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S’il est si beau, si charmant, rejoins-le, mais gare à toi + Soly IV :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
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Ven 3 Sep - 17:09

Sofiane & Charly
⚜ S’il est si beau, si charmant, rejoins-le, mais gare à toi ⚜

Un soupir fila entre mes lèvres alors que je verrouillais téléphone. J’avais envoyé un message comme une lâche à Sofiane pour lui dire que je ne viendrais pas ce soir. Comme tous ces derniers vendredis… Je restais un instant à fixer l’écran noir redoutant une réponse de sa part. Il devait sûrement se demander pourquoi je l’évitais mais ces rendez-vous réguliers me perturbaient. Au début, je pensais que cela n’allait rien changer. Nous avions couché ensemble, la belle affaire. Puis il y avait eu cette soirée de merde organisée sur le thème de la guerre. Ce n’était rien à mes yeux. Rien, juste la possibilité d’évacuer les sombres réminiscences qui avaient envahi nos esprits. Nos rencontres toutes les semaines sur les toits de Londres. La proximité. Son regard qui se posait sur moi au travers de son appareil. Nos discussions. Nos rires. Puis cette fois de trop. Celle où j’avais eu l’étrange impression que ce n’était pas que du sexe. Et ça… Je ne me sentais  pas prête à assumer une telle situation. Je ne le pouvais pas. Pour Tim. Tout simplement. Mon téléphone vibra et je le poussais sans regarder. Est-ce que je culpabilisais ? Je ne savais pas vraiment ce que je ressentais. Je voulais simplement ne pas lui donner de faux espoir. Nous ne nous étions rien promis de toute façon. Il me connaissait un minimum et savait très bien comment je fonctionnais. Doryan m’avait de toute façon vendue devant lui en parlant de sexfriends alors que nous nous trouvions dans cette cage. Pire encore quand il l’avait appelé tonton Soso lors de la soirée évènement. Je devais mettre un peu de distance entre nous, c’était la seule solution pour calmer le jeu. Je le sentais au fond de moi. Ce n’était comme tous les mecs avec qui je pouvais m’amuser. Le fond du problème ce que j’appréciais le Rasak. Peut-être même plus que ce que je pourrais l’admettre. Que je ne pourrais l’assumer. Heureusement pour moi, ce soir je retrouvais Jonas dans un bar. Ça, c’était la base. Alcool, danse, un pote, que demander de plus pour passer une bonne soirée ?

Enroulée dans une serviette, je faisais défiler les cintres de ma penderie. Cela en surprenait plus d’un, mais j’avais une véritable passion pour la mode. Entre le Freerun et mon métier, j’avais davantage l’image d’un garçon manqué que celle d’une férue des podiums. J’attrapais finalement robe noire, près du corps. Si le décolleté était sage, le dos nu compensait largement. Une fois le tissu enfilé, je remontais mes cheveux en chignon dont quelques mèches s’échappaient. L’étape maquillage se concentra sur mes yeux azurés. Le message de Sofiane restant une pastille rouge non lue tandis que je lançais un regard à l’heure sur mon téléphone. J’étais déjà en retard et surtout je redoutais de lire sa réponse. J’enfilais ma paire de talons, attrapais mon sac et filais au pied de mon immeuble où un Uber m’attendait pour me rendre au point de rendez-vous. J’allais boire et il était donc hors de question que je prenne ma voiture.

Une fois sur la place, j’écrivais à Jonas pour savoir où il se trouvait. Le bar était bondé, la musique faisait déjà danser quelques personnes. Je sentais déjà l’envie de les rejoindre m’envahir. J’avais vraiment besoin de me vider la tête. Je recevais une réponse et la grande carcasse du métisse se dessina dans un coin du bar. Apprêté d’une chemise blanche et d’un jean noir, Jonas attirait tous les regards sur lui. Désolée mesdames, il est déjà pris et j’avais bien fait d’en profiter avant. Je lui fais un signe de la main, sourire aux lèvres et je me dépêche de le rejoindre passant à travers la foule. Une fois arrivée à sa table, je remarque qu’il a déjà commandé de quoi ouvrir le bal. « C’est parti ! » dis-je en m’installant dans un éclat de rire. Nous discutons de tout et de rien. Le temps semble passer à une vitesse folle ou peut-être que c’est dû à l’alcool que j’ingurgite. Trop comme toujours. Surtout que je ne tiens vraiment pas bien. Je me sens légère. L’euphorie me gagne et j’en profite. Demain matin, la réalité reviendra nous frapper de plein fouet. Autant se délecter de l’instant.

Nous sommes, pour le moment, restés assis mais alors qu’une chanson que j’adore se déverse dans les lieux, je me lève d’un bon et attrape le bras de Jonas pour l’entraîner avec moi, ne lui laissant pas réellement le choix. Au milieu de tous les Londoniens, je me mets à bouger en rythme sur la piste en compagnie de Jonas. Je ris, souris. Même si la partie sexe n’est plus, le friend est toujours présent. Plusieurs musiques s’enchaînent, j’ai même récupéré mon verre que je bois entre deux pas. Un instant, je crois voir Sofiane au milieu de la foule. Je ralentis mon rythme, cherchant du regard le Syrien. Je dois être trop obnubilée par cette histoire… Alors qu’un autre air  démarre, Jonas me dit qu’il a besoin de prendre un peu l’air. De mon côté, j’ai surtout envie de m’asseoir et de prendre un verre d’eau. Je me dirige la démarche sûrement légère vers le bar contre lequel je m’appuie. Je commande un cocktail en plus et bois le liquide frais en attendant. Je sens alors une personne se glisser entre moi et la jeune femme qui se trouvait à ma droite. Si je ne le regarde pas de suite, je sens le poids de ses iris sur moi. Rapidement un parfum que je ne connais que trop bien vient me chatouiller les narines. Je relève le visage et fixe d’un air étonné le nouvel arrivant. « Sofiane ? » Oui… bon… je vois bien que c’est lui. Après avec les quelques verres que j’ai dans les veines, j’ai le droit de poser des questions stupides. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Cerveau inactif, c’est fait. Je lâche un petit rire. C’est ridicule. Je tente de reprendre comme si de rien n’était. « Londres est petit ! » Mes prunelles croisent ses obsidiennes et un frisson me traverse. Ce que je lis dans ses iris n’est pas de bon augure.
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Sofiane Rasak
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SOLY IV - Décembre 2020 - Bar de Londres
Après avoir répondu au message de Charly, Sofiane regarde l’écran de son téléphone pendant de nombreuses minutes, attendant une réponse qui ne vient pas et le jette finalement brutalement au sol. L’écran de celui-ci se fêle et les mains de Sofiane viennent rencontrer son visage ; il se frotte les yeux, passe la main dans ses cheveux ne sachant pas comment réagir à la réception du message. La colère, la rage, la souffrance, le manque. Tout se mélange dans la tête du jeune syrien qui se recroqueville en boule sur le toit de la British Library, là où il a attendu Charly pendant ce qui lui semble des heures. Si au début, elle venait, au fur et à mesure que les semaines passaient, sa présence se faisait de plus en plus rare et le froid du mois de décembre n’est rien en comparaison des émotions glacées de Sofiane. Il est tard, il fait nuit, le ciel est dégagé et Sofiane lève la tête vers les étoiles en sortant son couteau. Ses yeux furètent aux alentours mais il est seul, désespérément seul et personne pour subir sa colère. Soit. Sofiane s’assoit sur le rebord du toit et baisse son pantalon jusqu’aux chevilles. La lame froide de son couteau plaquée contre sa cuisse gauche, il appuie et lacère sa peau, le sang coule et il regarde l’hémoglobine tâcher son épiderme. Putain. Cela faisait plusieurs mois qu’il n’avait pas fait ça, plusieurs mois que les cicatrices s’étaient refermées et devenues blanches, presque invisibles. La frustration accentue son désir de se faire mal, de ressentir quelque chose qui lui permet de se canaliser et de ne pas succomber à d’autres excès, une douce folie meurtrière vient de l’envahir et il lève la lame et un nouveau trait rouge vient se dessiner sur sa peau basanée. Sa respiration s’accélère et se coupe quand la douleur irradie dans sa cuisse en même temps qu’elle lui apporte un doux réconfort, le réconfort de la constance. Sofiane sait qu’il aura mal et il sait comment il aura mal ; rationnellement, ces lacérations le font moins souffrir que ce putain de SMS qu’il ne peut pas contrôler, encore moins maîtriser. Au bout de ce qu’il lui semble des heures, le téléphone au sol vibre et une pastille rouge s’anime sur l’écran cassé. Mademoiselle C a publié une story Instagram. Sofiane se précipite sur l’écran qu’il peine à déverrouiller avec le verre trempé brisé et ses yeux s’assombrissent. Ses yeux scrutent la photo avec la localisation du bar et sans se laisser le temps de réfléchir, il attrape son sac et saute de toit en toit, oubliant la douleur qui s’éveille sur sa cuisse à chaque nouveau saut. Une fois au sol, Sofiane s’engouffre dans le métro. Il ne perçoit pas les regards insistants des autres voyageurs sur son jean taché de sang et sur la tâche qui s'agrandit au fur et à mesure. Il arrive devant chez lui en quelques minutes. Il pénètre comme un fou furieux dans son appartement, claquant la porte avec une telle vigueur qu’elle aurait pu sortir de ses gonds. Ce simple acte de colère lui permet de se recentrer, se reconcentrer. Il a une idée en tête. Une mauvaise idée, c’est vrai.

