Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
Clic clic clic clic. Sofiane décolle ses yeux du viseur et appuie sur le multi sélecteur pour observer les photographies qu’il vient de prendre de l’intérieur de la bibliothèque. Depuis huit jours, il travaille sur un nouveau projet de référence des bâtiments historiques de Londres pour une exposition qui aura lieu dimanche prochain pour les journées du patrimoine. Les photos réalisées par un autre photographe n’ont pas plu au chef de projet qui a demandé à Sofiane de refaire quelques clichés sur plusieurs établissements alors le voilà rendu à arpenter toutes les pièces de la British Library à réparer les erreurs de jugement artistique d’un incompétent. Cela ne fait pas très longtemps que Sofiane s’est reconverti dans la photographie : après sa sortie de prison, le programme de réhabilitation de la prison lui a proposé de suivre une formation qui pouvait éventuellement faire diminuer les quatre ans fermes de prison qu’il avait écopé. La justice est souvent plus clémente avec les détenus qui cherchent à se réinsérer alors le jeune Rasak a sauté sur l’occasion. Sa peine a alors été diminuée d’un an entre cette formation et les séances chez le thérapeute. Tout était bon pour le syrien pour sortir plus vite afin de rejoindre Ambrose dans sa lutte contre le Blood Circle : il a tout fait pour. Concernant son boulot de photographe, en soi, Sofiane n’est pas mécontent de cet emploi. Il travaille uniquement sur des missions ne nécessitant pas de contact avec les autres -et tant mieux d’ailleurs-. Ils auraient été probablement fous dans le cas contraire. L’avantage ? Il n’y a pas d’horaires. Il fait ses missions quand il veut et quand il peut : ce qui s’avère pratique compte tenu de son implication dans son autre emploi, si on peut dire cela comme ça. Oh oui, torturer et tuer des gens, ça prend du temps lorsqu’il ne faut pas faire disparaître les cadavres. Bref, l’emploi du temps de Sofiane est bien rempli et il se plaît dans cette ville où il ne connaît quasiment personne. Il est comme ça.
Il reprend quelques clichés avant d’estimer que c’est suffisant. Avec une précaution infinie, il ramasse son matériel dans sa sacoche et regarde sa montre. 19h35. L’agent de la sécurité attend impatiemment qu’il parte pour pouvoir fermer mais Sofiane prend tout son temps. Ce n’est pas son problème si c’est lui à qui on a demandé d’attendre. Maintenant qu’il a fini, il sort de la bibliothèque vidée de tous ses usagers, c’est si calme à l’intérieur, ça en est presque apaisant d’ailleurs. Alors qu’il passe les portes, l’agression du monde extérieur frappe Sofiane en plein fouet. La ville est en pleine effervescence, dans le brouhaha des embouteillages, les voitures sont pare-chocs contre pare-chocs et chaque conducteur est en train de hurler contre la voiture de devant qui ne décolle pas assez vite lorsque le feu passe au vert. L’envie soudaine de prendre de la hauteur se fait aussitôt ressentir et les yeux de Sofiane balayent la structure de la bibliothèque, cherchant un endroit où il pourra grimper. Dans une ruelle calme et reculée, il trouve un coin qui fera l’affaire et place sa sacoche dans son dos pour avoir les mains libres ; il escalade la façade avec une facilité déconcertante et trouve des points d’appui assez facilement. Une fois sur le toit, sautant de rebords en rebords, il finit par arriver sur le point culminant de la bibliothèque et celui-ci surplombe une bonne partie de la ville.
Arrivé en haut, Sofiane observe le point de vue magnifique et s’assoit sur le rebord du toit. Il fouille dans sa poche pour en sortir ses écouteurs et lance Spotify sur son téléphone. Il reste là assis pendant ce qui lui semble des heures, à juste observer les couleurs du ciel céruléen devenir peu à peu rougeoyantes ; Sofiane a rarement vu un tel spectacle. Il sort son appareil et photographie les reflets dans la voûte céleste. Après avoir mitraillé pendant quelques minutes, Sofiane s’allonge, son appareil photo tout contre son buste, les pieds toujours dans le vide et ferme les yeux. Le soleil se couche mais il fait toujours assez bon ; l’Angleterre vit sans doute ces derniers jours d’été mais la météo demeure clémente. La preuve, Sofiane est toujours affublé de son jean sombre et de son tee-shirt gris sans prendre la peine de sortir le manteau. La musique tambourine dans ses oreilles et il perd un peu la notion du temps ; il laisse son esprit vagabonder loin jusqu’à ce qu’il sente une présence autour de lui. Sans tergiverser, sa main se dirige instinctivement à sa ceinture où il dégaine son revolver et se retourne contre l’intrus. Il s’arrête soudainement lorsqu'il reconnait ''l'indésirable'' et dit : « Putain Charly, fais gaffe ! J’aurai pu te flinguer là ! » Sofiane replace l’arme à sa place, retire ses écouteurs et regarde la jeune femme. Elle est très belle. Comme elle l’est toujours d’ailleurs. Peut-être davantage depuis quelques temps. Depuis l'attaque de la forêt ? Depuis la séance d'entraînement ? Depuis qu'il l'a vu s'amuser dans une cage ? Il ne saurait le dire. Mais voir Charly plus souvent qu'auparavant accentue son sentiment de dépendance, c'est tout ce qu'il sait. Et il s'en fout. « Tu t’entraînes ? » Quelle autre raison aurait-elle de se trouver là si ce n’était pour le FreeRun. Sofiane laisse son regard s’aventurer tout autour du bâtiment mais il ne voit personne : « Où sont les autres ? » Charly avait l’habitude de s’entraîner avec son groupe auquel Sofiane s’était déjà joint quelques fois mais étrangement, il n’avait pas trop aimé. Il n'aime pas vraiment partager.
