Des Loups-Garous. Il fallait que ça soit un Loup-Garou. Il était vrai que le comportement de ce loup était étrange, il avait l’air de savoir ce qu’il faisait et sa manière de m'attaquer était vraiment anormale. J’aurais aimé en parler avec Ludivine, mais depuis cette mission de cueillette, je n’ai pas eu l’occasion de prendre contact avec qui que ce soit ; même pas Nathan pour savoir comment il s'en était sorti. Les médecins du Blood Circle ont dû s’occuper de moi et de mes deux épaules fracturées. Mes épaules, mais aussi mes jambes meurtries par le fait d’être traînée dans la boue, les rochers et les branches ; sans compter la profonde coupure à la cuisse que j’ai dû m’infliger pour ne pas faire d’incident diplomatique avec ces hommes-chevaux. Obligée de ranger ma dague dans ma poche car je ne pouvais pas atteindre mon fourreau à cause de bras abîmés. Sale bête. Si j’avais su que c’était un sorcier, je lui aurait tranché la gorge sans la moindre hésitation. De toute façon, rien de tout cela ne serait arrivé si le Cercle avait fait plus attention à Amber. Elle n’aurait jamais dû se retrouver aussi près de ces maudits sorciers.

Un mois avait passé. J’étais parfaitement rétablie. Parfaitement rétablie, en dehors de ma cuisse qui me faisait mal à chaque pas, de l’attelle que j’avais toujours à mon épaule droite ; la gauche ça allait. Je ressentais encore des douleurs dans la gauche, surtout pour des mouvements un peu trop brusques, mais elle n’avait pas été mise en pièce comme l’autre. Bien que j’avais pris soin de cacher l’origine de mes blessures, il semblerait que quelqu’un ait été témoin de mon affrontement avec la Bête et qu’on m’ait dénoncée. Maintenant le Cercle pensait que je risquait de me transformer à la prochaine Pleine Lune parce que j’ai été mordue et griffée par le Loup.

«Mais puisque je vous dit que la bête n’a rien fait de tout ça ! Mes écorchures, c’est parce que j’ai été traînée sur le sol.»

Ce dernier argument ne semblait pas aller en ma faveur. Si j’ai été traînée, comment le loup s’y est-il pris pour le faire sans me mordre ? Ils avaient beau faire des examens, encore et encore ça ne suffisait pas : ils ne voulaient rien entendre. Comme je me montrais de moins en moins coopérative, il faut croire que j’avais une once de coopération au début, ils ont fini par me retirer Sheila par crainte que je m’en prenne à eux et j’avais deux gardes chargés de me conduire dans une autre salle d’examen. Des examens et des tests, encore et encore.

«Je vous préviens. Si on me demande d’aller chercher une balle, je vous jure, je hurle. »

Moi au moins, j’avais prévenu. Parce que je n’étais absolument pas prête à découvrir une immense cage dans ladite salle d’examen. Je compris pourquoi on m'avait confisqué ma dague. Je restais sans voix et immobile à fixer la cellule. Je n’entendis même pas l’homme me saluer lorsqu’on entra. Je restai les yeux rivés sur cette cage. Non… Pas encore… Plus jamais ! Il était hors de question ! Je fis quelques pas de recul, mais les deux gorilles qui m’accompagnaient ne me lâchaient pas.

«Laissez-moi ! Non ! Je veux pas ! La putain de vous je vais vous… »

Je vais leur quoi ? J’étais à peine en état d’approcher de la nourriture de ma bouche. Je cessai donc de me débattre. À quoi bon lutter ? L’Histoire se répétait… Au moins, Bouclette n’était pas là pour se payer ma tête. Est-ce qu’il allait débarquer pour me libérer ? J’espérais que non. Le score était de deux à zéro, et je comptais bien garder mon avance au jeu de celui qui libérera l’autre. Je finis par obtempérer. J’osais espérer que ce n’était que pour une nuit. La Pleine Lune ne dure pas des jours, ils verront bien que je n’ai rien d’une Louve et ils auront intérêt à me présenter des excuses et me foutre la paix. Sinon je leur ferai payer, en temps et en heure ; quand je serai parfaitement rétablie.

La porte s’ouvrit à nouveau derrière moi pour faire place à trois nouvelles personnes. L’homme que j’avais précédemment ignoré les accueillit à leur tour, pendant que les deux gardes me conduisirent vers l’entrée de la cage.

«Oh c’est bon, j’vais pas m’enfuir.»

Il n’avaient tout de même pas besoin d’être six pour surveiller une pauvre fille blessée en cage. Pas étonnant que les sorciers pouvaient faire des raids dans nos bases tranquillement, vu notre organisation… Enfin, je pensais qu’ils étaient tous là pour me surveiller, jusqu’à ce que deux des nouveaux venus se dirigèrent à leur tour vers la cage que mon hôte ouvrit sur une blague douteuse.

«Hilarant… Je sens que la soirée va être longue… » Lorsqu’il s’approcha de la femme pour lui demander si elle était inquiète, je les interrompis. «Attendez… C’est quoi le plan là ? On va être tous les trois là dedans ? C’est qui l’abruti qui a eu cette idée géniale ?»

Je ne leur laissais pas l’occasion de me répondre et j’entrai directement dans la cellule. J’allai m’asseoir contre le bord de la cage qui était opposé à l’entrée en attendant qu’ils finissent de papoter entre eux. J’espérais avoir foutu la merde avec ma remarque, même si je savais que je n’allais pas échapper à cette nuit de surveillance.

