Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
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Les examens approchaient à grand pas, personne n’aurait pu l’ignorer. Il ne s’agissait pas seulement du soleil qui se faisait plus présent et du climat qui se faisait plus doux. Ça se sentait dans l’air, plus les jours avançaient et plus les couloirs de l’école se chargeaient d’une nervosité ambiante. Si Hestia avait été un peu plus au fait des technologies moldues et des expressions qui en découlaient, elle aurait pu comparer ce phénomène à de l’électricité dans l’air. La perspective des examens était dans tous les esprits, se balançant au dessus de la tête de chaque élève comme une épée de Damoclès. Soudainement les couloirs se faisaient plus calme et la bibliothèque plus remplie et silencieuse que jamais. Jouer son futur en quelques semaines, il fallait dire que ça calmait. Certes, pas forcément tous les élèves, il y avait toujours quelques petits malins pour se croire au dessus des révisions qui continuaient de foutre le bordel comme si leur avenir ne dépendait pas de la réussite des épreuves. Mais de manière générale, Poudlard était soudainement devenu un havre de paix et Hestia comptait bien en profiter. Seulement, ce n’était pas vraiment pour réviser qu’elle comptait profiter de ces moments de calme. Elle travaillait ses cours bien sûr, elle avait bien l’intention de terminer sa seconde année haut la main, rater ses études avait toujours été inconcevable à ses yeux, et maintenant c’était encore plus vrai qu’auparavant. Cette fois il ne s’agissait plus seulement de son égo ou de ses ambitions pour le futur. Désormais elle n’avait plus sa famille derrière elle, plus de filet de sécurité pour la rattraper en cas de chute, elle ne pouvait tout simplement pas se permettre de rater ses études. La réussite de ses examens était plus importante que jamais, elle devait se prouver à elle qu’elle réussissait, mais aussi prouver à sa famille que même sans eux elle était capable de s’en sortir. Ce n’était plus simplement une histoire de note et de se faire bien voir en société en étant la sorcière brillante, il s’agissait de se construire un avenir seule. Et elle comptait bien réussir.
Sauf qu’aujourd’hui, ce n’était pas dans l’optique de se rendre à la bibliothèque pour réviser que Hestia quittait la salle commune des Serpentard. De toute manière, elle détestait toujours autant la bibliothèque alors même pour se plonger dans ses cours c’était le dernier endroit qu’elle choisissait. Pour cette tâche, elle préférait encore rester dans le repère des vipères, ou alors son dortoir, elle n’était jamais mieux concentrée que lorsqu’il y avait un peu de vie autour d’elle. Mais réviser n’était pas son objectif de l’après midi. Oh, elle avait déjà assez révisé comme ça pour un samedi, elle y avait consacré toute sa matinée alors elle pouvait bien faire une pause. Son cursus lui plaisait beaucoup mais elle n’avait jamais caché que sa véritable passion allait pour les potions. Et c’était bien devant son chaudron qu’elle comptait se pencher les prochaines heures. Plus le temps passait et plus Hestia avait des projets pour de nouvelles potions. Qu’elle travaille pour Thalia ou Dimka était une chose, mais apparemment son talent dans ce domaine s’était un peu répandu puisque quelques mois plus tôt, une Gryffondor du nom de Maxime était venue lui demander de créer une potion tue-loup améliorée. Une version indétectable, aussi bien par les sorciers que par les loups garou à l’odorat infiniment plus fin. Même si cette Maxime ne comptait pas parmi ses amis -même pas parmi ses connaissances en fait- la Serpentarde avait accepté sans hésitation. Elle ne reculait jamais devant un défi, surtout lorsqu’il concernait les potions. Et celui là en était un de taille. Maitriser la concoction de la potion tue loup lui avait demandé du temps et beaucoup de travail alors en créer une nouvelle version n’allait pas être une tâche aisée. Mais ça ne faisait pas peur à la verte. Puisque son dernier essai pour Dimka avait besoin de temps de repos pour maturer et qu’elle avait fourni récemment une nouvelle fiole à tester à Thalia, elle avait le champ libre pour se pencher sur la demande de la lionne. Elle avait déjà fait plusieurs essais, ils n’avaient pas encore été concluants mais elle sentait qu’elle était sur la bonne voie. Cette fois-ci serait peut-être la bonne.
Ce fut dans cet état d’esprit que Hestia sorti du château et traversa le parc en direction des serres. Autour d’elle, des élèves révisaient ou discutaient allongés dans l’herbe, mais elle ne se laissa pas distraire. Le soleil était agréable, mais l’appel des potions était plus fort encore. Elle entra donc sans regret dans la serre la plus éloignée du château, celle où les étudiants assez avancés pouvaient faire pousser leurs propres plantes et les utiliser ensuite pour des potions. Là elle s’équipa de gants de protection ainsi que d’un petit sécateur, sa baguette aurait pu faire l’affaire mais elle se savait plus précise avec l’outil et elle ne voulait pas risquer d’abimer ses plants. La Serpentarde commença par récolter un peu de dictame qu’elle plaça soigneusement dans un sachet en tissus avant de se tourner vers la pièce maitresse de sa potion : l’aconit tue loup. Mais pas n’importe quel aconit, une version plus rare et recherchée : l’aconit argentée. C’était cette plante qui, elle l’espérait, ferait prendre un nouveau tournant à ses recherches. Mais c’était surtout une plante fragile et capricieuse, une fois coupée elle ne conservait pas longtemps ses propriétés et elle ne supportait absolument pas la lumière du soleil. Hestia en préleva délicatement quelques brins qu’elle plaça dans un second sachet en tissus qui alla trouver aussitôt une place dans son sac, bien à l’abris des rayons du soleil. Maintenant que cela était fait, elle savait qu’elle ne devait pas perdre de temps, ce n’était pas non plus une course contre la montre mais elle ne préférait pas tenter le diable. Ses plantes cueillies, la verte jeta un coup d’œil autour d’elle pour s’assurer qu’elle n’avait rien oublié et rangea son matériel. Satisfaite, et ayant hâte de tester ses nouvelles théories, Hestia sortie de la serre pour reprendre la direction du château.
Alors que les élèves se pressaient dans le parc pour profiter du soleil, la Serpentarde s’apprêtait à s’enfermer dans les cachots de l’école. C’était le prix à payer, mais pour se consacrer à sa passion, elle était prête à ce petit sacrifice. Néanmoins, elle ne se pressa pas le long du sentier, juste pour avoir le plaisir de sentir les rayons du soleil sur son visage. A quel moment est-ce que son attitude pouvait passer pour une invitation, elle n’en n’était pas sûre. Mais dans tous les cas, quelqu’un se méprit totalement. Elle eut à peine le temps de sentir une présence à ses côtés qu’une main vint se glisser dans la sienne. Un geste tout sauf bienvenu qui provoqua un mouvement de recul machinal chez la Serpentarde. Presque instinctivement elle voulu retirer sa main de l’intruse, mais la poigne qui était exercé sur sa paume était juste assez forte pour la retenir. Un peu désemparée, et déjà passablement irritée, Hestia leva les yeux sur la personne, l’inconscient, qui osait avoir un tel geste envers elle. « Orion ?! » Lâcha-t-elle, surprise, en croisant les prunelles du Gryffondor. L’exaspération qui enflait déjà dans sa gorge se calma un peu pour laisser place à l’incompréhension. D’accord, depuis quelques temps elle n’avait plus vraiment envie de jeter le lion du haut d’une tour, mais ça ne voulait pas dire pour autant qu’il pouvait se permettre d’avoir ce genre de geste avec elle. « Mais… » Mais qu’est-ce qu’il foutait au juste ? Il commençait à la connaitre pourtant, que croyait-il faire ? Même si Hestia se surprenait à apprécier sa présence, ce n’était pas pour autant que son geste n’était pas déplacé. Se tenir par la main, ce n’était pas grand-chose, mais la verte trouvait ça à la fois normal et terriblement intime, elle qui n’avait pas eu la chance de bénéficier de beaucoup de geste d’affection, elle trouvait ça étrangement perturbant. Et en même temps, la sensation de la main d’Orion dans la sienne était plutôt agréable. A tel point qu’elle en oublia de protester davantage.
