La rentrée scolaire était désormais un souvenir qui se ferait bientôt lointain. Hestia n'avait jamais été particulièrement attachée à ces moments là. Elle ne voyait en chaque rentrée qu'un moyen qui l'approchait un peu plus de ses objectifs. Certes, elle aimait Poudlard, le château avait toujours été plus un foyer pour elle que la propre maison familiale -ce qui n’était pas bien compliqué-, mais cela s'arrêtait là. Ce n'était pas au sein de l'école de magie qu'elle comptait construire sa vie, elle était là pour y préparer son futur. Devenir professeur de potions et passer les prochaines décennies au château, à supporter des élèves imbuvables, elle laissait ça à Kun Chang sans aucun problème. La Serpentarde le savait déjà, elle ne ferait pas partie de ces sorciers dont le cœur se serraient de nostalgie au souvenir de leur temps à Poudlard. Sûrement finirait-elle par repenser à ce temps avec une certaine tendresse, mais pour le moment, elle n’y songeait même pas. Pour l’instant, Poudlard lui donnait tout sauf l’impression d’un lieu où rien ne pourrait jamais lui arriver. Depuis cette rentrée, sa tranquillité au sein de l’école était devenue particulièrement relative. Depuis que son nouveau statut d’héritière reniée n’était plus un secret à vrai dire. Hestia savait que cela arriverait un jour, elle avait déjà gagné plusieurs mois de répit, elle ne pouvait pas se plaindre, au moins elle avait eu le temps de se faire à l’idée avant que tout le monde ne l’apprenne et que les regards pleins de jugements ne se tournent vers elle. C’était ça qui donnait un goût amer à cette rentrée, désormais tout le monde savait, et personne ne faisait l’effort de faire semblant. Du jour au lendemain, elle était devenue la cible des regards et des chuchotements. De l’incompréhension, de la pitié, du dégoût, apparemment sa décision déchainait les passions de tous ceux que ça ne regardait pas. Et par Merlin, qu’est-ce que ça pouvait l’irriter.

Les premières semaines avaient été particulièrement désagréables pour la Serpentarde. Le scandale de la rentrée, c’était elle, et elle détestait ça. Tout ce qu’elle voulait, c’était qu’on la laisse en paix, ça avait été assez difficile comme ça pour elle d’accepter la situation avec sa famille, ce n’était pas pour que tout le monde la juge. Elle n’avait qu’une hâte, qu’un autre scandale éclate et ne vienne effacer le sien, être sur le devant de la scène n’avait jamais été pour elle. Le seul point positif à tout ça, c’était que rares étaient ceux qui osaient venir la confronter directement. Elle avait eu le droit à des remarques, des questions déplacées et des expressions de dédain, mais ça n’avait pas été réellement plus loin jusqu’à présent. Oh, il y avait bien eu quelques insultes pas vraiment déguisées, mais elle avait su y répondre comme il se devait. Elle avait fait passer le message de manière très claire, ce n’était pas parce qu’elle n’avait plus sa famille derrière elle -d’ailleurs ses parents avaient-ils déjà été là pour elle ?- que les autres pouvaient s’en prendre à elle en toute impunité. Ce n’était pas parce qu’elle n’était plus vraiment une Carrow qu’elle avait perdu ses crocs et elle l’avait prouvé aux quelques imprudents qui en avaient douté. C’était le reste qui continuait de la gêner, les discussions qui s’arrêtaient ou commençaient à son passage, les regards en coin, les remarques lancées innocemment mais qui lui étaient destinées. Apparemment les élèves de Poudlard n’avaient rien de mieux à faire que de commenter son existence. A croire que leur propre vie était bien trop morne et qu’ils avaient besoin de se concentrer sur celle des autres pour compenser. Un peu plus et Hestia les plaindrait. Mais ce n’était pas le cas, parce que pour le moment c’était sur elle que les autres se concentraient.

Il y avait cependant quelque chose qui étonnait la Serpentarde, c’était que les semaines avaient filées, et que jusqu’à présent, personne n’avait chercher à s’en prendre physiquement à elle. Pourtant, elle les connaissait les sang-pur de Poudlard, elle savait combien certains étaient vindicatifs, combien ils juraient par leurs poings et la peur. Elle le sentait, elle n’était pas idiote, sa décision de tourner le dos à sa famille leur restait en travers de la gorge. Elle portait le déshonneur sur son sang et elle continuait de parcourir les couloirs de l’école la tête haute, ça ne pouvait pas passer. Cependant, si elle pouvait sentir leurs regards haineux fixés sur sa nuque, si elle les voyait chuchoter en groupe, rien ne se passait. Hestia restait sur ses gardes, elle avait rapidement appris à ne pas sous-estimer ces idiots, mais jusqu’à présent ça n’avait été qu’une précaution inutile. Pourtant, elle continuait de s’en étonner. La nouvelle datait de plusieurs semaines désormais et personne -en dehors des mangemorts- n’avait tenter de lui faire payer sa provocation. Elle avait cependant remarqué des choses étranges. L’ainé des Macnair avait subitement disparu pendant deux jours avant de réapparaitre, l’air peu en forme. Il s’en défendait, mais les rumeurs disaient qu’il avait fait un tour à l’infirmerie. La veille de cet incident, il avait tenté de coincer Hestia dans un couloir, l’arrivée d’une classe l’avait forcé à reculer mais il avait eu le temps de lui adresser une menace claire. Depuis, elle n’avait plus jamais entendu parler de lui, pire il semblait même l’éviter. Puis, une semaine plus tard, le frère et la sœur Flint avaient rejoint la Grande Salle un beau matin en boitant et leurs visages décorés de jolies traces de coups. Ceux là ne l’avaient pas menacé directement, mais elle avait entendu son nom chuchoté dans une de leur conversation et elle avait compris qu’ils tramaient quelque chose. Comme pour Macnair, ils n’avaient finalement rien tenté.

