Les lumières des réverbères reflétaient leur lumière jaunâtre sur la neige. Neige qui n’avait cessé de tomber ces derniers jours sur Londres mais qui offrait, pour le moment, un peu d’accalmie. Seul dans la nuit, à regarder les lumières d’une demeure bien particulière, Grigori trouvait qu’il avait l’air d’un psychopathe, observant chez les gens afin de trouver une potentielle victime. Frottant ses mains l’une contre l’autre afin de se réchauffer, il se reprit en se disant qu’il serait tout de même le psychopathe le plus pitoyable de l’univers puisqu’il se gelait quand même un peu les fesses. Non parce que les gens avaient beau dire la Russie c’est froid, nia nia nia, Grigori trouvait qu’il s’était trop bien adapté à la vie Anglaise et que le fait de porter des costumes pas très chaud plutôt que des tenues hivernales, ça n’est pas extrêmement futé lorsqu’il attendait Kiara dans la rue.

Alors, c’est sûr qu’il aurait pu donner rendez-vous à la demoiselle directement au lieu où il devait se rendre, après tout ce n’était pas l’éducation en matière de courtoisie qui l’étouffait et il n’était pas obligé de la cueillir devant chez elle. Il y avait cependant quelque chose qui faisait qu’il voulait voir son regard lorsqu’elle se rendrait compte de l’endroit où il l’emmenait. C’était une sensation qu’il avait un peu de mal à percevoir, il se rendait bien compte que ce n’était pas pour gratter des points ou alors plutôt, il se cachait derrière le fait que ça ferait des points mais la vérité c’est qu’il avait juste envie qu’elle soit contente. Parce qu’au fil des semaines, il s’était rendu compte que ce que lui voulait, elle ne le partageait pas forcément. En la regardant, parfois, il se demandait même pourquoi elle avait accepté tout cela alors qu’il n’aurait jamais pu l’y obliger. Alors, s’il pouvait, juste parfois, lui donner le sourire et lui montrer que oui, il serait le grand gagnant du jeu puisqu’il aurait une épouse, mais elle ne perdrait pas forcément parce qu’il était prêt à faire tous les efforts qu’il fallait, pour elle. En fait ce qui aurait été vraiment sympa, c’est qu’elle tombe amoureuse mais elle ne voulait pas tomber amoureuse, non mais elle était chiante hein Kiara, sympathique les trois quarts du temps et de bonne compagnie mais elle était sacrément chiante à pas tomber amoureuse.

S’il attendait aussi longtemps devant la demeure des Macmillan, ce n’était pas dû au fait que la demoiselle était longue, c’était plutôt Grigori qui était trop ponctuel et en même temps, peu désireux d’aller toquer, pour demander si elle était prête. Pas de la politesse, non personne lui avait appris qu’il fallait laisser à une fille le temps de se préparer mais, se présenter chez elle, à ses parents, c’était le risque qu’elle n’apprécie pas tout. Il prenait le parti de ne pas l’étouffer, à tort ou à raison, il n’avait pas spécialement envie que les gens soient au courant, non pas qu’il ne trouvait pas Kiara à sa hauteur, bien sûr que c’était moins prestigieux que certaines familles sang pur, ça il en était bien conscient mais étant donné que personne ne forçait la main de la demoiselle, un jugement de la part d’une personne proche de lui ou l’inverse et c’était le risque que le contrat soit caduc et qu’il retourne au point de départ, sans épouse. Et puis maintenant, réellement, en toute franchise, c’est elle qu’il voulait, pas une autre, n’importe qui pourrait lui dire qu’elle était partante pour un mariage avec lui qu’il refuserait tout nettement. Il s’était engagé en connaissance de cause et c’est elle qu’il voulait dans sa vie, peu importe le temps que ça prendrait, il lui faisait confiance pour respecter sa parole, une fois qu’il aurait les points.

Lorsqu’enfin elle sortit de chez elle, il la rejoignit en quelques enjambées, se rendant compte qu’il était soulagé qu’elle ne lui ait pas fait faux bond, sensation un peu étrange. Il lui tendit une main amicale non sans lui dire – pour les points là c’est vrai – « Merci, d’avoir accepté mon invitation. » Néanmoins, si habituellement, bavarder avec elle dire bonjour, bon déjà ça l’embêtait les trois quarts du temps parce que la politesse c’est mignon cinq minutes mais ça ne sert à rien. Là il n’avait pas envie de s’éterniser sous la neige, il commençait à avoir les mains gelées et il voulait se retrouver au chaud, aussi transplana-t-il sans attendre jusqu’au restaurant. Une fois devant la bâtisse, il la regarda attentivement, essayant de déchiffrer ce qu’elle ressentait, du plaisir ou une impression qu’il étalait sa richesse ? Ce qui n’était d’ailleurs absolument pas le cas, il n’essayait pas du tout de l’épater de la sorte, ayant bien compris qu’elle était indifférente à tout ceci et qu’il ne l’achèterait pas avec de l’or et des bijoux… ce qui était bien dommage par ailleurs, ça aurait été plus simple. Est-ce qu’elle savait seulement pourquoi il avait fait le choix de cet endroit ? Dans le doute, il s’expliqua « Tu en as parlé une fois et tu avais l’air d’en avoir vraiment envie, de venir ici. » Il ouvrit la porte, s’apprêtant à s’avancer pour entrer au chaud avant de se raviser et de lui tenir la porte, non sans avoir, il est vrai, levé les yeux au ciel trouvant ça complètement crétin, se trouvant complètement crétin et n’ayant pas spécialement envie de passer pour un type qui tenait les portes aux filles. Alors qu’il venait à peine de rentrer dans le restaurant, qu’ils n’avaient même pas encore été installé à leur table, c’est dire à quel point c’était dans la soirée, il lui glissa « Une fois qu’on aura mangé, il faudra qu’on passe chez moi. » Lui demander son avis ? Si c’était possible ? Ah visiblement, c’était passé à la trappe, il était dans son truc, le cadeau qu’il avait pour elle, il l’avait laissé chez lui, se voyant mal le trimballer dans Londres, il avait préféré jouer la carte de la prudence et prendre soin de l’animal plutôt que de vouloir à tout prix donner son cadeau à Kiara. Et puis, il y avait autre chose, quelque chose qu’il ne dirait jamais mais qu’il ressentait, cette crainte, alors que lui était attaché à l’animal, ce qu’il nierait d’ailleurs, qu’elle le trouve nul. En toute objectivité, il se rendait bien compte que ce n’était pas l’oiseau le plus beau de la volière, certainement qu’il était un peu bête aussi mais il était plein de bonne volonté et puis Grigori avait passé du temps à essayer de le requinquer, à faire en sorte qu’il ait assez à manger. Alors ça ne se verrait pas et il ne le dirait pas mais il espérait ne pas s’être trompé sur son choix de cadeau.
Finalement, sans dire un mot de plus, il suivit le serveur jusqu’à leur table, observant tandis qu’il suivait ce dernier et Kiara, la laissant passer devant – beaucoup d’efforts qu’il fait le garçon – la tenue de la demoiselle, puis celle des autres filles présentes en ces lieux. Il y a pas à dire, Kiara n’avait rien à leur envier.