Elle se raidit tout de même lorsqu’Orion se rapprocha d’elle. « Fais comme si de rien n'était, s'il te plait. Si tu veux des explications, je t'en donnerais, mais ailleurs. Si tu veux me frapper, attends d'être un peu plus loin au pire, je pourrais comprendre. » Ses mots eurent au moins le mérite de détendre la Serpentarde. Ce petit jeu avait une raison, et si elle n’aimait pas en être un pion elle n’était pas mécontente de savoir qu’il y avait un sens derrière le geste du lion. Alors elle accepta de jouer le jeu, juste pour quelques instants et afficha même un sourire ironique lorsqu’Orion affirma qu’elle pourrait le frapper si elle en avait envie. « Oh, te frapper, tout de suite. » Souffla-t-elle avec une pointe de sarcasme, comme si c’était l’idée la plus saugrenue du monde. C’était que le lion la connaissait mieux qu’elle ne le pensait pour comprendre qu’elle était parfaitement capable de le frapper s’il allait trop loin. C’était étrange comme certains s’imaginaient que la verte ne recourrait pas facilement à la violence, sûrement ne voyaient-ils que son éducation de sang pur qui, la plupart du temps, consistait à sauver à tout prix les apparences. Pourtant, jouer des poings ne faisait pas peur à Hestia. Rien que quelques semaines plus tôt, elle avait mis un coup de poing à son propre cousin. Bon, il fallait dire que la surprendre avec un masque de mangemort sur le visage n’était pas l’idée du siècle, Helios l’avait bien cherché. Au moins Orion ne se laisserait pas surprendre de la sorte. Pourtant ce que la verte voulait, ce n’était pas le frapper, c’était autre chose. « Par contre ne compte pas échapper aux explications. » Prévint-elle en jetant un coup d’œil autour d’eux. Elle ne savait pas trop à quel jeu il jouait mais pour agir ainsi, il devait avoir ses raisons. Et si elle devait participer alors elle voulait savoir de quoi il en retournait. Cependant, ça allait devoir attendre un peu, elle n’oubliait pas son objectif du jour, et puisqu’Orion avait l’air de fuir quelqu’un, il ne verrait sûrement aucun inconvénient à la suivre. « Mais pas tout de suite. J’ai là une plante qui ne doit pas être exposée aux rayons du soleil et il est hors de question que je gâche des semaines de travail pour ta lubie bizarre. » Expliqua-t-elle tout fait faisant désignant le château d’un signe du menton. Sans attendre, la Serpentarde tira sur leurs mains liées pour qu’ils reprennent leur marche vers l’intérieur. Peut-être aurait-elle pu lui demander de lâcher sa main, mais elle n’y songea pas.
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Rares étaient ceux qui ignoraient quel tempérament Hestia possédait. Oh, ça arrivait. Des petits nouveaux qui posaient tout juste les pieds à Poudlard et qui ignoraient encore tout du monde qui les entouraient. Ou bien tous ces parfaits héritiers de sang-pur qu’elle n’avait rencontré que lors des soirées mondaines de leurs familles et qui avaient cru pouvoir se reconnaitre en elle. Ceux là pouvaient encore profiter du bénéfice du doute, ils avaient le droit de se tromper sur son compte. De toute façon ce n’était qu’une question de semaines, de jours même, avant qu’ils ne revoient leur jugement. Hestia n’avait pas de temps à perdre à jouer les sorcières ouvertes et sympathiques, quant à l’héritière parfaite, c’était un rôle qu’elle connaissait par cœur et qu’elle maitrisait à la perfection, mais qu’elle méprisait avec une vigueur absolue. Pas de ça à Poudlard. La chute était rude pour ces pauvres élèves un peu trop naïfs, mais elle s’en fichait bien. Qu’ils pensent donc ce qu’ils voulaient, ce n’était pas son problème, elle avait assez vécu dans une cage dorée comme ça, à Poudlard elle ne s’embarrassait pas de faux semblants. Plus tôt les autres étudiants comprenaient qu’il était inutile qu’ils s’imaginent devenir son ami d’un claquement de doigt, le mieux elle se portait. Ils étaient nombreux à se tromper sur son compte mais elle ne voyait aucun problème à leur dévoiler la vérité. Et Orion dans tout ça ? Eh bien pour le coup, la Serpentarde ne savait plus trop. Oh, clairement il ne se faisait pas d’illusion sur son caractère, leur première rencontre avait permis de dissiper tout doute possible dès les premiers instants. Il fallait dire que leur échange n’avait pas été tendre, et si leur seconde discussion avait été plus apaisée, ce n’était pas pour autant qu’il lui avait fait voir la verte sous un jour totalement différent. La Carrow n’avait aucune intention de passer de vipère à douce colombe. Alors, le Gryffondor savait parfaitement qui Hestia était.
Et pourtant, malgré tout ça, il avait réussi l’exploit de se permettre le genre de geste que même les rares amis de la Serpentarde n’oseraient jamais faire : il avait glissé sa main dans la sienne. Oh, ce n’était pas grand-chose, la verte savait qu’il aurait pu faire bien pire. Mais pour elle qui n’était friande ni de contacts humains, ni de contacts tout court, c’était déjà trop. Elle avait réagi bien sûr, mais il avait anticipé son geste en serrant ses doigts contre les siens et en annonçant qu’elle pourrait le frapper plus tard si elle le souhaitait. Ca avait arraché un sourire ironique à la verte. Clairement, il avait compris sa manière de fonctionner. « Je te blâmerais même pas si tu le faisais. » Hestia lui jeta un coup d’œil en biais. Au moins Orion semblait conscient que la situation ne pouvait pas être vraiment qualifiée de normale et qu’elle n’allait certainement pas l’accepter sans protester. Il fallait dire qu’attraper les gens par la main sans réelle raison, ça ne se faisait pas trop. Et ce n’était pas parce que les deux étudiants avaient appris à se connaitre qu’ils en étaient là. D’ailleurs, Hestia aussi savait désormais qui était véritablement Orion, elle avait vu à travers son masque, et elle avait compris que s’il agissait ainsi, ce n’était pas pour rien. « Fais attention, je risque d’en profiter. » Rétorqua-t-elle d’un air amusé. Elle ne comptait pas le frapper, du moins plus pour le moment. S’il s’était présenté à elle avec l’arrogance qu’il réservait aux autres peut-être qu’elle n’aurait pas été aussi conciliante, mais là ce n’était pas le cas. Et après son geste de recul, elle ne songea pas plus à retirer sa main de la sienne.
En revanche, il avait souligné qu’il lui donnerait des explications et ça elle ne comptait pas l’oublier. La verte n’était pas stupide, ce geste ne venait pas de nulle part, il n’avait pas lié leurs mains pour le simple plaisir de sa paume dans la sienne, il y avait plus et elle comptait bien savoir quoi. « Le fait que je ne cherche pas à m'enfuir est une bonne chose alors. » Hestia eut un léger rire. Non, effectivement, il ne la fuyait pas, pas cette fois. A la place il l’utilisait. Au fond, ce n’était pas vraiment mieux mais la verte réservait son jugement pour le moment. Avec Orion, elle avait appris à voir au-delà des apparences. « Oh, on sait tous les deux que ce n’est pas moi que tu fuis. » Souligna-t-elle avec une pointe d’humour. La personne qu’il cherchait à fuir en agissant ainsi, elle devait être là, quelque part dans le parc, peut-être à braquer son regard sur eux. Mais pour le moment ce n’était pas ce qui préoccupait le plus Hestia. Les explications, elles pouvaient attendre. La sensation de la main d’Orion dans la sienne, elle s’efforçait de ne pas y penser. Elle était venue là pour une raison et il aurait été trop bête qu’elle se laisse troubler par le Gryffondor au point d’en oublier sa mission première. Puisqu’il voulait fuir quelqu’un, et qu’elle avait quelque part à se rendre, autant mêler leurs intentions. Hestia refusait de voir ses précieux ingrédients se flétrir tout ça parce que Orion lui tenait la main. « Je pense que tu m'aurais pas laissé le choix dans tous les cas, mais on peut très bien aller à l'intérieur. » Un nouvel éclat de rire s’échappa des lèvres de la verte. Décidemment Orion la connaissait plutôt bien. En fait, certainement mieux qu’elle ne le croyait, elle devait bien l’admettre. Apparemment, elle s’était dévoilée un peu plus que prévu lors de leurs conversations, mais étrangement cette idée ne la dérangea pas. Au moins il ne se faisait pas d’illusions à son sujet, elle trouvait ça… Reposant. Cependant, elle devait nuancer ses paroles. « Je ne te force à rien, Orion. Si tu ne veux pas me suivre, tu n’as qu’à me lâcher la main. » Souffla-t-elle en haussant un sourcil dans sa direction. Elle fit mine d’hésiter un instant, pourtant elle savait déjà que le lion n’en ferait rien. S’il mettait tout ça en scène, ce n’était pas juste pour l’embêter -oh il utilisait plutôt ses mots pour ça- alors elle savait qu’il n’ôterait pas sa main pour reprendre son chemin. Mais elle voulait quand même lui montrer que le choix de la suivre, il le faisait de lui-même. Tout comme laisser sa main là où elle était.
