque fois plus nombreux et la mémoire de Taz commençait à un peu saturer. Certaines et certains, il els connaissances de l’école pour leur avoir donné des cours mais pour le reste, il ne pouvait que leur demander gentiment leur nom et tenter de les retenir avec plus ou moins de facilité. Il se laissa tomber dans un fauteuil moelleux avec la ferme intention d’avancer son bouquin de droit magique qu’il devait finir pour la fin du trimestre. Avec toutes ses activités, il était obligé de s’avancer s’il voulait tenir le rythme. Cela lui rappela d’ailleurs qu’il allait devoir faire quelques exercices de remise en forme, la saison de Quidditch étant sur le point de commencer et les sucreries ayant peuplées ses vacances. Il soupira devant tout ce qui lui restait à faire et posa son livre sur sa tête, comme si cela pouvait transférer tout le savoir de l’un dans l’autre. Ou peut-être juste le libéra et a minima le protéger de toutes ses obligations.

Des voix féminines le sortirent de sa torpeur et il se décida à enlever les pages de son visage pour voir entrer Kiara et une autre Poufsouffle. Et bien voilà l’occasion qu’il voulait pour discuter avec elle. Elle n’avait pas l’air mourante ou blessée, au moins cela était rassurant. C’était peut-être le moment de lui demander les raisons de son absence. Balthazar se faisait tellement une joie de pouvoir repartager cette activité avec elle. Pour être tout à fait honnête, cela était un peu moins drôle sans elle. « Miss Macmillan, on sèche la chorale maintenant ? Ça ne vous ressemble pas du tout ! » L’interpela-t-il avec un sourire.

Kiara MacMillan & Balthazar Salvan
14 septembre 2020| Salle commune de Poufsouffle | Fin d’après-midi

« Et vous Monsieur Salvan, cela ne vous ressemble pas du tout non plus de prendre ce ton pédant avec moi, dois-je m’inquiéter ? » Balthazar éclata de rire devant la répartie de son amie. Kiara avait cette incroyable faculté de paraître délicate, innocente et candide tout en étant capable de remettre dans le rang des Serpentards de Troisième années qui faisaient deux fois sa taille. Le Poufsouffle le lui avait régulièrement dit mais il avait toujours été admiratif de sa force d’esprit. Enfin sauf quand il en était la cible ! Car la jeune femme n’hésitait pas à lui rentrer dedans lorsqu’elle jugeait qu’il le méritait. Une autre chose qu’il avait en commun : se dire les choses franchement. C’était peut-être pour cela qu’ils fonctionnaient aussi bien tous les deux. Balthazar avait d’ailleurs un temps pensé à postuler en tant que préfet histoire de faire comme elle et Erin. Mais d’un point de vue réaliste, avec son emploi du temps de ministre, il n’avait pas pu. S’il choisissait d’être préfet, cela voulait dire adieu au Quidditch, aux cours qu’ils donnaient ou à la chorale. Il avait donc suivi sa raison et laissé le job à d’autres biens plus compétents. « Ce n’est pas moi qui t’enlèvera un quelconque point… » Lui répondit-il alors qu’elle s’installait à ses côtés.

La problématique d’emploi du temps sembla également être la raison de l’absence de Kiara. Il aurait été mentir que de dire que Taz n’était pas déçu. Il appréciait beaucoup Kiara et garder une activité en commun avait le mérite de maintenir de nouvelles expériences dans leur relation amicale. C’était en se forgeant de nouveaux souvenirs qu’une relation continuait de se maintenir. Heureusement se croisait-il régulièrement dans les couloirs ou la salle commune. Mais force était de constater que depuis le début de l’année, ils n’avaient tous les deux pas vraiment à réussi à se poser. « Mais t’inquiète, je viendrais quand même t’embêter dès que je le pourrais. » Des promesses que Balthazar savait Kiara tout à fait capable de tenir. Il s’étira de tout son long après la longue journée qu’il venait de passer. « Tu survis à « tes responsabilités et à ta cadence de cours qui s’accélère » ? » Demanda-t-il mi-moqueur, mi-concerné par le bien-être de son amie. Il n’était pas vraiment inquiet, s’il y avait bien une personne qui pouvait mener sa barque sur tous ces fronts en même temps, c’était bien la Macmillan. « J’ai aperçu ton frère et ta sœur dans les couloirs. Ils vont bien ? » Les Macmillan était une famille plutôt connue dans Poudlard. Que ce soit pour les histoires entourant Sélénya ou leur père Aurore reconnu.  

Alors que Balthazar parlait, il remarqua la bague sur la main de Kiara. Il se fit la remarque qu’il ne l’avait jamais vu avant. Kiara ne semblait pas arrêter de la tripoter, était-elle nerveuse ? Cela ne lui ressemblait pas vraiment. Il y avait difficilement plus patiente, tranquille et douce que Kiara. Peut-être que cela rejoignait ce qu’elle disait plus tôt ? De courir partout toute la journée, le soir certains ou certaines avaient du mal à se poser un instant. Il y avait toujours quelque chose à faire et si on ne choisissait pas de dire stop à un moment, alors on ne s’en sortait plus. Il montra du doigt les mains qui ne cessaient de bouger. « Et bien qu’est-ce qui t’arrive ? » Cela en revenait toujours à la position de préfète. Il voyait bien l’investissement que cela demandait avec Erin. Il ne voyait plus sa jolie blonde que quelques heures volées par ci par là. Et plus encore avec le bal des Anciens qui arrivaient dans quelques jours. Kiara devait être soumise à une pression folle et voilà qu’il se moquait qu’elle ne vienne plus à la chorale. Quel idiot il faisait parfois.