Bien sûr que si, il mémorisait tout ce qu’elle disait. Enfin peut être pas tout, il y avait forcément des moments de leurs discussions qu’il oubliait, il n’était pas une machine et parfois, il vivait juste l’instant présent et oubliait que ça pouvait être utile de mémoriser ce qu’elle disait. Sauf que lorsqu’ils avaient évoqué cet endroit, Grigori n’avait pu passer à côté de son enthousiasme et il s’était dit qu’un jour il l’emmènerait, parce qu’il le pouvait et qu’il le voulait. Il voulait de ces moments passés avec elle, les appréciant pour ce qu’ils étaient réellement, des bons moments, des moments où certes, il n’était pas parfait, il savait même repérer l’exact moment où ses propos déplaisaient mais il n’empêche qu’ils étaient régulièrement ensemble et qu’il arrivait de plus en plus souvent à faire naître des sourires sur son visage. Parfois, c’était un peu à ses dépens comme là lorsqu’il devait combattre ses principes pour la laisser passer en premier. Il y a de cela quelques semaines encore, il se serait froissé, aurait eu l’impression qu’elle se moquait de lui devant tout le monde, à présent il se rendait compte qu’elle s’amusait surtout de la situation et des différences entre eux qu’il s’efforçait de gommer au mieux même si ça n’était pas toujours des plus évidents.

Une fois à ses côtés, à l’intérieur du bâtiment, enfin au chaud, Grigori ne perdit pas une miette des émotions qui parcouraient le visage de Kiara. Elle semblait sincèrement contente qu’il l’ait emmené ici et son plaisir se répercutait dans le regard de Grigori. Toujours dans cette optique de faire plaisir, il précisa le fait qu’ils devaient passer chez lui après le restaurant et l’expression de Kiara le fit douter d’avoir prit la bonne décision. Et c’était quoi cette question, comment ça pourquoi ? Mais parce qu’il en avait envie pardi. Il ne pouvait décemment pas lui dire cela, au risque qu’elle se fache et qu’elle ne veuille pas venir. A la place, il marmonna « Je me suis mal exprimé. » Ce n’était pas exactement ce qu’il pensait, il compléta néanmoins « Accepterais-tu s’il te plaît de m’accompagner chez moi ? » Pas sûr que cela passe mieux, il prit sur lui  et se justifia même s’il trouvait cela fortement désagréable de devoir le faire  « C’est la période de noël et j’ai un cadeau pour toi. Je ne pouvais pas l’emmener ici. » Devait il en dire plus au risque de gâcher son cadeau ? Il prit le pari que non. Elle lui faisait assez confiance pour venir avec lui ici, pour envisager le fait de l’épouser pas du tout elle pourrait certainement lui faire assez confiance pour venir avec lui récupérer son cadeau de noël.

Une fois à table, il observa longuement la demoiselle. Comment avait il pu passer à côté de Kiara toutes ces années. Enfin, c’était inconcevable de se dire qu’ils avaient dû se croiser, forcément, et que son regard ne s’était pas une seule fois arrêté sur elle. Le pire c’est qu’il savait très  bien que si elle n’était pas venue le voir, il serait passé à côté de tout ces moments qu’ils passaient ensemble et qu’il appréciait. Quelle fierté de se dire que cette fille à la robe rouge qui lui allait si bien mais ça Grigori avait très vite remarqué que ses tenues étaient toujours impeccable, allait devenir un jour prochain son épouse. S’il ne le criait pas sur tous les toits, parce qu’il n’était pas du genre à étaler sa vie privé, il était content de la tournure des évènements. Certes, ça n’était pas ainsi qu’il avait imaginé les choses au départ mais sa vision évoluait un peu et il devait bien admettre une chose, les sourires de Kiara valaient leur pesant d’or, qu’il en soit la raison ou le destinataire, c’était plaisant. Comme bien souvent, il regardait les gens autour d’eux, néanmoins, il ne craignait plus autant qu’avant qu’elle trouve plus intéressant que lui dans la pièce. Le risque n’était pas nul, il n’était pas présomptueux pour le coup, mais il avait un peu plus confiance en cette espèce de lien qui semblait s’être tissé entre eux, confiance en elle aussi et probablement en lui-même pour être capable de discuter avec. Il y avait peu de raisons qu’elle s’en aille, s’il faisait pas n’importe quoi en tout cas mais ça il maîtrisait. Comme pour aller dans le sens de ses pensées, Kiara prit la parole et instinctivement, le regard de Grigori revint sur elle, un sourire sur les traits « Contente au point de me donner les 4863 points qui me manquent pour avoir ta main ? » Il savait bien que non, ne s’attendait pas à une réponse  positive, ne s’attendait pas non plus à les obtenir et si tôt et à la rigueur, ce soir il s’en moquait un peu des points. Enfin, il ferait la tronche s’il en perdait beaucoup mais pas parce que ça l’éloignait de son objectif, plutôt parce qu’il avait à cœur que ça se passe bien et la perte de points, ça voudrait dire que tout ne se passait pas comme il le souhaitait, ça n’était pas son but. Il hésita un bon moment signe que tout ça ne le rendait pas des plus à l’aise avant d’admettre « J’espérais que tu trouves que ça vaille le coup de venir ici. » avec lui. Et pourtant, personne ne pourrait prétendre qu’elle était venue pour le restaurant uniquement puisqu’il ne lui arrivait rien dit avant qu’ils soient arrivés à destination. Avisant la carte  que lui tendait le serveur, Grigori se concentra sur ce qui était proposé au menu avant de se référer au talent de Kiara et au fait qu’elle s’intéressait à cet endroit, à moins que ce soit au cuisinier, probablement un mélange des deux d’ailleurs. « Tu peux me conseiller ? Tu vas prendre quoi toi ? » Il releva la tête pour la regarder, indécis sur le choix à faire et oui c’était une première de se fier au jugement de Kiara, d’une fille en règle général, plutôt que de se fier à un serveur, de sexe masculin mais ça se faisait tout naturellement, il ne s’en rendait pas spécialement compte.

