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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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New identity :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Anonymous
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Sam 4 Sep - 18:11
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11 novembre 1999

« Dégage de là putain ! On veut pas d’une sous-merde comme toi dans les pattes. » Le poing de Caïn s’abattu sur le visage de Rory, fendant au passage son arcade sourcilière. A la vue du sang, l’aîné des fils Barjow et ses cinq amis éclatèrent de rire. Malmener Rory était un de leurs jeux préférés. Six contre un c’est toujours plus drôle après tout… L’oeil enflé, le sang coulant sur sa joue, il se redressa difficilement pour faire face à Caïn, de tout juste trois ans son aîné. Poings serrés, tremblant de rage, il le fusilla du regard ce qui ne fit que susciter l’amusement de son frère. « Vas-y… Frappe-moi ! Venge-toi ! Je sais que t’en as envie… Tu ne rêves que de ça, pas vrai ? » Lui souffla Caïn en rapprochant son visage du sien, un large sourire cruel étirant ses lèvres. Immobile, Rory bouillonnait de rage, obligé de contenir tout le dégoût qu’il éprouvait pour son frère. Retenu par la simple idée que s’il osait ne serait-ce que toucher un cheveu de l’héritier Barjow, son père déchainerait toute sa colère sur lui. « Bah alors, Cal’ ! Qu’est-ce qu’il y a ? T’as peur de papounet, hum ? T’as peur de pas pouvoir encaisser la dérouillée de ta vie ? Pauvre lavette, va chialer dans les jupons de maman ! » Cracha-t-il avant de le repousser violemment pour lui claquer la porte au nez. Sur le palier du second étage du manoir Barjow, Rory prit une profonde inspiration pour calmer ses nerfs, passa devant la porte de Lilibeth qui le regarda sans un mot et il rejoignit sa chambre. Calmement il la referma derrière lui, appuyant son dos contre le bois, des larmes de rage coulaient en silence sur son visage, se mêlant au sang. Il avala difficilement sa salive, la gorge nouée par toute cette colère enfouie qu’il ne pouvait jamais lâcher, hurler ou extérioriser. A la maison comme à Poudlard il n’était jamais tranquille. Toujours raillé, malmené, violenté, harcelé. Caïn, ses abrutis d’amis sang-purs, son père, son oncle… Ils avaient tous une « bonne » raison de vomir leur haine sur lui. Ce coup-ci Rory avait simplement protesté contre le fait que son aîné vole un portoloin à leur père, sachant très bien qu’une fois que ce dernier aurait remarqué l’absence de l’objet, Caïn le blâmerait, expliquant que c’était sa faute et son idée. Il n’en fallait pas plus à Henry Barjow pour battre son fils. Quand un simple soupir à l’une de vos phrases est une excuse pour un bon coup de ceinture dans le dos, a-t-on vraiment besoin d’une raison « légitime » pour battre son fils ? Visiblement non.

Depuis sa chambre, Rory pouvait encore entendre les rires gras et tonitruants de la bande d’abrutis regroupée autour de son frère. Sa rage s’accumulant progressivement, elle finit par exploser, se traduisant par le poing du jeune garçon dans le mur de sa chambre. Un, deux, trois, quatre, vingt coups… Haletant de colère, il se mordait les lèvres pour ne pas accompagner chacun de ses mouvements de cris, rageant en silence. Quand la douleur fut telle qu’il ne pouvait même plus fermer sa main, les phalanges déchirées et en sang, Rory vint appuyer son front contre le mur, des larmes de colères glissant à nouveau sur son visage marqué par l’amertume de l’injustice qu’il vivait. Il perdit rapidement la notion du temps et de l’espace. Assis en boule à même le sol dans un coin de sa chambre, sa main cassée et enflée gisait à ses côtés, Rory était ailleurs. Pendant l’espace de quelques heures il s’était évadé. Une pratique que sa mère lui avait apprise alors qu’il avait commencé son processus pour devenir animagus. La concentration, la méditation, la projection. Autant d’outils qu’il utilisait au quotidien pour fuir sa réalité, se réfugiant dans un monde où tout ceci n’existait pas. Il n’avait pas de frère, son père était un autre homme. Aimant, présent pour le soutenir et l’encourager dans ses études et passions. Ils vivaient à la campagne où Rory pouvait aider sa mère à entretenir leur jardin botanique. Ils auraient un… « CALIXTE ! » Le hurlement brisant le silence de mort qui s’était installé dans la maison depuis plusieurs heures à présent fit sursauter le jeune garçon. Son coeur tambourinant contre sa poitrine, il bondit quand il entendit un nouveau « CALIXTE ! » provenant de la chambre de Caïn. Une agitation sans nom régnait dans l’antre de l’aîné. Des bruits de pas lourds et pressés, on y déplaçait des meubles, une bagarre était en court… Bordel mais qu’est-ce qu’ils foutent encore ?! Il se précipita dans la chambre, le visage encore tâché de sang, sa main et son oeil gonflés.