Sans plus de cérémonie, Hestia s’était engagée sur le sentier qui menait au château, Orion à ses côtés. La personne qu’il cherchait à fuir devait vraiment être exécrable pour le pousser à la suivre de cette manière. Mais la Serpentarde ne l’interrogea pas à son sujet, du moins pas tout de suite, elle avait plus pressant à faire. Tout en s’efforçant d’ignorer royalement les regards qui se posaient sur eux à mesure qu’ils avançaient dans le hall -pourquoi ne s’étaient-ils toujours pas lâché la main, Hestia l’ignorait- elle mena le lion dans les cachots. Certainement l’endroit de l’école où elle se sentait le mieux. Ca faisait un peu cliché pour une Serpentarde, mais c’était surtout dû à la présence des salles de potion qu’elle aimait investir dès qu’elle en avait l’occasion. Sans surprise, ce fut là qu’elle guida Orion. Une fois entrés dans la salle, les mains des deux étudiants se séparèrent enfin et Hestia se surprit à ne pas ressentir le soulagement attendu. Décidant que réfléchir à tout ça ne mènerait à rien, elle se dirigea vers la table où elle avait l’habitude de travailler tandis qu’Orion allait s’adosser à une autre table non loin de la porte. Là, elle posa son sac et d’un coup de baguette, fit venir à elle son chaudron personnel. « Premièrement, si tu veux de l'aide pour ta potion, je peux toujours aider, je pense que c'est la moindre des choses. Deuxièmement... Qu'est-ce que tu veux savoir ? » Un peu distraitement, Hestia releva ses prunelles qui croisèrent celles du Gryffondor. Vraiment, il voulait l’aider ? Elle devait bien admettre qu’elle ne s’y attendait pas. Apparemment il y avait quelque chose qu’il ne savait pas encore d’elle : elle tenait à ses potions comme à la prunelle de ses yeux -et même plus encore- et elle ne laissait pas n’importe qui s’approcher de son chaudron. D’ailleurs, la verte travaillait quasiment toujours seule, d’une part parce que le niveau des élèves qui l’entouraient était clairement catastrophique et qu’elle n’avait aucune envie de s’embarrasser d’eux. D’autre part parce que ces derniers mois elle travaillait sur des potions secrètes. Le mélange pour les frères Dimitrov, les essais pour Thalia, nul n’était au courant et les choses devaient rester ainsi. En revanche, la potion pour Maxime c’était un peu différent, il s’agissait d’une potion tue-loup améliorée, ça n’était pas un secret d’état, surtout qu’elle n’avait pas encore obtenu le résultat escompté. Pour un novice, le mélange pouvait tout à faire passer pour une potion classique. Hestia observa le lion un instant avant de se décider. « Si tu veux aider… Tiens, tu peux broyer la corne de bicorne en une fine poudre. Attention, il ne doit pas rester un seul morceau sinon ça risque de faire fondre le chaudron. » Tout en mêlant gestes à la parole, elle posa mortier et pilon sur un coin de la table pour qu’Orion s’en empare s’il était vraiment sincère. Puis, elle releva son regard vers l’américain. « Et si je tiens à mon chaudron, je tiens encore plus à réussir cette potion. » Ajouta-t-elle en faisant glisser vers lui la corne de bicorne. Elle avait parlé d’un ton détaché mais assuré, un sourcil relevé pour qu’il ne s’y trompe pas : en d’autres mots, il avait intérêt à s’appliquer.
Cette tâche donnée au lion n’avait pas été choisie au hasard. Ce n’était pas que Hestia n’avait pas confiance en les capacités d’Orion, c’était surtout qu’en ce qui concernait le domaine des potions, elle n’avait confiance qu’en elle-même. En lui confiant cette tâche simple, elle acceptait de faire un pas vers lui et elle espérait bien ne pas avoir fait une erreur. Tout en sortant ses affaires et ingrédients de son sac, la Serpentarde réfléchis au deuxième point du Gryffondor. Ce qu’elle voulait savoir. Le malaise d’Orion était presque palpable, il fallait dire que son geste avait tout de l’action réalisée impulsivement. Celle qu’il était facile de regretter ensuite. Il avait l’air de s’être résigné à ne plus porter son masque d’assurance face à elle. Une part de la Serpentarde en était touchée, une autre se demandait s’il finirait par attendre la même chose d’elle, et si elle en serait capable. « Je ne te poserai pas de questions. » Déclara-t-elle finalement tout en sortant le grimoire où elle prenait des notes. Elle le feuilleta un instant pour retrouver la page où elle notait ses impressions sur ses tentatives de potion tue-loup améliorée. Oh, elle n’avait pas renoncé à l’idée d’avoir des explications de la part du lion, elle l’avait prévenu qu’il n’y échapperait pas. Seulement, pour une raison qui lui échappait un peu, elle ne voulait pas que ça se passe comme ça. Elle planta ses prunelles dans celles de son camarade. « Il n’y a plus de marché entre nous, plus de service à rendre ou d’obligation. Je veux des explications parce que c’est la moindre des choses, parce que je les mérite. Pas parce que tu y es obligé. » Reprit-elle calmement. C’était peut-être idiot, mais Hestia ne voulait plus de cette impression de rapport de force ou d’obligation. Elle ne voulait pas que ça soit un nouvel interrogatoire. Elle ne se souvenait que trop bien des sentiments qui étaient venus lui serrer la gorge quand il l’avait interrogé sur sa famille. Et elle ne voulait plus de ça entre eux. Elle n’aurait su expliquer pourquoi, elle aurait certainement dû s’en foutre, mais elle n’avait pas envie qu’un simple geste et quelques questions viennent instiller du ressentiment entre eux. Ces explications, elle voulait qu’elles viennent de lui. Parce qu’il estimait, lui, qu’il les lui devait. Parce qu’il avait assez d’estime pour elle pour les lui donner sans y être obligé. « Expliques moi à quel jeu tu m’as fait jouer, et quelles en sont les règles. » Pas de questions, pas d’obligations. Mais un jeu, ça se jouait à deux, alors il n’était pas seul dans cette histoire.
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Mais il avait quoi exactement Orion avec le fait que Hestia le frappe ? A ce stade ce n’était plus seulement une crainte, c’était une fixette. D’accord, il avait eu raison de penser à l’éventualité que Hestia le frappe pour avoir osé un tel geste envers elle, ce n’était pas dans le caractère de la verte de se laisser faire sans rien dire. Et elle admettait qu’elle n’avait pas peur de sortir les poings lorsque l’occasion le nécessitait, ce qui n’avait pas manqué de l’envoyer en retenue dans le passé. D’accord, elle ne l’avait pas véritablement contredit. Mais tout de même, elle n’était pas une sauvage, elle ne frappait pas les gens à tour de bras juste parce qu’ils l’avaient effleuré, enfin, ce n’était pas l’envie qui lui manquait, elle n’allait pas dire l’inverse, mais elle savait se contenir. Rien dans son attitude ne montrait à Orion qu’elle avait l’intention de lever la main sur lui, elle avait protesté et tenté de retirer sa main de la sienne mais ça s’était arrêté là. Pour une raison qui lui semblait obscure et sur laquelle elle n’avait aucune intention de s’interroger, elle avait fini par accepter le geste du Gryffondor. Pourtant, Orion n’en démordait pas. Seul changement dans son attitude, l’air amusé qui était venu se peindre sur ses traits. Apparemment il trouvait ça très drôle de jouer avec l’idée que Hestia le frappe. « Dans ce cas là j'ai une requête, évites juste d'abîmer mon visage. » La Serpentarde retint un bref éclat de rire, à la place elle lui lança un regard en coin, faisant mine de le dévisager un instant, comme si elle évaluait ses options. Finalement, elle reporta ses prunelles noisette sur le château qui approchait et haussa les épaules. « Je verrai ce que je peux faire. » Souffla-t-elle d’un air détaché, d’où transperçait tout de même une pointe d’humour, comme si tout ceci ne dépendait absolument pas d’elle.