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Sofiane Rasak
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Lun 7 Juin - 18:35
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La sensation que Sofiane ressent lorsqu’il se rend compte que c’est Charly qui vient le déranger vient égayer de loin la journée un peu pourrie qu’il vient de vivre. Il faut le dire, bosser pour rattraper les conneries d’un autre ce n’était pas dans le TOP 5 des choses que Sofiane préférait. Il maudissait ceux qui lui faisaient perdre son temps et qui l’empêchaient d’être pleinement à ce qu’il aime faire. Mais qu’est-ce que Sofiane apprécie réellement en dehors des missions qu’il réalise pour le Blood Circle ? La photographie est un loisir comme un autre qu’il a appris à aimer par-delà le fait que c’est ce qui lui permettait de gagner sa croûte et de ne pas être à la rue. Le FreeRun ? Aimait-il réellement cela où c’était par pur mimétisme qu’il s’y était mis ? Il ne trouvera probablement pas la réponse à sa question ce soir même s’il sait -du moins il comprend- qu’il n’est pas normal et que les pensées qui traversent parfois (souvent) son esprit ne sont pas saines et ne lui permettent pas d’établir de véritables relations amicales, professionnelles ou sentimentales. Sofiane a toujours été comme ça, à s’accrocher ou à repousser les éventuelles personnes qui pouvaient bien lui témoigner de l’intérêt et il a appris à ses dépends que ses réactions disproportionnées face à l’abandon faisaient fuir la plupart des gens. Et Charly dans tout cela ? Dans quelle case se situe-t-elle ? Dans quel type de relation souhaite-t-il l’enfermer ? Sofiane n’en sait rien, il ne comprend pas ce qu’il ressent : ce qu’il sait, c’est qu’il a toujours eu ce sentiment d’avoir besoin de Charly depuis qu’ils se sont retrouvés par hasard grâce à Ambrose, comme si elle lui permettait de toucher du doigt un passé dont il ne voulait peut-être pas tant que ça se séparer. L’erreur qu’il a faite est de s’intéresser d’un peu trop près à elle, sans mauvaises intentions au départ. Mais le jeu auquel les deux camarades s’adonnent depuis quelques temps a forcé Sofiane à changer son fusil d’épaule. D’une vague connaissance à laquelle il s’accrochait, elle est passée de potentielle cible amoureuse. Probablement encore une qui s’en ira lorsqu’elle comprendra vraiment sur qui elle est tombé. Sofiane n’est pas capable de maintenir une relation de couple stable, il ne comprend pas ce que c’est et continue de refaire encore et toujours les mêmes erreurs : jalousie, possessivité, dépendance, violence. Le tout dans un mélange archaïque et anarchique. Rien ne définit mieux Sofiane que cela. Mais pour l’instant, ils n’en étaient pas là. Où en sont-ils vraiment ?
Alors qu’il baisse son arme, Charly lui demande en riant s’il a envie qu’elle meure. Il faut dire que leur conversation à la salle de sport pouvait effectivement laisser présager cela. Mais c’est loin d’être le cas. « Arf, tu sais, se débarrasser d’un corps c’est pas si facile que ça en a l’air. » dit-il d’un ton amusé et sarcastique. « Encore moins sur un toit comme celui-là, ça serait difficilement camouflable. » Sofiane range son arme dans la sacoche de son appareil photo et pose celui-ci par-dessus. La tenue de Charly ne laisse pas de doute sur ce qu’elle est en train de faire mais Sofiane lui demande quand même par acquis de conscience ce qu’elle fait là et sa réponse ne se fait pas attendre. Comme lui, Charly a voulu échapper à la lourdeur de sa journée. « Moi aussi j’en avais besoin. T’as vu la circulation ce soir ? J’avais envie de prendre un peu de hauteur. » Physiquement et métaphoriquement d’ailleurs. Il acquiesce tranquillement et s’allonge à nouveau dos contre le sol tandis que la jeune femme prend place à ses côtés. Son odeur plane autour de Sofiane et vient lui chatouiller les narines tandis que son corps se tend lorsqu’il se rend compte à quel point elle est proche. Trop proche ? Il n’en sait rien.
