Cette fois, elles avaient trouvé l'endroit idéal ! Adèle en était certaine, le logement qu'elle partagerait avec Hestia et Thalia cet été, était parfait. Elles en avaient visité pas mal cette semaine et elles avaient eu droit à tout. Des appartements bon marché, mais infestés de bestioles. Un autre où il fallait cohabiter avec une goule, un autre absolument magnifique, mais aussi totalement hors de prix, un autre encore qui empestait la mort. Elles en avaient vraiment vu de toutes les sortes et franchement Adèle ne se trouvait pas difficile pour une fois. Et puis enfin, elles avaient trouvé leur bonheur. Pourtant l'extérieur ne payait pas de mine et la Française s'était demandé si elles n'allaient pas encore perdre leur temps. Une fois à l’intérieur, en revanche, la jeune femme avait découvert un endroit cosy et lumineux. Les chambres n'étaient pas bien grandes, mais il y avait le bon compte et elles avaient l'air confortables. Le logement était bien entretenu et sa fenêtre principale donnait sur une rue du Chemin de Traverse. Le prix de la location entrait dans leur budget et elles n'avaient donc pas hésité longtemps à signer. Dans quelques jours Poudlard fermerait ses portes pour l'été et la colocation pour l'été commencerait !

Adèle et les deux sœurs s'étaient promis d'ouvrir une bouteille pour fêter cette signature avant de se séparer. Maintenant que cette histoire de logement était réglée, il fallait qu'elle repasse au garage pour prévenir qu'elle s'absenterait début juillet un ou deux jours pour se rendre en France. Oh non pas pour rendre visite à sa famille... Quoique... Elle aurait pu leur montrer combien elle s'en sortait très bien sans leur argent et combien elle était bien plus heureuse sans leurs obligations stupides, mais ce n'était pas très prudent d'aller narguer son beau-père. Elle soupira en arrivant près du garage, quitta la foule du regard pour venir ouvrir la porte. Son regard revint brusquement sur la foule pour la scruter. Avait-elle bien vu ce qu'elle pensait avoir vu ? Elle chercha parmi tous les visages présents, mais il n'y en avait aucun de familier. Elle secoua la tête sans parvenir à se libérer de cette drôle d'impression. Etait-ce parce qu'elle avait pensé à sa famille, qu'elle avait cru apercevoir sa mère à travers la foule ? Probablement... Que ferait sa mère au cœur de Londres à cet instant ? Ça n'avait aucun sens ! Sa mère n'aurait jamais quitté le manoir... La porte s'ouvrit brusquement et Adèle chassa Claire de ses pensées. Un employé du garage se tenait face à elle, un morceau de parchemin à la main, ravi de tomber sur elle visiblement. Apparemment, il avait besoin d'une signature, mais n'avait pas le temps de repasser par le White Thestral où sans doute il pourrait trouver Luca. C'est comme ça qu'Adèle comprit qu'il n'y avait plus personne au garage. Qu'importe son annonce pouvait attendre le lendemain, mais devant l'air suppliant du mécanicien, elle accepta de tenter de trouver Luca pour lui transmettre le document. Ha que ne ferait-elle pas pour le garage...

L'employé partit sans demander son reste et Adèle rejoignit le bar repaire de la Cosa Nostra. Elle entra et adressa un sourire à la serveuse, avant de voir justement celui qu'elle cherchait se lever et filer vers le fond du bar et disparaître derrière une porte. La serveuse lui proposa alors de prendre un verre, elle déclina, échangea quelques politesses et se dirigea rapidement vers la porte où elle avait vu Luca disparaître. Et elle entra, sans attendre de réponse aux deux coups à peine frappés. Elle se stoppa net dans son élan en découvrant la scène qui se déroulait devant ses yeux. Malaise... C'est à ce moment-là qu'elle aurait adoré avoir un retourneur de temps histoire de s'empêcher d'entrer sans attendre qu'on l'invite à entrer. Elle hésita deux secondes, se demandant si elle devait juste faire demi-tour refermer la porte et faire comme si de rien n'était, un peu comme ce qu'elle faisait depuis quelques temps, mais Luca ne lui laissa pas l'occasion de fuir et lui demanda de fermer la porte derrière elle. Son regard se posa furtivement à nouveau sur le bureau avant de se poser ailleurs, mais pas vraiment sur Luca.