Le chaos était total. Deux des amis de Caïn étaient en train de se rouer de coups, un autre de la bande tentait en vain de les séparer tandis que celui qui avait hurlé son nom se tenait au milieu de la pièce, le portoloin à ses pieds, son tee-shirt et ses bras recouverts de sang. Confus, Rory remarqua cependant une chose : Caïn et Seamus manquaient à l’appel. Gardant son calme, il s’avança dans la pièce dont il était d’ordinaire interdit d’accès et demanda calmement à Peter. « Qu’est-ce qu’il se passe ? Où est Caïn et pourquoi ils se foutent sur la gueule ? » Face à lui, l’étudiant de serpentard restait étrangement silencieux, fixant ses mains ensanglantées, tremblant comme une feuille. « T’es blessé ? » Lui demanda-t-il alors en inspectant ses bras et son tee-shirt à la recherche d’une quelconque coupure ou blessure qui pourrait expliquer tout ce sang. Rien. Ça pue, putain, ça pue ! Son coeur battant de plus en plus vite dans sa poitrine, il résistait pour ne pas céder à la panique. « Hé ! Où est Caïn ? » Demanda-t-il à Elliott qui tentait de séparer ses deux amis. Pour toute réponse, le garçon pointa du doigt le portoloin resté au centre de la pièce. Rory posa son regard sur ce dernier, pesant le pour et le contre. Dans un calme olympien il finit par s’accroupir face à lui et posa sa main dessus. Il fut projeté à des milliers de kilomètres de là, atterrissant sur le goudron d’une petite allée. La nuit était tombée, on entendait au loin du trafic routier, des gens parler. La vie grouillait tout autour de lui. Rory se redressa, frottant ses genoux brièvement avant que son regard n’accroche une silhouette familière. Instantanément, il devint sourd à tout bruit environnant, se figeant dans son geste. Il comprenait mieux. Le chaos qu’il avait quitté à Londres prenait tout son sens. A tout juste trois mètres de lui, le corps de Caïn gisait à même le sol dans une flaque épaisse sombre. A plat ventre, le visage à l’opposé de Rory, il était parfaitement immobile. Calmement, il finit par complètement se redresser, son regard accroché par le corps de son frère. Rory commença à s’avancer, une sensation de paix l’envahissant à mesure qu’il se rapprochait. Ce fut le contact d’une main lourde sur son épaule qui le stoppa dans son avancée. Immédiatement il releva la tête vers l’homme à ses côtés et son sang se glaça. Par réflexe, Rory courba légèrement l’échine, détournant le regard. « Reste là Calixte. » lui intima son père avant de venir s’accroupir au dessus du corps de Caïn. Il le retourna sur le dos pour découvrir la cause de sa mort.

Dans un silence pesant, père et fils observèrent les nombreuses mutilations qui recouvraient le corps inanimé de Caïn. Sa mort avait dû être lente et douloureuse. Bien fait pour sa gueule. Son visage recouvert de sang était à peine reconnaissable tellement il avait pris de coups. On pouvait également voir les déchirures sur son teeshirt. Autant de coups de couteaux qu’il avait pris dans le torse. Caïn s’était vidé de son sang, à moins qu’il ait perdu la vie suite à la série de coups qu’il avait pris. Ça n’y changeait pas grand chose au final. Caïn était mort. Caïn est mort. Ces trois petits mots se répétaient en boucle dans la tête de Rory, incapable de détacher son regard du visage méconnaissable de son défunt frère aîné. Les secondes s’étirèrent, semblant durer des heures, il n’y avait plus qu’eux trois : les deux générations de Barjow restantes et le corps de l’héritier déchu. Sans un mot, Henry Barjow se redressa, dissimulant la dépouille de Caïn aussi bien que son chagrin. Il ramena Rory à Londres, accueillis par les sanglots incontrôlables d’Iliza et Lilibeth. Dans un nouveau claquement sonore, Henry repartit aussitôt, en quête de vengeance.

