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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Et dans la douceur du soir, je sens que le monde a changé || SOLY III :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Sofiane Rasak
Sofiane Rasak
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Dim 30 Mai - 19:29
Et dans la douceur du soir
Je sens que le monde a changé
Charly Rosebury & Sofiane Rasak ||  Mi-septembre 2020

Clic clic clic clic. Sofiane décolle ses yeux du viseur et appuie sur le multi sélecteur pour observer les photographies qu’il vient de prendre de l’intérieur de la bibliothèque. Depuis huit jours, il travaille sur un nouveau projet de référence des bâtiments historiques de Londres pour une exposition qui aura lieu dimanche prochain pour les journées du patrimoine. Les photos réalisées par un autre photographe n’ont pas plu au chef de projet qui a demandé à Sofiane de refaire quelques clichés sur plusieurs établissements alors le voilà rendu à arpenter toutes les pièces de la British Library à réparer les erreurs de jugement artistique d’un incompétent. Cela ne fait pas très longtemps que Sofiane s’est reconverti dans la photographie : après sa sortie de prison, le programme de réhabilitation de la prison lui a proposé de suivre une formation qui pouvait éventuellement faire diminuer les quatre ans fermes de prison qu’il avait écopé. La justice est souvent plus clémente avec les détenus qui cherchent à se réinsérer alors le jeune Rasak a sauté sur l’occasion. Sa peine a alors été diminuée d’un an entre cette formation et les séances chez le thérapeute. Tout était bon pour le syrien pour sortir plus vite afin de rejoindre Ambrose dans sa lutte contre le Blood Circle : il a tout fait pour. Concernant son boulot de photographe, en soi, Sofiane n’est pas mécontent de cet emploi. Il travaille uniquement sur des missions ne nécessitant pas de contact avec les autres -et tant mieux d’ailleurs-. Ils auraient été probablement fous dans le cas contraire. L’avantage ? Il n’y a pas d’horaires. Il fait ses missions quand il veut et quand il peut : ce qui s’avère pratique compte tenu de son implication dans son autre emploi, si on peut dire cela comme ça. Oh oui, torturer et tuer des gens, ça prend du temps lorsqu’il ne faut pas faire disparaître les cadavres. Bref, l’emploi du temps de Sofiane est bien rempli et il se plaît dans cette ville où il ne connaît quasiment personne. Il est comme ça.

Il reprend quelques clichés avant d’estimer que c’est suffisant. Avec une précaution infinie, il ramasse son matériel dans sa sacoche et regarde sa montre. 19h35. L’agent de la sécurité attend impatiemment qu’il parte pour pouvoir fermer mais Sofiane prend tout son temps. Ce n’est pas son problème si c’est lui à qui on a demandé d’attendre. Maintenant qu’il a fini, il sort de la bibliothèque vidée de tous ses usagers, c’est si calme à l’intérieur, ça en est presque apaisant d’ailleurs. Alors qu’il passe les portes, l’agression du monde extérieur frappe Sofiane en plein fouet. La ville est en pleine effervescence, dans le brouhaha des embouteillages, les voitures sont pare-chocs contre pare-chocs et chaque conducteur est en train de hurler contre la voiture de devant qui ne décolle pas assez vite lorsque le feu passe au vert. L’envie soudaine de prendre de la hauteur se fait aussitôt ressentir et les yeux de Sofiane balayent la structure de la bibliothèque, cherchant un endroit où il pourra grimper. Dans une ruelle calme et reculée, il trouve un coin qui fera l’affaire et place sa sacoche dans son dos pour avoir les mains libres ; il escalade la façade avec une facilité déconcertante et trouve des points d’appui assez facilement. Une fois sur le toit, sautant de rebords en rebords, il finit par arriver sur le point culminant de la bibliothèque et celui-ci surplombe une bonne partie de la ville.

Arrivé en haut, Sofiane observe le point de vue magnifique et s’assoit sur le rebord du toit. Il fouille dans sa poche pour en sortir ses écouteurs et lance Spotify sur son téléphone. Il reste là assis pendant ce qui lui semble des heures, à juste observer les couleurs du ciel céruléen devenir peu à peu rougeoyantes ; Sofiane a rarement vu un tel spectacle. Il sort son appareil et photographie les reflets dans la voûte céleste. Après avoir mitraillé pendant quelques minutes, Sofiane s’allonge, son appareil photo tout contre son buste, les pieds toujours dans le vide et ferme les yeux. Le soleil se couche mais il fait toujours assez bon ; l’Angleterre vit sans doute ces derniers jours d’été mais la météo demeure clémente. La preuve, Sofiane est toujours affublé de son jean sombre et de son tee-shirt gris sans prendre la peine de sortir le manteau. La musique tambourine dans ses oreilles et il perd un peu la notion du temps ; il laisse son esprit vagabonder loin jusqu’à ce qu’il sente une présence autour de lui. Sans tergiverser, sa main se dirige instinctivement à sa ceinture où il dégaine son revolver et se retourne contre l’intrus. Il s’arrête soudainement lorsqu'il reconnait ''l'indésirable'' et dit : « Putain Charly, fais gaffe ! J’aurai pu te flinguer là ! » Sofiane replace l’arme à sa place, retire ses écouteurs et regarde la jeune femme. Elle est très belle. Comme elle l’est toujours d’ailleurs. Peut-être davantage depuis quelques temps. Depuis l'attaque de la forêt ? Depuis la séance d'entraînement ? Depuis qu'il l'a vu s'amuser dans une cage ? Il ne saurait le dire. Mais voir Charly plus souvent qu'auparavant accentue son sentiment de dépendance, c'est tout ce qu'il sait. Et il s'en fout. « Tu t’entraînes ? » Quelle autre raison aurait-elle de se trouver là si ce n’était pour le FreeRun. Sofiane laisse son regard s’aventurer tout autour du bâtiment mais il ne voit personne : « Où sont les autres ? » Charly avait l’habitude de s’entraîner avec son groupe auquel Sofiane s’était déjà joint quelques fois mais étrangement, il n’avait pas trop aimé. Il n'aime pas vraiment partager.
 

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Mer 2 Juin - 15:29

Sofiane & Charly
⚜  Et dans la douceur du soir, je sens que le monde a changé ⚜

Quelle semaine… Vendredi soir, je me pose un instant sur la chaise de mon bureau chez BBC que je n'utilise presque jamais pour souffler. Quand je regarde ceux de mes collègues, ils sont pleins de photos, de stylos en tout genre. Le mien est presque vide. Clavier, souris, écran d’ordi et quelques dossiers. Rien de personnel. Je ne comprends pas comment ils font pour rester plus longtemps ici que sur le terrain. Depuis lundi, j’ai repris la saison deux, comme mon directeur des programmations appelle ça, de mon reportage sur l’armée anglaise. Vous savez la différence entre les petits bonshommes en rouge à Buckingham Palace et les autres qui crapahutent dans la boue. Aucun jugement de valeur. Ces mecs affublés d’une coiffe en peau d’ours qui me débectait, étaient bel et bien entrainé à se battre. Mais ils avaient choisi de faire le pied de grue devant le palais de Madame la Reine. C’était une conception qui me dépassait, mais je devrais malgré tout évoluer de régiment en régiment, d’unité en unité. Je n’étais pas le style de journaliste qui passait à la télévision. Personne ne me voyait à l’écran, mais les réponses données par un soldat, la façon de le suivre, de l’approcher dans son quotidien, c’était moi. Et visiblement, mes méthodes plaisaient, le premier reportage ayant eu un bon score d’audience. Je me laissais tomber, les bras en avant sur mon bureau avec peu de grâce. La réunion avec la chaîne et tous les grands pontes du monde médiatique de BBC m’avait épuisée. Paresseusement, je bougeais la souris de mon écran et je regardais mon planning pour la semaine à venir et lâchais un soupir. Je n’étais pas prête d’avoir une vie tranquille, mais en même temps, si ce n’était pas ainsi, je ne supporterais pas. Malgré tout, replonger dans ce monde m’avait retournée et un petit break ne m’aurait pas fait de mal. Voir des militaires à tour de bras, c’est repenser à Tim, à mes années là-bas. Je visionnais quelques cuts que le monteur m’avait envoyés. Je mettais pause sur un des soldats qui avait cherché à flirter avec moi. Mouais pas mal… Mais j’avais un autre militaire en tête depuis quelque temps. Je regardais les fines cicatrices qui filaient de mon épaule. Mon haut ne les cachait pas et étrangement je m’étais faite à l’idée de ces stigmates sur ma chair. Je jetais un oeil sur l’heure en bas de mon écran et décidais que le week-end devait débuter. Je me déconnectais et attrapais mes affaires. Une fois au sous-sol, dans ma voiture je retirais mes talons et sortais de mon sac de sport - toujours prêt sur les sièges arrière - une paire de petites chaussettes et mes baskets. Vérifiant que personne n’était dans les horizons, j’enfilais rapidement un débardeur plus décontracté pour ce que j’avais prévu de faire… J’avais besoin de m’évader et pour ça, j’allais pratiquer ma passion depuis maintenant treize années.