La prochaine fois que l’on invitait Doryan à faire une balade en forêt pour ramasser de petites herbes aromatiques, il ferait attention à la date et l’heure proposés, vérifierait par la même occasion que niveau protection des cueilleurs, le Blood Circle soit excellent parce qu’il était tout bonnement hors de question qu’il recommence une seconde fois tout ce cirque. Déjà que se faire allumer par un loup ça sortait de l’ordinaire, apprendre par la suite que c’était un loup-garou c’était un brin flippant. Les batteries tests, un moment pas hyper agréable à passer mais en plus voilà que le médecin ne savait pas écrire dans le rapport n’a pas été mordu parce que toutes les personnes ayant repris le dossier et bon sang il en connaissait à force des médecins du Blood Circle, c’était presque des membres de la famille tellement il les voyait. Tous posaient la même question à savoir vous avez été mordu où ? Et à la réponse, toujours la même aussi, nulle part, ils avaient quand même l’indélicatesse de demander vous êtes sûr? Comment dire, il était la personne ayant subi l’attaque, n’avait pas perdu connaissance ni rien alors oui, il était sûr que pas une seule fois les crocs blancs n’avaient transpercé sa peau, les griffes oui mais pas les crocs. Vraiment, les sorciers étaient des dégénérés, c’est impressionnant, ils laissaient des bêtes écumantes de rages dans leurs rangs. Il n’’en revenait pas de ce manque de prudence et de respect pour la vie humaine. Les examens avaient donc duré un bon paquet de temps et vu comme il avait morflés, il n’avait d’autres choix que de les subir vu que sans soin, ça aurait été bien plus compliqué. Après des journées complètes d’examens, le verdict avait été rendu et quel verdict, il fallait avoir le cœur bien accroché pour entendre ça, ils ne savaient pas. Les gars, ils avaient mumuses avec leurs petites piqures, avaient vérifié les réflexes, la pilosité, tout et ils étaient dans l’incapacité de dire actuellement si oui ou non ils deviendraient un loup à la prochaine pleine lune. Non seulement ils en savaient rien, ce qui déjà était un brin irritant pour Doryan qui avait été pour le coup un cobaye exemplaire, mais en plus leur solution à cette interrogation, c’était affin d’être sûr que la transmission de la maladie loup-garou ne se soit pas transmises aux gens sans sorcellerie par l’intermédiaire de leurs griffes, les personnes ayant subi les attaques devaient venir le soir de la pleine lune afin qu’ils soient sous contrôle permanent Super solution, vraiment des années d’études pour pondre un compte rendu comme ça, du grand art.


Non mais après, faut voir le côté positif, il était prévenu à l’avance et n’avait donc pas besoin de déprogrammer quoi que ce soit. Par contre, malgré les questions qu’il avait posé pour comprendre exactement ce que cette soirée était, parce qu’on se mente pas, si c’était pour être traité de la façon dont ils traitaient les sorciers, ah mais pas question, il prenait la poudre d’escampette, allait vivre en Arctique et deviendrait pote avec des phoques, comme ça s’il devenait un loup-garou, il pourrait même en croquer un ou deux. Tout d’abord, il demanda à être dans le même groupe de test que sa sœur, non mais quitte à passer une soirée de merde autant que ça soit avec sa sœur. Ensuite, à force de poser des questions parce qu’il lui semblait évident qu’ils n’étaient pas que deux à s’être fait chopper par les loups déchainés, il finit par obtenir un mail explicatif, pas clair du tout. Il y aurait donc deux personnes pour veiller sur trois loups. L’échange de mail était d’ailleurs un peu stressant, ah clairement, le but c’était que Doryan cesse de renseigner mais que voulez vous, il était en arrêt à cause d’eux, il avait du temps libres,  c’était lui qui allait se faire suer le soir de la pleine lune à venir, il voulait des infos. Il finit par obtenir le nom de leurs surveillants. Oui c’était le terme utilisé, surveillant, comme en prison. Doryan n’était pas certain d’avoir commis le moindre crime et n’était pas rassuré quant à son sort s’il venait à se transformer en loup 2.0. Cependant, quelle grossière erreur que d’avoir choisi Lyam, alors attention lui était satisfait, mais niveau logique c’était pas ça. Alors oui, Lyam sur le papier était excellent CV parfait, il savait tiré, obéir aux ordres, ils allaient être dégoutés par contre les décideurs puisqu’à aucun moment il ne tirerait sur sa sœur ou sur son frère, à la réserve prêt que s’ils s’entretuent si transformés en loup mais il n’y croyait pas. Pas qu’il était stupide au point de croire que les liens fraternels résistaient à tout, rien à voir. Juste que lors de cette soirée, le loup ayant attaqué Charly semblait avoir agi juste pour empêcher cette dernière de buter son DC de venir en aide à son frère. Non, selon lui la seule raison pour laquelle Lyam pourrait tirer c’est si l’un se transformait et sautait sur l’autre pas transformé. Et là, il avait intérêt à ce que le tir ne soit pas létal. Quand au second surveillant, et bien s’il se montrait agressif, Doryan comptait sur Lyam pour intervenir si besoin était.

