Graviora manent

INRP IRL

Some wounds never heal

20h58

Un couteau de chasse cranté. Sa cape d’invisibilité. Des bandages. Un baume désinfectant. Trois fioles de force. Quelques feuilles à mâcher pour lutter contre la fatigue. Une longue corde. Une carte enchantée. Rory prit quelques minutes pour inspecter l’équipement qu’il avait méticuleusement étalé sur la vaste table de l’arrière boutique avant de tout placer dans son sac. Ce soir il repartait en expédition pour la première fois depuis bien deux semaines. Le temps était passé si vite depuis sa dernière sortie. Pourtant, le souvenir vif de la douleur tout comme le traumatisme d’être mort pendant quelques minutes étaient encore bien présents eux. Bien évidemment, il n’en avait pas touché un mot à qui que ce soit. Seule Lexi était au courant des événements s’étant déroulés cette fameuse nuit. Quand son collègue, le fils Beurk, lui avait demandé l’origine de son boitillement les jours qui suivirent, Rory resta très évasif. Une simple canne l’aidait à se mouvoir dans la boutique, n’appuyant ainsi pas trop sur sa jambe. Chaque jour, il s’efforçait de suivre les recommandations données par Lexi pour prendre soin de ses blessures. Depuis, les plaies de son flanc étaient devenues de simples balafres qui laisseraient de belles marques une fois les croûtes tombées quand à sa cuisse, c’était un peu plus laborieux. La plaie ne s’était pas infectée, elle était simplement plus longue à guérir, trop longue au goût de Rory. A présent il pouvait marcher mais continuait les soins conseillés par Lexi.

Retrouver un semblant d’aventure allait lui faire du bien ! Deux semaines et demie cloîtré dans la boutique était une véritable torture pour le jeune Barjow. Pour oublier sa condition, il s’était, comme à son habitude, plongé dans le travail. Entre confections de potions, expérimentations, commandes spéciales à honorer et négociations avec certains vendeurs. Il n’avait pas trouvé de temps pour revoir Lexi, se formalisant de deux trois hiboux pour simplement lui dire que tout allait bien et qu’il n’était toujours pas mort. A vrai dire, Rory n’était pas prêt à la revoir. Il avait besoin de temps pour encaisser ce qui s’était passé. Non seulement avait-il été réanimé par son amie mais quelque chose de plus profond et bien plus étrange s’était réveillé en lui cette nuit là. Une soudaine compulsion au contact. Son contact. Étrange quand on sait que même avec ses conquêtes d’un soir il se gardait bien tout geste affectif. Voilà que subitement il voulait la serrer dans ses bras. C’était quoi ce délire ?!
Dans un bref soupir il chassa ses pensées, s’interdisant de penser à elle. Rory vérifia une dernière fois qu’il avait tout avec lui, glissa dans sa baguette dans la poche de son long manteau noir et cria un simple « J’y vais ! » à destination de Beurk, encore installé au comptoir à discuter avec un client. Un claquement sourd retentit et voilà qu’il atterrissait à la lisière de la forêt interdite, côté Pré-au-lard. Redressant le col de son manteau sur son visage, il passa la bandoulière de son sac sur son épaule en contemplant la forêt se dressant devant lui. Se retrouver à nouveau là avait quelque chose de nostalgique pour Rory. Synonyme d’aventures, de souffrance et de si nombreuses heures de colles. Elle avait vu ses premières transformation d’animagus, ses premières grosses frayeurs et quelques sorties coquines même… A ce simple souvenir il esquissa un sourire avant de fouler le sol glacé de ses rangers noires.

La mission était simple et pas dangereuse pour un sous : récupérer divers extraits de plantes et racines situés à quelques kilomètres de là. Seul petit point de rien du tout auquel il faudrait qu’il fasse attention : c’était tout proche du territoire des centaures de la forêt. Mis à part ce détail, aucun danger apparent. Non vraiment, tout allait se passer pour le mieux ! Rory était confiant sur ce coup-ci. Bon, ok. Il était systématiquement confiant. Même lors de ses pires missions il avait été confiant alors qu’aucuns signaux n’était au vert…
Rory pénétra donc dans la forêt dans un silence religieux. S’il avait bien retenu une chose de ses nombreuses escapades c’était que le silence était un élément clé de la réussite. Il hésita même une seconde à prendre sa forme animagus mais se ravisa. Il ne s’était pas transformé depuis cette fameuse nuit et ignorait comment se porterait sa blessure sous cette forme. Mieux valait ne pas tenter le diable. Là en l’occurence il pensait surtout à Lexi qui, si elle le voyait revenir pour soigner à nouveau sa blessure, le tuerait une bonne fois pour toute…

Baguette dans une main, couteau dans l’autre, Rory avançait à un bon rythme, se laissant guider par les trouvailles sous ses pieds. Son rythme de progression était certes lent mais il s’assurait ainsi de ne pas passer à côté de petites pépites. Alors qu’il était justement accroupi, inspectant une plante afin de l’identifier au mieux, un puissant craquement attira son attention. Quelqu’un venait de transplaner non loin de là. Fuck ! Immédiatement, son rythme cardiaque s’accéléra, les pensées fusant dans sa tête. Qui pouvait venir par ici, de nuit en ce mois lugubre de novembre. Ne voulant pas prendre de risque, il éteignit sa baguette qu’il retourna contre lui. En une simple incantation il prit forme renarde et se faufila avec une agilité sans pareille derrière une ligne d’arbres, se tapissant dans les ténèbres. Les bruits de pas se rapprochaient lentement, semblant comme hésiter. Cette personne semblait chercher quelque chose. Contournant le visiteur nocturne, Rory gardait ses distances sans pour autant le perdre de vue. L’avantage de sa forme animagus : pouvoir évoluer sur le sol sylvestre sans faire un boucan monstre. Il finit après quelques minutes par arriver derrière la silhouette sombre. A plusieurs mètres d’elle, il se rapprocha lentement mais une brindille sur laquelle il marcha le trahit. Dans un mouvement brusque, l’intrus se retourna pour lui faire face, Rory se figea sur place, les oreilles baissées. C’est à la vue de ce visage familier qu’il reprit forme humaine, agitant sa baguette dans un lumos tout juste soufflé. « Lex’ ?! » Prononça-t-il en s’avançant vers la jeune femme. Les sourcils légèrement froncés par la surprise, il avait du mal à croire à une coïncidence. En se rapprochant de son amie, Rory se souvint de la raison pour laquelle il ne l’avait pas revue depuis cette fameuse nuit. A peine avait-il posé son regard sur elle qu’une sensation étrange vint le titiller. La gêne de leurs précédents échanges ? Ce geste « déplacé » qu’il avait eu envers elle ? Allez savoir mais quelque chose n’était pas comme d’habitude. Deux semaines et demie éloigné d’elle n’avait pas été assez long pour s’en débarrasser. Merde, merde, merde. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Finit-il par lui demander. Son explication à lui était toute trouvée mais elle… ? Il jeta un bref coup d’oeil au ciel pour s’assurer que ce n’était pas une nuit de pleine lune. Non. Qui sait, elle aurait pu voir Kesa’ avant l’une de ses transformations pour lui faire tester une nouvelle potion tue-loup de sa confection… C’était d’ailleurs la seule option probable qu’il voyait à sa venue ici.

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Some wounds never healLisière de la forêt interdite || Mi-novembre 2020 || ROXI II Lexi passe la porte de la boutique Barjow & Beurk et se dirige vers le comptoir. « Je veux voir Rory Barjow. » dit-elle sans prendre le temps de saluer l’employé et encore moins d’être polie. Elle n’a que faire des bonnes manières, elle n’a pas le temps de s’y conformer et encore moins de s’en formaliser. Elle veut voir Rory, tout de suite et maintenant. Il fait plus ou moins le mort depuis quelques jours et peut-être même bien qu’il est véritablement mort, succombant à ses blessures. Certes, elle sait bien que non. Premièrement parce qu'Alexis Fawley est une excellente médicomage et que personne ne meurt sous ses soins ~~sauf si elle l'a décidé mais chut~~. Et puis parce que rationnellement, cela aurait été dit dans la presse et il serait passé par la morgue où elle aurait bel et bien eu l’occasion de revoir ses belles blessures mais tout de même. La jeune femme se sent légèrement flouée qu’il n’est pas pris la peine de donner davantage de nouvelles après ce qu’il s’est passé au début du mois. Lexi n’irait pas jusqu’à dire qu’elle s’est inquiétée mais peut-être qu’il serait envisageable de dire qu’elle s’est légèrement tracassée. Disons qu’elle aurait apprécié avoir des réponses plus détaillées à ses courriers mais non, il s’était contenté de dire qu’il allait bien. Cela n’était guère suffisant pour Lexi et encore moins acceptable. Elle lui avait proposé dans son dernier hibou de passer à l’hôpital ou même à l’appartement pour qu’elle surveille l’évolution de ses lésions mais il n’avait pas daigné répondre. Certes, le hibou datait seulement de la veille mais Lexi n’est pas le genre de femme qui aime attendre. « Monsieur Barjow n’est pas là. » dit l’homme que la médicomage devine être un subalterne. Un employé qui ne sait rien et qui ne prend pas les décisions. Le genre d’homme avec lequel Lexi déteste traiter. « Qui le demande ? Je peux prendre un message ? » Lexi hausse les sourcils et regarde l’homme de haut. Croit-il sérieusement qu’elle va décliner son identité ainsi au premier venu ? Et qu’elle va laisser un message ? Mais bien sûr. « Je ne pense pas que cela vous regarde. » Qui est cet imbécile pour oser lui parler ainsi ? Une furieuse envie de dégainer ses couteaux la démange mais elle s’abstient. Tuer l’employé de Rory ne changera sans doute pas grande chose au fait qu’elle n’a absolument aucune idée de l’endroit où il peut être. Elle serre les poings, furieuse. « Je vais m’en occuper. » intervient une voix que Lexi connaît déjà. D’un revers de main, Beurk congédie l’employé et vient à sa rencontre. La jeune femme connaît vaguement l’associé de Rory, ils se sont déjà croisés à plusieurs reprises à Poudlard et à la boutique lorsqu’elle est venue chercher certains objets spécifiques ou certaines plantes. Elle a toujours demandé après Rory donc elle n’a aucune idée de ce qu’il peut bien savoir de la relation qu’ils entretiennent. Alors qu’elle allait ouvrir la bouche, il reprend la parole. « Rory est parti à Pré-au-Lard à la lisière de la forêt. » Lexi ouvre la bouche et la referme aussitôt. Putain le con, est la seule phrase qui lui vient à l’esprit.

Elle ne remercie pas Beurk mais lui offre un bref signe de tête en guise de courtoisie avant de transplaner directement à partir de la boutique, laissant l’homme pantois, presque amusé de la situation à vrai dire. L’atterrissage dans la forêt est rapide. Lexi referme sa veste et laisse ses yeux s’habituer à l’obscurité de la nuit. Les nuits sont fraîches désormais. Très rapidement, elle commence à scruter avec attention chaque mouvement des plantes commises par le vent, chaque bruit qu’elle entend afin de trouver la personne qui l’intéresse. Elle plisse les yeux pour déceler la lumière émanant d’une baguette magique mais elle ne voit rien. Elle est agacée. Pire, elle est exaltée. Qu’il prenne des risques en temps ordinaire, cela elle s’en accommodait bien, après tout, il est maître de son destin. Mais qu’il le fasse alors qu’il n’était sûrement pas encore complètement rétabli la sidérait. N’était-il pas conscient des risques encourus ? Souhaitait-il à ce point la mort ? Si c’était cela qu’il voulait, Lexi se ferait un plaisir de l’achever elle-même.

Elle déambule quelques mètres et fouille dans le périmètre indiqué par Beurk mais dans la nuit noire, malgré le faible faisceau lumineux de sa baguette magique, c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Lexi lève sa baguette, prête à lancer un sortilège qui l’aiderait à retrouver Rory lorsqu’un bruit suspect l’interpelle : elle se retourne brusquement, menaçant l’ombre de son arme. Une ombre drôlement familière qui se transforme rapidement à nouveau en homme. Rory se tient maintenant devant elle et lui demande ce qu’elle fait là. Un soupire agacé s’échappe de la bouche de la rouquine et elle noue sa longue chevelure auburn en un chignon haut. « Ne m’appelle pas comme ça. » Il n’y a que Kesabel qui l’appelle ainsi et Lexi se rend compte que cela lui fait bizarre qu’un autre homme utilise ce surnom. « Qu’est-ce que je fais là ?? Tu oses le demander en plus ? » Bien sûr qu’elle est fâchée. « Toi, qu’est-ce que tu fais là plutôt ! Que tu n’es aucun respect pour ton corps passe encore mais tu pourrais avoir un peu de respect pour mon travail ! Je ne me fais pas chier à te raccomoder pour que tu repartes deux semaines plus tard dans je ne sais quelle mission suicidaire qui ne sera peut-être même pas fructueuse. Et en plus de cela, je t’ai pris la main dans le sac en train de te transformer, mais franchement où as-tu la tête Rory ? » dit-elle sans s’arrêter. Malgré la pénombre, Lexi est presque certaine qu’il peut y lire toute sa désapprobation et son exaspération. Il a intérêt d’avoir une bonne raison d’être ici. « A partir de maintenant, tu me demanderas mon avis médical avant de repartir dans tes conneries. » Lexi irritée ? Si peu…

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Face au danger, il faut faire face. Voilà quel était l’état d’esprit de Rory. Pas étonnant qu’il finisse très souvent blessé au retour de ses missions « secrètes ». Il savait difficilement abandonner, lâcher le morceau. Faire face au danger physique, oui, l’émotionnel c’était autre chose… S’il n’avait eu aucun problème à envisager cette escapade, l’attendant même avec hâte qu’importe l’issue de cette dernière, revoir Lexi était une tâche insurmontable. Il avait donc préféré ignorer ses nombreux retours d’hiboux ainsi que son invitation à venir la voir. C’est ça oui, et puis quoi encore ?! Son excuse était toute trouvée : le boulot voyons ! Il en avait trop, à un tel point que c’était indécent. Raison d’ailleurs de sa présence dans la forêt interdite ce soir : le boulot, toujours lui. Entre les commandes « spéciales », les nombreux enchantements et ses expérimentations, c’était simple de ne plus voir le temps passer, d’en manquer pour lui répondre, d’avoir une excuse pour ne pas aller la voir. Après tout, ce n’était pas comme s’ils passaient déjà beaucoup de temps ensemble. Pourquoi voulait-elle subitement qu’il donne plus de nouvelles que d’habitude ? Qu’il « passe la voir » ? Ses plaies n’étaient pas un motif valable. Son arrêt cardiaque peut-être ? Non, peu probable. Depuis cette nuit là, il n’avait eu aucun problème, aucune faiblesse ou malaise. Rien ne justifiait à ses yeux que Lexi réclame sa présence. Il suivait ses recommandations, comme il l’avait toujours fait, il lui avait même envoyé des hiboux, chose qu’il ne faisait jamais après qu’elle l’ait soigné, que lui fallait-il de plus ?!