Je connaissais mieux Londres depuis les toits qu’au sol avec ses rues nébuleuses. Je conduisais durant plusieurs minutes avant de garer ma voiture et me rendre à pied dans une impasse. J’avais prévu d’aller plus loin, mais la circulation de fin de journée commençait clairement à me taper sur les nerfs… Je trouvais plusieurs points d’accroches et c’était parti. C’était naturel. Je n’avais même plus besoin de réfléchir à ce que je faisais à présent. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, j’étais déjà dans les hauteurs de la ville. J’inspirais un grand coup, appréciant la vue qui s’offrait à moi et la tranquillité qui m’enlaçait. Je décidais de m’élancer sur un parcours libre enchaînant plusieurs figures. Je ne sais pas vraiment combien de temps je pris, mais je sentais toutes mes tensions s’échapper. La météo était douce et c’était agréable. J’arrivais sur une bibliothèque, un bâtiment assez haut qui dominait les autres. Que ma voiture était loin à présent… Je fis quelques pas me disant que le point serait parfait pour une photo Instagram. Je n’avais pas pensé à prendre tout mon matériel, mais j’avais malgré tout envie de partager ce que je ne voyais. J’allumais mon téléphone et filmais la vue imprenable pour la mettre en story. J’observais ensuite les lieux pour trouver le meilleur angle. Je remarquais alors que je n’étais pas seule. Je fis quelques pas silencieux avant de reconnaître la carcasse de Sofiane. Il fallait le faire tien. Je m’apprêtais à m’abaisser pour le sortir de sa méditation quand il se redresse brusquement, me faisant reculer dans un sursaut au passage, surtout qu’il pointait son flingue sur moi. « Je vais finir par croire que t’en meurs d’envie à force ! » dis-je avec une pointe d’amusement. La vue des armes ne me fait pas peur. Déjà petite, mon père se baladait avec ses fusils de chasse et quand je m’étais retrouvée sur le terrain avec le travail, autant dire que c’était monnaie courante.

Depuis cette séance d’entraînement, j’ai l'impression que les choses ont changé. Il y a eu comme un rapprochement. On se cherche, on se taquine… Et bordel, c’est comme si j’avais retrouvé la vue, et réalisais à quel point je le trouvais canon. Cela avait toujours été le cas. Il était bel homme, mais il restait dans une catégorie comme intouchable. Rangé entre les cases « pote d’Ambrose » et « pote du Blood Circle ».  Pourtant, récemment, je l’avais comme déclassé pour lui mettre une étiquette « pote sexy, envie de toucher ».  Est-ce que c’était mal ? Je voyais bien que lui aussi portait un regard différent sur moi depuis. « Oui et non. Longue journée, j’avais besoin de prendre l’air. » Et Dieu sait à quel point c’était efficace. « Je suis seule, j’ai commencé après le boulot directement. » Je viens m’asseoir à ses côtés. Laissant un peu d’espace entre nous, mais juste assez proche pour sentir sa chaleur ou encore le frôler de la cuisse. Je balance doucement mes jambes dans le vide. « Et toi ? Tu es venu flinguer les oiseaux ? » Je lui donne un léger coup d’épaule moqueuse. Mon portable n’arrête pas de vibrer dans ma poche. Mes abonnés réagissent à ma storie. Je sors mon téléphone afin de le mettre en silencieux. Le nombre de notifications Insta explose déjà et ça me fait sourire. Etre connue sans l’être… Aucun d’eux n’a jamais vu mon visage en dehors de Kayla, et je trouve ce paradoxe amusant. « Tu prenais des photos ? » demandais-je en avisant du regard son appareil à ses côtés. « Je voulais en faire également, mais j’ai oublié le trépied pour tenir mon iPhone. » Je n’ai jamais eu l’occasion de parler à Sofiane de Mademoiselle C. et de mes posts sur le réseau social.

J’attrape alors la main de Sofiane et lui mets mon téléphone dedans. « Oh ! Mais tu fais un merveilleux trépied ! » Je lui lance un petit regard implorant.
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Sofiane Rasak
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Lun 7 Juin - 18:35
Et dans la douceur du soir
Je sens que le monde a changé
Charly Rosebury & Sofiane Rasak ||  Mi-septembre 2020

La sensation que Sofiane ressent lorsqu’il se rend compte que c’est Charly qui vient le déranger vient égayer de loin la journée un peu pourrie qu’il vient de vivre. Il faut le dire, bosser pour rattraper les conneries d’un autre ce n’était pas dans le TOP 5 des choses que Sofiane préférait. Il maudissait ceux qui lui faisaient perdre son temps et qui l’empêchaient d’être pleinement à ce qu’il aime faire. Mais qu’est-ce que Sofiane apprécie réellement en dehors des missions qu’il réalise pour le Blood Circle ? La photographie est un loisir comme un autre qu’il a appris à aimer par-delà le fait que c’est ce qui lui permettait de gagner sa croûte et de ne pas être à la rue. Le FreeRun ? Aimait-il réellement cela où c’était par pur mimétisme qu’il s’y était mis ? Il ne trouvera probablement pas la réponse à sa question ce soir même s’il sait -du moins il comprend- qu’il n’est pas normal et que les pensées qui traversent parfois (souvent) son esprit ne sont pas saines et ne lui permettent pas d’établir de véritables relations amicales, professionnelles ou sentimentales. Sofiane a toujours été comme ça, à s’accrocher ou à repousser les éventuelles personnes qui pouvaient bien lui témoigner de l’intérêt et il a appris à ses dépends que ses réactions disproportionnées face à l’abandon faisaient fuir la plupart des gens. Et Charly dans tout cela ? Dans quelle case se situe-t-elle ? Dans quel type de relation souhaite-t-il l’enfermer ? Sofiane n’en sait rien, il ne comprend pas ce qu’il ressent : ce qu’il sait, c’est qu’il a toujours eu ce sentiment d’avoir besoin de Charly depuis qu’ils se sont retrouvés par hasard grâce à Ambrose, comme si elle lui permettait de toucher du doigt un passé dont il ne voulait peut-être pas tant que ça se séparer. L’erreur qu’il a faite est de s’intéresser d’un peu trop près à elle, sans mauvaises intentions au départ. Mais le jeu auquel les deux camarades s’adonnent depuis quelques temps a forcé Sofiane à changer son fusil d’épaule. D’une vague connaissance à laquelle il s’accrochait, elle est passée de potentielle cible amoureuse. Probablement encore une qui s’en ira lorsqu’elle comprendra vraiment sur qui elle est tombé. Sofiane n’est pas capable de maintenir une relation de couple stable, il ne comprend pas ce que c’est et continue de refaire encore et toujours les mêmes erreurs : jalousie, possessivité, dépendance, violence. Le tout dans un mélange archaïque et anarchique. Rien ne définit mieux Sofiane que cela. Mais pour l’instant, ils n’en étaient pas là. Où en sont-ils vraiment ?

Alors qu’il baisse son arme, Charly lui demande en riant s’il a envie qu’elle meure. Il faut dire que leur conversation à la salle de sport pouvait effectivement laisser présager cela. Mais c’est loin d’être le cas. « Arf, tu sais, se débarrasser d’un corps c’est pas si facile que ça en a l’air. » dit-il d’un ton amusé et sarcastique. « Encore moins sur un toit comme celui-là, ça serait difficilement camouflable. » Sofiane range son arme dans la sacoche de son appareil photo et pose celui-ci par-dessus. La tenue de Charly ne laisse pas de doute sur ce qu’elle est en train de faire mais Sofiane lui demande quand même par acquis de conscience ce qu’elle fait là et sa réponse ne se fait pas attendre. Comme lui, Charly a voulu échapper à la lourdeur de sa journée. « Moi aussi j’en avais besoin. T’as vu la circulation ce soir ? J’avais envie de prendre un peu de hauteur. » Physiquement et métaphoriquement d’ailleurs. Il acquiesce tranquillement et s’allonge à nouveau dos contre le sol tandis que la jeune femme prend place à ses côtés. Son odeur plane autour de Sofiane et vient lui chatouiller les narines tandis que son corps se tend lorsqu’il se rend compte à quel point elle est proche. Trop proche ? Il n’en sait rien.

Elle est seule ? Tant mieux. Sofiane n’a nullement envie de voir les autres et de devoir faire semblant de s’y intéresser. Avec Charly c’est différent puisqu’il ne fait pas semblant, il s’intéresse réellement et voilà toute la complexité de la chose. Un rire narquois bouscule les lèvres du photographe lorsqu’elle lui demande s’il est venu flinguer des oiseaux. Alors qu’il allait répondre, elle continue et Sofiane ne peut pas en placer une. Elle est bavarde aujourd’hui dis donc. « Oui je… » commence-t-il mais elle bavasse encore. Sofiane sourit et attend donc qu’elle termine. Elle évoque ensuite son oubli de trépied et place son téléphone dans ses mains. Son regard se fait implorant et il ricane : « Ah ouais d’accord, je ne suis là que pour pallier à tes besoins, ça fait plaisir. » N’importe quel besoin d’ailleurs. Avant de partir sur ce sujet-là, en faisant glisser l’icone appareil photo du téléphone de Charly pour regarder la pixélisation offerte par son smartphone, il dit : « On m’a demandé de faire des photos de la bibliothèque pour les journées du patrimoine qui auront lieu samedi prochain. Le gars qui devait s’en occuper a fait de la merde alors j’suis là pour réparer ses bêtises. » Il hausse les épaules d’un air désabusé. Il tourne l'IPhone de Charly vers elle pour admirer la lumière et fronce les sourcils quand il voit des notifications s’afficher à l’écran. « Putain t’es une star ou quoi, ça arrête pas de clignoter. » Il ne s’en formalise pas et prend quelques clichés d’essai et lui balance son téléphone dans les mains. « C’est nul. La lumière est dégueu. » dit-il, avec son tact légendaire. Il se redresse et s’assoit en tailleur avant d’attraper son appareil photo professionnel. Il lui demande : « De vraies photos faites par un pro, ça te dit ? Tu sais, j’suis très bon dans ce domaine. » Il est vrai que Charly et Sofiane n’avaient jamais pris vraiment le temps d’évoquer le travail du jeune syrien, c’était peut-être l’occasion. Et puis, si ça lui permettait d’avoir en prime quelques photographies de Charly… pour se masturber dessus. Il retire la carte SD de l’appareil et en sort une nouvelle vierge de tout cliché. Hors de question de tout mélanger. Sans demander la permission, Sofiane place son œil sur le viseur et mitraille Charly ; la qualité est tout de même nettement supérieure. « C’est pour faire quoi ces photos ? » S’il sait c’est pour faire quoi, il pourra adapter l’angle de vue. Imaginons c'est pour un mec, faudra s'amuser à l'enlaidir, ça risque d'être difficile.
 