Il file sous la douche. Une fois propre, il nettoie le sang qui coule encore sur sa cuisse, panse la blessure méthodiquement à l'aide d'un bandage. Puis il s’habille. Un pantalon noir, une chemise noire. Il rabat ses cheveux en arrière comme à son habitude et enfile son blouson de cuir. Il fourre son téléphone défoncé dans sa poche arrière avec son porte-feuille et attrape ses clés. Il conduit la voiture jusqu'au bar et s’engouffre dans un parking souterrain à proximité. Sans perdre de temps, il pousse la porte et inspecte tous les coins du bar avant de porter son dévolu sur la piste de danse. Rapidement, ses yeux repèrent la silhouette longiligne de Charly. Sofiane l’observe sans se montrer pendant quelques minutes, la regardant danser outrageusement avec cet homme qu’il a bien envie d’éclater au sol. Surtout compte-tenu de la tenue de la jeune femme : une robe noire sexy, des cheveux relevés en un chignon élégant, Charly attirait les regards sur elle et il se retient pendant longtemps de bouger. Il sait une chose, s’il bouge, le mec qui danse avec Charly sera un homme mort. Un cadavre sur la piste de danse ferait mauvais genre et Sofiane en est bien conscient. Les codes sociaux, Sofiane, les codes sociaux. Il se répète cette phrase dans sa tête, telle une litanie sans fin, sachant très bien qu’il perdra le combat et qu’il effrayera Charly si jamais une de ses réactions est jugée trop excessive. La difficulté ? Pour Sofiane, casser la gueule d’un mec qui danse un peu trop près d’elle n’a rien d’excessif. Comme quoi, tout dépend de comment on voit les choses. L’occasion d’aller demander des explications se présente d’elle-même lorsque le métisse qui est un putain de BG franchement on se demande qui c’est ce mec se décroche d’elle et qu’elle se dirige vers le bar. Où elle commande un cocktail. Avec sa démarche féline, Sofiane s’immisce entre elle et une autre femme et son regard vient scruter le visage de Charly. Elle ne tourne pas la tête immédiatement et lorsqu’elle le fait, elle joue les étonnées. Charmant. Le regard dur, sévère, strict, ténébreux de Sofiane la toise sans dire un mot, sans prononcer quoi que ce soit alors qu’elle dit son prénom, qu’elle lui demande ce qu’il fait là et joue la carte du hasard. Est-elle à ce point si idiote ou c’est lui qu’elle prend pour un imbécile ? Sofiane n’en sait rien et décide d’ignorer Charly, détournant son regard vers le barman. « Un double Wiskey s’il-vous-plaît. » Le serveur le lui apporte et les lèvres de Sofiane viennent immédiatement ingurgiter l’alcool d’une seule traite. « Un autre. » L’homme fronce les sourcils et s’exécute. Sofiane se tourne lentement vers Charly et dit : « Oui, quelle coïncidence, vraiment. » Puis il ajoute : « Tu es en bien bonne compagnie ce soir. » La musique du bar empêche presque ses mots de ressortir aussi piquants qu’il le voudrait. Sofiane est mécontent, il est furieux. Ses doigts se crispent sur son verre qu’il se retient d’avaler tout aussi sec.
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Mar 7 Sep - 0:42

Sofiane & Charly
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Cette soirée me faisait du bien. J’avais arrêté de trop réfléchir à partir du moment où j’avais croisé le regard chaleureux de Jonas. Il avait cette faculté à transmettre sa bonne humeur. Ces derniers mois avaient été lourds en émotions et ce rapprochement avec Sofiane éveillait de vieux démons que j’avais toujours préféré ignorer. Je me les étais repris de plein fouet à mesure de nos rencontres. J’avais d’espace. De souffler. Je n’avais aucune intention de le blesser ni même de lui faire miroiter quoi que ce soit. Pour moi coucher avec un homme n’était pas un signe d’engagement. Ce que j’avais cru percevoir cette dernière fois où nos carcasses s’étaient retrouvées m’avait poussé à prendre de la distance. Au milieu de ce merdier, mon cerveau n’avait de cesse que de reposer l’image de Tim et moi. J’avais même regardé de vieilles photos qui se trouvaient sur mon téléphone comme pour mieux raviver ce qui me tenait loin des hommes et du moindre engagement avec eux. Je ne pouvais donc pas continuer ces rendez-vous qui prenaient un chemin que trop douteux à mes yeux. Je me refusais de m’attacher et j’avais envie de me prouver que je pouvais toujours m’amuser et flirter à droite et à gauche. Si Jonas était en couple, il y avait bien assez de célibataires dans ce bar pour m’aider sur ce chemin.

Tandis que mon compagnon me disait qu’il avait besoin de sortir respirer l’air de l’extérieur, je me décidais pour aller prendre un autre verre. Un petit Mojito bien frais, c’était parfait. Voulant éviter une migraine, je demandais également un peu d’eau en attendant. La présence de Sofiane à mes côtés quelques secondes plus tard me laisse déboussolée. J’étais loin d’imaginer qu’il serait ici ce soir.  Il devait bien avoir une vie en dehors du Blood Circle, du freerun ou de son travail. Mais qu’il soit au même endroit que moi alors que j’avais annulé notre rencontre quelques heures tôt, il fallait le faire. Mon regard bleuté se retrouve accroché à ses obsidiennes si sombres. Il semble si froid et distant que cela me trouble. Je tente d’ouvrir la discussion, mais je sens clairement qu’il n’a pas apprécié que j’annule encore une fois. Pourtant, nous n’allions pas faire ça tous les vendredis jusqu’à la fin de notre vie. J’avais d’autres personnes à voir, d’autres façons de m’amuser. Il détourne la tête et commande un double whisky sans même prendre la peine de le répondre. Je le fixe désabusée par son comportement alors qu’il se tape son alcool cul sec. Ma boisson arrive en même temps tandis qu’il en demande un autre. Même quand il sort pour s’amuser il fait la gueule le Rasak ? J’attrape mon cocktail et utilise la paille pour boire quelques gorgées.

Quand enfin il daigne me répondre, sa voix est emplie d’ironie et je percute que ce n’est peut-être pas le hasard qui l’a placé ici. Putain d’Instagram. J’ai pris photo mon verre et celui de Jonas en  identifiant le lieu. Ce soir pas de freerun, mais une sortie en bonne compagnie ! Je l’avais fait, car les gens m’écrivaient pour savoir si j’allais poster. Etant totalement anonyme sur mon compte, je m’étais dit que je ne risquais rien à localiser le bar. Sauf quand la personne me connaît, comme c’est le cas de Sofiane. « Oui, je suis avec un ami. » répondis-je assez sèchement. Si j’étais grisée par l’alcool, la tête me tournant légèrement, j’étais encore capable de voir quand on se fichait de moi. D’ailleurs Jonas apparut devant moi avec une mine contrariée. « Ca va ? » me demanda-t-il en nous observant. C’était certain qu’on ne devait pas respirer la joie de vivre depuis l’extérieur. « Oui, t’inquiète, c’est Sofiane. Et toi ? On dirait que tu as eu une mauvaise nouvelle. » répliquais-je en fronçant les sourcils. J’avais employé un ton enthousiaste, qui se voulait rassurant. Je connaissais Jonas depuis assez de temps pour savoir qu’il allait s’inquiéter si je n’étais pas assez convaincante. Le métis m’informa alors qu’il avait reçu un appel de sa famille et qu’il devait les rejoindre d’urgence. « Merde, files… J’espère qu’il n’y a rien de grave. » Je le prenais dans mes bras avant qu’il ne s’éloigne et déposais une bise sur sa joue. Il jeta un oeil à Sofiane et quand je fis de même, je réalisais à quel point le Syrien dégageait en cet instant quelque chose de très sombre qui aurait presque pu paraître terrifiant. Je pressais l’avant-bras de mon ami pour le rassurer. Je ne risquais rien après tout. Du moins tant que je restais au milieu de cette foule…