C’est donc plus que surpris qu’il lâcha ce petit surnom par lequel il aimait l’appeler, incrédule face à sa présence dans les bois. Beurk l’avait vendu. La question ne se posait même pas. Deux semaines et demie, c’était donc le laps de temps qu’il fallait à Lexi avant de se pointer à la boutique et faire cracher le morceau sur sa localisation… C’était bon à savoir. Peut-être qu’à l’avenir il éviterait de donner sa position à son associé. Surtout si c’était pour avoir à faire avec une Lexi visiblement très remontée. Allez savoir pourquoi !!!
Les hostilités démarrèrent avec une phrase pourtant si simple mais qui déclencha un ouragan en Rory. « Ne m’appelle pas comme ça. » Six petits mots. Inoffensifs au premier abord mais d’une violence inouïe. Il savait pertinemment que ceux (voire l’unique personne) à pouvoir l’appeler ainsi avaient une place spéciale pour la jeune femme. Lexi l’excluant de ce cercle le relayait au rang des connaissances, de ceux qu’elle « fréquentait ». Il était donc juste ce gars qu’elle avait connu à Poudlard et qu’elle soignait de temps en temps. Elle veut jouer à ce petit jeu ?! Très bien, jouons ! Fou de rage, son attitude changea du tout au tout. C’était fini le gentil Rory. Dire qu’il lui avait fait confiance pendant tout ce temps, se montrant relativement agréable, même sympa avec elle. Trop bon, trop con. Il s’en mordait les doigts. Elle allait découvrir cette autre facette, celle que tous les autres connaissaient. Un aspect de sa personnalité que Lexi avait déjà pu observer de loin seulement à Poudlard. Le visage crispé par la colère, ses prunelles sombres la toisaient avec froideur.

Il la laissa parler, ne pouvant s’empêcher de jeter des regards dans l’obscurité, guettant un potentiel danger attiré par les vociférations de Lexi. C’était elle qui allait leur causer des problèmes à parler si fort. Était-elle complètement inconsciente ou le faisait-elle exprès justement pour lui prouver qu’elle avait « raison ». Mais elle la ferme jamais, putain ?! Non mais sérieusement, c’est quoi son problème. Rory bouillonnait de rage, serrant avec force sa baguette d’une main et son couteau de chasse de l’autre. Ses paroles, son attitude, son arrogance. Tout l’exaspérait. De quel droit se permettait-elle de le traiter de la sorte. Il n’avait aucun compte à lui rendre. Une fois qu’elle eut fini de prononcer sa dernière insulte à son égard, il la dévisagea longuement. Sa respiration lourde laissait transparaître à quel point il contenait sa colère, la fixant sans un mot. Il redressa finalement la tête, plaça sa baguette dans une poche de son blouson et plaça la lame de son couteau entre ses dents. Toujours sans un mot il défit son manteau pour en écarter le pan gauche et remonta son pull dévoilant son ventre et son flanc. Il dirigea sa baguette pour illuminer ses plaies devenues trois grosses balafres dont on voyait clairement que la croute ne tarderait pas à tomber. Après quelques instants, il rabaissa son pull et défit son jean. Il baissa le tissu suffisamment pour laisser apparaître le pansement de gaze d’un blanc immaculé. Rory en décolla un pan pour lui dévoiler la blessure la plus conséquente. Cette dernière était d’un rose foncé presque rouge, signe de son excellent état. Pour cause, il en avait pris le plus grand soin, marchant avec une canne pendant plus d’une semaine ! Aucun saignement apparaissant, pas de couleur inquiétante, tout allait bien. Il allait bien. Certes il ressentait parfois un pincement s’il marchait trop vite ou faisait certains mouvements mais sa blessure était en bonne voie de guérison. Il replaça alors le pansement et remis son pantalon avant de récupérer son couteau.

Sans prononcer le moindre mot, le regard toujours noir de colère, il s’avança doucement vers Lexi et, alors qu’à peine un mètre les séparait, il siffla entre ses mâchoires crispées. « Satisfaite ? Maintenant… Baisse.D’un.Ton…Fawley. » articula-t-il dans un murmure. Malgré son timbre sonore réduit, la rage qui en transparaissait était glaçante. Lexi n’était pas contente ? Elle n’était pas seule et Rory n’allait pas lui faire de cadeaux. « Je travaille là ! Et c’était une mission tout ce qu’il y a de plus normale et simple avant que tu débarques en beuglant comme une harpie ! As-tu simplement conscience d’où on se trouve ?! Avant ton arrivée tout se passait bien. Je ramassais tranquillement les ingrédients dont j’avais besoin mais tu viens de tout compromettre. C’est toi qui rends maintenant la situation dangereuse ! Je serais passé complètement inaperçu si tu n’avais pas transplané et gueulé en pleine forêt ! » Il se stoppa un instant, observant l’obscurité, l’oreille tendue pour capter le moindre bruit suspect environnant. Si son don ne lui apportait aucune sensibilité animale, l’expérience lui avait permis de déceler l’arrivée du danger. Un tremblement dans le sol, un bruissement de feuilles, un changement de dynamique dans l’atmosphère de la forêt. Des choses parfois imperceptibles qu’il repérait à présent facilement. « C’est quoi ton problème au juste ? Depuis quand tu harcèles tes patients, hum ?! Parce que c’est tout ce que je suis à tes yeux, n’est-ce pas ? Un patient. » Insista-t-il avec un sourire amer avant de reprendre. « Ça fait deux semaines et demie ! J’ai suivi toutes tes directives, j’ai marché avec une putain de canne bordel ! Je suis pas sorti pendant deux putains de semaines et demie !!! Je t’ai même envoyé des hiboux pour te dire que j’allais bien tellement tu me harcelais ! A quel moment et depuis quand je dois t’envoyer des hiboux pour te dire que je vais bien ?! Qui fait ça ?! » Rory s’efforçait de murmurer sa colère, se rapprochant dangereusement de Lexi à mesure qu’il s’emportait. Elle était furieuse de sa soi-disante inconscience, lui l’était de son attitude complètement incompréhensible. Un jour elle se montre hautaine et froide, le jour d’après il faudrait limite qu’il vienne la voir tous les jours comme un gamin. « Qu’est-ce que tu veux au juste, hein ?! Ton but c’est de me pousser à l’erreur pour que je m’attire des ennuis et finisse blessé voire pire ? Parce que vas-y, continue t’es bien lancée là ! T’auras enfin satisfaction ! Barjow s’est encore bêtement blessé parce qu’il est trop con pour écouter la géniale Fawley ! T’auras tout le loisir de me faire la leçon comme ça. » Ironisa-t-il dans un grognement. C’était tellement plus simple de s’énerver sur elle que de chercher à comprendre la raison de son comportement. Si d’une certaine façon on pouvait considérer qu’elle lui témoignait une forme d’affection ou du moins s’inquiétait pour lui, Rory ne le voyait pas de la même façon. Il ne comprenait pas son attitude et préférait refouler ses propres sentiments confus, le poussant à exprimer toute cette incompréhension sous forme de colère. La seule réaction qui le rassurait, qu’il maîtrisait face à une situation inconnue.

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Some wounds never healLisière de la forêt interdite || Mi-novembre 2020 || ROXI II Lexi se demande quel dragon a brûlé Rory Barjow pour qu’il prenne ainsi des initiatives sans en référer à son médicomage. Il faut l’avouer, la jeune femme a pu être légèrement insistante ces dernières semaines, beaucoup plus que d’ordinaire. Pour autant, ce n’était pas tous les jours que le fils Barjow manquait de perdre la vie sur le carrelage froid de son appartement donc il était légitime qu’elle s’inquiète plus que de raison. D’habitude, il n’y avait nul besoin de prendre des nouvelles ; une fois les blessures soignées et les plaies bien recouvertes, un protocole de soin de base était suffisant et ne nécessitait pas vraiment l’avis d’un médicomage aguerri. Cette fois-ci, pour Lexi, c’est différent et elle ignore pourquoi elle n’a pas pu se contenter de suivre leurs anciennes habitudes. Alors que Beurk vend la mèche sur l’endroit où se situe Rory, la tête de la jeune femme bouillonne, elle exulte. Son cœur bat à la chamade tandis qu’elle le cherche dans la nuit noire, sans savoir si elle allait pouvoir lui mettre la main dessus. Plusieurs émotions contradictoires la traversent : la peur s’il est blessé, la colère s’il ne l’est pas. Alors quand Rory se transforme devant elle, frais comme un gardon, avec l’indécence d’avoir l’air surpris par sa venue, c’est le ressentiment qui prend le pas sur l’appréhension de voir ses contusions se rouvrir. Rory n’a pas l’air de bien se rendre compte qu’il est irrespectueux envers les soins qu’elle lui a prodigués dans son appartement, ni même encore des tracas qu’il lui occasionne par la même occasion. Il est là, un air incompris sur le visage jusqu’à ce que celui-ci se transforme en rage. Son regard aliéné se porte sur Lexi qui ne baisse pas les yeux, affrontant sans une seule once de peur sa colère tandis qu’elle déverse tout ce qu’elle a à dire. Peut-être un ton trop haut, il faut lui reconnaître cela.

Alors qu’elle a terminé, Lexi s’attend à affronter l’ouragan, pire, elle s’y prépare, serrant les poings, prête à dégainer quelques remarques acérées et bien placées. Mais l’ouragan ne vient pas. Du moins, pas encore peut-être. À la place, Rory place son couteau entre ses lèvres et enlève son manteau. « Qu’est-ce que tu fais ?» demande-t-elle, incrédule. Le mois de novembre est bien entamé et le froid s’est déjà installé depuis plusieurs semaines sur le pays. Mais Rory ne s’arrête pas et Lexi comprend alors le but de la manœuvre. Il veut jouer à ça, d’accord. L’auscultation c’est tout de suite maintenant. Pas de problème. pense-t-elle, il aura juste froid et aura des engelures qu’il faudra traiter, bien bien. Bravo Rory. Les yeux de lynx de la jeune femme regardent Rory se déshabiller, montrant une à une chacune des blessures. Lexi pointe sa baguette sur celles-ci pour mieux voir ; une deuxième baguette pour éclairer dans la nuit noire, cela n’est pas de trop. Au bout d’un moment, elle hésite même à s’approcher pour palper certaines d’entre elles mais elle préfère laisser Rory faire son show. La lésion la plus inquiétante, celle de la cuisse, a une couleur étrange et alors qu’elle s’apprête à se baisser pour mieux regarder, Rory se rhabille et fonce vers elle. Lexi ne bouge pas d’un millimètre ; s’il croit l’impressioner ainsi, il se met le doigt dans l’œil. Il ne lui fait pas peur. Il lui demande de parler moins fort et intérieurement, Lexi se dit qu’effectivement, il n’a pas tort. Pour le reste, rien n’est moins sûr. « Non je ne suis pas satisfaite, j’ai pas bien vu. » dit-elle dans un murmure, insolente. Un examen clinique ne se fait pas uniquement à l’œil nu et les blessures de Rory sont suffisantes pour mériter à minimal une investigation tactile mais de toute manière, il ne l’écoute jamais et encore moins ce soir. Elle fronce les sourcils alors qu’il l’appelle par son nom de famille uniquement. Pourquoi ? Pourquoi fait-il ça ? « Dr Fawley. » le reprend-elle, ironique. Il veut jouer ainsi et l’appeler par son nom de famille, très bien. Rajoutons donc les titres de noblesse pendant qu’on y est. Si la colère de Rory transperce tous les pores de sa peau, celle de Lexi n’est pas en reste. « Ah ouais une harpie ? Cela se voit que tu n’en as jamais vu en vrai. » Lexi oui et elle en est loin. Alors qu’il l’accuse de mettre en péril sa mission, Lexi a l’impression de se prendre un revers de médaille incroyablement douloureux. Elle ne comprend pas, fronce les sourcils et croise les bras autour de sa poitrine pour montrer sa désapprobation. Elle le laisse répandre ses mots sans y prendre part, préférant le laisser aller jusqu’au bout mais à un moment, elle n’y tient plus et ne peut pas le laisser lui parler ainsi. « Un patient ? Un patient ? Putain mais tu te fous de ma gueule-là ?? » dit-elle à voix basse, ce qui n’empêche pas que ces mots sonnent avec l’intonation de la trahison. « Mais tu as failli mourir espèce de crétin ! Tu crois qu’il faut deux semaines et demi pour s’en remettre ?» Et si c’était elle qui ne pouvait pas s’en remettre ? Et si c’était elle qui revoyait la scène à chaque fois qu’elle foule le carrelage de la cuisine ? Et si c’était elle qui ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle avait sa part de responsabilité ?

Si Lexi ne pensait pas à mal en transplanant ici, elle commence sérieusement à le regretter et hésite même à repartir sans demander son reste. Rory est tellement injuste envers elle. « A quel moment et depuis quand je dois t’envoyer des hiboux pour te dire que je vais bien ?! Qui fait ça ?! » Les bras de Lexi quittent son buste pour se positionner le long de sa silhouette, les poings serrés, prête à frapper là où ça fait mal. Plus il s’emporte, plus la fureur de Lexi augmente. Elle l’écoute terminer son récit en la faisant passer pour ce qu’elle n’est pas et elle murmure : « Mais qu’est-ce qu’il te prend ? » Incrédule, sceptique, Lexi se demande pourquoi ses pensées sont si confuses. « Je suis venue parce que je m’inquiétais pour toi mais apparemment tu n’as pas besoin qu’on s’inquiète pour toi. Très bien. Va te faire foutre Rory Barjow. » Elle se détourne de lui et lui lance un regard en biais. Elle conlue : « J’avais cru comprendre qu’on était amis. Désolée de m’être trompée. Pour la suite de tes soins, tu prendras rendez-vous au secrétariat désormais. » dit-elle, vexée, désabusée qu’il le prenne ainsi. D’accord elle a fait du bruit, d’accord, la mission pour laquelle il est là ne semble pas dangereuse mais Lexi n’a écouté que son instinct de médicomage. Rory a tellement l’habitude de se fourrer dans des situations incroyables sans écouter les suggestions et recommandations qu’elle a pris peur. Mais il ne semble pas bien comprendre, tant pis pour lui. Bouillonnante de fureur, Lexi repart en sens inverse, oubliant même qu’elle pourrait retransplaner immédiatement.