Le jour J, direction le super endroit prévu par la super direction et … woho c’est quoi cette cage de merde ? Non mais attendez, Doryan était allé au zoo il y a pas une semaine avec Alice et Sol et  mince même la cage des papillons elle avait plus de classe que ça, c’est dire. Il était plus concentré sur la taille de cette petite cage que par les gens présents ici, bien qu’ayant la politesse de dire bonjour les codes sociaux XD. D’ailleurs, elles allaient rester là les armoires à  glaces, ah non elles se tiraient parfaits. Ils avaient sûrement mieux à faire que de rester ici, ça peut se comprendre, il attendit qu’ils soient tous partis pour dire « Ils ont vraiment mis les petits plats dans les grands pour nous accueillir. Moi qui me voyait déjà dans un hôtel 4 étoiles avec le bain à remous et les cocktails, je dois dire que je suis un petit peu déçu. »

En revanche si la chambre ne méritait pas 5 étoiles sur trip advisor, le maître d’hôtel lui était excellent, plein d’humour c’est parfait. La colocataire des deux Roseburys n’avait pas d’humour, ouh qu’elle était mal tombée la pauvre, elle se plaignait déjà « Mais non, elle va être top cette soirée tu vas voir. » Il jeta un coup d’œil à Sofiane qui demandait à Charly si elle était inquiète et s’apprêtait à lui dire qu’il n’y avait pas de raison mais miss grincheuse râlait de nouveau. Ahlala, elle ne respirait pas la joie de vivre celle là « En vérité l’idée n’est pas si » ah ok d’accord, elle se barrait dans la cage. Donc, elle posait des questions mais juste pour le plaisir d’ouvrir sa bouche et de se plaindre ? Formidable. Après, ça ne chagrinait pas tant que ça Doryan, il partait du principe qu’elle était un peu ronchon mais qu’au fil des heures, ils allaient faire connaissance et tout se passerait bien. Il entra dans la cage qu’à partir de maintenant je vais appeler ma chambre d’hôtel pour faire plus classe et s’installa pas très loin de la demoiselle « Tu t’appelles comment ? Moi c’est Doryan » il aurait bien présenté les quatre autres mais bon peut être qu’ils se connaissaient tous. En vrai, s’asseoir par terre ça craignait trop. Il ressortit donc pour aller récupérer des chaises, ça va même s’ils se transformaient en loups-garous, au pire ils mangeraient la chaise et voilà, ça les occuperait, ramena trois chaises en installa deux pour Charly et lui et tendit la troisième à la ronchon pour qu’elle ne soit pas à même le sol. « Bon alors on a prévu des jeux, des paris, des trucs fun pour passer le temps ? »

Les armoires à glaces me laissèrent devant la cage, en compagnie de ce qui semblerait être mes deux camarades de cage ainsi que de nos deux gardiens. Une cage pour trois ? Ça aurait pu être une blague ; mais non, on allait bien être tous les trois dans la même cage. Je n'arrivais pas à croire qu’on puisse être aussi stupide, quel genre de demeuré mettait ensemble en quarantaine des sujets susceptible de souffrir de lycanthropie ? C’était pour augmenter les taux de réussite ? Comme ça, si y’en a un qui se transformait durant la Pleine Lune, on montait à un taux de contamination de 100% qui justifiait la quarantaine. Crétins.

L’un des cobayes tenta de réagir à mes remarques, mais je l’avais déjà ignoré. Si pour lui l’idée était bonne, grand bien lui fasse, y’en aurait eu moins un ici qui trouverait cette soirée utile. Le gars ne tarda pas à me rejoindre pour faire les présentations, suivi rapidement par ma dernière partenaire de cellule qui lui demanda de me foutre la paix. Enfin quelqu’un de censé ici ; on était pas là pour faire ami-ami. Je déchantai cependant  rapidement, puisqu’elle vint également me voir pour faire connaissances. Doryan et Charly. Apparemment ils étaient frère et sœur. Je jetai un œil au troisième frère, qui discutait avec l’autre gardien, tandis que Doryan revenait avec des chaises. Effectivement, les deux garçons avaient un air de famille. Je soupirai. S’ils étaient déjà aussi casses-couilles avant même que la soirée ne commence, il valait mieux que j’entre dans leur jeu pour avoir un semblant de paix.

«Garnet.» Je dévisageai Doryan qui me tendait une chaise ; je me mordis la lèvre avant de la prendre. «Merci.»

Je pris appui sur la chaise avec mon bras valide pour m’aider à me relever. Doryan demanda si quelqu’un avait prévu des jeux, des paris ou des trucs funs pour passer le temps.

«On a qu’à faire comme pour les courses de chevaux. Parier pour savoir lequel va être le premier qui va se transformer. Ou alors pour savoir qui sortira vivant de cette cage.»

Charly semblait être pressée d’être enfermée dans la cage puisqu’elle souligna qu’on ne pouvait rien faire tant que la porte ne serait pas verrouillée, ce que leur frère libre s’empressa de faire en ajoutant une petite pique d’humour aux deux autres prisonniers.

«Ouais… Surtout que si ça se trouve, vous avez échangé de place avec ton frère et c’est pas le bon jumeau qui est dehors. Ça serait marrant que les seuls qui soient en sécurité ce soir soient ceux qui sont en cage.» J’ajoutais à voix basse, pour moi même. «Ça changerait la donne pour une fois… » J’étais peut-être un peu cassante dans ma manière de leur parler, mais j’imaginais qu’ils étaient en mesure de comprendre que je ne partageais pas leur enthousiasme à l’idée d’être enfermée toute une nuit dans une cage. Cependant, c’était lui qui avaient les clés, c’était son frère et sa sœur qui étaient avec moi et surtout, j’étais toujours blessée et désarmée. Du coup, lorsqu’il revint se présenter à moi, j’acceptais de coopérer un peu plus. «Toujours Garnet. D’ailleurs… » J’interpellai l’autre gardien. «Hey toi là bas, moi c’est Garnet, Garnet Davis, je te le dis avant que tu viennes toi aussi aux présentations. » Je reporta de nouveau mon attention sur Lyam. «Je rigolais pour l’échange de jumeaux hein. Les trous d’balle qui ont eu l’idée de cette soirée ne sont quand même pas cons au point de se gourer de frère à enfermer. J'aime juste pas l'idée d'être enfermée dans une cage.» Ça me rappelle des mauvais souvenirs.