La notion de tact, Balthazar avait un peu du mal parfois. Il était relativement franc dans ses paroles et ses actes. Pourtant ce n’était pas ces traits de caractère-ci qui lui avaient amené le plus de problèmes ces dernières années. Ce n’était pas vraiment le moment de repartir dans ces réflexions déprimantes. Il avait de rares moments à passer avec Kiara, il n’allait pas non plus les saboter avec ses idées noires. Il devait bien ça à la jeune femme. Il ne manquait qu’un bon chocolat chaud pour que la soirée soit complètement détendue. C’était un des avantages d’être aussi proches de la cuisine, la salle commune des Poufsouffle permettait de ne pas devoir traverser tout le château pour avoir quelques sucreries, plus encore quand ils avaient parfois des cruches remplies de chocolats chauds à disposition. Balthazar se leva tout en discutant et leur servit deux chocolats chauds. Il ne demanda pas vraiment son avis à Kiara. Elle avait besoin de boire quelque chose. Il n’aurait su dire si c’était plutôt du whisky pur-feu ou du chocolat chaud mais le premier étant mal toléré dans l’école, le second avait ainsi au moins le mérite d’être accessible.

Kiara MacMillan & Balthazar Salvan
14 septembre 2020| Salle commune de Poufsouffle | Fin d’après-midi

Avoir des amis, ce n’était pas très compliqué pour Balthazar. Il ne se vantait pas de quoi que ce soit, il était factuel : il était gentil, sympathique et s’intéressait véritablement aux gens. Alors les gens l’aimaient bien. Et delà partaient de nombreuses amitiés. Le Poufsouffle aimait le contact humain, il en avait besoin pour vivre et continuer de s’épanouir dans le froid anglais. Surtout lors de sa première année à Poudlard, où il avait été loin d’Erin, il avait bien été obligé de rencontrer de nouveaux personnages et de se recréer une nouvelle vie à l’Université. Cela s’était fait naturellement et plus les années passèrent à l’université, plus Balthazar s’était épanoui avec l’étrange sensation que les amis qu’ils se faisaient maintenant seraient des liens qu’il garderait jusqu’à la fin. Kiara était de ce genre-là. Il n’y avait jamais eu aucune ambiguïté entre eux. Ils savaient dès le départ qu’ils seraient des amis et le futur ne les avaient pas trompés. En même temps, en connaissant Kiara, Balthazar se demandait bien le genre de personne qui pouvait ne pas l’apprécier.

Alors que Taz se moquait de ne pas pouvoir enlever de point à la préfète-en-chef, celle-ci se demanda si elle ne pouvait pas s’en enlever elle-même. La situation fit hocher la tête de Balthazar. « Si tu es aussi honnête que tu le prétends, alors je te rejoins sur ce point, tout comportement que tu jugerais répréhensible de ta propre part devra être signalé… » Il lui fit un clin d‘œil, le juge en lui ayant repris du service le temps de cette phrase. En même temps, celui qui administrait les sentences n’était pas exempt de suivre les règles, au contraire : il avait même un rôle d’exemplarité aussi bien dans les bons comportements que dans les sentences encourues. « Quelle femme indépendante tu es… » Se moqua malgré tout Balthazar pour se détendre un peu.

Alors que le sujet de la conversation dérivait sur le sujet des loisirs, Balthazar ne put qu’être d’accord avec la Poufsouffle. L’organisation était la clé pour leur vie chargée. S’ils voulaient tout faire, ils se devaient de tout faire rentrer dans leurs journées de vingt-quatre heures. Il se moqua de nouveau gentiment de sa comparse. « Toi ? Avoir des loisirs ? Je ne le croirai que quand je le verrai ! »  Il demanda des nouvelles de sa famille. Il sourit à la mention de Selenya, effectivement question idiote. Il devait voir la sœur de Kiara plus souvent qu’elle. « Non, pas d’entrainement ce soir. Quoiqu’on risque de faire des sessions supplémentaires de renforcement physique en prévision de notre prochain match ! » Balthazar parlait surtout pour lui-même. Il avait été énormément essoufflé pendant le dernier entrainement et n’aurait su dire si c’était à cause de son grand âge ou simplement des deux mois de vacances qu’il avait eu. Probablement un peu des deux. Balthazar éclata de rire à la mention d’une possible petite amie pour Caelum. Il ne faisait qu’être d’accord avec Kiara depuis le début de leur rencontre. « M’en parle pas… J’ose même pas demander aux jumeaux où ils en sont sur ce sujet… » La Poufsouffle lui retourna la question sur la famille Salvan, il prit une grande inspiration. « On est allé dans le sud de la France chez mes grands-parents maternels. C’était vraiment bien de partir de la grisaille anglaise. Erin aurait dû venir mais elle n’allait pas très bien un temps donc on ne s’est croisé qu’un peu par-ci par-là. » Erin faisait également partie de la famille en un sens. Il ne s’étendit pas sur l’état d’Erin car lui-même n’en savait pas davantage. Et puis ce n’était à lui de raconter les soucis de santé de sa copine. « Piscine, randonnée, océan… La belle vie. Cela fait du bien de faire le moldu pendant un temps loin de toutes les confrontations... »

