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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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On apprend tout de ses défaites [Eirian] :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Abigail MacFusty
Abigail MacFusty
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Lumos
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Mon allégeance : Ordre du Phénix
Ven 1 Oct - 21:51

Octobre 2020

Maître de mes émotions, enfermée chez moi, hissée tel un Corbeau, mes bras de part et d'autre de mon corps enveloppé par ma longue robe rappelant des ailes ébènes, je déambulais comme un funambule. Sur la branche de ce grand érable, je m'étais attelée à Un exercice d'équilibriste que bon nombre de mes proches désapprouveraient. En effet, j'étais bien souvent maladroite, mais lorsqu'il s'agissait de mon travail, je me métamorphosais en une sorcière différente, presque inconnue. Là-haut, dans cet Arbre, je me devais de récupérer cet Occamy perché et il était hors de question que j'utilise ma baguette pour cela. Déjà parce que ça allait me rendre malade, mais aussi parce que j'étais une sorcière qui Tenait à gagner la confiance de mes protégés. En temps normal, j'appréciais utiliser des friandises, mais la créature, avec Son accident, était devenue méfiante et je doutais qu'il puisse picorer grand-chose avec ce Bec fendu qu'il avait et qui nécessitait des soins. Même Un Fromage mou lui ferait trop de mal, voilà des jours que je le nourrissais avec une mixture semblable à de la purée.
Il me fallait donc sortir toute mon expertise, attraper  l'animal d'une main de Maître afin de ne pas lui faire peur pour que je puisse le redescendre. Lorsqu'on travaillait avec les créatures, il fallait être rusé comme un Renard et user de plein de stratagèmes différents, et fort heureusement, j'étais une personne très imaginative de Par ma longue expérience.
En effet, j'avais concocté moi-même une pâte mêlant l'odeur du met que sont censés préférer les Occamy. Le tout était de l'alléché suffisamment pour qu'il me laisse m'approcher de Lui.
Dans le fond, il nt tint qu'à lui de se changer de taille pour être à peu près de la taille de notre perchoir. Ce n'était bien sûr pas envisageable, car de gros ennuis pouvaient survenir et il pourrait être d'autant plus blessé. Si souvent j'ai souhaité avoir le même Langage que les animaux, afin qu'ils me comprennent, et comprennent mes intentions. Mais mon métier n'en serait-il pas moins attrayant ?

Certes, la dragonologie était ma passion première, mais toutes les créatures avaient une place spéciale dans mon cœur Et je me refusais de les laisser à un triste sort. Concentrée, à bonne distance pour ne pas l'effrayer, je me baissais pour être moins imposante et impressionnante et me mis à lui parler, comme s'il pouvait vraiment me comprendre. C'était ainsi que j'avais toujours fait.

- Bonjour, mon grand, comment vas-tu ? Tu sais… tu ne devrais pas être là, on serait mieux en bas, là où je pourrais te donner les soins dont tu as besoin. On serait au chaud aussi, qu'en dis-tu mon bon Monsieur ? En plus regarde ce que je t'ai apporté Du bon miam-miam comme tu aimes.

La magnifique petite créature me fixa de ses yeux intelligents, moi qui ressemblait ainsi accoutrée de ma robe noire aux reflets jaunes, la capuche sur la tête, à un Corbeau quoique cela ne soit pas une menace pour l'animal magique. Que de temps et de patience il vous fallait pour agir à ma façon avec ces êtres si jolis. C'était un exercice à toute épreuve, mais finalement, vous êtes doté d'une patience d'or et les récompenses, une fois la confiance en place, étaient nombreuses et magnifiques. En effet, je n'avais pas vécu qu'un Joli moment depuis que je travaillais avec les créatures, mais bien d'innombrables. Que ce soit avec les Sombrals, pour ne citer qu'eux, ou les dragons, tout me comblait et m'emportait, comme si Vous étiez sous l'emprise d'un puissant filtre d'amour.
Voyant que la créature ne bougeait pas, je Me contentais d'avancer de quelques centimètres. D'un point de vue extérieur, vous Semblez sûrement circonspect d'observer ce cinéma interminable. Mais pourtant cet Occamy en valait la peine, il était si beau !
Ce fut Sans perdre patience que je m'avançais encore, à califourchon sur ma branche d'arbre, les yeux rivés sur l'espèce de serpent logé dans une faille du tronc. Ne voulant pas lui  Mentir, car même avec les animaux je tenais mes promesses, je fouillais dans la poche de mon manteau pour en sortir un petit bocal. Là, je dévissais le couvercle et laissais l'odeur s'en dégager. Même si l'odeur était peu plaisante à mon nez, car c'était à Vous soulever le cœur, il eut le mérite d'attirer l'attention de notre ami au merveilleux Ramage.

Il eut cette lueur dans le regard, Se dégageant un peu de sa cachette. J'avais enfin une attention différente que celle de la crainte que je lui rapporte depuis tout  À l'heure. Si Votre temps est compté, il est inutile à chercher à exercer un métier avec les animaux. Moi, je vivais pour eux, et je ne pouvais m'empêcher de me délecter de ce Plumage aux nombreux reflets vert et bleu. Vous n'avez peut-être pas la chance d'être de ceux qui Êtes émerveillé par tout ce qui est simple. Le destin avait décidé pour moi, au point que même un Phénix était venu vivre à mes côtés. Quand bien même j'étais submergée par Des problèmes, je faisais en sorte qu'ils n'hôtes en rien ma joie de vivre. De petite fille mal assurée par Ces semblables, j'étais devenue une sorcière accomplie, confiante, surtout lorsqu'elle se promène dans des lieux sauvages comme ce Bois entourant une partie du parc de l'école.

À bien y réfléchir, il y avait tout de même dans mes semblables, ceux que j'avais appris à apprécier Ces genres qui sortaient du lot et qui constituaient mon trésor, à l'instar d'un dragon sur un tas d'or. Avec le temps, ils avaient eu les Mots pour m'approcher, moi, petite sorcière sauvage que j'étais. Le hasard n'existait pas pour moi, et si j'en étais là aujourd'hui, c'était parce qu'il y avait une excellente raison à cela. Encore une fois, à l'instar de ce Corbeau, je sautillais sur ma branche pour approcher soigneusement Ne voulant pas effrayer mon petit protéger. Ce dernier Se mit à me fixer alors que je tendais la main au bocal dans sa direction. Si déjà il Sent l'odeur au point de tendre le cou, ce sera une petite victoire. Il ne fallait Pas brûler les étapes et je me devais De rester calme et de contenir ma Joie quand enfin le petit animal s'approcha sensiblement. Bientôt j'allais pouvoir le prendre entre mes doigts Et le faire redescendre Pour le mettre à l'abri. J'allais leur Montrer à tous ces élèves, qui était la meilleure d'entre eux. C'était aussi ça, être professeure, prouver tous les jours Sa grandeur, voire supériorité, à cette belle brochette de jeunes se croyant plus intelligents que tous. Ils allaient rester sans Voix.
Lentement, avec agilité, rampant bientôt totalement hors de son trou, l'Occamy montrait ses deux petites ailes. Il les ouvre, un micro signal démontrant qu'il était prêt à s'enfuir s'il le fallait. Dès à présent, je n'avais plus le droit à l'erreur, Un seul faux pas et c'était terminé et il me faudrait un Large temps à compter pour le récupérer à nouveau. Ce temps, je ne l'avais pas, et il fallait que je cloue le Bec à se fanfaron d'élève qui faisait le malin à chacun de mes cours. Toujours patiente, j'attendais que la petite créature se Laisse enfin attraper alors qu'il se laisse tomber dans le petit pot en verre pour dévorer tout mon mélange. Il le traitait comme Sa proie mais je devais bien admettre que là, ça m'arrangeait.
Ainsi, Le Renard que j'étais, rusé et patient, referma le bocal, gardant un Occamy minuscule qui appréciait la nourriture puisqu'il S'en délectait. Pot en verre saisit, j'entamais la descente prudente de l'arbre, et sous les yeux rageurs de mes élèves, je brandis le bocal et dit :

- Que cela vous serve de leçon. Cessez donc de tester Mon tempérament, surtout si c'est pour mettre en danger les créatures. La prochaine fois je n'hésiterai pas à vous mettre en retenue. Bon, la fête est finie, reprenez vos livres, interrogation surprise demain. Les vociférations des élèves retentirent, mais, sachant que Bonnie veillait, je baissais les yeux sur le petit Monsieur dans son bocal avant de reprendre. Apprenez qu'il ne faut jamais sous-estimer quelqu'un, et encore moins une créature. Que vous le vouliez ou non, Tout peut arriver.

Discours guère Flatteur pour les sans cervelles de mon groupe, le petit Occamy Vit la bêtise humaine Aux détriments du bon sens. À mes dépens j'avais appris la leçon qu'ils venaient de recevoir.
Observant les derniers élèves sortir, vint alors à ma rencontre Celui qui partageait ma vie depuis des années, toujours à l'écoute de mes plaintes et de ma solitude. Intriguée par la lettre qu'il portait, je posais l'Occamy dans le parc développé pour lui. Attrapant Cette missive, je l'ouvrais et en lisais le contenu, sans vraiment croire ce que j'étais en train de lire. Si je venais de donner une bonne leçon à des chenapans, voilà que je devais en faire de même avec un garçon qui vaut largement le détour. Mais était-ce vraiment le même élève ? Bien entendu, je dû me faire une raison après avoir lu au moins cinq fois son nom et son prénom. Un moment décontenancée, je papillonnais des yeux, imaginant la raison de cette punition… le garçon devait être dans de beaux draps (à défaut de Fromage ). C'était sûrement une erreur… oui, Sans doute était-ce ça.
Quoiqu'il en soit je serais bientôt fixée puisqu'il n'allait plus tarder à arriver… et voilà que Le Corbeau aux quelques plumes blondes, un peu honteux et confus entama de faire les cent pas sur le terrain où il donnait ses cours. Ben merde je n'avais aucune punition de préparée moi… j'allais devoir improviser, et je n'étais pas douée pour ça. Dans un claquement, ma langue Jura alors que je fis volte-face pour aller fouiller mon étagère où j'entreposais mes divers ingrédients. Autant joindre l'utile à l'agréable, oui, Mais voilà, c'était un peu tard sachant que j'avais regonflé mes réserves dès mon retour de mon arrêt maladie. Je levais les yeux au ciel en soupirant, priant pour Qu'on me vienne en aide. Le miracle fut alors que mes pupilles se posèrent dans un pot contenant des champignons qui Ne sentaient pas la rose. L'idée était là, juste sous mon nez, et je devais simplement m'Y pencher. Rapide, je me relevais et commençais à préparer sac à dos et divers outil qu'on Prendrait avec nous. Faire ça seule c'était chiant, mais à deux c'était tout de suite Plus amusant, n'est-ce pas ?

Patientant jusqu'à la venue du jeune étudiant, je récapitulais le reste de ma journée à la vitesse de l'éclair, craignant d'oublier quelque chose. Heureusement que ce soir je n'étais pas attendue, néanmoins, mes corrections prendront du retard, et ça, je détestais. Les imprévus comme ça me mettaient toujours dans une situation très inconfortable, pourquoi diable ne m'avait-on pas prévenue plus tôt ? Heureusement que je savais improviser et que j'étais passée maître pour m'adapter à tout genre de situation. Néanmoins malgré l'organisation et le temps qui me manquait, la question ne quittait absolument pas mon esprit. Était-ce vraiment lui qui devait être corrigé ? Et oui si pourquoi ? J'avais véritablement du mal à y croire, et encore moins à comprendre. Sans doute en saurais-je bientôt plus tandis que j'entendais des bruits de pas s'approcher de l'enclos où je me trouvais.



Never Ending Circles
ANAPHORE


On apprend tout de ses défaites [Eirian] CBY7jAc
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Eirian Howl
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Lumos
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Dim 3 Oct - 22:09
On apprend tout de ses défaites
« octobre 2020 »
Tu fixes ton assiette sans vraiment la voir, le ventre bien trop noué pour avaler quoi que ce soit. Le brouhaha des conversations résonne autour de toi, te vrille les oreilles. Il y a trop de bruit, trop de monde, et tu étouffes, même si tu as pris soin de te placer en bout de table comme d’habitude. Ta nausée s’attarde et les odeurs lourdes des plats en sauce qui t’entourent n’arrangent rien. Tu devrais passer outre, essayer de manger quand même, ne pas te laisser abattre par ce qui t’arrive. Mais rien ne passera et tu te connais trop pour forcer – cela ne fera qu’aggraver le problème. Il te reste des gâteaux dans ton sac, récupérés aux cuisines. Ça te donnera le sucre nécessaire pour tenir l’après-midi quand tu te sentiras mieux. Sans regret, tu quittes la Grande Salle. L’air frais des couloirs te fait du bien, t’éclaircit les idées et chasse un peu ton malaise. Tu respires mieux, libéré de la présence des autres qui t’aiguise toujours les nerfs et t’oblige à rester toujours vigilant, dans cette attente absurde qu’il se passe quelque chose, n’importe quoi. Oh, c’est bien arrivé, mais pas à Poudlard, pas devant tout le monde. Ton cerveau refuse de l’entendre et se tient en permanence prêt à réagir face à n’importe quelle menace. Et la colère de ces derniers jours, lorsque tu as enfin compris ce qui t’arrivait, n’a pas aidé.
Le Blood Circle et ses maudites technologies, le Blood Circle et son obsession de vous priver de vos pouvoirs. Cette fois, ils ont trouvé comment agir à grande échelle. Neutraliseurs de magie. Tu en as entendu parler pour la première fois lorsque l’Ordre a prévenu ses membres. Disséminés dans Londres, capables d’affaiblir les sorciers exposés sur le long terme, entraînant une magie fluctuante voire une disparition des pouvoirs, une grande fatigue, des nausées, voire des malaises. Il ne t’a pas fallu longtemps pour relier cela à ton propre épuisement qui s’attarde malgré les potions d’Hestia. Tu dors mieux, mais tu ne te sens pas plus reposé pour autant.
C’est rassurant en un sens d’avoir trouvé l’explication de tes soucis. Avant cela, tu t’interrogeais sur tes capacités à suivre les cours, sur le fait que tu avais peut-être beaucoup trop tiré sur la corde, atteint trop souvent tes limites et que ton corps t’envoyait peut-être les derniers signaux avant l’effondrement. C’est rassurant parce que ça veut dire que tu as toujours le niveau, que ce ne sont pas tes problèmes qui te handicapent à ce point même si tu pourrais faire nettement mieux sans eux. Mais eh, tu es aussi très occupé à survivre et ce n’est pas rien – du moins, tu t’efforces de te le répéter régulièrement depuis que tu en as pris conscience lors de ta discussion avec Kayla. Il ne reste plus grand-chose de ta confiance en toi, mais… tu n’es pas en train d’échouer alors que tu touches au but. Et ça t’a bêtement soulagé.
Mais c’est tout autant terrifiant. Tu te sens atteint dans l’un des éléments qui comptent le plus pour toi, dans ton identité d’une certaine façon. Comme si ton père avait réussi à te frapper à distance, à te déposséder d’une partie de toi-même. Bien sûr que tu es capable de vivre sans magie. Ce n’est pas pour autant que ce ne serait pas douloureux ni une épreuve. Pas alors que tu adores les sortilèges, que tu aimes profondément cette affinité que tu as avec la magie, te perdre dans les enchantements que tu pratiques des heures durant. Pas alors que tu as tant bataillé pour accepter ton identité de sorcier et la revendiquer, pour admettre que tu n’étais pas un monstre ni une abomination. La magie fait partie de toi, elle est aussi ta meilleure arme dans la guerre. D’une certaine façon, tu t’étais toujours cru en sécurité à Poudlard, que personne ne pourrait t’y atteindre – c’est vrai en un sens, c’est l’été à Londres que tu es en train de payer, mais tu ne pensais pas te sentir aussi diminué à Poudlard. Surtout aussi longtemps. Ça dure au moins depuis septembre, depuis ta rencontre avec Olivia Baring, lorsque tu as été incapable de transplaner et que tu as failli t’évanouir. Et tu ne sais pas quand ça reviendra à la normale. Tu ne peux qu’espérer que tu n’auras pas pris trop de retard d’ici là. Que tu n’auras pas à faire face à de gros ennuis non plus.
Tu vis mal tes sautes de magie au quotidien, témoin le cours de Défense contre les forces du mal qui a été un fiasco complet. D’ordinaire, il s’agit d’une de tes matières préférées, car elle mêle théorie et pratique, apprentissage de nombreuses notions dans plusieurs domaines magiques et sortilèges de défense comme d’attaque. Tout ce que tu aimes en une seule matière. Mais tu n’as jamais raté autant de sortilèges que ce matin, sous le regard perplexe du professeur et celui, goguenard, de tes condisciples, ravis de te voir chuter sur un de tes domaines de prédilection. Même si tu sais que tu n’en es pas responsable la frustration rôde. Sans parler du fait que tu as failli tourner de l’œil en plein cours. Tu as reconnu les signaux d’alerte à temps pour t’asseoir. Lorsqu’un bras s’est tendu vers toi pour te soutenir, tu l’as repoussé brusquement. Les commentaires n’ont pas manqué de fuser. « Eh, tu as oublié qu’il est violent ? Faut pas l’approcher ! ». « C’est fou qu’ils le laissent encore suivre ces cours… » Le reste s’est perdu dans les brumes des vertiges et de la nausée. Mais les remarques te passent au-dessus de toute façon.
Et ce n’est pas le seul problème auquel tu as à faire face. À côté de la magie, il y a aussi les autres cours.

L’après-midi commence par un cours de droit magique, plus tranquille, mais ce n’est pas assez pour chasser l’appréhension qui te noue le ventre comme avant chaque cours de corps-à-corps depuis la rentrée. Tu as beau essayer, tu n’arrives pas à t’y habituer. Aucune leçon n’a tourné au désastre de la première fois, mais c’est parce que le professeur et toi restez sur un statu quo pour l’instant. Tu as assez évoqué les potentielles solutions lors de ta discussion avec Kayla, sans te résoudre à les mettre en œuvre, même si votre échange a été extrêmement libérateur. Ça a rendu les choses concrètes, réelles, mais tu n’es plus seul à porter ce poids, tu n’es plus seul à essayer d’y faire face, et le soutien de ton amie ne s’est pas démenti, elle est toujours là pour toi. Et c’est un immense soulagement. Tu savais pouvoir lui faire confiance, mais c’est bien mieux de le voir concrètement, de constater que tu peux compter sur elle, même pour les choses les plus difficiles. Te confier sur le sujet devenait nécessaire, presque vital ; et malgré son émotion, elle a su trouver des mots qui t’ont fait du bien. Ça n’a pas fait disparaître entièrement ta culpabilité, mais ça l’a un peu atténuée. Et tu as aussi compris qu’en fin de compte, tu ne t’en sortais pas si mal. Que c’était déjà beaucoup d’arriver à tenir. C’est compliqué aussi d’accepter qu’une part aussi importante de ton histoire se trouve entre les mains de quelqu’un d’autre, hors de ton contrôle. Mais… tu as confiance en Kayla, comme tu as confiance en Sean : aucun des deux ne t’a trahi jusque-là, aucun n’a de raisons de le faire. Tu n’es pas seul. Tu te raccroches à cette phrase de toutes tes forces. Tu ne l’es pas, tu ne l’es plus, il y a des personnes qui tiennent à toi et même si le « pourquoi ? » danse encore trop souvent dans ta tête, ils sont là. Et c’est le plus important.

Le temps de te changer, pas dans les vestiaires attenants à la salle de sport, parce que tu ne supportes pas de te déshabiller devant les autres et que tu caches toujours tes marques, et tu rejoins le cours de corps-à-corps, avec toujours la crainte que le professeur te mette sur un nouveau duel. Mais pour l’instant, il ne le fait pas. Il a l’air de vouloir attendre au moins que tu aies fini les heures de colle qu’il t’a données, comme s’il espérait te faire comprendre que « la violence, c’est mal ». Il ne te pardonne pas non plus ta fuite ce jour-là, le fait que tu aies mis plusieurs heures avant de te présenter à lui et de t’excuser. Il t’a donné les pires corvées qui pouvaient lui tomber sous la main, tu espères que l’heure de ce soir ne sera pas consacrée au récurage de chaudrons infâmes. Tu comprends l’idée derrière. Bien sûr que dans les postes auxquels vous prétendez, vous devez rester maîtres de vous-mêmes, ne pas faire un usage inconsidéré de la violence. Tu aurais peut-être juste voulu qu’il demande « pourquoi », même si tu n’aurais pas vraiment répondu, plutôt que de penser directement que tu es un adepte de la violence ou que tu perds facilement ton sang-froid. Mais tu es en tort et rien ne l’excuse, c’est aussi simple que ça et tu en as bien conscience.
L’échauffement se déroule bien, de même que les enchaînements de mouvements. Tu n’as pas de mal, tu pratiques depuis ton enfance. C’est peut-être pour ça que tu as un peu de répit, l’enseignant a dû constater que tu maîtrisais le sujet, que ce n’était pas simplement de la violence brute. Pas vraiment de duels pour cette fois, surtout de l’approfondissement des mouvements. Tu t’immerges dedans, te rappelles les heures et les heures passées avec ta mère sur le même genre d’exercices. L’entraînement ici reste assez académique, loin de ce qu’elle t’apprenait. Un vrai combat, ça va vite, ça ne respecte qu’une règle : se débarrasser de son adversaire au plus vite, et peu importe les moyens employés tant qu’il est à terre dans les premières secondes. Elle t’a appris quelques coups vicieux que tu n’as pas l’intention de reproduire ici – sauf si tes stupides réflexes prennent une fois de plus le dessus. Mais ce ne sera pas le cas aujourd’hui.
Le professeur te fait signe de le rejoindre, tu obéis le ventre noué. L’heure va bientôt sonner, il est trop tard pour un duel, il ne referait pas la même chose qu’en début d’année… Tu dissimules ton appréhension.

— Professeur ?

— Il y a un changement, c’est le professeur McFusty qui assurera votre retenue ce soir. Ne traînez pas à la fin des cours pour la rejoindre.


— D’accord.

Le soulagement l’emporte. Tu ne doutes pas qu’elle soit capable de te trouver quelque chose de difficile à faire, ce n’est pas la question, mais tu n’as pas vraiment eu l’occasion de la recroiser depuis cet été, et ça te fait plaisir d’en avoir l’occasion malgré les circonstances. Et tu as entendu les rumeurs à son sujet, le fait qu’elle a elle-même été atteinte par le Neutraliseur, plus gravement encore que toi, et qu’elle a pratiquement perdu sa magie depuis quelques semaines, se faisant aider de son elfe de maison. Tu espères que ça va – et tu auras l’occasion de le vérifier par toi-même, de plus près que seulement l’apercevoir à la table des professeurs. Tu ne préfères pas demander si elle est au courant de ce qui t’amène. Si elle peut comprendre ou si elle va se dire qu’elle t’a mal jugé. Quand tu penses à tous les encouragements qu’elle t’a donnés…
Sans elle, tu ne te serais sans doute pas confié à Kayla – pas aussi tôt du moins. Tu aurais continué à te refermer, à essayer de tenir seul. Tu ne sais pas combien de temps tu aurais résisté, ça aurait juste été encore bien pire que maintenant.
Sans elle, tu ne sais pas comment tu aurais traversé les premières semaines de l’été. La nuit passée à discuter avec elle a été un refuge et un havre, l’occasion de recharger tes batteries et, en plus de la matière à réflexion dont elle t’a abondamment provisionné, de garder un merveilleux souvenir avec le dragon. Le même genre de bulle que lors du week-end avec Sévastian.
Sans elle… Finalement, tu te demandes s’il n’aurait pas mieux valu que ce soit un autre professeur. Mais tant pis. Tu espères surtout qu’elle va mieux que cet été, que les choses se sont un peu arrangées pour elle.

Une douche rapide, puis tu te changes. Tu n’as pas le temps de remonter ton sac de cours jusqu’à la tour de Serdaigle, alors tu descends avec vers le parc où elle doit sans doute t’attendre. Tu prends la direction de la zone des enclos où tu as le plus de chance de la trouver. Malgré le soulagement, tu n’en mènes pas très large. Tu profites de l’air frais en traversant le parc, ça te change des profondeurs du château.
À l’intérieur d’un enclos, tu reconnais la silhouette d’Abigail et tu la rejoins rapidement, lui jetant un coup d’œil sans vraiment pouvoir évaluer ce qui est dû au Neutraliseur, d’autant qu’elle n’allait pas très bien quand tu l’as croisée cet été.

— Bonsoir, professeur. J’espère que vous allez bien ?

Tu préfères ne pas poser de question plus frontale. Tu reprends :

— On a dû vous prévenir… Il y a eu un changement, je suis en retenue avec vous ce soir. Je suis désolé.

Ce n’était sans doute pas prévu dans son programme, ça a eu l’air de se faire à la dernière minute.

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On apprend tout de ses défaites [Eirian] 21013008104866668 On apprend tout de ses défaites [Eirian] M-daille-Eirian

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Abigail MacFusty
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Mar 5 Oct - 20:42

Octobre 2020

Tournoyant dans un enclos, sous les yeux circonspects du démiguise qui s’y trouvait, je remuais d’impatience, un doigt devant les lèvres tandis que j’énumérais mentalement une liste que j’avais élaborée en un temps record. Une punition… évidemment, ce n’était pas la première fois qu’en tant que professeur je devais m’occuper de remettre sur le droit certains élèves, mais là il y avait prescription non ? Eirian Howl ? Enfin cela dit tout pouvait arriver, j’en savais quelque chose alors que la rumeur de mon couple récent avec Harper commençait à se répandre dans les murs de Poudlard. Non pas que le potin me dérange plus que ça, au contraire il me faisait même un peu plaisir, mais je devais dire que j’en étais toujours la première surprise d’avoir pu à ce point renouer avec la seule personne que j’aimais de ma vie.
Alors si cette improbabilité s’était finalement réalisée, qu’est-ce qui empêchait le jeune étudiant de Serdaigle à avoir enfreint le règlement ?
Lorsque ce dernier se présenta devant moi, peut-être un peu pantelant, je le regardais de bas en haut comme si je m’assurais qu’il s’agisse bien de lui.
Je ne l’avais pas connu en grande forme l’été passé, c’était le moins que l’on puisse dire, tout le moins, il semblait avoir parvenu à se maintenir en forme, quoiqu’il était un peu pâle.
En ce qui me concernait, ma forme était parfaitement incomparable : d’amaigrie, pâle, aux yeux cernés et totalement endeuillée, j’étais redevenue une femme aux traits tout à fait attrayants, teint retrouvé et œillade à nouveau pleine de sagesse dont un brin de malice que peu pouvaient déceler. Si le neutraliseur de magie m’avait frappé très tôt à la suite des événements à Pré-au-Lard, j’avais tenu à ne pas le cacher à ma direction ni à mes élèves. Ainsi, ils avaient tous conscience du mal dont j’étais rongée, et c’était sans compter la présence de Bonnie qui me suivait comme mon ombre. Par ailleurs, elle ne tarderait sûrement pas à revenir, elle qui était allée me chercher un manteau afin de résister au froid extérieur de la nuit qui commençait à tomber lentement mais sûrement.
Ainsi, surprise (quoiqu’heureuse) de voir Eirian en face de moi, je ne pus m’empêcher de m’exprimer sur un ton sensiblement ironique.

- Et ben mes cadets, et ben mes p’tits frères, ça commence bien ! Et pour lui signifier que je ne lui tenais pas rancune de la situation, je souriais avec cette bienveillance qui me personnifiait tant et dont il avait pu être témoin, ne serait-ce que durant une nuit. Je suis surprise de te voir, vraiment, j’ai même cru qu’il y avait eu une erreur d’identité dans la missive que j’ai reçue.

J’étais passée au tutoiement sans la moindre gêne, et ce de manière totalement intentionnelle. Après tout, lui et moi nous nous étions raconté certains de nos vices cachés, nous avions passé la nuit (au sens propre du terme), puis nous étions allés admirer l’un de mes protégés (bien que ce dernier pèse plusieurs tonnes). Si ce soir j’allais devoir emmener Eirian avec moi pour une punition et lui « apprendre les bonnes manières » je préférais que ce soit fait en bon terme.
La bouche ouverte, j’allais prendre la parole lorsqu’un petit craquement se fit juste à côté de moi. La petite elfe de maison à la peau violacée, aux oreilles rappelant les ailes d’un avion et aux grands yeux verts fixa l’étudiant d’un air interloqué avant qu’elle ne me tende mon manteau.

- Maitresse a-t-elle encore besoin de Bonnie ce soir ?
- Je le crains, désolée pour ta partie d’échecs magique avec tes amis en cuisine, mais ce soir nous devons nous rendre dans la forêt interdite. Je jetais une œillade amusée à Eirian. On aura peut-être besoin de ta magie.
- Maitresse dit ça pour embêter Bonnie parce que Maitresse sait qu’elle a des projets ce soir ! Maitresse se vante tout le temps de pouvoir se débrouiller sans Bonnie dans la forêt !

Je ricanais légèrement en roulant des yeux. L’elfe de maison, qui portait une charmante petite tenue rouge aux finitions dorées et qui arborait au niveau de sa poitrine le symbole des MacFusty, un dragon doré lui aussi, avait toujours eu de la répartie et du répondant, surtout avec moi, et encore plus maintenant qu’elle était avec moi pour me seconder dans mes cours. Cela dit, moi, je ne lui avais rien demandé, elle était venue m’aider de son plein gré (et apparemment aussi de celui de mes parents).

- Je sais Bonnie, mais ce soir nous devons aller dans un endroit spécial. Si on ne traine pas, peut-être pourras-tu quand même faire certaines parties ?

L’elfe se mit à grommeler comme une enfant.

- Maitresse ne tient jamais ses promesses envers cette pauvre Bonnie qui l’aide avec bonté et humilité.
- Oh hé, Princesse chagrin ça suffit s’il te plait, en plus tu exagères, je tiens mes engagements avec toi. Hier tu as eu ton après-midi.

L’elfe de maison allait répliquer, mais je lui fis signe de la main de s’abstenir. Si j’étais gentille et toujours ouverte d’esprit, je savais aussi mettre fin à une discussion quand je le jugeais nécessaire, et je voulais éviter à Eirian l’une de mes nombreuses scènes de ménage avec mon elfe de maison. D’ailleurs en parlant de lui, je le regardais à nouveau (jamais dans les yeux cependant), et, attrapant l’un des sacs en bandoulière que j’avais préparés, je lui tendais.

- Tiens, tu vas avoir besoin de ça.