En revanche, ce qui ne dépendait définitivement pas d’elle, c’était la présence de la main d’Orion dans la sienne. Elle lui avait été imposée par le Gryffondor, un contact nouveau entre eux et qui déstabilisait la Carrow plus qu’elle ne voulait bien l’admettre. Mais qu’elle acceptait parce qu’elle savait que c’était une nécessitée pour le lion. Du moins c’était la seule explication qu’elle voulait bien reconnaitre. C’était une manière d’aider Orion, un geste qui, cette fois, ne lui coutait rien. Voilà, penser ainsi était parfait. Toute autre explication parasite n’était pas la bienvenue. Et puis de toute façon, le Campbell agissait ainsi parce qu’il n’avait pas vu d’autre alternative, Hestia le savait et il était infiniment plus sage de se le répéter. La preuve, il ne broncha pas lorsqu’elle affirma que ce n’était pas elle qu’il fuyait. C’était même un peu l’inverse entre eux. Depuis le début, Orion avait été une des rares personnes à réellement rechercher sa présence. Certes, ce n’était pas parce qu’il appréciait sa bonne humeur, la première fois ça avait été pour la faire enrager et la seconde parce qu’il attendait quelque chose d’elle, mais la finalité restait la même : il avait cherché à être en sa compagnie. Pour une fois, ce n’était pas désagréable de ne pas être celle que l’on fuyait. Mais cette pensée aussi était dangereuse, aussi Hestia s’efforça-t-elle de l’enterrer au fond de son esprit pour se concentrer sur les paroles que le lion lui adressait. « Je n'ai rien contre l'idée de m'expliquer sur le sujet, mais je préfère le faire plus tard. Je trouve qu'il y a un peu trop d'oreilles potentiellement baladeuses dans les environs. » En silence, la verte hocha la tête. Le lion avait tout compris, les oreilles baladeuses, l’école n’en manquait pas, même en plein milieu d’un parc. Il lui devait des explications, mais pas ainsi alors que n’importe qui pouvait les écouter. Hestia le comprenait et elle acceptait cette explication. Elle aussi aimait que ses conversations privées restent privées.
Ce fut sûrement pour ça que le Gryffondor ne protesta pas lorsqu’elle l’amena jusqu’aux cachots de l’école. Elle ne se demanda pas ses intentions exactes, si c’était parce qu’il comptait réellement tout lui dire, ou juste parce qu’ils avaient toujours les mains liées, l’important était qu’il l’avait suivi. Le reste dépendait de lui et cette fois-ci, Hestia avait envie de lui faire confiance. De se dire qu’Orion n’allait pas la lui faire à l’envers et simplement tourner les talons une fois que plus aucun regard ne serait posé sur eux. Quelques mois plus tôt elle n’aurait jamais osé songer une chose pareille à l’égard du brun, mais leur conversation dans la bibliothèque lui avait fait voir Orion sous un jour nouveau et elle avait envie de lui accorder cette chance. Juste pour voir. Cependant, elle dû bien admettre qu’accepter que le lion l’aide dans la confection de sa potion lui demanda un réel effort. Avec ses potions, Hestia était terriblement possessive, elle ne laissait personne en approcher et encore moins y toucher. Elle avait la fâcheuse tendance de considérer que personne n’était à la hauteur de ses exigences et jusqu’à présent les élèves qu’elle avait côtoyés ne lui avaient pas fait revoir son jugement. En fait, ça avait même souvent été l’inverse vu le nombre de fois où elle avait assisté à des explosions de chaudrons. Alors elle avait hésité, parce que Orion avait beau vouloir aider, elle restait terriblement accrochée à ses mélanges. Mais elle avait fini par accepter de faire un effort et de lui donner une corne de bicorne à broyer. Une tâche simple, à la portée de tous, et qui montrait qu’elle était prête à faire un effort. Minime, mais un effort tout de même. Néanmoins, elle ne pu s’empêcher de donner quelques recommandations au lion, ce n’était pas qu’elle n’avait pas confiance, mais elle voulait lui montrer qu’elle ne prenait pas ses potions à la légère. S’il participait, alors il devait le faire bien. « Tu peux me faire confiance. » Hestia hocha la tête en réponse. Oui, elle pouvait lui faire confiance. Une partie d’elle le sentait, celle qui avait vu à travers son masque dans la bibliothèque, l’autre lui soufflait de rester prudente, celle qui la persuadait de ne jamais se séparer de son propre masque.
Lorsqu’elle reprit enfin la parole, la Serpentarde ne fut pas étonnée de voir un air de surprise se peindre sur les traits du sorcier. Il l’autorisait à lui poser toutes les questions qu’elle voulait et elle, elle affirmait qu’elle ne lui demanderait rien. Ca avait de quoi déstabiliser. Mais Hestia savait parfaitement ce qu’elle faisait. Ce jeu de question-réponse, elle n’en voulait plus, parce qu’il lui donnait le sentiment qu’il y avait de la contrainte entre eux. Comme un jeu de pouvoir qui s’immisçait et qui finirait immanquablement par en blesser un. Ils l’avaient expérimenté lorsqu’Orion avait décidé d’utiliser son service pour l’interroger sur sa famille, la verte se souvenait parfaitement des sentiments que cela avait réveillé en elle et elle n’en voulait plus. Peut-être qu’elle aurait pu en profiter pour se venger et faire ressentir la même chose à Orion maintenant que les rôles étaient inversés, mais la vérité c’était qu’elle n’en n’avait pas envie. Ce qu’elle voulait c’était qu’il lui parle parce qu’elle le méritait. Parce qu’il avait assez d’estime pour elle pour lui dire les choses telles qu’elles étaient et pas simplement jouer avec elle pour son profit. « Je t'ai dit que tu aurais des explications, donc je tiendrais parole. » Hestia s’efforça de ne pas prêter attention au soulagement qui vint l’envahir. Elle se contenta de soutenir le regard d’Orion quelques secondes de plus avant de lui adresser un fin sourire. « Je t'écoute. » Se contenta-t-elle de souffler. Inutile de faire de longs discours, ces trois mots suffisaient amplement. Il avait annoncé qu’il lui donnerait des explications, elle était prête à les entendre, c’était aussi simplement que ça. D’ailleurs, qui aurait pu penser que leur relation serait un jour aussi simple après la manière dont elle avait commencé ? Certainement pas Hestia, elle le reconnaissait.
Lorsqu’Orion détourna le regard pour se concentrer sur le mortier, la Serpentarde ne s’alarma pas, elle ne se dit pas qu’il allait peut-être changer d’avis et finalement garder le silence. S’il y avait quelque chose qu’elle avait appris du lion, c’était qu’il était une personne de parole. S’il gardait le silence, c’était qu’il devait y avoir une autre raison. Et à voir la manière dont il broyait la corne de bicorne comme si elle l’avait profondément offensé, la raison n’était pas bien difficile à comprendre : ce qu’il avait à dire devait être loin d’être plaisant. Alors Hestia ne dit rien, elle comprenait ses réticences et les difficultés qui se présentaient devant lui, elle savait qu’elle ressentirait la même chose à sa place. Ne rien dire était donc la meilleure des options. Plutôt que de le presser inutilement, et de s’assurer qu’il se braquerait, elle choisit de respecter ses difficultés. A son tour elle se tourna vers son chaudron sous lequel elle fit apparaitre un petit feu avant de le remplir d’eau, puis elle sortit ses précieuses plantes et s’occupa du dictame qu’elle commença tranquillement à tailler en fines lamelles. C’était sa manière de montrer à Orion qu’elle ne le pressait pas, elle lui laissait le temps de rassembler ses pensées et de se lancer. Et quand il le fit enfin, la Serpentarde comprit. Ce qu’il lui raconta, elle aurait certainement pu le deviner seule, mais l’entendre de sa bouche avait une signification particulière. C’était une histoire qui résonnait beaucoup en la verte, tout simplement parce qu’elle avait l’impression de l’avoir entendue cent fois, de l’avoir vécu cent fois. Cette histoire de l’héritier dont les parents ne sont pas satisfaits, dont la famille veut tout contrôler. Tout ça, Hestia le connaissait par cœur. Le choix de carrière d’Orion, sa manière de vivre, bien sûr que ça ne pouvait pas plaire à des parents tels que les siens. Bien sûr qu’il avait été promis à une sorcière de bonne famille sans même son accord. Cette histoire, Hestia la connaissait par cœur, mais ça ne l’empêchait pas de faire naitre de l’amertume en elle. Orion était un désillusionné de plus.