Alors que nous nous retrouvions de nouveau seuls, je ne savais pas réellement quoi faire. Je pris une nouvelle gorgée de mon mojito avec ma paille et fis mine de regarder les gens danser. Toute la légèreté qui m’avait gagné semblait s’être soudainement envolée. J’avais beau courir après en sirotant rapidement mon verre, j’avais l’impression que c’était foutu. En temps normal, j’aurais certainement traîné l’ancien soldat sur la piste en le provoquant pour qu’il ne se défile pas, mais l’envie n’était pas présente. Je finissais par le regarder, prenant la parole « Tu es venu exprès car que j’étais là ? » la question sortait certainement plus facilement parce que j’avais bu. Je lâchais un soupir. J’avais laissé mes affaires aux vestiaires gardant seulement mon téléphone. « Je vais rentrer je pense. » Je ne supportais pas son regard de plomb et Jonas partit, je n’allais pas rester toute seule à m’amuser ici. L’envie n’y était plus de toute façon.
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Jeu 9 Sep - 23:43
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SOLY IV - Décembre 2020 - Bar de Londres
L’esprit de Sofiane est confus. Il l’est déjà depuis plusieurs semaines, plongé dans un brouillard qui ne se disperse pas. Si sa vie entière peut être caractérisée par ces simples mots, il y avait toujours des périodes où ce sentiment brumeux s’accentuait au point qu’il ne parvenait plus à enrayer la colère qui l’animait. Cette colère destructrice était souvent dirigée vers les autres, parfois vers lui-même. Ce soir, c’est à lui-même qu’il a décidé d’infliger les sévices de l’irritation grandissante qu’il ressentait envers Charly. Charly avait toujours eu une place privilégiée dans l’existence du jeune syrien depuis qu’il était sorti de prison, depuis qu’Ambrose les avait réunis à nouveau. Charly, c’est son passé, c’est son présent ; était-elle son futur ? Sofiane ne pense pas si loin, il ne voit pas aussi loin. Mais pour autant, lorsqu’il la voit, c’est une partie de son ancienne vie qui ressurgit, qui revient le chatouiller et refaire surface, comme pour lui signifier qu’il ne pourra jamais oublier. Il n’oubliera jamais les horreurs de la guerre, se battre pour une cause dans laquelle on ne croit plus ; il n’oubliera jamais comment il aimait tuer sur le terrain, comment il aimait voir l’ennemi s’écrouler sous le feu des balles alors même qu’en face, l’ennemi n’avait rien d’un ennemi. Il ne s’agissait que de gamins désaxés comme lui qui obéissaient à des ordres venus d’un supérieur qui se foutaient probablement bien de savoir qui vit et qui meurt. Charly le replonge dans cet enfer et pourtant il ne cherche à aucun moment à couper court à tout ça. Pire, il en redemande vainement, sachant qu’il se sent plus fort en restant dans l’ombre du passé. Néanmoins, Sofiane vient uniquement de le comprendre maintenant que Charly vient de refuser -à nouveau- de le rejoindre, qu’elle cherche probablement à s’extraire de cette emprise malsaine des souvenirs.

Alors qu’il la cherche des yeux dans le bar, Sofiane ne peut s’empêcher de se demander ce qu’il allait lui dire. Faire croire qu’il est là par hasard serait indécent et cela serait la prendre pour une idiote. Ce qu’elle n’est pas. Sofiane se questionne, est-ce normal de débarquer en ayant une furieuse envie de la plaquer contre le mur et de laisser exploser sa colère et sa furie ? Sa jalousie ? Sa dépendance ? Qu’en est-il vraiment de ce qu’il ressent ? Tout se mélange à une vitesse folle et Sofiane se dirige vers le comptoir et l’ignore superbement jusqu’à ce que le serveur daigne lui donner son verre. Le ton employé par la suite est loin d’être sympathique et Sofiane hésite à déverser sa fureur alors qu’elle lui répond tout aussi sèchement. Il hausse un sourcil, prêt à répliquer sans une once de tact quand le métis avec qui elle dansait tout à l’heure s’approche d’eux et le photographe serre les poings pour s’empêcher de lui fracasser le crâne contre le sol collant de ce putain de bar. Charly bavasse avec l’homme et Sofiane observe la scène en espérant avoir l’air détaché, l’air de celui qui n’en a rien à faire alors qu’un vilain mot s’appelant jalousie prenait de plus en plus de place et que le corps entier de Sofiane se tend lorsqu’elle l’enlace et l’embrasse sur la joue.

Le silence s’installe et l’ambiance est très pesante malgré la musique qui tambourine dans les tympans et les conversations qui vont bon train autour d’eux deux. C’est la première fois que cela arrive en réalité et Sofiane se demande ce qui a changé. Pourquoi cela a changé et comment. Après tout, une certaine routine s’était installée après leur première fois sur les toits, Charly venait parfois, pas toujours mais Sofiane ne manquait jamais à l’appel, profitant de ces occasions pour prendre de la hauteur -c’est le cas de le dire- et penser à autre chose avant le week-end, souvent consacré à d’importantes tâches et besognes peu reluisantes pour le Blood Circle. Il y avait eu cette soirée organisée par les politiciens il y a quelques semaines. Puis cette autre fois sur le toit. Différente. Différente est le bon terme sans que Sofiane ne puisse vraiment expliquer ce qu’il s’est passé. À partir de ce moment-là, Charly est devenue distante. Et Sofiane a détesté ça. Au point de venir jusqu’ici ce soir. Il tourne à nouveau la tête vers elle lorsqu’elle lui demande s’il est venu exprès pour elle. Il répond, légèrement énervé : « Parce que tu te crois si importante ? » Puis elle lâche la phrase de trop. Rentrer. Rentrer ? Un bourdonnement s’installe dans sa tête, il bourdonne si fort, si intensément que plus rien ne semble avoir d’importance. « Pourquoi tu veux rentrer ? Il est pas tard. » La voix de Sofiane chancelle un peu et il se lève brutalement de sa chaise. Il laisse le verre qu’il a commandé au comptoir, n’en ayant plus rien à faire. Ses yeux se plongent dans ceux de Charly et il y décèle tellement d’émotions contradictoires qu’il ne peut pas du tout comprendre. « Je t’en prie Charly, fuis donc. Fais donc. C’est tellement plus facile. » La fuite est une option tellement simple et tellement facile à prendre lorsqu’on ne veut pas regarder la réalité en face. Il brise le contact entre eux et se dirige vers le coin fumeur. Sa main se glisse dans sa poche arrière pour attraper son paquet. Une addiction pour ne pas sombrer. Ne surtout pas sombrer. Sinon, la couleur rouge risque fort de recouvrir les murs de ce si joli bar. Un coup de pied dans un putain de tabouret qui traîne par là et Sofiane est sur les nerfs.
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Dim 3 Oct - 19:23

Sofiane & Charly
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Alors que Jonas s’éloigne, la bonne humeur et la légèreté qui accompagnaient notre soirée s’en vont avec lui. Le regard de plomb de Sofiane est lourd. Le silence également. Ce n’est rien en comparaison des rares mots qu’il prononce. Je le connais taciturne. Il n’est pas d’une nature très extravertie ou joyeuse comme je peux l’être. C’est d’ailleurs ce qui m’amuse quand je me confronte à lui pour tenter de le sortir de ses humeurs et le mettre dans une posture délicate. Ses iris me perturbent, ses paroles aussi. Mais ce soir, il me semble ne jamais l’avoir vu ainsi. Enfin si… sur des terres lointaines, à une autre époque de notre vie, je l’ai aperçu tant refermé. A cette période d’une vie qui n’existe plus, mais qui a pourtant marqué nos esprits plus que de raison. C’est peut-être pour cela que j’ai des difficultés à me rapprocher de lui finalement. Peut-être bien que c’est tout le contraire en réalité et que c’est ce qui me plaît. Comme retomber dans ses vices avec une pulsion malsaine. Comme faire un parallèle entre lui et Tim. C’est ce qui explose à l’intérieur de ma carcasse. C’est ce qui me perturbe et me fait douter. Suis-je vraiment attirée par lui ? Est-ce plutôt l’image qu’il me renvoie qui me complaît dans ma tourmente ? Quel merdier ! Tout cela, je ne sais pas y mettre de mot. Je ne suis même pas capable de le comprendre. Quoi en penser ? Je ne veux juste pas trahir celui qui aurait dû être mon mari. C’est une idée fixe. Je l’ai saisi un soir en discutant avec Olivia. Mes aventures sans lendemain. Tout cela, c’était lié à cette impression de faire quelque chose de mal. Comme si me remettre un jour en couple, c’était le remplacer. Je n’étais pas prête. Je préférais vivre avec son fantôme. Me replonger dans mes photos et vidéos avec lui. C’était plus simple que de tourner une page encore trop douloureuse.