Sans en dire davantage, je lui indiquais d’un simple geste du menton de me suivre une fois mon manteau sur mes épaules. Tranquillement, je le boutonnais tout en traversant l’enclos pour passer entre les barrières en bois et me retrouver directement entre les imposants troncs de la forêt Interdite. Laissant le silence s’installer tandis que je marchais ici comme si je me trouvais dans un lieu particulièrement connu, à l’aise et décontractée comme il avait déjà pu me voir sur une île habitée par un dragon. Ce fut en enjambant une grosse racine que je reprenais la parole.

- Alors, qu’est-il arrivé pour que tu sois en retenue ce soir ?

Pour une fois, j’étais véritablement curieuse, bien que ce ne soit pas une curiosité mal placée. J’étais un professeur qui voulait savoir pourquoi il devait punir son élève, un étudiant qu’elle affectionnait qui plus est. Sans véritablement m’attendre à ce que le jeune homme se dévoile véritablement (je savais d’expérience qu’il ne le faisait pas vraiment), je continuais ma route, marchant apparemment sans l’ombre d’une hésitation. Au buisson, à gauche, puis au petit saule, direction nord.


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Ven 8 Oct - 19:07
On apprend tout de ses défaites
« octobre 2020 »
Tu traverses le parc de Poudlard à pas rapides, un peu inquiet malgré tout non pas de la punition qui ne sera au pire qu’un mauvais moment à passer, mais de l’accueil que tu vas recevoir de la part d’Abigail. Est-ce que le professeur lui aura détaillé les raisons de ces heures de retenue ? Tu ne l’espères pas. Mais qu’il lui en ait parlé ou que ce soit toi qui le fasses, ça ne change rien à ce qui s’est passé. C’est entièrement de ta faute, et tu n’as pas l’intention de nier ta responsabilité. Rien ne serait arrivé si tu avais pu te maîtriser. Tu l’aurais mis par terre d’une prise ou deux, le professeur aurait vu ton niveau et tout aurait été terminé. Il faut que tu règles ça avant la fin de l’année, avant les examens. Même là, tu doutes qu’ils acceptent des méthodes peu orthodoxes même si elles sont efficaces. Et tu es censé prouver que tu es capable de te maîtriser en situation de stress, que tu gardes ton sang-froid et que tu ne fais pas un usage abusif de la force, sans parler d’être violent. Et tu n’as aucune idée de comment t’y prendre. Enfin, si. Psychomage, le soutien de Kayla… Tu n’arrives juste pas à passer à l’action. Rien que l’idée de te trouver tenu, maintenu, même par une amie… ça te donne l’envie irrésistible de te libérer, à n’importe quel prix. Il faudrait y aller en douceur, mais… La pensée te serre la gorge, te noue le ventre. Tout ton corps proteste, un « non » que tu entends presque résonner. Ne me touchez pas, ne m’approchez pas. Comme un barrage, une protection inutile. Mais tu ne peux pas laisser cette faiblesse-là te priver du seul chemin que tu as envie de suivre. Tu ne peux pas échouer sur la ligne d’arrivée. Tu en as envie, parfois, d’abandonner, de céder au « à quoi bon » qui rôde, parce que les obstacles ne cessent de s’accumuler, parce que tu n’arrives pas à aller au-delà, à prendre encore sur toi. Mais te rouler en boule dans un coin ne changera rien à ta situation.
Tes pensées reviennent à Abigail. C’est un peu étrange, après la discussion que vous avez eue cet été, de revenir à ce statut de professeur et d’étudiant même si tu n’entends bien sûr pas dépasser les limites. Tu verras bien comment elle réagit une fois sur place, ça ne sert à rien de te poser mille et une questions avant.

Les enclos se détachent dans la lumière ternie de la fin de journée. En plissant les yeux, tu distingues à peine la créature qui s’y trouve, mais tu reconnais la silhouette, la longue fourrure soyeuse et argentée. Une demiguise. Ce n’est pas si courant d’en voir, vu leur capacité à se rendre invisible et à anticiper les gestes. Ce qui montre une fois de plus le talent d’Abigail avec les créatures magiques.
Tu l’aperçois ensuite et tu la rejoins. Elle te détaille des pieds à la tête comme si elle doutait qu’il s’agisse bien de toi. Eh si, pourtant. Tu as toujours pris soin d’entretenir ta réputation d’élève sérieux, brillant dans certaines matières, et absolument sans histoires, rien qui puisse attirer les questions d’un professeur – ce n’était pas vraiment un mensonge de toute façon, tu as juste veillé à ne pas trop laisser dépasser le reste ou à le mettre sur le compte d’un à-coup passager. Personne n’a jamais vraiment su pour tes vadrouilles nocturnes, malgré quelques chaudes alertes. Les affrontements contre certains sang-pur n’ont pas toujours eu lieu dans la discrétion, tu t’es parfois retrouvé face à Rusard, mais tes adversaires ne tenaient pas particulièrement à avouer la cause de l’altercation, tu n’avais pas une réputation de provocateur, et tu ne tenais pas non plus à ce que ça aille trop loin, pour ne pas attirer l’attention sur toi. L’un dans l’autre, au cours de ces presque dix ans de scolarité, tu ne t’en es pas trop mal tiré dans tes rapports avec les autorités professorales. Ce qui rend d’autant plus surprenante ta présence ici ce soir.
Pour l’heure, c’est surtout sur Abigail que tu te concentres. Malgré le neutraliseur, elle n’a plus rien à voir avec la sorcière malade et affaiblie que tu as croisée cet été. La période était certes plus que difficile pour elle, mais tu as presque l’impression d’être face à une autre personne. Le teint frais, le regard vif et malicieux, elle rayonne pratiquement. Un changement qui te fait vraiment plaisir. Peut-être a-t-elle eu des bonnes nouvelles dans sa vie privée ? Des projets en lien avec les dragons et son frère ? Tu te rappelles ta promesse de croire pour elle à l’amour, à cet embranchement possible. Peut-être s’agit-il de cela. Quelle qu’en soit la raison, tu te réjouis pour elle de la voir en aussi bonne forme – et visiblement pas abattue de la perte de ses pouvoirs magiques, alors que tu n’arrives pas vraiment à t’y faire, bien que tu sois moins atteint.
Elle te salue d’une exclamation taquine et tu souris, un peu embarrassé, bien conscient de la situation peu glorieuse qui t’amène à elle. Elle te sourit cependant avec bienveillance et un poids quitte tes épaules. Le tutoiement te surprend un peu, mais c’est un signe de plus qu’elle tient à rester sur un terrain familier malgré le contexte.

— Eh non, c’est bien moi. Comme quoi, tout peut arriver…


Elle est sur le point de poursuivre lorsqu’un craquement résonne et une elfe de maison apparaît à ses côtés. Elle te fixe avec surprise, tu la salues.

— Bonsoir.

Elle tend un manteau à sa maîtresse. Une retenue extérieure, visiblement. Ce que confirme Abigail presque aussitôt en évoquant la Forêt interdite. Tu t’y es aventuré lors de tes explorations nocturnes, jamais sans être certain de ta magie cependant. Sans parler du tournoi récemment, dans un contexte un peu plus encadré et censément plus sûr, même si les échos que tu as eus en provenance des Gryffondor n’allaient pas forcément tous dans ce sens. Tu n’es cependant pas dépourvu de tout pouvoir et Abigail connaît les lieux mille fois mieux que toi.
La discussion entre l’elfe et sa maîtresse se poursuit. Bonnie se plaint de sa soirée, tu grimaces un peu. C’est entièrement de ta faute si tu perturbes leurs plans. Tu n’interviens pas cependant, leur conversation n’a pas l’air si sérieuse, et Abigail y met rapidement un terme. Elle te tend un sac à bandoulière que tu attrapes, curieux.

— Qu’est-ce que nous allons faire ?

Des récoltes peut-être ? Tu as toujours été au mieux passable en botanique, est-ce qu’il y a une plante utile aux créatures qui se ramasse à cette période ? Tu hésites. Les informations viendront en temps voulu, pour l’instant tu suis le mouvement.

L’enclos n’est pas très loin de la Forêt interdite, et vous l’atteignez rapidement. Un silence particulier, un peu oppressant, règne entre les troncs imposants. Non, pas vraiment un silence, puisque le vent souffle dans les branches et que des bruits ici et là trahissent la vie animale. Plutôt une atmosphère, comme si en quelques pas tu changeais presque de monde. Tu prends soin de faire le moins de bruit possible, avançant dans les pas d’Abigail, aussi à l’aise que si elle se promenait en plein Londres, avec l’assurance qu’elle montre avec les créatures magiques. Le silence dure quelques instants, puis elle t’interroge sur ce qui t’amène là. Visiblement, on ne lui a rien dit. Ce n’est pas plus mal, mais tu ne sais pas vraiment comment tourner les choses. Elle sait bien que tu n’es pas à l’aise avec les contacts, elle a eu l’occasion de le constater à chaque fois que tu as transplané avec elle, mais elle n’a pas vraiment pu voir à quel point c’est handicapant. D’un autre côté, l’histoire a largement circulé dans les couloirs, répandue par les élèves de ta classe, trop heureux de montrer à quel point tu peux être violent. Tu l’es sans doute plus qu’eux, c’est vrai, parce que la violence a toujours fait partie de ta vie même si tu ne l’aimes pas. Et c’est bien par les commérages que Kayla l’a appris, avant de venir te rejoindre et que tu te confies à elle.

— C’est entièrement ma faute. Il y a eu un incident au début de l’année en cours de corps-à-corps. Le professeur nous a demandé de passer deux par deux pour montrer ce que nous savions faire. J’ai mis mon adversaire à terre un peu trop brutalement. Il n’a pas été blessé, tu ajoutes rapidement.

Juste assez sonné. Parce que tu t’es brusquement rappelé où tu étais.

— Et j’ai quitté la salle, je ne suis pas revenu tout de suite pour m’excuser, ce que le professeur n’a pas apprécié. D’où ces heures de retenue.

Tu gardes une voix égale, assez neutre, sans pour autant donner l’impression que tu n’en as rien à faire.


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Dim 10 Oct - 22:40

Octobre 2020

J'avais toujours du mal à croire qu'Eirian était là, avec moi, pour une retenue, et surtout, j'avais du mal à lui trouver une punition adaptée. Je n'allais pas lui faire écrire au tableau noir cent fois "je dois être gentil avec mes petits camarades", ce serait totalement contreproductif. Si punition il devait y avoir, j'appréciais en connaître les raisons pour que l'élève puisse en sortir grandit, même lorsqu'il s'agissait d'individus qui avaient déjà beaucoup à vivre et à apprendre, comme Eirian. Néanmoins, avoir des soucis dans sa vie n'excusait pas tous les comportements, et en cela j'étais bien obligée de me ranger aux côtés de mon professeur. Quand bien même j'avais du mal à saisir pourquoi il l'avait puni, je me contentais de supposer que l'étudiant de Serdaigle omettait volontairement quelques détails d'importance, comme la violence de l'échange au corps à corps ainsi que de son état à ce moment. Si le professeur avait jugé bon d'intervenir, c'était sans doute pour une excellente raison que je ne remettrais pas en cause ce soir. Les faits étaient là et Eirian attendait sa sentence avec une angoisse presque palpable. Ainsi, c'était bien pour le faire languir que je m'étais contentée de lui sourire tandis qu'il m'interrogeait sur notre activité nocturne. Il saurait en temps et en heure, et le suspense allait peut-être lui mettre du plomb dans la tête.
Une vérité qu'il ne devait pas savoir en revanche, c'était que j'étais à moitié en train d'improviser ma correction puisque je n'avais pas été informée des faits ni que ce serait moi son chaperon ce soir.

Heureusement pour moi, je connaissais la forêt interdite comme ma poche puisque je l'arpentais depuis ma première année à Poudlard malgré les prohibitions de la direction. Je savais donc qu'elle regorgeait de merveilles qui allaient m'être utiles ce soir. À bien y réfléchir, je me serai contentée de faire ramasser à Eirian des plantes particulièrement nauséabondes, mais maintenant que je connaissais l'histoire de sa punition, je décidais de changer d'avis.
Ainsi donc, aura-t-il peut-être remarqué que je changeais de cap aussitôt son récit terminé. La lune qui avait été dans notre dos jusque-là se tenait maintenant sur notre droite avec obstination.
Une fois mon idée bien accrochée à mon esprit, je tournais enfin le visage en direction de l'élève pour lui répondre enfin après un long silence. S'il m'avait connue bavarde en été, il allait ce soir être confronté à la personne que j'étais lorsque je travaillais en tant que professeure : à savoir quelqu'un de discret, qui se contente de parler quand cela est nécessaire, mais quelqu'un qui reste particulièrement professionnel.
Ce soir, hors de question que je m'épanche sur ma vie privée.
Quand bien même j'appréciais le jeune homme, il était rare que je confonde vie privée et vie professionnelle, surtout dans des mesures comme celle de ce soir. Néanmoins, cela ne me rendait absolument pas austère et ce fut un sourire presque ironique qui s'accrocha au bout de mes lèvres.

- Ah… je crois que je comprends la situation oui… Je suis désolée pour toi, et je vais essayer de t'apporter ce soir une leçon qui puisse t'être utile pour la suite.

Il m'était toujours étrange de trouver des solutions pédagogiques pour les humains alors que je ne savais guère m'exprimer en société. Cela dit, ma capacité d'adaptation hors du commun et mon adaptabilité me permettaient d'être une enseignante tout à fait remarquable malgré ma timidité handicapante.
Trottinant derrière nous, et bougon comme une enfant, Bonnie avançait silencieusement sans piper mot, les poings serrés. Je lui jetais un regard plein de compassion afin qu'elle comprenne que je faisais mon possible, avant de revenir devant moi et balayer l'horizon d'un coup d'œil.
En réalité, je n'avais pas entendu parler du comportement regrettable de mon élève de ce soir tout simplement parce que je n'accordais pas spécialement d'importance aux rumeurs. Si j'avais dû le faire, sans doute serais-je six pieds sous terre à cause de mes collègues dragonologistes qui me pensaient tout à fait incompétente, je serais soufflée par les moqueries de mes élèves dans mon dos et peut-être serais-je morte de honte d'entendre qu'on commence à parler de mon couple.
Il fallait dire qu'avec Harper, bien que nous restions très professionnelles dans le cadre de l'école, nous ne nous cachions pas non plus. Comme me l'avait dit Luca lors de la fête étudiante, les professeurs ont aussi une vie privée.
Enfin, j'avais mal à la tête rien qu'en entendant mes collègues discuter dans la salle qui nous était réservée, alors si en plus je devais prêter une oreille attentive à toutes les rumeurs, ce serait de nombreux autres traitements que je devrais prendre, en plus de ceux que j'avais déjà.
C'était hors de question.

Sans aucune hésitation, je bifurquais après une racine immense, faisant deux fois ma hauteur. Après ce virage, étrangement, la végétation semblait sensiblement plus dense, et bientôt, une clairière s'ouvrit à nous. Ce fut non loin d'un petit rocher que je m'arrêtais avant de m'asseoir, prenant mon aise. Bonnie, qui boudait toujours, se mit légèrement à l'écart.
Ramenant une jambe contre ma poitrine, je l'entourais de mes mains entremêlées, révélant la noirceur de l'encre de mon tatouage sur les doigts gauches. Seules les bagues à mon majeur et mon pouce ne furent pas impactées par le déplacement du dessin sous ma peau.

- Bien, on va passer une partie de la soirée ici. Fais vite, et on rentrera vite. Va lentement, et nous rentrerons que demain matin. Je donnais un coup de menton en direction de mon elfe de maison. Et elle t'en voudra à vie de lui avoir fait rater sa soirée carte aux cuisines.

J'accordais un clin d'œil à Eirien, lui signifiant que je plaisantais, mais les grandes oreilles plaquées en arrière, et le regard sévère, Bonnie montrait que ce n'était pas tant que ça à prendre à la légère. Moi, j'avais grandi avec cette elfe de maison, je savais de quoi elle était capable. Eirian devait pour le moment se contenter de son imagination que je savais fertile. C'était parfait pour le mettre en condition. Bien sûr, j'abusais un peu de son sens du devoir et de sa gentillesse, mais je me devais de lui enseigner apparemment les bonnes manières, et ça devait commencer par une sensible leçon de morale. À faire chier une personne, on peut en faire chier plein d'autres. Quand bien même j'avais conscience qu'il savait déjà tout cela, une piqûre de rappel ne faisait jamais de mal à personne. Je poursuivais en désignant la clairière qui s'étendait à nos pieds. L'herbe était passablement haute, suffisante pour recouvrir la moitié du corps d'Eirian (autant dire que moi, on ne verrait plus que ma tête).

- Tu trouveras là-dedans des champignons d'une utilité très particulière pour des onguents de toute sorte. Mais je te préviens : quand on les découpe, ils puent comme un cadavre putréfié. À ces mots, on pouvait entendre Bonnie ricaner au loin. Dans ton sac tu trouveras tout ce dont tu as besoin pour les découper. Il faut que la découpe soit nette et précise, sinon le champignon repousse mal.

Je me décidais enfin à me lever, fouiller dans ma propre besace et en sortir un couteau. Là, je m'approchais des hautes herbes et, écartant les premiers brins du bras, je désignais un champignon énorme à l'élève de la maison bleue. Il était d'une couleur orange peu commune, son chapeau était très large, ce qui demandait à s'agenouiller pour pouvoir tailler son pied. Juste sous le chapeau, le pied s'élargissait, rappelant un peu alors une tête humaine. Le tronc, lui semblait si filandreux qu'il s'écartait en trois parties, rappelant alors un corps avec deux bras. Quant à sa hauteur, à moi, il m'arrivait à la poitrine. Son pied était large et semblait bien ancrée dans le sol, pourtant, je m'accroupissais et le taillais d'un coup sec, sans aucune hésitation ni once de pitié. Le fongus tomba comme un petit arbre et dégagea alors des spores à retourner l'estomac des plus sensibles. Moi, je me contentais de retrousser le nez et sorti un bocal que j'avais récupéré au préalable pour le faire entrer dedans. Grâce à la magie, aussitôt le pied rapproché du verre, le champignon rapetissa pour s'adapter à la taille du bocal, que je refermais aussitôt le végétal totalement rentré à l'intérieur.
Une fois prisonnier, la couleur orange s'illumina sensiblement, éclairant au passage mon visage puisque j'avais rapproché le verre afin de mieux observer le spécimen.

- La tâche n'est pas aisée dans le sens où le pied est plus solide qu'il n'y parait. Le fait que je venais de le découper avec une apparente facilité démontrait que j'étais habituée à l'exercice. Ah et… ils se défendent aussi. Méfie-toi. Ils aiment agir en groupe, du coup, évite de leur faire mal plus qu'il n'en faut, du genre... Ne met pas le feu à la forêt, s'il te plaît.

Sans en dire davantage au jeune garçon, je retournais auprès de nos affaires et déposais le bocal dans mon propre sac en bandoulière. Reprenant ma position assise sur le rocher, je fis signe à Eirian de commencer.
Dans le sac il trouvera une multitude de bocaux, à croire que je les avais ensorcelés avec un sortilège de multiplication tant il y en avait.
Dernier point important : les champignons étaient vivants. À l'instar des Mandragores qui hurlaient lorsqu'elles étaient mises hors de la terre, les champignons, eux, utilisaient leurs racines pour se déplacer, mais aussi ligoter leurs agresseurs… comme pour faire un gros câlin.
Je savais qu'Eirian ne supportait pas d'être touché par des êtres humains, je l'avais remarqué, et non seulement je le comprenais, mais je le respectais aussi. J'étais curieuse de voir s'il allait supporter la proximité avec des champignons puant la mort, d'autant plus que s'il n'était pas assez rapide, ce serait une horde de fongus entière qui lui foncera dessus, car les spores dégagées par le végétal appelaient leur congénère… et j'avais donné l'alerte en découpant le premier champignon pour donner faire ma petite démonstration. Évidemment, ce geste avait été parfaitement calculé et prévu de ma part.
Si l'exercice était périlleux, il aurait peut-être le mérite de faire apprendre à Eirien à contrôler ses pulsions lorsqu'il était à proximité d'un humain… Ou d'une plante.



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Mer 13 Oct - 10:28
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« octobre 2020 »
Abigail ne te répond pas lorsque tu lui demandes ce qu’elle prévoit de te donner comme retenue, et tu en prends ton parti. Tu auras la réponse bien assez vite de toute façon. Tu la suis en direction de la Forêt interdite, le sac qu’elle t’a donné sur l’épaule. Le lieu en lui-même ne te fait pas peur, et tu sais qu’avec elle, tu ne crains pas grand-chose. Elle connaît beaucoup trop bien la faune et la flore locales, et sait surtout comment les gérer. Et tu la vois mal te jeter dans la gueule d’une Acromentule – enfin, tu ne crois pas avoir commis une incartade qui appelle une telle punition. Tu avances sous les arbres en prenant soin d’éviter les racines, attentif à ce qui se passe autour de toi, aux bruits de ce début de soirée. Au chemin que vous suivez aussi. Tu enregistres machinalement les changements de direction, prends note des points de repère, rocher saillant, arbre particulier…
Lorsqu’elle te demande ce qui t’amène là ce soir, tu ne t’étends pas vraiment. Tu t’en tiens au récit brut des faits, sans t’attarder sur tes raisons ou te chercher des excuses. Ça ne sert à rien. Tu as merdé, un point c’est tout. Peu importe le reste, peu importent tes problèmes stupides. Ce qui s’est passé n’aurait jamais dû arriver et c’est normal que tu en paies le prix. T’étaler ne changerait rien, évoquer tes soucis ne ferait qu’aggraver tes torts. Ta mère te l’a souvent répété par le passé, lorsqu’elle t’entraînait : « tu dois toujours savoir ce que tu fais, maîtriser tes gestes, savoir dans quelle intention tu frappes. » Dans son idée, c’était surtout pour choisir entre blesser et tuer, connaître la ligne entre les deux pour décider de la franchir ou non en toute conscience. Elle t’a appris des coups vicieux, elle t’a appris à les doser aussi, à placer ta force au mieux, attentive à la limite entre défense et violence, entre protection et brutalité. Un chemin qui te parlait et que tu t’es toujours efforcé de suivre – et tu n’as jamais tué, essayant toujours de blesser tes adversaires pour avoir le temps de fuir. Jusqu’à ce que tes maudits ennuis se mettent en travers de ta route.
Tu as bien essayé de demander à ne pas passer, mais le professeur a balayé tes mots d’un revers, tu as tenté d’esquiver les coups, de ne pas venir au contact, mais ça ne faisait que donner plus d’assurance à l’autre. Il a seulement été sonné, mais c’était déjà trop avec le niveau que tu es censé avoir et le contrôle qui va avec, alors que c’était simplement une démonstration de tes compétences, qu’on te demandait juste de l’amener au sol ou de le bloquer, rien d’autre. Surtout pas de cogner sans réfléchir. Surtout pas non plus de fuir ensuite, malgré les appels du professeur dans ton dos que tu as sciemment ignorés. Tu sais très bien ce qui t’a fait vriller, la crainte que l’autre te touche et te maintienne, le fait qu’ils étaient tous là, autour de vous, à vous observer, à attendre la suite. Tu t’es senti acculé, piégé, sans échappatoire, et tu as embrayé sur ton mode de survie, le combat ou la fuite, les deux l’un à la suite de l’autre. Et ça, rien ne l’excuse ni ne le justifie, pas dans un bête contexte d’entraînement scolaire. Et tu comprends que l’enseignant ait voulu marquer le coup lorsque tu es allé présenter tes excuses, vu les responsabilités que vous aurez par la suite. Ce n’est pas le genre de comportement qu’on attend d’un Auror digne de ce nom. Tu ne peux pas demander aux autres de faire attention à toi, la vraie vie ne le fera pas, tu es bien placé pour le savoir. Tu aimerais juste… que tout s’arrête quelques jours, quelques semaines, pour te laisser le temps de respirer, de rester hors de l’eau. Mais c’est tout aussi stupide que le reste. C’est à toi de tenir, de prendre sur toi. De repousser l’épuisement et les angoisses pour faire illusion.
Peut-être que ça finira par marcher.

À peine as-tu terminé tes explications qu’Abigail change de chemin brutalement, suivant une autre direction que celle empruntée jusqu’à présent. Est-ce que ça a un rapport avec ce que tu viens de dire ? Est-ce qu’elle a préféré modifier ses plans, eu une autre idée ? Tu ne poses pas la question, trop sûr qu’elle ne te répondra pas davantage que la fois précédente. Le silence s’étire et tu n’essaies pas de le rompre. Le contexte n’a rien à voir avec celui de cet été et tu n’as pas l’intention de revenir dessus, pas ce soir en tout cas.
Elle se tourne vers toi au bout d’un moment. Le sourire qui fleurit sur ses lèvres te paraît ironique, de même que ses paroles. Tu n’es pas sûr qu’elle comprenne au-delà du fait que tu as été violent, et c’est de toute façon la seule chose qui compte. Bien sûr, elle sait que tu n’aimes pas qu’on te touche. « Une leçon utile pour la suite »… De quelqu’un d’autre qu’elle, tu l’interprèterais comme une menace. Tu hoches la tête sans répondre.
L’elfe continue de vous suivre, toujours de mauvaise humeur, et tu es désolé pour elle. Pour autant, tu n’es pas sûr qu’elle accepte tes excuses, bien que le bouleversement de sa soirée ne soit pas entièrement de ton fait.
Nouvelle bifurcation, nouveau point de repère avec une racine géante, bien plus haute que toi, et tu renverses la tête une seconde pour évaluer la hauteur de l’arbre dont elle provient. Bien trop haut pour que tu puisses l’appréhender dans le noir, malgré la clarté de la lune. Un coup d’œil par-dessus ton épaule. L’orée de la Forêt n’est plus visible, de même que le parc. Tu gardes ta baguette en main, mais aucune menace ne se fait sentir pour le moment, le coin a l’air plutôt tranquille. C’est déjà une bonne chose. Pas trace non plus des centaures qui vous ont chassé cet été. Devant vous, la végétation devient plus dense encore et tu te demandes jusqu’où elle va t’entraîner lorsque vous atteignez une clairière.
Abigail s’assoit sur un rocher, tu restes debout pour étudier les environs, les herbes particulièrement hautes, les bois au-delà, puis tu reportes ton attention sur elle. Une tache noire, semblable à un tatouage, ondule sur sa peau.
La suite dépend donc de toi. Tu ne tiens pas particulièrement à faire une nuit blanche, tu as déjà bien trop de sommeil en retard et tu ne peux pas sécher les cours. Sans compter que la menace de l’elfe de maison n’est pas à prendre à la légère. Certes, Abigail le tourne comme une plaisanterie, mais Bonnie a l’air sérieuse. Vu l’importance du rôle des elfes de maison à Poudlard dans les repas et l’entretien des dortoirs, tu n’as aucun doute qu’elle pourrait transformer ta vie en enfer si elle le voulait. Et Merlin sait que tu n’as pas besoin de ça.

— Je vais faire de mon mieux, tu assures aux deux.

Et tu ignores toujours ce qu’on attend de toi. L’introduction d’Abigail pose le décor, ça a l’air assez difficile pour te tenir occupé une partie de la nuit. Elle désigne l’herbe bien trop haute pour être innocente. N’importe quoi pourrait s’y cacher. Tu suis ses explications. Des champignons. Bon. Ça a l’air moins terrible qu’au premier abord, mais tu as assez vu de bizarreries dans les serres de Poudlard pour savoir que la cape ne fait pas le sorcier et de façon générale ce qui pousse dans la Forêt sait se défendre contre les intrus. L’odeur de cadavre, bien, bien. Une part de toi se demande si finalement le récurage de chaudrons encrassés depuis des siècles n’aurait pas été mieux. Tu jettes un coup d’œil dans ton sac, empli de bocaux, avec une lame sur le côté.

— D’accord, je comprends.

Abigail sort sa propre lame. Tu n’es pas contre une démonstration. Tu la suis tandis qu’elle s’avance dans les herbes. Au moins, les champignons ne sont pas difficiles à repérer entre leur taille et leur couleur. Par contre, ça veut dire que tu te retrouveras en plein dessous chaque fois que tu te baisseras pour en couper un, et leur silhouette te paraît un brin menaçante, vaguement humanoïde. Tu chasses aussitôt l’idée. Ce ne sont que des champignons. Inutile de chercher plus loin, d’inventer des ressemblances qui n’existent pas. Tu ne quittes pas Abigail des yeux tandis qu’elle s’accroupit et coupe son champignon. Tu t’attendais presque à… tu ne sais pas, une réaction, une tentative de défense, quelque chose, mais il tombe obligeamment, libérant aussitôt son odeur de cadavre. Tu grimaces, glisses ton bras devant ton nez et ta bouche quelques secondes. Cadavre putréfié, tu ne sais pas à quoi ça ressemble, mais à ton avis, ça s’en rapproche largement. Tu refoules la vague nausée qui se pointe. Abigail sort un bocal et l’approche du pied du champignon, qui commence à rétrécir magiquement, assez pour entrer dans le pot. Compris.
Tu prends note de l’information. Par contre… Ils se défendent ? Tu observes les herbes, puis le champignon prisonnier de son bocal sans rien remarquer de suspect. Mais ce n’est que le premier, les autres finiront par percuter qu’il se passe quelque chose à mesure que tu avanceras. L’idée de te faire agresser par une horde de champignons, capables de se déplacer visiblement, ne t’inspire pas des masses. Tu reviens sur Abigail quand elle te demande de ne pas mettre le feu à la Forêt. Tu fronces les sourcils.

— Je ne suis pas violent à ce point… Mais de quelle défense est-ce qu’il s’agit ?


