Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
Une violente sensation parcourut son système nerveux, envoyant des décharges électriques intenses jusqu’à l’arrière de son crâne. Extirpé de sa torpeur dans un long grognement de douleur accompagné de l’habituel « Fuck ! » sonore, ses mains vinrent immédiatement se loger autour de la source de cette peine traversant son être. Bien que tremblantes, elles tentaient en vain de masser les tissus encore meurtris de sa cuisse et mollet histoire de diffuser la crampe et les spasmes atroces dont ils étaient secoués. Tâche complexe, impossible même tant le niveau de douleur atteint paralysait ses gestes. La mâchoire crispée, retenant une nouvelle injure de s’extirper de ses lippes, il partit en quête dans des mouvements grossiers de la petite poche de poudre noire logée dans la poche de sa veste. Incapable de précision, son nez plongea dans le pochon pour inspirer longuement une dose. Le rush intense percuta en une milliseconde son cerveau, paralysant dans une délicieuse confusion l’ensemble de son système nerveux. Enfin extirpé des affres de la douleur, son crâne revint s’appuyer contre le dossier du fauteuil, un long soupir de soulagement apaisant ses épaules. Du revers de la main il débarrassa les restes de la poudre de son nez et leva enfin ses onyx vers l’horloge située au dessus de la porte de son bureau. La nuit avait été courte, comme depuis à peu près un mois maintenant. Entâchée par les crises, les cauchemars et autres crises de panique. Un calvaire qu’il s’imposait pour ne pas littéralement tomber raide d’épuisement ou simplement crever d’une crise cardiaque après avoir trop pris de noire. Un calvaire qu’il s’imposait pas pour lui mais bien pour tous ceux qui restaient derrière lui. Lilibeth en tête de liste. Il ne pouvait pas l’abandonner, pas maintenant.
Non sans une grande difficulté, Rory s’extirpa de son fauteuil, saisit le pommeau de sa canne et se redressa, une main posée sur sa cuisse alors qu’une puissante grimace marquait ses traits. Il lui fallut marquer un temps d’arrêt durant lequel il vint reprendre une dose de noire pour finalement se mettre en mouvement. La journée commençait à peine, la torture continuait. Certains auraient pu dire que c’était sa faute. Qu’il aurait pu continuer les soins à l’hôpital. C’était mal connaître le phénomène Rory Barjow. Impensable pour lui de rester cloué à un lit dans un bâtiment où les gens venaient littéralement pour mourir. Sans compter la nature frauduleuse des actes l’ayant mis sur le chemin de ce loup-garou. Comment expliquerait-il aux autorités la raison de sa présence en pleine forêt ? La police magique rapprocherait-elle leur attaque du larcin ayant eu lieu la même nuit à quelques centaines de mètres de là ? Le vieillard avait-il seulement réalisé qu’on lui avait subtilisé ses notes ? Trop de paramètres étaient incertains, restaient en suspens et s’avéraient source d’angoisse. Autant éviter un stress supplémentaire. Autant éviter de finir avec un procès au cul et une peine pour renforcer la malchance. Avoir croisé un lycan lors d’une pleine lune était largement suffisant.
Retranché depuis des jours dans la sécurité de son bureau, Rory en sortit enfin, clopinant difficilement, l’appui fragile sur sa canne montrant à quel point il rechignait à utiliser cette dernière. A quel point il rechignait à marcher tout simplement. Malgré les effets dopant de sa poudre noire maison, le moindre mètre parcouru s’avérait constituer une épreuve de taille, titillant l’entièreté de son système nerveux et commençant déjà à lui refiler une migraine. De quoi bien commencer la journée ! Le périple menant de son bureau au comptoir de la boutique sembla durer une éternité, les secondes rythmées par d’innombrables pics d’une douleur abominable qui ne demandait qu’à s’exprimer dans toute sa splendeur mortifère. Les efforts lui permirent enfin de refermer la porte du couloir qu’il venait de traverser et prit appui sur le tabouret derrière l’imposant comptoir en chêne. Pour lui, il n’y aurait pas de confections de potions, de réalisations de poisons et altérations d’objets aujourd’hui. La torture de sa blessure serait simplement accompagnée par celle de recevoir, conseiller et encaisser des clients. Ô joie ! Ô désespoir plutôt ouai… Oui, ça n’allait clairement pas être une partie de plaisir. A cette simple perspective, il inspira une troisième dose de poudre en tout juste cinq minutes et d’un coup de baguette déverrouilla la porte d’entrée, l’écriteau pivotant sur lui-même afin d’indiquer qu’ils étaient ouverts.