Lorsque je lui demande s’il est venu volontairement ici, sa réponse est tranchante. Mordante. Ca me prend au dépourvu. Je lui lance un regard noir prenant une inspiration pour tenter de rester calme. Mon palpitant s’énerve au creux de ma poitrine. Je n’arrive pas à savoir si je me sens blessée par ses propos ou non. « Parfaitement. Le hasard semble l’avoir compris lui. » rétorquais-je avec cynisme. Mon regard s’accroche au sien avec provocation. L’alcool délie certainement ma langue et mon aplomb, mais j’ai du mal à croire à la théorie de la coïncidence. Ce qui me fait douter ça serait ses motivations à être venu jusqu’ici. Pourquoi se serait-il déplacé pour moi dans le fond ? Rentrer. C’est la meilleure chose à faire, il me semble. J’annonce la couleur à Sofiane et sa réponse fuse à nouveau tandis qu’il se lève brutalement. Ce soir, je suis son punching-ball verbal. Je me crispe légèrement et me redresse pour lui tenir tête. Il me dépasse de toute sa hauteur et s’impose par sa carrure, mais en cet instant, je m’en fiche totalement. « Parce que l’ambiance est à chier. » J’ai failli ajouter qu’elle l’était depuis qu’il était arrivé, mais cela me semble assez clair ainsi. Je n’ai pas besoin de lui faire un dessin après tout. Il doit bien s’en rendre compte tout seul. Mais la phrase suivante me déconcerte. Fuir. Je n’ai pas vraiment le temps de répondre qu’il s’éloigne. Je m’appuie au bar pour retrouver mon équilibre comme si son départ brutal et ses mots venaient de me heurter. Mon myocarde se presse à un rythme effréné. Cette joute verbale ne me laisse pas indemne. Je termine mon verre en tirant fortement sur la paille. Alors que je le pose sur le comptoir, je tente de reprendre mes esprits. Je replace mes mèches folles et réfléchis quelques secondes à ce qu’il vient de se passer sans y trouver de logique. Un type s’approche pour me proposer un verre et étrangement mon envie de batifoler tout à l’heure s’est envolée… Je refuse d’un sourire poli et prétexte devoir partir. Ce qui est vrai. J’ai perdu Sofiane de vue et je me dirige vers les vestiaires, traversant la foule. J’ai besoin d’air. Il fait trop chaud. L’alcool, le monde. Sofiane et son comportement si étrange…

Alors que je me trouve non loin des escaliers, je l’aperçois du coin du regard. C’est comme si j’avais senti sa présence. Il est à peine quelques pas. Je ralentis sans réellement m’en rendre compte. Mes yeux se posent sur lui. Sur sa cigarette qu’il porte à ses lippes et… Sur cette femme à ses côtés. Elle sourit, touche son bras. Se penche avec une sensualité vers lui. Elle lui offre certainement une vue sublime sur sa poitrine. Je secoue la tête et lève les yeux au cie. « Pauvre con… » Ca sort tout seul. Je ne sais même pas s’il m’a entendu, mais ce genre de mots, ça se lit facilement sur les lèvres… Je préfère filer avant de découvrir si mes paroles sont arrivées à lui. Je me dirige vers les marches et commencent à monter les premières cherchant à mettre rapidement de la distance entre nous.
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Sofiane Rasak
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Evite le drame, reste avec moi
SOLY IV - Décembre 2020 - Bar de Londres

Les émotions qui submergent Sofiane alors qu’il pénètre dans ce putain de bar sont aussi tranchantes que des lames de rasoir et font ressortir toute sa colère et toute sa déception. Alors qu’il remarque rapidement Charly en train de s’amuser avec un autre sur la piste de danse, il ne parvient pas à masquer toute sa frustration et son mécontentement alors qu’il espère intérieurement casser la gueule de ce mec au métissage un peu trop parfait, à la chemise relevée jusqu’aux coudes laissant apparaître de nombreux tatouages et une musculature à en faire pâlir bien des hommes et à en faire baver bien des femmes ouais je complimente mon DC, ça pose un problème à quelqu’un ? hiihi. Sa manière de toucher Charly, d’être proche d’elle, de se pencher vers son oreille pour lui parler par-dessus la musique rend Sofiane fou de jalousie alors même qu’il sait pertinemment qu’il n’a rien à attendre de la jeune femme. Pour autant, la raison n’a pas d’emprise sur lui, seule la colère en a une et alors qu’il veut éviter le scandale face à la foule, il serre les poings fortement pour ne pas succomber à une pulsion meurtrière qu’il ne pourra réfréner si cela continue. Mais les deux s’éloignent et Charly s’installe au bar ; leur premier échange est musclé, peu nuancé, Sofiane tentant par l’ironie de faire passer un message. Que fait-elle ? Elle est à lui non ? Cette certitude s’est imposée dans l’esprit du syrien à partir du moment où ils ont couché ensemble. Et elle s’est inscrite définitivement lorsqu’ils ont recommencé. À plusieurs reprises. Alors qu’elle le fuit comme la peste, Sofiane ne peut le comprendre, il ne peut même pas le concevoir alors qu’il lui parle avec sa délicatesse légendaire, lui faisant comprendre rapidement qu’il est contrarié par la situation. Et qu’elle a intérêt d’y remédier, de rentrer dans le rang et d’arrêter d’être si… indépendante ?

Lorsque l’idiot que Sofiane rêve de tuer revient pour les interrompre, il faut tout son calme à l’ancien militaire pour ne pas lui décrocher une droite bien sentie. Mais il s’éloigne bien vite et Sofiane espère tellement que Charly se lance dans une explication crédible qui soulagerait son psychisme mais celle-ci ne vient pas. Elle préfère partir à cause de l’ambiance, à cause de lui. Cette idée lui est insupportable et Sofiane semble se heurter à un mur de glace qui vient de s’ériger entre eux sans qu’il ne comprenne ce qu’il a fait de mal. Alors il ne la loupe pas, déversant son sarcasme, lui exprimant à quel point il la trouve lâche de le fuir ainsi. Partir ? Sans aucune raison valable ? Qu’a-t-il fait à part exprimer sa surprise et sa fureur ? Certes, Sofiane n’est pas du genre commode mais il ne l’a jamais été et elle connait ses travers, elle connait son caractère parfois impétueux et tumultueux, tantôt fragile tantôt latent, tantôt malaisant.