Elle est seule ? Tant mieux. Sofiane n’a nullement envie de voir les autres et de devoir faire semblant de s’y intéresser. Avec Charly c’est différent puisqu’il ne fait pas semblant, il s’intéresse réellement et voilà toute la complexité de la chose. Un rire narquois bouscule les lèvres du photographe lorsqu’elle lui demande s’il est venu flinguer des oiseaux. Alors qu’il allait répondre, elle continue et Sofiane ne peut pas en placer une. Elle est bavarde aujourd’hui dis donc. « Oui je… » commence-t-il mais elle bavasse encore. Sofiane sourit et attend donc qu’elle termine. Elle évoque ensuite son oubli de trépied et place son téléphone dans ses mains. Son regard se fait implorant et il ricane : « Ah ouais d’accord, je ne suis là que pour pallier à tes besoins, ça fait plaisir. » N’importe quel besoin d’ailleurs. Avant de partir sur ce sujet-là, en faisant glisser l’icone appareil photo du téléphone de Charly pour regarder la pixélisation offerte par son smartphone, il dit : « On m’a demandé de faire des photos de la bibliothèque pour les journées du patrimoine qui auront lieu samedi prochain. Le gars qui devait s’en occuper a fait de la merde alors j’suis là pour réparer ses bêtises. » Il hausse les épaules d’un air désabusé. Il tourne l'IPhone de Charly vers elle pour admirer la lumière et fronce les sourcils quand il voit des notifications s’afficher à l’écran. « Putain t’es une star ou quoi, ça arrête pas de clignoter. » Il ne s’en formalise pas et prend quelques clichés d’essai et lui balance son téléphone dans les mains. « C’est nul. La lumière est dégueu. » dit-il, avec son tact légendaire. Il se redresse et s’assoit en tailleur avant d’attraper son appareil photo professionnel. Il lui demande : « De vraies photos faites par un pro, ça te dit ? Tu sais, j’suis très bon dans ce domaine. » Il est vrai que Charly et Sofiane n’avaient jamais pris vraiment le temps d’évoquer le travail du jeune syrien, c’était peut-être l’occasion. Et puis, si ça lui permettait d’avoir en prime quelques photographies de Charly… pour se masturber dessus. Il retire la carte SD de l’appareil et en sort une nouvelle vierge de tout cliché. Hors de question de tout mélanger. Sans demander la permission, Sofiane place son œil sur le viseur et mitraille Charly ; la qualité est tout de même nettement supérieure. « C’est pour faire quoi ces photos ? » S’il sait c’est pour faire quoi, il pourra adapter l’angle de vue. Imaginons c'est pour un mec, faudra s'amuser à l'enlaidir, ça risque d'être difficile.
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Mar 29 Juin - 14:31
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Sofiane Rasak
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Sam 3 Juil - 1:29
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Sofiane n’ira pas jusqu’à dire qu’il n’y a pas pensé. À tuer Charly. Bon, d’accord, cela ne lui a traversé que vaguement l’esprit. Mais cela lui était déjà arrivé d'y penser. Surtout au début, quand elle lui rappelait la Syrie, quand elle lui rappelait son ancienne vie de militaire, quand elle lui rappelait l’homme qu’il a pu être il y a des années. Finalement, cet homme-là n’était pas bien différent de celui d’aujourd’hui mais celui d’aujourd’hui était peut-être davantage perdu, davantage paumé. Plus de travers, plus de psychopathie, moins de cadre, moins de contenance et Sofiane explose et sombre dans une part de lui-même qui est tout sauf jolie et qu’il vaut mieux éviter d’approcher de trop près. Les gens qui s’y essayent si brûlent ou meurent. Sofiane ignore encore dans quelle catégorie sera Charly mais il aimerait autant que cela soit la première. Il planque son arme et dit : « T’inquiète, je la range soigneusement. Je la garde pour plus tard. » dit-il en tentant d’être drôle tout en ne sachant pas si cela fonctionne. Le jeune homme n’a jamais été très doué pour l’humour mais maîtrise un peu mieux le sarcasme. Pour autant, certaines de ses pensées pouvaient parfois passer pour des blagues alors qu’il exposait tout simplement le fond de ses idées. Il s’en fout Sofiane de faire flipper les gens ; il dit ce qu’il pense, quand il en a envie. Et il fallait l’avouer, il ne savait pas vraiment pourquoi, mais l’idée de tuer Charly revenait assez souvent dans leurs conversations, assez pour que cela trotte dans la tête du photographe. Refrénant ses envies et gardant ses idées pour lui, Sofiane acquiesce lorsqu’elle évoque les embouteillages ; il a grimpé en haut de la bibliothèque pour la même raison qu’elle. Échapper au perpétuel ballet des automobiles de fin de journée n’a l’air de rien, mais lorsqu’on est londonien, on ne peut s’y soustraire. Sauf si l’on est FreeRunner ; dans ce cas-là, rien n’est jamais impossible.
Lorsque Charly s’installe à ses côtés, Sofiane ne peut s’empêcher de sentir une certaine chaleur envahir sa carcasse. Son corps se tend légèrement lorsqu’elle le frôle comme si de rien n’était. Il ne saurait dire pourquoi, il a l’impression que quelque chose a changé depuis la salle de sport, depuis l’épisode de la cage : quelque chose a changé en lui. Il la veut putain. Mais il se connait, il sait comment ça va finir et ne sait pas s’il veut se lancer dans ce type de relation dysfonctionnelle. Encore. Parce que rien ne peut fonctionner avec Sofiane en dehors d’une relation de dépendance psychoaffective où il exigera de tout contrôler et de tout maîtriser. Certains aspects pourront éventuellement faire l’objet de compromis mais ce n’est pas comme ça qu’il voit les choses. Alors comment cela pourrait-il marcher ? Il ne sait pas ce que c’est façon d’avoir une relation normale. Même dans ses relations professionnelles ou amicales, un sentiment d’étrangeté plane souvent. Même dans sa famille. Alors bon. Il oscille sans arrêt entre rejet et dépendance sans savoir vraiment ce qu’il recherche.
