Trois jours. C'était le temps qu'on leur avait laissé pour se préparer. Peu pour en savoir assez sur ce pays éloigné, mais suffisant pour bien saisir la situation et les risques. Ainsi qu'apprendre qui serait son complice pour cette aventure. Rose savait qu'elle partirait avec un membre de l'Ordre, mais tout lui confirma que ça ne serait pas Sean cette fois-ci. Elle fut même surprise d'apprendre que ce serait Sévastian. L'Auror le connaissait, un peu, à peine même, mais elle ne s'était pas attendu à une allégeance de ce genre. À ses yeux, il n'était qu'un barman dans un pacifique bar moldu. Et pourtant...

Et pourtant il se tenait à côté d'elle, patientant que la calèche censée les emporter n'arrive à eux. C'était un long voyage qui les attendait, une enquête qui pourrait avoir de lourdes conséquences, et potentiellement peu d'alliés sur place. Alors elle tenta de jauger la situation.
- On risque de ne pas rentrer avant un moment. Tu te sens prêt ?
L'Irlandaise ne voulait pas spécialement le rabaisser ou enfantiliser, mais elle voulait s'assurer qu'il cerne bien les impacts et qu'il ne renoncerait pas une fois là-bas.

Il ne fallut pas attendre guère plus avant que la calèche volante tant attendue n'apparaisse dans le ciel pour descendre à leur rencontre. Le regard presque vide, Rose observa les sombrals battre de leurs ailes pour amortir l'atterrissage, avant de trottiner jusqu'à eux. C'est le coeur et l'âme en peine qu'elle les vit approcher, avant qu'ils ne les dépassent au pas. Elle aurait presque pu tendre la main pour caresser leur carcasse squelettique, mais le cocher qui était désormais à leur hauteur se présenta à eux dans l'instant, détournant son attention de ces souvenirs douloureux.
- Vous êtes bien le groupe qui part pour le Gabon ?
- Tout à fait, répliqua Rose d'une voix blanche
- Alors en voiture, on va pas s'attarder.
Se détournant, sans un regard pour les équidés, Rose s'apprêta à monter dans la cabine. Mais avant de se faire, elle analysa la calèche, retrouvant peu à peu ses esprits. Le bois n'était plus de première fraîcheur et il manquait de traitement correct. Était-ce des pointes de rouille sur les gonds ? Apparemment... Plissant les yeux, elle braqua son regard à la recherche d'un blason potentiel, qu'elle ne tarda pas à trouver sur un pan de la porte. Il ne lui évoquait rien. Absolument rien. Autrement dit ou c'était une compagnie récente, ce que Rose doutait fortement au vu de l'état de la calèche, ou c'était une entreprise que la Coistral n'avait jamais pris la peine de considérer comme des concurrents sérieux.
Pinçant les lèvres, Rose distingua d'autres détails ci et là qui ne lui plaisait guère :
- Ce n'est pas vraiment aux normes, vous savez ?
- Aux normes ? Quelles normes ? Les vôtres peut-être ! Ça vole et ça tient le vent de chez nous, c'est tout ce qui compte non ? fit le cocher un poil agacé, Bon vous montez ou je pars sans vous ?
Un regard en arrière, elle observa l'avis de Sévastian. Si la calèche était arrivée jusque-là, elle devrait pouvoir retourner au Gabon. Normalement...

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