Il avait fallu un peu de temps à Hestia, mais elle avait fini par comprendre qu’un schéma se répétait. Maintenant qu’elle y prêtait un peu plus attention, elle voyait les indices un peu partout sur son passage. Les sang-purs les plus mauvais se contentaient de quelques insultes venimeuses à son encontre. Certains se retrouvaient à l’infirmerie, d’autres présentaient des traces de bagarre. Rien de tout ceci n’était anodin, Hestia l’avait compris. Quelqu’un s’en prenaient aux élèves qui la menaçaient et elle ne savait quoi en penser. Une chose était claire, elle voulait savoir de qui il s’agissait. Au fond, la liste des possibilités n’était pas bien longue, pour une fois ça lui servait de ne pas avoir beaucoup d’amis. Ca ne pouvait pas être Thalia étant donné qu’elle avait été renvoyé de Poudlard. Ce genre d’attaques physiques n’était pas le style d’Adèle, la française avait plus un penchant pour les vengeances indirectes, et puis Hestia était persuadée qu’elle lui en aurait parlé. Elise, non. Orion, non plus. La liste se réduisit rapidement jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un nom : Dimka. Une part de la Serpentarde en était persuadée, ça ne pouvait qu’elle lui. Elle reconnaissait sa patte, son mode opératoire. Cependant une autre part d’elle se souvenait encore parfaitement de leur dernière discussion pendant laquelle il lui avait affirmé ne plus vouloir être vu avec elle justement à cause de son statut d’enfant renié. Pourquoi s’en prendraient-ils à ceux qui la menaçaient alors que lui-même ne voulait plus la voir ? Ca n’avait pas de sens. Hestia était néanmoins irritée par ce comportement. Pour qui se prenait Dimka ? Il ne pouvait pas lui faire des reproches d’un côté, et continuer de se mêler de sa vie de l’autre. Ca ne marchait pas comme ça et elle n’avait aucune intention de le laisser faire. Hestia n’était ni sa protégée, ni sa responsabilité. D’ailleurs, elle n’était même plus son amie, c’était lui qui le lui avait bien fait comprendre.

L’occasion parfaite fini par se présenter quelques jours plus tard pendant le dîner. Quelques heures plus tôt, un de ces imbéciles de Bulstrode avait parlé un peu trop fort avec ces copains tout aussi idiots que lui. Hestia n’avait pas eu besoin de beaucoup tendre l’oreille pour comprendre qu’ils comptaient la coincer dans les vestiaires après le prochain entrainement de Quidditch. Sur le coup, elle n’avait rien dit, son entrainement ne serait que dans trois jours, elle avait le temps de se préparer et surtout elle voulait mettre sa théorie à l’épreuve. Elle s’était donc appliquée à surveiller Bulstrode discrètement, mais également Dimka. Quand le Serpentard s’était levé de table ce soir-là, les prunelles de la Carrow s’étaient aussitôt portées sur la table des Serdaigles. Elle ne fut pas surprise, juste passablement exaspérée, de voir Dimka se lever à son tour pour sortir de la Grande salle. Une preuve de plus qu’elle avait vu juste. Après avoir dit à Adèle qu’elle la rejoindrait plus tard, elle se leva également pour suivre les deux étudiants à bonne distance. Une fois hors de la Grande Salle, elle se retrouva dans le Hall désert, elle en profita pour sortir sa cape d’invisibilité et s’en couvrir afin de pouvoir surprendre Dimka. Elle les suivis dans les couloirs et retint un soupir en voyant le slave pousser brusquement Bulstrode dans une classe vide. Quel idiot. Sans attendre, elle se glissa à leur suite et ôta sa cape alors qu’ils se faisaient face. Hors de question qu’elle les regarde jouer au combat de coq dans son coin. Bulstrode fut le premier à remarquer sa présence, logique vu que Dimka lui tournait encore le dos.

Face à l’air effaré du Serpentard, Hestia n’esquissa même pas un sourire moqueur. Du pouce, elle lui montra la porte derrière elle. « Toi, tu dégages. » Lança-t-elle froidement d’un ton qui ne souffrait pas de réplique. Bulstrode lui adressa bien un regard plein de haine mais elle ne flancha pas. Il était en infériorité numérique et il le savait alors il capitula. Tandis qu’il se dirigeait vers la sortie, Hestia ne libéra pas le passage tout de suite, préférant lever vers lui un regard dur pour lui souffler quelques mots. « Ne crois pas que j'ignore ce que tu avais de prévu pour moi. A ta place, je me méfierai avant d'avaler quoi que ce soit. » A son tour de proférer quelques menaces. Bulstrode n’ignorait rien de son talent en potion, ni de combien il serait facile pour elle d’empoisonner sa nourriture ou sa boisson. Est-ce qu’elle le ferait vraiment, c’était une autre question. Hestia n’en n’était pas sûre, savoir que son camarade vivrait dans la crainte pourrait être suffisant. Pour un peu elle lui aurait bien demandé de la remercier, elle venait tout de même de lui sauver la mise face à un Dimitrov, mais elle jugea plus sage de ne rien ajouter, ce n’était pas pour lui qu’elle était là. Elle se décala enfin, laissant le vert sortir et referma la porte derrière lui. Une fois seule avec Dimka, Hestia s’adossa à la porte et croisa les bras sur sa poitrine. « Je peux savoir ce que tu fous ? » Lui lança-t-elle en le fusillant du regard. Oh, au fond elle savait ce qu’il faisait, mais ce n’était pas pour autant qu’elle en comprenait les raisons. Lors de leur dernière conversation il lui avait clairement fait comprendre qu’elle n’était plus assez bien pour lui. Des mois de silence avaient passés. Et maintenant il se la jouait justicier ? Ca ne passait pas avec elle. « Ne me prends pas pour une idiote, Dimka. Qu’est-ce que tu comptais faire ? » Reprit-elle sans le lâcher du regard. Pas lui mentir, elle espérait.

