Encore aujourd'hui, Erin se souvenait des paroles apaisantes que son père lui adressait lorsque, petite, elle faisait un cauchemar. Elle le revoyait traverser sa chambre et venir s'assoir au bord de son lit pour sécher ses larmes de petite fille. En quelques mots seulement, son père parvenait à la rassurer. Il lui assurait qu'une fois les yeux ouverts, les mauvais rêves ne pouvaient plus l'attraper, qu'ils disparaissaient et ne pourraient pas lui faire de mal. Qu’elle n’avait rien à craindre, que tout irait bien et qu’au réveil ses peurs nocturnes ne seraient plus qu’un vague souvenir. A l'époque, elle avait eu une confiance totale en ces mots, après tout, son père était son héros, il ne pouvait pas avoir tort. Aujourd'hui, elle savait qu'il n'en était rien. Les cauchemars ne disparaissaient pas, pire, ils étaient là, bien réels, et désormais ils faisaient partie intégrante de son existence. Pendant tout ce temps, elle s'était bercée d'illusions, elle avait fermé les yeux comme une enfant, et la chute n'en était que plus difficile. Survivre à la morsure avait déjà été une première épreuve, et pas des moindre. Plusieurs fois la française avait cru que la fièvre serait plus forte qu’elle et qu’elle remporterait la bataille. Se faire à ses conséquences et à l'influence de la lune avait été une seconde épreuve avec laquelle Erin bataillait encore au quotidien. Naïvement, elle avait cru que les épreuves s'arrêteraient là, c'était déjà bien assez compliqué pour elle, elle ignorait comment elle allait réussir à vivre ainsi. Le cauchemar semblait déjà terrible et sans fin, à chaque fois qu'elle pensait pouvoir retrouver un peu de contrôle sur sa vie, la pleine lune approchait et revenait tout bouleverser. Erin ne voyait pas comment ça aurait pu être pire, elle avait eu tort.  

Tout avait commencé par une lettre. Un matin, un hibou moyen duc à l'air encore à moitié sauvage, et plutôt mal en point, c'était posé devant Erin pendant le petit déjeuner, manquant de renverser sa tasse de thé. Comme elle n'avait jamais vu cet oiseau de sa vie, et qu'il n'avait pas l'air véritablement dressé pour apporter du courrier vu son atterrissage catastrophique, elle avait hésité à l'approcher. Mais l'animal avait bien une lettre accrochée à la patte et avait tenté de lui mordre les doigts en signe d'impatience. C’était à partir de là que le cauchemar avait repris de plus belle. La lettre ne comportait pas beaucoup de texte, mais assez pour raviver toutes les craintes de la Serdaigle. Non, pire, pour en créer de nouvelles, bien plus vives encore. Car l‘auteur de la lettre s’était révélé être l’homme -le loup ? Le monstre- qui l’avait agressé en juillet. D’abord, la Serdaigle avait songé à une erreur, une mauvaise blague, elle s’était accrochée à cette idée avec désespoir. Mais elle avait bien dû se faire une raison, rares étaient ceux qui connaissaient son secret et parmi eux, personne n'aurait été assez cruel pour se jouer d’elle de la sorte. Et puis, elle n’avait pas pu se défaire de la sensation de malaise qui était venue s’accrocher à son estomac. Cette lettre était réelle, elle le sentait, ce qui rendait son contenu encore pire. Son agresseur voulait la voir, il voulait voir de ses propres yeux ce qu’il avait créé. Terrifiée, et révoltée à cette idée, Erin avait jeté la lettre aussitôt et n’en avait parlé à personne. Mais une seconde lui était parvenue, au ton plus froid encore. Le sorcier exigeait encore de la voir et cette fois-ci il menaçait de s’en prendre à d’autres personnes, de plus en plus jeunes, possiblement proches d’elle, si elle n’obéissait pas. D'une menace passée, il était devenu une menace omniprésente.