Charly balance son Iphone dans les mains de Sofiane et celui-ci lève les yeux au ciel lorsqu’elle lui dit que c’est pour qu’il se fasse pardonner l’affront d’avoir pointé son arme sur elle. Un sourire s’installe sur les lèvres du jeune homme et il dit sans détour : « Je pensais que ça t’excitait tout ça. » Autant y aller franchement. Ils sont adultes, merde. Bref, Sofiane explique ensuite ce qu’il fait là et Charly le congratule d’être meilleur que les autres. « Ouais mais bon, j’ai pas que ça à foutre clairement, j’suis pas là pour ça. » Est-ce qu’il lui dit qu’il préférait être en mission pour le Blood Circle et risquer sa peau pour ressentir l’adrénaline s’imprégner de chaque parcelle de son corps ? Non.
Sofiane obéit bien docilement à Charly et débute la séance photo avec le téléphone de la demoiselle mais rapidement, il sort l’artillerie lourde non pas encore le petit oiseau, calmez-vous et fait quelques réglages sur son appareil photo professionnel avant de mitrailler la jeune femme. Celle-ci se cache avec sa main et Sofiane tape sur celle-ci pour qu’elle arrête ça. Les yeux durs, il allait lui faire une remarque mais le regard de la jeune femme se rive sur son téléphone pour lui montrer il ne sait quoi. Intéressé, Sofiane se rapproche d’elle et se penche vers les images qu’elle fait défiler. C’est pas trop mal. « C’est pas dégueu. » concède-t-il mais l’œil du professionnel n’est pas entièrement satisfait par ses belles images. Certaines manquent de netteté et cela n’est pas étonnant si elle se photographie avec ce mobile. « Mais ça pourrait être mieux. » dit-il. Il acquiesce lorsqu’elle dit qu’elle ne souhaite pas qu’on voit son visage. Il ajoute : « T’as raison. » Ses doigts viennent cliquer sur certaines photos et il observe les différentes poses prises par Charly. Sans le vouloir, à un moment, il retourne en haut du profil et voit le nombre de followers. Il plisse les yeux. Putain. Tous ces gens matent sa Charly. Comment ça, sa Charly. Sans rien dire, Sofiane sort son téléphone, ouvre Instagram et ajoute le profil de Charly. Il pourra aller buter les quelques milliers de mecs qui commentent ses photos. Ces chiens. « T’as un nouvel abonné. » dit-il innocemment. Elle ne trouvera rien de fabuleux sur son profil à lui, il ne met presque rien. Quelques paysages parfois. Rien de plus. « Ouais ça m’inspire. » dit-il en lui redonnant son portable et en rangeant le sien. Charly se lève et fait un tour sur elle-même et Sofiane l’observe virevolter au vent. « C’est surtout le modèle qui me plaît. » ajoute-t-il sans réfléchir. Il pose les yeux sur le viseur et observe la lumière ; il change d’angle et mitraille à plusieurs reprises. Il vérifie la luminosité avant de se redresser. Assis, cela sera trop compliqué. Il s’approche de Charly et place sa main sur sa hanche pour la forcer à se décaler dans l’angle qui lui convient. Dans sa bulle, Sofiane se rend à peine compte que toucher Charly le fait frissonner et que ses poils se sont hérissés. Il est dans son truc, prendre des photos de Charly pour son compte personnel, il n’en a rien à foutre d’Instagram. Elle ne veut pas qu’on voit son visage, Sofiane non plus n’y tient pas ; cela ne ferait qu’accentuer le sentiment de jalousie qui s’insinue doucement en lui lorsqu’il repense aux quelques commentaires aperçus tout à l’heure. Sofiane gravite autour d’elle tandis que Charly s’amuse à prendre différentes poses qui la mettent en valeur. Après avoir effectué une dizaine de photos, Sofiane s’approche d’elle et lui montre les clichés : les lumières sont vraiment belles avec le couché de soleil en arrière-plan. « Je vais en faire de face. Juste pour toi. » dit-il sans appel avant de récupérer son appareil. Sans demander l’avis de la jeune femme, le clic clic clic devient incessant.
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Lun 12 Juil - 2:46
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Mar 20 Juil - 12:07
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Sofiane ne comprend pas bien ce qui a changé. Depuis quelques mois, lui qui s’efforce à se tenir à distance d’elle pour ne pas sombrer dans ses anciens travers vient de replonger dans ce qu’il cherche à éviter. Cela a débuté doucement, presque insidieusement. La revoir lors de la soirée de son intronisation lui a permis de se rendre compte qu’elle est une partie de son passé dont il ne veut plus tellement se séparer. Bien sûr, la vie en Syrie était difficile, tout autant que les années passées sur le terrain, à combattre pour une cause dans laquelle il ne croyait pas ou du moins dans laquelle il ne croyait plus. Charly était un point de repère, un élément du passé qui était là pour lui rappeler que tout pouvait s’effondrer du jour au lendemain. Si au départ il avait voulu repartir sur de nouvelles bases, les anciens assentiments de Sofiane avaient rapidement refait surface : elle était là, à pleurer un homme mort sur le champ de bataille, un homme que Sofiane aurait sûrement piétiné en mission s’il l’avait fallu. Survivre en temps de guerre, c’est écraser les autres. C’est ainsi. Pour autant, lorsque Sofiane avait connu Timothy, ce qui l’avait frappé, c’était Charly. Le lien qu’ils avaient ensemble, la relation qui les unissait, Sofiane n’avait jamais compris pourquoi cela l’attirait avant de se rendre compte qu’il cherchait également quelqu’un à contrôler, quelqu’un qui lui serait dévoué corps et âme. Il a longtemps cherché cette personne avant de se rendre compte qu’il n’était pas capable de maintenir des liens constants avec quelqu’un et qu’il ne s’épanouissait que dans la dépendance. Retomber à nouveau sur Charly, c’était aussi replonger dans les abîmes, en somme, faire n’importe quoi. Encore. Pourvu qu’on l’aime. Elle faisait du FreeRun, bien, il en fera aussi. C’est alors bille en tête qu’il avait commencé à pratiquer, s’entraînant chaque jour durant des heures pour arriver au niveau qu’il a aujourd’hui. Bien sûr que c’est déraisonné, bien sûr qu’il ne s’agit là qu’un subterfuge, une ruse, un mécanisme de défense présent uniquement pour tromper son esprit déstructuré. Dire qu’il se complaît dans cela est un doux euphémisme, il ne sait tout simplement pas comment faire autrement.