Durant toute sa diatribe, Hestia avait gardé le silence. Parce qu’elle savait ce que ça lui coutait de prononcer ces mots, qu’elle sentait la rage et le désespoir poindre à travers chacune de ses paroles. La verte ne s’était pas attendue à tant de transparence de la part du lion mais elle l’avait accueilli avec tout le respect dont elle était capable. Parce qu’à peu de choses près, tout ce qu’il avait pu lui raconter, elle l’avait connu, d’une manière ou d’une autre. Il était commun de dire que les familles de sang pur se ressemblaient toutes, c’était également vrai dans leur malheur. Elle prit quelques instants pour rassembler toutes les informations qu’il lui avait donné avant de relever ses prunelles de son travail pour les poser sur lui. « Je vois. Ils sont malins, ils ne t'ont pas seulement trouvé une fiancée, ils se sont trouvée une espionne. » Souffla-t-elle finalement avec un sourire désabusé sur les lèvres. Ca n’avait rien de drôle et pourtant une partie d’elle ne pouvait s’empêcher de trouver tout ça terriblement ironique. Orion avait voulu prendre sa vie en main et il se retrouvait non seulement fiancé, mais également surveillé. Il était facile de deviner que celle qu’il avait voulu fuir n’était autre que ladite fiancée. « Tu as cru que Poudlard t'aiderait, mais pour des familles comme les nôtres la distance ne sera jamais un obstacle. » Oh non. En fait pour les familles de sang-pur, il n’y avait pas grand-chose qui représentait un véritable obstacle. Elles avaient le bras long, le pouvoir à porté de main et des Gallions à revendre, alors quand elles souhaitaient quelque chose, elles l’obtenaient. Hestia parlait d’expérience et c’était désormais aussi le cas d’Orion. Il n’y avait qu’une chose devant laquelle les sang-purs devaient finir par s’incliner, c’était la volonté des autres. Ils pouvaient négocier, menacer, ordonner tant qu’ils voulaient ça ne changerait rien. Hestia en avait été le témoin privilégie, sa volonté était au final la seule chose qui l’avait éloigné de ses parents. Peut-être était-ce exactement ce dont le Gryffondor avait besoin. « Je te l'ai dit, pour ne pas te noyer ce n'est pas une bouée qu'il te faut, c'est apprendre à nager par toi même. » reprit-elle alors en faisant référence à leur conversation précédente. Elle lui avait déjà donné ce conseil, mais désormais il faisait plus sens que jamais. S’imposer face à sa famille était la seule solution, mais la verte savait combien c’était difficile, alors elle n’allait pas juger Orion d’avoir préféré la fuite.
En revanche, il y avait une chose qu’elle aimerait comprendre : dans quoi il l’avait embarqué exactement. Elle savait qu’il lui avait pris la main pour dissuader sa fiancée de venir le voir, mais elle aurait aimé connaitre les conséquences de ce geste. Pour lui, mais surtout pour elle. Parce que lui, il savait ce qu’il faisait, mais la verte avait été embarquée là dedans sans avoir son mot à dire, alors pour ça aussi il lui devait quelques explications. « Crois le ou non, je n'ai pas réfléchi à ça. Je comptais juste partir parce qu'elle était dans le parc et que ses "amies" m'avaient vu et je ne voulais pas la voir, la lettre de mes parents de ce matin m'avait suffi. J'allais rentrer et je t'ai vue. J'imagine que quelque chose s'est passée dans ma tête et je t'ai pris la main. Je n'ai absolument pas pensé aux termes et conditions de tout ça, ou peu importe comment tu veux les appeler. » Ainsi, elle avait juste été là. Et tout ce qu’il pourrait se passer ensuite ne seraient que des dommages collatéraux. Sur le coup il n’avait pas réfléchi, et Hestia ne pouvait pas lui jeter la pierre, elle-même était plutôt du genre impulsive, mais maintenant il s’agissait de comprendre si un simple geste irréfléchis les avait mené dans un guêpier. Elle récupéra le mortier sans lui faire l’affront de vérifier s’il avait bien broyé la corne, vu comment il s’était énervé dessus il ne pouvait pas en être autrement. Elle renonça à l’idée de lui donner un ingrédient à couper en morceau, vu l’était du lion il aurait sans doute fini par se blesser. A la place, elle lui donna quelques brins d’ortie séchée et lui demanda d’en détacher les feuilles, voilà qui était plus prudent. Ceci fait, elle commença à ajouter ses ingrédients dans son chaudron, fit tourner le mélange sept fois dans le sens des aiguilles d’une montre et trois fois dans le sens inverse. « Athéna, hein ? » Lança-t-elle finalement par-dessus son chaudron. Elle voyait vaguement de qui il s’agissait puisqu’elles étaient dans la même maison. Une petite brune qui se donnait des airs, de celles qui aimaient se sentir plus importantes qu’elles ne l’étaient en réalité. Clairement pas le genre de personne qui intéressait la Carrow et elle se doutait qu’il en allait de même pour Orion. Mais lui au moins devait avoir un peu plus d’information. Après tout, il était censé l’épouser. « Comment elle est cette fiancée ? Est-ce que je dois m'attendre à des représailles de sa part ? Vérifier chaque matin que mon jus de citrouille n'est pas empoisonné ? » Le Gryffondor avait beau ne pas avoir réfléchis à ses actions, Hestia voyait plein de manières dont les choses pouvaient mal tourner. Une héritière de sang-pur éconduite, ça pouvait faire des dégâts, surtout si Athéna était telle qu’Orion la décrivait, or la Serpentarde n’avait pas envie de se trouver avec l’étiquette de rivale collée dans le dos. Finalement, elle eut un rictus mi-amusé mi-ironique. « Si tu me fais jouer ma vie sur un coup de tête et une lettre, j'espère que ça en valait le coup au moins. »
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Après sa première rencontre avec Orion, Hestia s’était dit que la meilleure des choses à faire serait sans nul doute de ne plus jamais le côtoyer. Il fallait dire que le Gryffondor ne s’était pas vraiment présenté sous son meilleur jour, alors qu’elle aspirait à un peu de calme et de solitude, il lui avait imposé sa présence et ses sarcasmes. Si la verte ne s’était pas laissée démonter -il n’aurait plus manqué que ça- cette rencontre l’avait laissé sur les nerfs. Non seulement, elle avait dû se coltiner un lion exaspérant, elle était repartie les mains vides alors qu’elle cherchait la bague offerte par sa sœur, mais en plus elle avait écopé d’un service à rendre au sorcier. Autant dire que cette rencontre ne s’était pas passée sous les meilleurs auspices et ne lui avait pas du tout donné envie d’apprendre à connaitre Orion. Si la Serpentarde voulait bien faire quelques efforts pour certaines - rares- personnes, il n’avait clairement pas gagné sa place parmi elles. En fait, elle était repartie du lac noir en se disant que le moins elle le verrait, le mieux elle se porterait. Et ce n’était pas seulement parce qu’elle lui devait désormais un service, mais bien parce qu’elle l’avait trouvé insupportable. Hestia n’était déjà pas du genre à s’ouvrir à tout le monde facilement, elle ne se faisait que rarement de nouveaux amis et préférait tout simplement ne pas se lier plus que nécessaire avec les autres, mais pour le coup ça avait été comme si Orion avait fait son maximum pour se montrer détestable. Hautain, arrogant, irritant, provocateur, il avait semblé cocher toutes les cases du Gryffondor désagréable. Alors quand Hestia avait enfin réussi à se débarrasser de sa présence, elle s’était dit qu’elle n’était pas près de repasser du temps en sa compagnie.