Si la première pensée de Grigori suite à la formulation de remerciements de Kiara est la suivante, il veut bien l’emmener dans tous les endroits qu’elle veut, il n’en fait rien, se contentant de la regarder et de prendre les remerciements en silence. Tant qu’il y pense encore et qu’il n’est pas accaparer par sa soirée avec elle, Grigori l’invite à venir chez lui, ce qui sonne d’ailleurs plus comme une obligation qu’une véritable demande, il se reprend donc pour que ça  sonne réellement comme une invitation et non plus comme une obligation. A la remarque de Kiara, il se retint de lever les yeux au ciel, se contentant de répondre « Je fais de mon mieux, c’est pas toujours évident. » Elle le savait certainement mieux que quiconque qu’il avait du mal à demander les choses mais les efforts, il les faisait. Face au regard de Kiara qui a l’air des plus perturbés à la mention d’un cadeau, Grigori ne savait plus quoi faire, elle refusait son cadeau avant même de l’avoir vu, c’était légèrement blessant tout de même, quand bien même il pouvait comprendre le fait qu’elle ne veuille pas être entretenue, ça c’est bon il avait mémorisé, elle pouvait aussi accepter les présents, il faisait en sorte de ne pas dépenser des mille et des cents, essayait d’être raisonnable mais ça ne passait pas. A quoi bon se justifier, ça ne passait de toute façon jamais, elle avait son idée sur la question et rien de ce qu’il pourrait dire ne la ferait changer d’avis. Il n’y avait qu’à espérer que l’oiseau lui convienne et qu’elle revienne sur ses propos.



Si par la suite Kiara se disait heureuse d’être ici, forcément Grigori demanda à quel point. S’il fallait des restaurants pour la rendre heureuse, il était son homme... enfin dans tous les cas il avait prévu d’être son homme mais ce serait sûrement plus facile si elle avait une passion dans la vie. Bien évidemment, la demande grossière de points fit rire Kiara qui ne manqua pas l’occasion qui lui était présentée de le tacler. Il eut un léger sourire “Je m’estime heureux, ce qui ne m’empêche pas de vouloir le reste des points le plus rapidement possible ne te déplaise.” Il avait hâte d’arriver au bout, de pouvoir le dire à tout le monde et de voir la fierté dans le regard de ses parents.  



Joli compliment que celui prononcé par Kiara, il voulait répondre, cherchait quelque chose de gentil qui irait dans le sens de Kiara, quelque chose qu’il penserait néanmoins mais il voulait vraiment trouver une bonne formulation, sauf que le serveur arriva avant, délivrance ou frustration, il n’en savait trop rien, il se retrouvait dans tous les cas pris au dépourvu et il n’osa rien dire de plus. A la place, il se concentra sur la carte qui lui était présenté, mais bon, il semblerait qu’il ait la spécialiste de ce restaurant en face de lui, autant lui demander conseil. Il s’étonna de la réponse, c’était bien la première fois qu’elle répondait je ne sais pas à une question qu’il lui posait. Habituellement, elle avait plutôt réponse à tout. Forcément, il s’intéressa à elle, elle avait l’air perturbé, il n’avait pas la sensation d’avoir mal agi pourtant. Il ouvrit la bouche pour lui demander ce qui n’allait pas mais elle prit la parole avant lui, retrouvant habilement ses mots. Il écouta attentivement ce qu’elle lui disait, le plat qu’elle choisissait, ce qu’elle lui conseillait. « Je préfère le poisson  » C’était souvent plus fin et il n’avait jamais été un gros mangeur pour le coup. Si elle lui conseillait le thon rouge, il ne pouvait que la suivre, ce serait idiot de demander son avis s’il n’avait pas l’intention de le prendre en compte. Lorsque le serveur revint vers eux pour leur demander ce qu’il voulait boire, il hésita longuement avant de jeter son dévolu sur leur bière de noël. Clairement, il n’était pas très alcool, détestant le fait de ne pas être maître de soi mais bon, ce n’est pas avec une bière ou un verre de vin que ça allait être une catastrophe, fort heureusement.



Tandis que le serveur les laissait pour aller préparer ou faire passer leur commande, Grigori se heurta une nouvelle fois au silence de Kiara. Il ne comprenait pas vraiment ce qui se passait dans la tête de la demoiselle. Il n’était pas spécialement bon pour trouver des sujets mais surtout il sentait qu’il y avait quelque chose. Lorsqu’elle se lança finalement, il pâlit derechef, souvent le prénom suivit d’un je, avec une voix hésitante, ça ne pressentait rien de bon. Le silence de Kiara les enveloppa à nouveau, elle n’arrivait pas à lui dire ce qu’elle aurait voulu lui dire. Pourtant, elle avait dit être contente d’être avec lui, elle ne pouvait pas avoir changé d’avis en si peu de temps, si? Il cherchait comment l’inviter à lui parler mais elle trouva le moyen bien plus rapidement. Il cligna des yeux, elle était gênée pour ça? Il lui adressa un grand sourire, amusé par ses réactions «Kiara » Mince elle avait son nez dans son assiette «Regarde moi. » Il attendit qu’elle veuille bien relever son nez puis il se lança «Je crois que tu te trompes sur ta manière de percevoir les choses. Le cadeau tu me le fais au quotidien par ta présence, par les points que tu me donnes régulièrement. Tu me donnes l’opportunité de me marier, je t’en serais toujours reconnaissant et je n’ai pas besoin d’autres cadeaux. » Il ne s’était d’ailleurs pas attendu à avoir un cadeau de sa part, il n’y avait donc aucune déception, le principal est qu’elle soit là. Et, lorsque le serveur ramena leur boisson – et prit leur commande mais on s’en fout – c'est dans cette optique là que Grigori leva son verre en direction de la demoiselle « à ta patience légendaire »  et certainement à son sacrifice aussi mais c’était moins positif de se dire qu’elle se sacrifiait, quand bien même c’était un peu vrai, il essayait de la léser le moins possible.

Elle se prenait la tête pour pas grand-chose. Pourquoi, elle rendait tout compliqué ? Quel était le but de toujours réagir négativement aux tentatives de Grigori pour que ça se passe bien. Il la regarda, se retenant de lever les yeux au ciel face à l’argument qu’elle utilisait, à la place, il décida de lui montrer à quel point c’était grotesque comme façon de penser « Parce que tu crois que c’est dans mes habitudes d’offrir des cadeaux à une fille ? » Elle savait très bien que non, elle avait très bien compris qu’habituellement et surtout en dehors d’elle, les filles moins de temps il passait avec mieux il se portait. Pour autant, la forcer, ça ne marchait jamais et il n’avait pas envie de perdre des points parce qu’il était insistant, il n’avait pas non plus envie qu’elle lui fasse la tête aujourd’hui, pas envie que cette soirée soit une déception pour elle alors il la questionna « Tu n’en veux vraiment pas de mon cadeau ? » Bien sûr, ça ne lui faisait pas plaisir de se dire qu’elle pouvait refuser son cadeau sans même le voir mais en soi, ça ne changerait pas grand-chose à la vie de l’oiseau qu’il possédait, Grigori continuerait à faire attention à lui.  La question qui se posait surtout, c’est est ce qu’un jour il aurait le droit d’offrir un présent à Kiara sans qu’elle ne refuse pour des raisons qu’il ne comprenait pas, il n’essayait pas de l’acheter, il ne demandait rien en échange, ça partait d’une bonne intention.
Si elle l’agaçait – comme bien souvent – elle arrivait aussi à l’amuser, comme lorsqu’elle lui murmura excellent choix lorsque Grigori donna sa commande au serveur. Il n’avait pas trop eu à choisir, il s’était contenté de faire confiance à la Poufsouffle, ce qui et ça le surprenait vraiment, n’était pas si compliqué. Tout dépendait du registre dirons nous.