Alors que Sofiane s’est plus ou moins évertué ces derniers mois à maintenir une certaine distance entre lui et Charly -d’abord par pragmatisme, hors de question de se rapprocher d’elle sans avoir les armes pour la séduire-, l’accomplissement et les compétences acquises en FreeRun lui donnent l’impression d’avoir une certaine légitimité à fréquenter Charly. Alors, de façon sournoise, il l’a laissé se rapprocher de lui, l’encourageant probablement inconsciemment dans cette voie. Il ne s’agissait plus vraiment de jeux d’enfants désormais et Sofiane s’en rend bien compte : il n’est désormais question que ce qu’il veut. Et ce qu’il veut, c’est elle. Les derniers moments passés en tête à tête avaient suffi à faire monter en lui le besoin irrépressible de la posséder, dans tous les sens du terme. Et Charly rentre dans son jeu, sans se douter à quel point elle s’aventure sur une pente dangereusement glissante sur laquelle elle y laissera des plumes. Il n’est pas question de la bercer d’illusions. Cela finira mal, c’est certain. Mais Sofiane conserve pour lui ses idées macabres tout en sachant qu’un jour -et il ne saura jamais si ce jour est proche ou non-, la dégringolade sera sévère. Sofiane a toujours fonctionné ainsi, alternant entre les phases où il se sent mieux et les phases d’effondrement social où tout s’écroule. Étrangement, celles-ci coïncident souvent avec les pertes affectives qui viennent teinter son parcours marqué de ruptures -au sens large du terme-.
Lorsque Charly évoque d’une manière absolument pas subtil leur dernier entraînement, un sourire carnassier s’installe sur les lèvres du jeune homme. « Je veux bien te croire. » Les corps à corps, c’est intéressant. N’importe lesquels d’ailleurs. Que ce soit la peau chaude d’une femme contre la sienne lors d’un rapport sexuel ou le corps froid d’un homme que l’on torture, c’est du pareil au même pour Sofiane : les deux lui apportent une jouissance extrême. « Cela ne t’irait pas le rôle de la demoiselle en détresse. » dit-il sans détour. Charly, attendre qu’un homme vienne la secourir ? Il n’y croit pas. Elle serait plutôt du genre à tout faire pour de débarrasser de son assaillant, peu importe la manière. Sofiane hausse les épaules lorsqu’elle lui fait remarquer que grâce au boulot merdique d’un des collègues de Sofiane, celui-ci s’est retrouvé sur le toit ce soir, ce qui a permis leur rencontre. « C’est vrai. T’as toujours tendance à voir le verre à moitié plein non ? » Sofiane, c’est tout l’inverse. Envisager le pire, toujours le pire. « Et quel trépied. Le meilleur d’entre tous. » dit-il d’un ton sec. Bien sûr que Sofiane croit en ses capacités, il est bon dans ce qu’il fait et dans ce qu’il maîtrise et il le sait. Après avoir essayé le téléphone de Charly, Sofiane propose rapidement de passer aux choses sérieuses. Des photos, c’est sacré. On n’utilise pas n’importe quoi pour capter la lumière ou pour trouver la prise de vue qui rendra justice à la beauté de la jeune suédoise. Malgré tout, les photos du réseau social de la jeune femme ne sont pas affreuses, loin de là mais Sofiane souligne simplement que cela pourrait être mieux. Une lueur étrange traverse son regard alors qu’il s’abonne au profil de la reporter, ainsi, il pourra surveiller. Et surveiller les autres, ceux qui se mettent en travers de son chemin. « Je ne dis pas qu’elles sont nulles. Pour du matériel amateur, c’est même plutôt bon. » concède le jeune photographe. Quelques remarques sur Charly plus loin, un sourire narquois s’installe sur les lèvres de Sofiane lorsqu’elle lui renvoie le compliment. Bien sûr que Sofiane est conscient de l’effet qu’il fait aux femmes. Même s’il n’a jamais été du genre à se taper tout ce qui bouge, il n’a jamais eu besoin de faire beaucoup d’effort lorsqu’il le voulait.