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Mar 29 Juin - 14:31

Sofiane & Charly
⚜  Et dans la douceur du soir, je sens que le monde a changé ⚜

Je ne m’attendais pas à croiser une personne ce soir en me baladant sur les toits de Londres. C’était ce que j’aimais la plupart du temps. Etre seule dans les hauteurs. M’isoler à l’insu de tous et pourtant être là, les voir, les observer depuis mon perchoir. Un paradoxe qui m’avait toujours porté depuis toutes ces années. D’ailleurs, c’était aussi ce qui me plaisait avec mon compte Instagram. Cette notoriété inconnue. Savoir que j’étais suivie par plusieurs personnes sans même qu’ils puissent m’identifier si un jour ils venaient à me croiser dans la rue m’amusait. Le FreeRun, cette Mademoiselle C. tout cela me permettait de m’évader lorsque l’oppression se faisait trop forte. Et en ce moment, le travail ne m’épargnait pas avec ces reportages stupides. Alors que la journée avait été longue, je n’avais pas trouvé mieux pour souffler. Me hisser à la force de mes bras et de mes jambes, garder une maîtrise de tout son corps et un équilibre parfait pour éviter les chutes. Tout cela demandait une concentration à toute épreuve qui m’empêchait de penser à tout le reste. Puis ma partie préférée était certainement celle où je pouvais m’amuser à réaliser quelques sauts pour parfaire mes techniques. Oui, c’était le meilleur moyen de tout oublier. Ca, avec l’alcool et le fait de s’envoyer en l’air. Une bonne soirée bien arrosée qui se termine avec un plan au lit, je devais reconnaître que c’était pas mal aussi. Mais le plus simple et accessible, c’est encore de m’élancer sur les hauteurs de la ville. Les avantages ? Pas de gueule de bois et pas de mecs à virer du pieu ou ne pas avoir à filer en toute discrétion de son appartement.

Dans tous les cas, croiser Sofiane c’est aussi étonnant que cela semble logique. Il faut le faire bien sûr, la ville est grande et les FreeRunners peu nombreux. Mais je sais qu’il pratique également depuis que je lui avais fait une démonstration. Il avait appris vite et se débrouillait vraiment bien pour ce que j’en avais vu. Je me demandais quand même ce qu’il foutait avec son flingue. Je veux dire, même si je comprends sa méfiance, ce n’est pas courant de s’éveiller en sursaut et de pointer une arme sur une personne. Surtout que nous sommes régulièrement pris pour des voleurs… Je préfère ne pas m’attarder sur le sujet et plaisante quant au fait qu’il semble réellement vouloir m’achever. « Me voilà donc rassurée, je peux passer la soirée en toute sérénité. » L’amusement teinte mes paroles. Depuis ces retrouvailles à la fête des Blood Circle lorsqu’il a été intégré, ce sujet revient de façon fréquente sous des formes différentes. Je serais parano, je pourrais me poser des questions, mais il s’agit davantage d’une plaisanterie régulière entre nous. « Une horreur comme chaque fin de semaine… » complétais-je alors qu’il me parlait de la circulation.

Je m’installe à ses côtés. J’ai conscience que je suis proche de lui. Je le touche à peine, mais nous nous frôlons aux moindres mouvements. C’est un peu le résumé de notre relation en ce moment. Se toucher sans en avoir l’air. Se chercher, se provoquer sans jamais aller plus loin. C’est aussi enivrant que frustrant. Je ressens les notes boisées de son parfum s’étendre doucement autour de moi. Nous sommes sages pour l’instant. C’est presque étrange. Rapidement, il se retrouve avec mon téléphone entre les mains. « C’est pour te faire pardonner de m’avoir menacé avec ton arme. » Il pourrait se faire pardonner de bien des façons d’ailleurs… Il m’explique alors sa fin de journée. « Dis-toi que c’est parce que toi tu fais du bon boulot s’ils t’ont appelé pour rattraper la merde l’autre. » Un léger rire s’échappe d’entre mes lippes alors qu’il dit que je suis une star avec toutes les notifications que je reçois. Je le laisse faire quelques photos pour tester mon téléphone, mais je remarque vite à sa tête que ça ne lui convient pas. D’ailleurs, je récupère rapidement l’objet entre mes doigts alors qu’il me le lance. Je l’observe sortir son appareil qui n’a effectivement rien à voir avec mon iPhone. « Hey ! Attends ! » Je tends la main pour cacher à moitié mon visage et éclate de rire tandis qu’il me mitraille. Je n’avais pas prévu ça au programme. Me planquer dans l’ombre pour des prises de vue, pourquoi pas, mais je ne suis pas habituée à jouer les modèles. Je déverrouille mon compte pour lui montrer alors qu’il me demande à quoi vont servir les photos. L’ensemble est soigné et harmonieux. Un vrai beau profil Instagram en somme. « Je m’amuse sur Insta. Je leur fais visiter les hauteurs de la ville. Je prends des poses complexes de FreeRun ou Yoga et visiblement ça plaît bien. » Je le laisse naviguer un peu dessus et ajoute. « Par contre, je fais en sorte qu’on ne voit pas mon visage. » Je hausse doucement les épaules. Je n’en parle pas des masses de ce compte. Doryan est au courant. Faut dire qu’on se raconte presque tout. « Alors Monsieur le Photographe, est-ce que cela vous inspire ? » Je tourne sur moi-même et tends les bras de part et d’autre. « Le cadre et le modèle vous plaisent ? » Je suis curieuse de le voir travailler. Sofiane n’est pas du genre à s’étendre, il est même renfermé. Ensemble, nous sommes le jour et la nuit. Il est tel l’astre de la lune qui éclaire avec une aura de mystère quand de mon côté je suis mille rayons de soleil qui éclatent au grand jour. Est-ce pour cela que dans le fond, malgré ce passif, ses réactions parfois étranges, j’aime bien rester à ses côtés ? Car il est si différent de mon univers ?
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Sofiane Rasak
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Sam 3 Juil - 1:29
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Charly Rosebury & Sofiane Rasak ||  Mi-septembre 2020

Sofiane n’ira pas jusqu’à dire qu’il n’y a pas pensé. À tuer Charly. Bon, d’accord, cela ne lui a traversé que vaguement l’esprit. Mais cela lui était déjà arrivé d'y penser. Surtout au début, quand elle lui rappelait la Syrie, quand elle lui rappelait son ancienne vie de militaire, quand elle lui rappelait l’homme qu’il a pu être il y a des années. Finalement, cet homme-là n’était pas bien différent de celui d’aujourd’hui mais celui d’aujourd’hui était peut-être davantage perdu, davantage paumé. Plus de travers, plus de psychopathie, moins de cadre, moins de contenance et Sofiane explose et sombre dans une part de lui-même qui est tout sauf jolie et qu’il vaut mieux éviter d’approcher de trop près. Les gens qui s’y essayent si brûlent ou meurent. Sofiane ignore encore dans quelle catégorie sera Charly mais il aimerait autant que cela soit la première. Il planque son arme et dit : « T’inquiète, je la range soigneusement. Je la garde pour plus tard. » dit-il en tentant d’être drôle tout en ne sachant pas si cela fonctionne. Le jeune homme n’a jamais été très doué pour l’humour mais maîtrise un peu mieux le sarcasme. Pour autant, certaines de ses pensées pouvaient parfois passer pour des blagues alors qu’il exposait tout simplement le fond de ses idées. Il s’en fout Sofiane de faire flipper les gens ; il dit ce qu’il pense, quand il en a envie. Et il fallait l’avouer, il ne savait pas vraiment pourquoi, mais l’idée de tuer Charly revenait assez souvent dans leurs conversations, assez pour que cela trotte dans la tête du photographe. Refrénant ses envies et gardant ses idées pour lui, Sofiane acquiesce lorsqu’elle évoque les embouteillages ; il a grimpé en haut de la bibliothèque pour la même raison qu’elle. Échapper au perpétuel ballet des automobiles de fin de journée n’a l’air de rien, mais lorsqu’on est londonien, on ne peut s’y soustraire. Sauf si l’on est FreeRunner ; dans ce cas-là, rien n’est jamais impossible.

Lorsque Charly s’installe à ses côtés, Sofiane ne peut s’empêcher de sentir une certaine chaleur envahir sa carcasse. Son corps se tend légèrement lorsqu’elle le frôle comme si de rien n’était. Il ne saurait dire pourquoi, il a l’impression que quelque chose a changé depuis la salle de sport, depuis l’épisode de la cage : quelque chose a changé en lui. Il la veut putain. Mais il se connait, il sait comment ça va finir et ne sait pas s’il veut se lancer dans ce type de relation dysfonctionnelle. Encore. Parce que rien ne peut fonctionner avec Sofiane en dehors d’une relation de dépendance psychoaffective où il exigera de tout contrôler et de tout maîtriser. Certains aspects pourront éventuellement faire l’objet de compromis mais ce n’est pas comme ça qu’il voit les choses. Alors comment cela pourrait-il marcher ? Il ne sait pas ce que c’est façon d’avoir une relation normale. Même dans ses relations professionnelles ou amicales, un sentiment d’étrangeté plane souvent. Même dans sa famille. Alors bon. Il oscille sans arrêt entre rejet et dépendance sans savoir vraiment ce qu’il recherche.