Kiara semblait vraiment nerveuse. Elle n’arrêtait pas de se triturer les mains et cela alerta quelque peu Balthazar. Posant la question, il s‘empressa ensuite d’aller chercher ce qu’il trouvait le plus efficace pour combattre le stress : un bon chocolat chaud made in Poudlard. Il en déposa une tasse devant Kiara et en garda une pour lui.  « J’en ai parlé à personne encore. » Balthazar fronça les sourcils. Il y avait donc bien quelque chose qui triturait l’esprit de son amie. Sentant bien qu’elle avait besoin de se confier. Il lui laissa le temps qu’elle jugeait nécessaire pour parler. Prenant une gorgée de sa boisson chaude, il fixa la Poufsouffle. La position de préfète était prenante. Ce n’était une révélation pour personne. Et puis il fallait faire marcher au pas l’ensemble des élèves de Poudlard, ce qui n’était pas une mince à faire. De nombreuses responsabilités échouaient sur les épaules de Kiara. Cette dernière baissa les yeux sur la bague qu’elle portait. Il n’avait même pas remarqué. Oui bah, elle était jolie sa bague, Erin aussi en portait régulièrement. Les sourcils de Balthazar se froncèrent encore davantage alors que Kiara partageait ses peurs sur une annonce à sa famille. Mais de quoi parlait-elle ? La première chose qui vint en tête à Balthazar fut bien sûr le fait qu’elle voulait abandonner le poste. Cette position n’était pas pour tout le monde mais le Salvan comprenait la famille Macmillan. Être préfète en chef de Poudlard, cela faisait très bien sur le CV. Et puis c’était une responsabilité qu’il ne fallait pas lâcher sur un coup de tête. Il prit un air compatissant. Il soupira lorsqu’elle lui demanda son avis. « C’est compréhensible, c’est une grosse décision qui aura des conséquences sur ton futur. » Répondit-il. « Après l’important c’est que toi tu sois sûre. Malheureusement ou heureusement, il ne faut pas vivre pour les autres. » Balthazar secoua la tête, un peu étonné de tout cela. Elle venait à peine de rire de cette situation d’emploi du temps et de responsabilités…Avait-elle vraiment apprécié ses commentaires ? Ou avait-elle était seulement polie ? Voilà, maintenant, il se sentait mal. Mais quel idiot il avait été. « Quel que soit ton choix définitif, sache que je serai là pour toi ! Et je suis désolé de m’être moqué de toute cette histoire. » Il lui sourit avec gentillesse. Faire des grands choix ainsi pour son futur, de grand changement, cela faisait toujours peur de toute façon…

Kiara MacMillan & Balthazar Salvan
14 septembre 2020| Salle commune de Poufsouffle | Fin d’après-midi

Prendre quelques instants pour se poser dans la salle commune de sa maison, Balthazar ne le faisait jamais. D’abord parce que les personnages avec qui il se posait le plus souvent n’étaient pas forcément Poufsouffle et puis surtout car il n’en avait pas vraiment le temps. Il courant après les heures espérant rattraper les aiguilles avant la fin du cadran. Il avait besoin d‘être occupé, surtout en ce moment où les inquiétudes le grignotaient de l’intérieur, mais il s’avouait parfois à demi-mot qu’un peu moins ne pourrait pas lui faire de mal. Avec Erin, les choses n’allaient pas vraiment mieux : il s’était donc employé à profiter au maximum des petites choses du quotidien qui lui remontait le moral. C’était une pratique salutaire qu’il se promettait souvent de continuer de faire, même lorsqu’il se sentirait mieux dans sa vie. Lorsqu’il se sentait bien, que quelque chose lui plaisait ou que quelque chose s’était bien passé, il s’arrêtait un moment pour apprécier l’instant. Apprécier que finalement, parfois la vie n’était pas toute sombre, malgré la guerre ou les problèmes. Apprécier que quelques fois, de petites choses qui auraient pu paraitre insignifiantes aux premiers abords, sauvait son moral. Alors oui, boire un chocolat chaud avec Kiara dans un canapé moelleux, ce n’était pas sauver le monde, mais en un sens, cela illuminait un peu le sien.

Le Poufsouffle servit un sourire moqueur à Kiara lorsqu’elle réfléchit à se donner des points à elle-même. Même si c’était une idée qui avait dû traverser la tête de préfets, surtout chez Serpentards, il savait Kiara bien incapable de ce genre de comportement. L’un et l’autre étaient d epiètres tricheurs et menteurs…

Lorsque le sujet des loisirs vint sur la table, Balthazar comme Kiara ne pouvait rien dire sur le nombre d’activités de l’autre : les deux étant particulièrement occupés. Enfin, Kiara était surtout prise par ses obligations scolaires, ce que ne manqua pas de souligner Balthazar. Lorsque son interlocutrice ne put pas citer plus de deux loisirs, il leva les bras, indiquant que la preuve en était faite par l’exemple et qu’il n’avait surtout rien à ajouter. Il acquiesça religieusement lorsqu’elle parla d’un ami « totalement insupportable » et sourit. « Un loisir absolument agréable j’en suis persuadé… » Rétorqua-t-il en éclatant de rire.

Balthazar évoqua la vie sentimentale des jumeaux et il fut d’accord avec Kiara lorsque celle-ci lui indiqua qu’il ne voulait rien savoir. C’était aussi vrai pour l’un que pour l’autre. Chacun était libre d’avoir les expériences qu’il désirait… Mais pour Taz, les benjamins Salvan avaient encore dix ans, alors les voir faire autre choses que jouer au Playmobil, il n’y arrivait pas vraiment. Lorsque Kiara évoqua son pays natal, les yeux de Balthazar pétillèrent, il avait toujours rêvé d’y aller. « Je te souhaite d’y retourner sous peu, surtout si cela veut dire que je peux venir te voir ! »  Erin serait ravie de visiter la verte Eire. Enfin, lorsqu’elle irait mieux… L’image de la jolie blonde ne quitta pas sa mémoire lorsqu’il détailla ses vacances et les quelques soucis qu’elle avait pu rencontrer. Il fut reconnaissant à Kiara de ne pas poser davantage de questions sur le sujet.