Thalia fut celle qui arriva en premier, comme à son habitude. Un grognement pour l’accueillir alors qu’elle tentait de s’enquérir de son état et la voilà déjà partie avec la pile de dossiers tendue négligemment par son employeur. Au moins elle savait faire son boulot, se montrer discrète, efficace et surtout irréprochable. Ce qui n’était clairement pas le cas du second employé que comptait Barjow & Beurk. D’ailleurs, à l’instant même où le son distinctif attribué à Connor retentit dans les lieux, une violente ire l’envahit. Sans même relever les yeux du grimoire détaillant l’inventaire, Rory lâcha alors un simple « Non ! » incisif, froid et laissant clairement peu de place à la négociation. Le pauvre bougre se ficha, sa main encerclant encore la poignée menant à la boutique. « J’ai dit… » Commença-t-il dans un calme inquiétant avant d’hurler « NON ! ». Un puissant tremblement parcouru Connor qui ne demanda pas son reste pour disparaître de la vue de son employeur. Rory n’avait clairement pas la patience de supporter l’incompétence de celui-ci. Il allait déjà subir toute la journée la stupidité des clients se défilant dans les lieux, autant ne pas ajouter celle de quelqu’un qu’il était légalement dans l’obligation de rémunérer. Comme il fallait s’y attendre, la journée débuta sur de mauvaises auspices. Les premiers clients qu’il accueillit dans les lieux furent tous plus stupides, ennuyeux et suffisants les uns des autres. Des sangs-purs quoi… Alors qu’il avait déjà arrêté de compter le nombre de doses de noires inhalées, Rory comptait profiter du départ de ce dernier client qui venait tout juste de monopoliser une heure et demie de son temps pour une simple fiole de potion de croissance accélérée. Après s’être coltiné la liste non exhaustive des légumes et autres plantes médicinales que comptait le potager de ce cher Mister Ravensborough, Rory comptait prendre une pause bien méritée pour ne pas sombrer dans la folie ou simplement vriller et commettre un massacre au prochain client. Malheureusement, il n’eut pas le temps de fermer la boutique qu’à peine l’homme sortait, une nouvelle personne entrait. Un profond soupir sonore lui échappa avant de relever la tête et s’interrompre immédiatement.
Comme par magie, une sensation plus douce irradia en lui, atténuant quelque peu la torpeur dans laquelle la douleur constante le laissait. Elle était là. Fuck me ! Après leur soirée quelque peu surprenante il y a un mois de cela, il n’avait pas eu l’opportunité de la revoir. Il faut dire que les circonstances n’avaient pas spécialement été réunies pour lui permettre de se soucier de la charmante créature avec qui il avait partagé bien plus qu’une valse et quelques verres… Un maigre sourire naquit alors qu’elle s’avançait dans sa direction. Pour la première fois depuis qu’il avait émergé de son bureau, Rory se redressa pour l’accueillir. Ce simple geste vint ternir son sourire, ses traits se fronçant en une expression de douleur vainement contenue. « Miss O’Connell… Que me vaut le plaisir de votre venue dans ma boutique ? » Demanda-t-il tout en boutonnant d’une main la veste de son costume. ️ 2981 12289 0
Les bottes battaient le pavé sans douceur pour avancer en direction de l’adresse en question. Acculée, la bête ne pouvait quitter ce recoin dans lequel elle s’était repliée bêtement. Fonctionnant avec le dernier éclat d’instinct qu’elle conservait, elle traquait donc l’objet de toutes ses pensées pour ne pas sombrer dans la spirale infernale qui la guettait. Le quotidien lui pesait assez pour devenir cauchemar, quoiqu’il avait déjà cet aspect depuis plusieurs mois déjà. La potion tue-loup était une dernière lueur d’espoir dans les ténèbres, aussi était-il sage de la préserver, coûte que coûte. Le sang ne pouvait devenir une obsession, de même que le geste impardonnable de détruire une vie. Trop habituée à chasser, Nimue en était venue à craindre cette partie sombre d’elle-même. Le loup vivait pour agir au gré de ses humeurs une fois la ronde lune levée et les incidents les plus tragiques ne pouvaient se produire. Il ne s’agissait plus uniquement d’une course contre la montre, mais davantage un besoin avide de lutter tant la sorcière ne pouvait se résoudre à baisser les armes quant à cette nature qu’elle maîtrisait à peine. Chasseresse d’un jour, monstre de nuit.