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Se mettre en colère était une des réponses à tout de Rory Barjow. Il était confronté à une situation triste, il allait se mettre en colère. On le contredisait alors qu’il avait raison, il utilisait facilement ses poings. Il faisait face à une situation inconnue qu’il ne maîtrisait pas, sa rage n’en était que décuplée. Exploser était comme un carburant. Ça et l’adrénaline du danger le maintenaient en vie, rythmaient son existence. Pas étonnant que ses seuls amis soient aussi torturés et dérangés que lui… Entretenir une relation « normale » avec quelqu’un de sain d’esprit relevait du défi. Seule Leah en était capable, uniquement grâce à son don d’empathe d’ailleurs. Sans ça ils n’auraient jamais pu devenir aussi proches. C’est donc tout naturellement que face à l’insistance de Lexi, Rory répondait par la violence verbale. La colère de ne pas comprendre son attitude changeante, la colère de faire face à ses propres sentiments confus pour son amie et la colère de ne pas avoir ce qu’il voulait. Mais il ne savait même pas ce qu’il désirait ! De quoi le mettre un peu plus hors de lui. Lexi n’eut qu’à prononcer ces six petits mots pour mettre le feu aux poudres. Il ne lui en fallait pas plus. Elle ne voulait pas qu’il l’appelle par ce surnom : elle le rejetait. La bonne excuse toute trouvée justifiant sa rage.

Si elle était là juste pour son boulot, autant lui donner tout de suite ce pour quoi elle s’était déplacée. N’attendant pas une seconde il lui montra les plaies qu’elle avait soignées deux semaines et demie plus tôt, affrontant le froid glacial sans broncher. Rory la laissa observer ses égratignures et la plaie de sa cuisse sans un mot, ne tardant pas trop avant de se rhabiller. Quand il s’avança face à elle, la réponse de la jeune médicomage le fit un peu plus bouillir intérieurement. Elle était pas contente ?! Elle est jamais contente cette meuf de toute façon… Que lui fallait-il de plus ? Qu’il abandonne sa mission pour aller se faire ausculter à l’hôpital par Dr Fawley alors qu’il n’avait plus rien ?! Tsss… Il préféra lui déverser sa rage et son incompréhension. Comment pouvait-elle faire preuve d’autant d’imprudence ? Il la pensait plus maligne que ça tout de même, c’était loin d’être sa première fois en forêt et encore moins dans une situation délicate…
Alors qu’il continuait de lui exposer ses griefs, son manque de réaction nourrissait un peu plus sa colère. C’était un signe, elle approuvait forcément. Ce fut du moins ce qu’il se disait jusqu’à ce qu’elle prenne la parole, visiblement furieuse. Rory fronça légèrement les sourcils. Oui, il avait failli mourir. Il était même cliniquement mort pendant l’espace d’un instant. Mais bon sang, elle l’avait réanimé ! Elle l’avait sauvé ! Il allait bien maintenant à part sa foutue cuisse qui mettait trop de temps à guérir à son goût. C’était probablement juste histoire d’un banal choc septique, voilà tout. Comment et pourquoi restait-elle bloquée là dessus ?! Elle n’avait pas d’autres chats à fouetter que de faire une fixette sur lui ? Ne se laissant pas perturber, il finit ses attaques. Bien conscient d’être cruel et injuste, il ne faisait que lui rendre la pareille. Après tout… C’était elle qui avait commencé !

Qu’est-ce qu’il te prend ? Qu’est-ce qu’il te prend ? Mais elle est pas sérieuse là quand même ?! Excellente question à laquelle Rory aurait pu lui rétorquer la même question. Si Lexi ne comprenait pas son attitude, lui même était incapable de se justifier. Il aurait bien évidemment trouvé des excuses bidons mais rien n’aurait tenu la route. Non. C’était plus simple de rejeter la faute sur elle plutôt que d’admettre que sa simple présence le perturbait. Il n’eut pas le temps de répondre, toujours fou de rage qu’il se prit une claque monumentale avec ses prochaines paroles. Je suis venue parce que je m’inquiétais pour toi… QUOI ?! Abasourdi, toute sa colère s’évapora en un claquement de doigts, la fixant avec surprise, visiblement perdu. Elle s’inquiète pour moi ? Non… Elle me ment c’est pas possible ! Il entendit à peine son insulte, beaucoup trop obnubilé par ce qui était une véritable révélation pour lui. Pour ne rien arranger, ces simples mots lui serraient le coeur. Il allait quand même pas à nouveau s’effondrer. Pas ici. Pas devant elle. Il tenta de se reprendre quand elle s’éloigna. Nouvelle droite ! « Amis » Ce mot tournait en boucle dans sa tête. Si elle disait vrai, et Rory doutait de son intérêt à lui mentir, pourquoi agissait-elle de la sorte avec lui ?! Pourquoi se montrait-elle si froide, si agressive, si… Si… Il ne trouvait même plus les mots tellement tout se bousculait dans sa tête : à la fois en colère contre elle et attendri par l’affection qu’elle lui témoignait verbalement.

Quand son regard accrocha sa silhouette disparaissant dans l’obscurité, un sentiment d’urgence, une forme de panique l’envahi soudainement. Elle ne pouvait pas partir. Il ne pouvait pas la laisser s’éloigner après ça. Sans hésiter, il lui emboita le pas, rangeant son couteau dans l’étui accroché à sa ceinture. « Lexi ! » Murmura-t-il un peu plus fort, espérant qu’elle se retourne. Rien. Putain. Il accéléra légèrement, tant pis si sa cuisse commençait à lui tirer, Lexi ne pouvait et ne devait pas partir sans qu’ils se soient expliqués ! Il réussit à atteindre son niveau après quelques mètres et l’attrapa par le bras pour la faire stopper, se plaçant face à elle. Visiblement toujours très en colère, la jeune femme tenta de se débattre, déterminée à partir. « Mais… Putain Lexi, attends ! » Pesta-t-il en serrant un peu plus fort son poignet tandis qu’elle le repoussait violemment. La colère l’ayant abandonné, Rory était déterminé à lui faire entendre raison. Il se saisit avec rapidité de ses deux poignets qu’il immobilisa non sans une petite lutte, plantant son regard dans le sien. « Calme-toi putain et écoute-moi ! » Il avait beau afficher un calme olympien, Lexi ne voulait rien entendre. Perdant patience, il lui attrapa les poignets dans une main et vint enserrer sa taille de l’autre, la plaquant brusquement contre lui. Puis, pour mieux la maîtriser, il l’entraîna avec force contre l’arbre situé à côté d’eux. Son corps collé contre le sien et prenant appui sur le tronc de l’arbre, il maintenait toujours ses poignets à présents posés contre son torse. Le coeur battant, il fixa longuement ses yeux ambrées. Elle avait beau pester, il s’en foutait royalement. Il était… Captivé… ? Ce fut quand elle tenta de décoller son dos du tronc que Rory perdit pied. Il la repoussa brusquement une dernière fois contre l’arbre, tentant de maîtriser sa force pour ne pas la blesser, son regard planté dans le sien. Il sentit son coeur s’arrêter un instant. Sans même réfléchir à la portée de son geste, il franchit les derniers centimètres qui séparaient leur visages et s’empara de ses lèvres dans un baiser passionné. Sentir la chaleur de son corps collé au sien, son odeur, sa peau, ses lèvres… Il était incapable de réfléchir, laissant parler, à cette rare occasion, son coeur. Sa prise sur ses poignets se relâcha, venant glisser une main sur sa nuque dégagée, l’autre se posant sur sa taille, la maintenant contre lui. Il avait beau être littéralement collé à elle, une partie de lui cherchait toujours plus son contact, sa présence. Après quelques instants, un bref soupir lui échappa quand il mit fin au baiser, gardant les yeux clos, ne réalisant pas encore ce qu’il venait de faire. Incapable de s’éloigner d’elle, tenaillé par l’envie dévorante de revenir à la charge, le simple fait de sentir son souffle se mêler au sien le rendait littéralement dingue. « Calme-toi… » lui souffla-t-il doucement, comme une explication à son geste. Putain, putain, PUTAIN ! Il recula légèrement son visage du sien, captant l’espace de quelques secondes son regard avant de le fuir. Rory réalisait tout juste ce qu’il venait de faire. Son coeur battait encore si vite qu’il en perdait la tête. Pourquoi ?! Il était incapable de répondre à cette simple question : pourquoi ?! Prenant sur lui pour se détacher d’elle, il recula de quelques pas, mettant de la distance entre leur deux corps. L’air absent, il fixait le sol sylvestre, redoutant sa réaction. Il préféra ainsi prendre les devants et lâcha dans un murmure. « Si j’avais su que tu t’inquiétais pour moi, je n’aurais pas réagi ainsi. » Une excuse tout juste avouée pour la distraire de ce baiser peu anodin compte tenu de la fougue et de la passion qui l’avait animé. Il était suffisamment confus par son propre geste pour espérer qu’elle s’engouffrerait dans cette brèche plutôt que d’aborder ce qu’il préférait oublier à présent. Après tout, ce n’était qu’un moment d’égarement, une façon de la calmer, non ?

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Some wounds never healLisière de la forêt interdite || Mi-novembre 2020 || ROXI II Les réactions excessives de Rory ont raison du bon sens de la jeune femme. N’ayant jamais été quelqu’un de très attachée à ses relations, Lexi n’est pas vraiment habituée à gérer les états d’âme des uns et des autres. Cela n’a jamais été un problème avec Tobias et Kesabel car ils comprennent le fonctionnement de la jeune femme et savent l’apprivoiser ; l’inverse est d’ailleurs vrai. Il n’y a jamais de faux-semblants ou de mensonges entre eux, leur relation parle d’elle-même. Avec Rory, c’est différent parce qu’il est réellement entré dans sa vie il y a quelques années seulement et qu’auparavant, leurs échanges étaient restés professionnels : dans le cadre de son travail, bien entendu, Rory avait fini par trouver en elle une âme secourable et charitable prête à le soigner lorsqu’il prenait des risques inconsidérés tout en comprenant son passé et ses blessures. Puis récemment, ils avaient uni leurs forces pour aider Kesabel et son projet sur la potion tue-loup. Pour autant, dans ces situations précises, jamais aucun geste ni aucune parole n’avait laissé sous-entendre à Lexi qu’ils ne se faisaient pas confiance, ni même que Rory cherchait à outrepasser leur pseudo amitié. Lexi avait entrouvert la porte de ses propres cicatrices en le laissant venir chez elle, et la voilà ainsi remerciée alors qu’il l’incendie pour une raison qu’elle trouve illégitime.

Rien ne lui semble plus simple que de s’en aller, furieuse, la rage qui bouillonne dans le creux de son estomac, avec l’insatiable envie de planter son couteau dans le centre d’une cible. Lexi inspire et expire fortement pour forcer sa respiration à se calmer mais rien n’y fait. Et son cœur s’accélère à nouveau lorsque la voix de Rory la fait sortir de sa torpeur. Rien entendu, voilà ce que se dit le cerveau de la jeune femme alors qu’elle continue son chemin, les yeux fixés vers un point lumineux au loin, sans doute Pré-au-Lard, avec la ferme intention de l’atteindre. Elle accélère le pas tandis qu’elle l’entend la suivre. Ne va-t-il pas la laisser tranquille putain ? Lexi se sent déjà suffisamment humiliée ainsi ; elle a l’impression d’avoir été qu’un objet qu’on utilise pour le côté pratique de la chose. Il se blesse, elle le soigne, c’est si facile pour lui. Cela vient de lui exploser en pleine figure à quel point il l’a manipulé et elle se rend compte qu’elle s’est laissé attendrir par le souvenir qu’elle avait de lui à Poudlard, par la relation amicale qu’il entretient avec Kesabel et par les sévices subis lors de son enfance. N’ayant pas été aussi vigilante que d’ordinaire, les battements du cœur de la jeune femme révèlent à quel point elle est désappointée de s’être ainsi laissée berner. La main de Rory s’accroche soudainement à son bras et la jeune médicomage le repousse fortement, ne supportant pas qu’il la touche. Mais il ne semble pas en avoir décidé ainsi car il serre davantage son emprise sur elle. Lexi, surprise, se débat légèrement pour lui faire comprendre qu’elle ne souhaite pas qu’il la tienne ainsi mais il ne cède pas alors elle le repousse plus violemment cette fois. « Mais lâche-moi putain ! » Rory use alors de toute sa force pour la contraindre dans la violence mais la jeune femme ne se laisse pas faire, déjouant ses prises et son emprise sur elle. Mais il revient à la charge, encore et encore, Lexi songe quelques instants à frapper dans sa cuisse blessée mais avant qu’elle n’ait le temps de le faire, il la pousse contre un arbre. Rory la scrute comme si c’était la première fois qu’il la voyait, il est vrai qu’il n’a probablement jamais vu ce regard de harpie comme il dit dans son regard. Se sentant prise au piège, pas très à l’aise dans son manteau d’hiver, l’écorche de l’arbre lui blessant le dos, Lexi respire une fois puis reprend ses appuis au sol, prête à dégainer son arme fatale : un bon coup de genoux dans les parties génitales. Elle tente de se dégager de l’arbre pour avoir le bon angle de tir mais Rory la plaque encore plus furieusement. Le cœur de Lexi s’accélère et dans son esprit reviennent les angoisses relatives au Moldu qui était parvenu à la maîtriser contre un mur et elle veut encore plus s’extraire de l’emprise de Rory.

Alors qu’elle s’apprête à utiliser ses dents pour atteindre la peau de son cou, Rory réduit les quelques millimètres qui séparent leurs visages et pose ses lèvres contre celles de la jeune femme. Désemparée, abasourdie, pantoise, Lexi se révèle incapable de le repousser, incapable de réagir à cet assaut passionné qui ne vient de nulle part. Rory lui lâche enfin les mains et ses doigts viennent chatouiller sa nuque et ses hanches. Sans comprendre pourquoi, elle frissonne, grisée par ce simple contact. Leurs corps sont si proches tandis que leurs langues se cherchent, se fouillent. En mode pilote automatique, Lexi subit le baiser sans rien n’y comprendre vraiment. Au bout d’un moment, Rory se sépare d’elle et elle l’observe, muette, alors que les paupières de Rory sont closes. Leurs deux souffles se mêlent et Lexi garde le silence, attendant le moment des justifications ; il y en aura forcément non ? Elle n'arrive même pas à être sarcastique tellement elle est surprise. Les premiers mots qu’il prononce ne sont pas vraiment ceux qu’elle attendait. Se calmer ? Se calmer ? Les yeux de la jeune femme vont de son regard sombre à ses lèvres encore gonflées par leur baiser, ne sachant pas bien ce qu’il attend d’elle, encore moins ce que cela veut dire. Tous les hommes qui l’embrassent savent pourquoi ils le font et ce qu’ils attendent en retour. Mais Lexi ne parvient pas à décoder les intentions de l’héritier des Barjow, elle pourtant d’ordinaire si clairvoyante. Il s’éloigne d’elle et elle ressert la ceinture de son manteau comme pour se réchauffer alors que la proximité du corps de Rory l’a clairement attisé. Sa justification est claquée au sol ~~coucou raphou~~ et l’air incrédule de Lexi révèle bien ce qu’elle pense de celle-ci.