Charly me demanda si moi aussi j’ai été griffée par un loup-garou. Ah. Il semblerait que les deux autres aient réellement été griffés ou mordus par ces bêtes, et j’étais dans la même cage que eux, c’était super ça ! J’avais envie de lui rétorquer que j’avais les jambes couvertes de griffures et de morsures, juste pour lui faire peur, mais je n’étais pas certaine que son frère, armé, de l’autre côté de la grille n'apprécie la plaisanterie.

«En fait… Je ne sais pas quelle partie de “Je n’ai  été ni mordue, ni griffée par un loup” les médecins n’ont pas compris.» Je m’adressais à Lyam «Hey Lyam ! J’ai changé d’avis. En fait je pense qu’ils sont totalement assez con pour s’être planté de frère à mettre en cage ! » J’ajoutais ,de nouveau à l’attention de Charly. «L’animal s’est simplement servi ma ceinture pour me traîner dans la forêt, mais ni ses crocs, ni ses serres n’ont touchés ma chair. Tu crois que ma ceinture va se transformer cette nuit ? J’espère qu’ils l’ont mise en cage, elle aussi… »

Qu’après ça, ils ne viennent pas me dire que je n’ai pas d’humour. J’étais peut-être un peu cynique dans mes propos, mais putain, c’était délirant qu’on se retrouve tous ici dans la même cage alors que je n’avais été ni mordue, ni griffée.

La jeune femme finit par demander, pour plaisanter probablement, si quelqu’un avait apporté de l’alcool et Lyam ajouta que lui avait prévu des gâteaux. Je levais les yeux au ciel. La nuit allait être longue en présence de ces trois guignols. Heureusement, l'autre gardien désapprouvait farouchement cette histoire d’alcool. Putain ! Enfin quelqu’un de censé bordel ! Enfin, c’était ce que je pensais, puisqu’il débouchonna aussitôt une bouteille de champagne et en but une gorgée à même la bouteille avant de passer la bouteille à travers les barreaux.

«Dites moi que je rêve… »

Il distribua des bouteilles de bière aux deux gars avant de se tourner vers moi pour se foutre ouvertement de ma gueule. Je me levai pour m’approcher de lui.

«Si t’as encore l’âge d’ouvrir ta gueule, je devrais avoir celui de boire.» Je pris la bouteille qu’il me tendit, plus par défi que par plaisir. «Je suis censée la décapsuler comment ? Nan, te fatigue pas. Je vais trouver.»

J’éclatai le haut de la bouteille contre les barreaux, pour casser le goulot et malencontreusement arracher au passage une partie de l’épaule de l’objet. Une partie du contenu du fût de la bouteille a été renversée pendant l'opération, mais elle était ouverte. Je le regardais dans les yeux tout en buvant une grosse gorgée de bière pour lui montrer que je pouvais boire sans soucis. Je retournai ensuite à ma place tandis que Lyam parlait de demander à quelqu’un de se dévouer pour jouer au loup. Sans savoir pourquoi, sur le coup je trouvais que c’était une bonne idée de blague à faire.

«Je… Je me sens bizarre… Ça me gratte partout, j’ai envie de… manger. J’ai faim. Ahouuuuh» Je cessai immédiatement mon numéro de fausse transformation lorsque l’autre parlait de jouer au balle au prisonnier à balles réelles. La blague n’était peut-être pas si bonne que ça. «Ah…Non mais quand je disais que j’avais faim, ça voulait dire “Où sont les gâteaux ?”. On avait pas dit que c'était la fête, même si le service n'est pas garanti impec.»

Ils n’allaient pas tirer quand même ? L’autre type avait son frère et sa sœur en cage avec moi, il n’allait pas risquer de les blesser pour rien ! Une fois encore, j’étais tentée de penser qu’ils ne seraient pas assez cons pour le faire… Mais l’expérience m’a prouvé qu’on avait de sacrés abrutis au Cercle et que je pouvais m’attendre au pire…

C’est vrai qu’ils avaient pas pensé au champagne, les salopris, c’était pourtant important le champagne. En même temps, sans vouloir paraître profondément détestable, on parlait quand même d’une organisation qui ne se renseignait pas vraiment sur l’assaillait et à cause de qui, des gens se retrouvaient en cages. Alors qu’il se tournait vers sa sœur pour répliquer, il fut le témoin d’une scène des plus étranges, elle posait sa main sur le bras. Ah non mais alors ça c’était trop fort et le type, il faisait quoi juste derrière, il posait ses doigts sur les siens, woho. Obligé il faisait une réflexion quand il pourrait. Pour le moment c’est lui qui se prenait une remarque de la part de Charly, il la regarda avec un sourire aux lèvres, il y avait toujours moyen de rattraper un échec. Après est ce que c’était judicieux lorsqu’il y avait Charly et Lyam à côté pour raconter un tas d’anecdote gênante sur lui, absolument pas. Il se retint, difficilement, de faire une remarque triomphale quand madame ronchon lui dit merci après s’être présenté. Voilà, il s’était prit un râteau uniquement parce qu’il était timide, elle n’y connaissait rien Charly voilà tout. En fait ronchon, elle était ultra flippante à vouloir faire des paris chelous, il leva la main solennellement « Je parie sur ma  non transformation. » pas question de se transformer et de mettre des poils partout, ça mettait des poils partout les loups-garous ? Flûte il aurait du demander à celui qui essayait de le bouffer, il avait zappé ce détail. Garnet plaisanta sur l’échange des jumeaux. En vrai ça aurait été trop bien à faire comme blague, étant donné qu’il était persuadé qu’il ne se transformerait pas en loup puisqu’il n’avait pas été mordu. « Grille pas notre plan. » enfin autant des inconnus auraient du mal à les différencier, autant Charly, impossible ou alors Doryan serait vraiment très déçue si sa sœur n’était pas capable de le reconnaître.