Le temps des premiers clics et Sofiane se rend compte que Charly n’est pas habituée à cela. Mais qui l’est ? La plupart des gens déteste être derrière l’objectif, on se sent épié, on se sent mal à l’aise à l’idée que chacun de ses faits et gestes seront bientôt figés pour l’éternité sur la photographie. Mais Charly se prête au jeu et Sofiane également. Gardant son sérieux et son air spécialiste, il s’évertue à obtenir les clichés les plus professionnels qu’ils soient. Charly adopte des postures de moins en moins conventionnelles et Sofiane parvient néanmoins à garder son calme malgré que certaines d’entre elle marquent délicieusement chacune de ses courbes. Lorsqu’il pense avoir terminé, il se rapproche de Charly mais la jeune femme s’avance vers le bord du toit et d’un geste absolument gracieux que Sofiane serait bien incapable de reproduire, elle se retrouve la tête en bas, le corps perpendiculaire au sol. La bouche de Sofiane s’assèche quand ses yeux s’arrêtent sur le fessier rebondi de la jeune femme. Putain. Il mitraille et se ressaisit lorsqu’elle retrouve le sens normal de la gravité. Il lui montre un premier jet qu’elle semble apprécier. « Moi aussi. » admet-il. Bien sûr qu’elle est magnifique. Charly. Pas la photo. Quoi que… Les deux le sont finalement.
Après avoir réalisé les photos que Charly nécessitait pour son compte Instagram, Sofiane décide de prendre les choses en main et de penser qu’à sa gueule. Des photos de face, cherchant à capter le grain de peau parfait de Charly, c’est ce dont il a besoin. Charly se prête au jeu pendant de nombreuses minutes avant que chacun estime que cela est suffisant. Sofiane fait ensuite défiler les photographies en cliquant sur la flèche tandis qu’elle le complimente sur son travail. « Avec un modèle comme toi, c’est pas bien difficile. » Ok, c’est un art de prendre une photo. Mais une photo d’un modèle moche, cela reste une photo prise sous un bon angle avec un modèle moche. On ne fait pas de miracle non plus. Sofiane continue de faire défiler les photos, zoomant à plusieurs reprises sur le visage de Charly pour admirer son sourire. Il est si concentré qu’il sent à peine le bras de Charly dans son dos et ne voit pas Charly sortir son téléphone. Il relève la tête pour regarder ce qu’elle fait pile au moment où ses lèvres se posent sur sa joue et manquent à quelques centimètres sa bouche. Sofiane frissonne à ce contact mais ne sait pas comment réagir à ça. Il s’est laissé surprendre, obnubilé par les clichés réalisés. Elle s’éloigne de lui et il fronce les sourcils. « C’est mort. » dit-il lorsqu’elle annonce qu’il finira dans sa story. Il s’approche mais tel un combat, tandis qu’il s’approche, elle s’éloigne. Sofiane bouillonne intérieurement et il tente d’attraper le téléphone sans user de la force. S’il s’écoutait, il lui attraperait fermement le bras et cela serait réglé mais il se contient. Il se rend compte que la situation amuse énormément Charly et cela l’empêche d’être désagréable. « Génial. » dit-il lorsqu’elle dit que c’est pour le remercier. Loquace Sofiane, comme toujours. Sofiane cherche encore à récupérer l’Iphone à tout prix mais celui-ci disparaît dans la poche arrière du jean de Charly. Si elle croit l’empêcher ainsi. « Tu vas pas t’en tirer comme ça. » Sofiane bondit enfin sur elle, lui attrapant fortement l’un des poignets pour l’empêcher de le pousser. Avec son autre main, il appuie sur le creux de ses reins pour la forcer à se coller contre lui. Charly se débat mais son objectif en tête, Sofiane tient bon. D’un geste maîtrisé, ses doigts glissent dans la poche de Charly, effleurant au passage la peau de son dos. Le téléphone termine dans son jean à lui tandis qu’il maintient toujours l’un des poignets de la jeune femme et repoussant du coude l’assaut de l’autre main de Charly. Il baisse la tête et ses yeux rencontrent le bleu des iris de la reporter. Un silence s’installe tandis qu’il sent le souffle de Charly dans le creux de son cou. Sans réfléchir, il lâche son poignet et ses doigts viennent effleurer la peau de sa nuque. Tel un aimant attiré par elle, il scrute avec attention les lèvres qu’il avait eu envie de goûter lorsqu’ils s’étaient retrouvés l’un contre l’autre à la salle d’entraînement. Sans se poser davantage de questions, il se penche vers elle et vient écraser ses lippes contre les siennes.
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Lun 16 Aoû - 11:25
Et dans la douceur du soir Je sens que le monde a changé
Sofiane ne s’attendait pas à cela en se hissant sur les hauteurs de la bibliothèque municipale dans le vide. Cherchant le calme, la quiétude, la tranquillité, la tornade blonde vient de bousculer son programme nocturne. Il est vrai que si Sofiane espérait retrouver sur les toits sa solitude tant chérie, la présence de Charly venait annihiler ses envies d’isolement. Charly a toujours eu cette place spéciale pour Sofiane ; une femme désirable, symbole des stigmates de son passé, devenue au fil des mois uns obsession qu’il tente tant bien que mal de refreiner. Elle lui rappelle la Syrie, elle lui rappelle la guerre, elle lui rappelle ce qu’il a perdu et ce qu’il ne veut plus perdre, elle lui rappelle qui il est et ce qu’il est. Depuis leurs retrouvailles fortuites au Blood Circle, les idées confuses de Sofiane le laissent croire qu’on la mise sur son chemin de manière délibérée. Et si au début il ne voyait pas en elle la possibilité d’une relation sérieuse, il l’envisage sérieusement depuis quelques temps, depuis l’entraînement. Il a bien tenté de ne pas se laisser aller sur cette pente qui sera glissante -et il le sait- mais rien ne peut l’empêcher de laisser libre court à ses pensées et ses idées sombres. Sofiane la veut, il la veut pour lui seul et s’opposera à tout ceux qui se mettront en travers de son chemin. Il tente tant bien que mal à dissimuler ses sombres travers mais ceux-ci se fracassent dans sa tête et se rappellent à lui à chaque fois qu’il la voit ; son visage est un retour en arrière, un retour dans un passé douloureux dont il ne pensait plus vouloir. Mais elle est aussi l’emblème de ses fêlures, de ses blessures. Nul ne peut mieux comprendre qu’elle. Est-ce pour cela qu’il a jeté son dévolu sur la jeune reporter ? Peut-être. Il a essayé, longtemps, de ne pas sombrer. Car il sait où cela va se terminer ; dans la souffrance. S’épargner cela serait plus judicieux mais l’esprit torturé de Sofiane n’en a pas décidé ainsi.