CODAGE PAR AMATIS

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Pour gagner sa liberté, Hestia avait dû accepter de tout perdre, ou presque. Dès l’instant où elle avait tourné le dos à ses parents, elle avait tiré un trait sur un nombre incalculable de choses. Son père et sa mère, son cousin, son héritage, sa réputation, son futur tout tracé, en un instant, une seule décision, elle avait tout perdu. Sur le coup, ça lui avait fait peur, parfois elle pouvait encore ressentir le vertige qui l’avait envahi au moment où elle avait tout expliqué à Adèle. Prendre sa liberté, ou plutôt l’arracher à sa famille, avait été la décision la plus importante de son existence. Elle l’avait dit à sa meilleure amie, elle avait craint d’avoir fait une connerie. Et par certains aspects ça l’était, parce que ça la forçait à renoncer à tant de choses pour la laisser uniquement devant des incertitudes. C’était absolument terrifiant, mais elle l’avait fait et plus le temps passait plus elle se rendait compte que non seulement ces sacrifices étaient nécessaires, mais qu’ils étaient aussi acceptables. Avec du temps et des ajustements sur sa manière de dépenser, la Serpentarde avait trouvé comment vivre sans la fortune familiale, sa notoriété liée au nom des Carrow elle s’en fichait bien tant que ça n’entachait pas sa réputation sur son talent en potion. Quant à sa famille, eh bien les Carrow n’avaient jamais véritablement tenus le rôle de parents auprès d’elle et Hestia était plus proche que jamais de Thalia, alors elle n’avait rien à regretter. Ces sacrifices, elle les avait acceptés un par un, parfois en serrant des dents mais sans jamais s’en plaindre. Ce chemin, c’était elle qui l’avait choisi, elle s’était battue pour obtenir cette liberté, elle en assumait donc parfaitement les conséquences.

Même aujourd’hui, elle affirmait sans mal ne rien regretter. Ce qui était à peu près vrai. A peu près seulement, car désormais elle devait subir les regards et les rumeurs. Maintenant que la nouvelle de son départ n’était plus un secret, elle avait le sentiment de ne plus jamais être tranquille. Il y avait les jugements, les chuchotements et même les menaces. Mais si c’était le prix à payer pour sa liberté, alors elle le payait, même si ça la faisait enrager d’être ainsi le centre de l’attention. Elle se consolait en se disant que ce n’était que provisoire, le temps qu’un autre scandale éclate et ne vienne éclipser le sien. Il ne fallait pas grand-chose pour que les regards méprisants des sang purs se portent sur une autre victime, en attendant elle serrait les poings et prenait sur elle. Fidèle à elle-même, elle était prête à se défendre en cas de besoin mais elle faisait bien attention à ne jamais répondre aux provocations, ça aurait fait trop plaisir à ces imbéciles de sang purs de la faire écoper de retenues. Sauf que ces derniers temps, Hestia n’avait même pas besoin de chercher à se défendre, ses détracteurs finissaient à l’infirmerie avant qu’il ne se passe quoi que ce soit. Au début elle n’y avait pas prêté attention et puis finalement ça s’était imposé à elle : quelqu’un lui faisait justice à sa place. Quant à savoir qui, la verte n’avait pas eu beaucoup de mal à le deviner. En faisant des déductions par élimination, il ne lui était plus resté qu’un nom en tête : Dimka Dimitrov. Sur le coup, elle n’avait pas su quoi faire de cette information. Ca l’avait d’abord laissée perplexe, elle ne comprenait pas à quoi jouait le Serdaigle. Et puis finalement ça avait fini par l’irriter. C’était bien ça la question, à quoi il jouait ? D’abord il ne voulait plus la voir et maintenant il interférait dans sa vie. Pour qui il se prenait au juste ?

Certains auraient pu y voir un geste grandiloquant, et même s’attendre à de la reconnaissance. Mais Hestia ne marchait pas comme ça. Elle, ça l’énervait de voir Dimka se permettre de se mêler de sa vie après tout ce qu’il lui avait dit et ces mois de silence. La Serpentarde n’avait aucune intention de fermer les yeux alors quand elle fit le slave suivre Bulstrode dans les couloirs, elle n’hésita pas et leur emboita le pas. Il ne lui fallut que quelques instants pour retrouver les deux étudiants qui se faisaient face dans une salle, et une poignée de seconde en plus pour en faire dégager le Serpentard, non sans avoir pris le temps de lui expliquer qu’elle ne comptait pas le laisser s’en tirer aussi facilement. Finalement il n’y avait plus que Hestia et Dimka, les questions qui lui brûlaient les lèvres et lui tordaient le cœur. Qu’est-ce qu’il foutait au juste, elle n’était pas stupide, elle l’avait deviné, mais elle voulait l’entendre de sa bouche, même si elle doutait que la réponse lui plaise. « Ça ne se voit pas ? J’avais une conversation des plus animé avec Bulstrode. T’es devenu auror depuis tous ces mois Carrow ? » Hestia ne tressaillit pas face au ton mordant de son ancien meilleur ami. Elle s’y était attendue, il était comme elle après tout, il attaquait en premier et se penchait sur les conséquences ensuite. Quel dommage pour un Serdaigle. Mais ils étaient construits de la même façon et c’était sûrement ce qui rendait ce face à face si compliqué. Mais aussi ce qui poussait Hestia à ne surtout pas reculer. Elle pinça les lèvres, le toisant un instant. « Commence pas Dimka. » Lâcha-t-elle sans quitter son ton froid et son visage fermé. Elle n’était pas habituée à agir ainsi face à Dimka, habituellement elle ne lui cachait rien, il voyait tout et acceptait tout d’elle. Mais après leur dernière conversation, ce temps était révolu.