Adèle savait que si Luca était reparti il y a environ un an en Italie, c'était à cause de la drogue. Anjelica le lui avait dit lorsqu'elle l'avait engagée au garage. La Française savait aussi qu'il n'était pas aussi « guéri » qu'il l'affirmait en revenant. Oh elle ne s'était pas aperçu de ça tout de suite, elle n'était pas à ce point douée et puis sans doute qu'au début il avait paru vraiment d'aller bien. Et puis elle avait perçu quelques signes, des comportements qu'elle avait déjà eu l'occasion d'observer à Sainte-Mangouste. Il y avait un secteur au troisième étage qui accueillait quelques patients tombés dans l'addiction et elle avait déjà eu l'occasion d'y passer quelques temps en stage. Même si ce n'était pas sa spécialité, elle avait tout de même retenu et observé consciencieusement tout ce qu'il lui serait utile pour sa pratique future. Alors compte tenu de ce qu'elle savait déjà, elle avait fini par comprendre que Luca avait toujours des problèmes d'addiction. Pourtant elle n'avait rien dit, ni à lui ni à Anje. Elle n'était pas comme ça et n'avait pas non plus envie d'être celle qui ferait tout voler en éclats. Au fond, elle se disait que c'est ce qui finirait quand même par arriver même sans qu'elle n'intervienne. Les secrets, les problèmes de drogues, ça ne finissait jamais très bien.

- Je passais juste pour un papier à signer, finit-elle par dire, pour le garage je crois, ajouta-t-elle avant de finalement croiser son regard.

Après tout ce n'était pas elle qui était prise en faute. Elle n'avait rien à se reprocher n'est-ce pas ?

Tout le monde avait des addictions, Adèle la première. Sauf que de son côté jusqu'à preuve du contraire, cela n'avait jamais joué sur sa santé. Elle avait un faible pour les chocolats d'une célèbre boutique française, passion à laquelle elle avait dû mettre un terme car ses finances restreintes ne lui permettaient pas de continuer à s'approvisionner. Mais cela n'était pas bien méchant. Pour les plus malchanceux, le chocolat contribuait juste à rajouter quelques kilos sur la balance, mais cela n'avait jamais concerné Adèle. C'est vrai qu'elle avait tendance à oublier ses problèmes le temps d'une soirée avec Hestia ou d'autres amies en buvant plus que de raison. Et c'est vrai aussi que souvent le lendemain matin, le réveil difficile l'empêchait de recommencer plusieurs jours d'affilée. Elle en avait vu aussi des gens s'oubliant quotidiennement dans l'alcool, se blessant stupidement et en oubliant même comment ils s'étaient entaillé le bras. Elle avait vécu des sales moments, mais l'alcool ne l'avait jamais appelée à ce point, au point de tomber dans l'addiction. Elle avait également pris des potions de sommeil concoctées par sa meilleure amie durant quelques mois lorsqu'elle avait eu du mal à accepter de fermer un chapitre de sa vie et que la douleur l'empêchait de fermer les yeux. Là encore, elle avait réussi à s'en défaire sans trop de mal. Le temps venu elle avait rendu ses derniers flacons à Hestia et était simplement passée à autre chose. Enfin la dernière chose qu'elle avait tenté, elle le devait à Anje. Celle-ci l'avait emmenée à une course illégale de motos volantes pour qu'elle s'amuse et se laisse aller à cette ambiance si particulière du monde de son amie. Elle lui avait alors proposé cette pastille récréative qui lui avait fait abandonner ses dernières réserves. Elle se souvenait de l'effet quasi instantané, de l'allégresse qui s'était emparée d'elle, des rires qui venaient si aisément, comme tout paraissait si facile et agréable. Pourtant, elle n'avait jamais pensé à utiliser celles que sa grande sœur de cœur lui avait laissées ensuite. Elle les avait même oubliées jusque-là. Il aurait été facile pourtant de s'abandonner, comme après les attaques ou lorsqu'elle avait reçu la lettre qui scellait son destin. Voilà facile... Peut-être que justement c'était facile de tomber dans l'addiction ? L'effet est court lui avait dit Anjelica, alors on en veut sans doute toujours plus. Heureusement pour son porte-monnaie et sa santé, ça ne lui avait finalement jamais effleuré l'esprit.