S’il s’attendait à se retrouver en train de prendre Charly en photo sur le toit ce soir… Pourtant, il est bien là, en train de mitrailler chaque parcelle visible de sa peau, chaque grain, chaque petite mèche de cheveux rebelle qui s’envole face au vent avec cette lumière magnifique du couché de soleil en arrière plan. Charly lui dit qu’avec d’autres tenues, les photos pourraient être grandioses. Un sourire amusé s’installe sur les lèvres de Sofiane alors qu’il répond : « Quand tu veux. » Cela donnera une autre occasion de la revoir dans des instants un peu plus intimistes, peut-être un peu plus loin de l’ambiance du Blood Circle. S’il veut s’imposer dans son existence, il doit être présent dans toutes ses sphères de vie et pas uniquement celles qui concernent le BC ou le parkour. En tout cas, avec cette idée en tête, la séance photo ne fait qu’accentuer les désirs grandissants de Sofiane, ne fait qu’accentuer son envie d’être plus proche d’elle. Elle lui fournit la raison sur un plateau d’argent alors qu’elle le surprend à l’improviste avec son selfie.
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Mar 24 Aoû - 1:52
Et dans la douceur du soir, je sens que le monde a changé
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Ven 27 Aoû - 11:18
Et dans la douceur du soir Je sens que le monde a changé
Comment imaginer un seul instant que cette soirée se déroulerait ainsi ? Sofiane avait simplement voulu échapper durant quelques heures à la réalité de la vie en ville. Londres a beau être la capitale du pays, parfois, les paysages syriens se rappellent à lui et il se demande ce qu’il peut trouver à ces buildings toujours plus hauts, à ces immeubles toujours plus imposants et le bruit incessant de la circulation des véhicules qui rentrent à leur domicile. Pour Sofiane, les intonations des explosions sont presque plus rassurantes que celles des klaxons, celles-ci lui permettaient de se souvenir qu’il n’est pas invincible. Ici, c’est différent, la guerre entre les sorciers et les Blood Circle n’en est pas vraiment une ; il n’y a pas d’armées, pas de troupes, pas de régiments prêts à se lancer dans une guerre de tranchée. Ici, le conflit est plus insidieux, plus subtil, moins dans les effusions de sang. Le Blood Circle utilise davantage la propagande pour convaincre, moins que la force ou la contrainte. Le jeune homme se demande parfois ce qui le retient ici, ce qui le retient dans ce pays qui ne lui a rien donné si ce n’est un casier judiciaire. Pourquoi est-il encore là ? Ambrose. Charly. Ils sont deux éléments de réponse, des personnes qui lui permettent de rester en vie, de demeurer sur le fil du rasoir et de ne pas se fracasser sur une pente glissante, de ne pas sombrer dans la noirceur. Sofiane profite, il exulte, il sait que les liens qu’il tisse avec les gens sont éphémères et qu’un jour, cela se terminera dans la souffrance, dans les cris, dans les peurs, et dans un accès de colère, peut-être dans la mort. Il est préparé à cela, à ce jour où il commettra l’irréparable, à ce jour où poussé dans ses retranchements, il déversera sur l’objet de ses désirs une rage incontrôlable.
Au bout d’un moment, il repousse Charly qui s’installe à ses côtés. Il passe la main dans ses cheveux, tentant de reprendre doucement ses esprits. Alors que ses désirs viennent d'être assouvis par cette partie de jambes en l'air inopinée et expéditive, Sofiane a désormais une autre idée en tête. Sans rien dire, il s’assoit en tailleur, toujours complètement nu et attrape son appareil photo. Sans demander l’autorisation, il mitraille Charly à nouveau. Son corps nu lui fait un effet de dingue. Charly va hurler à la seconde même où elle comprendra ce qu’il est en train de faire mais il s’en fiche. Voir dans l’objectif sa silhouette dénudée vaut tous les hurlements du monde. « Tais-toi. » intime-t-il d'un ton autoritaire qui n'appelle à aucune discussion avant même qu’elle n’ouvre la bouche. « Tu es magnifique. » dit-il d’une voix rauque. « Je te laisserai la carte SD si tu veux. » concède-t-il pour la rassurer, pour qu’elle le laisse faire ce qu’il souhaite. Car maintenant qu’elle est ainsi dévêtue devant lui, s’offrant à lui, il veut tout photographier : chaque parcelle de sa peau, ses cicatrices, ses yeux, chaque courbe de son corps. Et il veut la garder pour elle, rien que pour lui, que personne d’autre ne la regarde, que personne d’autres n’ose poser les yeux sur elle. Elle est sienne désormais et celui qui se mettra en travers de son chemin subira sa folie. Le cœur de Sofiane bat à la chamade à cette idée et il sent un long frisson traverser tout son corps.