Cette certitude était cependant loin de rendre les choses plus aisées. Cette décision du slave, la Serpentarde ne s’y était pas attendue, et si le temps avait passé et émoussé sa colère, la rancune, lancinante, était toujours accrochée à son cœur. Elle lui en voulait à lui, mais elle s’en voulait aussi à elle, d’avoir cru que leur amitié comptait à ses yeux. Apparemment, elle avait été la seule à y accorder de l’importance. Ce qui rendait ce face à face, et le comportement qu’avait Dimka depuis la rentrée encore moins compréhensible, mais était loin d’apaiser l’irritation de la verte. Surtout quand le Serdaigle eu le culot de soupirer en réponse à ses paroles. « Lui régler son compte Hestia, à quoi est-ce que tu t’attends ? » Hestia pinça les lèvres, ainsi elle avait vu juste. Dimka se la jouait justicier. Il faisait ça pour elle mais c’était loin de lui faire plaisir. « Comme je l’ai fait avec cet idiot de Macnair ou encore avec les Flint ! » Elle secoua la tête, désabusée par ses propos. Il devait se moquer d’elle, ce n’était pas possible. Elle ne voyait pas d’autre explication. « Magnifique démonstration de ce qui saute aux yeux, Dimka. Tu te fous de moi. » Siffla-t-elle à mi-voix plus pour elle que pour lui. Est-ce qu’il se rendait seulement compte de l’hypocrisie de son comportement ? Il ne voulait plus qu’ils soient vus ensemble, mais dans l’ombre il continuait de la défendre. Aux yeux de la Carrow ce n’était même pas un compliment, ça n’avait rien d’un comportement héroïque, c’était tout l’inverse, c’était lâche. Il agissait parce qu’on ne pouvait pas le voir, il la défendait parce qu’il n’avait pas à assumer derrière. S’en était presque insultant. « J’ai dit qu’on ne pouvait pas être vue ensemble, je n’ai jamais dit que je tirais un trait sur toi et le premier qui osera s’en prendre à toi Hestia, il s’en rappellera toute sa vie. » Hestia secoua de nouveau la tête. Certains auraient pu être touchés par le comportement de Dimka et la menace qui s’entendait clairement dans sa voix, mais pas elle. La Serpentarde ne lui avait rien demandé, et surtout pas de la prendre pour une sorcière incapable de se défendre seule. Elle croisa les bras sur sa poitrine, écœurée par ces explications qui n’en étaient pas vraiment. Il ne voulait plus qu’ils soient vus ensemble mais pourtant il ne tirait pas un trait sur elle ? Ca n’avait aucun sens, ce n’était pas ce que la verte voulait. « Oh non, ça marche pas comme ça Dimka, c'est pas juste comme toi ça t'arrange. T’as pas le droit de me jeter, puis de te mêler de ma vie quand ça te chante. » Argua-t-elle froidement. Il la connaissait pourtant, il aurait dû se douter de sa réaction. Il prenait une place qui n’était pas la sienne. Une place à laquelle il avait renoncé de lui-même. « Je suis pas ta putain de bonne action tout juste bonne à apaiser ta conscience. » Conclut-elle en plantant un regard glacial dans celui du slave, bien décidée à ne pas se laisser impressionner.

Leur amitié cachée, Hestia n’en voulait plus, ils avaient enfin avancé, il était hors de question qu’elle accepte de reculer. Si Dimka préférait ça uniquement parce que son nouveau statut était mal vu de sa famille, alors c’était que leur amitié n’avait tout simplement plus la moindre importance à ses yeux. La Serpentarde ne disait pas qu’il devrait défier sa famille pour elle -quoi que le voir agir ainsi pour Alcyone mais pas pour elle était douloureux- mais elle refusait d’avoir honte de son statut d’héritière reniée. Elle avait fait assez de sacrifices comme ça, sa fierté n’en ferait pas parti. « Tu veux plus qu'on se montre ensemble, t’as honte de moi et de mes choix. T’as peur du qu’en-dira-t-on, de l'opinion de ta famille. Tout ça, ça compte plus que moi pour toi, tu me l’as bien fait comprendre. » Il avait choisi sa famille plutôt qu'elle, et le pire dans tout ça c'était que quelque part elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir pour ça. Aurait-elle fait le même choix si ses parents lui avaient demandé de choisir entre eux et Adèle lorsque celle-ci avait tourné le dos à sa famille ? A une époque, une telle décision n'aurait certainement pas été aussi facile à prendre. Mais désormais tout était clair comme de l'eau de roche. Hestia aurait choisi sa meilleure amie envers et contre tout, jamais elle ne lui aurait retiré son soutien. Pour rien au monde elle ne l'aurait trahi. Apparemment, tout n’était pas aussi clair pour Dimka. « Tu as fait tes choix Dimka, à toi de les assumer. » Elle leva le menton. Il était hors de question de faire les choses à moitié, il ne pouvait pas agir contre son gré et s’attendre à des remerciements. D’ailleurs à quoi s’attendait-il exactement en agissant ainsi ? « Tu crois quoi ? Ce que t’as fait, avec les Flint, Bulstrode et les autres idiots, ça ne change rien. C’est même encore pire. » Il agissait dans son dos, sans assumer, sans chercher à lui parler, en estimant qu’elle n’était pas assez forte pour se défendre seule. Tout ça c’était loin de jouer en sa faveur et loin de faire naitre de la reconnaissance chez la Serpentarde.