Tu as l’impression qu’elle ne te dit pas tout et ça ne te rassure pas. Elle retourne vers sa place, te fait signe d’y aller. Tu reprends le couteau, testes doucement la lame. Très bien aiguisée. Tant mieux. Comme elle ne t’a pas donné de consigne particulière, tu lèves ta baguette en approchant du champ d’herbe, pour lancer un sortilège de filtration d’air. L’odeur de cadavre, très peu pour toi et comme elle ne l’a pas explicitement interdit pour le moment… ça t’évitera au moins les nausées.
Trouver un autre champignon ne te prend guère de temps, tu t’accroupis prudemment, en gardant ta baguette dans la main qui ne tient pas le couteau, testes d’abord la solidité du pied pour évaluer la force nécessaire. Net et précis, a-t-elle dit. C’est effectivement plus solide que ce à quoi on pourrait s’attendre de la part d’un champignon. Une fois sûr de toi, tu donnes un bon coup, et le champignon tombe, libérant ses spores – et tu constates avec plaisir que tu ne sens pratiquement rien. La mise en bocal se fait en un rien de temps, et tu pars en quête d’un autre.
Tu ne te laisses pas leurrer par la facilité apparente de l’exercice, les avertissements d’Abigail te restent bien en tête. C’est au troisième que les choses commencent à se gâter. Tu as l’impression que l’herbe frémit autour de toi. Un mouvement de ta baguette a l’air de les tenir à distance. Mais dès que tu te concentres sur le pied, tu les sens se rapprocher. Le frisson aigu du danger court dans ton dos, tu serres les dents. Ce ne sont que des champignons.
Le quatrième trouve son pot sans coup férir, tu as la technique avec le couteau, mais c’est au cinquième que tout change. Ils se cachent toujours dans les herbes, mais tu sens bientôt un frémissement autour de tes chevilles. Tu recules d’un bond, sens quelque chose céder. Des racines. Des saletés de racines qui tentent de te retenir. Tu jettes un coup d’œil en direction d’Abigail, mais tu n’as pas l’intention d’appeler au secours parce que ses saletés utilisent leurs racines pour se déplacer.
Tu te déplaces plus vite qu’eux alors tu gagnes un autre coin du champ. Un sixième se retrouve en bocal, tu te baisses le moins possible. Les frémissements s’accentuent. C’est au septième que tu te fais rattraper. Tu t’écartes brutalement, mais les racines sont trop nombreuses pour que tu les évites toutes. Certaines s’enroulent autour de tes chevilles, tu recules autant que tu peux en essayant de ne pas trébucher, en brandissant ta baguette. « Ne mets pas le feu à la Forêt ». Tu jures entre tes dents. Elle savait et elle ne t’a rien dit.
Avec le couteau, tu tranches quelques racines, mais ce n’est pas assez, et certaines en profitent pour s’enrouler autour de tes poignets comme des liens, tandis que les champignons se rapprochent comme pour se coller à toi. Non. Tu te débats pour leur faire lâcher prise, luttant contre la panique latente, la peur de te retrouver immobilisé, la pression insupportable sur tes bras. Tu serres les doigts de toutes tes forces sur ta baguette et ta lame pour ne pas qu’elles t’échappent.

— Lâchez-moi ! Repello !

Le sortilège pour les repousser ne fonctionne qu’à moitié. Saleté de magie ! Ceux qui te tiennent resserrent leur prise et tu te débats de plus belle, en essayant de reculer, en prenant soin de ne pas trébucher. Si tu tombes, ils n'auront aucun mal à te sauter dessus et à te maintenir au sol, leur taille les rend dangereux. Et tu t'efforces surtout de libérer tes poignets et tes chevilles, le souffle court, le coeur battant.

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Jeu 14 Oct - 20:59

Octobre 2020

Remontant ma jambe contre ma poitrine, je la maintenais en place en croisant mes doigts sur mon genou, observant d'un œil aguerri l'étudiant qui allait docilement se mettre en chasse. À dire vrai, je n'en attendais pas moins de lui, qu'il prenne conscience de ses actes et qu'il les assume pleinement. Eirian Howl était de ce genre d'élèves qui savaient se responsabiliser, car il avait atteint une certaine maturité que d'autres peinaient à avoir. La vie nous apprenait sans cesse des leçons, et souvent d'une manière bien étrange, propre à elle, et qui s'invitait toujours dans les moments les plus inattendus. Je n'avais aucun doute que le jeune homme parvienne à exécuter mes demandes ce soir avec une certaine facilité, néanmoins, j'y avais rajouté une difficulté qui n'était pas négligeable. En cela, j'avais également fait exprès de ne guère informer le jeune homme de la suite des événements, car je voulais qu'il aiguise lui-même son instinct, plus qu'il ne l'était déjà. Si l'étudiant de la maison bleu souhaitait un jour devenir un Auror digne de ce nom, il devait s'attendre à tous les événements possibles et surtout, il devait pouvoir s'en sortir, trouver des solutions et agir au bon moment et surtout avec la force nécessaire. S'il n'y mettait pas du sien, il mourrait. S'il y allait trop fort, il pouvait tuer quelqu'un. C'était une règle de vie pourtant bien simple à apprendre et comprendre, mais à l'appliquer, elle était beaucoup plus délicate.
Ce que je lui imposais ce soir n'était pas une simple corvée de punition, non, je voulais lui apprendre à se doser, car quand bien même je n'étais pas totalement aux faits de ce qui avait pu arriver, je savais lire entre les lignes, ainsi, j'avais bien compris que le comportement d'Eirian n'avait pas été approprié vis-à-vis de son camarade de classe. Quand bien même je pouvais le comprendre, car je ressentais ce même dégoût lorsque j'étais touchée par quelqu'un que je ne connaissais pas, j'avais appris à doser mes actions. Enfin, si Eirian n'apprenait pas à avoir une parfaite maitrise de lui, arrivera un jour où la vérité sur lui (celle qu'il me cachait toujours et que je ne cherchais pas à découvrir) tombera malgré lui… et ça, je voulais le lui éviter. En tant que gardienne des secrets, de certains de ses secrets, je me sentais dans l'obligation de lui enseigner à agir de manière appropriée, qu'importe les circonstances, qu'importe la situation… et qu'importe l'inconnu.
Lorsqu'il partira en mission en tant qu'Auror, le Ministère lui communiquera les grandes lignes, mais une fois sur le terrain, il devra apprendre à jouer avec l'inconnu et avec ses ennemis potentiels.
Ainsi, bien que forte et brutale, ma leçon de ce soir se voulait profondément pédagogique pour le jeune garçon, et s'il fallait qu'il en arrive à me détester pour cela, alors je payerais le prix sans broncher.

Un mouvement à ma droite attira mon regard. Bonnie m'indiquait de son index presque squelettique qu'elle avait repéré quelque chose dans les hautes herbes. Une activité qui n'était pas due à Eirian, mais bien à la tempête qui se préparait. Ce premier bruissement repéré, j'en voyais un autre, puis un suivant, et encore un, jusqu'à ce que la plaine devant moi s'en vint à ressembler à l'océan tumultueux qui entourait mon île. Gardant toujours à l'œil le jeune garçon, car on ne laisse pas bébé dans un coin, je le vis essayer d'être stratégique et se déplacer un peu plus loin afin d'éviter d'être acculé.
Une erreur, puisqu'il avait déplacé avec lui les spores qui allèrent réveiller des champignons jusque-là encore inertes.
Ainsi, ce qui devait arriver arriva, et bientôt les racines des champignons s'enroulèrent autour des chevilles du jeune sorcier qui m'avait lancé un regard circonspect sans que je n'y réagisse le moins du monde.
S'il m'avait connue compatissante et douce, ce soir j'étais dans la peau de l'enseignante qui se devait de se montrer impartiale et imperturbable. Pour autant, je n'aimais guère ce que j'étais en train de voir, et je me tenais prête à agir, tout en sachant que l'elfe de maison qui nous accompagnait, bien qu'elle était en train de bouder, me prêterait main-forte au moindre de mes mouvements.
Maudit Blood Circle qui m'empêchait d'agir comme je l'entendais.
Une punition de cette envergure aurait été risquée dans mon état et il était certain que je ne me serai pas aventurée dans ce coin de la forêt si Bonnie ne nous avait pas accompagnées, et que je n'avais pas une totale confiance en elle. Nos conflits internes entre elle et moi étaient de bonne guerre.

Observant le garçon se défendre tant bien que mal, je voyais ses gestes devenir de plus en plus hasardeux, et sa magie… sa magie semblait impactée elle aussi.
Je fronçais les sourcils en me redressant, m'interrogeant sur l'état des pouvoirs d'Eirian. Que moi je sois touchée était une chose, mais lui… lui, je l'ignorais. Ça… ça changeait encore une fois la consigne.
Leste, agile et rapide, je bandais les muscles de mes jambes pour sauter prestement de mon rocher, suivie par une Bonnie qui d'abord roula ses grands yeux dans leurs orbites en poussant un très long soupir las.
Baguette pointée dans ma direction tandis que je courais auprès d'Eirian, je lançais un sortilège simple, mais qui pourtant m'explosa à la figure, me faisant reculer d'un pas dans un grognement sourd de douleur. Mais quel neutraliseur de merde, je vais leur faire bouffer leur technologie à ce maudit Blood Circle.
Sentant un liquide poisseux et chaud couler le long depuis mes sourcils, je réitérais une fois pour enfin réussir à former un sortilège de tête en bulle. Le temps que j'y parvienne, Bonnie était déjà à côté d'Eirian et claquait des doigts à une vitesse effroyablement efficace. Un par un, les champignons furent immobilisés comme s'ils étaient sous l'emprise d'un Stupéfix.
Ce fut alors que je bondissais devant mon élève, couteau à la main pour couper les pieds avec précision et rapidité, suivant les mouvements de Bonnie comme si elle était la cheffe d'un orchestre bien accordé. Il semblerait que malgré nos différents, nous formions toutes deux une excellente équipe, et surtout, que ce n'était pas la première fois que nous travaillions sur cette récolte de champignons.

Bocaux lancés prestement dans mon sac en bandoulière, je frémissais d'excitation à chaque bruissement que j'entendais autour de moi, comptant dans ma tête le nombre d'individus qui se rapprochaient de nous. Bientôt ils seront trop et nous serions obligés de battre en retraite malgré la rapidité de Bonnie à lancer ses sortilèges. L'entier de mon corps était alerte, tout en moi respirait l'adrénaline, pourtant je ne perdais pas mes moyens, j'agissais malgré la panique qui aurait pu s'emparer de moi. Concentrée, j'avais des gestes précis et rapides… presque redoutables.
Gardant une position de défense pour Eirian, faisant bouclier de mon propre petit corps comparé au sien, je finissais par me retourner dans sa direction tandis que mon décompte mental eut atteint sa limite.

- C'est l'heure de la pause. D'un geste des mains, je lui indiquais de courir en direction de l'orée de la forêt pour quitter le champ où nous nous trouvions. Me lançant à sa suite, je lançais un regard rapide par-dessus mon épaule. Bonnie !

La petite elfe à la robe rouge et dorée ne se fit pas prier et transplana jusqu'aux arbres où nous nous étions arrêtés quelques secondes plus tôt.
Sur les talons du garçon de Serdaigle, je nous arrêtais non loin du rocher où je m'étais assise, avant de regarder derrière moi, non sans ricaner un peu. Soit j'étais atteinte de démence, soir j'étais complètement paniquée, pourtant, je m'exprimais avec un certain feu de joie dans la gorge.

- Woooouuuh ouais ! Bonnie, on en a eu quinze ! C'est notre meilleur score wah !
- Maitresse ne devrait pas se réjouir, elle serait rien sans Bonnie
- Tu as raison, mais n'empêche, on a pulvérisé notre meilleur score.
- Maitresse devrait surtout arrêter d'être inconsciente et de se lancer des sortilèges dessus.

Ah oui tiens, j'avais oublié ce détail. Mettant fin à mon sortilège de tête en bulle, je me souvenais du liquide chaud qui dégoulinait contre mon œil droit, la petite explosion m'ayant ouvert un peu l'arcade sourcilière.

- C'est qu'un bobo parmi tant d'autres.

Je me tournais vers Eirian en lui souriant. Le danger me rendait apparemment plus vivante, ce qui pouvait paraître étrange pour une sorcière aussi timide, réservée et renfermée que moi. Oui, mais voilà, j'avais grandi parmi des dragons.

- Six, c'est un bon début, bravo, Eirian. Je posais une main sur mes hanches. Dans mon dos, les champignons ne semblaient guère disposés à nous suivre aussi loin des hautes herbes, ils n'approchèrent donc guère avant de faire demi-tour et de disparaître. La plaine retrouva son calme et sa sérénité, bien que l'odeur putride planait toujours. Pour la suite, il faudra essayer d'être encore plus rapide, et de garder au maximum ton sang-froid. Je disais ça comme si c'était chose aisée. Mais avant ça… Pour la première fois depuis que je le connaissais, je plantais mon regard brun, presque noir, dans le sien, le fixant avec sérieux. As-tu des soucis avec ta magie ?


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Sam 23 Oct - 20:44
On apprend tout de ses défaites
« octobre 2020 »
Tu suis les explications d’Abigail sans te laisser leurrer par l’apparente facilité de la tâche. Il ne s’agira pas seulement de couper quelques champignons, mais aussi de te défendre contre eux, sans que tu saches à quoi t’attendre de leur part. La défense, ça te connaît, c’est ce que tu as fait toute ta vie et plus encore depuis que tu as rejoint l’Ordre. La défense et l’attaque, même si tu t’es toujours efforcé de ne pas tuer tes adversaires, de seulement les blesser suffisamment pour qu’ils ne soient plus une menace. Peut-être contre-productif aux yeux de certains, mais tu sais trop bien à quel point la limite peut se franchir aisément. À quel point ça peut devenir une solution de facilité, permettre de ne pas se poser trop de questions, de nier l’humanité de tes adversaires. Tu ne tomberas pas là-dedans. Tu sais qu’un jour viendra où ce sera nécessaire, pour ta survie ou celle des personnes que tu voudras protéger, mais tu préfères que ça vienne le plus tard possible. Et tu ne veux pas devenir comme ton père, un tueur sans états d’âme. Tu as grandi au milieu des armes et de la violence, même avant ta fuite, et ta mère n’a jamais caché qu’elle t’entraînait pour que tu sois capable de tuer. Ce n’est pas la vie que tu aurais voulu, ce n’est pas celle qui colle le plus à ton caractère, mais c’est celle que tu as. La voie que tu as choisie est peut-être un moyen de concilier tout cela, d’éviter la violence brute pour un usage raisonné de la force, qui te parle bien davantage.
Encore faudrait-il que tu sois capable de le mettre en œuvre et c’est bien toute la raison de ta présence dans la Forêt interdite ce soir. Oh, tu y arrivais avant, la question ne se posait pas vraiment, les lignes étaient bien tracées et même dans tes échauffourées dans les couloirs contre les sang-pur, tu ne leur as jamais réellement fait de mal. Tu gérais les sortilèges comme les arts martiaux, juste assez pour les bloquer ou te permettre de t’en sortir, et rien de plus. Une question de pouvoir et de responsabilité. Une forme de maturité aussi, parce que tu savais que tu étais plus fort qu’eux et que dans l’absolu, même si leurs idées étaient plus que nauséabondes, même si c’était détestable qu’ils s’en prennent à plus jeunes qu’eux, tu ne jouais pas vraiment ta vie, ce n’était pas la même chose qu’hors de Poudlard. Ton toi de treize ou quatorze ans était déjà bien lucide.
Mais maintenant… maintenant, il y a tes phobies idiotes. Cette peur panique dès qu’on investit ton espace et qui te pousse à tout faire pour te débarrasser de la menace avant qu’il ne soit trop tard. Avant que ça ne recommence. Comme tu as réussi à le dire à Kayla, rationnellement, tu as beau savoir que la personne en face ne te fera pas de mal, la laisser approcher, en plus de déclencher de violents flash-backs, c’est comme faire tomber tes barrières et lui donner l’autorisation de te faire ce qu’elle veut. Et ça, c’est hors de question, impossible. Jamais. Une réaction brutale, viscérale, primale, venue du fond de toi-même, qui domine tout et contre laquelle tu n’arrives pas à lutter. C’est plus ou moins la même chose avec ta peur d’être immobilisé, bloqué. D’être totalement à la merci d’un autre. Comme si ton cerveau restait bloqué sur ce qui s’était passé, incapable d’aller au-delà. Et c’est idiot de paniquer dans ces moments au point de t’en rendre malade, comme avec Sean cet été, ça ne fait que donner plus d’emprise et de puissance à l’autre, mais tu ne parviens pas à te raisonner. Les solutions sont là, pourtant : un psychomage, mais la simple idée de confier tes secrets à un inconnu qui pourra en faire ce qu’il voudra te bloque et tu te réfugies derrière ton manque de moyens, bien réel au demeurant. Ou l’exposition progressive comme Kayla te l’avait proposé, mais même avec elle, ça te tordait bien trop le ventre. Tu ne veux pas, sensation irrépressible qui t’envahit tout entier. Et vu tes réactions… tu n’as pas envie de lui faire de mal sans le vouloir. Elle connaît tes limites, ne forcerait pas au-delà de ce que tu peux endurer, mais… Non. Non, non, non. Et tout ça te fait une belle jambe. Mais les phobies ne se raisonnent pas.
Tu essaies de faire avec – d’éviter autant que possible les situations qui les déclenchent, mais ce n’est pas toujours compatible avec la vie que tu as choisie, et tu as l’impression de te retrouver au fond d’impasses sans savoir comment t’en sortir.

Tu t’efforces de repousser ton malaise tandis que tu t’attaques aux champignons, les nerfs à vif, attentif à ce qui se passe autour de toi, prêt à réagir au moindre danger. Ils peuvent devenir agressifs si Abigail a pris soin de te demander de ne pas mettre le feu à la forêt. Elle sait bien que tu n’es pas si violent, mais elle sait aussi que tu peux avoir des réactions brusques. Et ça ne te rassure pas vraiment sur ce qui t’attend.
Si la cueillette des premiers champignons ne se déroule pas trop mal, tout change ensuite et leur menace devient bien plus prégnante. Ils se déplacent à l’aide de leur racine et ne tardent pas à t’encercler. Tu rejoins un autre coin du champ, mais cela ne les décourage pas au contraire, et cela semble même en attirer d’autres. Abigail n’intervient pas, tout est donc normal et tu devrais pouvoir gérer… même si te baisser et passer sous leur chapeau pour pouvoir couper leur pied te met mal à l’aise. Mais le pire advient lorsqu’ils utilisent leurs racines pour tenter de t’immobiliser, t’attrapant au niveau des poignets et des chevilles. Tu te débats comme tu peux, les doigts refermés sur ta baguette et le couteau. Ne pas mettre le feu à la forêt, d’accord, mais qu’est-ce que tu peux faire à la place ? Ton sortilège pour les repousser ne fonctionne qu’à moitié, tu cherches surtout à te libérer, les gestes plus erratiques qu’au début. Tu recules en t’efforçant de ne pas trébucher ; tu ne sais pas vraiment ce qu’ils feront une fois qu’ils t’auront mis à terre, mais tu ne veux pas le savoir. La pression intolérable sur tes poignets ne se relâche pas et tu luttes contre les racines, les dents serrées. Un Stupéfix, peut-être… Moins efficace, parce que tu es obligé de le lancer autant de fois qu’il y a de champignons, mais ça te dégagerait peut-être un peu d’espace. Tu as du mal à réfléchir.

Un bruit d’explosion retentit derrière toi, tu sursautes et tournes la tête brutalement. Abigail est en train de te rejoindre. Visiblement, le sortilège qu’elle a voulu lancer s’est retourné contre elle et lui a explosé au visage. Au même instant, l’elfe de maison se matérialise auprès de toi ; elle claque des doigts et les champignons s’immobilisent les uns après les autres à ton grand soulagement. Abigail surgit alors, la tête prise dans un sortilège de tête-en-bulle. À mesure que Bonnie immobilise les champignons, elle se penche pour récupérer les pieds à toute allure. Toi, tu en profites surtout pour te débarrasser des racines, coupant les dernières au couteau. Les sensations s’attardent encore sur tes poignets et tes chevilles, mais tu respires un peu mieux. Tu restes aux aguets, prêt à agir si d’autres champignons interviennent, mais l’efficacité du duo a l’air de les tenir à distance pour le moment, et ceux qui t’entourent ne résistent pas à Abigail et à Bonnie. Tu crains de briser leur harmonie bien réglée si tu les aides, et surtout les nouveaux bruissements ne t’échappent pas. Les champignons se ressaisissent. Baguette et couteau en main, tu te tiens prêt à immobiliser le premier chapeau qui pointera le bout de ses lamelles.
Abigail finit par se dresser devant toi, sans doute tout aussi consciente de la menace qu’elle doit mieux évaluer que toi. Elle te fait signe de courir vers l’orée du champ et tu ne te fais pas prier pour lui obéir. Tu as toujours été rapide à la course ; pour autant, tu t’assures qu’elles sont bien toutes les deux derrière toi. L’elfe vous double en transplanant, et vous vous arrêtez près du rocher où elle s’était installée. Tu jettes un coup d’œil en arrière. Les champignons ne vous ont pas suivis. Un rire échappe à Abigail. Elle se réjouit du nombre de champignons qu’elles ont réussi à avoir.
Toi, tu baisses les yeux sur tes manches pour t’assurer qu’aucune racine n’est restée coincée, tu retires quelques filaments pris dans ton pull et dans ton pantalon. Les sensations s’attardent, comme une brûlure pas encore estompée. Mais il n’y a rien, rien, et tu fais jouer tes poignets, comme pour te convaincre que tu es vraiment libre, que plus rien ne gêne tes mouvements. Tu profites de l’échange entre Abigail et Bonnie pour te reprendre, calmer tes battements de cœur en prenant quelques inspirations. Tu rejettes un coup d’œil au champ. Elle va vouloir que tu y retournes. Mais pourquoi est-ce qu’elle ne t’a pas dit ce que tu risquais ? Elle n’y a peut-être pas pensé, tu es sans doute le seul assez stupide pour avoir peur de quelques racines. Malgré toi, tu ne peux t’empêcher de lui en vouloir un peu. Même si, au fond, c’est de ta faute si tu n’es pas capable de maîtriser tes réactions.

Abigail ignore la remarque de son elfe quant à sa blessure. Effectivement, ça saigne bien, comme toujours à cet endroit-là. Tu n’as rien à lui proposer pour éponger ça, et tu ne te risquerais pas à un sortilège de soin vu tes sautes de magie. Elle te sourit, toujours aussi pleine d’énergie, comme face au dragon, enthousiaste, comme si le danger la faisait se sentir vivante. Une sensation que tu comprends pleinement. Tu aimes ces poussées d’adrénaline, qui donnent au moins une raison d’être à ta vigilance permanente. Tu te sens plus vivant dans ces moments-là… tant que le danger reste à distance. Tu te rends compte que tu n’as lâché aucune de tes armes, tu restes toujours sur tes gardes. La tension s’attarde dans tes épaules.
« Un bon début… » Le début des ennuis, surtout. L’odeur des champignons s’attarde, ton propre sortilège doit commencer à se dissiper. Quant à la suite… tu grimaces intérieurement. Plus rapide, d’accord. Garder ton sang-froid par contre… Ils vont recommencer, bien sûr, et tu es encore moins détendu qu’avant, tu ne vas pas pouvoir t’empêcher de guetter le moindre bout de racine. La stupéfixion marchera peut-être… dans les limites de ce que ta magie voudra bien faire. Maudit neutraliseur.  

— Je vais essayer, tu lâches entre tes dents, parce qu’il n’y a rien d’autre que tu puisses dire.

Tu n’es pas là pour une promenade de santé. Peut-être que tu réussiras à éviter la crise de panique ; la menace n'est pas vraiment humaine, ça trompera peut-être ton cerveau. Son changement de ton t’interpelle, cette fois elle te regarde dans les yeux pour t’interroger sur ta magie. Elle a dû se rendre compte du raté que tu as eu. Une seconde, tu envisages de nier, de mettre ça sur le compte de la surprise ou du stress, au pire tu passeras encore plus pour un incapable. Mais elle aussi est sous l’influence du Neutraliseur, elle connaît les signes et elle finira bien par comprendre. Et vous êtes au milieu de la Forêt interdite, ce n’est pas le meilleur endroit pour mentir sur tes réelles capacités. Et puis… tu ne tiens pas à lui mentir ou lui cacher plus de choses que nécessaire, c’est une vérité que tu peux lui concéder, elle sera la première à le savoir. Tu finis par répondre :

— Un peu. C’est… Je crois que c’est le Neutraliseur du Blood Circle. Je ne suis pas aussi atteint que vous, j’ai toujours mes pouvoirs, mais j’ai parfois des ratés ou des vertiges, ce genre de choses. Rien de trop gênant, mais… c’est un peu aléatoire. Je préfère que ça ne se sache pas trop.

Tu désignes le champ de champignons.

— Pourquoi ne m’avoir rien dit sur la façon dont ils attaquent les gens ? J’aurais pu mieux anticiper. La Stupéfixion marche donc sur eux ?

Ça te permettrait au moins de les tenir à distance et de les immobiliser le temps de la cueillir. Même si ça ne marche pas pour tout, ça t’évitera de te retrouver submergé et incapable de te défendre.


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Mar 26 Oct - 16:10

Octobre 2020

Le trémolo de l'adrénaline dans la gorge, je donnais mes nouvelles instructions à l'étudiant de la maison bleue sans vraiment me soucier du sang qui commençait à couler le long de ma joue. J'avais beau être petite et ressembler à un bonbon qui fonderait sur la langue, je n'étais pas pour autant une femme fragile et douillette. La douleur, je la côtoyais depuis que j'étais née, d'abord par la maladie qui m'habitait, puis tout simplement parce que j'avais grandi dans des contrées sauvages habitées par des dragons féroces. Mon squelette devait ressembler aujourd'hui à un véritable puzzle tant je me l'étais brisé, et sans l'efficacité de la magie, il était certain que ma peau serait bien plus marquée des stries de mes erreurs qu'il ne l'était présentement. La blessure que j'avais là, que je m'étais d'ailleurs infligée moi-même à cause de ces pouvoirs instables, n'en était qu'une parmi tant d'autres, une énième qui disparaîtra après y avoir appliqué la pommade adéquate.
Il y avait les blessures dont on pouvait guérir, et celles qui ne s'effaçaient jamais vraiment. Celles qui nous avaient marqué, Eirian et moi, qui nous avaient percés au fer rouge et avec lesquelles aujourd'hui nous devions vivre et avancer, malgré la douleur et le poids qu'elles nous incombaient.

Bien que je ne sache pas la véritable nature de ce qui l'habitait, j'en avais entraperçu une partie durant cet été. Aujourd'hui, un autre point, encore une fois dans la douleur, semblait nous relier : celle d'être sous le joug du neutraliseur du Blood Circle.
Quoique soulagée que le jeune homme ne me mente pas sur ce fait et ose m'avouer son manque de maitrise, je fronçais sensiblement les sourcils, quelque peu contrariée. Non pas que je lui en tienne rancune de n'avoir rien dit, j'avais moi-même beaucoup hésité avant d'en parler ouvertement à qui voulait bien en parler, et surtout aux élèves de la maison que je dirigeais. C'était faire preuve de faiblesse, que de ne plus être en possession de sa magie, surtout dans un monde magique, souvent, je trouvais ironique que le Blood Circle veuille nous dénuer d'un monde qu'ils ne pourraient en aucun cas maitriser sans notre aide. J'avais conscience que révéler aux élèves de Poudlard mon absence de pouvoir était ouvrir la cage aux fauves, être une potentielle victime de railleries, moqueries et autres rumeurs idiotes, si ce n'était pas risquer carrément mon renvoi. Après tout, quel parent de bonne famille (donc les sangs purs) serait assez sain d'esprit pour accepter une enseignante sans pouvoir à Poudlard ? Alors certes il y avait déjà eu des professeurs atypiques, comme Flitwick, ou encore Firenze, mais voilà ça avait été un risque à courir.
En vérité, j'avais préféré le révéler à mes élèves, et pouvoir être le calice qui recueillerait leurs confidences concernant leur crainte du Blood Circle et du Neutraliseur, qu'ils en soient victimes ou non. Qui pouvait être mieux placé pour en parler qu'un sorcier qui était lui-même sous les effets de cette invention monstrueuse ?
Voilà pourquoi j'étais attentive aux paroles d'Eirian Howl et voilà pourquoi je poussais un long soupir. J'aurais préféré avoir été informée de cela avant de l'emmener ici. Peut-être aurais-je pu trouver une retenue plus à la hauteur de sa condition. Mais voilà, nous en étions là, et il était hors de question de faire demi-tour.

- Que tu souhaites que ça ne se sache pas trop est une chose. M'en informer avant afin que je puisse adapter notre soirée en est une autre. Enfin bon, il te faudra apparemment dans ce cas assumer les conséquences de nos actes et de nos ignorances communes. Sentant qu'un vertige m'assaillait, soit à cause du sang qui perlait sur mon visage, soit à cause de l'utilisation de ma magie, je posais mon sac en bandoulière et me permettais de m'asseoir sur l'un des rochers vers lesquels nous nous étions réfugiés. Attentive à mon état malgré son air bougon, Bonnie fit apparaître un pan de tissu après avoir claqué les doigts, pour me le tendre. La remerciant, je formais une boule avec l'étoffe pour venir l'appliquer contre la plaie. Là, le bras levé, je reprenais. Pas de panique, je t'aiderais, il n'y a pas de raison que tu ailles au casse-pipe tout seul, mais… du coup ma leçon de morale a bien moins d'impact. Crotte.

Je baissais d'un ton à la conclusion, comme si finalement je me parlais à moi-même. Cela dit, la voix était encore assez forte pour que le jeune homme puisse m'entendre sans problème, mais je ne cherchais pas non plus à lui cacher mon désappointement. Quoiqu'il en soit, improviser était un domaine où j'excellais, donc j'étais certaine que j'allais réussir à trouver une solution qui allait nous contenter tous les deux.
Cependant, au nouveau questionnement d'Eirian, je ne pus m'empêcher de lui sourire tout en le regardant en coin, lueur malicieuse se reflétant dans le regard.

- Oh parce que tu crois que quand tu seras Auror, tes adversaires vont tous se présenter à toi amicalement en te prévenant de leurs mauvaises intentions à ton encontre avant de faire quoique ce soit ?

J'étais certaine qu'avec son esprit éveillé, le jeune étudiant allait enfin comprendre pourquoi je l'avais mené ici. Il n'était pas là question uniquement de sa retenue, mais aussi de son avenir. Quand bien même je n'étais pas un professeur émérite, j'essayais au moins de faire les choses bien, quoique maladroitement, mais ça, on ne pouvait pas me l'enlever, car je serai éternellement gauche en société. J'ajoutais.

- Tu dois apprendre à réussir à analyser les situations qui se présentent devant toi, à ne pas créer d'émeute, à agir vite, bien, et avec discrétion et par-dessus tout… j'appuyais mon regard sombre sur lui, bienveillant, certes, mais parfaitement sérieux. Par-dessus tout tu dois apprendre à contrôler tes pulsions. L'instinct peut nous sauver la vie, il est même fait pour ça, c'est lui qui nous fait réagir. La panique, en revanche, peut-être néfaste, voire fatale. Je ne te demande pas de t'automatiser et de ne plus rien ressentir… j'essaie juste de t'apprendre à t'améliorer, et ce, qu'importe les circonstances. Je ne veux pas t'apprendre à être Auror, c'est pas mon boulot, j'ai pas cette prétention… Mais si je peux t'aider à te préparer, et à mieux… vivre en société alors… C'est parfait.