« C’est vrai que c’est une grosse décision, mais je me sens prête à franchir le cap tu sais. » Balthazar releva la tête de son chocolat chaud, les sourcils froncés. Quitter la position de préfet, il n’aurait pas appelé cela « franchir un cap ». C’était certes une grosse décision mais elle semblait bien trop soulagée. Ne se rendait-elle pas compte de la gravité de la chose ? A moins qu’elle y pensa depuis longtemps ? « Je crois que j’ai jamais été aussi sûre de ma vie. »  Bon au moins, elle savait ce qu’elle voulait, c’était déjà ça. Balthazar la soutiendrait car c’était son rôle. Il était son ami et s’il fallait braver les professeurs pour porter cette décision quelque peu unique, il le ferait. « Comment ça se moquer ? »  Les yeux de Kiara se plissèrent, ceux de Balthazar aussi. Quelque chose clochait. « J’avoue que je pensais que tu serais plus… disons plus frileux quant à ma décision. » Plus frileux ? Certes Balthazar était à cheval sur le règlement mais quand même. Non, il y avait quelque chose qu’il ne comprenait pas dans toute cette discussion. « Plus frileux ? De quoi tu… » Kiara finit sa phrase. « Surtout vu ton passif avec lui. » Le Poufsouffle posa sa tasse et se rapprocha un peu de Kiara : il était maintenant franchement perdu. Il avait mal compris la conversation et était totalement perdu sur ce qu’elle essayait de lui dire. « Mon passif ? Avec lui ? »  Le visage concerné par son incompréhension et sentant le besoin de clarifier une bonne fois pour toute les choses, il continua : « Tu ne parlais pas de quitter ta position de préfète en cheffe ? J’ai dit que je te soutiendrais si tu décidais de partir, je… »  Lui ? C’était quoi cette histoire ?! Les yeux de Balthazar se posèrent sur la bague de Kiara puis sur le visage de cette dernière puis de nouveau sur la bague. Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’il commença à saisir l’énormité de ce qui lui avait échappé. « Tu… Toi ? Avec … Qui ? Hein… Je… Quoi ?! »  Il n’arrivait pas à formuler ce que son cerveau commençait lentement à réaliser. Il se contenta de montrer la bague. Kiara. Sa Kiara. Kiara Macmillan était fiancée ?! Non mais c’était fou cette histoire ! Ils étaient trop jeunes pour ça ! Enfin, non elle avait bien le droit de faire ce qu’elle voulait mais… Se marier ?! Mais enfin, avec qui ?! Si lui avait décidé d‘épouser Erin, cela n’aurait étonné personne : après tout, ils étaient ensemble depuis des années. Mais Kiara ! Kiara elle n’était pas vraiment en couple avec qui que ce soit elle n’avait qu’à peine… A peine fréquenté… Oh non ! ne put s’empêcher de penser Balthazar. « Cette raclure de Grigori ?! Et tu as dit oui ?! »  L’énormité de la situation et la haine profonde qu’il avait contre le Serpentard l’empêchèrent de filtrer ses paroles et il s’en rendit compte trop tard.

Kiara MacMillan & Balthazar Salvan
14 septembre 2020| Salle commune de Poufsouffle | Fin d’après-midi

L’énormité de la situation laissait Balthazar totalement perdu. Pourtant la journée n’avait pas si mal commencé, cette impression douce amère de vivre les choses pour la dernière fois : la rentrée, la cérémonie des Choixpeaux, les petits nouveaux des étoiles dans le regard découvrant la salle commune… Des choses qu’il avait prises pour acquises pendant ses cinq années à Poudlard. Et toutes ces habitudes liées aux études qu’il cultivait depuis sa plus tendre enfance, dès son entrée à Beauxbatons. Il aurait aimé que cela ne prenne jamais fin. Mais n’était-ce pas le cas de beaucoup des élèves ? Et voilà qu’alors qu’il profitait d’une pause bien méritée dans son emploi du temps rempli, avec sa meilleure amie, un chocolat chaud à la main, voilà qu’elle lui annonçait une énormité de la sorte : Grigori et elle. Fiancés ?! Comment ? Où ? Quand ? Pourquoi ? Il n’y avait aucun univers dans lequel Bathazar aurait pu trouver Grigori Dimitrov sympathique. C’était une enflure. Si, peut-être dans un monde parallèle où Balthazar aurait été lui-même une enflure : il paraissait que les enflures aimaient rester entre elles…

Le quiproquo de leur conversation était monumental. Et cela eut un vrai impact sur l’état de Balthazar. Il y avait peu de choses qui le faisaient sortir de ses gongs. Les sang-purs à forte tendance Mangemort en faisait clairement partie. Et Kiara, Kiara Macmillan, la plus gentille fille du monde s’était prise d’affection pour Grigori ?! Déjà, lorsqu’elle lui avait annoncé sortir avec lui, Taz s’était demandé si elle n’était pas victime d’un syndrome d’ « héroïne », celui où la personne rêvait de pouvoir sauver quelqu’un et en tombait amoureuse avec ce but dans son inconscient. Taz s’était sérieusement posé la question mais avait espéré que cela ne serait qu’une passade : que Kiara se rendrait compte qu’il n’y avait rien à sauver et qu’elle passerait bien vite à un garçon bien plus sympathique Peut-être que Grigori avait ce petit côté bad boy qui faisait frémir les jeunes filles de bonnes famille comme Kiara ?! Il y avait mille raisons. Mais aucune ne justifiait une union par les liens sacrés du mariage !