Et pourtant, ils étaient là. Ils étaient seuls dans les cachots et, étrangement, Hestia n’avait pas l’intention de demander à Orion de partir. Parce qu’elle devait bien l’avouer, les choses avaient changé entre eux. Ça avait mal commencé, au lieu d’apprendre à se connaitre ils s’étaient directement bouffé le nez, ce schéma avait failli recommencer dans la bibliothèque, quand le lion était venu réclamer son dû, mais à la surprise de la Serpentarde, leur conversation avait pris un tournant différent. Hestia n’en n’aurait pas mis sa baguette au feu, mais quelque chose s’était passé ce jour là. C’était là véritablement qu’elle avait appris à connaître le Gryffondor. Les masques étaient tombés et elle avait vu le vrai Orion, pas juste celui qu’il montrait au monde. Et ça, elle n’avait pas pu l’oublier. Alors la rancœur qu’elle ressentait à son sujet s’était estompée et quand il s’était saisi de sa main, même si c’était pour se servir d’elle, elle ne s’était pas dérobée. Oh, elle entendait bien obtenir des explications, mais elle aurait pu le forcer à la lâcher, étrangement, elle n’en n’avait rien fait. Orion devait avoir des raisons d’agir ainsi, des explications à lui fournir, c’était tout ce qu’elle demandait. En fait, une fois arrivés dans la salle des cachots om elle planchait sur ses potions, Hestia se rendit compte qu’elle n’avait pas envie de poser la moindre question au sorcier. Ce qu’elle voulait, c’était qu’il lui donne des explications parce qu’elle les méritait, pas parce qu’il s’y sentait contraint. Leur relation avait été assez déséquilibrée comme ça et elle ne voulait plus de cette manière de faire. S’il lui parlait, elle voulait que ce soit parce qu’il en avait envie. Bien sûr, ça voulait dire qu’il pouvait tout simplement choisir de garder le silence et partir. La verte aurait été fortement déçue qu’il choisisse cette solution de facilité après s’être servie d’elle, mais au moins elle aurait su à quoi s’en tenir. Alors quand Orion décida de lui parler, un mélange de soulagement et de satisfaction s’empara d’elle.
Ainsi, elle l’écouta en silence lui raconter une partie de son histoire. Sa décision de partir pour Poudlard, sa famille qui entendait bien le contrôler, sa fiancée venue le ramener à la raison… Hestia ne fut pas vraiment étonnée de ce récit, depuis leur conversation dans la bibliothèque elle avait bien compris quel genre de famille étaient les Campbell. Elle fut, en revanche, un peu plus surprise de se sentir touchée par chaque mot qu’Orion prononçait. Pas seulement parce que son émotion était palpable dans sa voix -et dans sa manière de réduire la corne de bicorne en poudre comme si elle l’avait gravement offensée- mais aussi parce qu’elle se reconnaissait dans ce qu’il racontait. Cette existence, il n’y avait pas que lui qui la subissait, alors tout ce qu’il disait, Hestia ne pouvait que le comprendre. Leurs histoires avaient leurs similarités, mais aussi leurs différences, la verte avait réussi non sans mal à s’affranchir de sa famille là ou Orion avait choisi de s’éloigner. Ils en payaient tous les deux le prix. Le Gryffondor sous la forme d’une fiancée qui le suivait comme son ombre, même quand il traversait les océans. « Et je te laisse imaginer à quel point ils sont satisfaits de voir qu'elle est aussi docile. Elle ferait tout pour satisfaire leur requête parce qu'elle imagine qu'elle a quelque chose à y gagner. La seule chose dont elle ne se rend pas compte, c'est qu'elle n'est qu'un moyen que mes parents ont trouvé pour arriver à leurs fins, ils s'en fichent complètement d'elle. » Hestia eut un sourire amer. C’était là qu’Orion avait tort, la fiancée en question avait quelque chose à y gagner. Peut-être pas l’amour de sa vie, mais un nom, une réputation, une fortune, elle n’allait clairement pas ressortir de cet accord les mains vides. Sinon pourquoi ferait-elle tout ça ? Si elle avait été élevée comme eux, elle devait bien savoir qu’elle ne devait pas s’attendre à voir de l’amour surgir de cette union. Les mariages entre sang-purs étaient toujours des histoires de politiques, les sentiments n’avaient rien à y faire. « Oh, tu sais dans ces histoires tout le monde manipule tout le monde. Peut-être que tes parents l’utilisent, mais sa famille en fait autant avec vous. Sauf que tant que tout le monde y gagne, personne ne dira rien. » Si Orion s’imaginait que seuls les Campbell étaient gagnants dans cette histoire, il se trompait. Ils manipulaient peut-être la famille d’Athéna, mais l’inverse était également vrai. « Dans les familles comme les nôtres, manipulation et hypocrisie ont été élevé au rang d’art. » Et pendant que les parents s’en félicitaient, la plupart des enfants en souffraient.
Au final, dans cette histoire, le seul qui n’y gagnait pas était Orion. Mais tant que le lion gardait le silence, alors il ne pourrait se détacher des exigences de sa famille. La fuite ne suffisait pas, un océan n’était pas assez pour arrêter les ambitions des sang-purs. « Tu peux dire que j'ai été idiot de croire que cette simple distance ou ce simple départ m'aiderait à gagner du temps, je ne te blâmerais pas. J'ai pris cette décision sur un coup de tête parce qu'être loin, même si ça impliquait le fait de laisser ma petite sœur seule avec eux, semblait être plus acceptable, tolérable et appréciable que rester là-bas. Au final, je suis incapable de dire si j'ai eu raison ou tort. Au début, j'aurais clairement été capable de le dire mais depuis qu'Athéna est arrivée c'est... Plus trouble, on va dire. » Hestia s’arrêta dans ses mouvements pour observer un instant son camarade. C’était la première fois qu’il mentionnait l’existence de sa petite sœur et elle eut l’impression que cette simple information donnait beaucoup plus de profondeur à Orion que ce qu’il voulait bien lui montrer. La verte ne pouvait s’empêcher de faire le parallèle avec sa propre histoire, du moins dans une certaine mesure. Parce que dans son cas, c’était lui qui était parti en laissant sa petite sœur derrière lui, avec sa bénédiction. Mais au final, ce besoin de fuir, Hestia le connaissait bien. « Je ne dirai pas que tu as été idiot. » Souffla-t-elle finalement, naïf, certainement, mais pas idiot. Il avait été humain, tout simplement. L’idée de s’enfuir pour éviter une confrontation n’était pas mauvaise, mais elle ne suffisait pas. Hestia ne se permettrait pas de le juger, elle-même n’avait fini par agir que parce qu’elle avait été mise au pied du mur. Sans ça, Merlin seul savait où elle en serait aujourd’hui, elle n’était vraiment pas bien placée pour juger les autres. « Tu ne donnerais pas des cours de natation par hasard ? » La Serpentarde haussa un sourcil interrogateur. Qu’Orion vienne chercher des conseils, c’était normal, mais que ce soit auprès d’elle ? Hestia ne s’y était pas attendue. Vu qu’elle avait été incapable de réellement tenir tête à ses parents, elle n’était pas vraiment un exemple à suivre. Si seulement il savait. La Serpentarde elle-même n’était pas sûre de la réponse qu’elle pouvait lui donner. Une part d’elle était touchée de voir que le Gryffondor plaçait sa confiance en elle, une autre se demandait si ce n’était pas trop. « Qui te dit que je suis la plus douée pour ça ? » Souffla-t-elle, un sourire vaguement amusé flottant sur ses lèvres. Elle éludait… Pour le moment.
Pour l’instant, Hestia avait autre chose en tête. Orion l’avait entrainé dans ce petit jeu sans lui demander son avis, et s’il lui avait fourni les explications qu’elle lui avait demandé, il restait encore une importante inconnue dans l’équation. Enfin, inconnue, pas tant que ça, puisqu’il s’agissait d’Athéna Simmons, mais ce que Hestia voulait découvrir c’était comment elle allait réagir au petit spectacle créé par Orion. En lui prenant la main comme s’ils étaient proches, lui avait-il mis une cible dans le dos ? La Serpentarde n’avait pas envie d’être mêlée à de telles histoires, mais elle devait tout de même savoir quand quoi il l’avait entrainé. « Tu n'as clairement pas à t'en faire pour ça. Elle a beau être mesquine, elle n'ira pas se mettre qui que ce soit à dos si ce n'est pas nécessaire. Disons que si elle doit faire payer à quelqu'un un supposé rapprochement entre nous, c'est à moi qu'elle le fera payer et à personne d'autre. Enfin, c'est loin de me faire peur, elle a déjà été capable d'essayer de me culpabiliser par rapport au fait que j'ai été réparti chez les lions alors que je n'ai clairement pas eu de ressort là-dessus. Donc si c'est pour ta tête que tu as peur, rassures toi, tu ne crains clairement rien. Et sur le fait que ça en vaille la peine ou pas, je ne peux pas te répondre parce qu'encore une fois, tu ne crains pas grand chose. Je suis celui qui prend les risques et même si ce n'était clairement pas réfléchi, je n'ai clairement pas peur d'elle. » Hestia hocha la tête tout en sortant de son sac sa précieuse aconit tue-loup argenté. Bon, c’était déjà ça. Athéna Simmons n’était peut-être pas la vipère qu’elle donnait l’impression d’être. Au moins, la Carrow n’allait pas se retrouver embarquée dans des histoires de vengeances futiles. Par contre, pour Orion ça avait l’air d’être une autre histoire. « Ah, les Gryffondors, tellement de courage pour si peu de réflexion. » Souffla-t-elle avec une expression amusée sur le visage, un brin railleuse. Elle leva les yeux vers le lion pour lui adresser un petit sourire. Ce n’était pas une attaque, mais elle n’avait pas pu s’en empêcher. Il admettait lui-même ne pas avoir réfléchis avant d’agir, il lui avait tendu la perche. « Bon, au moins si tu finis à l’infirmerie je n’aurai pas à me demander pourquoi. » Déclara-t-elle en haussant les épaules comme si le fait qu’il finisse à l’infirmerie était la conclusion logique de toute cette histoire. Mais elle avait beau en plaisanter, un vague soubresaut dans sa poitrine lui montrait qu’elle n’était pas aussi détachée qu’elle voulait bien le croire.