Pendant un temps, Erin s'était retrouvée paralysée par la panique. Et puis, en bonne Serdaigle elle avait réfléchi posément. Si son premier instinct avait été de se débarrasser de la lettre, son second avait été de chercher de l'aide. Toujours aux prises avec son secret elle n'avait pu se tourner vers Balthazar. De toute façon le mettre en danger était absolument hors de question. Non, ce n'était pas vers un sorcier lambda quelle devait se tourner, mais vers un autre loup. Un instant, la bleue avait songé à en parler à Aidan, mais elle avait renoncé. Que pouvait-il faire à son échelle ? Au fond il n'était qu'un étudiant, certes il la soutenait depuis des mois et il pourrait l'accompagner, mais ce serait lui faire prendre des risques inconsidérés. C'était ainsi que la française était retournée au bar empli de loup garous pour discuter avec Kesabel Greyback. Malgré la crainte que continuaient de lui inspirer l'idée de côtoyer des loup garous, il avait été en capacité de répondre à ses questions quand elle était venue chercher des réponses à la fin de l'été. Erin ne savait toujours pas quoi penser du sorcier, il était rustre et taciturne, loin des personnes qu'elle côtoyait habituellement. Il ne paraissait pas être du genre à faire preuve de compassion mais il avait aussi accepté de répondre à toutes ses questions et si ses réponses n'étaient pas toujours plaisantes à entendre au moins il n'avait jamais cherché à embellir la réalité. Aussi stupides qu'aient pu être les interrogations de la française, et visible sa peur, jamais il ne l'avait jugé, ni regardé avec le moindre mépris ou dégoût. Erin n'était pas une louve, elle ne faisait pas partie de sa meute, elle n'avait rien à lui offrir, à lui ou aux siens, et pourtant il avait accepté de l'aider. Cette fois encore elle avait besoin de lui. Certainement plus que jamais.

C’était ainsi qu’Erin en avait appris plus sur son agresseur, en montrant la lettre qu’il lui avait adressé à Kesabel. Celui-ci avait été formel, il reconnaissait l’odeur sur le papier, il s’agissait d’un ancien membre de sa meute, chassé pour goût son poussé pour la violence, et plus particulièrement sur les jeunes enfants. Un frisson avait parcouru l’échine de la Serdaigle en apprenant ça, le cauchemar n’en finissait pas. Rapidement, un plan avait été monté, elle irait au rendez-vous, mais elle n’irait pas seule. Kesabel l’accompagnerait, ainsi qu’Aidan qui s’était porté volontaire et Maxime Whitefield. La Serdaigle connaissait peu cette dernière mais elle lui était reconnaissante de s’investir dans cette histoire qui n’était pas sans risque. Elle avait conscience que la présence d’un fou dans la nature était une menace pour leur meute, mais Maxime et Aidan auraient pu choisir de laisser quelqu’un d’autre venir avec eux alors elle leur en était reconnaissante. D’ailleurs, elle les aurait compris si ça avait été le cas, Erin elle-même aurait préférée rester éloignée de toute cette affaire, mais elle n’avait pas d’autre choix, sans sa présence, le loup ne se montrerait jamais et ils ne pourraient pas tenter de l’arrêter. Se répéter ça n’aidait cependant pas la Serdaigle à se sentir plus sereine alors que le grand jour était venu. Il fallait dire que le lieu de la rencontre n’avait rien d’engageant. Un vieux parc d’attraction désaffecté au fin fond de l’écosse, ça n’était pas pour aider la confiance. Mais clairement, le loup s’en fichait, il n’était pas là pour faire ami-ami avec qui que ce soit. Et vu les têtes que tout le monde tirait, personne n’était là pour ça. Arrêtés devant un panneau malmené par le vent, Erin fixait fébrilement les infrastructures vides qui leur faisaient face. Au sourire d’Aidan, elle répondit par un hochement de tête mécanique, incapable de prétendre qu’elle n’avait pas le cœur au bord des lèvres. Et maintenant ? Le slave avait raison, ils ne pouvaient pas rester là indéfiniment, même si la Serdaigle avait plutôt envie de s’enfuir en courant, elle savait que c’était impossible, pas si elle voulait qu’ils aient une chance d’attraper ce monstre.