Tandis qu’elle s’agaçait d’avoir dû se présenter à tout le monde, en même temps, c’est ça de pas être une star hein, faut pas se plaindre. Elle revint sur le sujet de l’échange, ça lui plaisait bien cette histoire. Quant au loup qui l’avait bouffé, sacrément débile cette bestiole, une passion pour les ceintures peut-être. Par contre, elle avait un humour à chier hein franchement, ah non mais là faudrait prendre des cours parce que ça n’allait pas du tout.

Une fois enfermé dans la cage, il eut droit à une scène encore plus étrange entre Charly et Sofiane. Le gars sortit une bouteille de champagne. Alors, ça aurait pu être un hasard, un gros hasard mais vu sa façon de boire et de transmettre la bouteille, il y avait autre chose. Raison pour laquelle il s’approcha de la grille de la cage pour lui demander avec un grand et beau sourire « C’est donc toi le fameux sex friend de la soeurette. Intéressant, tu es sûr et certain que tu développeras aucun sentiment amoureux, aucune envie de faire plus que coucher ensemble, genre dormir ensemble tout ça tout ça ? » Non mais attendez, c’était une menteuse Charly si elle prétendait l’inverse, le gars lui achetait du champagne, c’était quand même pas rien, du champagne les gars si ça c’était pas une déclaration d’amour hein, s’il vous plait. Bientôt il allait falloir présenter tonton Sofiane à Alice, pour bien foutre la merde une fois de plus, il fallait qu’il en parle à Sol, pour sûr qu’elle serait une alliée d’exception. Hé mais attendez l’amoureux transi là, il prenait pas un peu les frères pour des glands, non mais à quel moment, il proposait du champagne à la soeurette et Doryan devait se contenter de la bière, c’était bien mal le connaître et puis s’il avait pas pris assez, ah mais c’était son problème, il serait bon pour retourner faire un petit tour « Charly, on partage ? » Il tourna la tête au petit glang que provoqua mademoiselle Champomy… Ok elle était barrée cette fille.

Celui qui vise le mieux donc ? C’était ça le jeu ? Doryan délaissa la bouteille quelques instants, le temps que sa sœur puisse boire une ou deux gorgées, tout ça pour se baisser et récupérer le bouchon de champagne qui avait roulé jusque dans la cage Oui même dans les rps ça arrive les facilités scénaristiques visa le monsieur aux idées merveilleuses, tira et bim en plein dans l’épaule « Et un point pour ceux à l’intérieur de la cage ! » ouai non les versions améliorées rien du tout, il avait de quoi faire un projectile, il visait. En plus les sports d’équipes c’était son truc alors bien sûr qu’il répondait à la provocation… en même temps il répondait pas toujours aux provocations ? Si aussi.

Il tourna la tête pour observer la reine de l’humour en personne, s’approchant d’elle pour l’observer d’un œil expert « Etant devenu un expert des loups depuis la dernière pleine lune, tu as de la chance, tu as encore la mâchoire d’un humain, ça c’est cool ! Et aucun signe de poils. Tu risques rien. » Et lui aussi était intéressé par la bouffe d’ailleurs ! « C’est vrai ça, ils ont même pas prévu la bouffe, ni la boisson ? Ils vous ont dit à vous de nous nourrir ou ça vient de vous deux parce que vous êtes géniaux tous les deux ? » Si c’était le cas, franchement, les organisateurs étaient de véritables nuls et en même temps, inconscients. Ils avaient tous les cinq bien compris la dernière fois que les loups-garous avaient l’intelligence humaine. Pour peu que trois bestioles poilus dans la même cage arrive à s’entendre et parviennent à trouver un moyen d’ouvrir parce qu’ils crevaient la dalle et que les deux dehors réagissaient pas assez vite parce qu’ils connaissaient les loups-garous, ce serait un carnage, un véritable carnage.

Les paris étaient lancés ; Doryan et Charly, mes deux compagnons de cellule, pariaient sur leur non-transformation. Le climat était bien moins RuDOYANt que la captivité chez les sorciers, l’ambiance était si bonne enfant que je me demandai sans cesse quand viendra le moment où l’on me LYnCHeRA. Les cages ne présageaient jamais quelque chose de bon… Je tentai tant bien que mal de me détendre, d’avoir l’air à l’aise alors que j’étais dans cette cage, avec ces gens que je ne connaissais pas. Le frère et la soeur ne semblaient pas être inquiets. Il fallait dire que leur troisième frère, Lyam n’allait probablement pas laisser qui que ce soit nuire à sa famille. Ils étaient autant en sécurité que des œufs de MYgALe dans leur cocon. Je tentai une blague à propos d’un éventuel échange de jumeaux. Je n’étais pas là pour m’amuser, ni me faire des amis, mais c’était ridicule de rendre le moment plus pénible qu’il ne l’était déjà. L’homme et la femme qui étaient enfermés avec moi n’acceptaient probablement pas d’être enfermés par simple plaisir, et ce n’était pas par sadisme que leur frère les gardait : nous étions dans la même galère. Je lâchai donc du lest. S’il le fallait, j’aurais d’autres occasions de montrer les crocs…