Je lui souris avec gentillesse avant de baisser la main et regarder l'étendue du sang qui avait imbibé le chiffon. Pour une retenue aux lourds et mystérieux secrets, on repassera. Je n'étais pas une grande actrice, mais au moins, je faisais ce que me dictait mon cœur. C'était déjà ce que je lui avais dit lorsqu'il était venu chez moi en été. Reposant le tissu sur mon arcade, je regardais à mon tour le champ d'herbes hautes.

- Alors, maintenant dis-moi. Tu as observé que la Stupéfixion de Bonnie fonctionne, mais seras-tu capable de lancer toi-même le sortilège avec l'effet du Neutraliseur ? Explique-moi, avant de te lancer, comment tu veux agir, analyse la situation et fais-moi ton rapport.

Je revenais sur lui pour le regarder, toujours aussi calme et sereine, dégageant une certaine tranquillité alors que la situation ne l'était guère. Cela dit… il y avait bien pire à vivre n'est-ce pas ? Il pourrait être en train de récurer les chaudrons sales et moi en train de ramasser les crottes à l'écurie. Quoique… vu l'odeur qui planait non loin de nous, je n'étais pas bien certaine que c'était franchement pire… oups ? Fermant les yeux pour calmer le vertige qui m'assaillait, j'inspirais un peu en essayant de faire fi des mauvaises odeurs tout en laissant à Eirian le temps qu'il lui fallait pour bien faire les choses.



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Dim 31 Oct - 22:00
On apprend tout de ses défaites
« octobre 2020 »
Malgré ton appréhension des champignons après les avoir vus à l’œuvre, tu comprends qu’ils ne sont pas particulièrement dangereux. Certes, ils ont l’air d’aimer se coller à leurs adversaires, les maintenir et leur donner la nausée. Certes, ça a le potentiel pour dégénérer, mais objectivement, ce n’est pas une grande menace pour quelqu’un de relativement entraîné et qui maîtrise sa magie. Si tu n’as pas de souci avec le point un, le deuxième est déjà plus embêtant. Et puis… tu sais que le fond du problème ne vient pas des champignons ni de tes compétences. Ne vient pas non plus d’une peur que tu aurais face au danger. Non, ce sont toujours ces rouages cassés que tu n’arrives pas à remonter ni à réparer, ces pièces manquantes qui t’empêchent de fonctionner normalement. Est-ce qu’un jour tu arrêteras de lutter contre ça ? Est-ce qu’un jour tu parviendras à le surmonter ? Tu l’espères sans être certain d’y arriver. Tu avais repris espoir au début de l’année, avec l’impression que cela commençait à aller mieux, puis tout s’est de nouveau effondré au printemps. Tout le soutien que tu reçois depuis suffit à peine à te maintenir à la surface. Tu as l’impression de mal rendre aux autres ce qu’ils font pour toi, tous les efforts qu’ils te consacrent… Tu ne t’en moques pas, non, ce serait bien pire sans eux et tu essaies de faire au mieux, d’avancer, de lutter contre tous les obstacles que ton esprit dresse sur ta route. Mais ça ne semble jamais suffire. Les angoisses sont toujours là, ravivées ce soir par les racines des champignons, par ces contacts là où ils sont intolérables. Machinalement, sans vraiment en avoir conscience, tu desserres ton écharpe déjà bien lâche, la gorge nouée, contractée comme si une boule s’y était logée. Tu ne supportes plus ce qui t’enserre et les champignons ramènent ces sensations dont tu ignores l’origine. Ce n’était pas comme ça avant. Pas à ce point.
Ta discussion avec Kayla t’a permis de mettre le doigt sur un certain nombre de choses à propos de ton fonctionnement, de comprendre des ressentis que tu n’avais jamais verbalisés, ni même vraiment formulés dans tes pensées. Tu as l’impression d’être toujours en train de survivre à ce qui s’est passé, sans arriver à faire les pas suivants, sans encore commencer à guérir, même si en parler t’a soulagé d’un poids. Tes réactions sont autant la crainte viscérale que ça recommence que des protections pour l’éviter à tout prix. Et tant que tu ne seras pas parvenu à aller au-delà de cela, tes efforts ne serviront à rien. Mais tu ne sais pas par où commencer, comment dire à ton cerveau que tu ne risques pas de te faire attaquer à tous les coins de rue, et encore moins au détour d’un couloir de Poudlard. Bien sûr, tu ne crois pas que ces blessures disparaîtront un jour, mais tu aimerais au moins qu’elles cicatrisent, que tu apprennes à vivre normalement avec. Pour l’instant, les plaies sont encore béantes et les chocs qui arrivent ici et là sont comme autant de grains de sel jetés dessus qui les maintiennent ouvertes. Tu aurais voulu dire à Abigail que tout s’est arrangé depuis cet été, et tu as fait des progrès, c’est vrai, tu dors mieux malgré les cauchemars, tu manges mieux, tu t’es ouvert à Kayla. Mais les stries qui marquent tes bras sont toujours aussi nombreuses.

Parler de tes problèmes n’est évidemment pas le but de votre discussion du soir, tu ne te cherches pas d’excuse. Vous êtes à Poudlard, tu es étudiant, elle, la professeure chargée de tes heures de colle. Alors, tu t’en tiens au factuel, admets la vérité quant à ta magie vacillante. Une atteinte de plus là où tu te croyais intouchable. Une conséquence inattendue de tes errances à Londres au cours de l’été. Tu évites d’en parler aux professeurs pour ne pas attirer l’attention ou apparaître en position de faiblesse face aux autres élèves. Tes sortilèges sont ta meilleure arme face aux plus vindicatifs et tu en connais certains qui n’hésiteraient pas à profiter de la situation, surtout du côté des sang-pur. Par chance, tes pouvoirs n’ont pas totalement disparu et tu peux faire illusion. Abigail soupire en t’entendant. Tu ne comprends pas bien ce qui l’empêche de partir sur autre chose si ça complique vraiment ses projets, mais au fond, ça ou autre chose… c’est un peu du pareil au même. Ta relative indifférence te prend au dépourvu, mais tu ne t’attardes pas dessus.

— Je n’avais pas eu besoin de magie les fois précédentes… et je reconnais que je n’y ai pas du tout pensé. Je suis moins atteint que vous, je peux toujours me servir de mes pouvoirs. Ce n’est pas grave.

Une saute ou deux, c’est gérable. Le plus embêtant, c’est surtout les malaises qui vont avec. Tu redoutes un peu les conséquences pour tes entraînements solos, dans les salles de cours vide, là où tu laisses la magie affluer et tu t’abandonnes aux sortilèges, aiguisant ta pratique jusqu’à ce qu’ils deviennent un réflexe, aussi puissants en informulé qu’en formulé. Déjà, tu as dû raccourcir certains entraînements parce que les vertiges et les saignements débarquaient.
Abigail prend place sur un rocher, soudain plus pâle, et son elfe s’occupe d’elle. Elle te rassure quant à la suite. Cependant, elle semble contrariée de ne pas pouvoir pousser sa leçon jusqu’au bout.

— Vous savez… je connais la leçon. Je sais que j’ai surréagi et que je n’aurais jamais dû. Et j’assume. Ces heures de colle sont amplement méritées.

Tu espères que ça ne passera pas pour une insolence, mais ce n’est pas à ce sujet qu’elle t’apprendra quelque chose. Tu as conscience de tes actes.

Lorsque tu lui demandes pourquoi elle ne t’a pas prévenu, elle te sourit d’un air malicieux. C’est presque absurde, si décalé avec la vie que tu mènes. Quoique, du côté du Blood Circle comme des Mangemorts, tu es plutôt bien au courant de leurs intentions à ton sujet, ce n’est pas un grand mystère qu’ils aimeraient te voir mort ou remis à ta juste place pour certains.

— Bizarrement, non, je ne m’y attends pas. Par contre, je compte sur mes collègues pour me donner toutes les informations à leur disposition et me prévenir des zones d’ombre.

Tu prends une longue inspiration. Tu es plus tendu que tu ne le pensais, tu as répondu sur la défensive plus que tu ne l’aurais souhaité, tu réagis comme si tu étais menacé alors que ce n’est pas le cas. C’est Abigail. Elle ne te jettera pas dans la gueule du loup et tu comprends son intention de t’aider, en te mettant face à une situation inconnue, ce qui te sera utile plus tard. En vérité, tu aimerais un peu moins d’imprévisibilité dans ta vie et un peu plus de stabilité, qu’on ne cherche pas trop souvent à te pousser dans tes retranchements. Mais tu sais aussi que c’est toi qui es biaisé de ce point de vue. Ce que propose Abigail est logique et normal et sans doute pleinement approprié à un étudiant qui a des soucis.

— Pardon, tu ajoutes. Je ne critique pas ce que vous faites.

Analyser les situations… tu y arrives déjà bien, tant avec l’Ordre que de ton côté, de même pour la discrétion – ce que confirment les paroles d’Abigail en un sens. L’éducation quasi militaire donnée par ta mère, la cavale, l’habitude de toujours chercher l’ombre des hommes de ton père comme les mois passés à la rue t’ont donné des réflexes que la majorité de tes condisciples n’ont pas. Si seulement… La culpabilité familière revient, te noue le ventre. Tu essaies de la repousser, porté par l’avis de Kayla sur le sujet. Tu n’es pas responsable. Mais tu donnerais n’importe quoi pour redevenir celui que tu étais avant.
Le regard d’Abigail se fait sérieux tandis qu’elle te fixe. Contrôler tes pulsions. Tu aimerais bien t’automatiser, parfois, ne plus ressentir. Ce serait plus simple. Au moins, tu serais efficace.

— Je comprends bien, et je crois qu’en termes d’analyse des situations, je ne m’en sors pas trop mal. Bien sûr, c’est impossible de tout prévoir, et même la meilleure des analyses ne résiste pas à la réalité du terrain une fois qu’on y est. Je sais m’adapter. Mais…

Tes doigts se referment sur ta baguette, tu fixes l’herbe entre elle et toi.

— J’aimerais souvent ne plus rien ressentir. Ce serait plus simple que de… paniquer face à… comme avec les champignons tout à l’heure.

Tu te retiens avant d’aller trop loin. C’est le genre de choses que tu n’aurais pas dites faces à un autre professeur, admettre que oui, tu paniques vraiment dans certaines circonstances, même si tu ne précises pas lesquelles. Tu aurais largement préféré récurer les chaudrons sales. Ça n’a rien d’engageant, c’est même écœurant, mais au moins tu ne risques pas une crise de panique face aux récipients. L’évitement ne te tirera pas d’affaire, mais ça t’apporte au moins un peu de répit.
Elle revient au champ d’herbes. Analyser la situation… eh bien, toi qui te vantais de t’en sortir, tu vas espérer ne pas être trop à côté de la plaque. Replacer la situation sur le terrain du factuel t’aide à te ressaisir, à retrouver ton calme. Réfléchir, c’est au moins quelque chose que tu sais faire normalement. Tu repenses à ce que tu as fait et vu depuis que tu es là, surtout à ses gestes à elle avec Bonnie. Elles étaient deux, c’était plus simple, une pour arrêter les champignons, l’autre pour les cueillir. L’odeur nauséabonde vous entoure toujours. Tu reviens à Abigail.

— Je peux le lancer, mais je ne peux pas garantir que ça sera 100% efficace. Et avec l’accumulation des sortilèges, vu le nombre de champignons, je risque aussi d’avoir des vertiges. Me déplacer comme je l’ai fait ne change pas grand-chose non plus, ils restent en alerte. Le mieux, peut-être, c’est de faire des incursions rapides comme vous l’avez fait avec Bonnie. Les ramasser le plus vite possible dans une zone en faisant attention à ne pas me faire déborder, ressortir du champ pour qu’ils perdent ma trace puisqu’ils n’ont pas l’air de le quitter, et revenir d’un autre côté pour éviter d’alerter les autres, en laissant les spores retomber un peu.



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Lun 8 Nov - 21:01

Octobre 2020

Ce n’est pas difficile pour quelqu’un d’aussi observateur que moi de remarquer à quel point l’élève en face de moi est contrarié par la situation.  Sans doute aurait-il préféré avoir une retenue plus « simple » bien que moins valorisante, comme un récurage de chaudrons sales ou nettoyer mon écurie de la crasse normale générée par les créatures magiques. Oui, mais voilà, Eirian Howl n’était malheureusement pas tombé sur un professeur qui choisissait les solutions de facilité, d’autant plus que j’avais un lien particulier avec lui. Nous n’étions pas amis, je ne pouvais pas aller jusque-là, mais l’étudiant avait passé une nuit chez moi, et nous appartenions tous les deux à l’Ordre du Phénix, je ne pouvais donc décemment pas lui donner une retenue aussi simple et idiote qu’un nettoyage de chaudrons ou d’écurie. Il avait besoin de plus, il avait besoin d’aide, et bien que j’en sache peu sur ce qui lui arrivait, je me permettais de le pousser (c’était aussi à cause de mon ignorance que je le poussais malgré lui).
Dans le fond, je n’étais pas étonnée qu’il soit quelque peu contrarié par ce que je lui demandais ce soir parce qu’il devait fournir des efforts physiques et magiques. Il y avait aussi la réflexion intellectuelle et j’étais certaine qu’un jeune comme lui (car j’avais ressenti cela durant mes études également) préférerait être tranquille et avoir une retenue « simple ».
La loi de la facilité. C’était humain. Mais j’en venais presque à culpabiliser de voir l’élève de la maison bleue se tenir ainsi, et ses réponses qui ne manquaient pas de piquant en rajoutaient une couche. Si je n’avais pas été dans mon rôle de professeure, et profondément persuadée que je faisais bien mon travail présentement, j’en viendrais presque à m’excuser.

Je préférais donc rester silencieuse à sa remarque concernant sa magie. Il a oublié, c’était une excuse valable à mon sens, puisque moi aussi j’oubliais que ma magie était dysfonctionnelle. Je me souvenais soudainement de la conversation que nous avions eue durant l’été, où nous avions supposé que le Blood Circle parvienne à nous retirer nos pouvoirs de manière définitive, et que nous voyions la chose comme une forme d’amputation. Nous avions clairement, lui et moi, présentement le syndrome du membre fantôme. Utiliser la magie était si normal pour nous, que nous n’arrivions pas à nous faire à l’idée qu’elle était endommagée, voire comme pour moi, totalement inutilisable.
Je ne trouvais rien à répondre à cela, et je comprenais également que lors d’autres retenues il n’ait pas eu besoin de sa magie puisque les autres professeurs avaient peut-être choisi la solution de facilité, contrairement à moi.
En revanche, lorsqu’il me fit presque la morale sur mon désir de lui donner des leçons, je le fixais d’un air circonspect, clignant lentement des paupières pour montrer à quel point je prenais sur moi pour ne pas réagir. J’étais habituée à l’impertinence des élèves, c’était presque monnaie courante lorsqu’on est une professeure de petite taille, teinte en blonde, en relation de couple avec une autre femme professeure, timide a la voix fluette et qui donne un cours optionnel dans le programme scolaire. En bref, tous les éléments jouaient contre moi. Je n’étais donc pas offensée par la réaction d’Eirian, j’étais davantage étonnée et décontenancée parce que ça venait justement de lui. Peut-être m’étais-je fourvoyée en pensant que notre relation était un peu au-delà d’un simple lien étudiant-professeur. Ce ne serait pas la première fois.
Le regard baissé sur mon chiffon imbibé de sang, je poussais un nouveau soupir, plus silencieux que les précédents cependant.

- Ce n’est pas ce genre de leçon que je souhaite t’apprendre. Je te sais assez mature pour avoir déjà pris conscience de tes actes.

Je ne souhaitais pas insister davantage sur mes intentions, car j’avais la sensation que ce sera mal accueillit. Pourtant, alors qu’il me posait une question quelque peu pertinente, je me permettais de lui donner mon point de vue et mes motivations. J’avais envie de le motiver, pas de l’enfoncer, j’avais envie de le préparer au pire, comme j’aurai apprécié moi être préparée, car c’était bien à cause de mon incompétence de l’instant que mon frère était aujourd’hui mort et enterré. Je ne voulais pas qu’Eirian ait une mort sur la conscience (a supposé que ce n’était pas le cas présentement).
Sa réponse presque rhétorique me fit sourire avec ironie, mais mes traits se radoucirent à ses excuses et je me permettais de répondre alors avec ce tact si maladroit qui me personnifiait.

- Oh je crois que si, tu critiques ce que je fais. J’élargissais mon sourire en baissant un peu le menton pour lui prouver que je plaisantais avant d’enchainer. Ce serait effectivement logique que tes collègues te préviennent, mais peut-être que dans le feu de l’action ils peuvent oublier des éléments, ou peut-être qu’un jour tu seras envoyé sur un terrain inconnu, tout simplement, et que ce sera alors à toi de passer en premier pour analyser le terrain et ensuite informer tes collègues. Je plissais un peu les yeux. Tu… vois ce que je veux dire ?

Je plissais un peu les yeux pour lui démontrer à quel point j’étais incertaine de mes paroles sans doute confuses. J’avais toujours cette difficulté de m’exprimer convenablement, avec les mots convenablement choisis.
Mais ses paroles, bien qu’à nouveau calmes, furent incisives, parce qu’il m’avouait enfin vouloir ne plus rien ressentir, s’automatiser, ne pas paniquer, juste agir sans rien ressentir. Émue, je ne pouvais m’empêcher de trouver véritablement triste qu’un jeune homme de son âge et de sa trempe en vienne à penser de telles choses. Nous avions déjà légèrement évoqué le sujet l’été passé, et dans le fond je comprenais ce qu’il ressentait, car ça m’arrivait à moi aussi de vouloir ne plus être encombrée de ce genre d’émotions. C’était profondément humain en fait.

- Évidemment, il y a la théorie et la pratique, ce sont toujours deux choses bien distinctes… quant à ne rien ressentir et bien… je dirai simplement que ça te rendrait alors moins… humain. Et tu es tout sauf inhumain.

Je lui souriais avec délicatesse avant de changer de sujet et de lui proposer d’analyser le terrain, puisque nous en étions là. Autant changer de sujet, ce soir, je n’avais pas l’intention de philosopher, surtout parce que nous avions déjà parlé de tout ça. À quoi bon reprendre tout le sujet ? Moi aussi j’aurai aimé ne pas paniquer devant le Vert Gallois, moi aussi j’aurai aimé agir pour sauver mon frère, moi aussi je ne voudrais plus ressentir de culpabilité aujourd’hui. Mais c’était impossible, il fallait faire avec, on n’avait pas le choix.
Reposant le tissu sur mon arcade sourcilière, je laissais le jeune homme me partager ses observations, et un sourire se dessina lentement sur mes lèvres.

- Les odeurs sont faites de particules… tu peux imaginer ça un peu comme des bulles qui émanent de nous et flottent autour de nous. Quand on se déplace, on les dépose derrière nous. Ça forme une espèce de chemin, et ça s’accroche à ce qu’il y a autour de nous, l’herbe, la terre, la pierre ou que sais-je. En tant qu’animagus chien, j’étais parfaitement bien placée pour parler d’odeur. Je reprenais. Tes observations sont les bonnes, il faut agir vite, car les spores dégagées sont des alertes du champignon attaqué, qui vont prévenir ses congénères. Les arbres les plus ordinaires utilisent cette méthode quand ils sont mangés par exemple… ici, puisque c’est magique et bien, c’est autrement plus virulent. Je souriais tout en continuant. Se retirer dans le terrain neutre est la solution le temps que les spores redescendent, mais pour qu’ils s’estompent totalement, ça peut prendre des jours, tout dépend de la météo, du vent et de la température. Puisqu’on ne va pas attendre sur Mère Nature, on va plutôt contourner le champ pour aller de l’autre côté, là où s’est encore paisible puisque là nous sommes dans un… un concentré de complications.

Sur ce, je me redressais et attrapais mon sac en bandoulière, invitant le jeune homme à me suivre tandis que je m’enfonçais légèrement dans la forêt pour contourner la prairie. Tout en marchant, je continuais mes explications.

- Bon, j’en ai pas ce soir sur moi, mais si on veut éviter la magie, on peut utiliser des potions à lancer sur les ennemis pour les paralyser. Ça fonctionne sur eux, mais puisque je ne savais pas pour tes pouvoirs je ne me suis pas équipée. C’est pour ça que je te propose… l’aide de Bonnie !
- Quoi ??!

S’exclama la petite elfe de maison qui me fixait avec de grands yeux ronds. Pourtant, elle ne se permit pas d’autres commentaires puisqu’elle avait déjà compris que je n’allais pas lui laisser le choix. C’était de bonne guerre. Un peu désespérée, elle se tourna alors vers Eirian en lui jetant un regard suppliant.


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Jeu 11 Nov - 19:58
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« octobre 2020 »
Ces heures de retenue ne tournent pas du tout comme tu l’espérais. Oh, ce n’est pas une grande surprise, Abigail n’est pas une professeure comme les autres et elle est certainement aussi celle qui te connaît le plus parmi les enseignants – même si tu ne lui as rien dit de concret, même si elle sait juste que ça va mal : c’est déjà plus qu’avec tous les autres tant tu t’emploies à faire profil bas, à rester aussi invisible que possible, la seule façon de te faire remarquer que tu t’autorises étant tes talents dans certaines matières. Elle est peut-être aussi la plus à même de comprendre que ta réaction n’était pas normale, que tu n’es pas quelqu’un de fondamentalement violent. Ou peut-être pas : tu ne lui as rien avoué, elle ne peut pas savoir ce qui se passe dans ta tête. Avoir des problèmes, ça recouvre un large panel de possibilités et tu ne lui as pas vraiment donné l’occasion de réduire le champ des probabilités.
Mais pour le coup, tu aurais préféré quelque chose de plus banal. C’est absurde évidemment, les punitions ne sont pas là pour exaucer tes souhaits, mais tu te satisfaisais plutôt bien du récurage de chaudron ou des corvées de ce genre. Au moins, tu étais tranquille. Ce n’est pas vraiment quelque chose que tu peux avouer. Tu as vingt ans, tu es un adulte, pas un gamin capricieux et prétentieux. Malgré toi, tu restes tendu, vigilant. La tension éprouvée face aux champignons ne disparaît pas, d’autant plus que tu sais que ça va recommencer. Tu es un peu trop proche du moment où tu te sens trop acculé, piégé pour garder ton calme. Tu ne devrais pas te sentir comme ça, surtout face à Abigail, mais tu as conscience de la présence prégnante du champ dans ton dos, de ce qui t’attend. Tes efforts pour revenir à des niveaux plus acceptables ne sont pas aussi concluants que tu l’aurais voulu, ta tension ressort dans la façon dont tu réponds à Abigail, sur la défensive, même si tu essaies d’arrondir un peu les angles.

Elle ne réagit pas à ta remarque sur la magie. L’excuse est valable, les sorciers n’ont pas l’habitude de se trouver diminués sur le plan de la magie – et c’est facile de l’oublier, de faire comme si ce n’était pas vraiment le cas. Tu n’en parles pas, mais tu ne peux pas te permettre de négliger ce point et tu réduis au maximum tes passages à Londres. Ce n’est pas le moment que le Blood Circle te tombe dessus. Et le but des autres retenues était clairement de te faire bosser sans magie, c’est toujours intéressant de voir que se relever les manches reste perçu comme une forme d’humiliation pour une certaine partie de la société sorcière. (Métaphoriquement parlant, les manches, puisque tu ne remontes pas les tiennes non plus.)
En revanche, elle prend nettement moins bien ta réponse sur le fait que tu connais déjà tes leçons et qu’elle ne t’apprendra pas grand-chose de ce point de vue-là. Tu ne cherches pas à la provoquer, mais ton ton était limite. Tu la sens déçue, elle ne devait pas s’attendre à ce genre d’attitude de ta part. Bravo, Eirian. Tu te comportes vraiment comme un abruti. Paradoxalement, c’était plus simple chez elle, quand il n’y avait pas le cadre scolaire. Tu ne veux pas profiter du fait que vous vous connaissez en dehors, mais tu ne peux pas non plus l’ignorer totalement, et tu n’arrives pas à trouver le bon équilibre.
Tu hoches la tête devant sa réponse, sans vraiment voir où elle veut en venir. Quelque chose qui va au-delà de la bête morale dont les autres professeurs t’ont parlé. Elle détaille un peu plus ses intentions. Te préparer au métier d’Auror, à ce qui t’attend plus tard. À ce que tu traverses en réalité depuis des années, et c’est un peu douloureux, ce décalage complet entre ta vie et celle des autres. De plus en plus, tu mesures à quel point tes réflexes, ta façon de penser n’ont rien à voir avec ceux des autres. Que la normalité que tu mimes n’est que cela, une scène de théâtre, et qu’elle t’échappe totalement. Tu comprends qu’Abigail veut t’aider, tout en te disant qu’il y a d’autres personnes qui le méritent davantage. Tu lui réponds plus par réflexe défensif qu’autre chose, avant de t’excuser. Hors de question d’abîmer votre relation parce que tu n’arrives pas à gérer tes sautes émotionnelles.

Elle répond par une plaisanterie et tu lui retournes un sourire d’excuse. Ce n’était pas vraiment ton intention. Et bien sûr qu’elle a raison, après tout c’est ce que tu vis avec l’Ordre depuis bientôt un an, c’est ce à quoi t’a entraîné ta mère, c’est bien ce qui t’a sauvé cet été-là, lorsque tu es rentré chez vous, et que tu as tout de suite compris que son absence n’avait rien de normal, évitant de justesse les hommes du Blood Circle. C’est ce qui t’a sauvé, encore, en juillet. Même si ça ne t’a pas évité toutes les erreurs. Tu n’y es pour rien. Te préparer au pire, sans cesse, parce que c’est toujours ce qui advient. Ne pas entraîner d’autres personnes avec toi. Tu as encore tellement à perdre, encore plus depuis cette année où tu as renoncé à une partie de tes principes et grandement élargi le cercle de tes relations. Ta mère, tes amis… tu as tellement à perdre, et tu feras tout pour qu’ils s’en sortent. Même si tu as bien conscience de tes limites.

— Je ne cherche pas à profiter du fait que nous nous connaissons en dehors de l’école
, tu précises en complément à tes excuses.

Tu retiens un soupir.

— Je vois très bien ce que vous voulez dire, vous avez raison. C’est ce qu’on fait avec l’Ordre, lors des missions sur le terrain… J’ai eu l’occasion d’en faire plusieurs cette année, on sait rarement à quoi s’attendre et, de toute façon, la situation peut changer du tout au tout en quelques instants. Et tout entraînement est bon à prendre.

Tu ne peux t’empêcher cependant de laisser transparaître une partie de tes ressentis. Ce serait plus simple de ne plus rien éprouver, d’avoir enfin un peu de silence dans ta tête, de te détacher de tout ce qui te fait du mal et que tu ne parviens pas à repousser. Retrouver du calme et du… vide après tout ce bouillonnement intérieur, sans pensées parasites, sans vigilance permanente, sans nerfs à vif. Ça te remettrait un peu d’aplomb même si tu doutes que ce soit viable sur le long terme. Abigail souligne que ça te rendrait moins humain, en écho à la conversation que vous avez eue cet été sur le sujet. Tu aurais aimé que ce soit derrière toi, te dire que tu avais au moins avancé sur un sujet. Tu souris.

— C’est déjà ça, on va dire.

Elle revient au sujet du jour, à savoir les champignons, et tu lui déroules ce que tu penses de la situation – en bonne partie fondé sur ce que tu as observé de sa façon d’agir et qui paraît logique dans le contexte. Elle valide toute ton analyse, en détaillant le fonctionnement des odeurs, notamment chez les champignons qui alertent ainsi leurs congénères du danger. Le message se transmet ainsi des uns aux autres et leur permet de réagir. Les spores mettent du temps à disparaître, une fois le danger éloigné, et elle valide aussi ton idée de revenir par un autre coin du champ, là où les champignons n’auront pas été alertés. Tu mesures la taille du champ du regard.

— Il y a cependant un moment où nous aurons essayé tous les coins encore tranquilles et où les champignons restants seront tous en alerte.

Ce qui signera peut-être le moment de la retraite pour vous. La bonne réponse signifie le retour aux travaux pratiques et tu suis Abigail sous les arbres, de l’autre côté de la prairie. La magie n’est pas la seule solution pour maîtriser les champignons, les potions paralysantes fonctionnent aussi. Bon à savoir. Cependant, elle n’en a pas, et te propose à la place l’aide de… Bonnie. La protestation outrée de l’elfe de maison te renseigne plutôt bien sur son envie de t’aider. Tu lui lances un regard circonspect accompagné d’un sourire d’excuses. Tu lui pourris vraiment sa soirée. Elle se tourne vers toi, tout le désespoir du monde sur son visage, mais tu ne peux pas te passer d’elle. Tu lui souris gentiment :

— Je vais faire de mon mieux. Et on va procéder comme tu l’as fait tout à l’heure : tu retiens les champignons qui nous attaquent pendant que je les coupe, d’accord ? Et on se replie dès qu’ils deviennent trop nombreux.

Avoir l’elfe te rassure quelque peu, c’est l’assurance qu’ils ne s’approcheront pas trop de toi. Tu vérifies les bocaux dans ta sacoche, la lame que tu as toujours à la main. Retires ton écharpe pour être le moins oppressé possible, vérifies que tes manches couvrent bien tes poignets même si ça ne changera rien à tes ressentis s’ils te tiennent. Sur ce coup-là, tes nerfs seront autant tes ennemis que les champignons. L’appréhension te noue le ventre, la crainte qu’ils t’attrapent de nouveau. Ça va bien se passer.
L’elfe est parée aussi, tu relances le sortilège de filtration pour te protéger des émanations, et… il ne te reste plus qu’à replonger dans ce maudit champ que tu détestes, où l’environnement te fait te sentir d’autant plus vulnérable. Tu t’efforces de masquer ton angoisse, de verrouiller au maximum tes ressentis, de retrouver le calme particulier d’avant les combats – toutes proportions gardées. Tu ne peux pas vraiment te déconnecter, mais c’est ce qui s’en rapproche le plus.

C’est calme tout d’abord, les champignons ne sont pas en alerte, et tu commences la récolte aussi vite que tu peux. Tes gestes sont plus sûrs que la première fois, un peu plus rapides aussi maintenant que tu maîtrises le mouvement. Tu ne peux t’empêcher de jeter des coups d’œil autour de toi. Bonnie veille, mais tu as besoin de t’assurer par toi-même que ça va pour le moment. Tu passes rapidement d’un champignon à l’autre, les sens aux aguets. La prairie ne tarde pas à fourmiller de bruissements et tu te crispes, resserres ta prise sur le couteau, ta baguette à portée de main. Bonnie commence à claquer des doigts. Tu te focalises sur elle, suis le rythme qu’elle donne autant que tu le peux. Un champignon, encore un… Les bocaux cliquettent les uns contre les autres. Les champignons continuent de se rapprocher, tu prends sur toi pour ne pas te replier tout de suite. Bonnie poursuit ses efforts. Tu serres les dents, un bocal te glisse entre les doigts, tu le ramasses en vitesse. Tu commences à perdre du temps, plus concentré sur l’approche des champignons que sur leur ramassage, sur les filaments qui rôdent autour.

