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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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L'enfer du décor :: Extension Charm :: One Shot
Anonymous
Invité
INRP
IRL
Sam 30 Oct - 23:14
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L'enfer du décor
One-shot Ϟ 01 octobre 2016


La mélopée du soir.
Ses yeux bruns fixaient l’immeuble. Dressé vers les cieux.
La lèvre tremblante. Le frisson. Le corps éperonné.
Son cœur battait... durement contre sa poitrine.


Une longue inspiration.
Une si haute tour de verre et d’acier. Narguant fièrement la Lune dont elle espérait voler l’admiration. Sa future prison.
Une dualité faisait rage en son être. Une part d’elle-même restait glacée d'effroi. L’autre, conquérante, finit par s'imposer à la première, lui ordonnant d’avancer le pas. De retour au pays depuis quelques heures à peine, Rose avait tout juste eu le temps de déposer et présenter son rapport sur sa mission au sein de la mafia sorcière italienne. Répondre aux multiples questions inquisitrices. Être brève, professionnelle, sans laisser ses émotions interférer. Mais malgré tout, le choix avait été fait de la retirer des équipes opérationnelles, le temps qu’elle se pose. Repose. Fasse son deuil. L’annonce avait sonné comme une sentence. Comme une énième partie d’elle-même qu’on lui avait arrachée, avec maladresse et à la volée. L’Italie lui avait décidément tout pris.

En pénétrant dans le hall, ses yeux se posèrent sur le petit bureau à l’accueil, où un elfe de maison relevait un visage aussi osseux que volontairement amical, une étincelle rassurée au fond de ses yeux sombres.
- Bienvenue chez vous, miss Cartwright.
Vous… Miss… deux mots innocents, mais terribles. Les dents de Rose raclèrent les unes contre les autres le temps d’un mouvement de déglutition.
- Merci Roody…
Se dirigeant vers l'ascenseur magique, d’une démarche mécanique, elle entendit à peine la voix du petit être lui annoncer qu’il la rejoignait dans un instant. Face à elle, les portes de la cabine s’ouvrirent, la laissant entrer dans l’antre de métal et rouages enchantés. Pas un son ne passa les lèvres de la sorcière, tandis que les cloisons se refermaient derrière elle. S’élevant dans les étages, les yeux fixés sur la lueur opaline du plafonnier, Rose sentit son ventre se torsader. D’angoisse audible. De souffrance opprimée. De déni.
Un tintement et elle sortit de ses cauchemars, s’avançant dans le couloir qui la conduisait jusqu’à cette porte verrouillée. Imprenable. Presque insurmontable. La dernière étape pourtant. Passant la main à son cou, Rose en tira la chaîne, extirpant une clé travaillée de sous son chemisier. Chaude sous ses doigts glacés. Elle l’observa un bref instant, comme un moment suspendu dans le temps, un rare répit avant d’affronter ce qui l’attendait.
Dans la serrure, la clé tourna. Dans la porte, les rouages jouèrent leur mélodie. Dans le cœur de Rose, la fanfare funeste débuta.