« Ne parle pas de lui comme ça ! » Balthazar la regardait avec un air effaré. Mais comment pouvait-elle être aussi aveugle sur la nature profonde du Russe ?! Il n’y avait qu’à voir ses relations ! Helios Carrow et toute la clique n’étaient absolument pas des personnes fréquentables ! « Je refuse que tu parles ainsi de mon fiancé. » Le Poufsouffle se leva brutalement en secouant la tête, tentant de réfléchir calmement à la situation alors même qu’il sentait la colère poindre dans sa gorge. « Non mais je ne parle pas de lui comme ça par plaisir Kiara ! Je parle de lui comme ça car c’est une réalité ! Sa réalité ! » Il n’arrivait pas à concevoir que Kiara ne voit pas ce qu’il voyait. « Et oui, j’ai dit oui. » Et la parole suivante de Kiara termina de rendre Balthazar totalement dépassé par la situation. « Parce que je l’aime. » Le pompon, la cerise sur le gâteau de toute cette conversation. « Alors c’est peut-être l’amour qui te met des œillères mais je ne me tairai pas ou ne mentirai pas sur sa nature juste pour ton bon plaisir Kiara. Je pensais qu’on avait encore le droit d’avoir une opinion dans ce pays ! » Balthazar se retourna et marchant quelques pas, il se prit la tête dans les mains, incapable de savoir ce qu’il allait bien faire par la suite.

« Je t’aurai imaginé plus tolérant. » Balthazar se retourna, blessé par ces paroles. « Et j’aurais imaginé que tu ne douterais pas un seul instant que je chercherai toujours à te protéger, même si cela voudrait dire être en désaccord. Être tolérant avec des intolérants, c’est de la bêtise et tu le sais aussi bien que moi ! » Il lut de la déception dans le regard de Kiara et cela ne fit qu’attiser sa colère. « Tu… Tu vois bien comment il traite les autres… Tu ne peux pas concevoir de vouloir passer le reste de ta vie avec… Lui. ?! » Tenta-t-il de comprendre. Balthazar avait besoin de comprendre. « C’est un truc de sang-pur ? C’est ses parents qui t’obligent ? Tu as besoin d’aide ? Tu sais que je ferais tout pour toi ! » Il se rapprocha, tentant d’étudier Kiara. « Ou alors tu es victime d’un sortilège ? D’un philtre d’amour ? Est-ce que tu as consulté un medicomage récemment ? » Balthazar était maintenant particulièrement inquiet en plus d’être en colère contre ce crétin de Grigori qui avait osé faire il ne savait quoi pour que Kiara accepte. Le Poufsouffle était prêt à beaucoup de choses pour mettre le Serpentard à Azkaban avec ses parents. Cette action n’était-elle pas d’ailleurs une action sociale pour réunir une famille? Il n’arrivait pas à comprendre, cela ne voulait pas s’imprimer dans son cerveau. Kiara et Grigori en petit couple unis jusqu’à la fin de leurs jours… Quand est-ce que cette histoire avait dérapé ?! Pourquoi Balthazar n’avait-il pas vu les signes avant coureurs qui avaient mené à ce fiasco ?! Y aurait-il véritablement un mariage ? Et si oui, serait-il invité ?! Pourrait-il supporter de voir une panoplie des plus grands Mangemorts d’Angleterre et d’ailleurs alignés avec leur sourires suffisants de l’autre côté de l’allée centrale ?! Pourrait-il supporter les mots déplacés qui ne manqueraient pas d’être prononcés par un cousin du Russe lors des discours ?! C’était impensable. Et Kiara, sa pauvre Kiara perdue dans cette marée de haine, comment allait-elle survivre ?! Il était hors de question de la laisser dans cette mare à requins ; pourquoi ne voulait-elle pas voir la situation comme elle était ?! Par Merlin, était-il encore dans son monde ou venait-il de se réveiller dans une réalité alternative où tous marchaient sur la tête ?! Non, vraiment il était totalement perdu.

Kiara MacMillan & Balthazar Salvan
14 septembre 2020| Salle commune de Poufsouffle | Fin d’après-midi

Les paroles de Balthazar étaient dures. Et il n'était pas sûr d'avoir jamais eu une discussion aussi animée avec Kiara. Ils s'étaient toujours bien entendus et même si leur relation n'était pas exempte de frictions comme pour tout le monde, ils avaient toujours su faire la part des choses et en ressortir encore plus amis qu'avant. Seulement voilà, aujourd'hui avec ces révélations, Balthazar sentait que quelque chose changeait entre eux. Pour l'une des premières fois peut-être, ils n'étaient pas sur la même longueur d'onde. Il revenait maintenant à chacun de savoir si cet écart dans leurs idées respectives serait dévastateur, ou s'ils s'en sortiraient plus fort qu'avant. Une chose était sure : aucun n'en sortirait indemne. Le moment « chocolat chaud et confidences » s'était transformé en bataille rangée...