Hestia détacha ses prunelles noisette de celles d’Orion pour observer le brin d’aconit argenté qu’elle avait récolté un peu plus tôt. Un instant, elle contempla les reflets créés sur les feuilles par la lumière dansante des cachots. Cet ingrédient rare était peut-être la clé qui lui permettrait de créer la potion tue-loup améliorée demandée par Maxime. La Serpentarde approchait du but, et c’était tant mieux car le temps commençait à presser. Avec une patience dont elle n’était capable que lorsqu’elle travaillait sur ses potions, Hestia détacha les feuilles de leur brin pour les plonger dans une solution saline où elles allaient macérer un peu avant d’être écrasées et inclus dans le chaudron. Mais elle avait beau se concentrer sur ce qu’elle faisait, et savoir combien c’était important, ses pensées ne cessaient de revenir vers Orion et vers les mots qu’il lui avait dit un peu plus tôt. Il lui avait demandé son aide, sans fioriture, sans moquerie, ni provocation. Juste de la sincérité. Et si sur le coup la Carrow avait évité le sujet, elle ne pouvait s’empêcher d’y penser. Elle, un modèle, un guide ? Elle n’y croyait pas un seul instant. Elle avait plutôt toujours été ce mauvais exemple à ne pas suivre, cette sorcière trop caractérielle pour attiser l’envie. Et pourtant, elle se voyait mal simplement tourner le dos à Orion. Le laisser seul dans cette galère lui semblait inenvisageable. Elle s’accorda quelques instants de plus pour réfléchir, tout en sachant que sa décision était de toute façon prise. « Je ne sais pas si je suis la mieux placée pour t’apprendre à nager, mais je peux peut-être t’aider à garder la tête hors de l’eau. Ces familles, je les connais par cœur, et je me fais certainement moins d’illusions que toi à leur sujet. » Souffla-t-elle sans relever les yeux de l’aconit. Peut-être aurait-elle dû lui dire qu’elle avait réussi à s’éloigner de la bande de requin qu’était sa famille et qu’elle avait été reniée pour ça, mais les mots ne vinrent pas. Hestia n’était pas encore prête à ce que ça se sache. Elle ne doutait pas d’en parler un jour à Orion, après tout il lui avait montré qui il était réellement, elle pouvait lui rendre la pareille. Mais pas aujourd’hui, pas encore. « Alors si je peux t’aider, je le ferai. Mais il faudra que tu me dises comment. » Reprit-elle en relevant finalement le regard vers le lion. Elle ne savait pas dans quoi elle s’engageait exactement, elle ne promettait rien, à part tenter de l’aider. Mais pour Hestia c’était déjà beaucoup.
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They call kids like us vicious and carved out of stone, But for what we've become, we just feel more alone
Comment est-ce qu’ils en étaient arrivés là ? En toute honnêteté, Hestia ne savait pas trop. Quelques mois plus tôt elle aurait juré à corps et à cri qu’on ne la verrait jamais accepter la présence d’Orion à ses côtés. Leur première rencontre ne lui avait pas vraiment laissé une bonne première impression. En fait, elle avait même été catastrophique. Et leur seconde rencontre avait commencé sur le même schéma. Il fallait dire qu’utiliser le service qu’elle devait au Gryffondor pour obtenir des informations sur sa famille n’était pas vraiment la méthode recommandée pour gagner les bonnes grâces de la Carrow. Enfin, chercher à parler famille avec Hestia n’était jamais une bonne idée de toute façon. C’était un sujet sensible qu’elle n’abordait jamais et rares étaient ceux qui étaient conscient de ce que sa famille représentait à ses yeux. Quels espoirs et déception les Carrow étaient pour elle. Mais si la conversation avait commencé par être un calvaire, elle avait vite pris une tournure à laquelle la verte ne s’était pas attendue. Et Orion non plus d’ailleurs. Ce jour là, Hestia avait vu à travers le masque du Gryffondor, au-delà des provocations et de la fierté mal placée. Imperceptiblement, sa vision du lion avait changé. Il était passé de l’insupportable arrogant, au garçon plein de failles. Et cette vision d’Orion lui parlait bien plus, parce que ces failles étaient quelque chose qu’ils partageaient. Cette discussion avait tout changé, sûrement d’une façon à laquelle aucun d’entre eux ne s’était attendu. Le rouge avait eu pour objectif d’obtenir des informations et il avait fini par se dévoiler. Au final, c’était l’inverse qui s’était produit : c’était Hestia qui en avait appris le plus sur lui. Et avec le recul elle l’admettait, cette version d’Orion lui était bien plus tolérable. En fait, elle lui était presque même agréable.
C’était certainement pour cette raison qu’elle n’avait pas protesté plus que ça quand il s’était saisi de sa main. Bien sûr elle avait été surprise et elle avait réclamé des explications, mais ça s’était arrêté là. Parce que les choses avaient changé. Sûrement pour ça qu’elle acceptait sa présence dans le cachot alors qu’elle travaillait sur une de ses potions et que c’était une activité qu’elle préférait faire seule. Parce qu’elle ne le considérait plus comme le Gryffondor insupportable qu’elle avait eu envie de jeter dans le lac. C’était pour ça qu’elle avait accepté son aide avec les ingrédients alors qu’elle savait qu’elle n’en n’avait pas besoin et qu’elle ne confiait jamais une telle tâche à un de ses camarades, même parmi ses amis. Parce qu’elle ne le voyait plus de la même manière, mieux, parce que quelque part elle le comprenait. Et plus elle l’écoutait, plus elle se disait qu’ils étaient semblables. Décidemment, les familles de sang purs ne faisaient pas dans la diversité, même à l’étranger. Leurs histoires se faisaient échos. Comme quoi, pour gâcher la vie de leurs enfants, les familles de sang purs ne changeaient jamais de méthode. Les fiançailles forcées, Hestia était passée par là. Elle avait réussi à s’en sortir, mais à quel prix, alors elle comprenait mieux que quiconque. Et si elle n’était pas encore prête à dévoiler cette part de son existence à Orion, l’écouter était parfaitement dans ses cordes. Avec ce qu’il lui racontait, elle ne pouvait que réagir. Sa fiancée, leurs familles, leurs intérêts, et lui au milieu de tout ça, elle ne pouvait que voir clairement le schéma qui se dessinait.
« J'imagine que tu as raison. Mais je ne comprendrais jamais comment on peut s'abaisser à de tels actes ou en général à un tel comportement pour des choses aussi futiles. J'imagine que je n'ai juste pas le même point de vue qu'elle. Ou alors, j'ai aussi la différence de réellement connaître ma famille comparé à elle, j'imagine que ça change pas mal de choses. » La verte haussa les épaules. Clairement, elle était bien plus désillusionnée qu’Orion quand il s’agit de tels sujets. Peut-être que ça faisait cet effet là de se faire renier par sa famille après tant d’années à faire des efforts pour elle. Enfin, dans tous les cas, elle voyait clair dans le jeu de cette Athéna. Il ne comprenait pas mais Hestia le pouvait. Sans avoir été comme cette fille, elle en avait côtoyé des tas. C’était fou comme certaines aiguisaient leurs dents dès le plus jeune âge, encouragées par des parents qui ne voyaient en elles que des moyens de faire briller leur nom. Cette Athéna n’était pas différente. S’en était presque triste pour elle, si seulement elle n’avait pas l’air de se plaire dans ce schéma. « Ne lui donne pas autant le bénéfice du doute, Orion. » Elle leva les yeux de ses ingrédients pour croiser son regard. « Ton Athéna sait parfaitement ce qu’elle fait. Sa famille est certainement faite du même bois que la tienne. Je serai toi, je ne la sous estimerai pas. » Même s’il ne parvenait pas à le comprendre, elle avait clairement quelque chose à gagner dans cette histoire, sinon elle ne s’accrocherait pas à un fiancé qui ne voulait pas d’elle. Orion ne devait pas faire l’erreur de la sous-estimer, il pourrait bien s’en mordre les doigts.