Lorsqu’il leva son verre pour trinquer avec son invitée, les propos qu’elle tint ne l’étonnèrent pas tant que ça. Il avait bien conscience qu’il n’était pas la personne la plus agréable au monde. Pour ce qu’il savait de Kiara, parce qu’elle le lui avait dit, ils étaient l’opposé l’un de l’autre, elle devait donc probablement prendre sur elle à chaque fois qu’il disait un mot qui ne lui convenait pas. Il ne répondit rien, chaque mot qu’il dirait serait en sa défaveur et ça ne servait à rien de dire tu exagères pas un peu ? Il savait bien que non. Néanmoins, il pensait que ça c’était un peu amélioré au fil des semaines, il comprenait que c’était juste une impression de sa part.

Un sourire se dessina timidement sur son visage en constatant qu’elle s’extasiait pour une boisson. Au moins, Grigori pouvait se féliciter d’avoir su comment lui faire plaisir en l’emmenant ici, autant le cadeau ça ne se passerait peut être pas bien, autant le restaurant lui laisserait un bon souvenir… enfin si ça continuait comme ça en tout cas. Il fit de même buvant un peu de sa boisson avant qu’elle ne lui pose une question. C’est quelque chose qu’il avait toujours apprécié chez Kiara, l’impression que ça l’intéressait vraiment de savoir des choses sur lui. Pour autant, il disait très peu de chose sur lui en réalité ou restait en surface, ne la laissant pas tellement gratter sous la surface. « Je profite de mon temps libre pour travailler mes cours et faire du Quidditch, la routine quoi. » Il allait aussi voir ses parents, désirant toujours leur montrer qu’il ne les oubliait pas et qu’il tenait à eux mais ils étaient trop préoccupés par son frère pour se concentrer pleinement sur la présence de Grigori, ce qui était rageant mais il préférait ne pas trop en parler.  

Il cligna les yeux, sans pour autant dire le moindre mot, lorsque Kiara parla de trouver ses vacances presque ennuyeuses. La vision qu’il avait de cette fille était quelqu’un de très famille, elle semblait adorer le couple que formait ses parents, elle aimait son frère et sa sœur – même si pour le coup, elle les voyait déjà à Poudlard ces deux là – Il était donc évident pour Grigori qu’elle serait enchantée de passer du temps dans sa famille, il s’était donc trompé. L’amour des cours serait il finalement plus fort que l’amour de Kiara pour sa famille ? ça ne présageait rien de bon selon Grigori, là c’était les cours et surtout la famille ça n’était pas lui mais dans dix ans, ce serait le travail plutôt que la famille ? Il n’était pas sûr d’adorer l’idée mais bon il pouvait toujours essayer non pas de la rassurer, elle n’avait pas l’air très inquiète, mais au moins de lui rappeler que ça ne serait pas éternel cette ennui « Les vacances durent que deux semaines, bientôt tu pourras retourner en cours ne t’en fais pas. » Le sujet aurait pu en rester là mais il y eut la dernière phrase, habituellement, elle aimait les fêtes de fin d’année. La formulation de sa phrase était on ne peut plus clair, donc c’est cette année qui la dérangeait. Cette année, le changement, c’était lui non, sa présence ? Il arrivait à gâcher ses fêtes avec juste une soirée ? Parce qu’il ne lui avait rien demandé d’autres, il l’avait laissé avec sa famille tout du long. Forcément ça le travaillait un peu cet aveu de mademoiselle Macmillan « Tu aurais préféré que je ne te demande pas cette soirée pendant tes vacances et que j’attende la rentrée pour te voir ? » Il fallait qu’il pose la question, il allait devoir se coltiner cette fille toute sa vie, il aimerait savoir le plus tôt possible s’il allait devoir la laisser tranquille tous les ans. Après, ça ne lui aurait pas coûté grand-chose d’attendre deux semaines pour lui proposer de se voir mais il ne s’était même pas imaginé que ça l’embêterait, voire que ça la travaillerait et que ça gâcherait ses fêtes de fin d’années. Et puis ça n’allait pas avec ce qu’elle avait dit précédemment, elle avait dit être contente d’être ici, pourquoi dire ça si ça n’était pas spécialement vrai. Merde il ne comprenait plus rien, il était totalement dépassé.

A force de fréquenter régulièrement Kiara, Grigori se détendait un peu plus et se révélait capable de dire des choses qui n’arrangeaient pas forcément ses affaires, voire qui, en temps normal et prononcées par d’autres que lui, lui aurait déplu. Le rire léger de Kiara l’aurait sans doute agacé et mis sur la défensive il y a quelques semaines de ça, puisque c’était à ses dépens. Pour autant là, c’était un peu l’effet escompter, de lui montrer que les habitudes que chacun avait, lorsqu’ils étaient ensemble, n’étaient plus. En plus, si elle n’avait pas de cadeau, ça voulait sûrement dire qu’elle ne s’attendait pas à ce que lui en fasse un. Cela voulait donc dire qu’il arrivait à la surprendre et d’après lui, c’était dans le bon sens du terme. Encore que de cela, il n’était pas sûr. Mieux valait il demander si elle préférait ne rien recevoir de lui, pour le moment en tout cas. Non parce qu’elle ne se fasse pas d’illusions, il finirait bien par lui offrir une bague de fiançailles, voire même une alliance par la suite, ce n’était qu’une question de jours oui après, ça reste vrai même s’il voyait sûrement une échelle beaucoup plus réduite. Il retint un soupir de soulagement et un sourire lorsqu’elle sembla s’emballer pour le cadeau. La chose étant réglée, ils pouvaient passer au repas, le sujet cadeau reviendrait forcément avant qu’ils se quittent ce soir. Quoi que non, elle n’en avait pas fini avec cette histoire, il haussa un sourcil tandis qu’elle parlait de se rattraper plus tard… une tête de mule Kiara ? Mais pas du tout voyons, c’était pas son genre. Grigori étant bien décidé à la charrier, s’empressa de lui donner une piste de réflexion « Si tu veux, je peux te dire ce que je voudrais comme cadeau. » Quoi, ce n’était pas intéressé du tout, c’était pour l’aider. Bon d’accord, c’était intéressé, il est vrai.