Les paroles de Balthazar semblèrent heurter Kiara de plein fouet. Il ne les avait après tout pas emballées dans un joli papier cadeau coloré. Devant toutes les questions du Poufsouffle, la préfète se leva silencieusement et sortit de la pièce. Le Salvan la regarda se mouvoir, d'abord déconcerté puis soupirant, il tenta de l'arrêter « Kiara, je... » Mais celle-ci ne sembla pas s'arrêter à ses paroles et elle fuit hors de sa vue sans un regard. Il se mordit la lèvre inférieur. « Bien joué Salvan.... Tu sais comment parler aux filles fiancées toi dis donc... » Se félicita-t-il ironiquement avant de se lever et de suivre la jeune femme. « Kiara et Grigori Dimitrov... Mais... Comment en sont-ils arrivés là ?! » Marmonna-t-il dans sa barbe alors qu'il quittait la salle commune à la recherche de sa préfète. Il mit quelques secondes à la retrouver, recroquevillée dans l'une des alcôves du château. La colère qu'il avait sentit plus tôt monter en lui s'évapora lorsqu'il aperçut les larmes sur le visage angélique de son amie. « Me protéger ça veut dire me faire pleurer tu crois ?» Balthazar eut la sagesse de se taire face à cette pique sur ses précédentes paroles. Le regard fuyant de Kiara déconcerta un Balthazar déjà malmené par la conversation. Il resta également silencieux lorsque Kiara indiqua que cette décision était la sienne et celle de personne d'autre. Puis elle lui déballa ses quatre vérités et de nouveau le jeune homme resta silencieux, encaissant les attaques et la frustration de celle qui était son amie. Il se douta de prendre au passage pour d'autres qui avaient dû avoir une réaction similaire à la sienne mais ce n'était pas le sujet. Il la laissa vider son sac et hésita un instant à s'en aller pour éviter de répondre des choses qu'il pourrait regretter. Mais serrant les poings, il se sentit encore suffisamment lucide pour répondre factuellement aux accusations d'une Kiara, elle, sous l'emprise de ses émotions.

« J'ai besoin d'un ami qui me respecte, c'est tout ce dont j'ai besoin Taz. » Il était blessé. Si blessé de toutes ces paroles. Il ne manquait pas de confiance en Kiara. Bien au contraire, il aurait pu mettre sa vie entre ses mains sans sourciller tant il la savait intègre et sérieuse. Mais il la savait aussi fragile. Il n'y avait eu qu'à voir comment elle avait été lors de la disparition de Sélénya... Non il ne manquait pas de confiance en elle. Mais elle n'était pas aussi forte qu'elle le pensait. Le visage de Balthazar était fermé et il secoua lentement la tête le temps d'intégrer tout ce qu'elle venait de lui envoyer à la figure. « Tu me remets tout sur le dos mais je n'y suis pour rien dans cette histoire Kiara. Je t'ai juste mis devant un fait que tu t'évertue à contourner, à éviter pour ne pas répondre... Tu... » Il laissa échapper un rire sans joie. « Ne pas avoir confiance en toi ?! Tu sais que je me jetterai dans le vide si tu me le demandais ! » Il secoua la tête. « Je ne t'ai jamais.... JAMAIS manqué de respect Kiara. J'ai toujours été à tes côtés pour tout ! Pose toi la question si cette colère n'a pas d'autres racines car ces questions, ces interrogations, cette incompréhension tu l'auras de tout le monde. Prépare toi à affronter ça. Et pour le moment tu es seule parce que je ne comprends rien de tout cela. » Il recula de quelque pas pour inspirer une grande bouffée d'air.

« Pourquoi ? Pourquoi lui ? » Il fixa Kiara. Il était prêt à ignorer tout le reste, tout ce qu'elle venait de dire, toutes ces justifications et ces accusations qu'elle lui avait balancé. « Quand on aime quelqu'un Kiara, cela veut dire qu'on accepte quelqu'un avec ses qualités et ses défauts, c'est un tout, un package global. Sortir avec quelqu'un, ça passe encore pour certains aspects pour lesquels on ne peut ne pas être d'accord... Mais se marier. C'est un aveu d'accord. Tu cautionnes tout ce qu'il est avec un beau sourire et une belle robe blanche. ». Sa mâchoire se contracta. « Tu sais... » Les mots se bousculaient dans sa gorge, les sons se brisant sous son émotion. Non finalement, il n'avait peut-être plus la tête suffisamment froide pour cette conversation. « Tu sais ce que des gars comme Grigori m'ont fait et font à des gens comme moi. » Il chercha le regard de la jeune femme comme pour voir si effectivement elle acceptait ces écarts. Désespéré, il l'était un peu. Kiara avait toujours été la plus ouverte et la plus gentille des filles qu'il connaissait. Ils avaient ri ensemble,. Ils s'étaient gentiment moqués de Premières Années perdus le jour de la Rentrée. Ils avaient chanté les joies et les peines d'une école. Mais jamais ne s'étaient-ils ainsi affrontés. Était-ce  cela la guerre ? Un sujet aussi grave balancé sur des vies simples qui n'en avaient pas vraiment besoin ? Des histoires d'idéologie idiotes qui venaient murer des amitiés de longue date ? Balthazar avait toujours fait au mieux dans son existence pour rester intègre et vrai à ses croyances. Mais jamais ne s'était-il douté que celles-ci pourraient risquer de détruire l'une des plus belles amitiés qu'il s'était forgé à Poudlard.

Kiara MacMillan & Balthazar Salvan
14 septembre 2020| Salle commune de Poufsouffle | Fin d’après-midi

La conversation qu'ils s'apprêtaient à avoir, Balthazar et Kiara auraient dû l'avoir depuis longtemps. Depuis que Kiara avait commencé à fréquenter Grigori probablement. Alors peut-être se seraient-ils évités le ressentiment de l'un et l'ignorance de l'autre. Oui, peut-être qu'ils auraient dû avoir cette douloureuse discussion il y a de cela bien longtemps. Mais il était trop tard aujourd'hui pour avoir des regrets. Le moment était là et ce dont ils avaient sagement tenté d'éviter leur arrivait aujourd'hui en plein dans la figure. Il était tellement plus simple de se mettre des œillères en se jurant que tout irait pour le mieux si on ignorait le problème suffisamment longtemps. Kiara et Balthazar étaient loin d'être bêtes. Mais l'un comme l'autre avaient peut être accepté ce statut quo de peur des conséquences qui auraient pu leur arriver s'ils avaient eu suffisamment de courage. Enfin, aujourd'hui ils étaient en plein dedans, alors au points où ils en étaient.