Elle se rapproche de lui et le dévisage, perplexe, attendant qu’il rajoute quelque chose mais cela ne vient pas. Dans le silence pesant de la forêt où seul le bruit des feuilles vient perturber l’instant, Lexi replace une de ses mèches de cheveux qui s’est échappée de son chignon, probablement lorsqu’elle tentait de s’échapper de son emprise. « Tu me prends pour qui exactement Rory ? » finit-elle par dire au bout de longues minutes. « Tu crois que je propose à n’importe qui de venir se soigner à mon appart ou quoi ? T’as cru que c’était le hall d’une gare ? » Lexi soupire fortement, désabusée. « Bien sûr que je m’inquiète pour toi. Pourquoi serais-je là sinon ? Pour le plaisir de t’emmerder ? Tu crois que j’ai que ça à faire peut-être ? » Elle comble la distance qui les sépare et attend que Rory relève les yeux. Sans crier gare, sans qu’il n’ait le temps de s’y préparer, Lexi attrape furieusement son manteau et l’attire contre elle. D’un geste maîtrisé et répété des centaines de fois, sa jambe vient croiser celle de Rory et Lexi donne un coup violent derrière son tibia, le faisant basculer au sol sur le dos. Lexi bloque les bras de Rory à l’aide de ses genoux pour l'empêcher de faire quoi que ce soit ; leurs regards se croisent, il apparaît surpris. Elle se penche vers lui, leurs lèvres ne sont qu’à quelques centimètres et elle peut sentir sa respiration dans le creux de son cou. Maintenant sa prise sur lui, tout en sachant qu’il pourrait sans doute la faire tomber s’il le souhaitait vraiment, elle dit : « Jamais sans ma permission. » Elle n’a nul besoin de préciser de quoi elle parle, il le sait. Ce baiser, c’était quoi ? Et surtout, qu'est-ce que cela voulait dire ? Veut-il prendre la place laissée libre par Kesabel dans tes draps ? Les certitudes de Lexi se sont envolées et elle ne cherche maintenant que des réponses à ses questions. Mais sera-t-il en mesure de les lui fournir ? Pire, pourra-t-elle les accepter ? Lexi n'est pas le genre de femme à aimer qu'on se joue d'elle et encore moins qu'on tente de la dominer comme une vulgaire poupée de chiffon. S'il voulait jouer à ce jeu, elle était prête à combattre avec toutes les armes qu'elle possède.

Spoiler:

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Graviora manent

KoalaVolant

Les Récompenses:

INRP IRL

Some wounds never heal
Se lier et s’attacher aux autres a toujours été quelque chose d’extrêmement compliqué pour Rory pour différentes raisons. Peur de ne pas être à la hauteur des attentes, peur de la perte, peur de l’abandon, peur du rejet… Merci papa, maman hein ! Beau boulot ! Le comble dans tout ça ?! Il reproduisait ses vieux schémas dans toutes ses relations qui prenaient un tournant un peu trop sérieux à son goût. Comme toujours, sa seule et unique réponse était la violence. Verbale ou physique, qu’importe. Elle était sa plus fidèle compagne. Une partenaire jalouse, toxique même puisqu’elle l’avait laissé le coeur brisé. Une fois mais pas deux. Il s’était promis : plus jamais. Depuis, il évitait comme la peste toute relation sérieuse, batifolant plus que jamais. Il commençait à ressentir une once d’attachement suspect ? En avant toute et surtout prenons bien nos jambes à notre cou ! Pas étonnant qu’il ait scrupuleusement évité Lexi. Cette envie qu'il avait eu d’être proche d’elle… Cet attachement mal placé… Il déconnait complet ! Seul remède valable : couper les ponts le temps que ça se tasse. Malheureusement, Lexi était coriace. Elle ne se laissait pas faire si facilement. Il aurait dû s’en douter. Comme un papillon de nuit attiré par la lumière, il aimait flirter avec le danger. La médicomage était si diamétralement opposée du type de femmes qu’il avait l’habitude de séduire… Lui-même ne comprenait pas la raison de cet attrait irrésistible qu’elle exerçait sur lui, au delà de son physique indéniablement avantageux bien évidemment.
Contre toute attente, ce fut la perspective de véritablement « la perdre » qui fit tiquer Rory. Elle lui avouait tenir à lui, s’inquiéter pour lui et dans la seconde retirer ce maigre lien qui les unissait ?! Le jeune héritier ne pouvait s’y résoudre.

Sans aucune hésitation il la poursuivit avant de la rattraper. Pour l’arrêter et lui faire entendre raison c’était une toute autre paire de manche par contre. Lui qui avait peur de la blesser en serrant trop fort, se rendit très vite compte que Lexi était non seulement dotée d’une force incroyable mais qu’elle avait de la ressource. Elle ne lui facilitait clairement pas la tâche et à la voir se débattre ainsi, Rory se sentait un peu plus mal à chacune de ses tentatives pour s’échapper. Il l’avait blessé à ce point ? Elle était si déçue de son attitude et touchée par ses paroles ? Comment, par la barbe de Merlin, pouvait-il l’impacter autant ? Non, pas possible ! Te fais pas de films mec, c’est Lexi dont on parle là ! Elle a pas besoin de toi !
C’était plus simple de tout nier en bloc que d’envisager la possibilité qu’il ait pu la blesser par ses paroles et son attitude… Malgré tout, Rory était bien déterminé à s’expliquer. Dans un dernier geste, il la plaqua donc contre l’arbre le plus proche, tentant de maîtriser une Lexi complètement déchaînée. Jusque là leurs contacts avaient toujours été « cordiaux », certes ils s’amusaient parfois à se taquiner mais le ton n’était jamais monté, ils ne s’étaient jamais vraiment touchés non plus. Du moins jusqu’à la nuit de son arrêt cardiaque. Ce putain d’arrêt cardiaque de merde qui était la source de tous ses problèmes ! Rory était donc en terrain inconnu, la repoussant encore contre le tronc avec bien plus de force alors qu’elle tentait pour la énième fois de lui échapper. Alors qu’il s’apprêtait à nouveau à lui intimer de se calmer, quelque chose se passa en lui. Sans trop savoir pourquoi, son corps contre le sien l’électrisait. Il se sentait irrémédiablement attiré par elle. Elle était son aimant, impossible de lui résister. L’attraction fut telle qu’il brisa la dernière barrière, capturant ses lèvres. Pourquoi ? Lui même n’avait pas la réponse. C’était comme plus fort que lui. Une pulsion, une envie réprimée depuis si longtemps qui avait un goût un peu amer. Il savait qu’il ne faisait pas les choses dans les règles de l’art. Lexi était contrainte, subissant plus qu’autre chose, raison d’ailleurs pour laquelle il détacha rapidement ses lèvres des siennes.

Comment allait-il s’expliquer ? Se justifier ? Inventer des excuses semblait suicidaire. Lexi savait le percer à jour. Il préféra donc opter pour la retraite. Battre en touche était plus simple bien que ses chances de réussite étaient tout aussi faibles. Qui ne tente rien n’a rien, pas vrai ?! Le regard fuyant, presque honteux, Rory tenta de donner une explication à son comportement de ces deux dernières semaines. Une justification accueillie par le silence, devenu insoutenable de la jeune femme. L’observant doucement s’approcher, il redoutait sa réaction. Physique ou verbale, il savait que ça allait faire mal. Alors que le calme régnant entre eux s’était fait si épais qu’il en avait du mal à respirer, Lexi prit enfin la parole. A ses quelques mots, il releva les yeux vers elle. Il lui avait manqué de respect, c’est vrai… Ça ne servait à rien de le nier mais comment expliquer, comment justifier une attitude et surtout un geste qui le dépassait ?! Quand elle enchaîna, Rory rabaissa les yeux dans un profond soupir, passant nerveusement sa langue sur ses lèvres. Plus elle parlait et plus elle lui enfonçait le couteau dans la plaie. Comment faire de la peine à ses amis en 3 points par Rory Barjow. Faire un arrêt cardiaque à 3h du matin sur le sol de la cuisine. Ne plus donner de nouvelles pendant des semaines. Douter de l’amitié que nous porte la personne. BINGO ! Nous avons un gagnant. Quel con putain !

Un profond soupir lui échappa avant qu’il ne relève la tête, prêt à affronter Lexi. Bien que peu à l’aise qu’elle se soit tant rapprochée, il ouvrit la bouche mais se retrouva subitement au sol. Sans trop comprendre ce qui lui arrivait, seule la vive sensation de brûlure dans sa cuisse le confronta à la réalité. Tandis que Lexi se postait sur lui, le contraignant dans ses mouvements, un long grognement de douleur lui échappa. Il ne pesta pas, acceptant son sort : c’était de bonne guerre… Il l’avait contraint à un baiser, elle le contraignait à une explication. Son regard planté dans le sien, il resta silencieux, l’observant avec une certaine appréhension. Pour être honnête, il s’attendait au pire. Raison pour laquelle quand elle se pencha sur lui, regagnant cette proximité qu’il recherchait et craignait, son coeur se serra, battant douloureusement dans sa poitrine. Putain mais qu’est-ce qu’elle fait… ?! Son regard ne pouvait s’empêcher d’osciller entre ses prunelles et ses lèvres pulpeuses devenues fruit défendu. Un enfer. Entre sa position sur lui, sa proximité si dangereuse, son odeur, sa chaleur, la douleur dans sa cuisse… Il ne savait plus où regarder ni comment réagir. « Jamais sans ma permission. » Ces quelques mots eurent un effet fou sur Rory. A la fois séduit par la force qu’elle dégageait et intimidé par son assurance, il hocha de la tête, ne détachant pas son regard du sien. Il lui fallut quelques instants, reprenant un souffle normal après avoir accusé le coup de la chute pour murmurer. « Le message est bien passé… Tu m’y reprendras plus. » Pourquoi cette simple perspective le faisait grincer intérieurement ?! Comme pour chasser cette pensée de son esprit, il émit un bref soupir en détachant son regard du sien l’espace d’un instant. « Tu peux arrêter de me fixer comme ça… De si prêt… ? Tu me perturbes… » souffla-t-il sans la regarder. La proximité de son visage, de ses lèvres lui rendait la tâche encore plus dure. Comment était-il supposé s’expliquer si tout ce dont il avait envie c’était de l’embrasser à nouveau ? Il tenta toutefois de passer outre, c’était l’heure des explications. « Je sais pas ce qui m’a pris, ok ? Tu étais tellement en colère, tellement… Survoltée. Je voulais pas que tu partes, pas là dessus. J’ai pas réfléchi à mon geste. » avoua-t-il. A quoi bon lui mentir ? Elle était en position dominante, Rory n’avait plus d’intérêt à dissimuler la vérité, du moins une partie de cette dernière. Bougeant très légèrement dans une grimace sa jambe qui s’engourdissait, il reprit en détournant le regard, visiblement gêné de ce qu’il lui confiait. « J’ai pas l’habitude qu’on s’inquiète pour moi, que tu t’inquiètes pour moi. C’était tellement différent que j’ai pas compris… » Bien évidemment il ne voulait pas lui parler de l’autre raison de son éloignement. De la raison cachée derrière son incompréhension. Une demie vérité était toujours mieux qu’un mensonge… Du moins il espérait que Lexi s’en contente. Il tenta donc d’ironiser avec un bref sourire. « Je crois que pour le coup j’ai bien retenu la leçon… Vu à quel point ça ne t’a pas plu je risque pas de recommencer. » Oui, Rory était blessé dans sa fierté. Il n’avait pas l’habitude qu’une femme réagisse de la sorte après qu’il l’ait embrassé. Il relativisait cependant sachant qu’il s’agissait de Lexi pour commencer et que la situation n’était clairement pas propice à un tel geste. « Par contre, si tu pouvais te relever maintenant, tu me fais super mal. » dit-il dans une nouvelle grimace, ayant réussi à poser sa main sur la blessure de sa cuisse qui le lançait de plus en plus. Ironie du sort. Lexi l’avait traqué jusqu’ici craignant qu’il ne se blesse et c’était elle qui finissait par lui faire mal, aussi bien physiquement qu’émotionnellement. Non vraiment, super soirée, hein ! A refaire !

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Some wounds never healLisière de la forêt interdite || Mi-novembre 2020 || ROXI II Lexi se débat comme une forcenée, n’acceptant pas d’être réduite ainsi au simple rang d’objet. Si auparavant elle se reposait trop sur sa magie, tout a changé il y a environ quatre ans. Forte de la confiance qu’elle s’accordait à elle-même, elle a été imprudente, laissant un de ses futurs sujets d’expérience prendre le dessus sur elle ; désarmée et sans sa baguette magique, Lexi s’est sentie impuissante, comme si elle n’était plus rien sans ce vulgaire bout de bois. C’est à partir de ce moment-là qu’elle a commencé à s’entraîner, à s’entraîner sans relâche. Chaque jour un peu plus durement, dans l’optique de ne plus jamais être prise au dépourvu. Au fur et à mesure que les années ont passé, son corps s’est modifié et elle est devenue plus forte, plus endurante. Les entraînements avec Tobias lui ont également permis d’anticiper la force et la puissance d’un corps masculin mais alors que Rory la plaque furieusement contre l’arbre, Lexi se dit que ce n’est pas encore suffisant. Elle rétame Tobias depuis si longtemps déjà qu’elle s’est -encore une fois- sentie trop en confiance. Encore une erreur qui peut lui coûter cher. Elle n’a pas peur de Rory, ce n’est pas cela qu’elle craint, elle est simplement furieuse contre elle-même, contre son corps de femme qui n’égalera jamais celui d’un homme dans la force de l’âge malgré tous les entraînements acharnés qu’elle s’inflige. Alors que Rory la maintient fermement, Lexi revoit le moldu en faire autant et une angoisse importante éclate en elle ; elle doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour qu’il la lâche. Elle entrevoit chaque brèche pour s’échapper mais Rory parvient à la contrecarrer et à la maitriser ; ce constat lui fait l’effet d’un coup de poignard en plein cœur. Alors qu’elle allait lui arracher la peau du cou, seul endroit facilement atteignable compte tenu de sa position, elle fut prise de court par les lèvres de Rory se posant sur les siennes. Après la rage et la fureur, l’incompréhension vient dominer l’esprit de la jeune médicomage alors qu’il tente de se justifier vainement. Lexi n’a nul besoin d’entendre ces mots, ils ne sont tout de manière pas adaptés, peut être encore moins objectifs. Rien ne saurait calmer la colère tempétueuse qui s’abat sur la jeune femme, humiliée encore une fois ; réduire leur relation à la simple définition médicomage-patient, après tout ce qu’ils avaient vécu ensemble, était un affront qu’elle ne saura pas pardonner. Lexi l’avait laissé rentrer à nouveau dans sa vie en lui ouvrant la porte de son appartement et il osait dire qu’elle n’était que sa médicomage ? C’en était trop pour elle, trop à supporter. La déception est si grande qu’elle ne peut résister à l’envie de lui faire mal à son tour, physiquement du moins. En le clouant au sol, le poids de son corps sur le sien, appuyant sur des blessures pas encore totalement guéries, elle sait ce qu’elle fait et elle s’en fiche. Elle veut qu’il comprenne qu’il n’a pas à faire ça, qu’il ne peut pas faire ça.