— On sort, Bonnie !

Tu t’assures qu’elle file avant d’y aller à ton tour. Tu aurais certainement pu, dû, rester plus longtemps, ils n’étaient pas si proches mais… non. Surtout si tu dois y retourner encore plusieurs fois. Retrouver la Forêt est un soulagement, et tu mets d’office une certaine distance entre le champ et toi. Cette fois encore, les champignons ne vous suivent pas. Bonnie te lance un regard désabusé :

— À ce rythme, Bonnie va y passer la nuit.

Tu te crispes sans répondre, conscient que oui, tu pourrais faire mieux, et tu te contentes de soulever le rabat du sac pour montrer ta récolte à Abigail.


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On apprend tout de ses défaites [Eirian] 21013008104866668 On apprend tout de ses défaites [Eirian] M-daille-Eirian

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Lun 15 Nov - 14:58

Octobre 2020

De manière presque naturelle, et en plus parce que ça nous était déjà arrivé, nous nous écartions du sujet initial avec Eirian, à savoir, sa punition du soir. Il était aisé de parler de choses et d’autres avec le jeune garçon, ce qui m’étonnait d’autant plus que j’étais par habitude une personne discrète et réservée qui parlait très peu d’elle ou de ma vie privée. Quand bien même je gardais une certaine distance émotionnelle ce soir, car j’étais dans la peau du professeur et non pas de la sorcière sympa qui offre un toit à un étudiant, apparemment, un peu paumé, je remarquais que le terrain commençait à devenir quelque peu glissant. Cela dit, j’écartais mes propres problèmes, car je n’avais ce soir pas à parler de mon métier, ni de mon couple et encore moins de mes états d’âme. En revanche, je me permettais de glisser un vécu, celui du manque de maitrise magie à cause du Blood Circle, et ce davantage par compassion envers le Serdaigle que pour me faire plaindre. D’ailleurs, je ne quémandais aucune pitié, de personne, et les plus à même à me traiter comme d’ordinaire étaient bien Harper et Bonnie.
Devinant bien que mon élève de ce soir était aussi tendu qu’une corde de harpe, je préférais m’étendre sensiblement sur notre problème commun plutôt que de faire la sourde oreille et continuer à le flageller sur ses fautes et ses torts. Voilà pourquoi je passais au-dessus de ses remarques quelque peu condescendantes. Je n’allais pas lui tenir rancune d’être de mauvaise humeur ce soir, c’était après tout un comportement très humain, lui qui se voulait si robotique. Étrange distorsion n’est-ce pas ?
C’était sans compter sur le fait que, en plus d’un an d’enseignement, je m’étais habituée à recevoir des remarques désobligeantes de la part de quelques élèves, j’avais appris à ce que cela me passe au-dessus et ne m’atteigne pas, après tout, c’était ce que j’avais vécu toute ma vie, durant mon enfance, durant ma scolarité à Poudlard, durant l’université et encore aujourd’hui en dragonologie.
Je me contentais donc de cligner tranquillement des yeux, gardant un calme exemplaire face au répondant du jeune homme (il m’en fallait beaucoup plus pour me mettre en colère, sauf quand on s’appelle Harper Auburn).
Observant cependant que le jeune homme prenait sur lui pour, apparemment, reprendre le contrôle sur ses émotions, je hochais du menton à ses paroles avant de lui répondre simplement.

- Tu ne profites de rien je t’assure, ce soir je suis dans mon rôle de professeur et tu ne parviendras pas à m’éloigner de ça. Je lui lançai un clin d’œil amusé avant de reprendre. C’est ce qui rend les situations périlleuses, qu’elles peuvent changer du tout au tout. Il faut être prêt à tout, aussi bien à ce qu’un ennemi surgisse de nulle part que de voir un champignon nous ligoter.

Hop, subtil retour à l’envoyeur avant de me redresser et d’emmener mon élève à l’autre bout du champ placé dans cette si jolie clairière. Car oui, quand on prenait le temps de s’arrêter et d’observer, l’endroit était parfaitement enchanteur, avec les rayons nacrés de la lune qui transperçaient les hautes cimes des arbres pour illuminer les longues herbes, les faisant scintiller subtilement.
J’avais subtilement évité de trop philosopher, et, à moins qu’Eirian ne revienne sur le sujet et me montre qu’il était vraiment en détresse et dans le besoin de se confier (ce dont je doutais fortement, à l’instar d’un tremblement de terre dans ce pays), je préférais nous réorienter sur l’exercice qu’il devait exécuter ce soir sous mes ordres.
La remarque qu’il me fit alors que nous marchions entre les troncs d’arbre, non loin de la prairie, je souriais, goguenarde et victorieuse, avant de le regarder en coin.

- Ça, c’est parce que tu n’as pas encore réfléchi à toutes les possibilités. Je te donne un indice.

Et comme toute aide, je me contentais de lever l’index en direction des arbres au-dessus de nous. À lui de faire le chemin entre les odeurs et les arbres. C’était que, je n’allais pas non plus tout lui apporter sur un plateau doré. Nous avions beau être le soir, il allait encore falloir qu’il utilise sa matière grise.
Apprendre et user de ce qui nous entourait, voilà une nouvelle leçon que je pouvais lui donner pour ce soir. Certes, une situation dans une mission (ou autre) pouvait rapidement dégénérer, car nous n’étions pas toujours en maitrise de tous les éléments, nous l’étions même pour ainsi dire jamais. Cela n’empêchait que nous pouvions apprendre à improviser, apprendre à aiguiser nos sens pour nous adapter avec rapidité sans perdre notre calme, sans agir sous l’impulsivité, comme il l’avait fait lors du cours de mon collègue. Enfin, utiliser son environnement comme un atout pouvait être un dernier élément qui pouvait nous sauver la vie.
Moi qui travaillais avec l’une des créatures fantastiques les plus dangereuses au monde, je devais constamment être attentive à mon environnement, au vent, au soleil, à mon ombre, aux odeurs, aux potentielles cachettes pour moi ou pour les animaux, à la météo, etc. Tout cela devenait en réalité des réflexes.
Évidemment, j’avais conscience qu’Eirian était déjà en possession de ces capacités, cela n’empêchait toutefois pas de les aiguiser davantage. J’avais l’intime (et étrange) conviction que ça allait lui servir prochainement.

Laissant que peu de temps au jeune homme pour se perdre en réflexion sur mon énigme, je lui offrais l’aide de mon elfe de maison qui fut alors d’autant plus désespérée et courroucée d’être avec nous. Aussi étrange que cela puisse paraître, je donnais l’air de prendre un malin plaisir à rendre la vie difficile à Bonnie, mais il fallait savoir qu’entre nous, c’était de bonne guerre. Durant l’été, je lui avais bien précisé que je n’allais pas avoir besoin de son aide, que malgré mon manque de magie, je n’étais pas une petite chose à plaindre et que je n’étais pas non plus une handicapée (tout cela couplé au fait qu’elle savait que j’étais malade). Malgré cela, et sous l’insistance de mes parents, elle avait tenu dur comme fer à m’accompagner tous les jours durant ma « convalescence » magique, et je devais bien reconnaître que son assistance m’était très précieuse durant mes cours puisqu’elle exécutait pour moi ce que je n’étais plus dans la capacité de faire. En réalité, je lui étais profondément reconnaissante de me supporter un peu chaque jour et j’avais hâte de pouvoir la libérer de cette tâche, si d’aventure je retrouvais un jour mes pouvoirs. Rien n’était moins sûr, hélas.
En attendant, notre relation était ce qu’elle avait toujours été : faites de chamailleries et de petites plaisanteries. À qui savait lire entre les lignes, ils pouvaient voir que nous entretenions en réalité une profonde et véritable relation, de celles qui étaient rares à observer entre un sorcier et son elfe (trop souvent considéré comme un esclave). Bonnie était pour moi avant tout une amie précieuse, une confidente et une créature aux conseils souvent sages et avisés. Mais puisqu’elle appréciait également me pourrir la vie, je lui rendais la pareille sans le moindre scrupule, avec mon air suffisant et railleur. Naturellement, je m’attendais à ce que l’elfe se venge dans l’un des pires moments de mon avenir futur, par exemple faire irruption durant un ébat partagé avec ma petite-amie (quoiqu’elle n’avait encore jamais osé faire ça, mais je m’y attendais).
Enfin, je savais que Bonnie comprenait l’étendue de la problématique de ce soir. Initialement, cette elfe était à mes côtés pour me venir en aide puisque je ne pouvais plus utiliser ma magie, il était donc logique qu’elle vienne en aide à mon élève en retenue qui avait également des pertes de pouvoirs, d’autant plus que je ne l’avais appris que quelques minutes plus tôt.
J’avais été mise sur le fait accompli, et j’avais improvisé.
Dans le fond, je savais que la petite elfe vêtue de sa tunique rouge au dragon doré brodé sur son torse ne m’en tiendrais guère rancune (tout le moins, je l’espérais).

Ce fut tout de même non sans un soupir qu’elle se rangea aux côtés d’Eirian, et, restant en hauteur après avoir grimpé sur une souche d’arbre, je les observais se lancer dans les grandes herbes.
Au début, je parvenais sans mal à les suivre du regard, jusqu’à ce que les bruissements se firent de plus en plus nombreux. À droite, à gauche, devant eux. Ils allaient bientôt être cernés et je n’allais pas tarder à perdre leurs traces. Tout le moins, je restais sereine, car je connaissais les capacités martiales d’Eirian, et d’autant plus celles de Bonnie qui savait parfaitement ce qu’elle devait faire puisque nous nous étions adonnées à cet exercice de nombreuses fois.
Les bras le long du corps, ma baguette en main (car je n’étais jamais trop prudente), je fus surprise de voir déjà Eirian sortir des hautes herbes, suivit de Bonnie qui semblait exaspérée (cette elfe était bien trop expressive). Quand bien même la situation était dangereuse et il fallait qu’il reste prudent, peut-être que pour le coup, Eirian avait un peu exagéré. Néanmoins, je ne me permettais pas de lui faire la moindre remarque, car beaucoup d’éléments jouaient en sa défaveur. Enfin, j’étais ici pour qu’il apprenne une leçon bien plus complexe que celle initiale, pas pour le mettre véritablement en danger et oublier un potentiel cadre scolaire. J’avais été assez dure avec lui jusque-là sachant que certains de mes collègues se seraient contentés d’un simple récurage de chaudron.
Ignorant volontairement les plaintes de Bonnie (elle ne faisait que se plaindre toute la journée de toute façon), je regardais ce qu’avait récolté le jeune homme en hochant la tête.

- C’est pas mal, mais effectivement à ce rythme on va y passer la nuit. Si tu veux dormir un peu, éviter une vengeance sur dix ans de Bonnie, et m’épargner une scène de ménage, il faudrait que tu essaies de passer à la vitesse supérieure.

Je lui souriais avec malice, sachant d’autant plus que ce n’allait pas être ma moitié qui allait me faire le moindre reproche, ce serait l’hôpital qui se fiche de la charité. Avec calme, je déglutissais ma salive avant de descendre de ma souche pour revenir au niveau d’Eirian (à savoir éternellement plus petite) avant de reprendre.

- En dehors du fait que tu sois tendu pour des raisons personnelles, à quoi penses-tu lorsque tu es sur le terrain, dans le feu de l’action ? Est-ce que tu es uniquement focalisé sur ta tache ou est-ce que tu penses à ce qui devrait être et à ce qui sera ?

À côté de nous, Bonnie s’en alla s’asseoir sur la souche sur laquelle je m'étais tenue, avant de s’étirer et de se permettre de bâiller, révélant à quel point elle avait une grande bouche (et donc une grande gueule).


Never Ending Circles
ANAPHORE


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Jeu 18 Nov - 13:42
On apprend tout de ses défaites
« octobre 2020 »
Malgré le cadre scolaire de cette soirée avec Abigail, tous les sujets ne le sont pas. Tu oscilles sur la ligne étroite entre vie privée et distance liée au fait que vous êtes à Poudlard, que ce n’est ni le lieu ni le moment pour t’épancher sur ta vie personnelle. Ton attitude n’a rien à voir avec celle que tu devrais adopter dans ces circonstances. Calme, maîtrisée. Lisse. La façade que tu as entretenue pendant tant d’années, qui donne le moins de prises possible à ceux qui t’entourent, qui ne laisse rien voir de ce qui te traverse. C’est devenu d’autant plus difficile depuis que tu as commencé à baisser une partie de tes barrières, à te lier avec d’autres personnes, abandonnant une partie de ta solitude habituelle pour t’ouvrir aux autres. Et avec Abigail, il y a cette nuit de juillet où elle t’a offert un refuge, où elle t’a écouté. Tu ne lui as rien dit de réellement concret sur ce que tu vivais, juste reconnu que tu allais mal, d’autant qu’elle en avait la preuve sous les yeux. Tu t’es confié en tournant autour du pot, en abordant surtout tes ressentis sans en révéler l’origine, manifestant ton désarroi et tes difficultés à faire face. Ses mots t’ont fait du bien, même s’il t’a fallu du temps pour les accepter, du moins pour une partie. Sans elle et ce répit plus que bienvenu, le mois de juillet aurait été bien plus dur. Sans elle, tu n’aurais sans doute pas parlé à Kayla début septembre – tu aurais certainement fini par le faire, vu votre amitié, mais plus tard, quand tu aurais été encore plus mal. Et avec encore plus d’incertitudes. Abigail t’a poussé à croire que tu pouvais te fier pour de bon à tes amis, t’a donné le coup de pied aux fesses nécessaire. Elle t’a bousculé plus que tu ne l’aurais voulu, mais ça a été bénéfique, et tu n’as pas encore eu l’occasion de la remercier.
Tu ne t’attendais évidemment pas au même genre d’atmosphère ce soir, mais elle semble vouloir te bousculer encore en te mettant face à ces champignons capables de ligoter leurs adversaires. C’est assez risible quand tu y penses : ce ne sont que des végétaux (enfin, non, pas tout à fait, mais on va simplifier), leurs filaments ne sont pas réellement dangereux – du moins, tu as largement le temps de leur échapper avant que ça ne devienne trop compliqué, sans même avoir besoin de mettre le feu à la forêt. En temps normal, sans être une promenade de santé parce que la vigilance reste de mise, tu n’aurais pas eu de mal à t’en sortir. Rapidité, efficacité, vigilance, ce sont des éléments que tu gères plutôt bien. Mais voilà, après avoir vu leurs capacités, tu appréhendes d’autant plus de te trouver de nouveau face à eux. Il n’y aurait eu que leur tendance à se coller à leurs adversaires, tu aurais fait avec, ça ne te dérange pas comme avec les êtres humains, mais là… C’est absurde. Mais tu ne supportes pas d’être attaché. La partie certainement reptilienne de ton cerveau te hurle de les éviter, mais tu sais bien que tu ne vas pas avoir le choix. Tu ne peux pas fuir encore, ni passer en force comme tu l’as fait pendant ce maudit cours. Tout cela doit donner une drôle d’allure à ton comportement, sans doute un peu incohérent par rapport à ton parcours et tes capacités. Tu regrettes d’autant plus ton toi passé – un toi passé qui ne se serait jamais retrouvé dans cette situation de prime abord, parce que venir au contact ne te posait aucun problème, parce qu’alors, tu aurais mis ton adversaire au sol en quelques secondes et on n’en parlait plus. Plutôt que de rêver au passé, tu devrais essayer de te rapprocher de celui que tu étais, essayer de retrouver la même confiance. Reconstruire tout ce qui est encore en morceaux. Mais cela te paraît insurmontable. Pourquoi est-ce que les choses semblent encore pires maintenant qu’à l’époque ? Pourquoi le temps passé ne change-t-il rien ? Tu l’as dit à Kayla, rien de ce qui a eu lieu cette année ne justifie que tu ailles encore plus mal. Et pourtant, c’est le cas.

Pour l’instant, retour au pragmatisme. Tu évoques ton problème avec la magie, qu’elle partage de façon plus grave que toi. Tes mots dépassent ta pensée, tu n’as pas à t’énerver, surtout pas contre elle. Tu t’excuses, assurant que tu ne cherches pas à profiter de votre précédente rencontre pour contrarier son autorité. Abigail te répond qu’elle reste dans son rôle de professeur, tu hoches la tête.
Oui, tout peut changer d’un claquement de doigts et même une personne parfaitement entraînée ne peut s’attendre à tout. On peut juste travailler au mieux ses réflexes, acquérir autant de mécanismes que possible et apprendre à les adapter pour faire face à la majorité des cas. Que ton adversaire soit humain ou champignon. Si seulement il n’y avait pas ces fichus filaments…

— Je suis bien d’accord.

Tu la suis de l’autre côté du champ. En d’autres circonstances, tu aurais pu t’arrêter sur la beauté poétique de la clairière et les charmes de la Forêt interdite ; pour l’heure, tu n’arrives pas à te détacher de ce champ et de ce qui t’attend, te laissant totalement imperméable au reste. Alors que tu soulignes que cette technique ne pourra pas fonctionner indéfiniment, Abigail te retourne un sourire moqueur que tu ne sais pas vraiment comment interpréter. « Tu n’as pas encore réfléchi à toutes les possibilités ». Hmm, à moins d’envisager le champ de force impénétrable autour de toi, en admettant que ta baguette ne te fasse pas faux bond au milieu de l’opération… Abigail te désigne les arbres. Ton regard oscille entre elle et eux. Tu ne t’attendais pas vraiment à de l’accrobranche – en vérité, tu pourrais apprécier cette retenue inattendue s’il s’agissait de ramasser n’importe quoi d’autre que des champignons ligoteurs – tu commences à faire une fixation sur leurs filaments et ce n’est pas bon pour la suite.

— Ils ne s’attendront pas à ce qu’on vienne d’en haut… ça faisait longtemps que je ne m’étais pas entraîné au parkour !

La plaisanterie est un peu forcée. Ça implique quand même de repartir à pied et non par la voie des airs. À ce stade, tu pourrais même envisager des transplanages éclair pour sillonner tout le champ plus vite que ses occupants. Si ta magie suivait. En ton for intérieur, tu te dis que la vie de botaniste et magizoologiste est quand même plus mouvementée qu’elle n’en a l’air au premier abord – enfin, c’était déjà une évidence pour celles et ceux qui s’occupent de certaines créatures. Te servir de ton environnement, en exploiter toutes les possibilités… c’est quelque chose que tu seras amené à faire. Que tu fais déjà. Ton stage chez les Aurors t’a déjà bien aidé avec les modules de parkour, t’offrant de nouvelles façons d’appréhender ce qui t’entoure, et tu as bien l’intention de continuer à t’entraîner. Tu as une bonne adaptabilité, tu as déjà eu l’occasion de le constater. L’éducation quasi militaire donnée par ta mère reste un atout encore aujourd’hui, tu as des compétences que tes condisciples n’ont pas forcément, qu’ils acquerront sans doute au fil de leur carrière. Tu as une bonne avance… mais tu ne peux rien en faire, parce que tes foutues peurs bloquent tout. Et tu ne peux pas te permettre non plus de perdre cette avance, tout ce qui peut l’entretenir est bon à prendre.

C’est peut-être ça qui te donne la motivation nécessaire pour approcher du champ. Ça et la présence de l’elfe de maison, bien sûr. Malgré les piques qu’Abigail et Bonnie s’envoient, tu as plutôt l’impression qu’elles s’entendent bien et que tout cela fait partie de leur relation. De toute façon, tu vois mal la professeure maltraiter qui que ce soit ou céder à la manière dont les sorciers traitent habituellement leurs elfes. Malgré tout, Bonnie n’a pas l’air particulièrement ravie de jouer les garde-sorciers et tu la comprends. Pour autant, tu es plutôt soulagé qu’elle soit là, ça t’aidera à faire face.
Abigail se perche sur une souche d’arbre pour avoir une meilleure vue et avec un dernier soupir intérieur, tu te lances dans le champ, aussi tendu que quelques instants plus tôt. La présence de l’elfe t’ôte cependant un poids et tu réussis à te concentrer davantage sur les champignons et leur coupe. Tes gestes ont gagné en précision et en rapidité maintenant que tu connais le mouvement. Te baisser sous le large chapeau des champignons ne te met toujours pas à l’aise, mais ce n’est pas le plus dangereux. Tu t’actives, mais les bruissements ne tardent pas à se faire entendre. Tu te crispes, prenant sur toi pour ne pas t’écarter au plus vite, mais ta nervosité ne cesse d’augmenter, tu imagines les filaments se faufiler jusqu’à toi, t’enserrer sans que tu parviennes à échapper à leur prise.
Tu serres les doigts sur ta baguette, puis tu cèdes, donnes le signal du retour à Bonnie. Tu ne respires qu’une fois en dehors du champ, après t’être assuré qu’ils ne te suivaient toujours pas. C’est tellement pathétique. Ce ne sont que des champignons. Pas des monstres assoiffés de sang. Tu aurais peut-être préféré. Ça montre surtout que tu ne t’améliores vraiment pas sur ce plan-là. Tu l’as déjà constaté quand ça tourne mal dans les échauffourées face au Blood Circle, quand malheureusement certains arrivent jusqu’au contact. Tu arrives certes à te débarrasser d’eux, mais c’est fait sans ordre ni méthode. Au fond, tu t’en sors parce que les réflexes sont là, parce qu’il y a des années d’entraînement, que même dans la panique, tu arrives à porter des coups. Pas aussi efficaces et nets que ce que tu sais faire, mais ça fait le travail. Tu t’en sors parce que tu as été très bien entraîné. Mais tu es à des kilomètres de l’efficacité que tu pourrais avoir si tu déployais toutes tes capacités. Et ça reste douloureux.

Tu ne réponds pas à Bonnie. Abigail s’approche, regarde ta récolte avant de confirmer les paroles de son elfe. Tu retiens un soupir fatigué en l’entendant énumérer ce qui t’attend. Le problème, ce n’est pas tant d’accélérer que de savoir combien de temps tu tiendras. Plus de trajets, quitte à y passer la nuit, mais un peu moins éprouvants pour tes nerfs ? Ou rester plus longtemps et risquer d’atteindre le point de rupture plus vite ? L’appréhension ne t’aide pas. Ton pire ennemi reste toi-même et ton cerveau qui va tourner en boucle sur ce qu’il redoute, décuplant la menace et ton envie d’y échapper.

— Je vais essayer de faire mieux. Mais je ne peux rien promettre.

Abigail se rapproche. À quoi tu penses quand tu es sur le terrain…  normalement, tu ne devrais penser qu’à ta tâche, que ce soit fuir ou trancher des champignons, tout en tenant compte de l’évolution de ton environnement. Le problème… Tu hésites, c’est un retour vers les sujets plus personnels. Mais ça risque de mal se finir, mieux vaut qu’elle soit au courant. Après tout, tes collègues apprécieraient d’être informés de ce genre de souci avant que tu fasses échouer toute la mission. Et contrairement à eux, Abigail, tu la connais. Ça reste pourtant toujours aussi difficile. Tes doigts ne quittent pas ta baguette.

— Je devrais rester focalisé sur ma tâche, mais je ne peux pas m’empêcher de penser à ce qu’il risque d’arriver. Ce n’est pas que j’aie peur de tout, je sais faire face au danger, mais…

Tu soupires.

— Le problème, c’est que ces raisons personnelles empiètent sur tout le reste et me rendent moins efficace, même si j’y mets tous mes efforts. Vous… vous avez une phobie ? Une vraie phobie, qui vous paralyse ou vous fait perdre le contrôle quand vous y êtes confrontée ? Où votre seule envie, c’est d’y échapper à tout prix, voire de tout faire pour éviter d’y être confrontée ?

Ces questions sont toutes rhétoriques. Tu ne sais pas si elle en a une, ni même si elle te répondra. Ce « vous », c’est pour ne pas dire « je ». La gorge nouée, raide, tu poursuis :

— Le problème, ce ne sont pas les champignons eux-mêmes, mais ce qu’ils font. Je reste bloqué dessus. C’est pour ça… que je ne peux pas vous assurer d’aller plus vite. Ni combien de fois je pourrais y aller. Je sais que c’est ridicule, que je ne suis pas vraiment en danger, mais… c’est comme ça. J’en suis désolé.

Les mots ont un goût de défaite tandis que tu te forces à aller au bout. Autant admettre une vraie faiblesse ou un manque de compétence ne te dérange pas, autant tourner autour de tes angoisses et de tes peurs, de cette vulnérabilité que tu hais reste difficile.


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Sam 20 Nov - 22:28

Octobre 2020

En contournant le champ à l’orée de la forêt, je m’amuse à donner une simple énigme à mon élève de Serdaigle, souriant en entendant sa réponse qui est somme toute évidente. Cela dit, je ne m’imaginais guère jouer les ninjas ce soir, c’était sans compter que certes, sur le terrain avec les dragons je devenais redoutable d’agilité, mais une fois rentrée chez moi, et si en plus Harper était présente, je m’encoublais dans les chaussures à l’entrée et je me coupais avec un couteau en faisant la cuisine. Il était donc évident que ce soir je ne tenais pas à m’essayer à l’exercice, d’autant plus qu’il faisait nuit, que je commençais à avoir froid et que je tenais à garder mes bras bien entiers. Je ne comptais plus le nombre de fois où je m’étais brisé les os depuis ma sortie scolaire de Poudlard, aussitôt que j’ai pu commencer à exercer en tant que magizoologiste puis dragonologiste.
Alors, certes, un peu plus tôt j’avais donné une consigne contradictoire à ce que je venais de dire au jeune homme : que nous n’attendrions pas sur Mère Nature pour commencer, néanmoins, l’usage de la magie pouvait clairement être un substitut. Encore une fois, je ne mettais pas dans l’équation le manque de maitrise de nos pouvoirs que nous avions Eirian et moi, à croire que l’information ne réussissait pas à totalement faire son chemin dans ma tête, trop habitée à user de ma baguette tous les jours. Ne plus s’en servir était un véritable handicape, et quand bien même je n’aimais pas ça, j’étais profondément reconnaissante en Bonnie, puis en Harper, d’être venues vivre avec moi pour me seconder tous les jours.
Avec une sensible ironie dans la voix, je tournais mon regard en direction de mon jeune élève (sans jamais le fixer directement), le sourire aux lèvres.

- Alors, si tu veux t’essayer au Parkour, vas-y, mais je t’avoue que je ne pensais pas à ça. Levant le menton pour regarder la cime des arbres, je me taisais le temps d’une réflexion. Cela dit, prendre de la hauteur n’est pas non plus idiot, j’essayerais, lorsque j’irai mieux. Lorsque mes pouvoirs seront revenus, s’ils reviennent. J’avais toujours en moi cet espoir naïf que la guérison viendrait un jour. Il valait mieux être optimiste n’est-ce pas ? Non en vérité, je pensais simplement au vent. Comme je l’ai dit tout à l’heure, les odeurs sont sous forme de particules que nous lâchons derrière nous et qui sont poussées par les divers événements météorologiques. S’il n’y a pas de vent, il nous est toujours possible d’essayer d’en faire avec notre magie… mais on va essayer en dernier recours vu nos états de santé respectifs.

J’étais passablement inconsciente de manière générale, je prenais bien souvent des risques inutiles alors que j’avais la réputation d’être quelqu’un de particulièrement réfléchi et mesuré. En réalité, c’était une mesure que je m’amusais bien souvent à contrebalancer pour la simple et bonne raison que je m’adaptais à chaque situation que je rencontrais. Ce soir, nous avions une mission à accomplir, Eirian et moi et je ne souhaitais pas échouer. Non pas que la quantité de champignons ramassés m’importait véritablement, mais je souhaitais que mon jeune élève puisse sortir grandit de cette soirée, et non pas davantage accablé.
Devinant bien que la présence de Bonnie le soulageait sensiblement, je les laissais s’enfoncer dans le champ de hautes herbes, les bras croisés sur ma poitrine, prête à intervenir (et donc à me mettre en danger) si cela devait s’avérer nécessaire.

Présentement, la prudence de l’élève de la maison Serdaigle était à l’aulne de mon inconscience. Il revint bien vite, et c’était un lot bien maigre qu’il me rapportait, néanmoins, je devinais les efforts (bien que mesurés) qu’il venait de fournir. C’était aussi cela qui m’intriguait : Eirian était du genre à s’appliquer dans les consignes qu’on lui procurait, que ce soit mes collègues du corps professoral ou moi, ou au sein de l’Ordre du Phénix ou encore, je n’en doutais pas, au ministère parmi les Aurors.
Ce soir, je le sentais hésitant, contrarié, distrait et bien trop prudent. Peut-être avais-je été un peu trop fort avec son premier plongeon, mais il fallait bien qu’il essaie de maitriser les peurs qui lui nouait les tripes.
Alors, je me permettais une question simple, même plutôt basique, une question qui, je le pensais, devrait être posée à tous les sorciers prétendant vouloir atteindre le rang d’Auror.
Redescendant de ma souche d’arbre pour rejoindre le plancher des vaches, je gardais mon regard obstinément tourné vers la prairie où se terraient les champignons tandis que je mesurais chaque mot du jeune homme à mes côtés.
Lorsqu’il m’interrogea sur une potentielle phobie que je pouvais posséder, et quand bien même je devinais cette question rhétorique, je ne pus m’empêcher d’y réfléchir sérieusement, par grande compassion et empathie envers mon élève.
Je n’avais vécu aucune contrainte physique, je n’avais aucune crainte des bêtes, je n’avais pas non plus peur du vide ou de la foule même si j’étais quelqu’un qui appréciait peu les gens et leurs proximités. J’étais l’un de ces êtres sensibles qui traversaient la vie en se confrontant aux problèmes avec une certaine bravoure inconsciente et qui se faisait sans cesse blesser, sans pour autant se laisser traumatiser jusqu’à la phobie. Alors, certes, je vivais un deuil qui me paralysait de chagrin chaque été, mais ce n’était pas là une phobie, je n’avais pas peur de la mort. Ce fut donc tout naturellement que mon esprit se tourna en direction de mon épouvantard, car c’était là ce qui m’effrayait le plus au monde. Était-ce une phobie ?
Il me fallut un nouveau temps de réflexion pour pouvoir vraiment le définir. Perdre mon frère, perdre mes proches, devoir vivre sans eux, perdre à nouveau Harper, alors là oui, je sentais mes pieds se paralyser et le sol s’ouvrir pour me happer avec des mains glacées. Cette peur, je faisais tout pour ne pas y penser, je travaillais avec acharnement jusqu’à m’en rendre malade, j’allais même jusqu’à oublier de me nourrir parfois.