Alors qu'il respectait trop Kiara pour ne pas lui dire ses quatre vérités, il fut blessé par la réaction qu'elle eut. Ainsi l'accuser de ne pas avoir confiance en elle, de pas penser à son bonheur... Tout cela était ridicule ! Qu'elle puisse seulement le voir ainsi était ridicule ! Mais il tint bon et la mit devant le fait accompli. Si elle épousait Grigori, non seulement elle acceptait ce qu'il était mais en plus elle le cautionnait. Et cela en était  trop pour Balthazar. Kiara était son amie, voir sa meilleure amie, mais s'il fallait qu'il la considère comme hostile face à ce qu'il était, un né-moldu, alors il n'hésiterait pas une seconde. Elle était préfète en chef bon sang ! Elle devait à l'ensemble des élèves de Poudlard le même traitement. Par Merlin, le propre frère de Balthazar était à l'école ! Elle ne sembla pas pouvoir soutenir son regard. « Tu sais très bien que je n’accepte pas ça. Que ce n’est pas dans mes principes et dans mes idéaux. » Balthazar l'écouta silencieusement. Il lui devait bien ça avant de se faire sa propre idée. Il voulait sa version, il voulait comprendre. Il avait la désagréable impression d'être au procès de leur amitié et d'entendre les deux partis afin de trancher sur la sentence. Ainsi elle parlait d'amour. C'était trop facile. On ne pouvait pas expliquer une perte de l'esprit avec le simple amour. Et si c'était Erin ?. La question de son esprit le mit mal à l'aise mais elle était nécessaire. Il n'y avait de l'empathie que lorsque l'on se mettait à la place de l'autre. Alors Balthazar Etienne Salvan, si c'était Erin la Mangemort ? La réponse aussi difficile que réaliste lui parvint assez facilement. Ils ne seraient pas ensemble. Ils ne pourraient pas être ensemble. « […] Avec moi, il est pas comme ce qu’il laisse paraître… » Balthazar n'entendit que le sous-texte : avoir moi, la sang-pure, il est pas comme ce qu'il laisse paraître. Le sorcier ne dit rien, continuant de fixer silencieusement Kiara. Cette dernière parla de peut-être arriver à lui faire entendre raison sur ses convictions, qu'on ne changeait pas une vie d'éducation en une seconde. Balthazar entendait tout cela. Il l'entendait. Mais cela lui semblait futile à la vue du reste.

« […] Je me dis que s’il me choisit, c’est que… peut-être, je peux l’aider à penser différemment. » La mâchoire de Balthazar se contracta lorsque Kiara parla de faire des concessions. Bon dieu mais est-ce qu'elle s'entendait ?! Il ne parlait pas de s'accorder sur la couleur du papier peint du salon ! Il parlait de vision profonde du monde et des êtres sorciers ! Il ne s'agissait pas de sujets à concessions ! On parlait de sorciers et de sorcières, de moldus et moldues, de la vie de milliers de personnes. Elle espérait pouvoir le changer. Soit ! Mais cela pardonnerait-il tous les méfaits qu'il avait fait par le passé ?! Serait-il seulement enclin à changer ?! Grigori avait-il véritablement choisi Kiara parce qu'il espérait pouvoir changer ? Ou était-ce seulement car elle était un bon parti et amoureuse de lui ? Le duo gagnant pour un Mangemort dont les fiançailles avec les Carrow avaient été rompues il n'y avait pas si longtemps que ça... C'était absurde... Mais possible, Balthazar n'aurait été étonné de rien avec ce gars là...

Le Salvan resta silencieux quelques secondes sans véritablement savoir quoi répondre. Il avait d'un côté envie de dire à Kiara à quel point ces justifications étaient désastreuses et puériles. Mais de l'autre, il tenait trop à la jeune femme pour ne pas tenter de comprendre. « Tu... Tu es véritablement en train de me dire que l'amour te rend aveugle à tout le reste ? » Il soupira. « Pourquoi ne pas attendre encore un peu, voir s'il change véritablement avant de te marier avec lui ? » Avait-elle une foi en lui aussi aveugle ? « Une année de plus, au moins jusqu'à la remise de diplôme, cela te permettra de t'assurer qu'il est vraiment enclin à changer et qu'il ne fait pas que tenter de te courtiser pour du vent ! » Rien ne pressait. Même si elle était follement amoureuse, c'était loin d'être aberrant de prendre quelques mois pour s'assurer de ne pas s'enflammer pour pas grand chose. Certes, Grigori et Kiara sortait ensemble depuis neuf mois. Un bon avocat aurait pu rétorquer que cela faisait d'un côté très peu de temps et de l'autre suffisamment pour avoir pu voir une évolution non ? « Depuis que vous vous fréquentez, tu l'as véritablement vu changer ? »  Il n'ajouta pas un « parce que moi non... » mais il le pensa fortement.

Kiara MacMillan & Balthazar Salvan
14 septembre 2020| Salle commune de Poufsouffle | Fin d’après-midi

La vie faisait et défaisait les histoires, les amitiés, les amours. Tout était vivant, c’était bien ce qui rendait les choses intéressantes. Il n’aurait plus manqué que tout soit écrit d’avance ! La plupart du temps, cela annonçait de belles choses. Et parfois, comme aujourd’hui, le résultat s’avérait plus amère. Balthazar ne s’était pas attendu à voir un fossé se creuser devant ses yeux avec sa meilleure amie alors qu’ils devaient initialement se retrouver pour un chocolat chaud… Mais encore une fois, si leur amitié était si forte, comment avaient-ils pu en arriver là ? Il refusait de concevoir qu’ils étaient arrivés dans une impasse. Une impasse ne laissait plus de place pour avancer. Cela ne pouvait pas être une fin. Il refusait cette possibilité. Il aimait trop Kiara pour que cela les éloigne définitivement.