Charly balance son Iphone dans les mains de Sofiane et celui-ci lève les yeux au ciel lorsqu’elle lui dit que c’est pour qu’il se fasse pardonner l’affront d’avoir pointé son arme sur elle. Un sourire s’installe sur les lèvres du jeune homme et il dit sans détour : « Je pensais que ça t’excitait tout ça. » Autant y aller franchement. Ils sont adultes, merde. Bref, Sofiane explique ensuite ce qu’il fait là et Charly le congratule d’être meilleur que les autres. « Ouais mais bon, j’ai pas que ça à foutre clairement, j’suis pas là pour ça. » Est-ce qu’il lui dit qu’il préférait être en mission pour le Blood Circle et risquer sa peau pour ressentir l’adrénaline s’imprégner de chaque parcelle de son corps ? Non.

Sofiane obéit bien docilement à Charly et débute la séance photo avec le téléphone de la demoiselle mais rapidement, il sort l’artillerie lourde non pas encore le petit oiseau, calmez-vous et fait quelques réglages sur son appareil photo professionnel avant de mitrailler la jeune femme. Celle-ci se cache avec sa main et Sofiane tape sur celle-ci pour qu’elle arrête ça. Les yeux durs, il allait lui faire une remarque mais le regard de la jeune femme se rive sur son téléphone pour lui montrer il ne sait quoi. Intéressé, Sofiane se rapproche d’elle et se penche vers les images qu’elle fait défiler. C’est pas trop mal. « C’est pas dégueu. » concède-t-il mais l’œil du professionnel n’est pas entièrement satisfait par ses belles images. Certaines manquent de netteté et cela n’est pas étonnant si elle se photographie avec ce mobile. « Mais ça pourrait être mieux. » dit-il. Il acquiesce lorsqu’elle dit qu’elle ne souhaite pas qu’on voit son visage. Il ajoute : « T’as raison. » Ses doigts viennent cliquer sur certaines photos et il observe les différentes poses prises par Charly. Sans le vouloir, à un moment, il retourne en haut du profil et voit le nombre de followers. Il plisse les yeux. Putain. Tous ces gens matent sa Charly. Comment ça, sa Charly. Sans rien dire, Sofiane sort son téléphone, ouvre Instagram et ajoute le profil de Charly. Il pourra aller buter les quelques milliers de mecs qui commentent ses photos. Ces chiens. « T’as un nouvel abonné. » dit-il innocemment. Elle ne trouvera rien de fabuleux sur son profil à lui, il ne met presque rien. Quelques paysages parfois. Rien de plus. « Ouais ça m’inspire. » dit-il en lui redonnant son portable et en rangeant le sien. Charly se lève et fait un tour sur elle-même et Sofiane l’observe virevolter au vent. « C’est surtout le modèle qui me plaît. » ajoute-t-il sans réfléchir. Il pose les yeux sur le viseur et observe la lumière ; il change d’angle et mitraille à plusieurs reprises. Il vérifie la luminosité avant de se redresser. Assis, cela sera trop compliqué. Il s’approche de Charly et place sa main sur sa hanche pour la forcer à se décaler dans l’angle qui lui convient. Dans sa bulle, Sofiane se rend à peine compte que toucher Charly le fait frissonner et que ses poils se sont hérissés. Il est dans son truc, prendre des photos de Charly pour son compte personnel, il n’en a rien à foutre d’Instagram. Elle ne veut pas qu’on voit son visage, Sofiane non plus n’y tient pas ; cela ne ferait qu’accentuer le sentiment de jalousie qui s’insinue doucement en lui lorsqu’il repense aux quelques commentaires aperçus tout à l’heure. Sofiane gravite autour d’elle tandis que Charly s’amuse à prendre différentes poses qui la mettent en valeur. Après avoir effectué une dizaine de photos, Sofiane s’approche d’elle et lui montre les clichés : les lumières sont vraiment belles avec le couché de soleil en arrière-plan. « Je vais en faire de face. Juste pour toi. » dit-il sans appel avant de récupérer son appareil. Sans demander l’avis de la jeune femme, le clic clic clic devient incessant.
 

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⚜  Et dans la douceur du soir, je sens que le monde a changé ⚜

Loin d’imaginer les pensées qui traversaient l’esprit ravagé de Sofiane en cet instant, je plaisante au sujet de cette conversation qui revient régulièrement. Pourtant, je ne me suis jamais inquiétée. Il est vrai que cela reste quelque chose d’étrange de voir une personne ainsi dégainer son arme aussi rapidement. Malgré tout, je le comprendrais presque… Des réflexes d’un ancien soldat qui devait tout faire pour survivre alors qu’il était de la chair à canon pour son pays. Cela pouvait s’entendre d’avoir encore peur pour sa vie non ? Quand j’avais arrêté les reportages de guerre, mon retour en Angleterre n’a pas été si évident. Le moindre bruit de claquement, la moindre personne douteuse… Tout devenait une source d’angoisse. Au fil des mois, puis des années, cela a fini par se passer heureusement, mais je savais que cela restait ancré en moi. J’avais du mal à gérer ces reportages qui m’étaient confiés alors que cela n’était même pas sur le terrain. Mais les bases militaires, les uniformes, les entraînements auxquels j’assistais me renvoyaient à des réminiscences bien trop enclines à remonter. Je ne répondais finalement pas tandis qu’il disait la garder pour plus tard. Je ne savais pas réellement quoi penser de cette plaisanterie. Il s’agissait d’un de ces instants où Sofiane pouvait rendre quelques secondes pesantes malgré mes boutades qui se voulaient légères. Parler de ma mort potentielle n’était pas dans le top dix de mes sujets de conversation préférés. Le Freerun, la mode, les potins, le sexe ! Ca, c’était sympa ! Je fais comme si de rien n’était comme souvent dans ce genre de situation avec le Syrien.

Installée à ses côtés, je dois admettre que ces doutes qu’il peut éveiller peuvent aussitôt s’estomper. Pas uniquement grâce à sa carcasse qui m’effleure… Parler avec lui est intéressant et nous nous comprenons d’une certaine façon. Comme quand je me retrouve en osmose totale lorsque je suis avec Olivia. Bien que le degré avec la jeune femme soit mille fois supérieur. Et puis le Rasak… depuis cet entraînement, j’ai l’impression que tout a changé entre nous. Il y a souvent des sous-entendus, des remarques. Nous nous tournons autour sans en avoir l’air. Comme si nous tâtions le terrain pour voir s’il n’était pas miné et si nous pouvions réellement nous lancer. Alors qu’il se retrouve avec mon téléphone entre les mains et qu’il se plaint de n’être là que pour me dépanner, ma remarque fuse. Et la sienne ne tarde pas. Mon regard azuré se plante dans le sien, un sourire venant s’installer sur mes lippes. « Je préfère les corps à corps. » Non parce que se faire pointer par son flingue… « Après si ton délire ce sont les petites mises en scène, je veux bien jouer la demoiselle en détresse. » Je laisse un rire léger s’échapper. Ce rôle ne m’irait tellement pas. Même si je suis loin d’être aussi forte que Sofiane, je sais me défendre et si cela devait m’arriver, je me battrais jusqu’à la dernière seconde. « Il faut se dire que grâce à ça, on s’est croisés ce soir. Rien n’est dû au hasard. Regarde, tu vas servir de magnifique trépied. » Ca pour être magnifique…

Rapidement pourtant, je me retrouve devant un appareil photo de pro qui commence à me mitrailler. Même si je ne suis pas du genre à douter de moi et à être à l’aise avec mon corps, je ne sais pas réellement comment réagir alors que le clac de l’objectif se déchaîne. D’ailleurs tandis que je tente de l’arrêter, je me prends une tape sur la main comme si j’étais une gamine. Ses yeux clairs sont si sérieux, que j’ai réellement l'impression que je vais me faire réprimander parce que je ne respecte pas vraiment ce qu’il a en tête. Finalement, je détourne son attention en lui montrant mon profil Instagram. Il pourra ainsi comprendre un peu l’idée de l’univers que je souhaite. Et qu’il est donc inutile de me faire le portrait. Je l’écoute alors qu’il regarde et commente les photos. J’ai plusieurs fois pensé à investir dans du matériel de meilleure qualité, mais j’avoue ne m’être jamais penchée sur la question. Cela marche plutôt bien en l’état. Je me dis même que c’est ce qui plaît. Mais de temps en temps de très jolies photos réalisées par un pro, cela peut être pas mal du tout. Je souris alors qu’il m’indique que j’ai un nouvel abonné.  « T’as intérêt à liker mes posts, même si les photographies ne sont pas assez bien à tes yeux. » dis-je amusée. Je lui demande ensuite s’il est inspiré et sa réponse me tire un sourire. « Le photographe n’est pas mal non plus. »