Alors qu’elle lui intime de ne jamais l’embrasser sans son consentement, Rory hoche la tête. Lexi est légèrement décontenancée, ne s’attendant pas vraiment à cette réponse. En réalité, elle n’attendait aucune réponse en particulier. Quelles auraient été ses autres options en réalité ? Lexi n’en sait rien, ce n’est pas elle qui l’a embrassé, ce n’est pas elle qui a transformé cette violence en un baiser passionné. Il est peut-être plus atteint qu’elle ne le songeait. Comment peut-on changer d’attitude en une fraction de seconde ? Comment cela est-il possible ? Il lui demande d’arrêter de le fixer mais Lexi n’écoute pas, scrutant ses prunelles noires ; elle n’avait jamais remarqué qu’elles étaient si sombres. « Pourquoi ? Ça te dérange ? » Probablement puisqu’il souhaite qu’elle stoppe son observation mais Lexi n’en fait rien. Elle veut tellement essayer de lire dans ses yeux ce qui peut se passer dans son petit crâne d’idiot. Il détourne les yeux et Lexi se redresse un peu tout en maintenant avec force ses prises sur lui. Il a intérêt à parler, à s’expliquer. C’est fini d’être gentille. Il avoue ne pas avoir réfléchi et Lexi lève les yeux au ciel, désabusée. Sérieusement ? Elle n’y aurait jamais pensé toute seule. Son regard est dur, froid. Elle est fâchée contre lui, elle est fâchée des mots qu’il a prononcés et qu’il a osé lui servir. Elle se calme un peu alors qu’il explique de pas avoir compris la réaction de la médicomage parce qu’il n’y était pas habitué. Lexi fronce les sourcils. D’accord, elle n’est pas le genre de femmes à s’épandre en mots et en effusion d’amour, c’est certain. Au contraire. Mais à ses yeux, leurs longues collaborations et leurs travaux communs sur les potions et le fait qu’elle accepte de le recevoir chez elle à n’importe quelle heure du jour et de la nuit pour qu’elle le soigne valait bien tous les mots du monde. Seules deux autres personnes pouvaient se targuer de cela ; Kesabel et Tobias pour ne citer qu’eux, encore une fois.

« Évidemment que j’étais en colère ! On se connaît depuis plus de quinze ans Rory et tu me traites comme si j’étais une putain d’inconnue. Comme si je te servais qu’à te soigner tranquille sans avoir à passer par l’hôpital. Moi non plus j’ai pas l’habitude qu’on me traite comme de la merde en fait. Comme si je ne valais rien. » Lexi le sait, elle a laissé entrer Rory dans sa vie au mauvais moment. Inconsciemment inquiète, triste et craignant de perdre Kesabel après qu’il lui ait dit que leur relation ne serait plus que platonique, puis Tobias lorsqu’il lui a annoncé qu’il souhaiter se fiancer, Lexi a traversé une période à vide. Malgré les mots de ses amis, elle avait l’impression de passer au deuxième plan, d’être toujours que le second choix. Créer un nouveau lien avec un autre homme lui avait semblé une bonne idée sur le coup, mais peut-être que finalement, cela ne l’était pas. Lexi sait qu’elle n’est pas une femme facile, au contraire, elle est même plutôt du genre compliqué, à vouloir tout ou rien, sans subtilités, sans nuance. Mais Rory semble être encore pire qu’elle, cela a de quoi en décontenancer plus d’un. La difficulté réside dans le fait que Tobias et Kesabel ont toujours su où étaient ses limites alors que Rory doit encore apprendre à les appréhender. Peut-être la différence est-elle là. « Je sais que j’suis chiante Rory, voire même autoritaire et intransigeante sur les soins mais quand même. C’est toi qui as agi différemment. D’habitude, quand je te demande de repasser me voir tu le fais. Et là, alors que la blessure était très grave, tu joues au fantôme. Et puis tu ignorais mes hiboux. C’est moi qui n’aie pas compris pour le coup. » dit-elle, sincère.

Comme souvent, il tente de s’en sortir grâce à l’ironie et le sarcasme et Lexi croit bien reconnaître là un de ses traits de caractère. « C'est pas ça. » répond-t-elle. Ce n'est pas que le baiser ne lui a pas plu... D'ailleurs, qu'en pense-t-elle vraiment ? Lexi n'en sait rien. C'est trop confus. « J’ai juste été surprise. Tu m’engueules, tu me violentes et tu m’embrasses. C’est illogique comme réaction. »dit-elle rationnellement en desserrant son emprise sur lui. Ses genoux libèrent ses bras et pensive, elle reste assise sur lui quelques instants jusqu’à ce qu’il lui dise qu’elle lui fait mal. Son regard revient sur le jeune Barjow et elle se relève. Elle lui tend la main pour l’aider à se mettre sur pied. Sa main se pose sur la blessure à la cuisse et Lexi soupire. « Fais voir. » Elle s’agenouille et le laisse lui montrer le pansement. « Éclaire-moi. » demande-t-elle pour qu’il dirige le faisceau de lumière de sa baguette sur sa cuisse. Délicatement, Lexi écarte la compresse de la plaie. Après une brève observation, elle débute une légère palpation avec une douceur infinie qui contraste nettement avec ce qu’il vient de se passer à l’instant. « La couleur ne me plaît pas trop. Je te donnerai une crème plus adaptée à appliquer. Faudra surveiller. » dit-elle simplement, laissant ses doigts s’attarder un peu trop sur la peau de Rory, légèrement préoccupée. Elle se redresse et leurs yeux se croisent à nouveau. « Tu cherchais quoi ici au juste ? » demande-t-elle. « Tu as besoin d’aide ? » Brusque changement de sujet, brusque changement de conversation. Étrangement, Lexi n’en est pas mécontente. Ce qu’il vient de se passer la laisse perplexe.

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Rory réalisait encore difficilement ce qu’il venait de faire. Comment avait-il pu se laisser aller au point de venir l’embrasser ?! Un véritable mystère. Qu’elle l’attirait était une chose, après tout, il l’avait toujours trouvé belle, même Lexi devait en être consciente, mais alors passer à l’acte… Pourquoi ?! Une pulsion incontrôlable qu’il regrettait amèrement. T’es trop con putain ! T’as réussi à la retenir, ok, mais là c’est sûr elle va se barrer et tu vas te retrouver comme une merde. Bravo ! Tu sais pas te contrôler, putain. C’est navrant. Abattu, il tenta de la distraire, en vain, bien évidemment. On parlait de Lexi après tout ! La même Lexi pour qui, quinze ans plus tôt il s’était battu afin de l’avoir exclusivement comme partenaire de potions, elle qui était la seule à connaître l’origine de bon nombre de ses blessures. Il avait tout de suite été fasciné par son intelligence, sa perspicacité et son talent. De quoi gagner son respect et son intérêt. Bien sûr qu’elle n’allait pas se laisser berner par des paroles vides de sens. Il fallait changer de stratégie. Il ne pouvait plus laisser certains non-dits, pas s’il voulait préserver son amitié avec elle. Une amitié qu’il venait tout juste de mettre à mal car il n’était pas foutu de se contrôler.

Alors même qu’il voulu rectifier le tir en s’expliquant, Lexi le mit au sol en une fraction de seconde. Il n’avait littéralement rien vu venir et se retrouvait sur le dos, la médicomage venant lui bloquer les bras de ses cuisses en s’asseyant sur lui. Une vision très perturbante quand on savait dans quel contexte il avait l’habitude de se retrouver avec une femme au dessus de lui… Pour ne rien arranger à la situation, elle se pencha, rapprochant dangereusement son visage du sien. Bien que très mal à l’aise, Rory obtempéra, ne voulant pas l’énerver un peu plus qu’elle ne l’était déjà. Alors qu’il venait tout juste de lui formuler son approbation, sa proximité devenait oppressante. Dans un autre contexte, voire même dans une autre dimension, il ne s’en serait absolument pas plaint mais là… Là c’était différent. Pour toute réponse à sa demande, Lexi ne bouge pas. Si ça le dérangeait ? « Oui ça me dérange… » se contenta-t-il de répondre. Avait-elle besoin de plus, qu’il lui fasse un dessin ? Heureusement pour lui, elle sembla obtempérer, se redressant très légèrement. Un bref soupir lui échappa bien que toujours trop proche à son goût. Il ne sentait plus son souffle se heurter sur sa peau et ses lèvres n’étaient plus à sa portée. C’était déjà ça ! Rory entama donc des explications sous le regard froid et plein de jugements de Lexi. Comme il s’en doutait, la justification du baiser ne passait pas… En revanche, elle sembla se détendre quand il évoqua son incompréhension concernant son inquiétude.
Il l’écouta l’accabler de l’attitude distante qu’il avait pu avoir avec elle. Comment le nier ? C’était littéralement son plan : l’ignorer le temps que la confusion passe. Tout en écoutant ses paroles il ferma les yeux dans un soupir. Heureusement finalement qu’elle le maîtrisait physiquement sans quoi il aurait probablement eu l’irrépressible envie de la prendre dans ses bras. Dire qu’il avait agit de la sorte pour préserver leur amitié… Une nouvelle connerie ! « Tu es tellement importante pour moi que je ne sais même pas par où commencer Lexi. » Ah oui donc, on a plus de filtre, rien, on balance tout comme ça ?! Bah écoute vas-y, hein. Maintenant que t’es lancé, fini de creuser ta tombe mec. Ta gueule. « Pourquoi tu crois que je suis allé jusqu’à menacer notre prof de potions pour n’avoir que toi comme partenaire à Poudlard, que tu es la seule à connaître l’origine de mes cicatrices, que je ne voulais que toi pour me soigner, que j’étais si survolté en bossant sur la potion tue-loup de Kesa avec toi ? » Ne la lâchant pas du regard, il tenta de se calmer, ne voulant pas paraître trop « intense ». Après quelques secondes il reprit finalement en revenant capter ses prunelles ambrées. « Tu es tout sauf une inconnue à mes yeux. » conclu-t-il l’air sérieux, espérant sincèrement qu’elle le croit sur parole.

Tourmenté par les émotions contraires qui se livraient bataille en lui, Rory avait préféré abandonner son légendaire égo mal placé. En la compagnie de la médicomage il était source de conflits ou se retrouvait si mis à mal qu’il finissait inévitablement par le blesser, ricochant de façon hasardeuse sur elle. Il suffisait de voir où ils en étaient ce soir. Tout ça pour quoi ? Elle ne lui avait pas rendu son câlin. C’était aussi stupide que ça, si on omettait volontairement les sentiments étranges qu’il pouvait ressentir. Bien conscient qu’il allait devoir apporter de nouvelles justifications, Rory évita son regard, la culpabilité le rongeant. Lexi avait ce don pour le confronter à ses propres incohérences, le mettre face au pied du mur et lui montrer avec pragmatisme tout ce qui n’allait pas. Était-elle aussi dure avec ses très chers Kesabel et Tobias ?! A cette simple pensée il sentit une vague de colère mêlée à de la jalousie l’envahir. Non… C’était sûr. Comment pourrait-il avoir une place aussi privilégiée qu’eux pour Lexi ? Il ne leur arrivait tout simplement pas à la cheville. Après un bref silence, ne sachant pas comment il pourrait lui expliquer, Rory prit finalement la parole, évitant méticuleusement de croiser son regard. « Je me sentais pas prêt à te revoir après ce que… » Putain que c’était dur à dire. A bien y réfléchir, il ne l’avait jamais formulé. Il n’avait jamais encore prononcé ces trois petits mots. Ils étaient si lourds de sens, si difficiles à admettre pour lui qui se croyait au dessus de tout. Pourtant il était bien mort cette nuit là. Durant quelques secondes son coeur s’était arrêté de battre. Il avait cessé de respirer. Il était mort. Reprenant contenance après un profond soupir, Rory recommença sa phrase. « Quand tu m’as réanimé c’est comme si quelque chose avait changé en moi. J’étais un peu perdu en fait. J’avais besoin de réconfort j’imagine… » Une bonne façon de parler indirectement de l’étreinte qu’il lui avait volée. « Quand tu as qualifié ça de « moment de faiblesse » ça m’a déçu. » Lâcha-t-il péniblement. Parler de ses sentiments, mettre des mots dessus était un véritable calvaire pour Rory. Une contrainte toutefois nécessaire s’il voulait ne pas la perdre. C’était le jeu.. Il conclut en retrouvant son regard, l’air plus embêté qu’autre chose. « J’étais trop gêné par mon geste et ta réaction… J’ai pas assumé mais à aucun moment je ne voulais t’inquiéter ni même que tu penses que je te vois comme un simple moyen de soigner mes blessures. »

A bien y réfléchir, jamais Rory n’avait été si honnête et transparent sur ses sentiments et intentions. Il préférait laisser les non-dits s’accumuler, la rancoeur s’installer et les balayait d’un revers de la main. De toute façon, tôt ou tard, tous ceux qui comptaient pour lui finissaient par disparaître de sa vie. Pourquoi pas plus tôt que tard alors ?! Afin de se débarrasser de tout ce poids, il préféra ironiser sur le baiser qu’il lui avait volé, histoire de détendre un peu l’atmosphère. La réaction de Lexi le laissa cependant perplexe. C’est pas ça… Que voulait-elle dire par là ?! Les sourcils froncés, il avait beau retourner cette petite phrase dans tous les sens dans sa tête, il ne lui trouvait aucun sens plausible. Ce qu’elle rajouta ne l’aida guère. « Ce n’est peut-être pas logique pour toi qui es si pragmatique. Pour moi c’est différent. L’envie m’est venue, je l’ai écoutée. J’ai pas réfléchi plus loin que ça. » Une explication qu’il aimait croire également. C’était plus simple de la sorte. Il avait agit par pulsion ! Pratique. Heureusement, le fait que Lexi desserre son emprise sur lui l’éloigna de toutes ces considérations. Quand elle finit par se relever, il attrapa sa main pour en faire de même, grimaçant sous le coup de la douleur quand il posa le talon au sol. Sans broncher, il déboutonna son pantalon et le baissa suffisamment pour laisser apparaître le pansement de gaze qu’il lui avait montré quelques instants plus tôt. Muni de sa baguette, il en fit jaillir un faisceau lumineux, le tenant suffisamment prêt de la blessure pour qu’elle puisse l’examiner. Fixant l’obscurité qui les enveloppait, Rory frissonna au contact de ses doigts sur sa peau. Par chance, le froid glacial du mois de novembre était l’excuse toute trouvée pour la chair de poule recouvrant le haut de ses jambes. A mesure qu’elle palpait la plaie, son visage se crispait de douleur, réprimant des petits râles. Peu réjoui à l’idée d’avoir une nouvelle crème à implémenter à ses soins qui semblaient s’éterniser, il se contenta d’approuver d’un simple grognement. Ça n’en finissait plus… Quand allait-il enfin en voir le bout de cette blessure qui lui rappelait douloureusement cette fameuse nuit. A peine se redressa-t-elle qu’il remit son pantalon à la hâte, le froid accentuant les spasmes de sa cuisse. La question de Lexi le prit de court. Un peu perplexe qu’elle change si radicalement de sujet, il resta complètement con un instant, écoutant sa seconde question sans lui apporter de réponse. Il fronça brièvement les sourcils avant de lui répondre en se raclant nerveusement la gorge. « Euh… J’avais besoin de refaire le stock en champignons, plantes vénéneuses et racines. Y a que dans ce coin qu’on trouve les espèces que je cherche. » Il lui montra le contenu de son sac, retrouvant sa confiance habituelle, comme à chaque fois qu’il était question de travail. « Tu peux m’aider à en ramasser certaines oui. Je vais avoir un peu de mal à me baisser je pense… Du coup si tu veux bien te charger des plantes et racines, moi je peux faire les champignons ! Ça ira plus vite comme ça. » dit-il en esquissant un léger sourire alors qu’il récupérait son couteau de chasse attaché à sa ceinture.