CODAGE PAR AMATIS

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Hestia se rappelait encore de sa toute première rencontre avec Dimka. Tout s’était fait par le biais de son père. En tant que sorcier agent de la coopération magique internationale, Cyrus Carrow voyageait beaucoup et rencontrait nombre de sorciers importants d’autres pays. Les invitations à des soirées mondaines et autres galas importants ne manquaient jamais et dans ces moments là, il était toujours de bon ton de venir accompagner de toute sa famille. Il n’y avait rien de mieux pour se faire bien voir, avoir une famille parfaite, une femme élégante et des enfants prometteurs, c’était toujours positif. C’était ainsi que Hestia s’était retrouvée à de nombreuses soirées dans des pays étrangers qu’elle ne connaissait pas et qui, au fond, ne l’intéressaient pas plus que ça. C’était surtout là qu’elle avait fini par rencontrer Dimka, au détour d’un dîner ennuyeux organisé en Russie pour célébrer la signature d’un accord quelconque qui mettait son père dans la lumière. Au milieu de tous ces inconnus, elle avait croisé la route du slave et leurs chemins ne s’étaient plus jamais séparés. Il n’avait pas fallu longtemps pour qu’ils se reconnaissent l’un en l’autre et qu’une réelle amitié ne se tisse entre eux. Hestia n’avait jamais été du genre à se lier aisément avec les autres, elle n’avait pas été élevée ainsi, mais avec Dimka les choses avaient été toutes seules, certainement aidées par la distance entre leurs deux pays. Leur amitié avait été épistolaire, avant de se faire secrète quand le Dimitrov était venu faire ses études à l’université de Poudlard. Puis, ils avaient évolués et décidés de cesser de se cacher. Chacune de ces étapes avait convenu à Hestia, sauf la toute dernière, celle que Dimka lui avait imposé sans lui demander son avis. Celle qui qui les réunissait dans cette salle de classe vide, à se foudroyer du regard avec les prunelles emplies de colère et sur les traits des masques de froideurs pour se protéger l’un de l’autre.

Parce qu’ils en étaient arrivés là. Hestia ne l’avait pas vu venir et pourtant elle ne pouvait prétendre qu’il n’y avait aucune logique à leur situation actuelle. Elle avait tourné le dos à sa famille, elle avait rayé un trait sur son statut d’héritière de sang pur, elle avait sali son nom et malmené la réputation des siens. Tout ça, elle avait su que ça ne serait pas sans conséquences. Les rumeurs, les regards, les portes qui se fermaient sur son chemin, elle les avait vu venir. Les sorciers de sang pur pouvaient être stupides et elle savait que son choix ne serait pas sans conséquences sans ce monde ou les apparences et la réputation primaient. Mais elle n’avait pas songé un seul instant que Dimka puisse faire partie de ceux là. Elle ne savait pas bien ce qu’elle s’était imaginé au juste. Le Serdaigle n’avait jamais rien laissé paraitre qui puisse laisser penser que ses opinions divergeaient de celles de sa famille. Alors à quoi avait-elle songé en s’imaginant qu’il resterait à ses côtés ? Elle s’était bercée d’illusions, une fois de plus. Elle avait cru que leur amitié serait plus forte, que l’affection qu’ils avaient l’un pour l’autre triompherait. Mais la réalité c’était que Dimka n’avait aucun intérêt à se montrer avec une héritière déchue. Elle n’était plus assez bien pour lui, maintenant qu’elle n’avait plus son nom et sa famille pour briller, voilà tout. Il ne lui avait fait comprendre, ça avait été affreusement douloureux. Ni la peine, ni la colère ne s’étaient véritablement estompées depuis cette conversation, mais Hestia n’avait accepté. De toute façon, ce n’était pas comme si elle avait vraiment eu le choix. Ce qu’elle n’acceptait pas, en revanche, c’était le comportement qu’il avait adopté depuis la rentrée scolaire. Qu’il ne veuille plus la voir, qu’il l’ignore, qu’il la repousse, c’était une chose. Mais qu’il se mêle de sa vie sans son accord, comme il le faisait depuis des semaines, ça c’était inacceptable pour la verte.