Pour Luca ça faisait un moment qu'elle avait des doutes. Sans doute n'y aurait-elle pas prêté attention si elle ne connaissait pas son passif. Au début elle s'était dit qu'elle voyait le mal partout, et puis elle ne le connaissait pas. A son retour, elle était restée discrète, ne souhaitant pas être remerciée rapidement. C'était grâce à Anje qu'elle était là et elle avait tout appris sur le tas. Tout même l'existence de la Cosa Nostra. Cependant, il ne l'avait pas du tout prise pour une intruse et elle avait vite repris ses habitudes. Puis de temps à autre, elle avait surpris quelques signes évocateurs. Avait-elle rêvé cette main légèrement tremblante ? Etait-ce normal ces cernes et ces regards troublés ? Son air absent ou ses réflexes diminués ? Non bien sûr et elle venait même de le constater de ses propres yeux. Elle aurait voulu fuir et décida de finalement expliquer la raison de sa présence devant lui. Non, non pas vraiment le prendre en flagrant délit, même si elle aimait beaucoup avoir raison et qu'elle vérifiait une théorie, pour le coup elle aurait aimé se tromper. Luca lui demanda d'approcher et elle lui tendit le document qu'il signa après vérification. Elle acquiesça lorsqu'il lui expliqua ce qu'elle devait en faire.

- Bien sûr.

Il reprit alors lui parlant de sa discrétion. Elle regarda le document, mais elle savait pertinemment que ce n'était pas de ça dont il parlait. Et pour lever les doutes il l'interrogea sur ses suspicions.

- Oui, souffla-t-elle alors.

De son poste, elle voyait et entendait beaucoup de choses. Elle comprenait bien des faits, mais sans doute que dans le cas de Luca, elle n'avait pas été une observatrice très discrète. Il lui dit qu'il expliquerait tout à Anjelica et elle finit par dire :

- Ça aurait pu être elle... je veux dire là ce soir à ma place.

Adèle n'avait aucune idée de comment réagirait l'Italienne en apprenant que son frère n'était pas vraiment sorti de ses problèmes de drogues. Enfin elle ne sauterait pas de joie, c'était certain.

- Ce séjour en Italie n'a finalement pas été si bénéfique que ça, constata-t-elle simplement, je ne comptais pas vendre la mèche à Anjelica en tout cas...

Oh non, elle ne voulait pas être celle qui allait briser le monde de son amie. Elle n'y gagnait rien du tout. Tout de même, elle ne voulait pas non plus jouer les indifférentes et fermer les yeux. Pourtant, elle savait très bien qu'on ne pouvait pas aider quelqu'un qui ne le souhaitait pas, alors elle osa tout de même poser une question.

- Sans vouloir me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais tu comptes faire quelque chose pour ça ?

A Sainte-Mangouste, elle n'aurait sans doute pas pris de pincettes, mais Luca n'était pas un patient. Non, il était son patron.