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Mer 1 Sep - 1:55
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Sofiane Rasak
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Jeu 2 Sep - 22:24
Et dans la douceur du soir Je sens que le monde a changé
Sofiane reprend doucement son souffle, laissant son buste se remplir lentement d’air tandis que son palpitant tambourine à tout rompre. Il ne peut s’empêcher de faire part à sa partenaire son sentiment d’exaltation. Pourtant, Sofiane n’en est pas à son coup d’essai, il a trente ans passés et de nombreuses partenaires ont partagé son lit mais jamais il n’avait éprouvé autant d’émotions contradictoires en baisant une femme. « Je vais prendre ça pour un compliment. » Sofiane ricane doucement tandis que la voix de Charly est légèrement rauque et enrouée, victime de l’orgasme qui vient de la submerger. Il n’ajoute rien mais n’en pense pas moins. Charly a ce sens de l’humour particulier oui c’est l’hôpital qui se fout de la charité mais Sofiane apprécie qu’elle soit ainsi. Charly, c’était une partie de son passé, elle le renvoie des années en arrière et il s’engouffre sans ménagement sur cette pente dangereuse, prêt à succomber à nouveau à la folie sanguinaire des champs de bataille. Pire encore, il en redemande alors qu’il cherchait depuis plusieurs années à tirer un trait sur ce pan de son histoire ; comme quoi, il est si facile de replonger dans d’anciens travers.
Leurs corps se séparent au bout d’un moment et Sofiane profite du fait qu’elle remette sa culotte pour attraper son appareil photo et la bombarder. Comme il s’y attendait, à travers l’objectif, il voit sa fureur s’animer puis s’éteindre presque aussi rapidement lorsqu’il lui dit à quel point il la trouve belle. Belle comme ce n’est pas permis de l’être. Le contraste entre eux est flagrant. Sofiane est sombre, ses cheveux d’un noir de jais, sa peau brunie par le métissage et ses origines syriennes. Charly est si solaire avec sa belle chevelure blonde, son épiderme si pale. Comment ne pas se rendre compte qu’ils ne sont pas assortis ? Mais Sofiane trouve au contraire qu’ils se ressemblent bien plus qu’il ne le faudrait, bien plus qu’ils ne le devraient. La même souffrance les anime et même si Charly tente par tous les moyens d’en sortir, Sofiane l’attire au contraire au fond du précipice. Sans le savoir peut-être, sans s’en rendre compte. Mais il le sait, il n’est pas un homme pour elle. Mais il assume sans complexe de la faire sombrer avec lui dans la noirceur, parce qu’il le sait, il la veut et s’il la veut, il ne pourra pas aller contre ses envies morbides. Ses envies si particulières qu’il ne peut combattre, qu’il ne parvient pas à combattre. Il voulait Charly et maintenant qu’il l’a, il la veut que pour lui, sans concession.
Charly n’est pas à l’aise devant l’objectif de Sofiane qui continue de la mitrailler mais nul besoin de sa nudité pour capturer de jolis clichés tandis qu’il tourne autour d’elle, oubliant qu’il est nu comme un ver. Il s’agit d’immortaliser chaque moment, chaque parcelle de sa peau avec une certaine pudeur, en dévoiler sans trop en dévoiler. Sa réserve la rend encore plus désirable à ses yeux et un rire rauque s’échappe de la bouche du photographe lorsqu’elle parle ouvertement de masturbation. Il ignore encore si elle dit ça pour le provoquer ou parce qu’elle n’a pas envie qu’il voit à quel point cette séance photo inopinée la dérange. « J’aurai pas besoin de ça pour ça. » dit-il simplement, avec la franchise qui le caractérise si bien. Il montre sa tempe et murmure : « Ça va rester gravé là. » Un sourire libidineux s’accroche à ses lippes. Le corps de Charly se détend un peu et elle le laisse faire. Il fronce les sourcils tandis qu’elle tente timidement une autre posture. Où est la femme qui dissimulait ses blessures à l’aide d’un vulgaire gilet ? Cette simple pensée arrache un nouveau sourire satisfait au jeune homme. Au bout de quelques minutes, quand il pense avoir su capter chaque grain de peau de Charly, il se réinstalle à ses côtés, regardant chacune des photos prises. Une par une. Elles sont parfaites. Toujours complètement nu, il rabat ses jambes contre son buste et regarde l’horizon pendant ce qui lui semble des heures. Une de ses mains vient doucement effleurer le dos de Charly et ses lèvres rencontrent son cou. Ses doigts viennent titiller ses blessures et Sofiane retient l’envie furieuse qu’il a d’appuyer fort pour rouvrir la plaie et voir le sang couler. Pour se calmer et penser à autre chose, il se détourne d’elle, retire la carte SD de l’appareil et la lui tend. « Tu me diras ce que tu en penses. » Puis il dit : « Je serai là tous les vendredis soirs. » La perspective de prochaines rencontres rendrait les choses bien plus concrètes dans sa tête. Ses yeux viennent scruter avec intensité les prunelles de Charly se demandant si elle va courir au fond du gouffre avec lui ou si elle va s’extraire sans se poser de questions des abîmes dans lesquels il va irrémédiablement l’entraîner.
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Et dans la douceur du soir, je sens que le monde a changé || SOLY III
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