Commence alors le shooting totalement improvisé. Lorsque sa main s’installe sur ma hanche pour me positionner là où il le souhaite, un frisson parcourt mon échine. Bordel. Depuis quand je réagis comme une pucelle en chaleur moi ? Je me décide alors à me mettre dos à lui, comme toutes les photos de mon profil et choisis de tester quelques postures de Yoga. Cela ne fait pas longtemps que je m’y exerce, mais ma pratique sportive me permet d’obtenir assez rapidement de bons résultats. J’enchaîne les positions, de la plus simple à la plus complexe. Du lotus à l’arbre, en passant par celle du danseur pour finir au bord du vide dans la figure de la tête soutenue. Je regarde ensuite les photos avec lui et le jeu de lumière est magnifique. « Ca rend trop bien. J’adore la dernière. » Entre la luminosité frôlant l’horizon, le vide si proche alors que je suis en équilibre sur mes bras, cela donne un sentiment étrange entre sérénité et la sensation d’être sur le point de tomber. Tandis que je pensais les prises de vue finies, Sofiane me propose m’impose d’en faire d’autres, cette fois-ci à visage découvert. Après tout… Je me prête au jeu, reprenant quelques postures. Quand il m’indique avoir terminé, je m’approche à nouveau de lui de nouveau pour les admirer. C’est tellement rare que je vois mon visage sur ce type de photos que ça me perturbe. « T’as vraiment le regard pour trouver le bon angle. » J’attrape mon téléphone, glisse mon bras dans son dos pour faire un selfie avec lui. Etant à contre-jour, en jouant avec les filtres, nos visages resteront dans l’ombre. Le prenant par surprise, mes lèvres viennent se poser sur sa joue tandis que dans son mouvement, j’effleure sans le vouloir la commissure de ses lippes.  Je ne recule pas pour autant et prends quelques secondes pour faire la photo et le libère alors que je trifouille les réglages de mon Iphone. « Prêt à finir dans ma story ? » Je commente par dessus « en bonne compagnie ce soir ». Mais je sens la présence de Sofiane qui souhaite certainement voir ce que je trafique. Par ailleurs, je dois l’admettre, si je me concentre autant sur mon Iphone, c’est que j’ai bien eu envie de glisser mes lèvres davantage sur les siennes. Peut-être veut-il me retenir de publier une image qu’il n’aura pas corrigée à sa façon. Je recule, amusée, continuant de pianoter sur mon écran pour l’empêcher d’accéder à mon téléphone. « Je te tague ? Je suis en train de remercier mon nouveau photographe attitré ! » Je sens que je le titille et forcément, en grande gamine que je suis, je continue de le provoquer, esquivant ses tentatives pour voir ce que je fais. « Deux minutes, t’es abonné maintenant, tu vas bientôt pouvoir admirer. » Enfin s’il m’en laisse le temps. La photo montre deux silhouettes prises d’en haut. On devine que je lui embrasse la joue, mais nos traits restent anonymes dans la pénombre grâce aux jeux des filtres. La lumière tranche joliement derrière nous. Je cache alors mon téléphone dans la poche arrière de mon jean. « Pour la peine, je la posterai plus tard. » Mon regard est empli de malice tandis que je l’observe avec un air innocent.
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Sofiane Rasak
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Et dans la douceur du soir
Je sens que le monde a changé
Charly Rosebury & Sofiane Rasak ||  Mi-septembre 2020

Sofiane ne comprend pas bien ce qui a changé. Depuis quelques mois, lui qui s’efforce à se tenir à distance d’elle pour ne pas sombrer dans ses anciens travers vient de replonger dans ce qu’il cherche à éviter. Cela a débuté doucement, presque insidieusement. La revoir lors de la soirée de son intronisation lui a permis de se rendre compte qu’elle est une partie de son passé dont il ne veut plus tellement se séparer. Bien sûr, la vie en Syrie était difficile, tout autant que les années passées sur le terrain, à combattre pour une cause dans laquelle il ne croyait pas ou du moins dans laquelle il ne croyait plus. Charly était un point de repère, un élément du passé qui était là pour lui rappeler que tout pouvait s’effondrer du jour au lendemain. Si au départ il avait voulu repartir sur de nouvelles bases, les anciens assentiments de Sofiane avaient rapidement refait surface : elle était là, à pleurer un homme mort sur le champ de bataille, un homme que Sofiane aurait sûrement piétiné en mission s’il l’avait fallu. Survivre en temps de guerre, c’est écraser les autres. C’est ainsi. Pour autant, lorsque Sofiane avait connu Timothy, ce qui l’avait frappé, c’était Charly. Le lien qu’ils avaient ensemble, la relation qui les unissait, Sofiane n’avait jamais compris pourquoi cela l’attirait avant de se rendre compte qu’il cherchait également quelqu’un à contrôler, quelqu’un qui lui serait dévoué corps et âme. Il a longtemps cherché cette personne avant de se rendre compte qu’il n’était pas capable de maintenir des liens constants avec quelqu’un et qu’il ne s’épanouissait que dans la dépendance. Retomber à nouveau sur Charly, c’était aussi replonger dans les abîmes, en somme, faire n’importe quoi. Encore. Pourvu qu’on l’aime. Elle faisait du FreeRun, bien, il en fera aussi. C’est alors bille en tête qu’il avait commencé à pratiquer, s’entraînant chaque jour durant des heures pour arriver au niveau qu’il a aujourd’hui. Bien sûr que c’est déraisonné, bien sûr qu’il ne s’agit là qu’un subterfuge, une ruse, un mécanisme de défense présent uniquement pour tromper son esprit déstructuré. Dire qu’il se complaît dans cela est un doux euphémisme, il ne sait tout simplement pas comment faire autrement.

Alors que Sofiane s’est plus ou moins évertué ces derniers mois à maintenir une certaine distance entre lui et Charly -d’abord par pragmatisme, hors de question de se rapprocher d’elle sans avoir les armes pour la séduire-, l’accomplissement et les compétences acquises en FreeRun lui donnent l’impression d’avoir une certaine légitimité à fréquenter Charly. Alors, de façon sournoise, il l’a laissé se rapprocher de lui, l’encourageant probablement inconsciemment dans cette voie. Il ne s’agissait plus vraiment de jeux d’enfants désormais et Sofiane s’en rend bien compte : il n’est désormais question que ce qu’il veut. Et ce qu’il veut, c’est elle. Les derniers moments passés en tête à tête avaient suffi à faire monter en lui le besoin irrépressible de la posséder, dans tous les sens du terme. Et Charly rentre dans son jeu, sans se douter à quel point elle s’aventure sur une pente dangereusement glissante sur laquelle elle y laissera des plumes. Il n’est pas question de la bercer d’illusions. Cela finira mal, c’est certain. Mais Sofiane conserve pour lui ses idées macabres tout en sachant qu’un jour -et il ne saura jamais si ce jour est proche ou non-, la dégringolade sera sévère. Sofiane a toujours fonctionné ainsi, alternant entre les phases où il se sent mieux et les phases d’effondrement social où tout s’écroule. Étrangement, celles-ci coïncident souvent avec les pertes affectives qui viennent teinter son parcours marqué de ruptures -au sens large du terme-.

Lorsque Charly évoque d’une manière absolument pas subtil leur dernier entraînement, un sourire carnassier s’installe sur les lèvres du jeune homme. « Je veux bien te croire. » Les corps à corps, c’est intéressant. N’importe lesquels d’ailleurs. Que ce soit la peau chaude d’une femme contre la sienne lors d’un rapport sexuel ou le corps froid d’un homme que l’on torture, c’est du pareil au même pour Sofiane : les deux lui apportent une jouissance extrême. « Cela ne t’irait pas le rôle de la demoiselle en détresse. » dit-il sans détour. Charly, attendre qu’un homme vienne la secourir ? Il n’y croit pas. Elle serait plutôt du genre à tout faire pour de débarrasser de son assaillant, peu importe la manière. Sofiane hausse les épaules lorsqu’elle lui fait remarquer que grâce au boulot merdique d’un des collègues de Sofiane, celui-ci s’est retrouvé sur le toit ce soir, ce qui a permis leur rencontre. « C’est vrai. T’as toujours tendance à voir le verre à moitié plein non ? » Sofiane, c’est tout l’inverse. Envisager le pire, toujours le pire. « Et quel trépied. Le meilleur d’entre tous. » dit-il d’un ton sec. Bien sûr que Sofiane croit en ses capacités, il est bon dans ce qu’il fait et dans ce qu’il maîtrise et il le sait. Après avoir essayé le téléphone de Charly, Sofiane propose rapidement de passer aux choses sérieuses. Des photos, c’est sacré. On n’utilise pas n’importe quoi pour capter la lumière ou pour trouver la prise de vue qui rendra justice à la beauté de la jeune suédoise. Malgré tout, les photos du réseau social de la jeune femme ne sont pas affreuses, loin de là mais Sofiane souligne simplement que cela pourrait être mieux. Une lueur étrange traverse son regard alors qu’il s’abonne au profil de la reporter, ainsi, il pourra surveiller. Et surveiller les autres, ceux qui se mettent en travers de son chemin. « Je ne dis pas qu’elles sont nulles. Pour du matériel amateur, c’est même plutôt bon. » concède le jeune photographe. Quelques remarques sur Charly plus loin, un sourire narquois s’installe sur les lèvres de Sofiane lorsqu’elle lui renvoie le compliment. Bien sûr que Sofiane est conscient de l’effet qu’il fait aux femmes. Même s’il n’a jamais été du genre à se taper tout ce qui bouge, il n’a jamais eu besoin de faire beaucoup d’effort lorsqu’il le voulait.

Le temps des premiers clics et Sofiane se rend compte que Charly n’est pas habituée à cela. Mais qui l’est ? La plupart des gens déteste être derrière l’objectif, on se sent épié, on se sent mal à l’aise à l’idée que chacun de ses faits et gestes seront bientôt figés pour l’éternité sur la photographie. Mais Charly se prête au jeu et Sofiane également. Gardant son sérieux et son air spécialiste, il s’évertue à obtenir les clichés les plus professionnels qu’ils soient. Charly adopte des postures de moins en moins conventionnelles et Sofiane parvient néanmoins à garder son calme malgré que certaines d’entre elle marquent délicieusement chacune de ses courbes. Lorsqu’il pense avoir terminé, il se rapproche de Charly mais la jeune femme s’avance vers le bord du toit et d’un geste absolument gracieux que Sofiane serait bien incapable de reproduire, elle se retrouve la tête en bas, le corps perpendiculaire au sol. La bouche de Sofiane s’assèche quand ses yeux s’arrêtent sur le fessier rebondi de la jeune femme. Putain. Il mitraille et se ressaisit lorsqu’elle retrouve le sens normal de la gravité. Il lui montre un premier jet qu’elle semble apprécier. « Moi aussi. » admet-il.  Bien sûr qu’elle est magnifique. Charly. Pas la photo. Quoi que… Les deux le sont finalement.