S'acquitter de sa tâche paperasse, éventuellement parler de son court séjour en France, voilà ce qui était prévu. Certainement pas surprendre Luca la main ou plutôt le nez dans le sac. Voilà qui répondait à des questionnements, mais qui les mettait tous les deux dans l'embarras. Elle faisait quoi de ça ? Rien. Comme depuis le début. Ce n'était pas son rôle, ce n'était pas à elle de tout faire voler en éclats. En revanche, elle pouvait peut-être le faire réagir ? Elle pouvait peut-être lui faire prendre conscience de quelque chose, s'il ne l'avait pas déjà fait. Et puisqu'il parlait d'Anjelica, lui affirmant qu'il lui dirait lui-même, c'était sur elle qu'elle renchérissait. Voilà ça aurait pu être Anje à sa place ce soir. Parce que ce n'était pas Adèle qui était déçue ou en colère de l'avoir vu se droguer. La jeune femme écarquilla les yeux et ouvrit la bouche de surprise en entendant sa réponse. Verrouiller la porte? Ha bah en fait, ce n'était pas tout à fait l'effet escompté. Est-ce que ce n'était pas un peu la preuve que s'expliquer avec sa sœur n'était pas pour demain en fait ? Voire même pas pour dans les semaines à venir à l'écouter. Elle parla alors de son séjour en Italie. Peut-être que les mots dans sa bouche sonnaient trop comme un échec pour le faire réagir aussi vivement. Elle ne cilla pas, écoutant ce qu'il avait à lui dire. Il voulait se justifier à elle ? Mais elle n'exigeait rien de lui pourtant. Enfin si peut-être de vite tout balancer à sa sœur, histoire de ne pas avoir l'impression de cacher trop longtemps des choses à celle qui avait tant fait pour elle.

Luca lui dit qu'ils ne se connaissaient pas très bien. C'était vrai, il était revenu il n'y a pas si longtemps que cela et en cours d'année, elle passait quand même plus de temps à Poudlard qu'au garage. Les rechutes ? Adèle n'avait pas encore assez étudié ces pathologies pour argumenter. Elle voulait bien croire que c'était difficile, ça elle avait pu le constater par elle-même. On ne jetait pas une addiction à la poubelle comme on jette une potion ratée. Elle ne savait pas ce qui l'avait conduit à tomber dans la drogue et elle ne savait pas jusqu'à quel point pour tout quitter du jour au lendemain. Elle ne savait pas ce qu'il avait fait pour se soigner et elle ignorait tout des quantités consommées avant et maintenant. Par contre, ça elle en était sûre sa consommation actuelle n'avait rien à voir avec les petits délires que lui avait proposés Anje. Elle ne se serait aperçu de rien sinon. S'il ne faisait rien, il risquait de re-sombrer. Alors elle lui posa la question de ses plans pour y remédier. Oh à voir sa tête, il ne s'était pas posé la question. En fait, il était dans le déni pour lui répondre comme ça, ce n'était pas possible autrement.

- La ligne rouge ?  C'est quoi dépasser la ligne rouge pour toi ? C'est très subjectif ça...

A sa connaissance, aucun petit lutin ne venait toquer à la porte pour prévenir que ça y est là, c'était la ligne rouge. Elle avait envie de lui demander s'il recevrait un hibou pour l'avertir quand il serait sur le point de la dépasser sa ligne rouge, mais elle se retint. Elle n'y gagnerait rien, si ce n'est peut-être qu'il la mette dehors et lui fasse la gueule pour les prochaines semaines. La franchise c'était bien, mais avec son patron, elle allait se contenir quand même. Adèle jeta un œil au paquet de cigarettes qu'il lui tendait. Elle déclina de la tête. Fumer une cigarette, c'était ce qu'elle faisait avec Anjelica quand celle-ci l'embarquait dans ses virées. Là ce n'était pas du tout la même ambiance décontractée ou insouciante, alors ça ne lui disait rien. Elle le regarda étonnée, se raviser pour l'interroger.