Ce fut Maxime qui réagit la première et pénétra dans les lieux. Elle aussi elle avait raison, ils n’allaient pas rester plantés là éternellement, à attendre que le loup veuille bien se montrer. Décidément, Erin n’était pas une sorcière d’action, encore moins quand la peur lui donnait l’impression d’être figée. Après un bref regard à Aidan et à Kesabel, elle referma un peu plus sa main sur sa baguette et suivit la Gryffondor qui observait les lieux. Il ne lui fallut que quelques secondes pour capter une odeur qui fit grimper un peu plus son malaise. Erin tourna la tête pour y échapper mais l’odeur revint aussitôt. Peu importe ce qu’elle faisait, cette odeur semblait la suivre, comme si elle avait été placée un peu partout. Kesabel et Aidan lui avaient pourtant dit que ses sens s’affineraient à l’approche de la pleine lune, mais jamais ça ne l’avait autant frappé qu’aujourd’hui. Une boule se forma dans sa gorge alors qu’une idée s’insinuait dans son esprit. « C'est lui... Cette odeur, c'est lui n'est-ce pas ? » Demanda-t-elle d’une voix blanche. Au fond, elle n’avait pas besoin de réponse, elle savait déjà qu’elle avait raison. Cette odeur, elle n’avait pas le souvenir de l’avoir déjà senti, et pourtant elle lui parlait, comme si on cerveau avait voulu en effacer toute trace. C’était l’odeur de son agresseur, elle ignorait comment mais elle l’aurait reconnu entre mille. Cette idée manqua de lui filer la nausée. Elle ne voulait rien avoir à faire avec lui, elle ne voulait pas de lien quelconque, pas qu’il la considère comme sa création. Il était celui qui avait foutu sa vie en l’air c’était leur seul lien. Et elle s’en serait bien passée.

En entendant la question de Maxime, Erin ne put retenir un frisson. Si la Gryffondor avait l’air de trépigner à cette idée, ce n’était pas son cas. La française porta un regard neuf sur les attractions. Est-ce que le loup s’y trouvait ? A les observer en silence ? A attendre un geste, une opportunité ? Cette rencontre la terrifiait déjà, mais s’imaginer que cela puisse tourner en un cache-cache tordu était encore pire. Malheureusement, la Serdaigle devait admettre que sa camarade n’avait peut-être pas tort. « C'est possible, il ne va sûrement pas se montrer de lui-même, on est trop nombreux. » Avec son odeur déposée un peu partout, il pouvait se trouver n’importe où, dont à l’intérieur d’une attraction. Et maintenant qu’ils étaient arrivés à plusieurs, elle avait du mal à imaginer qu’il puisse simplement venir à sa rencontre. Avait-il réellement cru qu’elle viendrait seule ? Peut-être s’il pensait que sa nouvelle condition l’isolait totalement de ses proches. Et c’était le cas dans un sens, Erin s’isolait peu à peu, mais dans son malheur elle avait réussi à trouver un peu de soutien inattendu auprès d’alliés encore plus inattendus : des loup garous. Mais ce serait mentir que d’affirmer que cela la rassurait totalement, elle était malade à l’idée de ce que ce taré pourrait lui faire s’il parvenait à lui remettre la main dessus. Est-ce qu’il allait quand même se montrer alors qu’ils étaient quatre ? Ca elle l’ignorait. « Je ne comprends toujours pas ce qu’il me veut. » Souffla-t-elle en secouant la tête. A part la torturer bien sûr. Tous comme c’était le cas avec la meute de Greyback, elle ne lui servirait à rien. Elle n’avait rien d’une louve, elle n'était même pas particulièrement brave. Pourtant, elle se tourna vers Kesabel. « Qu'est-ce que je peux faire ? » Ce n’était même pas un acte de courage, elle n’avait qu’une envie : s’enfuir à toutes jambes. Mais Erin le savait, c’était elle que le loup était venu chercher, c’était donc elle qu’il devait trouver.