Mille questions se bousculent dans sa tête alors qu’il rejoint le coin fumeur et s’allume immédiatement une clope qu’il porte de suite à ses lèvres. La malheureuse finit au sol, écrasée par ses chaussures en moins d’une minute tandis que Sofiane en rallume une autre. Une femme se glisse entre lui et un autre groupe de fumeur et elle se colle à lui et lui murmure : « Dis donc, t’as l’air sacrément furax, tu veux que je t’aide à te détendre ? » Sofiane lui adresse un regard en biais alors qu’elle effleure de ses doigts son bras gauche. Son sourire est éclatant mais fade. Bien fade. Il se penche vers elle à son tour et lui dit : « Dégage. » Le sourire de la jeune femme, si sûre d’elle et de son charme, ne s’évapore même pas. « Tout doux mon joli. » Alors qu’il allait lui répondre, une ombre attire son regard et la chevelure de Charly le distrait l’espace d’un instant alors qu’elle les observe. Pauvre con. Pauvre con ? La colère de Sofiane revient au galop alors que les deux cigarettes fumées en deux minutes l’avaient aidé à faire redescendre un peu la pression. Il repousse sans ménagement l’impertinente aguicheuse et poursuit Charly vers les escaliers. Alors qu’elle a débuté son ascension vers les vestiaires, il lui attrape fermement le bras et la force à s’arrêter. « Mais c’est quoi ton putain de problème Charly ??! » Sans ménagement, il l'attire vers lui et la pousse contre le mur. Il se colle à elle pour l’empêcher de bouger et lui maintient les bras. Un air de déjà-vu s’immisce dans son esprit, lui rappelant la soirée organisée par le gouvernement, cette fameuse soirée où il l’avait également poussé de la sorte… « Tu me casses les couilles merde ! Qu'est-ce que j'ai fait ? Explique-toi Charly putain, explique-moi! Je comprends rien de ce que tu fais ! » Sofiane, d’ordinaire si peu loquace sur ce qu’il ressent, tente de mettre des mots sur le flot d’émotions contradictoires qui l’assaillent. Lui il avait été clair non ? Il l'attendrait sur les toits chaque semaine. Il ne l'avait pas étouffé non ? Il lui avait laissé de l'espace, ne cherchant pas à s'immiscer trop fortement de sa vie. La thérapeute lui disant que c'est ce qui faisaient fuir les autres. L'esprit dérangé de Sofiane estime avoir fait ce qu'il fallait en proposant cet arrangement. Mais Charly ne respectait plus le deal. Conséquences ? De l'insécurité pour Sofiane, le sentiment de ne plus rien maîtriser. « Et puis tu t'exhibes avec ce… ce… ce… » Ce mec ? Cet homme ? « Ce connard ! » Ses yeux sont sombres et sa furie s’impatiente, prête à exploser dès qu’il lui en laissera l’occasion. « J'sais pas ce qui me retient de lui éclater la gueule ! » Comme pour illustrer ses propos, son poing termine dans le mur à quelques centimètres de Charly et la douleur le reconnecte à la réalité ; il relâche un peu sa prise sur elle, ne cherchant pas à lui faire peur ; son regard assombri par son angoisse rencontrant ses prunelles céruléennes attendant une réponse, espérant une réponse. Il sent qu'elle lui échappe. Mais il ne comprend pas pourquoi. Que pourra-t-elle lire dans ses yeux ? L’incompréhension, la frustration, le désir, une convoitise presque défendue alors qu’elle lui refuse ce qu’il devrait être à lui. L’esprit malaisant de Sofiane préférerait qu’elle choisisse de rester auprès de lui sans se poser de question et il souffre de se rendre compte qu’elle n’est pas sous son emprise comme il aimerait qu’elle soit. Cela l’exaspère tellement que les mots qu’il tient à son égard sont durs mais représentatifs du sentiment d’abandon qu’il ressent déjà et tellement caractéristiques de cette ambivalence nette qu’il reproduit systématiquement dans toutes ses relations.
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Sofiane & Charly
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Cette soirée est officiellement déclarée à chier. Pourtant, ça avait tellement bien commencé. Jonas, de l’alcool et de la musique. C’était parfait pour passer un instant de détente. A quel moment tout cela s’est mis à basculer ? Quand Jonas m’a annoncé qu’il devait s’en aller ou au moment où mes prunelles ont rencontré celles plus sombres de Sofiane ? Les deux. La bonne humeur contagieuse de mon ami s’est évaporée en même temps qu’il est parti. Celle plus mordante du Syrien s’est imposée en force tout autour de moi sans que je ne parvienne réellement à comprendre pourquoi il m’en voulait à ce point. Je ne voyais vraiment pas le problème. Ces rendez-vous les vendredis étaient sympas oui, mais il devait bien se douter qu’on ne pourrait pas faire ça toutes les semaines, non ? Est-ce que j’étais de mauvaise foi ? Peut-être. Disons que ce n’était qu’une partie du problème qui s’éveillait en moi alors que j’étais en contact avec l’ancien soldat. Ce n’était que la pointe émergée d’un iceberg bien profond et immergé au milieu d’eaux glacées.

Et les eaux glacées, Sofiane les alimente de par ses paroles pleines de sarcasmes et assassines. Alors je ne me laisse pas faire même si je suis quelque peu désarçonnée par son attitude que je ne saisis pas. Pourquoi me parle-t-il ainsi ? Est-ce qu’il m’en veut à ce point d’avoir annulé ces rendez-vous de freerun ? Bordel, il est venu ici. Seulement à cause de ma storie. J’ai bien conscience que cela va au-delà de ce que je pense. Mais justement… je ne suis pas capable de croire ce genre de chose. Je ne peux pas. Ne veux pas. Je ne suis pas prête à imaginer qu’un type s’est attaché à moi. Je ne suis pas prête à imaginer que je me suis également attachée à lui. Tandis je passe devant lui, alors qu’une greluche le colle, cela m’énerve pourtant. Si j’étais honnête, je devrais bien admettre que ça m’agace de le voir avec une autre. Mais c’est aussi reconnaître autre chose. Tourner le dos à des résolutions et surtout et toujours, le trahir Lui. Tim. C’est juste trop pour moi. Toutes ces vérités qui explosent dans mon esprit. Les mots s’échappent d’entre mes lippes et je file vers les escaliers.

Je n’ai pas réellement le temps de réagir que je sens sa présence dans mon dos. Sa main qui m’agrippe m’empêchant de poursuivre ma fuite. Il m’envahit dans mon espace de par sa carcasse imposante, par son odeur qui vient m’envelopper, son regard qui m’étouffe soudainement. « Putain, mais ça ne va pas ! C’est toi le problème ! » Lâchais-je colère. Des visages se tournent vers nous. La musique couvre certainement nos paroles échangées à leurs oreilles, mais la situation n’a rien normal. Pourtant personne n’intervient. La fureur se lit dans les yeux de Sofiane, assez pour me laisser en tête à tête avec lui. Il m’entraîne à sa suite et me plaque contre un mur nous dissimulant à la majorité des regards. Cette situation me rappelle cette fois après cette soirée organisée par Kane tandis que nos tenues du passé nous avaient enlisés… Ca éveille une chaleur au creux de mes entrailles et j’ai envie de me retourner une gifle d’avoir du désir pour lui alors qu’il me rend totalement folle. « ,Mais qu’est-ce que tu me reproches bordel ? » Mes iris azurés s’accrochent à ses obsidiennes. Je cherche en vain de me dégager de sa prise. Pourquoi j’ai envie de l’embrasser ? De laisser tomber mes barrières ? De me laisser aller dans ses bras ? Mais les paroles suivantes… Mes yeux doivent sûrement s’ouvrir sous le choc de ses propos. « Ce connard ? » Je m’insurge alors que je le sens prêt à exploser, mais je ne suis pas d’accord pour le laisser dire du mal de mon ami. Mais je n’ai pas vraiment le temps de renchérir sur le fait que je m’exhibe… Bordel. C’est peut-être pire que ce je pensais. J’avais peur de lui donner de faux espoirs, mais cette phrase semble me dévoiler que c’est déjà trop tard. Je ferme mes prunelles alors que son poing s’écrase à côté de mon visage.  « Tu déconnes ! Tu déconnes complètement Sofiane ! » m’exclamais-je soudainement en ouvrant les yeux. Je le repousse de la paume de ma main libre venant percuter son torse à plusieurs reprises. Si cela ne le déplace même pas d’un centimètre, cela a le mérite de me défouler. A chaque fois que je le touche, la décharge que je ressens semble extérioriser ma colère. « Mais pour qui tu te prends ? C’est mon ami et je te jure que s’il lui arrive quoi que ce soit, je te le ferai payer ! Et puis qu’est-ce que tu racontes ? Je m’exhibe ? » Je crois que si mon regard pouvait le tuer, il serait déjà à terre. Pourtant je m’égare dans ses iris. Je lis dedans tellement d’émotions contradictoires que je suis perdue. « On s’est jamais rien promis… » soufflais-je totalement désorientée par la situation. Je me laisse retomber en appui contre le mur cherchant un soutien, mais aussi à mettre un peu d’espace entre nos deux corps. « Qu’est-ce que tu attendais d’une fille comme moi Rasak ? J’ai un coeur brisé, assoiffé de liberté. » Je prends une inspiration profonde, son odeur m’assaille. Mon regard tombe sur ses lèvres… J’ai envie de me laisser tenter. Je me redresse, mes lippes viennent frôler les siennes. Tim apparaît dans mon esprit et me stoppe dans mon geste. Mes paupières se ferment, ma respiration se bloque. Putain je déraille complètement…
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Mer 20 Oct - 21:48
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La colère qui anime Sofiane ne s’explique pas. Elle est indescriptible, presque latente pourtant alors qu’il se contente d’être sarcastique, d’être ironique afin de lui montrer son mécontentement sans pour autant laisser sa fureur se répandre, mettre le feu aux braises qui sont pourtant déjà ardentes ; elles n’attendent qu’une étincelle pour s’embraser à nouveau, dévastant tout sur son passage. Sofiane n’a jamais su s’en tenir au plan : rester à l’écart, ne pas s’emballer, demeurer loin de tout ce qui peu avoir attrait pour les relations sociales. Il sait qu’il est mauvais dans ce domaine. C’est aussi pour cela qu’il s’efforce de s’entourer de gens toxiques, de personnes qui comprennent ce que c’est d’être différent. Des personnes comme Ambrose, des personnes avec qui il peut rester lui-même sans faux-semblant. Avec Charly, un masque de complaisance s’est souvent glissé sur son visage, tentant par tous les moyens d’arrondir les angles afin d’éviter d’accroître le sentiment d’étrangeté qu’il dégage sans même le vouloir par ses paroles, ses gestes, ses idées, ses opinions. Mais parfois, il n’était plus possible de refreiner cette envie de laisser libre court à sa véritable personnalité, l’essence même de l’homme brisé qu’il est ; dévasté par la guerre, angoissé par l’abandon, Sofiane n’a jamais fait parti des gens qu’on apprécie inviter à dîner mais qu’on appelle quand on a besoin de quelqu’un qui ne reculera devant rien. Et alors que Charly passe devant lui, lui murmurant quelques mots aisément devinables, il ne recule devant rien, se fichant des convenances et l’attrapant avec fermeté par le bras : certaines têtes se tournent vers eux, se demandant probablement si cette querelle nécessite l’intervention d’un tiers mais personne ne bouge d’un pouce. Et il vaut mieux. Sofiane ne pourrait probablement pas supporter que quelqu’un vient s’immiscer entre lui et Charly. Encore moins alors qu’il tente de faire le vide dans sa tête et de comprendre ses réactions irrationnelles : Charly est irrationnelle, illogique, manquant de pragmatique. Sofiane lui avait pourtant laissé de l’espace, il ne l’avait pas harcelé, n’avait pas cherché à lui rappeler constamment qu’il l’attendait sur les toits de la bibliothèque londonienne. Il avait attendu et le diable sait à quel point Sofiane hait attendre ; il aime avoir tout tout de suite et que Charly le rejette ainsi était inacceptable, insupportable. Elle allait devoir s’expliquer. Payer peut-être. Il n’avait pas encore décidé.