D’ailleurs, ce comportement, elle ne le comprenait pas. Il ne voulait plus d’elle dans sa vie, mais il s’en prenait à tous ceux qui la menaçaient. Ca n’avait pas de sens. Et surtout, ça la rendait furieuse. Il n’avait pas le droit d’agir ainsi, de s’imposer dans son existence après lui avoir fait comprendre qu’elle n’était plus assez bien pour lui. Une fois qu’elle avait compris que c’était lui qui était derrière les dernières entrées à l’infirmerie de certains sang pur parmi les plus revendicateurs, elle n’avait pas pu rester sans rien faire. Le confronter avait été la seule option valable pour lui faire comprendre son point de vue. Mais encore fallait-il que Dimka soit capable de l’écouter. « Il y a assez de monde dans ma vie pour me dire ce que j’ai le droit de faire ou non Hestia, je ne t’ai clairement pas demandé ton avis. » Adossée contre la porte de la salle, Hestia secoua lentement la tête. Elle avait encore du mal à croire qu’ils en étaient arrivés là. Où était passée leur amitié ? Leur compréhension, toutes ces promesses de ne jamais se juger, de ne rien se cacher. Tout ça avait été gâché par le slave pour une histoire de réputation. Et pourtant, il se présentait face à elle comme s’il n’avait rien fait de mal, comme si elle n’avait rien à lui reprocher. Pour la première fois, ses paroles l’écœuraient. « T’es un putain d’hypocrite, Dimka. » Siffla-t-elle en réponse à sa petite tirade. Mais quel hypocrite, ce n’était pas permis d’être ainsi. Alors quoi, il avait le droit d’intervenir dans sa vie, mais pas l’inverse ? Il faisait ce qu’il voulait de l’existence de la verte et elle devait se la fermer et le remercier ? Ce n’était pas ainsi que ça marchait. C’était lui qui avait choisi de l’écarter de sa vie, il avait l’air de l’oublier un peu trop facilement. « Parce que tu penses que c’est tout ce que tu es ? » La verte eut un soupir désabusé. Avait-il déjà oublié leur dernière discussion ? Il avait pourtant été clair, il portait plus de valeur à l’opinion de sa famille qu’à elle. Elle n’était plus rien pour lui, mais apparemment elle était la seule à l’avoir accepté. « C’est ce que tu m’as fait comprendre, ne fais pas semblant de ne pas le voir. » Argua-t-elle d’une voix sourde. Leur dernière conversation était restée gravée dans son esprit.

Le comportement de Dimka, Hestia ne le comprenait pas. Elle avait cru le connaitre par cœur, mais tout comme elle avait cru pouvoir compter sur lui en toutes circonstances, elle s’était trompée. Tout ce qu’elle voyait c’était que pour lui il y avait deux poids, deux mesures, qu’il prenait le parti du fais ce que je dis, mais pas ce que je fais, et que ça ne lui convenait pas du tout. « Tu crois vraiment que c’est aussi simple ? Tu crois vraiment que c’est un choix ? Je pensais que tu étais le genre à voir plus loin que le bout de ton nez Carrow, je ne pensais pas m’être autant trompé sur toi… » La Serpentarde roula des yeux. Il se cherchait des excuses, tout pour montrer qu’il n’était pas maitre de ses décisions alors que c’était le cas. Il avançait ne pas avoir de choix, mais c’était totalement faux et il le savait. Il se cachait derrière des arguments qui n’en étaient pas. Quand ça avait concerné Alcyone, il l’avait fait ce choix, il était resté près d’elle. Mais apparemment c’était trop lui demander que de faire la même chose pour elle. Hestia savait que ce n’était pas la même relation qui les liait, mais au fond les faits étaient là. Pour elle, il n’était pas prêt à faire ces efforts, à défier une famille qui n’était même pas là. « Oh oui, c’est aussi simple. Quand il a fallu choisir entre me soutenir et me tourner le dos tu n’as pas eu de mal à prendre une décision. » Elle pinça les lèvres, désabusée par ce constat, persuadée que s’il avait réellement tenue à elle il aurait fait les choses autrement. A la place, il avait accédé à la requête de sa famille en un claquement de doigt, il leur avait obéit bien sagement et montré toute l’importance qu’il lui accordait.

Qu’il agisse maintenant ne changerait jamais ça. En fait, Hestia trouvait même ça pire, il la défendait dans l’ombre alors qu’en pleine lumière il avait choisi de lui tourner le dos. Peut-être que lui trouvait du sens à son comportement, mais elle, elle trouvait ça insultant. « Je ne cherche pas à changer quoi que ce soit Hestia, j’agis comme je l’aurais toujours fait, tu es assez grande pour te défendre seule, je le sais, mais c’est une horde de chien enragée qui t’attend… Je ne m’attends pas à quoique ce soit, je ne veux rien, je… » La verte laissa échapper une expression de dédain. Mais encore heureux qu’il ne voulait rien, Hestia n’avait pas l’intention de le remercier alors qu’il interférait dans sa vie sans son accord. « Et ce n’est pas parce que tu me regardes de cette manière en pensant être intimidante que ça va changer quoi que ce soit. Je pense qu’on sait très bien qu’il y a longtemps que nous n’avons plus peur de l’un comme de l’autre. » C’était bien là le problème, ils se connaissaient par cœur. Mais ça ne changeait rien, Hestia n’avait pas l’intention d’ôter son masque de froideur, jamais elle n’en avait eu besoin face à Dimka mais là elle ne pouvait pas s’en passer. C’était lui qui avait causé son comportement et elle ne lui ferait pas le plaisir de lui montrer la moindre de ses failles. Il pouvait avancer qu’il la connaissait par cœur, ce n’était pas pour autant qu’il en aurait la preuve. « Ce genre de menaces vont arriver de plus en plus souvent… » La verte leva le menton. Mais qu’est-ce qu’il pensait ? Qu’elle l’ignorait ? Qu’elle était stupide au point de croire que tourner le dos aux Carrow ne lui vaudrait pas le moindre problème ? Ca faisait des mois maintenant qu’elle avait quitté sa famille, il ne lui apprenait rien de nouveau. Il était même sacrément en retard. Pour quelqu’un qui disait vouloir la protéger c’était vraiment ironique. « Parce que tu crois que je ne le sais pas ? Parce que tu crois que ce n’est pas déjà le cas ? Ces chiens enragés dont tu parles, c’est quedal, les vrais monstres sont dehors. » Elle eut une moue pleine de dédain. C’était les mangemorts la menace, les vrais, pas ces imbéciles de Poudlard même pas fichu d’agir discrètement. Si Dimka n’était pas capable de voir ça alors il se berçait d’illusions. Il se voulait héroïque, mais il se trompait sur toute la ligne. « Et ils t’ont pas attendus, Dimka, je t’ai pas attendu pour morfler. » Etait-il au courant que les mangemorts lui étaient déjà tombé dessus en mai ? Qu’elle avait été torturée pour avoir quitté le siens ? Qu’elle n’avait été sauvée que grâce à la présence de Helios ? Non, bien sûr que non, il ne savait rien de tout ça. Parce qu’il pensait lui sauver la vie en la débarrassant que quelques étudiants idiots. « J’ai pas besoin de toi pour survivre, je l’ai déjà fait. Et je n’ai pas besoin de toi pour continuer. » Elle planta un regard dur dans le sien. Elle ne cherchait pas à se montrer intimidante, juste à lui prouver qu’elle n’avait pas peur. Ces imbéciles de sang pur, elle était prête à les recevoir, elle n’avait pas besoin de lui pour se sauver. Elle au moins, elle restait fidèle à sa parole. « Tu as choisi de me rayer de ta vie, je l’ai accepté. Je n’ai plus besoin de toi, à ton tour de l’accepter. Mêle-toi de ce qui te regarde, ma vie ne te concerne plus. » Il avait fait son choix, il était grand temps qu’il l’assume.