Comment gâcher à tout jamais les fêtes foraines pour quelqu’un ? Au final, c’était plus facile que ça en avait l’air. Il suffisait que le staff y organise son premier event qu’un loup-garou fou furieux en fasse le lieu d’un rendez-vous forcé. Un rendez-vous qui ferait des victimes s’il n’était pas respecté. D’accord, cette fois il avait choisi un endroit désert et surtout désaffecté, mais tout de même, c’était aussi simple que ça. Maintenant qu’Erin y était, une chose était sûre, pour elle les fêtes foraines c’était fini. Plus jamais elle ne pourrait remettre les pieds dans ce genre d’endroit sans penser au sorcier taré qui avait foutu sa vie en l’air et aux lettres pleines de menaces qu’il lui avait fait parvenir. Habituellement ces lieux étaient plein de vie, de joie et de rires, de lumières vives et de musique entrainante. C’étaient des endroits où on passait un bon moment, où la seule chose à faire était de s’amuser, de faire des attractions ou de tenter de remporter des lots. La française s’était déjà rendue dans des fêtes foraines en compagnie d’amis ou de Balthazar et à chaque fois elle avait passé d’excellents moments. Chaque fois elle en était repartie avec pleins de bons souvenirs en tête et elle avait eu hâte de revenir. A partir d’aujourd’hui, les choses seraient clairement différentes. Il fallait dire qu’elle ne s’était jamais imaginé entrer un jour dans une fête foraine désaffectée entourée de loups garou, le tout sous la contrainte d’un autre loup garou. Comme quoi, tout arrivait. Mais cette grande première là, Erin s’en serait bien passé. Car contrairement à ces moments passés dans des fêtes foraines, elle ne ressentait ni joie, ni excitation, bien au contraire, c’était la peur pure et dure qui primait sur tout le reste.

Une peur qui lui explosa à la figure à l’instant où ils entrèrent sur le domaine de la fête foraine. En plus de l’ambiance terriblement sinistre des lieux, il y régnait une odeur qui la prenait à la gorge et faisait monter en elle un sentiment de panique inexpliqué. Il lui fallut quelques instants pour comprendre d’où ce sentiment venait et pourquoi elle parvenait si peu à le maitriser. Pour se remémorer ces souvenirs qu’elle tentait désespérément d’occulter depuis cette fameuse nuit de juillet. Cette odeur n’était pas n’importe laquelle, c’était celle du monstre qui l’avait agressé, et elle était absolument partout. Lui échapper était impossible. Il brouillait les pistes, Erin était d’accord avec l’analyse de Kesabel et elle était frustrée de voir que ça fonctionnait si bien. Ils avaient à peine fait trois pas dans le parc qu’elle se sentait déjà dans tous ses états. « Il s’attendait sûrement à ce que je ne vienne pas seule. » Souffla-t-elle aux sorciers. Dans les lettres qu’il lui avait adressé le loup avait réclamé qu’elle vienne à lui mais jamais il n’avait exigé qu’elle soit seule, ce qui voulait dire qu’il savait déjà que cette demande serait irrecevable. En même temps, la française avait du mal à imaginer comment l’inverse aurait pu être possible. Personne ne pouvait s’attendre à ce qu’elle se rende seule à un tel rendez-vous. Elle était peut-être complètement perdue face à sa nouvelle situation, mais elle n’était pas devenue suicidaire pour autant. Et ce sentiment était encore moins présent quand Kesabel haussa la voix pour provoquer le loup. En temps normal la française aurait certainement souri à l’usage d’un mot aussi désuet que pleutre, mais là elle n’avait aucune envie de sourire. Le loup était là, quelque part, certainement à les surveiller, possiblement à les écouter, et si elle savait qu’elle allait devoir lui faire face à un moment ou à un autre, et elle n’avait aucune envie qu’il soit ivre de colère quand ce moment arriverait.