« Moi ???!! » hausse-t-il le ton, montrant son incompréhension à cette simple phrase. Qu’avait-il fait pour mériter cela ? Rien. Alors qu’elle, elle avait tout bonnement refusé de se plier aux règles tacitement établies entre eux. Il l’entraîne à l’écart, la plaque contre le mur et leurs corps s’épousent à nouveau, réveillant les souvenirs pas si lointains de la soirée au parc. C’est à ce moment-là que Sofiane a réellement compris à quel point Charly pouvait lui être utile ; elle chassait ses démons tout en les maintenant à portée de main, si bien qu’ils revenaient à chaque fois qu’elle s’éloignait. Sofiane s’agace alors qu’elle lui demande ce qu’il lui reproche. Le fait-elle exprès ? Est-elle sérieuse lorsqu’elle lui dit qu’elle ne comprend pas la raison de sa venue ??? Il fronce les sourcils tandis que des plis soucieux et furieux se créent sur son front : « Arrête de jouer les idiotes, ça te va pas. » dit-il, irrité qu’elle le prenne pour un con. Leurs regards se rencontrent, se percutent, se jugent, chacun à leur façon. Sofiane laisse sa colère se diriger vers le mec basané avec lequel elle dansait encore il y a quelques minutes et Charly s’insurge lorsqu’il menace d’aller lui refaire le portrait, tentant vainement de mettre de la distance entre eux en repoussant ton torse mais Sofiane est bien ancré dans ses appuis et ne bouge pas d’un pouce. « T’as pas envie de voir à quel point je déconne Charly. » balançant une seconde menace alors qu’elle lui promet de lui « faire payer » s’il touche à un seul cheveux de son « ami ». Et lui, qu’est-il pour elle ? Un « ami » lui aussi ? Sofiane garde ensuite le silence alors qu’elle prétend n’avoir rien fait pour mériter sa colère. Bien sûr que si, elle dansait avec lui comme si sa vie en dépendait, elle s’amusait avec lui ; Sofiane refuse que quelqu’un d’autre provoque l’amusement de Charly, il veut être le seul à détenir ce pouvoir, le seul qui peut la contrôler ou même la maîtriser, le seul qui peut avoir un impact sur ses désirs et ses volontés. Se rendre compte qu’il perd cet ascendant sur elle, c’est perdre une partie de la main mise qu’il pensait détenir, fracassant tous ces repères. Envolé le sentiment de suprématie malsaine, ne subsistent que les supplices de ses tourments.

Alors que leurs yeux se lient encore une fois, les prunelles assombries par l’amer aigreur mêlé à un sentiment plus flou, plus sauvage, plus bestial du désir qu’il éprouve pour elle, Sofiane ne dit plus un mot, la regardant poser sa tête contre le mur avec l’envie évidente de s’éloigner de lui. Dans un murmure à peine audible, presque couvert par la musique, il dit : « Je pensais pas que c’était utile. » De se promettre quoi que ce soit. En effet, ils se tournent autour depuis l’attaque de la forêt, il faut voir les choses en face et ils avaient concrétisé cela à de nombreuses reprises ensuite. Sofiane ne pensait pas qu’il était utile de préciser quoi que ce soit. Un cœur brisé, assoiffé de liberté. Qu’attendait-il d’elle en dehors qu’elle se soumette à sa volonté ? Sofiane n’en sait rien, il n’a pas l’habitude qu’on lui pose des questions. Il veut quelque chose, il le prend. Point barre. Et il veut Charly, ardemment. Encore davantage lorsqu’elle joue avec ses nerfs, se redressant pour frôler la commissure de ses lèvres, leurs souffles se mêlant. Elle s’arrête. Sofiane n’a pas tant de volonté et ses lippes s’écrasent furieusement contre celle de la blonde. Une de ses mains se glisse sur sa hanche, l’autre dans son cou tandis qu’il reserre sans s’en rendre compte son emprise sur elle. Ce baiser avide lui rappelle à quel point il la désire, à quel point son comportement lui est intolérable. Alors il va l’être lui aussi. Il rompt soudainement le contact, se reculant tout en maintenant ses yeux dans les siens. « J’attendais rien de plus que ce qu’on avait déjà. » dit-il. Sofiane n’est pas un homme romantique : les balades sur la plage, les bougies, le mariage, les trucs à l’eau de rose, c’est bon pour les abrutis. Sofiane veut de la chaleur, du combat, de la résistance, des mots durs mais justes. C’est ce qu’il veut, c’est ce qu’ils avaient. « Je pense pas t'avoir jamais privé de ta liberté. » Pas consciemment du moins. lol chut Il aimerait le faire, certes, mais pour l'instant, non. « Parce que tu crois peut-être que j’suis pas ravagé Charly ?  » Il secoue la tête et soupire devant tant de naïveté. « Si tu cherches quelqu'un pour "te réparer", c'est pas moi. » Les mots de Sofiane sont honnêtes pour une fois.  Et sans attendre une réponse, il lui tourne le dos avant de descendre quelques marches. Son départ initiera sans doute la suite de leur relation : la raison ou l’aliénation. Couper court maintenant, c’est la meilleure option pour Charly, c’est la pire pour Sofiane. Indéniablement.
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Sofiane & Charly
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Avec son départ, Jonas a retiré toute bonne humeur et insouciance à l’instant que j’étais en train de vivre. Avec son arrivée, Sofiane a tout simplement tout envoyer promener d’un revers de paroles acides et piquantes s’en prenant avec une colère incongrue à moi. Je savais que je l’avais volontairement évité ces derniers temps, mais cela n’aurait pas du créer cette réaction chez lui. C’est justement parce que je craignais cela que j’ai pris de la distance. Le voir ici prêt à exploser, ça me confirme qu’il y a plus. Plus qu’une simple amitié qui dérape en une partie ou deux de jambes en l’air. Ce genre de relation, c’est mon quotidien. Je ne veux plus être en couple. Je ne veux plus risquer de souffrir en perdant un être aimé à nouveau. Avec Sofiane, il y a eu quelque chose de différent. Et pas que de son côté. Il fallait que je mette un terme à cette mascarade sinon j’allais me brûler les ailes et la chute serait terrible. Alors qu’il s’en va vers l’endroit réservé aux fumeurs et que je tente de quitter les lieux, je me retrouve rapidement aux prises de ses bras.