Les deux frères jouèrent le jeu, tandis que leur sœur riait. Difficile de croire qu’on partait pour une nuit blanche dans une cage bien trop petite. Charly enchérit à propos de ma réflexion sur ma ceinture, et la stupidité des personnes qui ont décrété qu’on devait être enfermés pour la nuit. Sofiane (Comment ça Garnet ne connaît pas son prénom ? ) ouvrit une bouteille de champagne qu’il offrit à Charly après avoir bu au goulot. Il manquerait plus qu’une part de FIAdONES de France pour se croire à un véritable anniversaire Français (Non). Les jumeaux et moi, nous devions nous contenter de bières tandis que Charly précisait que Rasak gérait. L’homme hésitait à me proposer de la bière, jugeant que j’étais peut-être trop jeune, mais il ne semblait rien savoir de ma colocation avec Alexander ; on n’avait pas une thune, mais on ne manquait pas d’alcool et de spiritueux. De l’ARAcKS à la Gnôle en passant par le Whisky-Pur-Feu sorcier… Et lui, n’avait pas peur de me laisser boire. Moi… Ou Amber. Je devais admettre que si on devait faire un BARèME des choses inconscientes qu’il était capable de faire, donner de l’alcool à une gamine de sept ans, devait être dans le rouge…

J’ignorai les échanges entre mes camarades de cellule à propos du cul de Charly. Je ripostai cependant aux piques lancées par Rasak, décidée à ne pas me laisser faire et lui prouver que je n’étais pas la chose fragile qu’il pourrait croire. Un sourire éclaira son visage tandis qu’il disait à voix basse qu’il me plaisait. Pendant qu’il débattait avec les Rosebury, je restai figée en repensant à ce sourire et le compliment qui allait avec. Ces mots… Ce sourire… Ces barreaux… Je me retrouvais projetée mentalement des années en arrière, lorsque j’étais la favorite de ces mangemorts BROYEURS d’âme. C’était la même folie… Est-ce que cet homme avait pour projet de nous faire subir les mêmes horreurs que celles qui avaient fini par faire ressortir cette partie de moi qui apparaissait aux yeux de tous ? Tant que ce type de personne existait, Amber aurait besoin de Garnet. Amber aurait besoin de moi. Je serrai un peu trop fort la bouteille, permettant aux débris de verre encore accroché à elle d’écorcher ma main et de faire couler un mince filet de liquide couleur GRENAT de ma main. Je pris conscience de ma douleur seulement aux rires des autres quand ils parlèrent de jouer au loup. Je bus une nouvelle gorgée avant de reprendre le fil de la discussion. Ils voulaient jouer, on allait bien rire.

Je laissai rapidement tomber ma blague quand ça parlait de viser et de jouer à une version modifiée de la balle au prisonnier. Je n’avais pas spécialement envie de me faire tirer comme une lapine, à balles réelles. Je fis donc rapidement marche arrière en prétextant qu’on nous avait promis de la bouffe. Doryan, lui, semblait persuadé qu’on ne risquait rien, puisqu’il s’empara du bouchon de champagne pour le jeter sur ceux à l’extérieur de la cage. Il se tourna ensuite vers moi pour m’observer et décréter que j’avais l’air toujours humaine avant d’enchérir pour les gâteaux. Lyam riposta en renvoyant le bouchon sur son frère. Et c’était moi qu’on traitait de gamine ?  Je n’avais pas remarqué qu’entre temps, Lyam était parti pour ramener de quoi grignoter. Gâteaux, bonbons, chips et autres chocolats. Il avait dû dépenser moult pépètes juste pour qu’on puisse ne pas avoir le ventre vide. Même si je me doutais que c’était plus pour les membres de sa fratrie que pour moi, je devais admettre que le Blood Circle recevaient mieux que les mangemorts. Un point pour les sang-pouvoirs.

À qui le tour ? Charly était trop occupée à boire, et pour ma part j'avais pas envie de participer à ces conneries...

«Je passe mon tour.» Je désignai cependant un paquet de gâteaux. «Je peux ?»

C’était sans compter l’intervention de Rasak qui me balança un caillou dessus. Je me tournai vers lui, il était en train de mitrailler la cage de photos. Quel pervers.

«T’as un problème Rasak ?!»

Il me faisait de plus en plus penser aux mangemorts qui m’avaient enfermée et torturée pendant des années. Je sentais le même genre de perversion émaner de cette personne. Il n’avait pas leur magie, mais j’étais persuadée que s’il le pouvait, il pourrait effacer la mémoire de quelqu’un pour se délecter de revoir la personne découvrir à nouveau la douleur sans qu’elle n’en subisse d'accoutumance. Mais il allait comprendre que toute Davis que j’étais, je ne faisais pas partie de ces petites DIVAS qui allaient s’écraser et se laisser faire. Je me baissai pour ramasser le caillou et fit mine de le viser avant de le lancer, à côté de lui. Je savais qu’il s’attendait à ce que je lui renvoie et qu’il était prêt à esquiver. Mais en faisant exprès de le manquer, ce que je n’allais pas rater, c’était le lancer de ma bouteille, et du reste de son contenu, dans sa gueule. Cela ne se passa pas tout à fait comme prévu : obligée d'utiliser mon bras gauche, je n’avais pas une bonne prise, et la bouteille était mal équilibrée à cause de la manière dont je l’ai ouverte ; le projectile n’atteignit que sa jambe. C’était petit, mais ça m’avait calmé. S’il était comme mes anciens bourreaux, j’aurais tout le temps de régler mes comptes avec lui une fois sortis de cette cage. Je me contentai de hausser douloureusement les épaules en le regardant avec un air insolent.