La porte passée, refermée en un faible claquement étouffé, Rose observa d’un regard apathique son environnement. L’appartement n’avait pas bougé. Chaque chose était à sa place, là, comme elles avaient été laissées plus d’une année auparavant. Nulle trace du moindre grain de poussière. Tout semblait n’avoir jamais été déplacé. Roody s’était occupé de tout. Seul l’air n’était plus le même, comme altéré par le temps et l’absence. Et ce silence assourdissant semblait désormais bien installé...
Délaissant sa valise à l’entrée, contre le grand miroir dont elle ignora le reflet, la sorcière s’avança entre les murs. Chaque enjambée la rapprochait du cœur du salon. Du cœur d’un avenir qui s’était voulu radieux. À chaque pas, ses yeux errèrent sur un nouvel élément. Ses doigts sur le bois de la table lisse, le toucher cotonneux du dossier de l’une des chaises, le côté capitonné du cuir du canapé, la rudesse de cette veste oubliée dessus… Un pan de ce textile délaissé glissa dans sa main, alors qu’elle reconnaissait cette coupe, en redéfinissait les contours. De ses souvenirs émergents, le visage de son défunt compagnon se dessina doucement. Sa poigne se referma brusquement sur le vêtement, l’arrachant à son repos inadmissible. Les sourcils froncés, ses pas plus francs, Rose se dirigea vers le buffet au fond de la pièce. De son regard, elle parcourut les bibelots, les photos encadrées où de vieux sourires fusaient comme survivants dans une bulle temporelle et immuable. Regard qui glissa, terne, de l’un à l’autre, sans le moindre attachement. Jusqu’à ce que l’Auror ne tombe sur l’écrin de velours. Rèche, la veste sembla soudainement brûler sa peau, tandis que son corps tout entier semblait monter en température. Cette fois, la Cartwright ne parvenait pas à se détourner de cette petite boîte d’un bleu profond. Instinctivement, elle savait ce qu’il s’y trouvait. Le redoutait. Et pourtant, sa main s’avança en sa direction dans l’intention de venir cueillir le contenant. Plus les centimètres qui la séparaient de la chose étaient réduits, plus ses doigts étaient pris de tremblements. Imprévus. Insupportables…
Sous sa pulpe, le velours roula presque, comme se voulant réconfort et allié pour elle. Elle qui n’avait ici aucun allié.
Remémorant une belle histoire. La veste lui échappa des mains, comme un poids soudainement trop lourd à supporter.
Son histoire. Elle se saisit de la boîte des deux mains, l’écrasant presque sous la violence de l’émotion qu’elle tentait de refouler.
Leur histoire. La tempête s’agita, hurlant son ire.
Un souvenir éteint. Son sang sembla courir trop vite, empoisonnant son esprit.
Profondément enfoui. Ses tempes tambourinaient si fort qu'elle se faisait sourde au monde.
Enterré avec lui. Tout n’était que désastre.
Enterré si vite. Elle n’était que douleur.
Trop vite. Il n’était plus…

Elle était la seule fautive !

Un son. Une voix au fin fond de l’univers insipide et figé autour d’elle. Le souffle court, le sang rongeant ses muscles à vif, Rose papillona encore quelques instants avant de prendre vaguement conscience du présent. De reprendre de maigres repères. La voix se renouvela. D’une inquiétude non contenue :
- Miss Cartwright ? Que s’est-il passé ?
Dans une soudaine inspiration, Rose s’ancra à la réalité. L’Auror releva la tête, se découvrant au milieu des débris d’un passé qu’elle voulait anéantir et oublier, d’une réalité trop dure à encaisser. À genoux parmi les décombres des choses qui l’avaient entouré peu de temps encore avant, une colère sourde grondait encore en son être, insatisfaite du carnage inachevé. Roody, visiblement agité, s’avança à petits pas vers elle pour la rejoindre. Dans ses mains se balançaient les cages de la douce Hel d’un côté et du taciturne Loki de l’autre. Sa chouette à elle. L’hibou de son fiancé.
Un hurlement brisa le trouble qui régnait. Déchirant. Brisé. Elle n’aurait jamais pu croire qu’il puisse provenir de ses propres poumons. Pas ainsi.
- Sortez d’ici !
Stupéfait, errant dans une incompréhension palpable, Roody se stoppa aussitôt, reculant même de deux pas. L’espace d’une fraction de seconde, il sembla hésiter. Déposant les deux cages au sol, renouvelant une avancée, les mains en avant en quête d’apaisement. Mais un crépitement surnaturel eut raison de sa témérité. Dans un fracas soudain, le verre de l’horloge moldue au mur explosa, laquelle chuta et acheva de se briser au sol. Les tessons se mirent à cliqueter, menaçant, chantant une funeste promesse, tandis que l’elfe de maison revint sur ses pas, quittant l’appartement, emportant les deux oiseaux en se répandant d’excuses sincères, mais creuses aux oreilles sourdes de l’Auror.


L’odeur dénaturée d’un chez-soi.
Ses yeux d’or fixaient l’horloge. Fracassée à ses genoux.
Le rictus grinçant. Le fiel. L’esprit lacéré.
Son cœur battait… douloureusement contre ses mains