Balthazar souffla un petit peu alors que Kiara indiqua garder une conscience propre et ne pas cautionner chaque parole de son fiancé. Balthazar en était-il rassuré pour autant ? Difficile à dire… Elle considérait quand même de prendre le nom de Dimitrov, la famille et les idées qui allaient avec… Punaise mais qu’est-ce qui ne tournait pas rond dans la tête de la Poufsouffle ?! De même, lorsqu’elle indiqua que le mariage ne serait pas dans la minute, Balthazar eut l’impression de respirer à nouveau. Il n’ajouta rien lorsque Kiara indiqua décider. Jusqu’à quand cela serait-il le cas ? Taz avait vu des femmes effacées derrière des maris pompeux, il ne voulait pas cela pour Kiara. Mais elle avait raison. Il fallait qu’il lui face confiance. « Mais je ne sais pas si cela changera grand-chose, j’ai réfléchi longuement avant de lui dire oui tu sais, c’est pas une décision que j’ai prise à la légère. » Il baissa la tête, il commençait à être vaincu. Comment avoir une discussion rationnelle avec quelqu’un qui n’était que dans l’affect ? « C’est une bonne chose Kiara… Je suis… Heureux que ce soit le cas. »

Au moins Grigori semblait avoir évolué en un an… Aux yeux de Kiara du moins… Car c’était le même connard égocentrique que Balthazar croisait dans les couloirs depuis le début de sa scolarité à Poudlard… Si le Serpentard était passé dans le coin en cet instant précis, Balthazar lui aurait probablement écrasé son poing dans la figure histoire de faire bonne mesure… Mais voilà que maintenant Kiara, en tant que fiancée, n’aurait peut-être pas pris son parti… Mais dans quelle galère se retrouvaient-ils tous les deux ?   « Si tu le dis Kiara, de nous deux tu es celle qui le connais le mieux… Alors je te crois sur ce point… » Mais qu’est-ce que cela l’embêtait d’ainsi le reconnaître… Il se sentait bouillir de frustration et il savait qu’il allait avoir besoin de beaucoup de temps pour assimiler toutes ces informations.

« Tu penses que je fais une grosse connerie ? » La question prit Balthazar au dépourvu et il fixa Kiara quelques secondes. Les pensées du sorcier se heurtèrent en tout sens sans qu’il ne puisse savoir quoi en faire. En un sens, il se devait d’être honnête avec sa meilleure amie. Il le devait, c’était l’une de ses principales caractéristiques, ce pour quoi ils s’aimaient tant, et fonctionnait si bien. Mais de l’autre. De l’autre, il avait déjà été honnête, et il n’avait vu que les larmes de Kiara couler. Elle ne voulait pas l’entendre cette vérité. Elle pensait le vouloir mais au fond d’elle, elle avait simplement besoin de soutien. Soutien qu’elle aurait difficilement ailleurs. Balthazar était radical sur beaucoup de choses mais il restait compréhensif, ce n’était pas le cas de tous les proches de la MacMillan. Il déglutit un instant et, tout en soutenant le regard de Kiara, il répondit calmement. Il eut l’impression d’être en retrait de son propre corps, à trahir ainsi ses propres principes. « Je pense que c’est inattendu. Je pense qu’à ta place c’est pas lui que j’aurais choisi… » Sa blague tomba un peu à plat et il émit un petit rire forcé qui sonna faux à ses oreilles. Il soupira, baissant les yeux une seconde avant d‘à nouveau soutenir son regard. Une seconde. Une seconde ainsi à se fixer, se jauger, se juger. Pour son amie, pour elle seulement, il se résigna à ne pas continuer sa croisade. Kiara remarquerait-elle qu’il allait à l’encontre de son essence même ? Peut-être que oui, peut-être que non. Mais cela restait l’une des plus belles preuves d’abnégation qu’il eut rarement faite dans son existence. « Je pense que tu es la seule qui puisse répondre à cette question. » Un silence encore.

Balthazar se détourna alors et regarda les couloirs qui se vidaient à l’approche du couvre-feu. « Il va falloir que j’y aille. J’ai… J’ai encore plusieurs bouquins à récupérer avant que la bibliothécaire ne ferme pour de bon… » C’était à moitié vrai, il avait effectivement des bouquins à récupérer mais cela pouvait attendre demain, d’autant plus qu’il revenait de la bibliothèque avant d’arriver à la salle commune. Mais il avait besoin d‘air, de sortir de cette joute. Il avait besoin d’hurler quelque part, loin de Kiara. « Félicitations pour tes fiançailles Kiara. J’espère vraiment que cela sera aussi beau que dans les livres… » Il regarda encore quelques secondes Kiara. Quelque chose s’était brisé entre eux. Et cela tuait Balthazar. Il paraissait que le temps faisait des miracles. Il verrait bien non ? « Bonne soirée. » Lança-t-il avec un peu trop d’enthousiasme feint. Il lui fit un signe de la main, visiblement mal à l’aise et se retourna précipitamment avant de marcher en direction de la bibliothèque. Il récupérerait ses affaires dans la salle commune de Poufsouffle un peu plus tard, en espérant que Kiara serait alors couchée. Mais que venait-il de se passer ? Il n’aurait pas parié un gallion sur le dénouement de cette rentrée… Mais quelle idée stupide ! Pourquoi voulait-elle passer le reste de sa vie avec Grigori ?! Il soupira en serrant les poings. Chienne de vie.