«Avec mon épaule droite en vrac, c’est pas facile de tirer. Mais j’tai raté une fois, je dois boire quand même ?» Je m’approchai des barreaux pour le toiser. Je ne savais pas de quoi était capable ce type, et une partie de moi crevait d'envie de le pousser à bout pour le découvrir. «Allez donne ta bouteille, c’est bon. J'sens bien que t'as pas de couilles et que t’es bien du genre à profiter d’une fille blessée pour satisfaire ton sentiment de supériorité.»

Même si j’étais très loin d’être au mieux de ma forme, je n’étais plus la petite enfant fragile que j’étais il y a des années. J’étais curieuse de voir sa réaction. Est-ce que ma manière de lui parler allait lui plaire, ou le faire sortir de ses gongs ? Allait-il me haïr, ou bien m’aimer ? J’avais besoin d’utiliser la Haine pour aller de l’avant. La mienne, et celle de mes ennemis. Cette nuit dans cette cage sera comme celles que j’ai vécues pendant dix ans chez les sorciers. C’était grâce à cette Haine que j’en sortirais intacte. J’adressai un sourire sincère à Rasak, qui ne devait pas comprendre qu’il avait ravivé, sans le vouloir, mon désir viscéral de retrouver ma famille. Cette nuit en cage était une bonne chose finalement... Oui… C’était important de les retrouver.

Qu’est ce qu’elle venait de dire la soeurette indigne, qu’il s’était mis au bricolage donc qu’il y avait du relâchement ? Non mais quelle blague, il avait fait du bricolage UNE fois, de quel relâchement elle parlait ? Non, ne pas réagir, sinon elle allait lui inventer une vie, oui exactement comme il était en train de le faire. La prochaine fois qu’il ferait du bricolage avec Charly, il lui donnerait un coup de planche pour remettre ses neurones en place. Mais si c’est gentil, c’est altruiste. Ah Msieur Sofiane ramenait sa fraise, il avait été briefé par Charly c’est sûr. Comment ça, il méritait pas encore le titre ?  Et merde, il fallait trouver la personne qui méritait le titre du coup, ou alors essayer de savoir s’ils bluffaient ou pas les deux zigotos. Pour le reste des propos sur le fait qu’il maternait sa sœur, oui alors c’est pas exactement le terme qu’il aurait employé mais ça sonnait bien et ça ressemblait à un compliment de veiller sur sa petite soeurette préférée… Ah erreur de jugement, la sœur préférée venait de perdre son titre au profit de… personne c’est ça d’avoir qu’une sœur. Comment ça elle passait pas la bouteille de champagne. Non mais et c’est quoi ce frère qui essayait de gratter l’amitié « Ah non Lyam, tu t’y mets pas ! On va pas partager à trois ! » Puis d’abord c’était la faute à Sofiane tout ça, c’est lui qui faisait des choix dans son coin sur la boisson, tout ça pour devenir sex friend, c’est petit quand même. Peut être qu’il devrait s’essayer au bricolage pour marquer des points, Charly avait l’air de croire que c’était un boulevard pour finir dans un pieu. Doryan de son côté pouvait attester qu’il avait fini dans aucun lit suite à du bricolage, à la place il avait fini fiancé dans un zoo avec une bague en toc, c’est pas mal non plus.

Alors que Doryan en beau frère exemplaire – si si – donnait du crédit à l’idée de Sofiane en lui tirant dessus - Oui bon après, on a le beau frère qu’on mérite – il se fit allumer par son frère. Oulah, il filait du mauvais coton celui-là. Et attendez c’est quoi ce défi de merde. Non mais Doryan s’y connaissait en défi et là, clairement, il se faisait gruger – après est ce que perdre et picoler pose un problème, noooon – Sofiane et Lyam étaient des tireurs, c’était leur taff de viser les gens et de faire mouche. C’était pas du tout équitable, il marmonna à sa sœur « J’aime mieux les paris culs avec toi, j’ai une chance de gagner au moins. » Comment ça ils étaient agaçants, et dis donc l’alliance fraternel il connaissait Lyam ou comment ça se passe ? C’était lui l’agaçant. Quoi qu’attendez, Charly elle avait pas eu la petite note non plus vu qu’elle partageait le champagne avec Sofiane mais pas avec son frère préféré… oui c’était lui qui l’avait ramené mais c’est pas une raison.

Alors que tout se passait relativement bien, comprenez bien que finir enfermé dans une cage plutôt que d’aller picoler et ramener des filles à la maison, c’est pas vraiment le plan qui plaisait le plus à Doryan mais qu’importe, ça allait il n’était pas tout seul dans la cage et il pouvait tchatcher donc ça allait. Il y en a d’autres qui allaient moins bien que lui. Qui était le blaireau qui avait demandé à Sofiane de les prendre en photo oh et en plus pour les mettre sur facebook « Oh bah quelle bonne idée tien, comme ça on va se balader dans la rue et se faire buter par des sorciers. » ce qui serait logique. Donc non sans façon, il ne finirait pas sur Facebook et comptait bien aller dire sa façon de penser aux idiots qui avaient eu cette idée… encore des gens planqués derrière leur bureau en chêne massif qui ne risquaient rien. Mais le pire ça n’était pas ça, non, c’était la réaction de la pitchoune avec eux. Elle venait de gâcher l’alcool, si déjà faut le noter mais surtout, elle le chauffait. Doryan la regarda sans trop comprendre ce qui se passait. Alors quand bien même il voudrait profiter d’une fille blessée, le mieux c’était quand même de le faire quand elle n’était pas enfermée dans une cage, sinon niveau profit c’était bof.