Une brusque expiration.
Un gémissement soudain. Plaintif. Long. Comme si soudainement son âme se brisait en éclat pour ne laisser entendre plus que cela. Une complainte, étranglée de sanglots imprévisibles. Dérangeants. Des chimères qu’elle ne supportait pas d’entendre. Qu’elle voulait à tout prix faire taire. Qu’elle refoulait avec aversion. Qui l’étranglait opiniâtrement en retour. Étouffée dans l’eau salée, acide, noyée dans son océan de chagrin, elle ne faisait plus aucun cas de sa propre existence. Toutes ses pensées étaient tournées vers lui : Erwan. Son nom rugissait comme un orage en elle. Persistant. Invisible et toujours présent.
Il lui manquait. Il manquait tant. Elle ne parvenait plus à avancer sans lui. Pas ici. Pas en ce lieu. Pas dans ce pays. Tout le lui rappelait. Alors quoi ?! Que faire ? Reprendre sa destruction enragée ? Fuir tout ce qu’ils avaient construit ? L’appartement ? Sa carrière ? Le pays ? Pour aller où au final ? Retourner en Italie, le pays qui l’avait abattu ? Revenir auprès des siens en Irlande ? JAMAIS ! Quelle alternative ? Se reforger ? À partir de quoi ? Elle avait perdu sa volonté de se battre. Quand la douleur perdra-t-elle son propre combat ? Autrement quoi ? Effacer ces souvenirs dont elle était l’esclave ? Brûler leurs photos, les vêtements, tous les restes de cette vie à deux qui avait fait briller leurs cœurs unis ? Tracer un trait définitif et faire comme si rien n’avait jamais existé ? Comme s’il n’avait jamais fait partie de sa vie ? Qu’on ne lui avait jamais pris la sienne alors qu’il avait tant encore à vivre ? Tout ça par sa faute ? SA PUTAIN DE FAUTE !
Si elle avait réagi plus vite à l’attaque surprise. Si elle l’avait seulement écouté. Si elle n’avait pas été si bornée. Si elle ne s’était pas faite piégée. Si elle n’avait pas fait ce maudit plan. Si elle n’avait pas accepté cette foutue mission. Si elle n’avait pas fait le vœu idiot d’être dans la même équipe que lui après sa formation. Si elle ne lui avait pas égoïstement demandé de la suivre et de s'engager dans la voie des Aurors. Si elle n’avait pas cherché à être près de lui à longueur de temps. Si elle n’était simplement pas tombée amoureuse. Si elle l’avait juste laissé être l’homme qu’il aurait voulu être depuis toujours… Qu’il aurait pu être. Et qu’il ne serait désormais jamais.

Relève-toi… Relève-toi !

Elle s’était tant tordue en deux, qu’elle avait l’impression de bientôt rompre. De se briser. Elle voulait faire cesser la folie de ses regrets. Des fautes qui dansaient dans la tempête de ses pensées, acclamant sa faiblesse.
Dans un mouvement brusque, Rose resserra son emprise sur l’horloge qui craqua sinistrement entre ses mains, logeant malencontreusement un morceau de verre au cœur de sa paume gauche, lui arrachant une grimace. Lui offrit une étincelle fugace de résilience. Dans cet élan soudain de surmonter ses cauchemars, Rose se remit sur pied, le souffle brûlant ses lèvres ensanglantées par une morsure qu’elle desserrait à peine. Où que se portait son regard, il était là. Dans ce sanctuaire du passé dont elle était l’unique gardienne. Comme un fantôme qui ne disparaîtrait pas si elle ne le permettait pas. C’était la seule chose à faire… La seule qu’elle parvînt à accepter. À tolérer. Ça ne suffirait jamais pour qu’elle puisse un jour se pardonner, jamais, mais c’était sa seule idée. La seule qui lui parvenait au travers de ce tumulte de rage désespérée.
En un mouvement, rodé par ses habitudes d’Auror, la baguette magique de la sorcière sortie, dansant entre ses doigts et se mit à dicter dans les airs une partition improvisée. Chaque meuble se relevait pour survoler la pièce et se poser convenablement. Chaque élément retrouvait sa place sur le buffet, au sein des bibliothèques. Chaque morceau brisé revenait se fusionner à ce qu’il était censé être à l’origine. Très vite, rien ne laissait entrevoir le carnage qu’il y avait eu ici cette nuit. À deux éléments près.
L’horloge moldue, rattachée au mur en un mouvement du poignet, tournait, trottait pour ce temps qui avançait sans attendre quiconque. Un tic tac incessant. Entêtant. Mais la violence du silence l’aurait tué. Quant au cadran, lui, il restait brisé. Volonté sommaire. Vestige de sa colère. De sa détresse. De son erreur. De ce jour. Les fragments de verre brisé furent envoyés sans vergogne dans le monde du non-être avec un evanesco.
Quant au dernier détail… Rose se détourna. C’était au-delà de ses forces. De retour à la réalité, elle n’était plus qu’une traîtresse. Une meurtrière. Le fantôme d’elle-même. De ses rêves. De leurs projets.