Et quand cela arriverait, justement, qu’allait-il se passer ? C’était cela qu’Erin ne comprenait pas. Dans son esprit de Serdaigle, habitué à la réflexion, les connexions ne se faisaient pas. Son agresseur voulait la voir, mais pour quoi au juste ? Il voulait voir sa création, voir ce que sa morsure avait provoqué, mais et après ? Erin ne voyait aucune logique à ce comportement. Elle n’était plus entièrement sorcière, elle n’était pas louve pour autant, en soit elle était inutile à tout le monde. Quand elle partagea son incompréhension avec les autres, la réponse de Kesabel la fit grimacer. Peut-être qu’il voulait continuer ce qu’il avait commencé, ces simples mots la firent pâlir. Même si ce n'était pas la pleine lune, Erin trouvait cette idée terrifiante. Elle avait beau avoir deux loups garous à ses côtés, la perspective de devenir l’un d’eux lui était insupportable et même les gestes rassurants qu’ils pouvaient avoir ne l’apaisaient pas. Le problème, c’était qu’Erin savait bien que face à un loup garou -voir même tout simplement un autre sorcier plus âgé qu’elle- elle ne ferait jamais le poids. Elle n’était pas venue là seule pour cette raison, mais ça restait tout sauf rassurant. Malgré tout elle demanda aux autres ce qu’elle pouvait faire, la peur la rongeait mais puisqu’ils étaient là et que c’était elle que le sorcier voulait voir, elle ne pouvait pas rester sans rien faire. C’était donc une partie de cache-cache et c’était à leur tour de chercher. Avec une profonde inspiration, Erin hocha la tête. Partir à la recherche du loup, c’était lui laisser l’occasion de les observer et de les voir venir. Ils avaient peut-être l’avantage du nombre, mais lui il aurait l’avantage d’être prêt et pour une fois, la Serdaigle n’était pas sûre que la force du nombre joue réellement en leur faveur.

Sa baguette à la main, Erin suivit le mouvement dans la fête foraine. Autour d’eux, les stands étaient fermés et décrépis, seul le bruit de leurs pas résonnait mais ils savaient tous que ça ne voulait pas dire qu’ils étaient seuls. Au détour d’une tente de voyance, une table attira leur attention. Là l’odeur du loup était plus forte encore, preuve qu’il s’y était attardé. La française s’en approcha pour voir que trois cartes de tarot s’y trouvaient : le pendu, la mort et le diable. Un frisson remonta le long de son échine. La divination n’était clairement pas son point fort, ni même une matière qui l’intéressait particulièrement, mais les cartes choisies parlaient d’elles-mêmes. Si Maxime n’avait pas l’air impressionnée et empochait même les cartes, Erin n’en menait pas large. « En tout cas le message est plutôt clair. » Du peu que la Serdaigle savait du tarot, il lui semblait que les messages des cartes étaient parfois plus complexes que ce que leurs illustrations voulaient bien montrer, mais elle doutait que le sorcier soit versé dans l’art de la divination. Sûrement fallait-il s’arrêter au message premier des illustrations, et elles étaient particulièrement sinistre. Peut-être que le loup fou s’amusait avec eux, c’était même une certitude, mais Erin ne trouvait pas ça drôle. Son humour était particulier, Maxime avait raison. Il était même franchement inquiétant et cette fois-ci la française n’avait aucune envie de rire. Surtout parce qu’elle sentait bien que c’était d’eux que le loup voulait pouvoir rire. Quant à l’idée de passer des soirées avec, Erin ne voulait même pas y songer. Dans son esprit, le sorcier n’avait pas grand-chose d’humain, elle ne parvenait pas à l’imaginer mener une vie banale faite de journées de travail et de soirées entre amis. Non, il était bien trop tordu pour se fondre dans la société.