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Date d'inscription : 12/04/2020

Some wounds never healLisière de la forêt interdite || Mi-novembre 2020 || ROXI II Assise sur Rory, le contraignant à rester au sol, Lexi sait qu’elle maintiendra sa prise aussi longtemps qu’il le faudra. Elle pensait que Rory se débattrait à son tour, comme elle l’avait fait elle-même mais au contraire, il reste sagement au sol. La jeune femme ignore si c’est parce qu’il est trop surpris pour bouger, parce que sa blessure le lance ou parce qu’il sait fort bien que la colère de Lexi peut s’abattre sur lui à chaque instant et qu’il vaut mieux faire profil bas. Peut-être un peu des trois finalement. Toujours est-il qu’il ne peut supporter qu’elle l’observe de si près et Lexi finit par se reculer lorsqu’il le lui avoue. Soit. Déjà qu’elle le domine, elle peut peut-être lui concéder ce léger point. C’est le seul qu’elle lui donnera d’ailleurs car suite à cela, les justifications émises par le fils Barjow ne la convainque pas du tout au point qu’elle se sent obligée d’expliquer pourquoi cela l’a blessé. Il faut dire que Lexi n’a guère l’habitude d’exprimer ses sentiments et encore moins ses émois mais alors que Rory manifestait une totale incompréhension, elle avait souhaité le bousculer, le confronter. Lui faire comprendre à quel point il l’avait blessé. Lexi n’est pas le genre de femme à accorder sa confiance aisément ; au contraire. Elle est lentement acquise et la moindre erreur peut suffire à tout détruire, à tout balayer d’un revers de main. Si son amitié avec Kesabel s’était rapidement construite sur la base de la souffrance ; celle avec Tobias avait par exemple mis des années à se développer. Quant à Rory, malgré le lien créé durant leur adolescence, ils s’étaient perdus de vue durant des années avant de se retrouver à Sainte-Mangouste. Encore une fois, Lexi a mis du temps à s’ouvrir à lui par le biais d’une simple phrase qui en disait pourtant long sur son enfance et les souffrances subies. Autant dire qu’elle n’est pas vraiment très douée pour les relations humaines. Pourquoi croyez-vous qu’elle travaille dans une morgue ? Lexi est plus à l’aise avec les morts qu’avec les vivants pour ces raisons ; elle ne veut pas avoir à nouer quelque lien que ce soit. Les relations privilégiées qu’elle possède déjà lui suffisent et elle ne souhaite pas vraiment en créer de nouvelles. Par contre, effectivement, les personnes qu’elle fréquente sont amenées, à plus ou moins long terme, à rentrer dans son cercle plus proche et Rory commençait doucement à se faire une place dans sa vie. Elle savait qu’elle avait lâché du lest après les déconvenues causées par Kesabel et Tobias et qu’elle avait laissé Rory s’engouffrer dans cette brèche. Lui ne s’en est peut-être pas rendu compte, mais Lexi le sait bien. Cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas sentie aussi seule.

Elle le regarde soupirer après qu’elle lui ait expliqué à quel point elle s’est sentie lésée et blessée après qu’il l’ait tout bonnement ignoré. Importante. Lexi n’a jamais été importante pour qui que ce soit lorsqu’elle était enfant, ce n’est pas un terme qu’elle affectionne. Au contraire. Cette enfant née petite fille, délaissée par son père qui souhaitait un garçon afin de perpétuer la lignée, ignorée par sa mère qui n’avait que faire des gémissements d’une gamine, n’avait jamais reçue d’amour et on lui avait encore moins accordé de l’importance. Ludivine et Soledad oui, à un instant de sa vie, lors des premières années à Poudlard, alors que Lexi rêvait encore d’une autre existence et espérait se libérer des injonctions familiales et de la violence subie au sein de sa maison. Les deux jeunes filles avaient accordé leur amitié à Lexi mais elle avait coupé court à tout ça en quatrième année alors que son père venait de mourir ; elles étaient trop solaires, trop gentilles, trop aimantes. Lexi ne pouvait plus supporter leur bienveillance, elle eut alors besoin de la noirceur de Kesabel, de sa violence, de sa tristesse ; ils s’étaient soutenus dans leurs souffrances respectives. Ils avaient grandi avec cela, s’étaient reconstruits petit à petit. Là, elle avait eu de l’importance à ses yeux oui. Et pour Rory, en avait-elle ? Il affirme que oui et que cela remonte à bien plus loin que ces derniers mois. Lexi fronce les sourcils, surprise qu’il évoque ces quelques moments charnières de leur relation. Tout sauf une inconnue. Une moue perplexe s’installe sur le visage de la jeune femme tandis qu’elle tente d’assimiler ces quelques mots. Elle ne peut s’empêcher de dire : « Mais c’est l’impression que tu m’as donné Rory. » Peut-être fallait-il qu’il comprenne que ses actions avaient des conséquences. Lexi n’est pas vraiment une personne très attachée aux nouvelles ; elle est même la dernière à en donner, mais pour autant, quand on a failli mourir, elle estimait qu’il s’agissait de la moindre des choses. Elle n’avait tout de même pas demandé la lune, si ?

En tout cas, Rory fait amende honorable et c’est la première fois qu’il lui parle ainsi, à cœur ouvert. Il aura seulement fallu que Lexi le couche au sol pour cela. C’est bon à savoir… Peut-être qu’il avait besoin qu’on le bouscule lui aussi, qu’on le pousse dans ses retranchements afin d’être aculé au pied du mur et n’avoir plus d’autres choix que d’être sincère. « Quand tu m’as réanimé c’est comme si quelque chose avait changé en moi. J’étais un peu perdu en fait. J’avais besoin de réconfort j’imagine… » Avoir frôlé la mort remettait souvent les pendules à l’heure, c’est vrai. « La mort a une curieuse façon de faire le tri parmi les priorités. » ~~coucou Jack~~ dit-elle dans un murmure. Rory poursuit son explication et Lexi finit par baisser la tête doucement, comprenant qu’elle l’avait blessé elle aussi avec ses railleries. « Désolée. Je… » Lexi cherche ses mots, elle cherche à expliquer ses paroles tout en sachant bien qu’elle a elle-même réagi sur le coup de l’inquiétude et de l’angoisse. Elle pousse un soupire à son tour et dit : « J’imagine que j’avais besoin de dédramatiser la situation. Je me sentais coupable de la crise cardiaque, j’avais l’impression d’avoir failli te perdre à cause d’une de mes erreurs. J’avais besoin de mettre mes émotions à distance et toi, tu… » Lui quoi exactement ? « Tu as brisé cette distance qu’il y a toujours eu entre nous et, je me suis sentie perdue moi aussi. J’ai préféré repartir sur ce qu’on a toujours connu, les railleries, les moqueries. J’ai pensé que ça t’aiderait toi aussi. » Elle s’est trompée apparemment. Quant au baiser, qu’avait-il à en dire ? « L’envie m’est venue, je l’ai écoutée. J’ai pas réfléchi plus loin que ça. » Lexi hausse un sourcil et dit : « D’accord. » Cette explication lui semble rationnelle, bien. Qu’elle le soit. Ce n’est pas comme si elle n’avait pas l’habitude que ses proches l’embrassent. Tobias ne s’y était jamais risqué mais les relations charnelles entretenues avec Kesa et Phobos ne s’étaient d’ailleurs pas uniquement contentés de simples baisers…

Lorsqu’il lui demande de se relever, elle l’aide à le faire et en profite pour examiner rapidement sa blessure. Maintenant que la tension était redescendue entre eux, Lexi commence à retrouver ses anciennes habitudes et elle n’en est pas mécontente. Elle ne veut plus que Rory la surprenne ainsi. Elle n’a pas peur de la violence dont il peut être capable, la sienne s’exprime aussi à de nombreuses reprises ; mais le fait qu’il puisse franchir des barrières si longtemps érigées la terrifie et elle n’y est pas tout à fait prête. Repartant sur une conversation plus neutre, elle lui demande ce qu’il est venu chercher ici. Elle hoche la tête lorsqu’il énonce les différents ingrédients recherchés et elle acquiesce à nouveau quand il propose de se séparer les tâches à réaliser. Elle relève doucement son long manteau pour dévoiler les couteaux sanglés à ses cuisses, comme à son habitude. Elle en attrape un et débute sa recherche. Rory et Lexi sont silencieux et travaillent tranquillement pendant plusieurs minutes. Ils ont toujours fonctionné ainsi lorsqu’il s’agit de boulot. Leur rigueur et leur amour pour le travail bien fait les a aussi rapprochés alors qu’ils bossaient sur la potion tue-loup pour Kesabel. Même déjà à Poudlard d’ailleurs, ils formaient un duo improbable mais intéressant. Soudainement, une des phrases énoncées par Rory revient en tête de la jeune femme. Elle se rapproche de lui et glisse les quelques racines déjà récoltées dans le sac de Rory puis demande : « Au fait, t’as vraiment menacé le prof de potions pour m’avoir comme partenaire ? » Lexi n’avait jamais entendu parler de cette histoire et elle était curieuse qu’il la lui raconte. C’était il y a si longtemps, presque une éternité en réalité.

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Il fallait croire que c’était la soirée des premières avec Lexi. Première engueulade, première altercation physique, premier baiser ~~(volé)~~ et premières confessions. Ça faisait beaucoup d’un seul coup quand même. Avec d’autres, ça se serait arrêté à l’engueulade. Rory n’aurait pas cherché à comprendre ni même à s’expliquer avec son interlocuteur. A quoi bon en fait ?! Cependant ce n’était pas n’importe qui. Lexi n’était pas n’importe qui. Même là dessus il ne pouvait pas se mentir à lui-même. Par contre admettre qu’il l’appréciait plus que de raison et était attiré par elle… Ça c’était une autre paire de manche.
Ce fut donc sans vraiment pester qu’il accepta la situation, allongé à même le sol glacé de la forêt interdite, prêt à lui prouver par A plus B que oui, il tenait à elle malgré son comportement absurde de ces dernières semaines. En substance ce fut d’ailleurs ce qu’il lui tenu comme discours, employant même l’adjectif « importante » pour la qualifier. Les seules personnes qu’il avait un jour catégorisées d’importantes dans sa vie se comptaient sur les doigts d’une main et encore ces dernières n’avaient jamais été au courant jusqu’à ce jour de leur place si privilégiées dans la vie du jeune Barjow. Ainsi, d’avoir la preuve par les paroles de Lexi que ses actes l’avaient blessée, reflétant l’opposé de ses sentiments enfonça un peu plus le couteau dans la plaie. Il avait été d’une bêtise abyssale sur ce coup-ci. Rory était peut-être brillant quand il s’agissait de connaissances pures, brutes et presque froides de par leur nature immuable, en revanche quand il était question de relations humaines, il se transformait en abruti fini. La situation dans laquelle ils se trouvaient à présent en était la preuve incarnée.

Non sans une certaine difficulté ce fut le moment d’évoquer l’élément déclencheur de tout ce shit show qu’avait été les semaines passées avec cette soirée en guise de bouquet final. Sa crise cardiaque. Il lui évoqua donc cette sensation avec laquelle il se trimballait à présent ainsi que la déception qu’il avait éprouvée aux paroles si dures de Lexi. Rien que d’en parler, un amer mélange de tristesse et de colère lui nouait la gorge. Combiné à ce qu’il venait de se produire entre eux, c’était un nouveau coup dur pour son égo. Jamais de sa vie Rory n’avait eu à faire face à une telle… Humiliation ? Il avait même du mal à le définir tellement les émotions se mêlaient en lui, formant un amalgame si étroitement intriqué qu’il en devenait confus. Si le petit « Désolée » de Lexi fit son effet, le reste de ses paroles ne l’aidèrent guère. Mettre mes émotions à distance… Brisé cette distance… J’ai préféré repartir sur ce qu’on a toujours connu… Ses justifications. Le choix de ses mots. Les insinuations qu’il pensait y déceler. Tout était réuni pour bien lui remuer le couteau dans la plaie. Bien que peiné par sa réponse, Rory tenta d’y faire abstraction, encaissant sans broncher ses paroles qu’il vivait comme un véritable rejet. Rejet de l’affection qu’il avait pour elle. Rejet de potentiellement plus…

Il finit de se justifier, une fois de plus, de son geste maladroit de la soirée et se redressa avec son aide. Une fois sa plaie inspectée, Rory reprit ses bonnes vieilles habitudes, énumérant à Lexi tout ce qu’il fallait qu’elle trouve à même le sol. Il se retrouvait enfin en terrain connu, pouvant souffler un peu après le chaos de ce début de soirée. D’arbre en arbre, il prélevait à l’aide de son couteau divers champignons, pièces de mousse pouvant s’avérer intéressantes et petits bouts d’écorce. Un travail méticuleux qui lui vidait littéralement l’esprit, bien heureux de retrouver une certaine forme de calme intérieur. Quand après quelques instants Lexi s’approcha de lui pour glisser dans son sac le fruit de sa récolte, la question qu’elle lui posa arracha un sourire à Rory. « Bien sûr ! » S’exclama-t-il en décollant un champignon de l’arbre à côté duquel il s’était arrêté. « Ça faisait cinq longues années que j’étais dans ce club et que je me faisais chier comme un rat mort. Un beau jour tu débarques et là tu réussis à réaliser du premier coup une potion complexe que même des troisièmes années n’arrivaient toujours pas à maîtriser. Tu m’as tout de suite tapé dans l’oeil. Fallait à tout prix que tu sois ma partenaire ! » Il s’arrêta un instant pour déposer dans son sac le contenu de ses mains. « J’ai demandé à faire équipe avec toi, le cours suivant on était ensemble puis quand la fois d’après le prof t’a mis avec un abruti de Gryffondor ça m’a fait péter les plombs. Je suis allé le voir après les cours mais il m’a dit que ça fonctionnait pas comme ça dans le club, qu’on devait changer de partenaires à chaque fois… Bref ! Des grosses conneries. Je me suis servi d’une Serpentard qui me harcelait depuis un moment pour lui faire passer des gâteaux empoisonnés par mes soins. Juste assez pour le mettre au plus mal. Quand je suis allé le voir le lendemain, je lui ai fait comprendre que s’il voulait arrêter de se vider par les deux bouts il allait devoir accepter ma demande. Il pas hésité une seule seconde, je lui ai filé l’antidote et c’est comme ça que j’ai pu t’avoir comme partenaire permanente. » conclu-t-il avec un petit sourire mi-sadique, mi-amusé. Rory en avait fait des conneries à Poudlard mais aucune n’avait été aussi grosse et borderline que celle-ci. Heureusement que le prof en question était un lâche, terrorisé par le jeune Barjow, sans quoi il encourait très probablement l’expulsion définitive du château.