L’échoppe prit forme non loin de là. Une devanture, quelques fenêtres donnant sur la rue d’une tranquillité dérangeante et voilà que Barjow et Beurk se dévoilait dans son plus simple appareil. Figée face à la façade, l’américaine prit le temps d’inspirer. Elle fixait ce qu’elle qualifiait de bicoque en son intérieur sans oser entrer, les prunelles traînant sur les défauts potentiels des pierres. Il y avait l’espoir de faire un pas dans la boutique et de découvrir un étranger, un fantasme qu’elle coursait désespérément. La vie aimait a être cruelle, aussi la blonde ne s’attendait à rien. Le hasard avait tourné le dos à tant de gens depuis des lustres qu’il était impossible de songer qu’il agirait de la sorte avec elle.
Barjow. Le nom résonna en elle comme un écho plaintif. Il y avait encore ce goût d’alcool accompagné de frisson sur cette bouche. Une effluve qui ravivait les souvenirs de cette dernière rencontre dont la fin l’avait laisser stupéfaite. Au-delà d’avoir été distrayant, le brun avait laisser une emprunte sur l’espionne qu’elle ne parvenait pas à comprendre. Cela mêlait intérêt et crainte, comme si l’éclat fauve de son regard noir portait un message interdit. Laissée comme dernière intruse dans la cuisine, elle avait fuit peu après lui, mais la nuit avait été longue pour ne pas dire pénible. A trop jouer avec le feu, on s’y brûlait... La mémoire rechignant à délivrer tout ses secrets, l’héritière prit une profonde inspiration en poussant le lourd battant qu’était la porte.
Il y eut un grincement, suivi de peu par une odeur propre aux boutiques de ce genre. Peu importait l’entretiens de celles-ci, car une senteur poussiéreuse s’en dégageait toujours, criant qu’elles devaient approcher d’une existence centenaire, si ce n’était plus. La demoiselle avança sous l’éclairage blafard estivale pour découvrir l’intérieur du commerce qui était désert. Un bon point que ce calme ! A peine tournait-elle la tête en direction du comptoir qu’elle eut le déplaisir de constater qu’IL était là. Pas de collègue, ni d’associé. L’insolent était fidèle au poste, parfaitement inchangé depuis cette réception chaotique prêt à la recevoir, chose qui ne convenait guère à la belle. Elle avait été missionné pour lui arracher quelques secrets, non le contraire, cependant on allait lui forcer la main à cracher ce qu’elle avait de plus intime ; une perspective qui la hantait déjà.
En dépit de cette déconvenue cachée, la fille unique s’avança en sa direction, l’attention se reposant sur la souffrance infime de son interlocuteur.
« C’est à croire que c’est vous qui auriez besoin de quelque chose, nota t’elle avec son flegme habituel, les paupières délicatement plissées.»
Il n’y avait eu qu’une ride ou deux. Des signaux timides, presque trop absents pour avoir de l’importance, mais celle qui mentait avait l’habitude de la parade auquel elle se confrontait tant c’était son domaine d’experitse. N’osant pas se faire plus intrusive, elle se ravisa de regarder par-delà le meuble massif pour ravaler sa nervosité grandissante, les pupilles vagabondant aux environs. Que pouvait-il faire ? La réponse fut amèrement évidente.
Mâchoire crispée, tonnerre hurlant sous son crâne, l’âme se fissurait déjà. Une paume tendit une bourse copieuse, prête à évacuer un trop plein de pièces, qui retomba lourdement sur le plat du bois dans un cliquetis appréciable. Faire cette démarche était une torture, un calvaire. Les prunelles devinrent fuyantes, se fixant sur les lignes du parquet jusqu’à ce que la belle ne parvienne à articuler ces quelques mots.
« J’ai besoin de potion tue-loup en quantité. Rapidement, ajouta t’elle en croisant l’éclat sombre de l’attention du ténébreux pour une seconde à peine.»
Mortifiée. Si sage. Si patiente. Si parfaitement conçue. La blessure n’en était que plus mordante lorsqu’on venait à la partager. Admettre sa chute face à son supérieur avait été douloureux, mais cela paraissait incomparable face à ce qu’elle traversait tout à coup. L’humiliation la cuisait. Elle se voyait déjà nue, exhiber aux racontars abjectes, quand bien même sa superbe demeurerait toujours. Peu importait comment l’esprit tentait d’articuler la chose, l’écueil était trop grand pour ne pas avoir d’incidence sur sa vie. Au fond d’elle-même, Nimue se sentait salie, honteuse, pour ne pas dire à jamais gâcher. Le menton se releva pour faire face aux traits du Barjow qui n’avait pas bouger. Fermée fans sa souffrance, l’étrangère dévoilait sa nature profonde dans cet échange surréaliste ; elle était froide, rongée par cette horreur de décevoir. Aucune empathie ne germait dans son regard, car elle n’en avait aucune pour sa personne. La bouche, lasse de ravaler des pleurs, en était devenue neutre. Les orbes azurées en revanche, montraient une émotion prête à devenir cri. Personne ne pouvait comprendre ce fardeau qui était le sien, du moins c’était ce que l’indépendante espérait à croire.