- De ne pas croire que tu peux t'en sortir tout seul, lâcha-t-elle après un temps de silence.

Tenter de résoudre le problème seul n'était pas un bon plan. Pas pour une addiction aussi forte. Il ne s'agissait pas de réduire sa consommation de jus de citrouille là. Elle enchaîna, puisqu'il lui demandait, alors elle sortait ce qu'elle avait à dire.

- D'abord admettre qu'il y a un problème.

Se cacher. Ne rien dire aux autres. Au fond de lui, il devait bien savoir qu'il y avait un problème. Tôt ou tard, Anjelica ou quelqu'un d'autre découvrirait son secret. Porte verrouillée ou non.

- Et puis en tant que future médicomage, évidemment je te conseillerais les programmes proposées à Sainte-Mangouste. Je ne dis pas que c'est la seule solution, mais ils ont des protocoles plutôt efficaces.

Malheureusement pas aussi magiques que pour réparer des fractures, mais elle avait pu constater de très bons résultats chez certains patients. Elle l'observa. Elle avait envie de lui dire de ne pas attendre que la situation lui explose à la tête, mais elle ne voulait pas non plus lui mettre la pression.

Là dans ce bureau, Adèle se demandait bien comment allait tourner cette conversation. D'abord un malaise et puis... et puis elle s'était ressaisit se rappelant que ce n'était pas elle qui faisait quelque chose de mal. Ce n'était pas elle qui détruisait sa santé ou qui dissimulait des choses à son entourage. Ses raisons, elle s'en moquait. Adèle n'était toujours pas devenue la personne la plus empathique de Londres. Elle aurait préféré ne pas assister à cette scène... Que pouvait-elle faire à part le pousser à se confier à sa sœur ? Etait-ce seulement son rôle ? Le pousser à se soigner ? Comment une simple étudiante qu'il connaissait à peine pouvait espérer obtenir un tel résultat ? Non, lui dire ce qu'elle pensait en revanche, ça elle pouvait. Bon, finalement avec plus de retenue qu'avec quelqu'un d'autre. Il n'allait pas la virer, elle ne le pensait pas, mais elle préférait éviter une ambiance désagréable. Les vacances d'été étaient très proches. Elle allait donc passer plus de temps au garage, autant ne pas rendre l'expérience pénible. Et puis, elle ne « l'aiderait » pas en l'accablant de reproches. Voilà comment elle lui demanda ce qu'il comptait faire à propos de son addiction. Lui ne voyait apparemment pas le problème, lui sortant cette histoire de ligne rouge. Quelle explication pourrie... A vue d'oeil, sa consommation était déjà bien conséquente, qu'il continue comme ça, et il fonçait droit dessus, sur sa fameuse ligne rouge. Elle se retint de soupirer. Il éludait sa question. Très bien ! Elle ne s'en faisait pas pour lui. Enfin si du coup, ça l'embêtait pour Anje... Sa question la fit froncer les sourcils. Pourquoi était-il parti ? A cause de la drogue, ça oui, elle le savait. Il était parti se sevrer en Italie, c'était ce qu'Anjelica lui avait dit lors de son premier jour au garage. Mais pourquoi, ça elle n'en savait rien. La ligne rouge ? Son amie ne lui avait pas donné de détails et elle, pas le moins du monde indiscrète, n'avait rien demandé. Elle l'observa un instant. Oui, pour le pousser à s'éloigner, à partir se sevrer, il lui avait forcément fallu un sacré déclic. Il avait déjà franchi sa ligne rouge donc.

Elle avait néanmoins répondu à sa question. Ne pas rester seul. Un bon moyen de le pousser à se confier à sa sœur non ? Et puis elle le pensait, peu importe le problème de base. Des amis, des proches, c'était bien mieux pour affronter les problèmes. Ça augmentait les chances de réussite. Il avait un garde-fou ? Même si ça la surprenait et qu'elle se demandait à qui il avait confié cette lourde responsabilité, elle n'allait pas l'interroger.

