T'es la haine. La pure, la dure, celle qui s'envenime tant elle reste tapie dans le fond de tes entrailles. Tu ne l'as pas, tu l'incarnes; la destruction à proprement parler de la figure pouponne qui te sied. T'es rien. Une ordure que l'on pourrait susurrer, ta belle gueule qui enchante avant que tes mots ne s'avancent, ne se placent, ne détruisent. Alors l'indifférence coule sur ta peau satine tandis qu'il est aisé de croire que tu n'es qu'un mur froid. T'es tellement plus que ça alors que dans le fond, tu te sens néant. Brisé comme ça, Icarus, t'as brûlé sans avoir trop volé, perdu dans l'immensité d'un monde duquel tu t'es toujours senti rejeté. Par les tiens, par les autres, t'es l'étranger qui se fond dans la banalité avec le haussement d'épaules désinvolte parce que maintenant, t'en as plus rien à cirer. Elle te caractérise, cette instabilité, cette vulnérabilité, parce que t'as toujours l'envie brûlante de te défoncer pour certaines causes qui te laisseront tomber. La notion vague de loyauté, les dents serrées lorsque tu rejettes ceux qui pourraient t'aider. Tu te protèges désormais, tu t'es déjà de trop senti abandonné. Ainsi la cause de tous ces maux; de tes traits figés ne ressort que la passivité d'une âme dont l'errance n'est guère cachée. De beaux airs que tu te donnes alors que le calme arbore un visage où les sourires ne se font que trop rares parce que derrière tout ça, il y a l'impulsivité. T'es guidé, t'es aveuglé, disant silencieusement adieu à toutes tes merveilleuses pensées lorsque la colère entraîne de brusques mouvements ou paroles que t'as décidé de ne plus regretter. Tu t'y es fait, gentil garçon aux savantes idées. Il est difficile de croire que tu es une lumière alors que dans le temps, t'aurais pu être ce bosseur acharné. Un bon boulot, une situation plus que satisfaisante. Ça avait été à ta portée, sans crier que tu es un penseur-né, t'as la matière grise qu'il te faut pour savoir te débrouiller. Sauf que tout ça, c'est balayé depuis que t'es plus que l'ombre de toi-même. Pourtant, lorsque la brute honnêteté et le cinglant cynisme découlent de ta bouche, il semblerait que tu fasses écho au passé, brillant d'une forte personnalité pour que toute cette noirceur que tu broies soit impossible à cerner. 

ucey