« Alors ?»
Converser palliait à son angoisse. Si il refusait, elle pouvait toujours trouver un autre marchant, mais ce n’était pas ce qui était sous-entendu dans la question. Allait-il la juger ? La craindre ? Elle était de ceux que l’on nommait maudits, cela ne pouvait être dénué de conséquences... La mission prenait un nouveau tournant inattendue. A croire que dès que l'homme entrait dans l'équation, le moindre plan esquissé tombait à l'eau pour devenir poussière.
Logée dans l’allée des embrumes, la boutique de Barjow & Beurk jouissait d’une tranquillité toute relative. Bien loin de l’agitation présente sur le Chemin de Traverse, son plancher patiné par le temps restait épargné du trépignement de la foule. Lieu refuge pour les partisans d’une cause bien longtemps décriée, amateurs de magie sombre, curieux dont la soif de découvertes ne reculait devant rien, âmes aux funestes projets et parias en tout genre. Ici, la discrétion était de mise. Ici, l’impartialité régnait en maîtresse absolue. Havre d’une noirceur ensorcelante, sirène habile dont on ne pouvait bien longtemps ignorer la mélodie parmi le chaos ambiant. La jeune intendance sous laquelle elle se trouvait depuis une décennie à présent intensifiait son charme. Bien plus qu’un simple repère de criminels, Mangemorts et rebuts de la société, Barjow & Beurk se présentait telle LA référence en objets et potions magiques d’une excellence et créativité hors norme. Réputation renforcée depuis l’élection de l’Augurey à la tête du Ministère de la Magie.
Si Rory Barjow s’était involontairement tenu éloigné de l’actualité politique, trop occupé à ne pas succomber à ses blessures, les clients n’avaient pas attendu son retour pour dévaliser les lieux, faisant drastiquement augmenter le taux de fréquentation de son havre de paix. Toutefois, parmi toutes les âmes susceptibles de pousser sa porte et fouler son plancher, Elle ne lui était jamais venue à l’esprit. Rien en elle ne criait le besoin d’une protection ou l’attrait pour une relique poussiéreuse aux fonctions douteuses. S’agissait-il encore d’une apparition fiévreuse ? Illusion aussi enchanteresse que vénéneuse pour l’esprit fatigué ? Non. Elle était là. Concentrant en son sein la moindre gerbe de lumière qui osait pénétrer dans la boutique. Rayonnante malgré la froideur que ses traits de porcelaine s’efforçaient d’afficher. Le souvenir de leur dernière et première interaction trottait sous le crâne, sensation langoureuse, génitrice silencieuse d’un désir tonitruant. Le cadre n’était plus le même. Leur audience avait disparue, la sensation de liberté et les interdits à braver lointains souvenirs nostalgiques. Rory restait cependant coincé dans cette fascination, indéniablement sous l’emprise de la sorcière.
Garder la tête haute, quoi qu’il en coûte. Les enseignements de Barjow senior avaient la vie dure, conditionnant encore le mental de son unique héritier mâle. Un constat que le principal concerné se refusait à faire, bien trop convaincu d’avoir complètement rejeté l’éducation et la mentalité étriquée prodiguée par son paternel. Douce illusion dans laquelle il se complaisait. Après tout, il était chose plus facile de se voiler la face plutôt qu’admettre avoir tort. Ainsi, pour Rory Barjow, sa propension à se mettre en danger, accorder peu de crédits à son existence, refuser de se confier même à ses plus proches amis tout comme son refus catégorique de se laisser aller à une relation intime sérieuse et profonde n’étaient en rien l’héritage insidieux de son géniteur. Il se pensait indépendant. Pensée traitresse dont les affres pernicieux fronçaient à l’instant ses traits alors qu’il prenait le parti de se redresser pour accueillir l’Américaine. L’illusion utopique de parvenir à la duper ne dura qu’une fraction de seconde avant que ses propos tranchants ne viennent la réduire en lambeaux. Il en fallait cependant plus à l’héritier pour perdre ce sourire de façade. « J’ai l’embarras du choix en la matière… » Simple boutade à l’exactitude poignante. Contrairement aux autres sorciers lambdas, Rory possédait l’avantage de non seulement tenir la co-gérance d’une boutique possédant les meilleurs onguents et potions à même de le traiter mais il était également en capacité de les fabriquer. Sans compter ses nombreuses expérimentations en la matière lui donnant un avantage de taille. Toutefois, ne dit-on pas que ce sont les cordonniers les plus mal chaussés ? Une fois de plus, l’inventeur rentrait dans ce vieux stéréotype de moldus. Il aurait pu soigner sa blessure et s’épargner des maux atroces mais à la place, il préférait s’anesthésier à grands renforts d’alcool, de drogue magique et quand la souffrance se révélait trop insupportable, d’une potion anti-crampes.