- Très bien, pourvu qu'il soit efficace.

Lorsqu'elle lui parla d'admettre qu'il y avait un problème, il lui rétorqua qu'il le savait déjà depuis bien longtemps. 18 ans... Il sortait du collège... Si tôt. Enfin, elle lui sortit la première solution qui lui venait en tête, le fameux service de Sainte-Mangouste, qu'elle n'aimait pas elle-même fréquenter. Une réponse facile qu'elle n'avait pas été chercher bien loin et elle se fit rembarrer évidemment. Voyait-elle Luca à Sainte-Mangouste en train de suivre un programme ? Il fallait bien avouer qu'il n'était pas le genre de patient que l'on voyait dans ce service. Est-ce qu'elle pouvait lui proposer mieux que ça ? Là maintenant ? Elle était prise au dépourvu, ne connaissait pas si bien le domaine de l'addiction, que pouvait-elle lui trouver comme solution dans les deux prochaines minutes ? Plutôt mourir ? radical mais efficace ---> Il devait savoir que s'il se laissait de nouveau ronger, c'était ce qui lui arriverait. Il devait forcément y avoir d'autres solutions et peut-être qu'elles n'étaient pas forcément médicales. Peut-être qu'il devait se trouver une autre « drogue », une qui ne lui bousillerait pas la santé, songeait-elle en le voyant écraser le mégot de sa cigarette avant d'en sortir une nouvelle. Il faudrait qu'elle se renseigne pour avoir vraiment mieux à lui proposer, si un jour il lui reposait la question. Il lui demanda de nouveau de ne pas s'inquiéter pour lui, il savait ce qu'il avait à faire... C'était le fameux plus facile à dire qu'à faire. Adèle comprit cependant que Luca ne souhaitait pas s'étendre davantage sur le sujet, surtout si elle n'avait pas de solution miracle à lui apporter. Elle n'avait de toute façon pas l'intention d'insister. Elle ne ferait que perdre son temps et elle n'en avait pas envie. On ne forçait pas les gens à se soigner.

Il ne lui restait donc plus qu'à prendre congé, mais l'Italien en avait décidé autrement. Elle fixa la chaise qu'il lui désignait, l'invitant à se dévoiler à son tour. Pourquoi ? Ne lui avait-elle pas affirmé qu'elle ne dirait rien à sa sœur ? Voulait-il s'assurer de sa fiabilité ou désirait-il réellement faire connaissance ? Peut-être les deux... Elle se rapprocha donc et s'installa face à lui. Que pouvait-elle bien lui raconter ? Elle ne trouvait pas sa vie passionnante, même si celle-ci lui plaisait bien plus depuis qu'elle avait tourné le dos à sa famille. Elle était juste une étudiante parmi d'autres, non ? Voulait-il mettre la main sur un de ses secrets ? Pour remettre les compteurs à égalité ? A part ses origines, elle ne cachait pas grand-chose.

- D'accord, que veux-tu savoir ? Je te préviens, ma vie n'est pas très sensationnelle.

Est-ce qu'Anjelica lui avait expliqué comment elles s'étaient connues ? Ça, c'était une histoire à faire bondir son beau-père, mais qui la faisait beaucoup sourire. Et puis, une mécanicienne fêtarde et pleine de joie de vivre et une euh... ex fille de bonne famille de sang-pur bien à l'opposé en apparence, ça pouvait être étrange. D'ailleurs savait-il la moindre chose sur sa famille ? Est-ce qu'il voulait savoir comment elle s'était retrouvée employée dans son garage ? En fait Adèle, n'avait aucune idée de ce qu'Anjelica lui avait déjà raconté et ne voyait pas vraiment par quoi commencer. Elle n'avait pas pour habitude de parler d'elle comme ça aux autres.