Il envahit tout mon espace, s’impose. Et je m’énerve de m’être faite avoir comme ça. Il me prend totalement à parti et j’ai du mal à remettre mes idées en place. Il me perturbe dans tout mon être et même dans mes convictions les plus profondes. « Oui, toi ! » Je réplique en m’insurgeant tandis qu’il s’énerve. Je lui demande ce qu’il me reproche, mais dans le fond je connais déjà la réponse et je ne suis pas certaine de vouloir l’entendre. Tout ce qui se déroule entre nous en cet instant me prouve que j’ai raison. Mon regard s’assombrit alors qu’il m’invective. « Et toi, pourquoi tu le dis pas ? » Ma voix se fait hargneuse tandis que je lui réponds en l’espace d’une seconde. Je ne comprends que trop bien toute la jalousie qui le traverse à mesure qu’il me parle. C’est Elle qui anime toute sa colère. Il m’en veut d’avoir passé du temps avec un autre. Il m’en veut d’avoir dansé avec Jonas. De l’avoir mis au second plan. Son poing s’écrase à côté de mon visage, me poussant à fermer les yeux. Je hausse le ton en lui disant qu’il déconne complètement. Je cherche à l’éloigner de moi en vain. Il reste immuable, impossible à rejeter. Je me sens perdue à être ainsi acculée. Son regard me trouble tout autant que sa carcasse qui me domine de toute sa hauteur. Je glisse mes prunelles dans ses iris ambrés. La phrase qui s’échappe de ses lippes me fait frissonner. « C’est une menace Sofiane ? » Mais à quoi joue-t-il sérieusement ? Je suis moi même aux prises avec mes propres démons intérieurs. C’est loin d’être en ordre dans mon esprit et j’ai l’impression que c’est encore pire depuis que je me suis approchée du Syrien. Je ne veux plus emprunter ce chemin. Sofiane n’a rien d’un guide dans cette pénombre qui me submerge. C’est bien le contraire. Je le sais au fond de moi, qu’il m’attire plus que de raison. J’ai bien conscience que c’est aussi notre passé commun qui me fait un reflet à ma vie. Ma vie d’avant. Avant qu’il ne meure. Je m’enlise et me complais là-dedans dangereusement.

Je lâche alors prise. Son murmure me percute. Il n’y avait pas besoin de se promettre quoi que ce soit d’après lui. C’était implicite… Mais je n’assume pas. Je crois que j’en ai envie sans y parvenir. Et si je m’approche pleine de doutes, arrête mon geste, c’est lui qui vient terminer cette course folle en plaquant brutalement ses lèvres sur les miennes. J’ai l’impression qu’une tornade s’empare de tout mon être tant ce baiser est puissant, empli de rage et de désespoir. Ses assassines glissent sur moi et j’ai le sentiment de perdre pied, une sensation de vertige éreintante m’enlise. Pourtant je réponds avec la même passion furieuse. Mes mains ayant cherché à le repousser il y a peu encore s’accrochent à lui. L’une à son cou, venant faire rougir sa chair de la pointe de mes ongles, l’autre froissant entre mes doigts le tissu drapant son torse. Lorsqu’il s’éloigne soudainement, se défaisant de ma prise sans difficulté, je me laisse retomber en arrière, mon dos percutant le mur comme un soutien solide pour résister à tout cela. Ses obsidiennes s’imposent dans mon regard clair. J’ai le souffle court. Mon myocarde tape brutalement dans ma poitrine, c’en est presque douloureux. Rien de plus que ce qu’on avait déjà Seulement il ajoute une notion indépendante de ma volonté : l’exclusivité. Il me l’a montré en voulant s’en prendre à Jonas. J’encaisse ses paroles sans ciller, sans répondre. Il se passe peut-être deux ou trois secondes le temps que je réalise qu’il s’est éloigné et qu’il commence à descendre les marches qui vont mener aux vestiaires. Je devrais rester là. Ne pas le suivre. Mon intuition me souffle de le laisser partir et pourtant… « Sofiane ! » Du haut de mes talons, je dévale l’escalier afin de le rattraper. Ma main s’agrippe à son coude pour l’arrêter dans son élan, pour l’obliger à se tourner vers moi. « J’ai jamais demandé à être réparée. Je suis comme ça depuis des années et ça me convient très bien. » Dire que c’est depuis la mort de Tim, c’est trop compliqué. Je l’ai avoué à Olivia pour la première fois, mais ce n’est jamais ressorti d’entre mes lippes depuis. Ma main s’accroche un peu plus à Sofiane sans que je le réalise. « Rien de plus que ce qu’on avait. C’est d’accord. » Mon regard ne lâche plus le sien. « Par contre, ta scène ridicule, plus jamais. Je danse avec qui je veux. Je sors avec qui je veux, quand je veux et où je veux. C’est ça ne pas priver de liberté. Je pourrais même baiser avec qui je veux si ça me chante ! » Mes iris sondent les siennes, observent la moindre réaction sur ses traits. J’ai besoin de me sentir libre. Je ne recherche pas une relation, du moins c’est ce que je crois au plus profond de moi.
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Sofiane Rasak
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Mer 3 Nov - 23:50
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Sofiane se rend immédiatement compte qu’il fait exactement l’inverse de ce qu’il devrait faire. Il s’en prend à Charly, prêt à la repousser avec violence, répétant comme un ballet incessant les erreurs du passé, prêt à reproduire encore et encore le même schéma. S’il a besoin qu’elle s’accroche à elle, il ne peut supporter qu’elle l’ignore ainsi car cela demeure la preuve qu’il ne peut pas la contrôler et encore moins la maîtriser. Le type de dépendance affective dont il a besoin, Charly n’est pas prête à lui offrir en lien avec les tourments de son histoire personnelle et sentimentale ; Sofiane le sait bien. Pour autant, il n’a jamais cherché à prendre la place de, il n’a jamais cherché à remplacer qui que ce soit. Il ne souhaite qu’une seule chose ; une relation instable mais complaisante dans laquelle il pourra user de toutes ses manigances et toute sa perversion. Mais pour le moment, il n’a rien de tout cela, il n’y a que la colère, la suffisance, le sarcasme. Peut-être que c’est tout ce qui est possible entre eux ? Et si c’était suffisant ? Sofiane l’attrape furieusement et l’entraîne à part : non pas que cela le dérange qu’on les voit ainsi mais plutôt parce qu’il refuse que les autres regardent Charly, elle s’est suffisamment faite remarquer comme ça pour ce soir, à flirter outrageusement avec un autre que lui, à danser lascivement avec lui, à s’exhiber ainsi. « Putain arrête ça Charly ! » dit-il d’un ton sec tandis qu’elle lui demande avec une hargne incroyable qu’il n’a qu’à lui dire ce qu’il lui reproche. Mais tout cela est un leurre, tout cela n’est qu’un simulacre ridicule, un moyen pour eux de ne pas dire à voix haute ce qu’ils savent déjà fort bien. Sofiane ne supporte pas son absence, son indifférence. Charly imagine probablement que ce n’est qu’une simple histoire de jalousie mais ce qui anime le jeune syrien est bien plus profond que cela : il veut exercer une emprise sur elle, il veut être le centre de son monde, qu’elle ne voit plus que par lui. La voir lui échapper ainsi est intolérable, impensable. Pas après ce qu’ils ont vécu, pas après ce qu’ils ont traversé. Le monde s’offre à eux mais chacun d’entre eux s’engluent dans les ténèbres et si Charly tente d’y échapper, Sofiane cherche à l’en empêcher, la ramenant toujours plus vers les abymes. Il y a une raison simple à tout cela, il ne veut pas y être seul. Jamais.

Son agressivité n’arrange pas les choses et il le sait, mais il s’en fiche. Quitte à ce qu’elle le repousse, qu’elle le fasse au moins pour une bonne raison. Car pour l’instant, il ne lui en trouve aucune. Elle n'a rien à lui reprocher ; il s'est évertué à demeurer parfait, revêtant un masque de temps à autre, prenant sûr lui, ne révélant pas tout de son jeu, de ses comportements déséquilibrés et détraqués ; il n'a cherché qu’à lui montrer les bons côtés de sa personnalité mais il sait que certaines choses lui échappent parfois au point qu’il perde le contrôle. Le naturel revient si vite au galop. Comme lorsque son poing vient s’abattre avec férocité dans le mur juste à côté de sa tête. « Non. » se contente-t-il de dire alors qu’elle lui demande si c’est une menace tout en ne sachant pas bien si c’est ce qu’il pense vraiment. La confusion qui règne dans son esprit est à la hauteur du sentiment déconcertant qui l’anime ; il ne sait plus où il en est, il s’est perdu en chemin. Mais est-ce possible de le guider sur une voie moins sombre ? Sofiane ne le pense pas, il est ainsi et il n’a pas envie de changer. Toute son existence est basée sur ce précepte : un épais capharnaüm, une floppée d’incertitudes, un dédale d’incohérence. Aucune ligne droite, rien que de violents virages semés d’embûches. Sofiane navigue à vue dans ces eaux troublées, cherchant à s’accrocher à la moindre branche qui lui permettra de ne pas couler. Ces derniers temps, cette frêle branche, c’est elle.