« En quoi puis-je vous aider, Miss O’Connell ? » Habile distraction pour faire oublier le piètre état dans lequel il se trouvait et la remettre au coeur de la discussion. Erreur. Si la sorcière avait été à même de déceler le passage subtile de la souffrance sur ses traits, il était à présent le témoin de son désarroi. Regard fuyant avant de dévoiler un tourment profond, mâchoire crispée, allure tendue… Les signes ne trompaient pas. La belle subissait cette visite qui, à mesure qu’elle luttait à confesser la raison de sa présence, semblait revêtir une dimension particulièrement intime. L’aveu perça enfin ses lippes, retentissant dans les lieux aussi figés que son propriétaire. L’écho de sa voix retentit en son sein, réveillant les souvenirs douloureux de l’affrontement avec la bête, perçant la chair de nouvelles décharges mortifères. De marbre, les prunelles encore fixées sur la belle, il ne la voyait plus vraiment, bien trop accaparé par son propre tourment. A mesure que l’information s’encrait en lui, les questions commençaient à jaillir, alimentant par la même occasion le traumatisme vécu. Était-ce elle dans la forêt cette nuit là ? Était-elle consciente de ses actes ? Pourquoi s’en prendre à eux ? Le traquait-elle ? Non ! Impossible… Quelles étaient les chances pour que cela se produise ? Pour que Miss O’Connell soit à l’origine de son état actuel. Cela semblait peu probable. Sans compter qu’avec sa profession de raffleuse, la belle devait probablement obéir à certaines règles entourant ses transformations mensuelles. A moins que cela soit récent… Alors qu’il était enseveli sous les interrogations, le silence extérieur fut une nouvelle fois brisé par la mélodie de son timbre glacial. Extirpé avec violence de ses songes, Rory sembla revenir à lui, ses prunelles captant la tempête renfermée dans les orbes de la sirène. Il la voyait enfin. Beauté meurtrière, dangereuse. Le sorcier réalisait tout juste qu’avec ses sens lupins, elle était à même de sentir sa confusion, sa crainte ainsi que sa douleur perçant les muscles de sa jambe. Ce don qu’elle possédait lui offrait un avantage de taille dans leur rapport de force. Un léger soupir souleva sa carcasse avant qu’il ne se mette en mouvement, aidé de sa canne pour longer le comptoir. Les quelques mètres parcourus, Rory se pencha non sans mal avant d’extirper une petite boîte en bois sobre. Il revint face à la jeune femme et ouvrit le contenant à l’aide d’un sortilège informulé. « J’imagine que si vous venez ici plutôt qu’ailleurs c’est pour vous procurer ce type de potion… » Dit-il en déposant sur le bois une fiole au liquide pourpre. Sans l’étiquette indiquant « lupus imperium » on aurait pu aisément confondre la potion avec une autre formule des plus banale. Toutefois, pour n’importe quel potionniste aguerri ou lycanthrope, cette potion tue-loup ne possédait pas la couleur habituelle. Rien d’étonnant quand on savait que c’était là le fruit d’un travail acharné en collaboration avec Lexi et leur ami commun Kesabel Greyback. Le lycan et chef de meute avait testé longuement leur potion, l’utilisant même au sein de sa propre meute. A présent le mélange stabilisé et ayant fait ses preuves, Rory ne le produisait et vendait qu’aux loups la réclamant. « J’aurais toutefois une question à vous poser… » Tempéra-t-il avec sérieux, son sourire des débuts abandonné suite à cette découverte. « Qui vous a recommandé de venir ici pour cette potion ? » Un besoin de contrôle. Une curiosité mal placée mais surtout la nécessité de s’assurer que certaines informations concernant ses créations expérimentales n’atterrissent pas dans les mauvais cercles.️ 2981 12289 0
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