Après de nombreuses minutes à collecter les mousses et champignons à sa portée, le silence était revenu entre eux. Chacun s’occupant à sa tâche dans la pénombre presque rassurante de la forêt interdite, son esprit divaguait. Il était principalement préoccupé par diverses formules de potions et améliorations possibles en fonction des différents ingrédients qu’il ramassait. Chaque nouvelle espèce qui attirait son regard lui faisait naître de nombreuses interrogations. Un exercice sans fin qui devint tellement intense qu’il ne prêtait plus attention à ce qui l’entourait. Habitué à évoluer sur le sol sylvestre en faisant le moins de bruit possible, il n’avait donc pas besoin de particulièrement prêter attention aux sons environnants. Seul son « radar », comme il aimait l’appeler, fonctionnait. Avec le temps il avait développé la faculté de sortir de ses pensées au moindre bruit suspect. Au bout de plusieurs longues minutes, Rory s’arrêta soudain dans son geste. Quelque chose n’allait pas. Il prit un instant pour analyser la situation. Aucun bruit environnant. Aucun bruit. Merde. Le jeune Barjow se retourna précipitamment, fouillant l’obscurité de sa baguette. Lexi avait disparu. Tournant sur lui-même, regardant derrière les imposants troncs des parages. Rien. Etrangement, il sentit une vague de panique l’envahir. Où était-elle passée ? Et s’il lui était arrivé quelque chose ? Si elle avait fait une mauvaise rencontre ? Si Lexi était entrée en territoire centaure ? Immédiatement il partit à sa recherche, se fiant à son instinct et son ouïe. Le moindre son pourrait lui être d’une aide vitale. Qu’il avait été bête de se montrer si peu attentif. Intérieurement, Rory priait tous les saints qu’il ne lui arrive rien, qu’elle se soit juste égarée. Il ne pourrait jamais se le pardonner si, par sa faute, il lui arrivait quoi que ce soit. Soudain, un bruissement de feuilles attira son attention. Figé pendant l’espace de quelques secondes, il tenta de prendre ses repères. Sans aucune hésitation il fonça en direction du nord-ouest, baguette brandie dans une main, couteau dans l’autre. Il était prêt à en découdre ! Avançant avec prudence, il contourna l’arbre derrière lequel provenait le bruit répété de feuilles mortes avant d’en surgir, l’air menaçant et prêt à attaquer. Il se stoppa net dans son mouvement quand son regard d’une noirceur inquiétante accrocha la silhouette de Lexi. Soulagé, il poussa un profond soupir en se détendant immédiatement. Ses yeux se fermèrent pendant quelques secondes avant de capter les prunelles interrogatives de la jeune femme. « J’ai cru que je t’avais perdue putain… » Accusant encore le coup de la frayeur qu’il s’était fait tout seul, il passa une main dans ses cheveux pour replacer une de ses mèches sur son crâne. « Tu m’as fait peur ! » Avoua Rory avant de porter son attention sur le petit butin que s’était confectionné son amie. Presque instantanément il fut captivé par ses trouvailles et mit de côté l’inquiétude qu’il avait éprouvée à l’idée de la perdre. Avec une certaine difficulté il s’accroupit à ses côtés, pratiquement collé à elle pour mieux voir les plantes et racines se trouvant à ses pieds. De la pointe de son couteau il inspecta le tout, s’éclairant avec sa baguette. Progressivement, un large sourire venait étirer ses lèvres et il ne put s’empêcher de lâcher. « Putain mais t’es géniale ! Tu trouves tout ce dont j’ai besoin et plus encore ! Il faudrait que tu viennes à chaque fois avec moi en fait. » s’exclama-t-il en redressant la tête. Une fois de plus dans cette soirée, ils se retrouvaient plus proches que d’ordinaire. A seulement quelques centimètres de son visage, il échangea un bref regard avec elle avant de détourner les yeux, perturbé par cette proximité si chargée en émotions qu’il avait du mal à gérer.

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Some wounds never healLisière de la forêt interdite || Mi-novembre 2020 || ROXI II Alors que Lexi s’évertue à chercher les herbes demandées par Rory, ses pensées fusent et elle est troublée par la tournure qu’a pris la discussion. La jeune femme n’est pas du genre à apprécier qu’on vienne la remettre en question. Au contraire. Elle le sait bien, lorsqu’un obstacle se dresse sur sa route, elle le dégage à l’aide d’un bon coup de pied au derrière ou elle l’ignore superbement, montrant ainsi sa supériorité et le fait qu’elle se fiche bien de tout cela, que cela lui passe au-dessus. Ce qu’il s’est passé ce soir est différent. Elle n’a jamais été très douée dans les relations humaines ; au contraire, Lexi est plutôt du genre solitaire, à aimer faire cavalier seule. L’idée est simple : en ne comptant sur personne, on n’est jamais déçu. Pour autant, toute règle a son exception et celle de Lexi s’explique par les liens d’amitié créés au fil des années avec ses amis proches. Elle n’a nul besoin d’autres dans son existence. Pour autant, lorsque Rory a failli mourir dans sa cuisine, elle a eu peur. Comme pour Tobias, comme pour Kesabel. Quelque chose s’est passée en elle et elle a compris qu’il avait gagné sa place dans son cercle restreint. Par contre, elle ne s’attendait pas à ce qu’il s’est passé ensuite. Son indifférence l’avait affecté plus que de raison, elle qui est si habituée à ne pas être ignorée par ses autres amis. Rory avait alors touché là son masque de confiance, la relayant au simple rang de vagues connaissances dont on se sert et qu'on jette quand on n’en a plus besoin. Lexi avait ce même comportement avec les gens indignes de son intérêt certes, mais elle pensait aussi qu’ils avaient construits quelque chose durant toutes ces années. Rory l’avait blessé. Mais en y songeant à nouveau et après qu’il ait fourni ses explications, Lexi s’est rendu compte qu’ils s’étaient blessés l’un l’autre avec leurs réactions sommaires. Si Rory s’est évertué à dresser entre eux un grand mur de détachement, Lexi avait préféré jouer la carte de la colère. Réactions stupides, réactions puériles marquant bien là leur manque de confiance en l’un, comme en l’autre.

Lexi se concentre sur sa respiration tandis qu’elle relève méthodiquement les racines. Elle n’a jamais vraiment apprécié les balades en forêt même si elle savait à quel point elles s’avéraient utiles. La recherche de plantes pour les potions est toujours une quête difficile, surtout celles dont la fleuraison dépend de la météo, du cycle de la lune ou d’autres éléments extérieurs tels que ceux-ci. Pour autant, elle aime le calme qui s’installe en elle alors qu’elle apporte son aide à Rory ; la sensation est similaire à celle qu’elle éprouve lorsqu’elle fait l’autopsie d’un de ses patients. Rigueur, quiétude, patience. Ce sont les maîtres mots qui définissent le travail qu’elle effectue aussi ce soir. Au bout d’un moment, alors que son butin commence à être conséquent, une question lui revient en tête. Lexi s’appuie contre l’arbre sur lequel il est en train de récolter un champignon et elle sourit au fur et à mesure qu’il s’explique. « J’avais pas du tout remarqué tout ce manège. » dit-elle lorsqu'il a terminé de raconter l’histoire en entier. « C’est vrai qu’à l’époque, je me suis souvent demandée pourquoi je me coltinais souvent le fils Barjow. » dit-elle amusée. Lexi n'était alors qu'une enfant, elle n'avait pas cherché plus loin que le bout de son nez. On lui donne un partenaire, elle bosse avec, point. « Je n’aurai jamais imaginé que tu étais assez aussi loin pour une gamine de première année. » Lexi est flattée, il faut l’avouer. À l’époque déjà, qu’un élève d’une année supérieure à la sienne s’intéresse à elle l’avait intrigué. Après tout, que pouvait-il bien apprendre d’une enfant ? Même si Lexi a toujours été douée pour les potions, comprenant rapidement les instructions, en détournant régulièrement certaines afin d’obtenir des résultats plus intéressants ou pour gagner du temps, elle avait souvent fait forte impression que ce soit en classe, ou dans le club. « T’as eu de la chance que c’était un abruti ce prof. Façon, même les élèves de son club étaient plus doués que lui. » dit-elle, sévère mais réaliste. Il est vrai qu’elle avait davantage appris avec Rory et les autres membres du club qu’avec cet enseignant pas doué pour un sou et dont la pédagogie laissait à désirer. « T’aurais pu te faire exclure pour intoxication alimentaire sur personne dépositaire de l’autorité, ça aurait été marrant sur ton bulletin de fin d’année. » Cette anecdote amuse la jeune femme qui secoue la tête avant de reprendre sa recherche. Puis, elle se mord la lèvre, tandis qu'elle se rend compte de ce qu'elle vient de dire. Si jamais cela avait été le cas, quelle punition Rory aurait reçu chez lui ? Un frisson la parcourt et elle se contente de dire : « T’es complètement cinglé. Fallait pas prendre tous ces risques. » ~~lol c’est l’hôpital qui se fout de la charité~~

Les deux acolytes reprennent leurs collectes et Lexi laisse son esprit vagabonder loin. Dans sa tête se bouscule des idées sur le sérum anti-magie créé par le Blood Circle qu’elle cherche à reproduire depuis des mois. Les expériences menées sur Nathan Lancaster commençaient à porter leurs fruits et la jeune femme avait déjà obtenu quelques résultats partiels. Si elle savait qu’il était peu probable que le Blood Circle utilise des ingrédients dits « magiques », elle n’excluait aucune possibilité. Après tout, ils avaient des Cracmols dans leurs rangs, des gens capables de produire des potions et qui savaient suivre un protocole donc toutes les hypothèses restaient envisageables. Lexi s’enfonce plus en plus dans la forêt, restant vigilante à tous les bruits environnants mais se mouvant avec la grâce et le calme qui lui est propre. Maintenant qu’elle est rassurée sur l’état de santé de Rory, elle fait davantage attention à respecter la forêt et son environnement. Elle se contente alors de continuer à récolter divers ingrédients, en trouvant même d’autres qui lui seraient utiles à elle. Quitte à être là, autant faire le travail comme il faut. Perdue dans ses pensées, accroupie en train de ramasser d’autres plantes, elle relève brusquement la tête lorsque les bruits de la forêt deviennent inhabituels. Des pas qui se pressent sur les feuilles mortes, des bouts de bois qui se crispent. Lexi abandonne son couteau pour serrer sa baguette et ses yeux accrochent soudainement le regard de Rory, qui semble… inquiet ? « Perdue ? » demande-t-elle, interrogative. Elle l’observe doucement, fronçant les sourcils alors qu’il passe sa main dans ses cheveux, l’air nerveux. « Faut te détendre Barjow, j’suis une grande fille tu sais. » dit-elle narquoise. « Je sais me défendre toute seule. » Oh oui, Lexi n’a nulle besoin qu’on vienne lui porter une main secourable, la plupart du temps, elle se débrouille seule. Rory s’avance vers elle et s’accroupit à ses côtés. Son exclamation de joie laisse Lexi pantoise. « Cela te surprend tant que ça que je sois géniale ? Tu ne t’en étais pas rendu compte avant ? » Elle lui donne un coup dans son épaule, taquine et leurs regards se croisent. Rory se détourne bien rapidement et Lexi fronce les sourcils -encore une fois-. Mais qu’est-ce qu’il lui prend ? Une seule idée lui vient en tête : elle le dégoûte. Il ne supporte plus de la regarder. C'est l'unique explication rationnelle qui lui vient à l'esprit. D’accord. Lexi se renferme comme une huître, perdant son sourire, et place les différents végétaux et plantes récoltées dans le sac de Rory et en garde certaines pour elle. Dans un silence religieux, elle se relève et regarde sa montre. « Il faut que j’y aille. Il est tard. » Il n'est pas tard du tout mais Lexi a besoin de prendre du recul. Tout s'est passé trop vite ce soir. Après l'inquiétude, la colère, la violence, les interrogations, l'apaisement, les taquineries et les incompréhensions, tout se bouscule dans sa tête. Elle a besoin d'être seule. La solitude est la seule alliée qui lui reste fidèle.

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Se concentrer sur ce qu’il avait à faire plutôt que de repenser aux évènements de ces deux dernières semaines, et surtout ce soir, était la solution pour laquelle Rory avait opté. Rien que de repenser au baiser qu’il avait pu donner à Lexi embrouillait son esprit. Entre colère, incompréhension et dépit, il finissait inévitablement par éprouver des remords d’avoir eu un geste si maladroit envers elle. Non seulement l’avait-il prise au dépourvu mais en plus il l’avait contrainte et forcée à subir un geste dont elle n’avait clairement pas envie. Qui pouvait la blâmer pour ça ? Clairement pas Rory. Tout le défis allait être de faire amende honorable à présent. Se racheter en espérant que Lexi ne lui en veuille pas trop et qu’elle oublie… Tout comme lui souhaiter oublier avoir eu simplement envie de se rapprocher d’elle de la sorte.
Son travail de récolte aidait dans ce sens. Concentré sur les mousses, champignons et écorces, plus rien n’avait d’importance que son travail et les expérimentations à venir. Dans un secret le plus total il travaillait d’ailleurs à sa propre potion de guérison accélérée. Leur dernière rencontre et la douleur qu’il se trainait encore à la cuisse étaient autant de bons éléments motivants pour trouver la forme idéale. Seul problème ? Il péchait sur les questions de constitution humaine. Pour ça sa seule et unique solution était d’en parler à Lexi mais vous connaissez Rory ?! Un mec têtu, fier et un poil inconscient qui préfère s’acharner quitte à tout péter par frustration qu’admettre qu’il a véritablement besoin d’aide. Encore moins de la part de celle-là même qui, pour une raison obscure, le perturbe par sa simple présence. Concentre-toi sur le boulot plutôt, ça te réussit mieux.