Les jours qui suivirent étaient enveloppés d’un épais voile, comme un mauvais rêve dont on ne parvient pas à se défaire au réveil. Les pleurs, les accès de rage, le silence pesant, le défilé de sorciers aux noms inspirant à la fois pureté et crainte… Rory se tenait au milieu de tout cela, impassible. Il était là sans y être. Son corps était présent mais son esprit ne parvenait pas à vivre l’instant présent, à imprimer et conscientiser ce qui se passait. Comme profondément engourdi, il n’avait pas versé une seule larme pour Caïn, n’avait pas exprimé de colère, de sentiment d’injustice, il était juste… Resté là, à observer en silence sa mère et sa soeur pleurer ce garçon mort quelques jours avant son seizième anniversaire. Le plus étonnant c’était le chagrin de Lili. Tandis qu’il la réconfortait par sa simple présence, ses bras enroulés autour de son corps frêle secoué par les sanglots, la seule pensée qui lui traversait l’esprit à cet instant précis était : pourquoi ?! Pourquoi pleurait-elle un frère qui pendant les six derniers mois de sa vie l’avait insultée, humiliée, battue par simple suspicion qu’elle était cracmol ? Il ne comprenait pas. Comme il ne comprenait pas non plus le chagrin de sa mère, premier témoin des horreurs dont était capable son fils aîné. Rory était sidéré. Comment un être aussi ignoble que Caïn pouvait être aimé de la sorte ? Était-il dans le faux depuis tout ce temps ? Fallait-il se montrer violent, cruel ou bien injuste pour mériter une once d’amour ? En se montrant attentionné ne méritait-il pas qu’on l’aime ? Était-il trop « faible » comme son père et Caïn le lui avaient répété à de multiples reprises ? Et si c’était pour l’endurcir, le faire devenir comme eux, qu’il devienne important aux yeux des autres. Qu’il soit aimé… Peut-être.

Lorsque l’on mit en terre le corps de Caïn, Rory se tenait au premier rang, entre sa soeur et sa mère. Toujours aucun son n’avait quitté ses lèvres, aucune larme n’était venue s’écraser sur ses joues. La croute sur son arcade et son oeil au beurre noir étaient encore « frais », derniers souvenirs laissés par Caïn sur son corps de gamin de treize ans. Dans l’assemblée ce jour là, se tenant fièrement sous la pluie fine de novembre, tout le gratin sorcier était venu rendre hommage au premier fils Barjow disparu. Vengeance lui avait été rendue. Les coupables, de simples moldus avaient été torturés puis exécutés par Henry Barjow lui-même. Un véritable soulagement. C’est ce qu’ils disaient tous. Caïn, mort dans la fleur de l’âge. Caïn, ce jeune homme en devenir si prometteur. Caïn, ce brave garçon. Caïn, cet exemple. Ils n’en tarissaient plus d’éloge sur le tortionnaire qui pendant treize ans avait transformé la vie de Rory en véritable enfer sur terre. Comme souhaité par son père, il ne s’exprima pas. Ne rendit pas d’éloge funèbre. Il devait se tenir à carreaux, faire acte de présence, faire honneur au nom Barjow maintenant qu’il était devenu l’héritier par défaut. Cette simple pensée lui donnait la nausée. A choisir il préférait encore son rôle bâtard de milieu de fratrie, subissant les sévices de son aîné et paternel. Maintenant propulsé sous les feux de la rampe, Rory ne savait plus quoi faire. Il n’avait aucune idée de ce que l’on attendait de lui, quoi faire, quoi dire, comment se comporter. Au moins il avait eu treize années d’insouciance, c’était déjà ça de gagné !
Arrivés dans le manoir familial, il préféra se faire tout petit, restant dans un coin du salon, un verre de jus de canneberge à la main. Tous ces gens, âgés comme plus jeunes, tous pleuraient Caïn. Ils avaient des paroles si douces, si bienveillantes à son égard. La même question lui revenait encore et encore en tête alors qu’il scrutait Lili, lovée dans les bras de sa mère. L’aimait-elle ? Elle pour qui il était prêt à donner sa vie. Elle qu’il avait toujours protégée. Elle pour qui il prenait toute la haine de son père et Caïn. Elle qu’il aimait de façon inconditionnelle. L’aimait-elle en retour ? Le trouvait-elle faible, pathétique, indigne d’amour ? Son regard se détourna pour venir fixer ses chaussures, littéralement perdu. Il sursauta quand son père lui arracha des mains son verre, lui pressant une pinte de Bièraubeurre contre le torse. Rory se saisit de la boisson, relevant les yeux vers son géniteur. « Je n’attends pas de toi que tu me rendes fier mais c’est maintenant ton devoir que d’honorer notre nom. Tu m’as bien compris ?! Si par mégarde tu venais à m’humilier, tu regretteras de pas avoir été à la place de ton frère cette nuit là… » Sur ces derniers mots, il le regarda de la tête aux pieds, incapable de réprimer une grimace de dégoût. Il le décolla du mur sans ménagement avant de pousser dans son dos en direction du centre de la pièce. « Maintenant va saluer nos invités et ne parle que si on t’adresse la parole. » Ordonna-t-il à Rory, devenu le centre de toutes les attentions à présent. Réussirait-il à se hisser au même niveau que son frère, à faire mieux, à être à la hauteur du rôle qui venait de littéralement lui retomber sur les épaules ? Rien n’était moins sûr. Rory balaya la pièce du regard. Si tous ces gens aimaient tant Caïn c’était pour une bonne raison. Pendant tout ce temps il n’avait pas emprunté le bon chemin. Pour se faire une place parmi les grands, pour avoir un avenir, pour se faire un nom et pour être aimé il fallait se montrer sans pitié. Il fallait s’endurcir. Très bien. Moi aussi je peux devenir comme ça.
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