Pourtant, lorsque j’étais obligée de faire face, à cette crainte de perdre une personne proche, mon corps agissait sans que ma tête puisse lui dire quoi que ce soit. Je ne fuyais pas, non, ça, je ne l’avais jamais fait. Une fois dans ma vie je n’avais pas agi, et c’était le drame de ma vie. Aujourd’hui, je faisais face, j’étais excellente dans les sortilèges de défense et j’avais des réflexes aiguisés pour agir à temps et éviter le plus de blessures possible, à mes proches ou à moi. Je faisais tout pour les protéger, et à chaque fois que Harper partait en mission pour l’Ordre, je ne pouvais m’empêcher de trembler pour elle, de peur qu’elle ne revienne pas.
Alors, ce que je faisais dans ces moments lorsqu’il ne m’était pas possible de travailler (chose rare) ? Je méditais. Je faisais le vide et essayais de calmer le flot tumultueux de mes pensées. Ramener la paix en moi pour éviter tout simplement de toucher la folie.
Peut-être avec naïveté, mais une certaine candeur qui se voulait empathique, j’avais la prétention de croire que je pouvais comprendre Eirian sur cette peur qu’il ressentait, celle d’être immobilisée.
Les paupières clignant tranquillement, les bras toujours croisés, je me décidais enfin à répondre après de longues secondes de silence, celles marquant une intense considération.

- Je sais d’expérience personnelle ce que c’est que d’être paralysé et de ne plus pouvoir agir malgré notre volonté. Ça découle bien souvent sur une tournure dramatique. Je tournais mon regard dans sa direction pour le regarder en biais. C’est bien pour ça que je veux t’apprendre ce soir à agir malgré tout. Ce que je vais dire va peut-être te paraître ridicule, mais as-tu déjà pratiqué une forme quelconque de méditation ? Je ne parle pas là de rester en position du lotus sous une cascade et de ne plus bouger pendant des jours, non… mais à apprendre à contrôler le flux de nos pensées, pour éviter justement que cela nous paralyse. Je glissais mes mains dans les poches de ma veste. Est-ce que c’est quelque chose que tu aurais envie d’apprendre ?



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Mar 23 Nov - 22:02
On apprend tout de ses défaites
« octobre 2020 »
Tu vois peut-être les choses de façon un peu extrême en proposant que vous escaladiez les arbres pour atteindre le champ par des angles imprévisibles et ainsi surprendre les champignons. Mais vous parliez justement d’exploiter votre environnement, c’est une façon de le faire, n’est-ce pas ? Bon, de cette façon, en pleine nuit, ce n’est pas forcément idéal et sans doute un peu trop dangereux pour ce qui reste après tout un exercice scolaire, pas une mission sur le terrain ni un entraînement d’Auror. Tant qu’à faire, si tu peux éviter un détour par l’infirmerie, ça t’arrange. Tu sais comment bien tomber, mais ce n’est pas la peine de forcer la chance, surtout avec la tension qui te crispe déjà bien assez le corps.
Abigail se tourne vers toi, le sourire aux lèvres, et tu perçois son ironie dans sa réponse. Elle ne pensait effectivement pas au parkour en te posant cette question, mais elle n’invalide pas totalement ta réponse. Tu es presque curieux de la voir faire, en l’imaginant monter aux arbres et se jeter ensuite parmi les champignons, les enfermant avec maestria. En réalité, elle pensait tout simplement au vent – tu jettes un coup d’œil vers les feuilles qui ne remuent guère, c’est calme plat pour une fois. Elle qui disait justement quelques instants plus tôt que vous n’alliez pas attendre la volonté de la nature… La magie peut effectivement apporter un bon palliatif, créer un courant d’air n’a rien de bien difficile… quand on est en pleine possession de ses pouvoirs. C’est terriblement frustrant, cette incertitude. Tu ne sais jamais si tel sortilège va fonctionner, combien d’essais il te faudrait. Terriblement insécurisant, aussi. Une capacité sur laquelle tu as toujours pu compter ces dernières années t’échappe soudain. C’est certes moins grave que la perte complète de tes pouvoirs comme Abigail. Suivre certains cours serait impossible, à moins de te contenter de la théorie, mais tu peux difficilement ne faire que cela pendant des semaines – des mois ? – si tu veux réussir ton année. Malgré tout, ça te place dans un entredeux que tu n’aimes guère et qui te fait grandement perdre en fiabilité sur le terrain. Tu espères que ça passera vite, tu as été moins atteint, c’est peut-être une affaire de semaines… Tu le souhaites du moins. Il fallait bien que ça arrive, tu as plutôt eu de la chance jusqu’à présent en réussissant à éviter le sérum. S’il y a bien une chose à laquelle tu crois, c’est que ce n’est pas définitif. Tu refuses de l’envisager, le Blood Circle n’a pas cette puissance.

— Effectivement, c’est plus simple,
tu reconnais avec un sourire. Si on en vient là, je devrais y arriver, même si ce n’est pas forcément du premier coup… Le souci, c’est plus… les vertiges et ce genre de choses.

Ton malaise, au point d’empêcher tout transplanage, face à Olivia en septembre reste bien vif dans ta mémoire. Que tu aies déjà été sous l’influence du Neutraliseur à ce moment est la seule explication plausible qui te vienne. Ce qui ne fait que mettre en exergue les dangers que tu cours à être ainsi diminué. Et vu tes difficultés en combat au corps à corps, tu ne pourras pas compenser cette nouvelle faiblesse. Ton couteau reste ta seule arme véritablement efficace. Une fois de plus, tu regrettes que ta mère n’ait pas pu t’apprendre à viser correctement. Oh, une arme en main, tu pourrais toujours tirer dans le tas, mais il y a plus efficace.

Pour l’heure, concentration, ce sont les champignons l’objectif et non le Blood Circle. La présence de l’elfe à tes côtés te rassure sans pour autant faire disparaître toute ton appréhension. La menace reste bien trop prégnante dans ton esprit, impossible à écarter, impossible à maîtriser. Tu fais du mieux que tu peux, tout en sachant que c’est très loin de ce que tu serais capable de faire en temps normal. Si seulement ces champignons avaient une autre arme que leurs filaments ! Absurde comme un seul détail peut tout changer. Bien sûr, tu n’arrives pas à les imaginer sans, ni à refréner les sensations fantômes qui courent là où ils t’ont touché. Et très vite, c’est trop pour toi. Préférant la retraite plutôt que l’acharnement qui compliquerait encore plus le prochain plongeon, tu quittes le champ en appelant Bonnie. Tu n’as pas besoin de l’avis d’Abigail pour savoir que tu n’as pas brillé. Que tu devrais te balader dans ce champ, pas agir comme si tu traversais un champ de mines, mais c’est pourtant l’effet que ça te fait. D’autant que tu mets d’ordinaire un point d’honneur à exécuter au mieux les consignes qu’on te donne. Même si c’est une punition. Tu ne rechignes pas à la tâche, essaies toujours de tirer le meilleur parti de la situation. Tu espères qu’elle ne mettra pas ça sur le compte de la mauvaise volonté.

Elle te demande ce que tu ressens sur le terrain et c’est déjà un soulagement qu’elle suive cette piste-là. Tu n’es pas le plus doué pour exprimer ce que tu ressens, passes par les questions rhétoriques pour ne pas donner l’impression que tu en dis trop, tout en avouant la vérité. À son tour, elle réfléchit à la question. Tu repenses à tous ces moments paralysants, absurdes, qui te font perdre tes moyens, te font passer en mode survie, sans que tu arrives à envisager autre chose que la fuite ou le combat. L’un des exemples les plus marquants reste ce qui s’est passé cet été avec Sean, quand il t’a mis la main dessus. Il t’a attrapé, plaqué contre un mur. Dès lors, tu n’as plus vu Sean ni même l’Auror en lui, juste un adversaire à qui tu devais échapper à tout prix. Pire encore lorsqu’il t’a retenu, maintenu les bras, collé contre toi pour briser ta rébellion. Il ne s’attendait pas à une telle crise de panique de ta part. Et toi, tu étais incapable de penser à autre chose que la fuite, qu’à calculer encore et encore les opportunités qui pouvaient se présenter. Il t’a fallu bien trop de temps pour comprendre que tu pouvais lui parler, tellement ça te semblait impossible, hors de tes schémas de survie. Et c’est un allié et un ami, pas un ennemi.
Et c’est juste… douloureux, en un sens, de constater encore et encore à quel point tu es diminué. À quel point tes problèmes s’aggravent. À quel point ta volonté de poursuivre tes études est peut-être un acharnement vain parce que tu n’y arriveras pas et que tu es en même temps incapable d’envisager de faire autre chose de ta vie. Tu n’étais pas comme ça avant. La foule, le bruit ne te dérangeaient pas plus que ça même si tu as toujours préféré le calme et une relative solitude – les premiers étant synonymes de danger, les seconds, de sécurité. Les contacts ne te gênaient pas, oh, évidemment, ça n’a jamais été agréable d’être agrippé, mais c’était normal et tu pouvais y faire face. Malgré toi, tu ne peux t’empêcher de comparer. Tu sais que le Eirian de sixième année s’en serait bien mieux sorti dans ces études et dans tous les domaines que celui que tu es devenu. Il y avait tant de choses que tu voulais faire, des idées, des projets, quand arriver au bout de chaque journée n’était pas une épreuve, une lutte contre toi-même pour ne pas perdre pied.
Tes blocages ont beau être paralysants, ils ne représentent pour autant pas tes pires craintes. Enfin… ce n’est pas tout à fait la même chose. Tes vraies peurs, elles sont pour ta mère, pour tes amis qui se retrouvent de plus en plus impliqué dans le conflit. Pour tes secrets que tu commences à révéler.
Abigail réfléchit un long moment et tu ne l’interromps pas. C’est autant de temps qui permet aux spores des champignons de se disperser, à ces derniers de se calmer. Autant de temps où tu n’y retournes pas. Sans sembler avoir de phobie, ou alors elle ne la confie pas, elle peut comprendre cette paralysie – et tu grimaces intérieurement en te doutant de ce à quoi elle fait allusion. Tu ne souhaitais pas ramener la conversation sur ce terrain-là, aviver ces souvenirs douloureux. Elle veut cependant t’apprendre à agir malgré tout.
La méditation… tu secoues la tête. Tu n’as jamais pratiqué, tu ne saurais même pas par où commencer. Sa description te tire un sourire. Non, clairement, le lotus ce n’est pas pour toi. Mais contrôler tes pensées… Pourquoi pas ? Tu ne sais pas si ça marchera, mais ça paraît une solution plus tolérable que l’exposition directe au contact. Peut-être que si tu arrives à te calmer, la solution de Kayla deviendra envisageable ? Tu as envie d’y croire.

— Non, je n’ai jamais essayé, je n’ai aucune idée de comment m’y prendre… J’ai tellement de choses dans la tête, ça m’aiderait de pouvoir… calmer un peu tout ça.

Tu regardes le champ de champignon, reviens sur Abigail.

— On m’a proposé des solutions pour certains problèmes, mais c’est… trop tôt pour moi. Je n’arrive pas à les envisager, même si j’aimerais. Si je réussis à être moins tendu, ça les rendra peut-être plus acceptables. Il faut que j’essaie en tout cas.


Tes doigts jouent machinalement avec ta baguette.

— Vous pratiquez ? Vous pourriez m’apprendre ?



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Ven 26 Nov - 12:04

Octobre 2020

Je ne pouvais que compatir lorsqu’Eirian évoqua les vertiges. C’était vrai, et terrible. Autant, avec ma maladie, j’étais habituée à avoir des nausées depuis ma naissance, autant les saignements de nez et autres maux, c’était d’autant plus difficile à les gérer. De manière globale, tomber malade n’était jamais un plaisir, mais lorsque c’était avec quelque chose d’aussi habituel que d’utiliser sa magie, c’était un rappel à l’ordre autrement plus douloureux.
Comme toute réponse, je me contentais de hocher la tête sans chercher à aller plus loin dans la discussion. Qu’y avait-il à rajouter ? Eirian avait tout à fait conscience que j’étais plus touchée que lui, je n’allais donc pas lui parler de ce qui m’arrivait lorsque j’utilisais ma baguette, d’autant plus qu’il avait eu un léger aperçu tout à l’heure. Je n’étais pas du genre à me plaindre, je n’étais pas de ceux qui cherchaient la pitié des autres, ainsi, je préférais garder le silence sur tout ce qui m’arrivait depuis maintenant de nombreuses semaines. Fort heureusement pour moi, j’avais trouvé de précieux soutiens en les personnes de Bonnie puis d’Harper, et sans vraiment le vouloir, j’étais bien obligée de m’appuyer sur elles lorsque le besoin s’en faisait ressentir. C’était par exemple le cas avec l’elfe de maison lorsque je donnais mes cours, difficile d’être une enseignante d’une école de magie honorable sans utiliser de magie. Certes mon cours n’était pas celui où les élèves devaient sortir leurs baguettes à chaque fois, mais pour certaines situations ils ne pouvaient pas faire sans, c’était comme ça dans notre monde.
La perspective que les moldus, plus précisément le Blood Circle, cherchent à nous couper de cela était d’une perspective vertigineuse et très inquiétante. J’étais persuadée en mon for intérieur que cela allait engendrer un déséquilibre terrible qu’ils ne pourraient plus contrôler. La nature était ainsi vite, elle savait se révolter on en avait déjà la preuve avec les dégâts que l’Homme créait tous les jours. Alors sans magie ?
À bien y réfléchir, tout cela était absurde à un tel point que j’en rirais presque d’ironie.

Mais l’heure n’était pas aux jérémiades (je n’étais pas d’humeur à ça), et, malgré les apparences, j’avais une retenue à dispenser ce soir.
Alors, les bras croisés, montée sur mon petit perchoir, j’observais l’élève de la maison Serdaigle s’aventurer dans les hautes herbes en compagnie de mon elfe de maison qui trainait des pieds. Il me faudra trouver quelque chose pour la remercier, car bien que Bonnie soit une servante accomplie et qui ne demandait jamais rien en retour (comme tout bon elfe de maison qui se respecte en général), je n’aimais guère la voir contrariée et l’obliger à des choses qu’elle ne souhaitait pas faire. Mais voilà, ce soir, je n’avais guère le choix de faire appel à ses services puisque, nous y revenions à nouveau, je ne pouvais plus utiliser ma magie sans danger. Je devais donc m’appuyer sur cette petite créature au teint violet, ce qui, dans le monde sorcier, était peu ironique. En effet, de nombreux sorciers n’arriveraient pas à vivre convenablement sans l’aide d’un elfe de maison, ne serait-ce que pour tenir un intérieur propre. Fort heureusement, dans la famille MacFusty, et depuis des générations, les elfes de maison que nous avions eux (les ancêtres de Bonnie), n’avaient jamais eu à se plaindre des tâches ingrates, les sorciers faisant leurs propres labeurs de ménage. L’aide des elfes était davantage sollicitée pour le terrain avec les créatures fantastiques.

Les voyant revenir, un peu pantelants, et le nez retroussé et renfrogné de Bonnie, m’indiquaient qu’ils n’avaient pas été au maximum de leurs capacités. Alors, par la conversation, j’essayais de nouvelles méthodes d’approche, j’essayais d’en apprendre davantage pour cerner d’autant plus le « problème » de mon élève de ce soir. Bien sûr, je connaissais les grandes lignes, le problème étant maintenant de l’aider à faire avec, car il y avait des choses et des situations où nous n’avions pas le choix de « faire avec », de continuer à avancer malgré le poids qui nous incombait.
S’il n’était pas capable de se maitriser durant les cours, cela allait ternir ce bouclier, cette barrière invisible qui lui avait pris tant d’effort à ériger. Non pas que je souhaite qu’il reste d’autant plus renfermé sur lui-même, je désirais plutôt qu’il se sente davantage en sécurité. La perspective de perdre ses moyens, c’était la terreur de montrer qu’on a des failles, qu’on est friables et donc vulnérables. Quelque chose qu’Eirian apparemment s’interdisait, et bien que je ne pouvais véritablement adhérer à cela, je voulais le soutenir dans le sens où, en se maitrisant davantage, il réussirait peut-être mieux à s’ouvrir au monde. Car bien qu’il soit un solitaire comme moi, Eirian n’était pas maladivement timide comme je l’étais, il n’était pas renfermé aux autres par le caractère, mais par un genre d’obligation qu’il s’imposait.
Tout le moins, c’était le sentiment qu’il me donnait depuis que nous nous parlions plus régulièrement.
Tranquille, attentive, les yeux rivés sur l’horizon, j’écoute l’étudiant qui me confie n’avoir jamais eu pratique à la méditation. Dans un sens, c’était quelque chose qui ne m’étonnait guère, car très peu de sorciers en avaient recours (pour une raison qui m’échappait encore). Cependant, le fait qu’il me confie qu’un certain « on » lui ait proposé des solutions suffisait à me prouver qu’il essayait de faire des efforts pour s’ouvrir aux autres et, peut-être, enfin demander de l’aide. Je ne pouvais donc décemment pas l’arrêter dans un si bon élan. Tournant la tête dans sa direction, je souriais avec douceur.

- Bien sûr que je peux t’apprendre, ce sera même avec plaisir… mais ce soir, je ne pourrais t’apprendre qu’une vague théorie. C’est quelque chose qu’on apprend avec du temps et de la patience, surtout pour l’appliquer dans les moments les plus difficiles. Me concernant, c’est devenu maintenant un réflexe.

Je sous-entendais donc que sans cela, je ne parviendrais sans doute pas à être le professeur que j’étais depuis un an ni la dragonologiste que j’étais. La méditation était devenue aussi essentielle que de dormir ou manger pour moi, car sans me purifier des aléas de mes journées, je devenais quelqu’un de très nerveux, irascible et instable, car bien trop perturbée par tout ce qui m’entourait. Ma grande sensibilité et mon besoin d’indépendance avaient cela de difficile à vivre, mais d’aucuns diraient que je suis « juste » autiste.
Me mordant la lèvre sous la réflexion intense qui me taraudait, je jetais un coup d’œil à nos sacs respectifs, ceux qui contenaient les bocaux des champignons récupérés. Il n’y en avait pas beaucoup, moins que ce que j’aurais souhaité. Mais j’étais quelqu’un qui avait la naïveté de se croire pédagogue (un comble), et ma retenue de cette nuit avait toujours eu un but bien précis.
Me penchant pour attraper nos deux sacs, je les posais sur mon épaule avant de regarder Bonnie.

- Tu peux aller faire ta partie de bridge, merci beaucoup, Bonnie, on se voit demain.

Interloquée, l’elfe de maison pencha la tête et, apparemment, hésita à me questionner, mais elle avait la sagesse de réaliser que c’était là une aubaine pour elle. Avec un petit regard en direction d’Eirian, comme pour lui souhaiter bonne chance de rester avec moi, elle claqua des doigts et transplana dans un craquement sonore. Avec un sourire, je baissais le menton et les yeux en direction de mes pieds avant de commenter.

- Il faudra que je lui trouve quelque chose pour la remercier.

Faisant volte-face, je reprenais une marche tranquille, nous éloignant de la petite clairière, invitant l’étudiant à me suivre.
Après un instant de silence, je levais le nez en direction de la haute cime des arbres avant de commencer mes explications.

- La méditation que je pratique permet de calmer le flux de nos pensées, de détendre le corps lorsqu’il est à son paroxysme, de se recentrer sur les éléments essentiels et de pouvoir agir sur le moment convenablement, et non pas de manière impulsive. Elle permet aussi à mieux ressentir notre environnement, si on a l’ouverture d’esprit pour y parvenir.

Je lui accordais un clin d’œil tandis que je nous ramenais parmi les arbres, nous faisant perdre la luminosité nacrée de la lune. Après un nouvel instant de silence, je reprenais.

- Je sais par exemple que des acromentules sont non loin de nous, sur notre gauche, j’ai senti les vibrations quand tu étais avec Bonnie, je les surveille depuis tout à l’heure. Normalement, tant que nous n’allons pas plus au Nord, nous ne risquons rien. Aussi, je nous fais présentement marcher sous le vent pour éloigner nos odeurs, et donc les éloigner en les mettant sur une fausse piste. Tu remarqueras aussi que je nous ai emmené sur un sol qui est davantage couvert de roche, les pierres accrochent moins les odeurs que les matières végétales.

Tout cela, je le savais simplement, car j’avais été ouverte à mon environnement, une seconde nature pour moi, et un long et pénible apprentissage que je pratiquais depuis mes onze ans, depuis mon entrée à Poudlard. Peut-être même avais-je commencé sans m’en rendre compte un peu plus tôt, au sein de ma famille bien qu’à cette époque ils m’emmenaient rarement en intervention, mais ils me sensibilisaient déjà aux choses qui m’entouraient. Ma forme animagus en chien n’était, encore une fois, pas un hasard. L’odorat et l’ouïe développés me permettaient d’aiguiser davantage ces sens, qui, sous ma forme humaine, étaient bien plus faillibles.

- Tout cela n’a rien d’extraordinaire ou de magique, je suis juste attentive à ce qui est autour de moi, ce qui, à contrario, me prend énormément d’énergie. Je souriais avec tranquillité et bienveillance à Eirian tout en continuant de marcher. Nous allons commencer simplement, là, en marchant, arrives-tu à me décrire ce que tu sens, ce que tu ressens, ce que tu vois et ce que tu entends ?


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On apprend tout de ses défaites
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Abigail est la première à qui tu évoques réellement tes problèmes liés au Neutraliseur de magie. Cela ne fait pas longtemps que tu as compris ce qui t’arrivait et, fidèle à tes bonnes habitudes, tu t’es surtout efforcé de faire en sorte que personne ne s’en rende compte, déjà pour ne pas donner de prises supplémentaires à tes camarades, mais aussi parce qu’il t’est toujours extrêmement difficile d’aller voir un de tes amis et de lui dire : « j’ai un problème ». Tu as pris le pli de gérer seul, et ce que tu as confié aux autres, que ce soit à Sean, Kayla ou Sévastian a plutôt été forcé par les circonstances. Sévastian a compris une partie de ce que tu vivais pour avoir été dans la même situation ; face à Sean, tu as fini par avouer la vérité après avoir tout tenté pour lui échapper… Il n’y a peut-être qu’à ta meilleure amie que tu as parlé volontairement, parce que le moment s’y prêtait et que tu n’en pouvais plus de garder ça pour toi. Et tu l’as fait seulement pour ce que tu as vécu de pire, pour ce qui était bien trop lourd.
Alors, une perte partielle de pouvoir… tu peux gérer sans en parler. D’autant que tu ne vois pas vraiment l’intérêt de te plaindre, ce n’est pas ça qui remédiera au problème. Alors, certes, tu es toujours prêt à dispenser soutien et encouragements aux autres, à proposer de les aider, à écouter leurs soucis… mais tu n’arrives toujours pas à sauter le pas pour toi-même. Non que tu t’estimes plus fort ou plus résistant, mais tu ne veux pas peser sur tes amis. Tu as encore du mal à accepter la réciprocité dans tes amitiés, même si tu progresses beaucoup avec Kayla, que tu vois de plus en plus que lui parler ne change pas votre relation, mais la renforce au contraire. Et elle n’est pas la seule. Sans compter que ça te fait du bien à toi aussi d’avoir de l’aide, de trouver une épaule où relâcher un peu de pression.
Cependant, l’habitude du silence et du mensonge te ferme encore trop souvent la bouche. Sauf là, où tu es obligé de l’admettre parce qu’Abigail s’en est rendu compte et que ça risque effectivement de mettre en péril la retenue qu’elle t’a préparée. Pourtant, face à elle, c’est moins gênant que face à n’importe qui d’autre. Tu lui as déjà avoué que tu avais des problèmes, même sans avoir rien détaillé, et surtout elle vit la même situation, en pire encore. Elle est à même de comprendre ce que tu ressens sans que tu aies besoin de te lancer dans des explications – et pour le coup, tu n’as pas à te plaindre, étudier à Poudlard sans magie serait pratiquement impossible. Pour autant, tu ne négliges pas ta faiblesse présente, et tu as bien l’intention de redoubler de vigilance, notamment lors de tes passages à Londres.

Pour l’heure, ton plus gros problème, ce sont ces maudits champignons. Dans d’autres circonstances, tu moquerais tes peurs absurdes, mais là, elles te mènent directement sur la voie de l’échec et tu détestes ça. Tu sais que tu pourrais t’en sortir correctement, l’exercice n’est pas si difficile en soi même si la prudence reste de mise. Et il faut bien dire que tu n’as jamais aimé te rater, pas tant pour une question de notes que de point d’honneur à remplir au mieux les tâches qu’on attend de toi. Une attitude qui remonte à ton enfance, face aux exigences toujours plus grandes de ton père, et que la fuite avec ta mère n’a guère arrangée. Tu tenais à tout faire du mieux possible pour l’aider, ne pas être un poids inutile alors qu’elle avait tout abandonné pour toi. Tu t’es responsabilisé très vite, t’es efforcé de participer autant que possible tant au quotidien que dans les moments de traque, appliqué à suivre ses consignes et à t’entraîner. Te retrouver ainsi bloqué par de stupides végétaux est plus que risible et, si tu es déterminé à sortir de tes ennuis, tes blocages sont toujours bel et bien présents, impossibles à contourner pour le moment. C’est frustrant, mais tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même si tu es incapable d’appliquer les solutions qu’on te donne. Tout en sachant que tu ne peux pas les mettre en œuvre. Pas avec le coût en énergie qu’elles impliquent, alors que tu luttes déjà bien assez pour maintenir debout le fragile assemblage de ta vie. Pour autant, tu ne peux pas fuir, personne ne t’accordera de répit, n’attendra que tu ailles mieux, ne te donnera de temps pour te remettre d’aplomb, et si tu veux avoir une chance d’obtenir ton diplôme, il va bien falloir que tu règles ça. Tu serres les dents : on n’est qu’en octobre, et tu n’aspires qu’à pouvoir te reposer. Relâcher la pression. Chaque année, tu espères que la suivante sera plus légère, mais ça ressemble surtout à un vœu pieux, une illusion pour tenir encore un peu. Et tu tiendras, tu n’as pas le choix.

Pas totalement désespérante, ta cueillette n’est pas non plus à la hauteur des attentes, mais tu as préféré ne pas risquer de trop tirer sur la corde, puisque ce n’est que la deuxième fois que tu y vas. Tu t’ouvres un peu plus à Abigail sur tes craintes, sur ces peurs paralysantes qui fragilisent tout ce que tu tentes de construire. Tu as eu de la chance jusqu’à présent que peu de personnes aient vraiment vu l’ampleur que ça pouvait prendre, qu’ils n’aient pas mesuré que c’était de la panique qui te faisait réagir et non des réflexes trop brutaux. Mais ça ne tiendra pas longtemps non plus si tu ne parviens pas à te contrôler davantage. Le pire, c’est que tu ne comprends pas d’où vient l’aggravation. Ce n’était pas comme ça au début de l’année, c’était compliqué, oui, mais ce n’était pas aussi paralysant que maintenant. Tu as beau réfléchir, tu ne vois pas ce qui dans l’année a pu provoquer ça. Mettre le doigt dessus t’aiderait certainement, mais… qu’est-ce que ton fichu cerveau a bien pu encore inventer ?

Abigail évoque la méditation, que tu n’as jamais eu l’occasion de pratiquer. Tout juste si tu connais le principe. Mais si ça peut t’aider à mieux accepter la suite, à envisager les propositions de Kayla… tu dois essayer. Tu es prêt à pratiquement n’importe quoi, pourvu que ça marche. Tu lui demandes si elle peut t’apprendre, elle se tourne vers toi en souriant et confirme.

— Oui, je comprends, je ne m’attends pas à ce que ça fonctionne tout de suite, ni à y arriver dès la première fois. Mais ça peut être utile sur le long terme. C’est une routine à intégrer… Si j’ai les bases, je pourrai continuer de pratiquer sans vous prendre trop de temps.


Et le fait qu’elle parle de t’apprendre ce soir est un soulagement, la perspective de retourner dans le champ de champignons s’écarte. Ce n’est sans doute pas la tournure qu’elle avait prévue pour cette soirée – ce n’est pas celle que tu anticipais non plus, tu étais décidé à bien respecter les limites professeur-élève… mais il semblerait qu’avec Abigail, la conversation finisse toujours par dériver vers des questions plus personnelles. Tu espères qu’elle n’en aura pas bientôt marre de toi. Si c’est le cas, elle saura bien te le dire. Et tu es doué pour prendre de la distance. Mais tu n’as aucune envie que ça en vienne là.
Tu ne rates pas son coup d’œil vers vos sacs. Elle va peut-être estimer qu’elle n’en a vraiment pas assez et changer d’avis. Après tout, tu es toujours censé être puni, pas transformer ces heures en discussion privée ni en… thérapie ? Même si ce n’est pas vraiment le bon mot. Avec soulagement, tu l’entends congédier son elfe de maison pour le reste de la nuit. Elle ne se risquera pas à retourner dans le champ sans protection magique. Tu ne soupires pas de soulagement, mais le cœur y est. La demande surprend Bonnie, qui semble vite comprendre qu’elle n’a pas intérêt à trop s’interroger. Elle te glisse un coup d’œil, tu la salues avec un sourire. Vous avez tous deux l’air bien plus satisfaits de votre nouveau sort. Bonnie ne tarde pas à transplaner.

— Vous avez l’air très proches toutes les deux.


Tu emboîtes le pas à Abigail, ravi intérieurement de t’éloigner de cette maudite clairière et plus détendu que quelques minutes plus tôt. Bien évidemment, tu n’oublies pas où tu es et tu restes attentif à ton environnement, aux mille bruissements qui vous entourent, mais ça, c’est quelque chose que tu peux contrôler sans tomber dans l’irrationalité totale. Le chemin devient plus pierreux, moins herbeux, et des buissons épineux se dressent entre les arbres. Pas le coin le plus accueillant de la Forêt et ça ne t’étonnerait pas que des créatures rôdent dans les parages.
Abigail reprend bientôt la parole. Calmer le flux de tes pensées, te détendre et pouvoir agir correctement au bon moment… ça te paraît un excellent programme. Alors, certes, ça ne se fera pas en un claquement de doigt, mais si tu peux retrouver un peu de stabilité, assez d’assurance pour envisager le reste… Tu as bien conscience que ça ne suffira pas vu l’ampleur de tes problèmes, mais si ça peut te permettre d’avancer, ce sera toujours ça de pris. Le cœur frémissant d’espoir, tu écoutes Abigail.

— C’est vraiment ce dont j’ai besoin, de calmer ce que j’ai dans la tête et arriver de nouveau à réagir comme il faut, au lieu de… surréagir.