Depuis le début, il savait que Kiara n’était pas une grande fan du Quidditch et d’ailleurs, il s’en moquait, certes il aurait été sûrement plus facile de la rencontrer si elle faisait du Quidditch et probablement qu’il se serait épargné deux demandes en mariage complètement catastrophique, en même temps, ça n’était pas que sa faute, les deux filles à qui il avait demandé étaient des garces sans aucune ambition. Aussi, qu’elle cherche à se renseigner sur ses entraînements, il se posait des questions, ça l’intéressait un petit peu ou elle essayait de le faire parler ? Dans tous les cas, ça n’était pas secret défense. « Souvent je vais chez Tristan pour m’entraîner, ils ont un grand terrain, c’est pratique et ça me fait un partenaire de jeu. Je pourrais sûrement aller chez moi mais ça fait un peu loin juste pour s’entraîner. » Et puis il n’y avait pas de partenaire de jeu chez lui, parce que plutôt mourir que de s’entraîner avec sa sœur, quand bien même, il l’admettait volontiers, elle était très douée… en même temps elle avait que ça à faire de sa vie en dehors d’enfanter, forcément qu’elle était bonne vu qu’on lui demandait pas d’être futée. S’il n’allait pas chez lui non plus, c’est aussi parce que jouer au Quidditch dans le jardin de ses parents, c’était le risque d’abîmer une fleur et Grigori préférait éviter de se faire enguirlander par ses parents quand ils reviendraient, logique.

Non, il n’était pas étonné que Kiara ait déjà terminé ses devoirs, elle semblait aimer les cours, ce qui était une très bonne chose, ça voudrait dire que leurs enfants Oui Alison, il dit enfant parce que dans sa tête enfant = garçon devraient être bons à l’école et travailleurs, ce qui était une excellente nouvelle, ils ne feraient pas tâche dans la famille. « Il faut croire que même en y allant pas de mains morte, ils n’ont pas réussi à t’occuper deux semaines complètes. » Se faisant la voix de la raison, Grigori essayait de montrer à Kiara que les cours reviendraient bien vite et que là, la seule chose qu’elle avait à faire, puisque ses leçons étaient apprises et que ses devoirs étaient faits, c’était d’en profiter pour faire ce qu’elle aimait. Etre ici, avec lui, surtout avec lui, semblait ne pas faire parti de la liste des choses qu’elle appréciait. Il ne savait pas comment l’expliquer, c’était une sensation, une impression, une idée qu’il se faisait avec les propos qu’elle tenait. Il la regarda surprit lorsqu’elle reposa son verre un peu brusquement, quoi, qu’avait-il dit ? Il semblerait qu’il se soit mépris sur le sens de ses paroles. Le contraire, donc, elle avait envie de le voir  et ne l’avait pas vu assez à son goût ? C’était donc ça le contraire ? Elle était compliquée cette fille, elle voulait des choses mais au lieu de lui dire, elle le laissait dans le flou.  Par contre, elle avait raison sur un point, ça changeait de leurs rendez vous habituels, ce qui s’expliquait par le fait que Grigori avait de moins en moins cette inquiétude qu’elle ne le laisse tomber en plein milieu d’un repas parce qu’il aurait dit quelque chose qui ne passait pas. Pas que ça ne pouvait pas arriver, bien sûr que s’il insultait la famille de Kiara, voire même Kiara tout court, il y avait toujours le risque qu’elle parte mais il savait ce qu’il ne fallait pas dire et se faisait assez confiance pour ne pas dépasser les bornes. Il cligna des yeux néanmoins lorsqu’elle lui demanda s’il aurait préféré la voir qu’après ces deux semaines de vacances. « Si ça avait été le cas, je t’aurais pas lancé d’invitation tu sais. » Lui aussi était content d’être ici avec elle, même s’il ne le disait pas ouvertement. En revanche, ce qu’il pouvait faire sans problème c’était lui proposer d’autres sorties de ce genre. Bon, il n’était pas présomptueux au point de lui proposer de venir avec lui lors de la prochaine soirée organisée par le conseil, pas certain qu’ils en soient là et pas franchement motivé par l’idée qu’ils soient vu ensemble par plein de gens, parce qu’il y aurait forcément plein de gens. Non pas qu’il doutait de son choix en matière d’épouse, c’est plutôt les autres qui posaient problème à Grigori, s’il faisait relativement confiance à Kiara, le fait qu’il y ait plein de monde qui juge, parce que c’était bien ce qui allait arriver, il le savait d’ores et déjà, ça n’arrangerait pas ses affaires.

Il ne pu se poser davantage de questions, ce qui n’était pas plus mal, puisque le serveur vint avec leurs plats en un temps record. Il fut d’ailleurs remercié d’un immense sourire de la part de Kiara. Clairement, si on ne pouvait pas acheter la demoiselle avec de l’argent et des pierres précieuses, il semblerait que l’acheter avec la nourriture soit possible. Ah ça ne serait pas vraiment sur Grigori qu’il faudrait compter pour parvenir à l’acheter de la sorte. Il hocha la tête pour lui retourner la politesse lorsqu’elle lui dit bon appétit et sa curiosité l’emporta. Est-ce que le poisson conseillé par Kiara était à la hauteur ? Est-ce que ce restaurant, qu’elle voulait voir depuis si longtemps valait le coup ? Il montait à peine sa première fourchette vers sa bouche  qu’une insulte de la part de Kiara le fit relever la tête de son assiette et regarder la demoiselle, oubliant au passage l’importance qu’avait sa nourriture. Il s’était passé un truc ?  Non, il semblerait que non, il s’agissait juste d’un trop plein d’émotions positives. Grigori eut un léger rire avant de la chercher, un peu « Ah les filles c’est vraiment plus ce que c’était. » Il regarda sa fourchette, le plat, Kiara « Et c’était positif ou négatif ? » Non mais il fallait bien poser la question tout de même. Etant quelque peu rassuré sur le fait que non Kiara n’était pas devenue folle, il reprit sa fourchette pour goûter. Il faut bien admettre que le putain avait du sens, bordel, que c’était bon, comment c’était possible qu’un truc aussi simple que du thon soit aussi bon ? « Tu sais quoi, il va falloir qu’on revienne ici pour goûter tous les plats de la carte, ça te dit ? » Au moins, ça leur donnait des occasions de se revoir et il n’aurait pas trop à se creuser la tête pour trouver des endroits qui plairait à miss Macmillan.