Affairé sur l’écorce d’un arbre, Rory laissa Lexi s’approcher et placer sa récolte dans son sac. S’il fut brièvement surpris par sa question, cette dernière le rendit un poil nostalgique et amusé de la connerie qu’il avait pu faire juste pour l’avoir rien qu’à lui. Possessif ? Non voyons… Pas du tout ! Il lui expliqua donc les raisons cachées pour lesquelles leur professeur de potions avait placé la jeune Fawley et le fils Barjow en binôme permanent. Pas peu fier de lui, Rory racontait cette histoire pour la toute première fois. Personne n’était au courant. Durant toutes ces années, le secret était resté entre lui et ce lâche professeur peu compétent. A quoi bon tout raconter à Lexi ? Elle se foutait très probablement de toute cette histoire et cela n’apporterait rien à leur relation. Pour preuve, elle-même admettait ne pas avoir remarqué quoi que ce soit à l’époque. Sa seconde phrase le fit tiquer. Immédiatement il redressa la tête vers elle, sourcils froncés et l’air légèrement agacé faisant face à son amusement. « Ah bah merci ! Crois-moi que t’aurais moins appris avec les autres abrutis du club qu’avec moi ! » Bien qu’il était entièrement motivé par son égo dans sa réponse, Rory n’avait pas entièrement tort. A l’époque il était objectivement le meilleur élève du club mais également de toutes les cinq premières années de Poudlard, talonnant de très près certains élèves plus âgés. Il suffisait de regarder ses notes en la matière. Seul et unique élément de fierté pour son père : son héritier par défaut était un petit génie. Quand Caïn avait brillé par sa force brute, sa méchanceté et son sadisme, Rory s’illustrait en potions, enchantements, sorts et connaissances pures. Une nouvelle fois, il ne put s’empêcher de réagir aux paroles de Lexi, tiquant sur le terme qu’elle employait : « gamine ». Tout en plaçant quelques champignons dans son sac il la rectifia en lui lançant un petit regard accompagné d’un sourire étonnamment doux. « La gamine que tu étais valait clairement la peine que j’aille aussi loin. C’est justement parce que tu étais aussi douée aussi jeune que je voulais que tu restes avec moi. » Si les années Poudlard avaient bien prouvé une chose c’était que Rory Barjow ne s’encombrait pas de relations qu’il jugeait insignifiantes. S’il était à la fois craint et apprécié c’était pour sa vivacité d’esprit, son humour piquant couplé aux situations rocambolesques dans lesquelles il finissait toujours fourré. Un caractère casse-cou et impétueux qui pouvait partir d’une seconde à l’autre avec son poing dans votre figure si l’envie lui prenait. Il n’avait donc pas hésité quand l’idée lui était venue en tête. Lexi avait raison, forcer le destin en s’assurant qu’elle soit avec lui avait été une bonne chose. Leur prof n’était clairement pas de taille. Un bref sourire étira ses lèvres à l’idée qu’il aurait pu être exclu. La bonne blague. Ce n’était pas prendre des risques ça et quand bien même, Lexi en valait très largement la peine. « C’est peut-être la pire connerie que j’ai pu faire à l’époque mais tu te trompes. Ça en valait largement la peine ! Puis, honnêtement, s’ils avaient vraiment voulu me virer, ils l’auraient fait depuis bien plus longtemps. Mon dossier en entrant en cinquième année devait être tellement chargé en infractions que j’aurai pu ne pas revenir au château. » Des heures de colles, punitions, avertissements à répétition dont son père était systématiquement tenu au courant et qui, avec les années, avaient finis par s’imprimer sur le dos de Rory. Les coups de ceintures et ceinturons ne semblaient pourtant pas l’arrêter. A Poudlard il se sentait vivant, libre et si insouciant des répercutions que pourraient avoir ses actes.

C’est sur cette pensée, ce sentiment de totale liberté que Rory reprit sa quête d’ingrédients pour ses potions, faisant abstraction de tout le reste. Il y avait quelque chose de méditatif dans le fait de sortir en forêt à la recherche d’ingrédients, surtout quand il s’agissait de plantes si simples d’accès et relativement communes. Ça lui changeait de tous les risques qu’il prenait pour se procurer certains ingrédients bien plus rares et onéreux. Tout en appréciant le calme qui régnait dans les bois, Rory évoluait tranquillement, émettant le moins de bruits possible comme à son habitude. C’est là que quelque chose le frappa. Tout était beaucoup trop calme. Si calme que Lexi ne pouvait logiquement pas se trouver dans les parages. Pris de panique, redoutant qu’elle se retrouve dans une situation délicate, il partit à sa recherche, prêt à en découdre pour lui venir en aide. Bien qu’il ne doutait pas de sa capacité à se défendre seule, c’était plus fort que lui. La simple idée qu’elle puisse être en danger, par sa faute qui plus est, était insupportable pour Rory. Quand il la trouva derrière un tronc d’arbre à tranquillement collecter plantes et racines, un profond soulagement pris le déçu. Il soupira tout en l’écoutant le railler un peu pour s’être inquiété. « N’empêche que même si tu es très douée au corps à corps, avec une lame ou une baguette, j’aimerais bien te voir face à leurs flèches et leurs lances. » Oui mais non en fait hein. Tout sauf ça ! C’était d’ailleurs la raison de son inquiétude ! Rory avait encore le douloureux souvenir de la flèche qui avait laissé une marque conséquente sur son épaule pour ne pas lui souhaiter pareille rencontre. Il finit cela dit vite distrait par le butin aux pieds de Lexi, examinant avec fascination tout ce qu’elle avait trouvé en si peu de temps. Grâce à elle, Rory allait pouvoir reprendre ses expériences dès le lendemain. « Je savais pertinemment que tu étais géniale ! Sinon j’aurais pas empoissonné un prof pour toi ou ne t’aurais pas confié ma vie… » Subtile façon de faire référence à la fameuse nuit de son arrêt cardiaque. Si Lexi doutait de la confiance aveugle qu’il avait en elle, c’était là un bon moyen de balayer ses doutes. Une confidence qui, couplée à leur proximité, perturba fortement Rory quand il vint capter son regard. La réaction de la jeune femme intensifia son sentiment. Elle s’était comme transformée. Adieu le petit sourire amusé et joueur au coin des lèvres, bonjour reine des glaces. Sans comprendre sa réaction et pourquoi elle voulait si soudainement partir, il resta interdit, soufflant un simple. « Ah… » Il se passe quoi là, exactement ? Qu’est-ce que t’a fait comme conneries encore ?! Fixant le sol en fronçant les sourcils comme pour essayer de comprendre, il agit sans réfléchir quand il l’entendit tourner les talons. Sa main vint attraper la sienne alors qu’il vint lui barrer la route. Sentiment de déjà vu, il relâcha sa prise, ne voulant pas la froisser. « Merci pour ton aide. » dit-il avec un petit sourire tout en tapotant son sac bien remplit grâce à elle. « Je te montrerai ce sur quoi je travaille, je pense que ça peut t’intéresser et en plus j’ai besoin de ton expertise médicale. C’est ton terrain ça. » Ils avaient déjà collaboré de la sorte par le passé, unissant leurs forces dans la confection d’une potion tue-loup améliorée pour Kesabel. La perspective de refaire appel à elle le réjouissait. Toutefois, sentant bien que quelque chose clochait chez Lexi, Rory s’avança légèrement et vint délicatement replacer quelques longues mèches qui s’étaient échappées de son chignon derrière l’oreille de Lexi. Ses doigts effleurèrent la peau de son cou quand il retira sa main et il eut un petit sourire tendre et amusé à la fois. « Ne fais pas une Barjow, ok ? » Rigola-t-il en faisant référence au fait qu’il l’avait ignorée pendant deux semaines suite à leur dernière rencontre. Sur ces paroles il recula en rangeant son couteau à sa ceinture. « Passe me voir à la boutique, je pourrais t’expliquer plus en détails ce qui me pose quelques problèmes. » Rory lui lança un dernier regard avant de se retourner, prenant la direction de Pré-au-lard avant de transplaner jusque dans son appartement.

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Some wounds never healLisière de la forêt interdite || Mi-novembre 2020 || ROXI II « Ah bah merci ! Crois-moi que t’aurais moins appris avec les autres abrutis du club qu’avec moi ! » Accolée contre l’arbre, Lexi ricane doucement de l’agacement de Rory. C’est amusant de voir à quel point il lui est si facile de sortir de ses gonds. Lexi a parfois l’impression de savoir exactement à l’endroit où il faut appuyer et quand appuyer. Peut-être parce qu’il avait les mêmes faiblesses qu’elle ? Les mêmes blessures ? Le même ego ? Tout cela est bien possible. « C’est bon Rory, calme-toi. » dit-elle amusée. « Je n’aurai jamais accepté ça si je n’y avais pas trouvé mon compte. » L’élève qu’elle était à l’époque n’a pas mis longtemps à voir en Rory un futur potionniste de talent. Alors pourquoi se priver de ses conseils et de son appui ? Lexi est devenue la meilleure parce qu’elle a toujours travaillé avec les meilleurs : Rory pour les potions, Tobias pour les entrainements, Phobos pour la médicomagie. Elle avait toujours eu un maître, quelqu’un qui l’a initié et a su faire d’elle une femme forte. Lexi est indépendante, elle aime apprendre seule, mais elle sait reconnaître un talent quand elle en voit un et essaie toujours de tourner cela à son avantage. Toujours.

Elle ne relève pas lorsqu’il dit que tout cela en valait la peine, qu’elle en valait la peine. Certes, elle savait qu’elle était une élève brillante, une jeune Serdaigle qui savait déjà ce qu’elle voulait et qui ne se laissait pas marcher sur les pieds. Rory avait pourtant déjà une sale réputation à Poudlard mais Lexi n’en avait pas été le moins du monde effrayée. Il en fallait plus que cela pour que la jeune gamine de onze ans qu’elle était ait peur. Elle ne craignait même pas les coups de son père, même quand ceux-ci venaient à pleuvoir donc ce n’était pas un adolescent de quinze ans qui allait lui foutre la trouille. « C’est pas faux. » conclue-t-elle lorsqu’il explique que peu importe les nombreuses bêtises qu’il avait pu faire à Poudlard, aucune d’entre elle n’avait entraîné son exclusion. Cela contrastait presque avec l’attitude exemplaire de Lexi, aucune heure de colle à son compteur, des devoirs toujours rendus en temps et en heure. Elle aurait presque pu devenir préfète si elle avait été un peu plus affable. Mais Lexi s’était contentée de ce qu’elle avait ; elle se fichait de faire respecter le règlement, elle n’avait aucun intérêt à surveiller ce que faisaient les autres. Par contre, devenir la meilleure de sa promotion, ça, cela avait de l’intérêt. Le but étant de pouvoir s’extraire de la dynamique familiale, pouvoir se construire un avenir qui lui ressemble. Bien sûr, le décès de son père avait contrecarré ses plans, en quelque sorte.

C'est sur ses pensées qu’elle s’enfonça au fur et à mesure dans la forêt, ramassant divers plantes, écorces et ingrédients. Lexi n’était pas franchement habituée à réaliser ces besognes, elle avait toujours quelqu’un pour le faire à sa place. Sauf lorsqu’il s’agissait de commandes un peu spéciales où les ingrédients sont difficilement trouvables, voire illégaux. Dans ce cas-là, elle pouvait s’en charger elle-même ou demander à Rory, cela dépendait ; il était souvent le mieux placer pour la fournir. Lorsque celui-ci fonça vers elle comme un fou furieux, Lexi fronça les sourcils, perplexe. Il la prenait pour une pauvre femme sans défense ou quoi ? Elle ricane doucement et lui répond : « Face à leurs lances et leurs flèches, je transplanne Rory. » Elle lève les yeux au ciel, un sourire taquin sur les lèvres. Lexi et son pragmatisme légendaire. Elle était toujours en train de calculer la balance bénéfice-risque. Mais il était rare que la jeune femme mette sa vie en danger, elle y tenait bien trop. Il s’accroupit à ses côtés, ravi de sa propre récolte. Lexi accepte les compliments détournés qu’il lui fait jusqu’à ce que son comportement étrange questionne la jeune médicomage. Que lui prenait-il ? Pourquoi faisait-il cela ? Rien n’était logique chez Rory Barjow et cela perturbait tellement la jeune Fawley.

« Ah… » Oui ? Qu’est-ce qu’il avait avec son Ah ? Les yeux assombris par une certaine fureur, Lexi se relève pour se retirer. Il l’arrête en lui attrapant la main et se place devant elle avant de la remercier. « Je t’en prie. » dit-elle froidement. « Je t’enverrai par hibou la crème pour ta cuisse. » Elle fronce les sourcils alors qu’il évoque les travaux sur lesquels il travaille actuellement. « On verra ça. » Une femme froide. Oh oui, elle l’est. Surtout quand elle a l’impression que tout lui échappe. Lexi est une maniaque de l’organisation, du contrôle ; elle hait tout ce qu’elle ne peut pas maîtriser, tout ce sur quoi elle n’a pas d’emprise ou ne comprend pas. Et il faut l’avouer, avec Rory, l’incompréhension se fait bien plus pesante qu’auparavant, là où tout lui semblait si clair auparavant. Qu’est-ce qui a changé ? Putain. C’est ça qui a changé. Rory Barjow qui s’approche d'elle et qui vient replacer quelques mèches rebelles derrière son oreille. Ces contacts réguliers, presque l’air de rien. Le visage inexpressif de Lexi ne laisse rien paraître de sa confusion tandis qu’il sourit doucement, tout en laissant ses doigts l’effleurer plus que de raison. Lexi le laisse faire, pas certaine de la suite à donner à cette caresse. Son esprit tergiverse et elle ne se laisse pas démonter lorsqu’il lui demande de ne pas reproduire son comportement inacceptable des derniers jours. « Je ne peux rien promettre. » Simple, évasif, efficace. D’un bref signe de tête, elle se retire et transplane chez elle, les rouages de son cerveau commençant déjà à trouver des explications au comportement inhabituel du jeune Barjow.

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