Quant à l’environnement, tu en as déjà une bonne conscience… mais tu es loin de le maîtriser comme Abigail. Tu soupçonnais certes la présence de créatures (ce qui n’est pas non plus du génie vu l’endroit où vous êtes), mais tu n’aurais pas reconnu des Acromentules avant d’apercevoir des bouts de leurs toiles.

— Je ne les aurais pas détectées, tu admets. Et si j’avais remarqué le changement de sol, je ne savais pas que l’herbe retenait plus les odeurs. J’ai davantage l’habitude des environnements urbains. Vous avez appris à repérer tout cela avec la magizoologie ?

Tu la crois sans peine sur l’énergie que cela demande. Tes réflexes ne sont pas les mêmes, mais en ville rester sur tes gardes, repérer le moindre mouvement suspect parmi des passants, te fondre dans la masse, prendre note des issues dès que tu entres quelque part sont une seconde nature et ça te prend également beaucoup d’énergie. Mais comme elle face à des créatures potentiellement mortelles, c’est le prix à payer pour vous préserver.

— Oui, je vois. À cause des rencontres avec le Blood Circle, je fais bien plus attention lorsque je vais à Londres, par exemple, je reste attentif aux mouvements autour de moi, aux réactions si jamais je croisais un de leurs membres par hasard.

Elle te demande de lui décrire ce que tu perçois et ressens tandis que vous continuez de marcher. Tu te concentres, attentif à ce qui t’entoure. Tu ne détectes pas de danger immédiat, pas de frisson familier dans ton dos comme lorsque tu te sens épié.

— Je… ne sens pas de menace directe, ni de créature à proximité. Même si j’entends un hibou hululer, ainsi que le vent dans les branches d’arbre, le crissement des feuilles et les grincements du bois. Tous les petits bruits qu’on peut entendre en forêt, qui montrent qu’elle vit…

C’est un peu étrange de décrire ainsi à voix haute ce qui n’est d’habitude que des sensations, des choses que tu perçois d’instinct. Cela fait longtemps que tu ne l’as pas fait non plus.

— Quant à ce que je vois… les arbres sont plus serrés ici qu’un peu plus tôt, les rochers sur les côtés sont couverts de mousse et l’humidité se fait davantage ressentir, il doit y avoir un petit cours d’eau pas loin, vers le Nord. Le sol devient plus caillouteux, c’est plus dangereux si on doit… faire demi-tour rapidement. Hm, je ne sais pas vraiment ce que vous attendez comme description… ?



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Mer 15 Déc - 16:30

Octobre 2020

Tout arrive. Même ce à quoi l’ont s’attend le moins. Qui l’eut cru qu’en faisant ma punition pour Eirian, j’en venais à lui parler de méditation ? En réalité, je me sentais un peu idiote de ne pas lui en avoir parlé plus tôt, comme lorsqu’il était venu passer une nuit chez moi durant l’été. Néanmoins, à ce moment, j’avais bien vu qu’il avait quelques problèmes, mais je ne le connaissais pas comme je le connaissais maintenant, et je voyais aujourd’hui davantage les failles qu’il essayait à ce point de si bien camoufler. C’était ironique que de vouloir cacher des choses si bien qu’elles en deviennent en fait flagrantes lorsqu’on savait où regarder et comment écouter.
Cela dit, je ne me permettais aucune remarque et aucun jugement, je n’étais pas là pour ça, j’étais là pour l’aider, le punir certes, mais l’aider. Je n’étais pas du genre à laisser les autres dans la merde, même lorsqu’il s’agissait d’un membre du Blood Circle.
Comme toute réponse, je me contentais de hocher la tête positivement à ses paroles. En effet, c’était une routine à acquérir, et pour cela, il n’y avait pas de miracle : il fallait pratiquer.
C’était aussi dans un sens ce qui me chagrinait un peu dans ce sujet. Pratiquer.
Bien sûr, Eirian était un Serdaigle, je le savais curieux et travailleur, je le savais plein de bonne volonté et intelligent avec une certaine facilité pour l’apprentissage. Néanmoins, j’avais cru observer aujourd’hui qu’il y allait à reculons, comme s’il n’avait aucune motivation ou plutôt, qu’il avait juste envie de quelque chose de facile, ou tout le moins, plus facile que de se faire poursuivre par des champignons. Mais il fallait les comprendre ces pauvres végétaux, comment réagirions-nous si on nous découpait ? On riposterait aussi. C’était logique.
Méditer, c’était certes, à première vue, être assis confortablement et se laisser aller, mais ça ne demandait pas moins d’effort pour autant. Il fallait être attentif à son environnement, il fallait toujours se tenir prêt et surtout, il ne fallait pas fermer son esprit. C’était tout aussi fatigant que de courir devant des champignons vengeurs.
Qu’à cela ne tienne, je passais outre mes doutes sur la motivation du jeune homme avant de sourire, manquant de pouffer un peu à sa remarque concernant ma relation avec Bonnie.

- Oh bah… elle m’a vue grandir et nous avons toujours traité équitablement les elfes de maison dans notre famille. C’est juste qu’elle… elle a un peu plus de répondant que les autres.

Je souriais au souvenir des farces que nous faisions toutes les deux lorsque j’étais enfant, des fois accompagnées par mon frère.
Chassant toutefois bien vite ces souvenirs rendus douloureux par l’absence de mon aîné, j’attrapais les sacs et prenais le chemin du retour tout en adoptant un nouveau trajet afin de pouvoir prendre le temps d’expliquer à Eirian les marches à suivre. Un peu rassérénée lorsqu’il confirmait que c’était une manière de procédé dont il avait besoin, de pouvoir se maitriser plutôt que de surréagir, je lui accordais un petit sourire compatissant avant de lui expliquer le changement d’environnement et pourquoi j’avais pris ce chemin (en dehors du fait de prolonger notre retour pour étendre notre conversation).
À dire vrai, je ne craignais pas qu’entre Eirian et moi nous en venions à parler de sujets un peu plus personnels. Ce soir, j’étais dans la peau du professeur, mais je restais avant tout une sorcière sensible et douée d’une grande empathie. Voilà pourquoi je me permettais de prolonger ma punition avec une leçon peut-être plus pédagogique que de récurer simplement des chaudrons en faisant répéter à l’étudiant « je ne dois pas frapper mes petits camarades ». Donner les outils au jeune homme pour pouvoir se maitriser et avancer plus sereinement dans la vie me paraissait être une juste manière de travailler mon métier d’enseignante. De plus, je ne pouvais pas me permettre de le mettre trop en danger avec mes champignons, et la situation aurait été tout à fait différente si nous n’avions pas été tous les deux sous l’influence du neutraliseur du Blood Circle. En tant que professeur, je devais m’adapter aux élèves que j’avais en face de moi, et ce n’était pas une moindre affaire puisque j’avais davantage l’habitude de m’acclimater à aux créatures magiques.
L’Être humain était l’animal que je comprenais le moins (moi comprise).
En cela, je ne voulais pas que le jeune homme se croie hors de portée de la punition et qu’il en vienne à penser que j’étais tendre avec lui. En réalité, je n’étais pas certaine que de lui apprendre le b.a.-ba de la méditation était un cadeau pour ce soir.
Sa question étira à nouveau mes lèvres et je lui répondis sans détour et avec franchise.

- Non, j’ai appris des bases en magizoologie. Nous apprenons les caractéristiques des divers terrains, mais apprendre à s’y adapter, apprendre à écouter et à observer, ça, on doit le faire nous-mêmes. Je dirais que c’est ce qui différencie un magizoologiste doué de ceux qui sont un peu plus… lambdas. En réalité, j’ai beaucoup appris seule, en tant qu’animagus.

J’étirais mes lippes dans un air goguenard avant de m’arrêter à côté d’un arbre pour attirer l’attention du jeune homme sur le feuillage proche du sol et commençais mes explications.

- Comme je te l’ai dit tout à l’heure, au moindre de nos déplacements, nous laissons derrière nous des particules d’odeur, imagine ça comme un genre de poussière qui se dégage de notre corps. Il y a des matières dans lesquels ces particules d’odeur vont s’accrocher. Les buissons et l’herbe sont comme des « tapis » dans lesquelles les particules peuvent s’accrocher et s’enfoncer. Ce sont donc des couloirs d’odeur. En revanche, dans l’eau ou sur la roche, qui est plus lisse, l’odeur peut moins s’accrocher, et donc il est plus difficile de se suivre une trace sur ce genre de terrain. Je faisais une petite pause avant de continuer. Tu parles du milieu urbain, c’est l’un des terrains les plus difficiles pour suivre une odeur spécifique, il y a énormément de mouvements, qu’ils soient humains, animal ou avec des objets comme les voitures qui ont-elles aussi une forte odeur. Il y a également les boutiques, par exemple de parfum, ou les restaurants. Tout cela mélange les particules en un joyeux capharnaüm, et se concentrer sur une seule particule spécifique demande ainsi énormément de concentration. Je levais les yeux avant de préciser. C’est le travail des chiens policiers en sommes.

Faisant volte-face, je reprenais mon chemin tout en écoutant le jeune homme qui confirmait avoir conscience que tout cela prenait beaucoup d’énergie. Bon, au moins un bon point. Néanmoins, je restais inquiète sur sa capacité à y arriver. Non pas que je doute de ses talents, mais plutôt de son énergie bien fatiguée. Toutefois, je devais admettre avoir remarqué un léger changement dans son attitude. Cet apprentissage-là, il y voyait un intérêt, un intérêt plus attrayant que de couper des pieds de champignon. Ça, c’était le genre d’activité qui ne trouvait d’attrait que chez moi ou d’autres mordus de botanique apparemment. Mais je préférais plutôt questionner le jeune homme en ralentissant notre marche, et ses réponses m’amusèrent sincèrement.
Voilà pourquoi je m’arrêtais avant de hocher théâtralement la tête en fronçant légèrement les sourcils, sans pour autant me défaire d’un sourire railleur.

- C’est bien, mais insuffisant. Ce que tu me décris là ce n’est que de la surface. Il faut que tu apprennes à entendre derrière les sons, et à voir derrière le premier plan. Je le pointais de l’index une fraction de seconde d’un air amusé tout en faisant claquer ma langue dans ma bouche, comme si je jouais. En cela, la méditation t’aidera. Viens te poser là.

Je lui indiquais de venir devant moi, et lorsqu’il me fit face, je me décalais pour venir dans son dos, attrapant une branche au passage pour montrer à Eirian que je n’allais pas le toucher directement. J’avais bien compris qu’il ne supportait pas le contact avec autrui, ce qui m’arrangeait puisque moi non plus, je n’aimais pas ça. Dirigeant le bois vers ses jambes puis ses mains, je reprenais mes explications.

- Essaie de te détendre. Tu peux fermer les yeux, ça t’aidera à visualiser ton corps. On va commencer par te centrer sur toi. Sens tes pieds dans tes chaussures, et tes chaussures appuyées sur la matière sèche et solide de la pierre. Sens tes jambes te porter sans faillir. Sens tes doigts qui ont travaillé tout à l’heure. Sens tes bras qui font le lien entre tes mains et tes épaules. Sens tes épaules qui portent ta tête, détends-les. Je ne quittais jamais la branche du corps d’Eirian pour qu’il ne soit pas surpris à un prochain contact et qu’il puisse suivre mes propres mouvements qui accentuaient mes paroles. Avec délicatesse, je posais la branche au sommet de sa tête. Sens ton visage, ta bouche, ton nez qui inspire et expire, et sens tes paupières. Sens tes cheveux, et imagine le sommet de ta tête être tiré par un fil invisible qui t’élève jusqu’au ciel.

Je retirais enfin la branche pour que l’étudiant puisse se concentrer sans qu’il ne soit sollicité physiquement. Avec discrétion, je revenais devant lui, observant ses traits pour m’assurer qu’il se détende bien. Laissant les secondes s’écouler, je lui laissais tout le temps, et lorsque j’estimais que ce soit bon, je reprenais d’une voix calme, en chuchotant presque.

- Voilà bien. Maintenant… tu vas étendre ta conscience, la faire sortir de ta tête, par ce fil qui te relies aux cieux. Tu vas l’étendre autour de toi comme si tu déployais un parapluie. Tu vas entendre le hibou à côté de toi… mais qu’est-ce que tu entendes derrière lui ? Je marquais un temps de pause. Tu vas sentir le vent souffler dans ton dos, mais quel message t’apporte-t-il ? N’oublie aucun de tes sens. Goût, ouïe, odorat, toucher et enfin… ta vue.

Laissant le jeune homme se concentrer, maintenant je restais parfaitement silencieuse en lui permettant de se concentrer sur mes indications pour effectuer son exercice. Il avait tout le temps. Je me contentais de croiser les bras sur mon ventre et d’attendre, moi-même observatrice de ce qui nous entourait, quand bien-même je n’avais aucunement l’air de méditer.


Never Ending Circles
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Dim 9 Jan - 21:36
On apprend tout de ses défaites
« octobre 2020 »
Tu es profondément soulagé d’échapper à la cueillette des champignons. Non que tu cherches à tout prix à fuir ta punition, tu sais qu’elle est pleinement méritée. Pour autant, tu n’apprécies pas particulièrement de te retrouver face à l’une de tes phobies. Surtout que d’ordinaire, tu mets en place toutes les stratégies possibles et imaginables pour ne pas t’y trouver confronté. À l’idée de retourner encore et encore dans le champ, ton angoisse augmentait, s’auto-entretenant en un cercle vicieux. Maintenant que la cueillette s’éloigne, tu respires mieux et tu peux te détendre un peu. Te retrouver en crise de panique n’aurait pas été bien malin – ni bien glorieux, il faut l’avouer, quand l’ennemi n’est qu’une horde de champignons. Tu retiens un soupir fatigué. Tu n’en peux plus de toi-même. Et dans le genre « attirer l’attention sur soi de manière stupide », c’est plutôt bien positionné. En soi, il n’y a aucune raison que tu réagisses ainsi devant la demande d’Abigail. Sauf s’il y a un problème. Elle sait déjà bien que tu en traînes un certain nombre, mais tu préfères éviter d’en rajouter, sinon elle va vraiment finir par te poser des questions, t’envoyer à l’infirmerie ou autre, et tu veux l’éviter.
Ça te donne sans doute l’air d’un élève capricieux qui rechigne à assumer les conséquences de ses actes, mais tant pis. Ce n’est pas le genre de réaction que tu peux contrôler, pas en l’état actuel des choses – ce n’est pas faute d’avoir essayé. Tu aimerais avoir des solutions – tu les connais, tu en as parlé avec Kayla, mais tu ne peux pas, physiquement, viscéralement, c’est au-dessus de tes forces. Et le fait d’y penser augmente encore ton refus, tu anticipes toutes les sensations que tu hais tant. La simple idée que quelqu’un te touche finit par être tout simplement intolérable. Ce n’est pas vraiment explicable et tu n’es pas sûr que les autres puissent comprendre à quel point c’est compliqué, handicapant et pas un simple caprice. Tu te passerais bien de tout ça, de cette vigilance permanente si tu le pouvais. Mais tu as tes limites et gérer le quotidien, avoir l’air normal la plupart du temps te demande bien assez d’énergie et de force pour que tu n’en aies plus beaucoup à mettre ailleurs. Oh, bien sûr, tu pourrais arrêter tes études, trouver un refuge solitaire quelque part, là où tu ne seras pas sollicité en permanence, mais ça implique des ressources que tu n’as pas. Et tu ne veux pas laisser autant de prise sur ta vie à tes problèmes. Réussir, ce sera déjà une forme de revanche, même s’il n’y a que toi qui en as conscience.

Tout en suivant Abigail, ruminant tes pensées pas très agréables – ce qui t’indique à quel point la séance avec les champignons a été éprouvante pour tes nerfs, tu n’arrives pas à redescendre complètement – tu soulignes qu’elle s’entend bien avec son elfe. Du répondant, ça, c’est sûr. Tu souris.

— C’est ce que j’ai constaté.

Elle prend un autre chemin qu’à l’aller pour t’expliquer les bases de la méditation. Tu es attentif, concentré, déterminé à en retirer tout ce que tu pourras. C’est sans doute un premier pas dans la bonne direction, ça pourra t’aider à accepter le reste. Ça ne remplacera pas une vraie thérapie – tu es assez lucide sur toi-même pour savoir que tu en as besoin – mais cela peut la rendre acceptable. Sinon… tu ne sais pas, tu ne sais pas comment tu pourras te dépêtrer de tes problèmes. Et pourtant, tu en as envie, tu n’en peux plus de ces emmerdes qui te clouent au sol et te tirent en arrière, t’empêchent de vivre ta vie. Mais paniquer devant un psychomage ne résoudra rien.

Malgré ta réserve et tes précautions, la soirée a de nouveau dérivé vers des sujets personnels, mais ça n’a pas l’air de trop déranger Abigail, puisque c’est elle qui a parlé en premier de la méditation. De plus en plus, tu cèdes devant ces occasions – tu ne t’ouvres pas vraiment, ça ne va pas tout à fait jusque-là, mais tu avoues des choses que jusqu’à présent, tu aurais gardé pour toi. Tu as l’impression de devenir plus lisible pour les autres, comme si après avoir un peu abaissé tes barrières avec tes proches, tu n’arrivais plus à les redresser entièrement. Ce n’est pas bon signe, mais tu n’en peux plus non plus de cette vie de mensonge – même si tu as bien conscience que la vérité doit rester inaccessible.
Quand tu lui demandes comment elle a appris à lire ainsi son environnement, Abigail te sourit. La magizoologie lui a donné des bases, mais elle a beaucoup appris par elle-même, sur le terrain. Logique. Ce n’est pas vraiment le genre de choses qui s’enseigne. C’est avec la pratique que tu as appris à lire les environnements urbains – une voiture qui ralentit trop près de toi, des bruits nocturnes qui ne devraient pas exister et indiquent une présence ennemie, ce changement particulier de l’atmosphère qui trahit une menace, les craquements et bruissements des maisons dans lesquelles tu squattes l’été, les renfoncements dans les rues qui peuvent fournir un abri, perdre des poursuivants, te fondre dans une foule, lire les gestes et ceux qui sortent de l’ordinaire, qui échapperaient à un regard non averti… c’est tout un ensemble de connaissances que tu as acquis au fil des ans – et que tu serais bien incapable de transmettre à qui que ce soit. Ce sont des instincts et des réflexes aiguisés par des années, qui t’ont déjà sauvé la vie lorsque le Blood Circle vous retrouvait. Tu hausses les sourcils en entendant sa dernière phrase :

— Je ne savais pas que vous étiez animagus. C’est impressionnant comme talent !

Tout autant que ses talents en matière de dragonologie.

— Je vois, comme souvent c’est le terrain et la pratique qui offrent la meilleure des formations.

Tu ne développes pas ta propre expérience, rien dans ta vie officielle ne la justifie. Tu penses une seconde à Sévastian, qui n’a jamais trahi ce secret-là, même si tu sais qu’il aimerait que les choses soient différentes pour toi.
Elle développe sur le sujet des odeurs – un point intéressant auquel tu feras plus attention à l’avenir. Tu sèmes naturellement des traces d’ADN ici et là, c’est impossible de faire autrement, mais le BC n’est pas à ce point sur tes traces qu’il te traque jusque dans tes refuges – et maintenant, tu peux être en sécurité chez Sean, comme au mois d’août et comme ce sera le cas à Noël, tu n’as plus vraiment besoin de dormir d’une oreille. Pour l’eau, c’est vrai que tu le savais, c’est la technique utilisée par ta mère quand elle a fait croire à votre mort à la police moldue, une voiture immergée, pas de traces détectables par les chiens… l’enquête s’est arrêtée là. RIP Nathan Lancaster et sa mère.
Tu t’échappes de tes souvenirs pour te focaliser de nouveau sur la voix d’Abigail. Tu acquiesces lorsqu’elle mentionne le milieu urbain. Alors, bien sûr, tu n’as que des sens humains, tu n’es pas capable de détecter aussi finement les odeurs – au-delà des évidentes, comme celles des voitures et des parfums. Il y en a que tu n’es plus capable de sentir, qui te soulèvent le cœur dès que tu les croises.

— Leurs capacités sont impressionnantes… et à côté, nous ne valons absolument rien niveau odorat.

Tu te montres motivé et décidé à apprendre, tu espères que cela poussera Abigail à t’en dire plus. Elle te propose de lui dire ce que tu sens et ressens de ton environnement, tu t’appliques sans savoir ce qu’elle veut entendre – et surtout, tu te rends compte que c’est le danger et les menaces que tu sais lire. S’il n’y en a pas… tu as certes une conscience un peu plus aiguë que la normale, mais ce n’est pas aussi fin que ça pourrait l’être. Surtout dans un environnement que tu ne maîtrises pas. Son sourire moqueur te dit bien assez que tu n’es pas du tout allé assez loin. Ce que confirment ses premiers mots. Insuffisant. Au moins, tu as de la marge de progression.
Elle pointe l’index vers toi, te fait signe de venir. Tu t’approches dans l’expectative. Qu’est-ce qu’elle va te demander, cette fois ? D’écouter davantage et mieux ? Elle se décale pour passer derrière toi, ramasse une branche au passage. Tu tournes la tête pour la suivre des yeux, empreint d’une légère appréhension. Elle te touche avec la branche – ce qui ne te pose pas de problème en soi – en revanche, tu restes bien trop attentif à sa présence dans ton dos. Tu ne parviens pas vraiment à te relâcher, dans l’attente du moment où elle se rapprochera trop ou… tu ne sais pas – et pourtant, rationnellement, tu as bien conscience qu’elle ne fera rien, qu’elle ne te touchera jamais. Mais c’est plus fort que toi.

Tu prends sur toi pour fermer les yeux, en prenant une profonde inspiration, mâchoires serrées – après tout, tu n’as pas besoin de voir pour sentir ce qui se passe dans ton dos – te concentres sur sa voix, sur ce qu’elle te demande. Le bâton. Tu ne dois penser à rien d’autre qu’au bâton, à la sensation sur tes jambes. Oublier la professeure derrière toi, l’imaginer plutôt sur le côté.
Le sol sous tes pieds, ferme et solide, recouvert de quelques aspérités. Tes pieds et tes jambes, les muscles fins et déliés, forgés par tes entraînements à la course, la souplesse induite par les arts martiaux. Tes doigts, que tu prends sur toi pour ne pas refermer en poings crispés, ta main droite enroulée souplement sur ta baguette, tu sens encore le couteau contre ta paume et les pieds des champignons. Tes bras, entraînés aussi, mais marqués, tu ne sens plus les dernières blessures. La fatigue qui te noue le corps, trop vive, trop présente. Tes battements de cœur que tu entends presque résonner, un peu trop rapides. Toute cette merveilleuse mécanique qui te maintient en vie et que tu négliges trop malgré tes efforts pour redresser la barre.

La branche continue son chemin sans jamais te prendre par surprise et c’est appréciable. Elle glisse sur ta tête, dans tes boucles emmêlées par le vent nocturne. Tu te concentres sur ta respiration – déjà plus profonde qu’au début – tu es un peu plus calme, même si tu as toujours une conscience trop vive de sa présence. Mais au moins tu t’es recentré, tu arrives à penser à autre chose. Tes paupières closes. La brise joue dans tes cheveux.
Tu t’efforces de visualiser le fil. Abigail retire la branche et tu ne retiens pas un léger mouvement, surpris. Mais elle ne dit rien de plus, alors tu continues à te focaliser sur ton corps – sur l’aspect purement matériel, réel, et non sur tout ce que tu n’aimes pas chez toi. Abigail repasse devant toi, tu perçois son regard sur toi, mais tu t’obliges à ne pas bouger, à garder les yeux bien fermés, à te relâcher, à inspirer profondément. Ce n’est pas parfait, mais c’est mieux qu’au départ. Le silence s’étire et tu te détends un peu plus. Tout va bien. Le fil s’élève au-dessus de toi – et tu aimerais le suivre, t’envoler, devenir léger, abandonner derrière toi tout ce qui te pèse. La voix d’Abigail brise le silence dans un chuchotement. C’est presque ce qu’elle t’invite à faire. Déployer le fil autour de toi, comme un vaste parapluie qui engloberait la forêt. Tu te concentres encore plus, les sens déployés à leur maximum, même si tu te sens un peu idiot aussi. Tu n’entendras pas le dixième de ce qu’il y a autour de toi. Tu gardes le silence un moment, le temps de prendre la mesure de ce qui t’entoure, de chercher de plus en plus, de surprendre des sons et des senteurs qui t’avaient échappé au premier abord parce que tu ne faisais pas assez attention. Il n’y a qu’au niveau du goût que ça reste réellement limité, puisque la forêt ne t’apporte rien et que tu as mangé depuis un moment.
Enfin, tu développes à voix basse pour ne pas déranger la nature autour de vous :

— J’entends… l’oiseau dérangé qui vient de s’envoler, des sabots un peu plus loin, il doit y avoir des Sombrals. Cette fois, j’entends la rivière aussi.  Les… tapotements écorce contre écorce d’un Botruc en balade, les fourmillements de la vie nocturne, les craquements des branches et le vent dans les feuilles. Il apporte l’odeur de certains buissons qu’on trouve par ici et ça sent… l’automne, la terre humide, les feuilles mortes. Un animal vient de hurler loin d’ici. Le sol est toujours rocailleux, c’est rugueux et loin d’être lisse.

Tu rouvres les yeux, prends le temps de te réadapter à ce qui t’entoure.

— Les arbres sont anciens, avec leur écorce rugueuse, et leurs racines qui crèvent le sol. Leurs feuilles forment un beau tapis, qui a l’air d’avoir été gratté à certains endroits. L’herbe pousse sur les bas-côtés du chemin… et visiblement, je ne suis pas tout seul dans la forêt, tu termines avec un sourire à son intention.

C’est effectivement plus précis que la première fois, mais tu ne sais pas si ça lui conviendra. Tu as sans doute encore pas mal de progression devant toi. C’est un exercice qui te plaît et qui te sera utile de toute façon, t’aidera à rester à l’affût, même en ville. Et tu te sens plus calme, plus détendu, tes angoisses de tout à l’heure presque oubliées.

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Ven 14 Jan - 15:12

Octobre 2020

Je jetais un regard plein de malice à l’étudiant de la maison Serdaigle alors qu’il me révélait avoir ignoré jusque-là que j’étais une animagus. Était-ce quelque chose de si surprenant que ça lorsqu’on me connaissait bien, moi qui étais à ce point admirative des animaux et de la nature en général ? Devenir animagus n’avait été qu’une suite logique de ma vie, une étape à franchir pour être pleinement moi-même, pour être pleinement accomplie. Néanmoins, j’étais touchée qu’il puisse trouver ce talent « impressionnant ». En effet, c’était une forme de magie difficile à maitriser et à obtenir, pourtant, je n’avais pas vu les obstacles alors que j’avais été en plein apprentissage. Non pas que je me voilais la face, mais parce que je devais réussir, point. Il n’y avait pas d’autres possibilités. Fort heureusement pour moi, à l’époque j’avais été particulièrement bien entourée, non seulement par mon professeur de métamorphose qui s’était occupé de ma formation et de l’administration, mais aussi par Rory et enfin par Harper qui m’encourageait et soufflait tous les doutes qui pouvaient s’insinuer en moi de temps à autre. Il fallait dire que ma préparation m’avait pris tellement d’énergie que j’avais mis un peu de côté mes études, et ma quatrième année avait bien été la seule année scolaire que j’avais failli redoubler alors que d’ordinaire j’avais toujours été une excellente étudiante.

Il était donc ensuite logique, par extension, que je lui signifie que tout ce que j’avais appris et tout ce que je lui exposais présentement était le fruit de ma propre expérience sur le terrain et non pas ce que j’avais appris durant mes cours universitaires en magizoologie. Après tout, il y avait des magizoologistes qui n’étaient pas faits pour aller sur le terrain, en revanche, ils étaient particulièrement doués dans une clinique. Moi, être enfermée dans un bâtiment, même pour soigner des animaux, me rendrait malheureuse. J’avais besoin de me rendre sur leurs lieux de vies, j’avais besoin de les voir grandir et s’ébattre dans leurs milieux naturels pour me sentir bien, pour mieux les comprendre, pour mieux les connaître. C’était comme ça que j’avais vécu, depuis toute petite, en protégeant les Noirs des Hébrides, et je ne voulais pas changer. Bien que mon travail en Hongrie durant plusieurs années m’avait beaucoup plu, j’avais fini par saisir que ce n’était pas ce que je voulais faire à long terme, car j’avais besoin d’espaces plus grands qu’une simple réserve.
Ironique, n’est-ce pas, que je me retrouve aujourd’hui enfermée dans une école que je voulais absolument fuir lorsque j’étais enfant ?
Chassant cette évidence de mon esprit, je hochais la tête en guise de réponse à l’élève qui m’accompagnait alors qu’il me partageait l’évidence : la pratique offrait la meilleure des formations. Je lâchais un petit rire timide, mais amusé alors qu’il me partageait être admiratif du flair des chiens. S’il savait la forme animagus que j’adoptais…

- Pas seulement au niveau de l’odorat, l’être humain ne vaut pas grand-chose en comparaison aux merveilles de la nature. Nous ne courons pas vite, nous n’avons guère de force, nous n’entends pas très loin, nous ne flairons pas grand-chose, nous ne voyons pas très loin et nous captons très peu de goût, tout cela en comparaison à diverses espèces animales. Nous nous démarquons par notre esprit, notre capacité de développement… mais c’est aussi un cadeau empoisonné, à mon sens. Enfin, je m’égare.

Je fis un geste de la main comme pour chasser le sujet. Après tout, nous avions déjà discuté de tout cela lorsque nous étions tous les deux chez moi, et ce soir, ce n’était ni le moment ni l’endroit pour y revenir. J’étais dans la peau du professeur et je refusais de m’en éloigner, ce soir, j’avais un devoir, et à travers une punition, je me devais d’apprendre quelque chose au jeune garçon.
Ainsi, joignant notre conclusion de tout à l’heure, à savoir que la pratique était la meilleure manière d’apprendre, je le mettais tout de suite à l’épreuve après sa maigre observation de la flore qui nous entourait. Je ne lui en tenais pas rancune, bien sûr, il n’était pas dans le cursus de magizoologie, il n’était donc pas sensible à ce qui nous entourait naturellement. Cela dit, si je pouvais lui apporter un peu de mon maigre savoir, alors il n’en deviendrait qu’un meilleur sorcier, davantage aux aguets pour protéger ses collègues du ministère, et qui sait ? Peut-être que ça pourra également lui venir en aide pour sa vie de tous les jours ? Toutefois, quelque chose en moi me soufflait qu’il était davantage habitué à la ville qu’à la forêt. Rien d’étonnant en soi, tout le moins, à mes yeux, puisqu’il fallait être sérieusement à part pour apprécier davantage la compagnie des Botrucs que celle des êtres humains. Bien qu’Eirian soit lui aussi à part, comme je l’étais, il y avait tout de même une dimension qui nous séparait, bien que je ne réussisse pas à mettre exactement le doigt sur ce dont il s’agissait vraiment.