CODAGE PAR AMATIS

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Soudainement, plus rien ne tournait rond. Eux qui s’étaient toujours compris à la perfection, qui s’étaient toujours acceptés, toujours soutenus. Tout ça, Hestia avait cru que c’était acquis, que jamais ça ne serait remis en question. Ce qu’elle partageait avec Dimka était rare et précieux, encore plus en sachant l’éducation qui avait été la leur et la manière dont cela avait forgé leurs personnalités. Trouver quelqu’un en qui ils étaient capable d’accorder une totale confiance était loin d’être anodin pour eux. Pendant des années, ils en avaient profité, Hestia s’en était même presque émerveillée. Elle qui avait tant de mal à laisser les autres s’approcher, que son caractère rendait difficile à aimer… Avec Dimka, elle avait eu l’impression de trouver un alter-ego. Avec le slave tout avait été si simple, si évident tout d’un coup. Ce qui ne rendait la chute que plus dure encore. Tout ça avait volé en éclat si rapidement que parfois elle avait encore un peu de mal à y croire. Son départ de la demeure familiale avait été un choc, mais la réaction de Dimka en avait été un second tout à fait différent. Peut-être même plus douloureux. Parce que celui-ci, elle l’avait subi de plein fouet. Qu’elle ne l’avait pas vu venir. Elle avait cru que le fait d’être reniée ne changerait rien, que son meilleur ami serait au dessus de tout ça. Il la connaissait mieux que quiconque, il savait que ça ne la changerait pas, que ce n’était qu’une histoire de statut et que de toute manière elle n’en avait jamais voulu. Qu’un jour où l’autre elle aurait été forcée de prendre cette décision. La Serpentarde n’aurait pas pu avoir plus tort. Ce n’était pas elle qu’il avait choisi. C’était sa famille qu’il avait choisi d’écouter, balayant en un instant des années d’amitié. Quelque part, Hestia aurait presque pu le comprendre, mais ça ne l’empêchait pas d’avoir terriblement mal.

Au fil des mois, elle s’était efforcée de faire son deuil de leur amitié. Dimka avait fait son choix, c’était ainsi. Elle avait été naïve de croire qu’elle avait la moindre importance pour lui. Dès qu’il avait été question de se lever face à sa famille, il avait abdiqué sans une hésitation. Elle aurait dû le voir venir. Enterrer leur amitié était le plus sage à faire. Hestia en avait marre de commettre des erreurs et de vivre dans le regret de ses relations passées. Dimka avait fait son choix alors elle aussi. Leur amitié était de l’histoire ancienne et elle s’efforçait de ne plus y penser. Le slave lui avait fait assez de mal comme ça, il était inutile qu’elle lui laisse ce pouvoir. Tout rayer était bien plus simple, du moins si le russe voulait bien la laisser faire. Car non content d’avoir brisé leur amitié, voilà que maintenant il s’octroyait le droit de s’immiscer dans sa vie. Comme s’il avait encore le moindre droit sur elle. Et le pire, c’était que maintenant que Hestia le confrontait à ce sujet, il se révélait être le plus gros hypocrite qu’elle n’avait jamais vu. Selon lui elle devait le laisser agir à sa guise, ne pas s’immiscer dans sa vie, mais lui pouvait se mêler de son existence, le monde tournait véritablement à l’envers ce n’était pas possible ça. La Serpentarde sentait la colère lui grignoter lentement le cœur. Pour qui se prenait-il au juste ? Tout ce qu’il parvenait à faire, c’était l’irriter chaque seconde davantage. « Je suis peut-être qu’un hypocrite, mais toi tu comprends bien ce que tu as décidé de comprendre. » La verte secoua de nouveau la tête. Le contact était rompu, c’était une évidence. Peu importe ce qu’elle dirait, Dimka ne l’écouterait pas, elle s’en rendait compte. Ca montrait bien à quel point son avis devait peu compter à ses yeux. Mais ce n’était pas pour autant qu’elle comptait le laisser agir comme bon lui semblait avec son existence. Il n’avait pas tous les droits et contrairement à lui, elle n’oubliait pas qu’il avait fait des choix. « Je comprends que tu n’es pas prêt à te battre pour moi de la manière dont tu te bats pour d’autres. » Siffla-t-elle d’un ton acerbe. La référence à Alcyone était claire. Quand la Greengrass s’était retrouvée dans la même situation, Hestia savait de source sûre qu’il n’avait pas cessé de la fréquenter, que ça n’avait rien changé pour lui. Mais quand c’était elle qui était concernée, soudainement l’envie de se battre pour leur relation disparaissait. L’importance qu’il lui accordait -ou plutôt son absence d’importance- ne pouvait pas être plus claire.