Après avoir réalisé les photos que Charly nécessitait pour son compte Instagram, Sofiane décide de prendre les choses en main et de penser qu’à sa gueule. Des photos de face, cherchant à capter le grain de peau parfait de Charly, c’est ce dont il a besoin. Charly se prête au jeu pendant de nombreuses minutes avant que chacun estime que cela est suffisant. Sofiane fait ensuite défiler les photographies en cliquant sur la flèche tandis qu’elle le complimente sur son travail. « Avec un modèle comme toi, c’est pas bien difficile. » Ok, c’est un art de prendre une photo. Mais une photo d’un modèle moche, cela reste une photo prise sous un bon angle avec un modèle moche. On ne fait pas de miracle non plus. Sofiane continue de faire défiler les photos, zoomant à plusieurs reprises sur le visage de Charly pour admirer son sourire. Il est si concentré qu’il sent à peine le bras de Charly dans son dos et ne voit pas Charly sortir son téléphone. Il relève la tête pour regarder ce qu’elle fait pile au moment où ses lèvres se posent sur sa joue et manquent à quelques centimètres sa bouche. Sofiane frissonne à ce contact mais ne sait pas comment réagir à ça. Il s’est laissé surprendre, obnubilé par les clichés réalisés. Elle s’éloigne de lui et il fronce les sourcils. « C’est mort. » dit-il lorsqu’elle annonce qu’il finira dans sa story. Il s’approche mais tel un combat, tandis qu’il s’approche, elle s’éloigne. Sofiane bouillonne intérieurement et il tente d’attraper le téléphone sans user de la force. S’il s’écoutait, il lui attraperait fermement le bras et cela serait réglé mais il se contient. Il se rend compte que la situation amuse énormément Charly et cela l’empêche d’être désagréable. « Génial. » dit-il lorsqu’elle dit que c’est pour le remercier. Loquace Sofiane, comme toujours. Sofiane cherche encore à récupérer l’Iphone à tout prix mais celui-ci disparaît dans la poche arrière du jean de Charly. Si elle croit l’empêcher ainsi. « Tu vas pas t’en tirer comme ça. » Sofiane bondit enfin sur elle, lui attrapant fortement l’un des poignets pour l’empêcher de le pousser. Avec son autre main, il appuie sur le creux de ses reins pour la forcer à se coller contre lui. Charly se débat mais son objectif en tête, Sofiane tient bon. D’un geste maîtrisé, ses doigts glissent dans la poche de Charly, effleurant au passage la peau de son dos. Le téléphone termine dans son jean à lui tandis qu’il maintient toujours l’un des poignets de la jeune femme et repoussant du coude l’assaut de l’autre main de Charly. Il baisse la tête et ses yeux rencontrent le bleu des iris de la reporter. Un silence s’installe tandis qu’il sent le souffle de Charly dans le creux de son cou. Sans réfléchir, il lâche son poignet et ses doigts viennent effleurer la peau de sa nuque. Tel un aimant attiré par elle, il scrute avec attention les lèvres qu’il avait eu envie de goûter lorsqu’ils s’étaient retrouvés l’un contre l’autre à la salle d’entraînement. Sans se poser davantage de questions, il se penche vers elle et vient écraser ses lippes contre les siennes.
 

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Jeu 5 Aoû - 0:19

Sofiane & Charly
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D’une menace par flingue à un shooting improvisé, il n’y avait qu’un pas. Je savais que Sofiane faisait de la photographie. C’était même son travail après tout. Mais je devais avouer que j’ignorais tout du talent qu’il pouvait posséder dans ce domaine. A bien y penser, je ne connaissais pas si bien que cela Sofiane. Il restait très secret sur son histoire. Bien sûr, j’avais notions des brides principales qui entrelaçaient son passé. Celles qui se nouaient en commun avec les miennes. Ces terres de guerre, ces années que nous avions partagé sans même penser nous revoir un jour. C’est étrange de réaliser à quel point l’univers peut se montrer petit. Il est comme un fantôme. Une ancre qui m’accroche à ces souvenirs lointains. Ces souffrances, ces terreurs. Ces morts. Sa mort. Ce serait mentir si je n’admettais pas que l’ancien soldat me rappelait les lueurs des vestiges douloureux de mon histoire. Il ne ressemble en rien à Tim. Il était aussi solaire que Sofiane est sombre. Pourtant la liaison est facile. Peut-être trop. Il est le lien tangible, concret de ce qui n’est plus dans mon monde. Peut-être que c’est pour ça que je lui pardonne toutes ses bizarreries. Ces instants où ses réponses pouvaient vous glacer totalement. Parce qu’il a été forgé dans ce milieu lui. La souffrance et la guerre. C’était son pays. Le sang versé pour sa Terre dans une société bourrée d’égoïsme qui jouait avec les ficelles invisibles de nos carcasses pour mieux nous manipuler. Qui ressortait de là sans faille et blessure ? Personne, chacun à son échelle. Et puis Sofiane n’est, heureusement, pas que ça. J’aime discuter avec lui. Il a une intelligence fine et une vision accrue de ce qui l’entoure. Son répondant tandis qu’on se cherche me plaît aussi. J’apprécie également sa franchise même si elle peut être brutale. D’ailleurs lorsqu’on s’est entraîné, il n’a pas cherché à se mettre à mon niveau. Cela avait été à moi de puiser dans mes ressources pour parvenir à combattre. Même si cela semblait rude, c’était quelque chose que je voulais. Et puis… cela avait basculé. Comme si je m’étais finalement dit ‘pourquoi pas’ ? Après tout, pourquoi pas ? Je n’étais pas timide, quand un mec me plaisait, je le faisais comprendre. Ma vie sentimentale était totalement décousue depuis le départ de Tim. Et cela m’allait très bien comme ça. Je ne saurais dire pourquoi je n’avais jamais cherché plus avec Sofiane. Peut-être parce qu’il ne semblait pas intéressé. Peut-être à cause de tout ce qu’il représente finalement.

D’ailleurs alors que j’évoque notre dernier entraînement le sourire qui étire ses lippes n’a rien d’innocent. Nous nous tournons clairement autour depuis. Je repense un instant à ce fameux corps à corps qui est loin de m’avoir laissée indifférente. Autant le dire, avec Ambrose on a jamais dérapé. Je ne sais pas ce qui a pu ainsi changer entre le Syrien et moi, mais c’est un fait : il y a une putain d’attirance entre nous. Quand je repense à Doryan qui clamait que c’était mon sexfriend… Il était loin du compte. «Enfin… Merci ça fait plaisir à entendre. » Un sourire s’installe sur mes lèvres. La demoiselle en détresse n’est pas un rôle qui m’est vraiment destiné. C’est plutôt celui de la fonceuse qui réfléchit après coup qui m’irait le mieux… Lorsqu’il me demande si j’ai tendance à voir le verre à moitié plein, je hausse doucement les épaules. « J’essaie oui. » Bien sûr qu’après toutes les embûches que j’avais traversées, j’aurais pu être bien plus pessimiste. Je ne sais pas vraiment ce qui m’a fait tenir. A quoi je me suis accrochée. Mes frères, mes amis. Mes parents aussi. Et puis, il y avait le parkour. J’aimais cette sensation d’adrénaline. Le danger exaltant qui menaçait à chaque saut voilant la possibilité d’une chute probable. J’avais besoin de ses vibrations à haute tension pour tenir et ne jamais sombrer. J’étais une pile électrique. Toujours à bouger, à rire, à relever un défi. Tout ça, ça permettait de ne pas penser, car lorsque cela arrivait, cela devenait très compliqué.

Je ris alors qu’il me dit qu’il est le meilleur trépied. Je veux bien le croire… Sûrement le plus sexy trépied du marché. « Et ça va être encore mieux vu que j’ai embauché un super trépied qui fait aussi les photos. » Mon ton est taquin et amusé. J’aime bien le chercher… La séance photo commence. Je mets à profit ma nouvelle idée de faire des postures de yoga. Même si c’est au travers de son objectif que Sofiane m’observe, j’ai une conscience accrue de son regard sur moi. Est-ce que j’en joue autant que cela échauffe mes nerfs à fleur de peau de le savoir ainsi me scruter ? Un peu.  Je jette un oeil aux photos et elles sont magnifiques. Tout autant que la seconde fournée qu’il mitraille à visage découvert. Je prends le compliment d’un sourire alors qu’il dit que je suis un modèle qui lui permet de faire de belles images« Imagine si on prépare un peu avec des tenues et tout. Ca pourrait faire des clichés géniaux. » Et tandis qu’il continue de regarder les photographies, je le prends par surprise avec mon selfie et ça devient rapidement un jeu du chat et la souris. La souris tentant de s’extirper pour parvenir à poster la  photo. Evidement, l’ancien Soldat n’en a aucune envie… Je glisse le téléphone dans ma poche arrière, mais cela ne semble pas franchement arrêter les assauts de Sofiane.