S’il ne s’était pas vraiment attendu à ce qu’elle dise oui, plutôt coutumier du non avec Kiara, qu’il soupçonnait prendre plaisir à ne jamais aller dans le sens de Grigori, il aurait été plutôt satisfait de pouvoir lui proposer comme cadeau pour lui une offre de points pour atteindre les 4999, pour le dernier point, il devrait pouvoir se débrouiller pour l’obtenir par lui-même. Il faut croire que la facilité ne serait pas vraiment une option, mais il s’en moquait, il  n’était pas pressé et sa curiosité était quand même piquée au vif, est ce qu’elle avait vraiment chercher un cadeau pour lui ? Allait elle oublier ? Lui prendre un truc à la va vite, histoire de dire ? Il avait hâte de savoir. Enfin tout dépendrait sûrement de son cadeau à lui, si Kiara trouvait ça ridicule, voir insultant, ce qui était possible vu comme ils pensaient différemment, il y a fort à parier que son cadeau soit naze en retour de bâton, si cadeau s’il était à la place de la demoiselle, il n’offrirait rien.

Puisqu’elle s’intéressait à ses vacances, Grigori lui raconta qu’il passait beaucoup de son temps libre sur un balai avec son ami. Il hocha la tête prudemment lorsqu’elle évoqua le fait que ça lui faisait de la compagnie, oui c’est vrai mais Grigori n’était pas non plus le genre de personnes à avoir besoin d’être entouré, bon pour le Quidditch c’était toujours mieux mais en règle général, il était très bien tout seul… ce dont elle avait dû se rendre compte au fur et à mesure des mois où ils apprenaient à se connaître. A sa remarque sur la météo, il esquissa un sourire, reconnaissant bien là la grande passionnée du Quidditch qu’elle était « C’est pour ça que le meilleur moment c’est après le Quidditch, quand on peut discuter de la séance devant un bon feu et avec une boisson chaude pour se réchauffer. Tu n’aimes pas le froid ? » Voilà qui pouvait être un peu embêtant, comment ils pouvaient vivre en Russie dans la demeure familiale si elle trouvait les températures trop basses pour elle. Zut, il faudrait qu’il trouve un moyen de la convaincre et que le jour où il lui montrerait où il avait vécu et où il voudrait vivre, qu’il pense bien à chauffer toutes les pièces. S’il plaisanta sur le fait que même en y mettant du cœur à l’ouvrage, les professeurs n’arrivaient à occuper Kiara sur deux semaines complètes le fait qu’elle rétorque le fit sourire. Si, il s’en s’était aperçu et ça avait quelque chose de plaisant, il n’était pas fan de l’imprévu dans le sens où à chaque fois qu’il y avait de l’imprévu, c’était négatif, il n’avait pas souvenir d’un imprévu positif, celui qui s’en rapprochait le plus était leur rencontre mais ça n’était pas foncièrement positif, il lui avait un peu forcé la main, ils ne prenaient aucun plaisir à se voir au départ, non l’imprévu avec Grigori n’était jamais positif donc qu’elle soit organisée, ça lui allait très bien « Bien sûr que si. » Il ne faisait pas que passer du temps avec elle, il essayait d’apprendre la connaître, véritablement. Aujourd’hui, il avait la confirmation d’une chose à son sujet, elle appréciait de passer du temps avec lui, réellement et ne se forçait plus ou plus trop, il n’était pas encore sûr à cent pour cent mais c’était de bonne augure pour le futur, comme quoi être séparé deux semaines – presque deux semaines – était peut être une bonne chose pour eux.

Il apprenait au passage que Kiara sous ses airs  de fille tout à fait sage, était capable de vulgarité et pour le coup, ça l’amusait et il se prit une réflexion qui le fit lever les mains en signe de paix « Promis, j’arrête. » Elle n’avait pas l’air agacé, il n’avait pas perdu de points, c’est donc qu’il ne l’avait pas froissé, il pouvait donc lui poser une question à propos de ce juron et au lieu de répondre, elle lui demanda son avis. Il n’y a qu’en mangeant lui-même son plat, qu’il pu répondre à sa propre question, c’était une tuerie ce plat, réellement. Il fallait qu’ils reviennent ici pour tester toute la carte et pour le coup, il préférait qu’ils fassent ça ensemble.  Elle lui offrit un sourire avant de lui proposer quelque chose. C’était une bonne idée et à la hauteur de miss l’organisation c’est mon dada. « C’est d’accord, à chaque vacances scolaire, on viendra ici. » Elle était classe cette tradition.

Le silence entre eux n’étaient jamais véritablement un problème mais alors aujourd’hui c’était encore mieux que les autres fois, les deux sorciers étaient concentrés sur la nourriture et ce n’est qu’une fois les plats terminés qu’ils retrouvèrent leur voix. Il hocha la tête lorsqu’elle constata que c’était délicieux, il avait bien fait de l’écouter, il s’en félicitait – même s’il valait mieux pas le dire à voix haute – parce que c’était rare qu’il écoute une fille. Lorsqu’elle lui posa des questions, il hésita quelque peu sur la réponse à fournir, sentant que c’était une question piège, oh ça sentait les points en moins ça mais bon, ça ne changeait pas non plus de d’habitude, donc il pouvait être honnête, il saurait bien assez tôt s’il avait merdé « Je voulais que tu acceptes donc je me suis dit que je maximisais mes chances en te proposant un endroit que tu avais mentionné une fois. » Il la regarda dans les yeux avant de pousser un peu plus la franchise « et puis il y avait aussi le fait que si je choisissais un endroit, que tu acceptes, si ça ne te plaisait pas, tu aurais pas forcément envie de réitérer l’expérience, ça n’était pas dans mon intérêt. » Enfin ça c’est s’il partait du principe que ça n’était pas top, ça aurait pu être bien aussi, ils ne sauraient jamais vu qu’il avait pris la carte de la prudence.