Pour commencer leur exploration, ce fut la maison hantée qui fut choisie. Super, comme s’ils avaient besoin d’un endroit plus inquiétant encore. Erin n’avait aucune envie d’y mettre les pieds, mais il fallait bien commencer quelque part et ça allait bien avec l’humour sinistre dont semblait être doté le loup. A la proposition, elle hocha donc la tête avec réluctance, les chasses à l’homme intéressantes elle s’en serait bien passée. Encore plus alors qu’il semblait que le trophée c’était elle. Sans grande surprise, la porte de la maison s’ouvrit sans faire trop de difficultés, avec juste un grincement particulièrement désagréable aux oreilles de la blonde. Suivant l’exemple de Maxime qui passa en premier, Erin alluma sa baguette. Elle jeta un coup d’œil incertain à Kesabel avant de prendre une profonde inspiration et de suivre la Gryffondor. Heureusement, lorsqu’elle n’était pas en route l’attraction était bien moins effrayante. Pas de lumières furtives, pas de musiques angoissantes ou de mannequins qui surgissaient un peu partout. Le cœur d’Erin ne l’aurait sûrement pas supporté. D’ailleurs est-ce que la fête foraine était encore reliée à l’électricité ? C’était difficile à dire. Au bout du couloir une porte noire sans poignée les attendait qui ne bougea pas à la poussée de Maxime. La question de la Gryffondor gêna grandement Erin. « Ce n’est pas mon pote. » Souligna-t-elle à mi-voix. Au fond, ce n’était pas l’humour de Maxime qui la dérangeait mais ce qui se trouvait insinué derrière. L’idée qu’il puisse désormais exister un lien entre le loup qui l’avait mordu et elle. Cette perspective lui faisait franchement peur, elle ne voulait pas se trouver liée avec un fou pareil. Ni même si c’était possible, elle en savait si peu sur les lycanthropes et leur culture.

Avant qu’ils n’aient pu discuter de la marche à suivre face à cette porte close, Maxime la fit exploser d’un sortilège. Grimaçant à cause du bruit de l’explosion, Erin se détourna pour éviter les éclats de bois qui volèrent en tous sens. Ah oui ça c’était sûr, si jamais le loup ne l’avait pas capté avant, maintenant il savait qu’ils étaient là. Une idée que Erin ne trouvait pas très plaisante je sais, rien ne lui plait aujourd’hui. Puisque la question de la Gryffondor ressemblait un peu à une pique et s’adressait essentiellement à Kesabel, la Serdaigle choisit de garder le silence. Face à eux se trouvaient maintenant des escaliers. La question était de savoir s’ils allaient les monter ou les descendre et apparemment ce serait à Erin de choisir. Avant de réfléchir à la question, elle croisa le regard de Maxime et lui adressa un léger sourire pour la remercier de passer devant. Rien ne les liait mais elle était quand même là pour l’aider et Erin lui en étant reconnaissante. Puis, elle posa ses prunelles sur les escaliers. Descendre, c’était rejoindre les sous-sols et se plonger un peu plus dans le noir, une perspective qui lui fila des frissons. « Montons. » Décida-t-elle finalement. Ses prunelles suivirent la direction de l’escalier en question, là la lumière du jour se laissait entrevoir. Elle était ténue, mais présente. Ce qui voulait dire une chose. « Il y a des fenêtres aux étages on aura une meilleure vue sur la fête foraine. Peut-être qu’on pourra repérer quelque chose. » Ou quelqu’un, même si elle avait du mal à y croire. Une fois tout le monde d’accord, Erin suivit Maxime à l’étage. L’odeur du loup était toujours là, sans surprise mais pas sa présence. Ils durent aller jusqu’au deuxième étage pour trouver des fenêtres.

Après avoir ouvert les volets décrépits de l’une d’entre elle, Erin s’y pencha prudemment. Elle avait vu juste, de là ils pouvaient voir une grande partie de la fête foraine. Elle observa les allées vides, les attractions immobiles, se surprenant à apercevoir des détails qui normalement n’étaient pas à sa portée. C’était vrai, la pleine lune affectait ses sens désormais et sa vue n’y faisait pas exception. C’était terriblement perturbant, mais au moins ça lui permis de repérer quelque chose. « C’est quoi ça ? Là, vers les cibles. » Elle pointa du doigt une allée au milieu du parc où quelque chose avait été installé et qui n’aurait clairement pas dû être là. Une sorte d’épouvantail ? De Mannequin ? Elle n’était pas sûre mais ça n’avait rien à faire dans une fête foraine. « On va voir ? » C’était une piste comme une autre et en avançant rien ne les empêchait de vérifier d’autres endroits. Ils étaient au beau milieu d’un escalier quand la maison hantée reprit soudain vie. Lumières, musiques, la totale. Erin se figea et regarda ses deux compagnons avec appréhension, si l’électricité était revenue, ça ne pouvait pas être le fruit du hasard. Non seulement le loup savait bien qu’ils étaient là, mais il était tout proche.