Alors qu’il m’agrippe le bras pour m’attirer contre lui, ce n’est plus seulement de son regard dont j’ai pleinement conscience… c’est de sa chaleur contre moi. Son odeur boisée m’enlace soudainement. Un frisson descend le long de mon échine à mesure du mouvement de sa main dans mon dos. Je tente de l’empêcher de s’emparer de mon IPhone en vain. « Tss… je l’ai déjà posté de toute façon. » Ce qui était vrai. J’avais voulu détourner son attention. Je ne m’étais juste pas préparée à me retrouver contre lui. Jeux de mains, jeux de vilains, paraît-il… Mon regard s’accroche au sien et nous sommes bien trop proches. Je ressens la tension remonter lentement dans mes entrailles et mon palpitant s’embrase là mesure qu’il me relâche et que ses doigts viennent effleurer ma nuque. Ses pupilles dilatées sur ma bouche me font complètement oublier mon téléphone dans sa poche. Ma main qui était libre se crispe légèrement sur le tissu de son t-shirt que j’avais empoigné. Et elle se resserre totalement quand ses lèvres viennent à la rencontre des miennes. L’autre qu’il a libéré à l’instant s’agrippe sa nuque.

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Charly Rosebury & Sofiane Rasak ||  Mi-septembre 2020

Sofiane ne s’attendait pas à cela en se hissant sur les hauteurs de la bibliothèque municipale dans le vide. Cherchant le calme, la quiétude, la tranquillité, la tornade blonde vient de bousculer son programme nocturne. Il est vrai que si Sofiane espérait retrouver sur les toits sa solitude tant chérie, la présence de Charly venait annihiler ses envies d’isolement. Charly a toujours eu cette place spéciale pour Sofiane ; une femme désirable, symbole des stigmates de son passé, devenue au fil des mois uns obsession qu’il tente tant bien que mal de refreiner. Elle lui rappelle la Syrie, elle lui rappelle la guerre, elle lui rappelle ce qu’il a perdu et ce qu’il ne veut plus perdre, elle lui rappelle qui il est et ce qu’il est. Depuis leurs retrouvailles fortuites au Blood Circle, les idées confuses de Sofiane le laissent croire qu’on la mise sur son chemin de manière délibérée. Et si au début il ne voyait pas en elle la possibilité d’une relation sérieuse, il l’envisage sérieusement depuis quelques temps, depuis l’entraînement. Il a bien tenté de ne pas se laisser aller sur cette pente qui sera glissante -et il le sait- mais rien ne peut l’empêcher de laisser libre court à ses pensées et ses idées sombres. Sofiane la veut, il la veut pour lui seul et s’opposera à tout ceux qui se mettront en travers de son chemin. Il tente tant bien que mal à dissimuler ses sombres travers mais ceux-ci se fracassent dans sa tête et se rappellent à lui à chaque fois qu’il la voit ; son visage est un retour en arrière, un retour dans un passé douloureux dont il ne pensait plus vouloir. Mais elle est aussi l’emblème de ses fêlures, de ses blessures. Nul ne peut mieux comprendre qu’elle. Est-ce pour cela qu’il a jeté son dévolu sur la jeune reporter ? Peut-être. Il a essayé, longtemps, de ne pas sombrer. Car il sait où cela va se terminer ; dans la souffrance. S’épargner cela serait plus judicieux mais l’esprit torturé de Sofiane n’en a pas décidé ainsi.

S’il s’attendait à se retrouver en train de prendre Charly en photo sur le toit ce soir… Pourtant, il est bien là, en train de mitrailler chaque parcelle visible de sa peau, chaque grain, chaque petite mèche de cheveux rebelle qui s’envole face au vent avec cette lumière magnifique du couché de soleil en arrière plan. Charly lui dit qu’avec d’autres tenues, les photos pourraient être grandioses. Un sourire amusé s’installe sur les lèvres de Sofiane alors qu’il répond : « Quand tu veux. » Cela donnera une autre occasion de la revoir dans des instants un peu plus intimistes, peut-être un peu plus loin de l’ambiance du Blood Circle. S’il veut s’imposer dans son existence, il doit être présent dans toutes ses sphères de vie et pas uniquement celles qui concernent le BC ou le parkour. En tout cas, avec cette idée en tête, la séance photo ne fait qu’accentuer les désirs grandissants de Sofiane, ne fait qu’accentuer son envie d’être plus proche d’elle. Elle lui fournit la raison sur un plateau d’argent alors qu’elle le surprend à l’improviste avec son selfie.

 

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Mar 24 Aoû - 1:52

Sofiane & Charly
⚜  Et dans la douceur du soir, je sens que le monde a changé ⚜

Parfois, nous ne pouvions réellement pas nous douter de ce que l’avenir nous réservait. La journée avait été longue et ennuyeuse. Je me vois encore au bureau, étalée sur ce dernier à fixer d’un oeil endormi mon écran. J’avais besoin de bouger et d’être sur le terrain. Alors même si j’avais arrêté ces reportages fous en terre de guerre, ces instants de réunions obligatoires dans la tour de BBC, c’était affreux. C’est ainsi que je m’étais retrouvée à virevolter d’un bâtiment à un autre en cette fin de journée. Je n’avais rien prévu, encore moins de croiser quelqu’un dans les hauteurs de Londres. Je devais admettre qu’il fallait le faire, mais quand le destin avait décidé pour nous, il n’y avait rien à faire. Si ce n’est prendre les choses comme elles viennent. D’ailleurs, n’est-ce pas le résumé de notre relation avec Sofiane ? Quelles étaient les chances que nous nous retrouvions ici, en Angleterre ? Au sein même Blood Circle ? Plus encore qu’il ait rencontré celui que je considère comme un frère, mon ange salutaire ? Je l’avais fréquenté des semaines. Des mois. Il y a de cela des années. Ne pensant jamais le revoir. Sans m’en approcher tant à l’époque il avait une aura étrange. Une aura qui dérange. Ma vie n’avait de sens qu’autour de Tim. Le reste me semblait presque facile tant qu’il était là. Il me donnait cette force et ce courage que j’ai perdu alors qu’il s’en est allé. Tout m’a paru plus sombre, plus dur sans lui. Et Sofiane ne faisait plus tant désordre au milieu de ce chaos dans lequel je m’engouffrais, car il y semblait à sa place. Me révélant notre triste réalité tandis que je me retrouvais désarmée dans cette folie guidée par la main des hommes. Et puis je L’avais oublié, comme bien d’autres que j’avais croisé là-bas. Jusqu’à ce que nos routes se trouvent à nouveau. Comme ce soir.

D’une plaisanterie à une autre, nous avions donc improvisé cette séance de photographies sur les toits de la bibliothèque. Et il n’y avait pas à dire, Sofiane était doué pour user de son reflex. Je ne peux m’empêcher de voir plus loin et d’imaginer un travail plus préparé en termes de tenue ou même d’endroits. La plupart du temps, je fais des choses assez élégantes avec des robes qui s’étiolent au vent, une vue magnifique ou encore un jeu de posture selon les lieux et leurs possibilités. En compagnie de Sofiane, soudainement, tout semble réalisable et je me plais à me projeter dans ces entrevues où nous pourrions faire des choses superbes. J’aime jouer avec le côté taciturne du Syrien. Déjà que je fais souvent tourner les gens en bourrique, avec Sofiane, c’est encore plus facile, car il réagit au quart de tour. Comme en cet instant où je le surprends alors que je le prends en photo sans qu’il ne s’y attende. Mais un geste en entraînant un autre, notre proximité soudaine après ces quelques semaines à se chercher nous est fatale.

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Sofiane Rasak
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Ven 27 Aoû - 11:18
Et dans la douceur du soir
Je sens que le monde a changé
Charly Rosebury & Sofiane Rasak ||  Mi-septembre 2020

Comment imaginer un seul instant que cette soirée se déroulerait ainsi ? Sofiane avait simplement voulu échapper durant quelques heures à la réalité de la vie en ville. Londres a beau être la capitale du pays, parfois, les paysages syriens se rappellent à lui et il se demande ce qu’il peut trouver à ces buildings toujours plus hauts, à ces immeubles toujours plus imposants et le bruit incessant de la circulation des véhicules qui rentrent à leur domicile. Pour Sofiane, les intonations des explosions sont presque plus rassurantes que celles des klaxons, celles-ci lui permettaient de se souvenir qu’il n’est pas invincible. Ici, c’est différent, la guerre entre les sorciers et les Blood Circle n’en est pas vraiment une ; il n’y a pas d’armées, pas de troupes, pas de régiments prêts à se lancer dans une guerre de tranchée. Ici, le conflit est plus insidieux, plus subtil, moins dans les effusions de sang. Le Blood Circle utilise davantage la propagande pour convaincre, moins que la force ou la contrainte. Le jeune homme se demande parfois ce qui le retient ici, ce qui le retient dans ce pays qui ne lui a rien donné si ce n’est un casier judiciaire. Pourquoi est-il encore là ? Ambrose. Charly. Ils sont deux éléments de réponse, des personnes qui lui permettent de rester en vie, de demeurer sur le fil du rasoir et de ne pas se fracasser sur une pente glissante, de ne pas sombrer dans la noirceur. Sofiane profite, il exulte, il sait que les liens qu’il tisse avec les gens sont éphémères et qu’un jour, cela se terminera dans la souffrance, dans les cris, dans les peurs, et dans un accès de colère, peut-être dans la mort. Il est préparé à cela, à ce jour où il commettra l’irréparable, à ce jour où poussé dans ses retranchements, il déversera sur l’objet de ses désirs une rage incontrôlable.