Après avoir fini leurs verres, prit leur dessert et avoir réglé l’addition, bon restau mais c’était pas donné, merci papa, maman d’avoir plein d’argent, n’est ce pas. Les deux futurs mariés sortirent du restaurant et affrontèrent une nouvelle fois les températures franchement glaciales de ce mois de décembre. Grigori, ayant bien compris que le froid n’était pas le truc préféré de Kiara, l’attrapa par l’épaule pour les faire transplaner jusqu’à sa chambre d’hôtel, où c’était l’inverse, il faisait un peu trop chaud. Il regarda Kiara quelques secondes avant de lui indiquer le canapé « Si le cadeau ne te plait pas, je veux que tu me le dises vraiment, pas que tu te forces à dire merci et à le prendre par politesse. » Il la regarda dans les yeux pour mettre du poids dans ses mots, il connaissait la politesse, donner l’illusion aux gens que le cadeau est génial alors qu’on s’en fiche, il l’avait vécu régulièrement lors des fêtes de noël, sauf qu’un bien matériel, on le met dans un placard, ça n’a rien de grave, faire cela avec un être vivant, c’était autre chose. Plutôt que de la laisser s’imaginer le pire, Grigori partit dans une autre pièce pour attraper la cage de l’oiseau. Bon, il lui manquait encore quelques plumes mais c’était mieux qu’avant. Il caressa le bec de l’animal qui s’excitait, pas franchement ravi d’avoir été enfermé tout ce temps, normal et il le ramena à Kiara. « J’aimerais te le confier. »

Est-ce qu’il était vraiment étonnant que Kiara soit quelqu’un qui n’avait pas l’hiver comme saison préférée ? Non, Grigori n’était pas surpris, il n’aurait pas su dire exactement pourquoi si on ne lui avait demandé mais il en était intimement convaincu. Pour le coup, si le froid n’était pas la chose la plus agréable au monde aux yeux de Grigori, il aimait bien le silence qu’apportait la neige, étouffant tout bruit, c’était quelque chose qui lui avait toujours plu. Regarder les flocons tomber tout en étant au chaud derrière la vitre, c’était un réel plaisir pour Grigori. Si tout n’était pas parfait dans l’hiver, il appréciait beaucoup cette saison, probablement parce qu’en Russie, le froid et la neige durait longtemps. Elle partageait son avis sur les boissons chaudes, ça ne l’étonnait guère, il ne l’avait jamais vu boire quelque chose de froid, excepté l’eau bien sûr lors des sorties qu’ils avaient pu faire ensemble. Bien entendu, ça n’était pas assez pour dire qu’il connaissait bien Kiara, loin de là, il savait très peu de choses d’elle mais il pouvait affirmer qu’elle appréciait le thé et il devrait même pouvoir sélectionner des thés qui pourrait plaire à la demoiselle à force.

Ils semblaient trouver un terrain d’entente quant à la qualité des plats préparés ici, Grigori n’était peut être pas assez prudent lorsqu’il proposait à Kiara de se revoir régulièrement ici, ça lui semblait pourtant être une bonne idée. Pas une seconde il envisageait le fait qu’elle puisse dire non, non pas qu’il la croyait incapable de l’envoyer sur les roses, au contraire Kiara ne s’obligeait pas vraiment à lui faire plaisir. Compréhensible bien sûr, elle lui offrait déjà la possibilité d’avoir une fiancée et une future femme au passage – oui alors on m’informe dans mon oreillette qu’elle voit pas trop les choses ainsi – elle n’allait pas tout lui passer, ça lui allait, il s’habituait. A la question sur le choix du restaurant fait par Grigori, il aurait pu chercher à se faire mousser, inventer tout un tas de choses, essayer de coller à l’image du fiancé parfait mais il n’en fit rien, pas qu’il ne voyait pas la possibilité de faire des points facilement mais il n’était pas du genre à gruger, il voulait être honnête avec elle. Quelque chose dans ses propos embêta la demoiselle, c’est comme ça qu’il interpréta son froncement de sourcils, qu’avait il dit qui lui déplaisait ? Son sourire ne disparaissait pourtant pas de son visage, lorsqu’elle prit la parole ce fut pour autre chose que lui enlever des points, il questionna donc « Tu aurais préféré autre chose ? » c’était incompréhensible, il montrait qu’il l’écoutait et qu’il prenait en compte ce qu’elle lui disait, qu’il n’en avait pas rien à faire de ce qu’elle racontait, enfin pas toujours en tout cas et ça n’allait pas non plus. Franchement, c’était usant et ça n’était que le début de l’incompréhension pour Grigori.

Déjà il y eut cette histoire d’addition, non mais autant il n’était pas le genre d’homme galant à vouloir à tout prix payer à une fille, ça rien à faire chacun sa merde, il n’y avait pas marqué hibou sur sa tête. Mais par contre, quand il invitait quelqu’un pour faire une surprise, sa future femme qui plus est, ça le rendait dingue qu’elle discute de ça avec lui. Ah non mais elle croyait en ses rêves, il n’y avait pas moyen qu’elle paye, il était intransigeant à ce sujet tant et si bien qu’elle finit par lâcher, comprenant que le combat était perdu d’avance.

La ramener chez lui ne fut pas bien difficile, elle avait accepté en amont et il ne lui demanda pas vraiment son avis, la laissant prendre ses aises. D’ailleurs, il était surpris qu’elle enlève son manteau et qu’elle s’installe sur le canapé. Il s’attendait plutôt à ce que ça aille vite et qu’elle veuille vite rentrer chez elle, il s’était trompé et il ne pouvait qu’être satisfait qu’elle veuille bien passer un peu de temps ici. En plus, elle promettait de lui dire la vérité si son cadeau ne lui plaisait pas. A sa réaction lorsqu’il lui présenta l’oiseau, il sut immédiatement qu’il avait merdé. Elle avait l’air dépassé, par l’état de l’oiseau ? Grigori observa le volatile, d’accord, il n’était pas vraiment un modèle de beauté mais ça allait non ? En plus, il se montrait tout calme, se laissant caresser et toucher sans broncher. Lorsqu’elle finit par prendre la parole, ce fut pour dire que c’était trop. Alors ça c’était la meilleure ! C’était trop, elle en avait de bonne, en fait le problème ça n’était même plus l’argent qu’il mettait ou non dans ses cadeaux, c’était plutôt le simple fait qu’il lui fasse un cadeau qui déplaisait à Kiara. Non franchement, il ne comprenait pas le problème avec ses cadeaux, c’était trop dur de dire merci ça me fait plaisir ? Non le mieux c’était de demander pourquoi il voulait lui offrir, qu’est ce que ça voulait dire ça au juste, il fallait des justifications maintenant pour faire des cadeaux, non mais dans ces cas là, autant offrir des bijoux, il pourrait s’en sortir avec un magnifique ça t’allait bien… beaucoup moins personnel que ce qu’il devait dire là maintenant. Est-ce qu’elle vit l’agacement dans son regard, probablement puisqu’elle reprit presque aussitôt en s’expliquant, en posant encore et encore des questions dont il ne savait comment se sortir.  De toute façon, puisque c’était trop, est ce que ça la regardait vraiment, qu’elle lui laisse, il se débrouillerait avec l’oiseau.

