I know you've suffered
But I don't want you to hide
It's cold and loveless
I won't let you be denied

Pour de nombreux sorciers, la vie reprend son cours et les fêtes de Noël qui approchent sont l’occasion d’oublier durant quelques jours les tensions grandissantes au sein même de la population magique. La mort d’Harry Potter en a bouleversé plus d’un. Si Luca Zabini n’en a que faire, se fichant bien des conflits entre les Mangemorts et l’Ordre du Phénix, il est suffisamment intelligent pour savoir où sont ses intérêts : la mort de Potter n’est pas une bonne nouvelle pour ses affaires. Cela signifie que le Blood Circle prend de l’ampleur et que la trêve entre les différentes opinions des sorciers n’est plus vraiment respectée ; celui qui ose dire que le remplaçant de Potter joue son rôle à la perfection est un fou. Ce n’est qu’un simulacre destiné à calmer l’Ordre mais bon, il n’aura jamais l’aura qu’avait Potter, il ne pourra jamais soulever des foules comme Potter l’aurait fait. Luca le sait bien. Au-delà de ça, l’héritier des Zabini demeure inquiet pour Rose. Depuis qu’elle a intégré le conseil d’administration, des plis soucieux se sont crées sur le front du jeune italien alors qu’il sait qu’elle s’est exposée en acceptant cette responsabilité. Luca n’était pas vraiment d’accord pour qu’elle se jette ainsi en pâture aux dragons mais il n’avait pas pu la raisonner, elle n’en avait fait qu’à sa tête. Encore une fois, au-delà de l’aspect pragmatique et l’inquiétude que cela expose la Cosa Nostra, Luca demeure toujours préoccupé pour sa meilleure amie ; il sait qu’elle n’a nul besoin de lui pour se défendre, étant suffisamment forte pour se débrouiller seule mais il ne peut s’en empêcher. Avoir un œil sur elle était rassurant pour lui. Alors qu’elle est confortablement installée dans le canapé, vaquant à ses occupations, Luca l’observe attentivement alors qu’il vient à peine de sortir de la douche, une serviette nouée autour de ses hanches. Il allume la machine à café et en fait couler deux tandis qu’il retourne près de son armoire afin d’enfiler distraitement un caleçon, un jogging et un vieux tee-shirt noir. Avec Rose, nul besoin de fioritures, nul besoin de faire comme si ou de s’adonner à faire semblant. Il apporte les deux tasses qu’il dépose sur la table basse et s’installe auprès de la jeune femme. Il demande : « Tout va bien ? » C’est tout Luca : demander à Rose comment elle va alors que la vie de Luca part à vau-l’eau. Rose s’est réfugiée chez lui depuis maintenant quelques jours : Luca n’a rien demandé. Il a compris. Des brides d’explications douloureuses : son oncle, la mort de Potter, le Ministère, le Conseil. Il n’en fallait pas plus pour qu’il lui ouvre les portes de son appartement, toujours prêt à apporter son secours à une des femmes de sa vie. Avec lui, Rose pouvait se permettre d’être elle-même, là où elle se dissimule souvent sous d’autres apparences grâce à son don, Luca glisse ses yeux dans son regard havane et soupire doucement. Le fait que Rose soit là lui permet aussi d’éviter de songer aux autres soucis qui l’assaillent.

La Cosa Nostra va mal. Luca va mal. Malgré une brève accalmie après l’été, Luca a replongé plus profondément dans la drogue depuis et ses prunelles sont de plus en plus souvent rougies par la cocaïne qu’il sniffe régulièrement. Malgré le fait que Rose soit chez lui depuis maintenant quelques jours, Luca n’a pas cherché à s’en cacher, pas d’elle. Il lui avait promis de faire attention, il lui avait promis de prendre soin de lui et de diminuer sa consommation mais depuis quelques semaines, c’était devenu trop difficile de s’y tenir. Elle le sait très bien, la vie de Luca est une succession d’événements douloureux, sans discontinuer, comme s’il n’avait pas le droit de prendre une pause. Il lui avait tout de même dit que maintenant qu’Anjelica était au courant, c’est différent. Ils avaient passé un marché -du moins, Anje l’avait forcé à accepter celui-ci-, chaque fois qu’il se droguait, elle en faisant autant. Cela l’avait obligé à diminuer drastiquement sa consommation après le procès, se cachant parfois et dissimulant à sa sœur les moments où il ne pouvait plus tenir. Voir Anja défoncée quasiment tous les week-ends par sa faute était une déchirure, surtout sachant qu’il en était la cause. Au fur et à mesure que les semaines passaient, Luca en est venu à se demander si ce n’est pas ce qu’elle souhaitait finalement : oublier ? Oublier Jaeden ? Luca ferme les yeux en attrapant sa tasse de café. Voilà une des raisons pour laquelle il ne savait plus où il en était. Le break entre Jaeden et sa sœur durait, durait et durait. Anje lui avait pourtant dit que c’était fini mais Luca ne veut pas y croire, il ne peut pas y croire. Il fondait tellement d’espoir en eux, tellement d’espoir en leur couple qui pour lui était la preuve que l’amour n’était pas une faiblesse. Que c’était possible. Son esprit divague sans le vouloir vers Théodora et il soupire encore plus fortement, se refusant à se laisser tomber sur cette pente glissante. Luca est confus et ne sait plus bien où il en est. La présence de Rose lui permet au moins d’arrêter de faire semblant, au moins un instant. Il repose sa tasse et attrape son carnet de croquis. Des visages familiers prennent forme sous le fusain qu’il tient fermement en main, les traits d’Anjelica, des traits contrariés, viennent bien confirmer toute l’inquiétude qu’il ressent envers sa petite sœur. Anjelica, c’est son roc, son ancre, sa vie ; il lui sera fidèle jusqu’à son dernier souffle. Mais pour autant, il ne savait plus non plus comment se positionner envers Jaeden. La confusion règne dans l’esprit du jeune rital, tout autant que dans celui de la jeune auror. Est-ce pour cela qu’ils se sentent tous deux en sécurité, assis l’un à côté de l’autre dans ce canapé ? Peut-être. Après sa question, Luca garde le silence, la seule présence de Rose signifie déjà beaucoup.