Sûrement commençait-il à s’en rendre compte par lui-même d’ailleurs. Il avait tenté de fuir, de mettre un océan entre lui et sa famille mais ça n’avait servi à rien. Il se disait idiot, Hestia le pensait simplement encore un peu naïf. Ce n’était pas une critique, il avait été animé par l’espoir, il n’y avait rien de plus naturel, prendre la fuite relevait de l’instinct de survie. Il avait tenté le coup, mais ça n’avait pas été assez. La Serpentarde voyait tout ça d’un œil extérieur, bien sûr que ça semblait plus simple pour elle. Ou peut-être qu’elle avait déjà vécu la chute, elle avait du recul contrairement à Orion. Mais de là à lui apprendre quoi que ce soit, il y avait un monde. Sa demande la pris au dépourvu. Chercher des conseils était une chose, certainement la plus sensé que pouvait faire le lion, mais les chercher auprès d’elle… Elle ne s’y était pas attendue. Elle était loin d’être un exemple, même avant de quitter sa famille alors elle ne voyait pas trop ce qui avait fait penser à Orion qu’elle était la bonne personne pour ça. « Une sorte d'intuition, j'imagine. Enfin, la question était idiote, je le conçois parfaitement. » La Serpentarde fronça les sourcils. Il allait falloir que le Gryffondor cesse de se traiter d’idiot à tout bout de champ. Elle lui avait déjà dit que ce n’était pas le cas. Enfin, pas quand il ne faisait pas exprès d’être insupportable du moins. Il cherchait une solution et se trompait de chemin, ce n’était pas idiot, c’était humain. S’il savait toutes les erreurs qu’elle avait commises de son côté. Nul doute qu’il se sentirait moins stupide. Peut-être moins seul aussi. Surtout qu’elle n’avait pas refusé. Pas vraiment. En revanche, ce qu’elle voulait bien savoir c’était ce qu’elle risquait dans toute cette histoire. Si glisser sa main dans la sienne avait permis à Orion d’éviter une discussion déplaisante avec sa fiancée, ça avait possiblement mis Hestia dans une situation précaire. Elle préférait savoir à quoi s’attendre avant qu’une certaine américaine ne lui tombe dessus. Heureusement le lion se faisait rassurant, enfin sauf en ce qui le concernait. « Oh non, elle est plutôt partisane des attaques psychologiques. A part si elle me rendait fou, elle n'aurait aucune chance de me faire finir à l'infirmerie, et je ne pense pas qu'elle soit assez douée pour ça. Quant au courage et à la réflexion... Disons que ce dont tu as été témoin n'était clairement un de mes instants les plus futés, je te l'accorde parfaitement. » Ah encore ce dénigrement. Enfin cette fois Hestia ne pouvait pas vraiment le contredire. Il avait agi de manière impulsive et un peu stupide. Et si elle avait retiré sa main ? Et si Athéna avait fait un scandale au beau milieu du parc ? Il se serait retrouvé bien malin. Et même si tout ça n’avait pas eu lieu, il risquait maintenant des représailles de sa fiancée. « Disons que si tu perds encore plus la tête, je saurai d’où ça vient. » Souligna-t-elle avec un sourire amusé. En réalité, elle était loin de le lui souhaiter, mais inutile de le préciser.
Sûrement aurait-elle dû s’arrêter là. Il aurait été plus sage qu’elle se contente de s’occuper de sa potion. Après tout, elle ne devait rien à Orion, non ? Elle lui avait déjà offert son point de vue sur plusieurs sujets, c’était déjà bien. C’était déjà plus qu’elle ne le faisait avec la plupart des autres sorciers qu’elle côtoyait. Elle ne pouvait rien de plus, elle n’était pas un exemple, ne possédait pas l’expérience nécessaire et encore moins la sagesse de certains. Et pourtant, elle ne parvenait pas à s’ôter de la tête l’expression peinte sur les traits du Gryffondor alors qu’il lui expliquait sa situation. Elle n’arrivait pas à oublier la fêlure dans sa voix et l’ombre dans ses prunelles. Et surtout, il lui avait demandé de l’aide, sans détour. Hestia commençait à le connaitre et elle se doutait que cette demande avait dû lui coûter. Lui le fier Gryffondor qui cherchait une main tendue. Hestia n’aurait su dire pourquoi, mais tout ça la touchait bien plus qu’elle ne voulait se l’avouer. Peut-être parce qu’elle s’y reconnaissait, peut-être parce qu’elle apprenait à connaitre et à apprécier la personnalité du Gryffondor. Mais plus les secondes défilaient plus elle réalisait qu’elle ne pouvait rester sans rien faire. Alors avant de pouvoir se convaincre de changer d’avis, elle lui proposa son aide. Pas une promesse, pas de grand discours, juste une aide à garder la tête hors de l’eau s’il le désirait. Pour elle, c’était déjà énorme et une part d’elle espérait qu’il s’en rendrait compte. Un instant, la verte vit la surprise se peindre sur les traits d’Orion, elle aussi était surprise de sa proposition, ça n’avait pas vraiment été dans ses plans, c’était juste… Arrivé. « Tu es déjà allée aux Etats-Unis ? » Cette fois ce fut à elle de se montrer étonnée. Tout en réfléchissant, elle récupéra le mortier et le pilon qu’elle avait prêté au lion, elle les nettoya d’un coup de baguette et entreprit de récupérer délicatement les feuilles d’aconit argenté qui avaient assez macéré. « Pourquoi ? » Demanda-t-elle avec prudence. Clairement, la question du sorcier n’était pas innocente. Il était américain, sa famille y résidait toujours, il devait donc avoir quelque chose en tête et Hestia comptait bien en savoir plus avant de répondre à quoi que ce soit. Elle avait dit qu’elle acceptait de l’aider si elle le pouvait, pas qu’elle allait foncer dans le mur les yeux fermés. Sentant le regard d’Orion posé sur elle, la Serpentarde releva la tête de sa tâche. Leurs prunelles s’accrochèrent. « Mes parents organisent cette grande réception chez moi pour les vacances d'été. J'hésitais à trouver un moyen de rester ici, mais j'aurais surement mal supporté de rester aussi loin d'Artemis, ma petite sœur. Dans tous les cas, le problème est réglé, ma présence est apparemment "obligatoire", d'après eux. Franchement, je n'ai aucune envie d'y aller et devoir vendre le mérite de mes parents et de devoir mentir sur mon cursus et la magnifique union qui m'unit à Athena. Ca te tente de venir ? » Hestia haussa un sourcil et, sans qu’elle ne parvienne à l’en empêcher, un sourire en coin vint prendre place sur ses lèvres. Ca aurait presque pu passer pour une invitation en bonne et due forme, si la verte n’avait pas été consciente de ce qu’impliquait de rencontrer sa famille. Oh non, ce n’était pas un cadeau qu’il lui faisait là, ni même la promesse d’une soirée pleine de joie. Elle ne savait que trop bien ce à quoi ressemblaient les soirées pour les familles comme les leurs. Finalement, une expression amusée s’échappa de ses lèvres. « C’est moi ou cette invitation ressemble un peu à un traquenard ? » Lança-t-elle d’un ton un brin provoquant. Et malgré cette certitude, elle se surprit à envisager sérieusement la question. Par Merlin qu’est-ce que Orion lui avait fait pour qu’elle puisse penser ainsi ? « Je vais y réfléchir. » Glissa-t-elle en revenant à sa potion. Dire qu’elle pensait s’être libérée de ces soirées guindées et ennuyeuses. Et pourtant, pour aider le Gryffondor, elle était prête à replonger dans la fosse au requin. Ce que cela voulait dire ? Elle préférait ne pas trop y songer.
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