Précaire, son équilibre n’était plus vraiment. Son environnement, qu’elle connaissait pourtant si bien, lui semblait vaguement éloigné d’elle. Presque absent. Inconsistant. L’oxygène l’oppressait presque. Ses gestes de plus en plus déconstruits, elle n’insista pas plus. Elle connaissait les signes. Les subissait suffisamment pour les anticiper. Rose se dirigea vers le canapé central, invoquant par magie une couverture qui l’emmitoufla alors qu’elle se laissait rudement tomber sur la banquette. Accueillir dans un bruit étouffé. Vidée d’énergie. De volonté. D’espoir. Rose usa de ses dernières réserves de rationalité pour appeler d’un accio informulé sa valise, qui voleta jusqu’à elle, puis d’énièmes sortilèges pour l’ouvrir et en sortir une bougie qui se déposa délicatement sur la table basse. La mèche à peine allumée, Rose suivit des yeux la flamme naissante danser et faire iriser les reflets nacrés de la cire. Très vite, le parfum qui s’en dégagea acheva de la vider de ses dernières forces et volontés. Même sa rage sembla fondre à l’image de la large chandelle. Cela faisait des mois que Rose la traînait avec elle. Depuis l’Italie, la sorcière ne jurait plus que par ça. C’était la seule chose capable de la calmer vraiment. De l’emporter dans une bulle onirique et parfaitement illusoire. L’amortentia qui servait de composante de base à la cire n’avait pour seul effet que de libérer des effluves différents pour chacun. Pour Rose, c’était une odeur de feu de cheminée au bois de châtaignier, l’arôme d’un champ de coquelicots qui bordait le domaine des Cartwright et bien sûr… le parfum musqué d’Erwan.
C’était la seule façon qu’elle avait trouvée. Se laisser bercer par son odeur. S’entourer d’une illusion. D’une présence impossible. Sans tout cela, chaque souvenir ancré en elle revenait sans cesse, se relayant, l’empêchant de trouver le sommeil. L’usure ne lui permettait alors pas de s’échouer. Elle se noyait seulement dans l’océan de douleur, éternel dans son châtiment. La lutte chaque jour. La peine qui étrangle. Oui, elle se mentait. Comme elle mentirait à tous pour le reste de son existence, elle le savait bien. Elle bâtissait depuis des mois des murs si hauts, infranchissables, que jamais personne ne saurait la vérité. Ni de ses pensées, ni de ses crimes. Un masque qu’elle portait à la fois comme un fardeau et comme la seule échappatoire.
Un soupir tremblant passa la barrière de ses lèvres, tandis que sa joue venait se poser contre l'un des coussins d’angle du canapé, qui se fit hospitalier. Ses bras se resserrèrent contre sa poitrine, accentuant l’étreinte de la couette autour de son corps. Comme pour se protéger. S’abriter. Cacher ses peurs. Ses pensées. Son corps. Elle ne voulait plus que quiconque ne puisse poser les yeux sur elle pour attester de son état. Elle ne voulait plus voir quiconque. Entendre qui que ce soit. S’entendre dire qu’elle était folle. Folle..? Pire encore… Que l’on pense et lui dise que tout cela était sa faute. Rose le pensait déjà bien assez seule. Elle ne supporterait pas qu’on lui mette sous les yeux cette faute qu’elle ne parvenait pas à se pardonner. Perdue dans l’abîme où elle s’était jetée, elle ne parvenait plus à refaire surface. Doutait d’en être capable un jour. Se demandait si elle ne finirait pas par mourir dedans. Si ce n’était pas déjà le cas. Son désespoir, lui, avait appris à nager bien avant qu’elle ne puisse commencer à manquer d’air.
D’un point de vue extérieur, on lui avait cédé un an pour se remettre. De son point de vue à elle, on l’avait jeté dans cette tourmente pour une année pleine. Sa raison l’enlaçait, s’effilochant au contact de ses larmes acides. L’amertume vint rouler et s’offrir à ses lèvres.


Le goût salé des larmes.
Ses yeux bleus fixaient l’écrin. Délaissé au loin.
La mâchoire écrasante. Le vertige. L’âme décharnée.
Son cœur battait… lui au moins.


Une dernière inspiration.
Le regard vide, Rose inspirait une dernière fois cet air trompeur face à la lueur, puis se détourna, son visage la menant au creux de son oreiller.
Asphyxie de l’esprit.
Enchaînée dans le passé.

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