Non en fait il avait dû louper un truc parce qu’il n’y avait plus aucune logique. Oh non mais c’était pas le moment de se prendre le chou et non on ne se tape pas les filles parce qu’on les a sauvé d’un loup-garou ! ça ne marche pas comme ça. Pour le reste il rejoignait la façon de penser de Sofiane quelle espèce d’idiote, il était armé, il avait un caractère de merde – sans offense tonton Soso – elle était dans une cage, était donc dans l’incapacité physique de fuir loin de lui mais elle ne trouvait rien de mieux à faire que de le monter en pression… un génie cette fille.  Et voilà, forcément Sofiane partait en cacahuète et aurait voulu la laisser se faire bouffer par les loups Même si on demande pas son avis à la loulouve et que c’est pas son rp, elle le donne quand même OUI TU AURAIS DU LA LAISSER SE FAIRE BOUFFER, oui voilà c’est tout, merci Maxime pour ton intervention oh combien vitale . Doryan frémit au souvenir plutôt frais du loup qui essayait de le massacrer, il ne souhaitait ce genre d’attaque et de mort à personne. S’il observait Sofiane, s’attendant presque à  ce qu’il s’en prenne à la demoiselle, le jeune homme après avoir parlé de son sentiment de supériorité, attrapa une bière, Doryan se rapprocha donc de sa soeurette pour lui murmurer « Charly, je crois qu’on va avoir besoin de toi pour que les tensions s’apaisent. » Il observa l’autre fille dans la cage sans savoir quoi lui dire, pourquoi elle avait agi comme ça, impossible pour lui de comprendre.

Rasak affirmait qu’il n’avait aucun problème. Évidemment, ce taré semblait prendre son pied à nous voir en cage, tout en nous jetant des objets à la gueule, comme si nous étions des animaux là pour le distraire. Je détestais être traitée comme un animal, je détestais être en cage. J’avais passé assez de temps de ma vie derrière des barreaux. Le jumeau enfermé semblait également être de mon avis. Les photos de nous en cage sur internet, ça ne lui plaisait pas. L’autre fille montra majestueusement son majeur au paparazzi pervers en guise de réponse. Clairement, cette idée ne semblait plaire à personne. Ça m’énervait encore plus de voir que ses deux compagnons de cellules ne réagissaient pas plus que ça. Je tentai donc de rendre la monnaie de sa pièce à ce taré. Il m’avait envoyé un caillou ; je lui enverrai ma bouteille dans la tronche. Action ; réaction. Hors de moi, je jetai ma bouteille dans sa direction, mais ratai sa tronche de peu. Je devais me contenter de sa jambe. Sortez moi de cette cage bordel ! Mes propos ne devaient pas avoir la moindre cohérence aux yeux des autres. Mais j’avais besoin de le provoquer lui, j’avais besoin de l’insulter. Cette rage, cette haine, cette insolence qui m’avaient habitée toutes ces années quand j’étais prisonnière de ces sorciers ; qui m’avaient permis de survivre.

Le simple fait de lancer cette bouteille, dans l’état lamentable dans lequel j’étais, avait suffit à me calmer un peu. Je fis mine de me prêter au jeu à boire, demandant si je devais boire, puisque mon premier lancer n’avait pas touché. Il se contenta de me dire qu’il n’en avait rien à foutre de ce que je faisais ou non. De nouveau, un sentiment de colère m'envahit et je me sentis dans l’obligation de le provoquer.  À croire qu’être en cage me faisait réellement perdre les pédales. J’entendais mes compagnons de cellules chuchoter, sans comprendre ce qu’ils disaient. Rasak posa lentement et délicatement son appareil photo avant de venir se poster devant mes barreaux et me fixa droit dans les yeux. Il me parlait de réclamer son dû pour m’avoir sauvée dans la forêt.

«Qu’est ce que tu racon… Oh… » Je me remémorai la manière dont je m’en étais sortie contre ce loup. La douleur, le sang, les cris et… «Le coup de feu… »

Rasak se contenta, comme toute réponse, de me traiter d’idiote. Comment j’étais censée savoir qu’il m’avait sauvée la vie ? S’il s’attendait à des remerciements, avec un comportement pareil il pouvait se les mettre là où il fallait. Je me contentai de détourner le regard tandis qu’il faisait un petit speech sur son âme généreuse. Mais lorsqu’il parla de son sentiment de supériorité, je lui tournai le dos pour aller m’asseoir par terre, à l’opposé de la cage, loin de lui, tandis que Charly s’approchait de lui pour tenter de calmer la situation. Après une pause à scruter la météo, elle ajouta que la nuit était avancée et que personne ne semblait s’être transformé, ou ne semblait donner de signes de transformation.

«Ouais… »

Personne ne s’était transformé, et personne n’allait se transformer. En même temps, si les autres avaient été aussi mordus et griffés que moi, cette expérience de merde était biaisée.

«On pourrait peut-être sortir, pas besoin de passer toute la nuit. La lune est bien visible et… Ouais comme t’as dit quoi… Je veux pas être dans cette putain de cage, ni dans la moindre cage d’ailleurs. J’en ai ras-le-cul des cages.» Je regardai tout le monde à tour de rôle, même Rasak. «Bref. Aucun de nous cinq n’a vraiment envie d’être là. On peut p't’être se barrer et tous dormir dans un vrai lit ?»

Après un bref tour de cage, il semblerait que nous étions tous d'accord pour dire que nous ne risquerions plus de nous transformer. Convaincre nos surveillants n'était qu'une formalité et il acceptèrent de nous libérer. Nous avions décrété que si les Terry voulaient davantage d'informations sur leur expérience de merde, ils n'avaient qu'à se faire mordre, pour de vrai cette fois, s'enfermer eux-mêmes dans une cage et filmer le résultat. Arrivés dans le couloir, je partis dans mon coin, sans un regard aux autres, pour rejoindre mon lit à l'infirmerie.