Au bout d’un moment, il repousse Charly qui s’installe à ses côtés. Il passe la main dans ses cheveux, tentant de reprendre doucement ses esprits. Alors que ses désirs viennent d'être assouvis par cette partie de jambes en l'air inopinée et expéditive, Sofiane a désormais une autre idée en tête. Sans rien dire, il s’assoit en tailleur, toujours complètement nu et attrape son appareil photo. Sans demander l’autorisation, il mitraille Charly à nouveau. Son corps nu lui fait un effet de dingue. Charly va hurler à la seconde même où elle comprendra ce qu’il est en train de faire mais il s’en fiche. Voir dans l’objectif sa silhouette dénudée vaut tous les hurlements du monde. « Tais-toi. » intime-t-il d'un ton autoritaire qui n'appelle à aucune discussion avant même qu’elle n’ouvre la bouche. « Tu es magnifique. » dit-il d’une voix rauque. « Je te laisserai la carte SD si tu veux. » concède-t-il pour la rassurer, pour qu’elle le laisse faire ce qu’il souhaite. Car maintenant qu’elle est ainsi dévêtue devant lui, s’offrant à lui, il veut tout photographier : chaque parcelle de sa peau, ses cicatrices, ses yeux, chaque courbe de son corps. Et il veut la garder pour elle, rien que pour lui, que personne d’autre ne la regarde, que personne d’autres n’ose poser les yeux sur elle. Elle est sienne désormais et celui qui se mettra en travers de son chemin subira sa folie. Le cœur de Sofiane bat à la chamade à cette idée et il sent un long frisson traverser tout son corps.
 

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Mer 1 Sep - 1:55

Sofiane & Charly
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Je me glisse sur le côté après de longues minutes sans bouger. J’attrape ma culotte qui n’a pas volé très loin afin de ne pas avoir les fesses à même le sol. Assise, les genoux repliés vers ma poitrine, j'observe l’horizon qui s’est obscurci. Nous sommes dans une pénombre interrompue par les lueurs émanant de fenêtres voisines. Je ne sais pas réellement à quel moment tout a basculé, mais c’est comme si nous n’avions attendu que cela durant des mois. Je le connaissais depuis si longtemps que l’idée même de flirter avec Sofiane ne m’avait jamais traversé l’esprit jusqu’à cet entraînement où notre relation avait particulièrement changé. C’était la première fois que nous avions pratiqué ensemble. Nos blessures subies lors de cette dernière mission semblaient nous avoir liées d’une certaine façon. Son regard sur les griffes qui marquaient ma chair m’avait rassurée. C’était la première fois que nous étions si proches. Comme si j’ouvrais les yeux pour la première fois… Je n’étais pas aveugle bien sûr et j’avais déjà noté que le Syrien était canon, mais jamais je n’aurais imaginé un jour finir au creux de ses bras. C’était un lien étrangement complexe qui nous unissait. Ce passé tangible et fragile. Ces réminiscences… C’était compliqué de voir Sofiane sans penser à l’armée, à la guerre. A Tim. Est-ce que quelque part je me complaisais à travers lui ? Ayant l'impression de revivre un temps désormais révolu, le rendant ainsi presque palpable ? Je ne connaissais que peu de ses secrets. Je ressentais son âme écorchée à vif. Cette aura sombre qui l’enveloppait. Il était singulièrement le miroir de mes souffrances. Je savais que nous en partagions des communes même si nous les avions vécues différemment. C’était un imbroglio auquel je ne préférais pas penser, car malgré ses quelques curiosités, j’appréciais l’ancien soldat. Coucher avec lui n’était pas prévu, mais après tout, autant joindre l’utile à l’agréable… Perdue dans les méandres de mon esprit, c’est le bruit de l’appareil de Sofiane qui me sort de mes réminiscences. Mon regard se tourne brutalement vers lui, mes bras encerclant rapidement mes genoux afin de me couvrir au maximum. Lorsqu’il me dit de me taire, la colère doit se lire dans mes iris. Je m’apprête à lui répondre que je l’emmerde, mais le compliment qu’il me fait sans même me laisser le temps de parler m’électrise. Malgré tout, il ajoute qu’il me donnera la carte mémoire de son boîtier. « J’y compte bien. » Pour autant, ma voix est sèche. Je ne suis pas à l’aise à l’idée d’être prise en photo totalement nue. Avec un verre ou deux de trop, j’aurais sûrement fait des miracles en pose, mais là, je garde une certaine réserve. Pourtant je ne ressens aucune malveillance dans ce qu’il fait. Je crois même que je ne me suis jamais senti aussi bien ma peau, aussi belle tandis qu’il me prend en photo sans que je n’y mette vraiment du mien. « Je voudrais pas que tu t’astiques sur mes clichés… » Ma voix vient finalement rompre le silence. Mon regard cherche le sien, mon ton s’est fait un peu moqueur. Je m’étire, mes bras se levant dans les airs, étendant une jambe devant moi, profitant des derniers spasmes voluptueux qui me traversent. La taquinerie pour lui montrer que je lui fais confiance, je me détends dans mes gestes, sans réellement chercher à prendre la pose. Juste à prendre plaisir dans l’instant présent.
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Jeu 2 Sep - 22:24
Et dans la douceur du soir
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Charly Rosebury & Sofiane Rasak ||  Mi-septembre 2020

Sofiane reprend doucement son souffle, laissant son buste se remplir lentement d’air tandis que son palpitant tambourine à tout rompre. Il ne peut s’empêcher de faire part à sa partenaire son sentiment d’exaltation. Pourtant, Sofiane n’en est pas à son coup d’essai, il a trente ans passés et de nombreuses partenaires ont partagé son lit mais jamais il n’avait éprouvé autant d’émotions contradictoires en baisant une femme. « Je vais prendre ça pour un compliment. » Sofiane ricane doucement tandis que la voix de Charly est légèrement rauque et enrouée, victime de l’orgasme qui vient de la submerger. Il n’ajoute rien mais n’en pense pas moins. Charly a ce sens de l’humour particulier oui c’est l’hôpital qui se fout de la charité mais Sofiane apprécie qu’elle soit ainsi. Charly, c’était une partie de son passé, elle le renvoie des années en arrière et il s’engouffre sans ménagement sur cette pente dangereuse, prêt à succomber à nouveau à la folie sanguinaire des champs de bataille. Pire encore, il en redemande alors qu’il cherchait depuis plusieurs années à tirer un trait sur ce pan de son histoire ; comme quoi, il est si facile de replonger dans d’anciens travers.

Leurs corps se séparent au bout d’un moment et Sofiane profite du fait qu’elle remette sa culotte pour attraper son appareil photo et la bombarder. Comme il s’y attendait, à travers l’objectif, il voit sa fureur s’animer puis s’éteindre presque aussi rapidement lorsqu’il lui dit à quel point il la trouve belle. Belle comme ce n’est pas permis de l’être. Le contraste entre eux est flagrant. Sofiane est sombre, ses cheveux d’un noir de jais, sa peau brunie par le métissage et ses origines syriennes. Charly est si solaire avec sa belle chevelure blonde, son épiderme si pale. Comment ne pas se rendre compte qu’ils ne sont pas assortis ? Mais Sofiane trouve au contraire qu’ils se ressemblent bien plus qu’il ne le faudrait, bien plus qu’ils ne le devraient. La même souffrance les anime et même si Charly tente par tous les moyens d’en sortir, Sofiane l’attire au contraire au fond du précipice. Sans le savoir peut-être, sans s’en rendre compte. Mais il le sait, il n’est pas un homme pour elle. Mais il assume sans complexe de la faire sombrer avec lui dans la noirceur, parce qu’il le sait, il la veut et s’il la veut, il ne pourra pas aller contre ses envies morbides. Ses envies si particulières qu’il ne peut combattre, qu’il ne parvient pas à combattre. Il voulait Charly et maintenant qu’il l’a, il la veut que pour lui, sans concession.

Charly n’est pas à l’aise devant l’objectif de Sofiane qui continue de la mitrailler mais nul besoin de sa nudité pour capturer de jolis clichés tandis qu’il tourne autour d’elle, oubliant qu’il est nu comme un ver. Il s’agit d’immortaliser chaque moment, chaque parcelle de sa peau avec une certaine pudeur, en dévoiler sans trop en dévoiler. Sa réserve la rend encore plus désirable à ses yeux et un rire rauque s’échappe de la bouche du photographe lorsqu’elle parle ouvertement de masturbation. Il ignore encore si elle dit ça pour le provoquer ou parce qu’elle n’a pas envie qu’il voit à quel point cette séance photo inopinée la dérange. « J’aurai pas besoin de ça pour ça. » dit-il simplement, avec la franchise qui le caractérise si bien. Il montre sa tempe et murmure : « Ça va rester gravé là. » Un sourire libidineux s’accroche à ses lippes. Le corps de Charly se détend un peu et elle le laisse faire. Il fronce les sourcils tandis qu’elle tente timidement une autre posture. Où est la femme qui dissimulait ses blessures à l’aide d’un vulgaire gilet ? Cette simple pensée arrache un nouveau sourire satisfait au jeune homme. Au bout de quelques minutes, quand il pense avoir su capter chaque grain de peau de Charly, il se réinstalle à ses côtés, regardant chacune des photos prises. Une par une. Elles sont parfaites. Toujours complètement nu, il rabat ses jambes contre son buste et regarde l’horizon pendant ce qui lui semble des heures. Une de ses mains vient doucement effleurer le dos de Charly et ses lèvres rencontrent son cou. Ses doigts viennent titiller ses blessures et Sofiane retient l’envie furieuse qu’il a d’appuyer fort pour rouvrir la plaie et voir le sang couler. Pour se calmer et penser à autre chose, il se détourne d’elle, retire la carte SD de l’appareil et la lui tend. « Tu me diras ce que tu en penses. » Puis il dit : « Je serai là tous les vendredis soirs. » La perspective de prochaines rencontres rendrait les choses bien plus concrètes dans sa tête. Ses yeux viennent scruter avec intensité les prunelles de Charly se demandant si elle va courir au fond du gouffre avec lui ou si elle va s’extraire sans se poser de questions des abîmes dans lesquels il va irrémédiablement l’entraîner.
 

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Et dans la douceur du soir, je sens que le monde a changé || SOLY III
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