Guidant le jeune homme avec une simple branche, je l’observais être attentif et parfaitement réceptif à ce que j’étais en train de lui montrer, plus que de lui enseigner. La méditation était une discipline difficile à mettre en place, c’était une habitude à prendre qu’il n’était pas évident d’acquérir, surtout au point où j’allais exiger de lui. Néanmoins, une fois revenue devant lui, je devais reconnaître être surprise par sa capacité à s’être recentré, à s’être concentré et à étendre son esprit. Ce n’était pas quelque chose de véritablement descriptible, je le voyais. Je le remarquais dans sa posture, dans la position de ses épaules, sur les traits moins crispés de sa mâchoire, dans ses doigts moins prêts à se refermer pour former un poing.
Alors, attentive, j’écoutais ce qu’il réussissait à capter, et un fin sourire se dessina sur mes lèvres. Il y avait des erreurs, des imprécisions, mais quel exploit de parvenir à ce niveau pour un premier essai (ou plutôt, un second). A sa petite plaisanterie finale, j’étirais davantage mes lippes avant de lever mes mains devant moi et de mimer un petit applaudissement franc en faisant une petite révérence théâtrale.

- Bien, bravo ! C’est cela qu’il te faudra entraîner en fait, pour atteindre ce niveau avec moins de temps de concentration, pour que ça devienne un réflexe, pour que tu puisses capter précisément les choses quand elles arrivent. C’est un apprentissage. Du menton, je lui fis signe de me suivre alors que je reposais les sacs sur mes épaules avant de nous remettre en route. La première étape, c’est de parvenir à l’état de sérénité rapidement, pour garder le contrôle. Ça, tu peux t’entraîner toi-même tout seul, ce sera là mon premier exercice jusqu’à notre prochaine rencontre si tu en as envie. C’est un exercice d’apparence simple, mais qui demande en réalité beaucoup de discipline : tu vas simplement faire le vide dans ton esprit en concentrant ton attention sur le bout de ton nez. Je posais mon index au-dessus de mes propres narines. Tu vas te concentrer sur ta respiration, sur l’air qui entre et sort de tes narines. Tu verras que, très vite, tes pensées vont s’envoler. Dès que tu auras conscience d’être à des années-lumière de ton nez, tu y reviens. Et tu recommences. Et ce jusqu’à pouvoir tenir une minute sans interruption mentale. Puis deux, puis cinq, et ainsi de suite.

Je m’arrêtais alors que nous parvenions à l’orée de la forêt Interdite, le château s’étendant devant nous, animé des mille feux éclaircissant les nombreuses pièces et couloirs. Décidément, je ne me lasserais jamais de cette vue, admirant jusqu’aux toits pointus des tours qui s’étiraient vers le ciel, à l’instar de ce fil que j’avais demandé à Eirian d’imaginer un peu plus tôt. Lui jetant un coup d’œil, je continuais.

- Ensuite, nous travaillerons sur ton théâtre intérieur, et là, nous pourrons véritablement commencer les exercices sur le terrain. Si bien sûr, ce programme te convient.

Sans chercher à vouloir soutenir son regard, je détournais bien vite mes prunelles à nouveau en direction de l’école, me réjouissant presque de rentrer au chaud et de boire un bon thé sous un plaid après une succulente douche brûlante. Il me tardait aussi de retrouver Harper et lui raconter ma soirée, lui expliquer mon retard, puis enfin me détendre à ses côtés en me contentant de préparer mes cours pour le lendemain, ou peut-être simplement me perdre dans la lecture d’un livre.
Enfin… je projetais ça, mais connaissant la directrice des Gryffondor, elle n’était peut-être même pas encore rentrée chez elle, alors tout cela tomberait à l’eau. Ainsi, je me contenterai de passer ma soirée seule, avec mes oiseaux et mes chats.
Baissant le menton et le regard, je souriais à ces pensées. Imprévisible Harper.

- Est-ce que tu as des questions ou des attentes en particulier ?


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On apprend tout de ses défaites
« octobre 2020 »
Au fond, ça ne devrait pas te surprendre qu’Abigail soit animagus, c’est plutôt le contraire qui aurait été étonnant vu ses liens avec les animaux magiques et non magiques. C’est une forme de magie qui t’a toujours intéressé – et par laquelle tu te serais volontiers laissé tenter si… les choses avaient été différentes. La magie sous ses différentes formes t’a toujours passionné, les sortilèges et les enchantements en premier lieu, dans lesquels tu excelles, mais aussi les manifestations plus rares et tu avais commencé à te renseigner, à regarder comment ça fonctionnait – sans vraiment décider si tu le faisais légalement ou pas. Ça aurait pu être un atout supplémentaire face au Blood Circle tout en te permettant d’explorer une nouvelle facette de la magie. Tu t’en sentais capable, tu avais confiance en tes capacités, même si tout ne reposait pas sur ça. Puis ta mère a disparu, est arrivé ce qui est arrivé, et survivre à chaque journée est devenu assez difficile pour faire disparaître tes autres envies. L’animagie, la création de sortilèges et d’enchantements, ces domaines qui te fascinaient, tu t’en es détourné pour te concentrer sur ce qui était réellement important, sur ta vie au jour le jour. Tes ambitions devenaient risibles à un moment où tu n’arrivais même plus à suivre les cours de base, où tu n’avais même plus l’impression d’être vraiment vivant. Alors, certes, tes envies d’expérimenter n’ont jamais totalement disparu, mais tu les as repoussées à… un jour, quelque part dans le futur, si tu es encore vivant pour t’y plonger. Si tu en es capable aussi. Tu n’es plus vraiment l’étudiant que tu étais avant. Tu t’en sors bien, parce que tu n’envisages pas l’idée d’échouer et que tu y consacres une bonne part de ton énergie, mais ça n’a plus tout à fait la facilité et l’évidence d’autrefois. Trop d’angoisses, de blocages, trop de choses dans la tête, de fatigue, trop de… tout.
Abigail met en avant l’expérience de terrain et tu ne peux qu’être d’accord avec elle. C’est aussi ton avis – dans un domaine totalement différent du sien. Tu l’as bien vu au fil des missions accomplies pour l’Ordre et des batailles contre le Blood Circle, même si au départ tu as fait attention à ne pas trop en dévoiler. Tu n’avais pas tout à fait les capacités d’un étudiant de deuxième année et tu préférais éviter qu’on te demande d’où venaient ces connaissances. Maintenant, après neuf mois, tu considères que la zone dangereuse est derrière toi, il reste éventuellement les armes à feu… que tu manipules à la perfection, mais que tu n’as jamais eu l’occasion de pratiquer, et tu le regrettes. Tu vois mal Abigail s’enfermer dans un laboratoire – et tu te demandes toujours un peu ce qui l’a amenée à Poudlard plutôt que de rester dans les Hébrides – non que tu t’en plaignes, mais ça t’interpelle quand même. Vous évoquez les sens des chiens, et Abigail renchérit. C’est clair que l’être humain est bien en dessous de ce que peut offrir le monde animal, dans une multitude de domaines.

— Je suis d’accord avec vous.

Cela fait écho à votre conversation de cet été où vous avez longuement développé le sujet. Même si la retenue elle-même s’est éloignée, Abigail reste dans son rôle de professeur et tu n’as pas l’intention de sortir outre-mesure de ta place d’étudiant. Ce n’est pas un équilibre évident, tu ne veux pas faire comme s’il ne s’était rien passé, mais tu ne veux pas paraître trop familier non plus.

Tu te concentres sur la méditation et sur ce qu’Abigail essaie de t’apprendre. Ta première observation était loin d’être à la hauteur et tu es décidé à faire mieux, à appliquer au mieux ses conseils. Le contact de la branche te déstabilise tout d’abord et tu n’oublies pas sa présence dans ton dos qui te crispe au premier abord même si tu sais qu’elle ne te touchera pas, qu’elle respectera tes limites, d’autant qu’elle n’aime pas non plus le contact. Tu te concentres sur sa voix – et ça te rappelle tes entraînements avec ta mère, les heures intensives à pratiquer les arts martiaux, les niveaux de concentration que tu atteignais alors pour répéter et maîtriser chaque geste, pour jauger ses prochains mouvements et agir en conséquence, pour toujours garder le contrôle de tes actes. Ce n’est pas si différent, même si Abigail t’invite à focaliser ton attention sur autre chose. Tu sais observer, tu as développé ton sixième sens et tes réflexes, ça t’a sauvé la vie plus d’une fois. Tu es sans cesse aux aguets, attentif à ce qui t’entoure – à un niveau pathologique, certes, mais tu n’es pas toujours irrationnel. C’est tout ça que tu dois mobiliser – et ça t’aide à te reprendre, parce que c’est quelque chose que tu connais un peu.
Tu prends le temps de te concentrer, d’écouter, de ressentir ce qui t’entoure, ce milieu dont tu ne connais que la surface en fin de compte, même s’il t’est arrivé régulièrement de te promener dans la Forêt au fil des années, de même que tu as exploré la plus grande partie du château pendant tes vadrouilles nocturnes. En journée aussi, mais la nuit a une saveur particulière en plus.
Tu te mets à l’écoute autant que tu peux, essaies de voir au-delà de l’évidence sans être certain une fois encore d’y parvenir. Mais tu n’es qu’au début du chemin, c’est une discipline que tu découvres totalement, c’est normal de ne pas y arriver les premières fois. Tu prends ton temps avant de décrire ce que tu perçois, termines par une petite plaisanterie. Abigail sourit en t’écoutant et fait mine d’applaudir.
Elle te félicite. C’est ce niveau de concentration que tu devras atteindre, bien plus vite et bien plus efficacement. Et en te fatiguant moins, aussi. L’exercice a beau n’avoir duré que quelques minutes, il n’a pas été de tout repos. Tu hoches la tête en l’écoutant. Tu penses pouvoir recommencer et c’est au moins quelque chose qui est simple à mettre en place – même si tu grimaces intérieurement. Tes journées sont plutôt bien remplies, le plus embêtant sera de trouver une place pour cela, mais tu es décidé à t’y mettre. Si cela peut aplanir une partie de tes difficultés, tu ne comptes pas passer à côté. Tu ne pourras pas tenir éternellement comme ça, tu ne pourras jamais réellement devenir un Auror efficace si tes blocages continuent de te dominer – et tu veux l’être, vraiment. Parce que le terrain, c’est bien beau, mais il y a toute la partie qui implique d’être en contact avec des gens, et ça… il faut que tu puisses encaisser.

Tu suis Abigail tandis qu’elle reprend les sacs et se met en route. « Faire le vide dans ton esprit »… c’est bien là que le bât blesse. Tu ne sais pas si tu en es capable, il y a tellement de pensées incontrôlables, d’angoisses, d’émotions tourbillonnantes que tu peines toujours à comprendre et à identifier… Et encore ne suffit-il pas d’y arriver, il faut le maintenir dans le temps. Sans étouffer ce que tu ressens parce que tu as bien vu au printemps que tout enfouir au fond de toi ne fonctionnait pas. C’était plus dangereux qu’autre chose, comme un chaudron bouillonnant qui pouvait t’exploser au nez d’un moment à l’autre. Parler avec Abigail, puis avec Sean, même si ça a été difficile, puis avec Kayla t’a permis de redescendre un peu en pression en confiant tes plus gros secrets. C’était à la fois terrifiant… et libérateur après coup, tu n’étais plus seul à porter ces fardeaux. Et le soutien de ton amie comme de Sean ne se dément pas. Tu as toujours du mal à l’accepter et à le comprendre, mais tu t’y efforces.

— Je suis partant pour m’entraîner. Même si je ne suis pas sûr d’arriver à faire le vide dans mon esprit. Il me faudra sans doute du temps… Surtout pour tenir dans la durée. Mais j’ai envie d’y arriver.

Vous vous arrêtez à l’orée de la Forêt. Tu as toujours aimé la vue sur le château, ses grandes tours, les fenêtres éclairées d’une multitude de flammes. C’est chaleureux et réconfortant, un des rares endroits où tu te sens véritablement en sécurité, même si tes angoisses compliquent considérablement ta vie avec les autres. Mais déjà, tu réussis à mieux dormir grâce aux potions d’Hestia. Le seul endroit qui s’apparentait à un chez-toi ces dernières années et d’où tu étais sûr de ne pas devoir t’enfuir un matin ou au beau milieu de la nuit. Le seul où tu défais entièrement tes bagages, sans garder un sac rempli du minimum vital à portée de main.

— Mon théâtre intérieur ?

Tu ne sais pas ce qu’elle désigne par là.

— Ça me convient. Merci beaucoup de me le proposer.

Elle se détourne de nouveau en direction du château, puis te demande si tu as des questions.

— Pas pour l’instant, j’ai déjà beaucoup à faire avec tout ce que vous m’avez appris. J’en aurai peut-être au fil des entraînements, selon comment j’y arrive.

Tu laisses passer un instant, puis tu reprends, le regard tourné vers elle sans vraiment la regarder en face.

— Je voulais vous remercier pour tout ce que vous faites pour moi. Pour cet été, en particulier. Nos discussions m’ont fait beaucoup de bien, beaucoup réfléchir aussi. Et à la rentrée… après ce qui s’est passé, qui a mené à ces retenues, j’ai pu parler de certains problèmes avec une amie et ça s’est… bien passé. Elle me soutient beaucoup, et ça m’a soulagé de pouvoir en parler.

Ça a été incroyablement difficile et éprouvant, mais ça t’a fait du bien, de même que l’amitié et le soutien de Kayla. Tu n’es pas seul, même si tu as encore du mal à l’accepter.

— Je ne l’aurais sans doute pas fait ou ça aurait été encore plus difficile sans notre conversation. Je sais que je n’ai pas eu l’air très… coopératif en juillet, il m’a fallu du temps pour accepter tout ce que vous m’avez dit. Mais vous n’avez pas parlé dans le vide, ça m’a vraiment aidé. Merci.

Tu n’es toujours pas doué pour exprimer ce que tu ressens, surtout ce genre de choses, mais tu espères qu’elle saisira à quel point c’est profond et sincère.

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Ven 28 Jan - 14:02

Octobre 2020

C’était intriguant, les relations humaines tout de même. Un jour, nous nous retrouvons en train de jouer tranquillement dans un parc au centre de Londres, et voilà que nous sommes rejoints par un jeune homme aux cheveux bouclés. De fil en aiguille, on parle de tout et de rien, on l’invite chez soi, puis on le retrouve à devoir le gérer pour une retenue, et voilà que finalement on va se retrouver à faire de la méditation ensemble. Cette pensée m’amusa énormément alors que je retraçais mentalement le chemin de notre relation étrange avec le jeune étudiant de Serdaigle qui se trouvait à mes côtés alors que je l’entrainais hors de la Forêt Interdite.
Il n’était même pas mon élève dans le sens où je ne l’avais pas dans mes cours, je ne me considérais donc pas pleinement comme son professeur, néanmoins, je ne me voyais pas non plus comme une amie ou une confidente pour lui. J’ignorais même s’il y avait un mot pour définir la nature de notre relation qui n’était ni professionnelle, ni amicale, mais cordiale ne correspondait guère puisqu’elle n’était pas assez forte. En effet, depuis le temps, j’avais appris à m’attacher au garçon et j’avais sincèrement et profondément envie de lui venir en aide, pour qu’il puisse avancer, plus fort, sur le sentier de sa propre vie. En réalité, j’essayais de lui apporter un peu de ce que dont moi j’avais tant manqué à son âge. Quand bien même notre histoire devait être fondamentalement différente, je sentais proche d’Eirian dans le sens où nous étions des marginaux, les bizarres, les reclus de la société. À son âge, j’aurai apprécié avoir une personne avec plus d’expérience à mes côtés pour me dire que tout irait bien, que je devais continuer à croire, que la vie est faite de rails qui ne font que croiser ceux des autres.
Voilà pourquoi je donnais autant de ma personne pour le jeune étudiant de la maison bleue, et lorsqu’il me répondit quelque chose qui me paraissait d’une évidence déconcertante, je ne pus m’empêcher de baisser les yeux à mes pieds et de pouffer un peu de rire.

- En toute franchise Eirian, si tu parviens à un tel degré de vide intérieur en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, à moi la peur. Je redressais le visage pour le regarder du coin de l’œil, fuyant toujours son regard. Ces choses-là prennent le temps nécessaire, il ne faut rien précipiter, car ce sera contreproductif. Je marquais un temps de pause. Dans tous les cas, je serai là pour t’aider, on va y aller à ton rythme, étape par étape, entendu ?

Je lui souriais de manière énigmatique alors qu’il relevait le théâtre intérieur sans pour autant lui répondre davantage. Je savais le jeune homme curieux et je craignais trop qu’il essaie d’en faire plus que nécessaire (quelque chose que je risquerais fort de devoir déconstruire par la suite). Il découvrira ce que cela signifie en temps et en heure, il n’y avait aucune urgence. Qu’il garde déjà toute l’attention sur le bout de son nez, ce sera une première grande étape.
Relevant le menton alors qu’il me remerciait, je l’observais avec une lueur de bienveillance dans les yeux avant que je ne me tourne une nouvelle fois vers l’école et ses mille lueurs chatoyantes. Mon sens du professionnalisme me souffla tout de même de m’enquérir de comment se sentait le jeune homme et surtout de savoir s’il avait encore des questionnements.
Alors qu’il prétendait n’avoir rien à me demander, je bandais déjà mes muscles pour prendre congé lorsqu’il reprit la parole. Arrêtant le mouvement que j’avais discrètement amorcé, je tournais cette fois franchement mes prunelles vers lui pour le regarder, m’attardant sur sa chevelure bouclée (c’était moins impressionnant que ses yeux).

Avec le respect qui se devait, je l’écoutais sans essayer de lui couper la parole une seule fois une petite voix au fond de moi prétendant que ce n’était pas évident pour lui de faire ce qu’il était en train de faire. Ainsi, j’acceptais les remerciements sans broncher, me sentant toutefois intérieurement bouleversée et très gênée. Je n’avais pas fait tout ça pour recevoir une quelconque reconnaissance ou admiration, bien au contraire, je m’en fichais. J’étais une personne totalement désintéressée qui souhaitait simplement aider son prochain. Cela paraissait totalement saugrenu pour la plupart du genre humain, pourtant, j’étais comme ça, altruiste.
Non sans parvenir à cacher le rouge qui me montait aux genoux, je terminais par détourner le regard à nouveau sur mes pieds en me balançant, mal à l’aise, de droite à gauche comme une petite fille à qui on ferait une déclaration très gênante.
Après avoir laissé s’écouler un temps de pause non négligeable, parce qu’il me fallait le temps de me remettre de mes émotions, puis de mettre de l’ordre dans l’afflux des milliers de pensées qui se bousculaient dans ma tête, je parvenais tant bien que mal à répondre non sans me racler la gorge. Soudainement, j’adoptais une nature extrêmement timide et introvertie, comme si je craignais d’être de trop dans ce monde, celle que tout le monde voyait, celle qui faisait qu’on pensait que j’étais une sorcière idiote et totalement incapable. Pourtant Eirian, lui, pouvait se targuer d’avoir vu ce qui se cachait véritablement derrière apparente timidité.

- Oh euh et bien… je… je t’en prie, ce n’est rien. Tu sais, je n’ai jamais eu la sensation de parler dans le vide avec toi. Tu… tu es quelqu’un d’attentif, et des fois, on… on n’est tout simplement pas prêt à entendre ce qu’on a à nous dire. Il faut que l’idée fasse son chemin. Chacun son rythme. Sans parvenir à relever les yeux dans sa direction, je poussais un petit soupir, comme si j’essayais de reprendre le contrôle d’une respiration qui venait de se bloquer. Je… suis contente que tu aies réussi à te confier à quelqu’un en qui tu as confiance, qui te comprenne et qui te soutienne. Je suis vraiment soulagée, et je… enfin, j’espère que du coup, tu te sens un peu mieux avec tout ça. Que… tu envisages la suite avec un peu plus de… pas de sérénité, mais de mmh… d’espoir ? Je ne trouve pas le mot adéquat, désolée.

Trop nerveuse par la situation, je me mettais à nouveau en route, invitant le jeune homme à me suivre. Il était encore sous ma responsabilité jusqu’à ce qu’il entre dans l’enceinte de l’école, je ne voulais pas manquer à mon devoir.
Le fait de remettre en corps en mouvement me permit de reprendre un peu le contrôle de mes esprits, de me délasser. Pendant de longues minutes, je restais concentrée sur nos bruits de pas avant de briser le silence avec délicatesse.

- Tu… n’as pas à te sentir redevable, vraiment. Je te demanderais juste de… ne pas laisser passer ta chance. Il te faut prendre soin de toi. Vraiment. Je m’arrêtais, là, dans les jardins, à mi-chemin entre la Forêt Interdit que nous venions de quitter et l’école, et, enfin, je plongeais mon regard foncé dans le sien, en le soutenant sans la moindre peine. Tu es une bonne personne Eirian, j’y crois profondément. Ne laisse personne te laisser penser le contraire.

Avec cette douceur et cette gentillesse qui me personnifiait, je lui souriais, avant de me détourner et de reprendre tranquillement mon chemin.


Never Ending Circles
ANAPHORE


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Jeu 10 Mar - 20:56
On apprend tout de ses défaites
« octobre 2020 »
Malgré tes efforts pour que la conversation reste à un niveau normal entre professeur et élève, surtout un élève en retenue, elle a de nouveau dévié et Abigail te propose une fois encore son aide. Une aide que tu ne refuses pas, une aide que tu refuses de moins en moins, même si tu te demandes toujours ce que les autres te trouvent et pourquoi ils prennent ce temps alors qu’ils ont des milliers d’autres choses à faire à côté – et certainement bien plus intéressantes que de s’occuper d’un jeune homme paumé. Tu te sentais profondément seul avant, prisonnier de tes mensonges et de tes secrets, tu ne pensais pas pouvoir en confier ne serait-ce qu’une partie à qui que ce soit, tu ne pensais pas avoir le droit de nouer de vraies relations – ni être capable de le faire, il faut bien l’avouer. Trop d’années sans personnes proches, à part ta mère ; trop d’années sans jamais nouer une amitié, à refuser de trop te lier, trop de réflexes, de façons d’être et de faire qui ne collent pas avec les autres, malgré tes efforts pour ne pas te faire remarquer. Mais cela a commencé à changer ces derniers mois, parce que des mains se sont tendues et que tu as réussi à les prendre, sans savoir si c’était une bonne décision ou une erreur monumentale. Pour l’instant, la balance est plutôt positive, entre Abigail qui te propose son soutien alors qu’elle ne te connaît pas vraiment, qu’elle te connaissait encore moins en juillet, Sevastian qui était au courant de ta situation précaire mais a accepté de le garder pour lui, Sean qui a admis la vérité sur ta famille, a gardé le secret, est même allé plus loin en t’offrant de nouveau un toit – en t’invitant une nouvelle fois chez lui à Noël alors que rien ne l’y obligeait, puisque tu pouvais très bien rester au château comme tu le faisais les années précédentes, et sa proposition t’a scotché sur le moment parce que tu n’imaginais pas qu’il irait jusque-là et que ça t’a remué… Et Kayla, bien sûr, à qui tu as partagé un de tes plus gros secrets, qui ne cesse de te soutenir, qui est toujours à tes côtés, et tu es soulagé d’avoir fait tomber cette barrière entre vous, d’avoir pu lui expliquer une partie de ton attitude. Elle se posait des questions depuis longtemps, tu ne regrettes pas de lui avoir fait confiance, à elle et aux autres, même s’il y a toujours des choses dont tu ne parles pas. On t’aurait dit il y a un an que tu en serais là aujourd’hui, tu n’y aurais pas cru un instant. La discussion avec Abigail a beaucoup fait pour cela, elle t’a ouvert des voies sur lesquelles tu ne te serais pas engagé autrement – ou bien plus tard, et tu aurais regretté le temps perdu.
Et voilà que tu te retrouves à parler de méditation avec elle, avec l’espoir d’ouvrir un nouveau chemin pour tes problèmes, de trouver une première étape pour arriver à une solution. Kayla t’a bien parlé de thérapie par exposition, mais tu ne t’en sens pas encore capable, trop tendu, trop crispé par la simple idée d’un contact – et tu ne veux pas prendre le risque de perdre le contrôle avec elle, tu ne te le pardonnerais pas. Elle ferait certainement attention, respecterait tes limites, mais… tu es trop instable pour essayer – et ce n’est pas qu’une excuse pour fuir ce que ton amie te propose. Mais si tu arrives à te stabiliser un peu avec la méditation, peut-être que ça deviendra envisageable. Tu as envie d’y croire en tout cas. Et tu n’as plus beaucoup de choix ni de temps si tu veux progresser sur ça d’ici la fin de l’année. Le combat au corps à corps fait partie du diplôme… et tu refuses de laisser ce qui t’est arrivé t’empêcher une fois de plus de t’en sortir, de te pourrir encore plus la vie. Tu ne peux pas échouer, pas maintenant que tu touches au but et que la possibilité de faire ce que tu aimes s’ouvre à toi – peu importe combien de temps ça durera.
Alors que tu fais part à Abigail de tes doutes sur ta vitesse de progression, elle se met à rire. C’est normal que tu aies besoin de temps pour y arriver, ça ne se fera pas en un jour. C’est sans doute l’enthousiasme du débutant – ou ton envie de progresser vite pour passer à la suite. Tes facilités dans certaines matières ne t’aident pas tellement à appréhender ce qui se dérobe à toi, ce qui te demande plus de temps et de concentration. Mais tu es aussi têtu. Tu mettras le temps qu’il faudra, mais tu y arriveras. Et l’idée d’y aller à ton rythme est aussi rassurante. Tu as bien conscience des enjeux derrière, du temps qui file, mais te bousculer ne t’apportera rien, au contraire. Tu hoches la tête.

— Entendu ! Je vais tâcher de faire ça bien, je ne veux pas griller les étapes. Merci pour votre aide.

Elle ne répond pas à ta question et tu ravales ta curiosité. Une chose à la fois, d’accord, ne pas se précipiter. C’est une application directe de ce que vous venez de dire. Et tu supposes que tu n’es pas censé regarder par toi-même en attendant la prochaine fois. Ça te frustre, mais si tu acceptes qu’elle t’apprenne la méditation, tu dois te plier à ce qu’elle dit – ou ce qu’elle ne dit pas. Au moins, tu auras la réponse un de ces jours, c’est déjà une consolation.

Le château ne tarde pas à apparaître, toujours aussi beau et fascinant, même après tant d’années. Tu aimes le voir dans la nuit, baigné de la lueur des étoiles et des milliers de bougies qui brûlent aux fenêtres. Cela lui donne une aura supplémentaire, accentue sa magie. L’idée de lui dire adieu dans quelques mois est difficile à envisager, mais tu ne peux pas passer une année de plus entre ses murs.
Tu profites du moment pour remercier à Abigail, lui dire ce que tu as envie de lui dire depuis des semaines. Sans elle, ta situation serait encore pire. Tu n’as pas été très réceptif lorsqu’elle t’a secoué en juillet, refusant de suivre ce qu’elle te proposait, mais ses paroles ont malgré tout ouvert une brèche. C’est en y repensant que tu t’es décidé à parler à Kayla – tu l’aurais sans doute fait à un moment ou un autre, mais son impulsion t’a bien aidé à franchir cette marche. Et ça s’est bien passé – bien sûr que ça s’est bien passé, te souffle une petite voix, Kayla est ton amie, ta meilleure amie, tu la connais, elle ne trahirait pas tes secrets. Mais tu as tellement vécu avec le poids des secrets et des mensonges, avec la peur des conséquences, avec les promesses faites à ta mère de ne jamais rien dire, que tu ne sais plus vraiment dire la vérité, et encore moins comment.
Abigail t’écoute sans t’interrompre, mais elle n’a pas l’air très à l’aise. Elle n’aime peut-être pas les remerciements, mais tu ne pouvais pas rester comme s’il ne s’était rien passé, comme si elle n’avait rien fait. Le silence retombe lorsque tu te tais et s’étire au point que tu te demandes si tu ne ferais pas mieux de prendre congé, elle n’a peut-être pas envie de te répondre ou peut-être n’y a-t-il rien à dire, ou peut-être as-tu été encore plus maladroit que tu ne le pensais, parce que tu as du mal aussi à exprimer tes ressentis, n’ayant eu personne à qui vraiment les dire ces dernières années, puisque c’était ta mère qui te servait de confidente avant. Oh, tu as bien dit quelques choses ici et là, mais c’est toujours resté en surface, et les mots ne te viennent pas facilement.
Abigail a l’air encore plus mal à l’aise quand elle reprend la parole. Elle n’a pas eu l’impression de parler dans le vide, tant mieux. Tu hoches la tête : non, tu n’étais pas vraiment prêt à ce moment-là, mais tu avais quand même besoin de l’entendre, besoin que quelqu’un se penche sur toi malgré tes défenses. Quant à te sentir mieux… oui, d’une certaine façon. Ça t’a soulagé de ne plus porter ça tout seul, mais évidemment ça n’a pas fait disparaître ce que tu as vécu, et il y a des mots que tu n’as pas réussi à dire. Plus tard, sans doute. Chacun son rythme, et pour toi c’est déjà énorme d’avoir pu en parler. Tu baisses les yeux, joues nerveusement du pied avec une motte de terre.

— Ça n’a rien fait disparaître, mais ça m’a soulagé, oui, de ne plus être seul avec… tout ça. Je ne sais pas encore vraiment ce que ça va donner, mais j’ai vraiment envie que ça aille mieux.

Elle se remet en route et tu la suis en direction du château. Le silence règne, mais il n’est pas dérangeant et tu as toujours apprécié le calme particulier, profond de la nuit. Alors que vous arrivez à mi-chemin, elle se retourne vers toi. « Prendre soin de toi »… tu essaies, mais c’est aussi une lutte que tu mènes contre toi-même, contre cette partie de toi qui pense que tu n’en vaux pas vraiment la peine. La gorge serrée, tu hoches la tête. Abigail te regarde droit dans les yeux et c’est assez rare pour que tu lui prêtes encore plus d’attention. « Une bonne personne ». Tu ne sais pas. Tu essaies de faire ce que tu crois juste, d’apporter ce que tu peux aux autres, mais ça n’efface pas les mensonges, la dissimulation, l’hypocrisie permanente, ça n’efface pas les actes de ta famille ni d’où tu viens. Heureusement, tu n’as pas à chercher une réponse, car elle ne tarde pas à s’éloigner, et après quelques instants, tu finis par reprendre la route du château, la tête bourdonnante qui t’a apporté bien plus que tu ne le pensais.


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