Hestia se hérissa au rire du slave. Par ce simple son, il parvenait à lui montrer tout le mépris qu’il lui portait. « Bien sûr, c’est plus simple de penser ainsi n’est-ce pas ? Tu as raison, déteste-moi Hestia, c’est exactement ce qu’il faut. » La Serpentarde lui adressa un long regard glacial. Encore une fois c’était elle qui se prenait tous les reproches. Comme si c’était elle qui passait son temps à prendre toutes les mauvaises décisions. Que tout ça était de sa faute, à elle et uniquement à elle. Alors, quoi ? Elle aurait dû serrer les dents pour sauver leur amitié ? Garder le silence et épouser Grigori ? Laisser sa famille lui apposer la marque de l’Augurey ? Rejoindre une cause qui la débectait, les laisser utiliser son talent en potion pour leurs noirs desseins ? Tout ça pour lui ? C’était des conneries et il ne semblait même pas s’en rendre compte. Bien sûr que non, c’était plus facile de tout lui mettre sur le dos plutôt que de se remettre en question. Plus facile d’affirmer qu’il agissait à la demande de sa famille plutôt de voir qu’il était incroyablement lâche. « Cesse de chercher à inverser les rôles, Dimka. » Rétorqua-t-elle amèrement. Elle darda sur lui un regard plein de rancœur. « Tout ça, c’est à cause de tes décisions, je n’ai jamais eu mon mot à dire. » C’était lui qui avait pris la décision de ne pas la soutenir. Lui qui avait choisi sa famille, qui pourtant n’était pas un modèle d’amour, plutôt qu’elle. Lui qui avait tout gâché. Et c’était lui qui osait jouer les victimes ? Il se foutait vraiment d’elle. Ce n’était pas ainsi que ça marchait, il ne l’aurait pas aussi facilement. Hestia n’avait pas subi toutes les épreuves qui avaient découlé de sa décision pour s’entendre dire que c’était elle la méchante de l’histoire.

Tout ce qu’elle voulait désormais, c’était qu’il la laisse en paix. Elle n’avait pas le sentiment de demander grand-chose. Il avait fait le choix de la rayer de sa vie, qu’il le fasse jusqu’au bout maintenant. La Serpentarde n’avait besoin ni de ses avertissements, ni de sa protection. Il était sacrément culotté de débarquer ainsi en pensant le contraire. Et complètement idiot de s’imaginer que les imbéciles de Poudlard étaient les seuls à vouloir lui tomber dessus. Ces clowns ne faisaient pas peur à Hestia, pas après ce que les mangemorts lui avait fait subir au Purple Vial. Dimka arrivait bien trop tard, et ça ne faisait qu’enrager davantage la Serpentarde. Il voulait s’octroyer le rôle du héros, mais il n’en avait aucun droit. Il était loin de le mériter. « Je le sais que tu n’as pas besoin de moi Hestia, je n’ai jamais prétendu que c’était le cas. Je ne supporte tout simplement pas de les entendre… Je suis peut-être un connard, mais je ne m’abaisserais jamais à t’insulter ou à te menacer. J’ai peut-être choisi même si je ne suis pas d’accord sur le terme employé, de te rayer de ma vie et je sais que je t’ai fait souffrir même si tu ne le montreras pas, mais cela ne veut pas dire que je te respecte moins. C’est même tout le contraire… Je me mêlerais de ce qui me regarde autant que je le pourrais si c’est ce que tu souhaites, je te le promets. Mais je ne peux pas promettre d’être sourd à ce que je pourrais entendre, j’en serais incapable Hestia, peu importe que tu me déteste encore plus pour cela. » La verte pinça les lèvres. S’il pensait la toucher avec tout son petit discours, c’était complètement loupé. Le seul point sur lequel il avait raison c’était que jamais elle ne lui montrerait combien son rejet lui avait fait du mal. Si auparavant elle ne lui cachait rien, ce temps était désormais bel et bien révolu. Il ne méritait pas cette vérité. Pas alors qu’une fois encore il était incapable de l’écouter. « Si tu me respectais réellement, alors tu respecterais mes choix et tu ne te mêlerais plus de ma vie. » Souligna-t-elle sans le lâcher du regard. C’était tout ce qu’elle demandait, mais même ça, il n’était pas fichu de le lui accorder. Il préférait tout lui mettre sur le dos et s’accorder le beau rôle. Soit disant qu’il faisait ça pour elle, Hestia avait plutôt l’impression que c’était pour sa conscience qu’il agissait.

« A présent, si tu permets, j’ai des choses à faire. » Un instant, Hestia laissa ses prunelles plantées fermement dans les siennes. L’attitude du slave la décevait au plus haut point mais elle comprenait bien qu’il n’était prêt à aucun effort pour tenter de la comprendre. Elle était bien placée pour savoir combien il pouvait se montrer têtu. Au final, ils s’étaient tout dit et c’était loin de la laisser apaisée. Dépitée, Hestia fit un pas sur le côté pour libérer la porte, et d’un geste l’ouvrit pour montrer à Dimka qu’il était libre de partir. Enfin pas exactement partir. « C’est ça, choisis la fuite comme tu sais si bien le faire. » Peut-être qu’un jour il arriverait à assumer ses choix sans les faire peser sur le dos des autres, mais clairement ce jour n’était pas arrivé.

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