S’il était plus que ronchon, ayant l’impression que rien allait jamais avec elle, elle finit par dire quelques mots qui donnaient un tout autre sens à ses paroles précédentes. Il la regardait un peu perplexe. Ce n’est pas le fait de faire un cadeau qui lui déplaisait, c’était qu’elle se demandait pourquoi il faisait tout ça. Il regarda l’oiseau, ça n’était pas qu’il n’en voulait plus, loin de là mais il ne le laissait pas tomber non plus « Je ne suis pas vraiment le genre de personnes à avoir un animal, je ne suis pas très doué pour m’en occuper. Regarde il s’est fracassé contre un mur à cause de moi. » D’accord, ça n’était pas voulu et il avait réparé sa bêtise avec l’aide d’une Serpentarde mais il était fautif quand même. « Je pense qu’il sera mieux avec toi. Le lien qu’on a lui et moi, c’est juste parce que je le nourris, c’est pas foufou. Je te le donne parce que je sais que tu en prendras soin et que tu veilleras sur lui, bien mieux que je peux le faire. » Il finit par sourire avant de dire « Et puis ça t’obligera à m’envoyer des lettres pour que je puisse vérifier qu’il va bien. » c’était totalement faux, ça n’était pas un véritable argument mais il essayait, un peu de faire de l’humour… pas fameux c’est vrai.

Cette soirée était agréable, le genre de soirée où même s’il se devait de faire attention à ses propos pour ne pas réduire à néant tous les efforts qu’il avait fait jusque-là, il pouvait aussi être lui-même. Il aimait l’idée de passer du temps avec elle, c’était indéniable. Elle lui avait manqué pendant cette semaine de vacances, pas parce qu’il lui parlait tous les jours le reste du temps, mais ils se croisaient à l’école ne serait-ce qu’aux heures de repas, il y avait toujours un moment où leurs regards se croisaient et là, il y avait eu le vide. Plus les jours, semaines et mois passaient et plus Grigori était certain que le mariage avec elle se passerait bien. Elle avait peut-être un peu trop de répondant par rapport à l’image qu’il se faisait à la base du mariage et d’une épouse, elle ne lui cédait rien et il était convaincu que le pousser dans ses retranchements et l’agacer était quelque chose qu’adorait faire Kiara mais il s’habituait à elle. Il s’habituait à ce sourire et au silence répondant à ses questions, ce qui le faisait réfléchir sur sa propre question, avait-il fait le bon choix ce soir ? Il s’habituait aussi à se prendre le chou avec elle pour une histoire d’adition qu’elle voulait partager. Enfin en règle générale, il s’habituait à ce qu’une fille lui prenne la tête et qu’il ne puisse la réduire au silence, ou plutôt qu’il puisse le faire, ayant toujours la supériorité physique de son côté, mais il n’en faisait rien, composant avec son caractère et la faisant céder par les mots plutôt que par les gestes. Ça aussi, c’était une nouveauté, bienvenue ou non, il n’en savait rien mais c’était là.

Lui offrir un cadeau de noël, ça avait été une longue réflexion, que pouvait il lui offrir qu’elle apprécierait et qu’elle accepterait. Il avait vite fait une croix sur les bijoux, c’était trop tôt pour qu’elle accepte ce genre de présents, les fleurs, c’était hors de question il n’en était pas capable… les chocolats berk, l’alcool ça pourrait dire tout un tas de choses mais ça ne sentait pas très bon. Il s’était décidé à faire un cadeau qui lui tenait à cœur à lui et lorsqu’il lui offrit avec une appréhension immense, celle d’avoir fait fausse route, il tomba en plein dans le doute. Ça ne lui plaisait pas, elle avait regardé son cadeau, pas comme les parents de Grigori lorsqu’il leur offrait un cadeau de noël, mais clairement l’oiseau ne semblait pas être un cadeau digne d’elle. Puis il comprit que ça n’était pas l’oiseau le problème, c’était le fait que ça vienne de lui, ça aurait été son idiote de sœur qui aurait offert l’oiseau, elle aurait trouvé génial mais dès que c’était Grigori, ça n’allait pas, il ne savait pas y faire, il avait beau tenter, il échouait, sans arrêt et il ne comprenait pas pourquoi. A moins qu’il ait tout compris de travers et qu’il ait du mal à interpréter les signaux de Kiara, il faudrait peut être qu’elle fasse un effort parce qu’il était on ne peut plus mauvais.

Il répondit avec franchise aux questions qu’elle lui posait et sentit le regard de la Poufsouffle se poser sur lui. Il était dur avec lui-même ? Il n’en avait pourtant pas l’impression mais il prit le compliment qu’elle lui faisait, si la future propriétaire de l’oiseau de proie trouvait qu’il s’en était bien sorti, qui était-il pour dire le contraire. En revanche, le fait qu’elle dise qu’il l’aimait beaucoup le fit se tendre. Bien sûr que non il n’aimait pas cet oiseau, enfin ce n’était qu’un oiseau, on offre pas un oiseau si on l’aime bien, décidément Kiara étai bien trop sentimentale et voyait de l’affection là où il y en avait pas.
S’il essaya de s’en tirer avec le fait qu’elle devrait lui envoyer des lettres, il se crispa une nouvelle fois quand elle mentionna que l’oiseau serait lui aussi content de voir Grigori, mais enfin pourquoi elle disait cela. L’oiseau n’était qu’un oiseau comme les autres, Grigori ne serait pas plus content de voir Plume plutôt qu’un autre menteur. Il observait le volatile gagner avec une facilité déconcertante le cœur de Kiara, il savait y faire avec la demoiselle et se débrouillait bien mieux que Grigori. Ce n’est qu’à la mention qu’il l’aimait bien, que Grigori répondit « ça me paraissait une évidence qu’il t’aimerait bien. Il avait besoin de quelqu’un pour prendre soin de lui et je pense qu’il n’y a pas mieux que toi. » parce qu’il avait confiance en elle, elle semblait du genre à ne pas abandonner, il le voyait assez avec ses idées sur la vie, elle ne les abandonnait jamais, cet oiseau serait entre de bonnes mains.

En parlant de confiance, Kiara semblait arriver à la même conclusion que Grigori sur la confiance. Il la regarda dans les yeux sans savoir quoi répondre à cela, découvrant ce que ça faisait de faire un cadeau à quelqu’un, un vrai cadeau, sans dépenser le moindre écu sonnant et trébuchant et que ce cadeau plaise. Ça lui donnait envie de se casser la tête pour les prochains noël et anniversaires pour faire briller ce regard de la même façon qu’actuellement mais il n’était pas assez à l’aise pour rester dans ce registre et préféra aborder d’autres sujets avec elle, parler de tout et de rien pendant des minutes, des longues minutes, peut être même une heure avant qu’elle ne retourne chez elle pour la fin des vacances mais qu’importait le fait qu’ils ne se voient pas pendant le reste des vacances, ils se retrouveraient bien assez tôt et quand il l’aurait épousé, ils se verraient tous les jours, peut être même qu’il y aurait des fois où ce serait l’inverse, sa présence le gonflerait au plus haut point mais ça, seul l’avenir le lui dirait et au vue du nombre de points qu’il lui manquait, le mariage ne serait pas pour tout de suite.