Alors qu’il l’embrasse avec une fureur qu’il peine à dissimuler, Sofiane attise le brûlant désir qui s’est installé dans son bas-ventre mais se refuse à aller plus loin ; furieux et insatisfait à la fois. Si elle le veut, qu’elle le montre. Il refuse de passer pour celui qui cède en premier, il doit assoir l’ascendant qu’il pense avoir sur elle et ce n’est pas en succombant en premier qu’il le fera. Il s’agit davantage de lui faire goûter à ce qu’elle perdra si elle le laisse partir : l’attraction de leurs deux corps est naturelle, instinctive, primitive. Ils s’accrochent l’un à l’autre comme des désespérés, attisés par ce contact grisant, contact que Sofiane brise néanmoins. Pas question de lui montrer ses faiblesses. Il ne lui fera pas ce plaisir. Il veut que ce soit elle qui sombre, pas lui. Et alors qu’il s’éloigne, il se met à compter dans sa tête. Comme à chaque fois qu’il est confronté à ce genre de situation. Combien de temps pour qu’elle craque ? Une, deux, trois, quatre, cinq… Sofiane décompte et un air sévère s’installe sur son visage, il serre les poings. Plus les secondes passent, plus les chances qu’elle le rattrape s’amenuisent. Onze, douze… « Sofiane ! » Un sourire entendu, narquois prend place sur ses lèvres alors qu’il l’entend dévaler les escaliers. Voilà ce qu’il veut. Une expression plus froide se fige sur son visage mais Sofiane est satisfait qu’elle le rattrape ; cela signifie qu’elle s’enlise peu à peu dans le type de relation qu’il souhaite pour eux deux. Une relation de dépendance, bien sûr. Ses doigts s’accrochent à son bras et elle tire vers elle pour le forcer à s’arrêter et à se retourner. Elle ne veut pas être réparée. Soit. « C’est toi qui a dit que t’avais le cœur brisé comme si tu souhaitais que ça change. Mais j’vois pas ce que je peux y faire, j’suis pas ce genre de gars Charly et tu le sais. » dit-il dans un murmure, comme s’il attendait qu’elle lui réponde qu’il pouvait la sauver. Ce n’est pas le cas. Sofiane n’arrive déjà pas à se sauver lui-même. Alors comment pourrait-il l’aider ? Et le veut-il réellement ? L’aider à aller mieux, c’est prendre le risque qu’elle se rende compte qu’il ne lui apporte que la noirceur là où elle a besoin d’une belle lumière bienveillante. Il hoche la tête sans rien dire alors qu’elle reprend les termes qu’il a employés il y a quelques instants. C’est d’accord dit-elle tout en plongeant ses yeux dans les siens, guettant sans complexe chacune de ses réactions corporelles, comme si elle y cherchait des réponses, des réponses à ses questions, des réponses à ses craintes, des réponses à ses angoisses. Un léger sourire s’accroche aux lèvres de Sofiane tandis qu’il repousse sa main. Baiser avec qui elle veut. « Je suis toujours pas ce genre de gars Charly par contre.» L'air cinglant, sévère, Sofiane dévoile son jeu : « Ce qu'on avait déjà oui, avec d'autres dans l'équation non. » L’air contrit, l’air désolé, Sofiane passe doucement sa main dans sa chevelure dorée puis son pouce vient toucher délicatement sa lèvre encore gonflée par le baiser sulfureux qu’ils viennent d’échanger. « Désolé. C'est à prendre ou à laisser. » Sans expliciter davantage, il se retourne et s’en va, sans savoir si cette fois, elle va le retenir. C’est un quitte ou double. Un jeu risqué. Souhaite-t-il s'y abandonner ?
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Sam 11 Déc - 11:40

Sofiane & Charly
⚜ S’il est si beau, si charmant, rejoins-le, mais gare à toi ⚜

J’ai encore du mal à appréhender ce qui est en train de se passer entre Sofiane et moi en cet instant. Je tentais de tirer sur le fil de la soirée pour en saisir le déroulé, de voir à quel moment il y avait eu un noeud qui pourrait expliquer pourquoi nous nous regardions à présent avec tant de colère et d’incompréhension. Nos prunelles se confrontaient, nos paroles se heurtaient avec virulence. Si nos corps s’étaient percutés et que nos lèvres s’étaient bousculées, il y avait entre nous un vide. Un vide que j’aurais été à deux doigts de combler si ma fierté ne m’avait pas retenu. Je n’avais pas peur de lui, de sa colère. Il pouvait bien me plaquer contre un mur ou encore écraser son poing à s’en déchirer la chair, je ne baisserais pas le regard. Encore moins la voix. Cela pouvait bien me jouer des tours parfois, mais je n’avais jamais fonctionné autrement. Lorsqu’il exige que j’arrête tandis que je lui demande de mettre des mots sur ce qu’il me reproche, je le défis de mes prunelles azurées, les plongeant dans les siennes. Si je ne prononce pas une parole, tout est exprimé au travers de mes iris. Il peut toujours attendre pour que je le laisse dominer cette situation. C’est lui qui est venu s’imposer dans ma soirée. C’est lui qui a totalement vrillé se comportant comme un mec jaloux. A quel moment a-t-il cru avoir ce genre d’ascendant sur moi ?  

Pourtant lorsque ses lèvres prennent possession des miennes, je dois bien avouer que j’oublie tout le reste. L’endroit où nous nous trouvons, ce besoin de l’envoyer balader. Un baiser électrique, des mains qui s’accrochent avec envie et envoûtement jusqu’à ce qu’il s’écarte. Jusqu’à ce qu’il s’éloigne. Est-ce que je peux lui offrir ce qu’il veut ? J’en suis clairement incapable. Je ne me sens pas prête à me retrouver en cage. Encore moins à me faire réprimander alors que je m’amuse avec d’autres personnes, d’autres hommes ? Je secoue la tête perdue dans mes pensées tandis que sur une impulsion, je le rattrape. Ma main agrippe son bras pour le forcer à me faire face. « Tu te fais des idées. Je ne veux pas que ça change. Personne ne pourra changer ça. » Je prononce ses paroles avec aplomb. Timothy restera à jamais l’homme de ma vie. Lorsqu’il est décédé, il a emporté avec lui notre engagement et je me sens liée à lui d’une façon inexplicable. Entamer une relation avec un autre homme serait trahir ces fiançailles. Le trahir lui. C’était comme l’oublier. Tourner une page que je n’étais pas prête à achever.

Je reprends la parole pour lui dire que j’accepte ce qu’on avait, mais avec mes conditions. D’ailleurs, ma colère me pousse à ajouter ce que je sais qui ne passera pas. Peut-être volontairement même pour ne pas m’engager, me doutant qu’il rejetterait l’idée. Ce qu’il ne tarde absolument pas à faire. C’est presque immédiat et je l’avais vu venir. « Et moi je ne suis pas le genre de nana qu’on enferme et qu’on empêche de vivre. » répliquais-je énervée par ces paroles. J’aurais presque pu céder à cette idée folle de ne plus aller batifoler ailleurs. Mais sa réaction avec Jonas ? Jamais je ne pourrais tolérer qu’un homme vienne me dire avec qui je peux ou non m’amuser. Pour qui se prenait-il pour s’imaginer pouvoir contrôler ainsi mes fréquentations ? Je l’observe avec un air farouche alors que sa main se glisse dans mes cheveux comme s’il cherchait à m’apprivoiser. Son pouce frôle mes lippes et je me retiens de fermer les yeux à ce contact. A prendre ou à laisser… Il s’éloigne une seconde fois. Ca sera la dernière. Je ne vais pas lui courir après cette fois. Je ne peux pas accepter l’image qu’il m’a renvoyée. Cette impression d’avoir été traquée, surveillée. Contrôlée. « Ca sera à laisser alors. » Je ne sais pas s’il m’entend puisqu’il a déjà tourné le dos et s’est éloigné de moi. Mes iris observent ses épaules, sa carrure imposante. A-t-il conscience des regards qu’il attise autour de lui ? Cela m’agace sans que je ne l’explique. « Fais chier ! » pestais-je. Il ne se retournera pas et je n’irais pas le rattraper. J’attends plusieurs minutes au bas ses escaliers m’assurant qu’il soit bien parti pour pouvoir quitter les lieux. Je n’ai pas envie de le recroiser. Je passe aux vestiaires afin de récupérer mon manteau ainsi que mon sac à main. J’ai le goût amer de notre baiser qui me reste sur la bouche. Je ne sais pas comment assimiler ce qu’il vient de se passer entre nous en cet instant. C’est trop pour moi, pour ma raison. Pour mon coeur qui n’est plus habitué à éprouver quoi que ce soit pour un homme. Encore moins ces sentiments contradictoires qui me heurtent brutalement. Je hèle un taxi pour rentrer. J’ai la tête pleine de questions et je ne sais pas où trouver mes réponses.
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