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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages


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I'm not sick of you ...yet ft. Abi  :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Anonymous
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Sam 5 Mar - 22:57

Abi & Moïra
I'm not sick of you...yet




Mars 2021


Après le déni l’acceptation. La veille déjà, Moïra sentait qu’au fil de la journée, son corps avait décidé de l’abandonner. Les heures passaient et l’inébranlable volonté de la jeune femme ne faiblissait pas. Elle ignorait royalement tous les symptômes indiquant clairement un début de refroidissement. Bien évidemment, elle a fini par perdre irrémédiablement la lutte. Lorsque la cloche a annoncé son dernier cours, contrairement à d’habitude, la sorcière a récupéré à la hâte ses livres et parchemins. Heureusement, l’appel du week-end a été plus fort que la persistance systématique de certains étudiants à l’attendre en fin d’heure pour lui poser des – trop- nombreuses questions. Habituellement, Moïra apprécie ce précieux moment d’échange avec les futurs médicomages chevronnés. Ce n’était pas le cas ce jour-là. Elle a filé comme le vent dans ses quartiers. Après s’être effondrée sur son canapé, elle s’est efforcée à manger remplir son estomac. Inutile de préciser que la MacFusty n’a pu se permettre qu’une ou deux bouchées après se rendre à l’évidence, ce n’est pas de ça dont rêvait son corps. Alors, toujours dans le déni évidemment, la sorcière s’est penchée, armée d’une tasse de thé fumante et d’une plume, à relire les parchemins de ses élèves. Est-ce à ce moment-là que les maux de tête ont débutés ? Agacée, la sorcière s’est interrompue dans son activité. Ses parchemins trainent encore ça et là sur sa table à manger. Usant de ses dernières forces, la médicomage s’est enroulée de sa cape et s’est dirigée vers l’infirmerie.

Là-bas, elle a ignoré les soignants présents. Quand on dit que les médecins font les pires malades hein. Et bien, c’est plus que vrai ! Le seul a osé affronter sa mauvaise humeur, n’est autre que Théo. Moïra n’a même pas essayé de l’envoyer paître merlin sait où. A quoi bon jouer à ce petit jeu-là avec l’infirmier ? Ils se connaissent depuis si longtemps. Le Greengrass n’aurait aucune peine à prendre le dessus sur sa cadette. Il faut dire qu’à force d’avoir dû se coltiner mini MacFusty au collège, cela laisse des traces – pas que des bonnes. Rapidement, la sorcière lui a expliqué la situation sans entrer pour autant dans les détails. Puis, elle lui a demandé a avoir accès à quelques fortifiants. Systématiquement, Moïra a refusé d’admettre sa maladie et n’a pris que le strict nécessaire. Evidemment, puisqu’elle irait déjà mieux le lendemain ! L’énergie l’abandonnant rapidement, Moïra a coupé court à toutes discussions, l’a remercié et est retournée dans ses quartiers. Toujours dans un profond déni, la médicomage a ignoré la soudaine grande fatigue étreignant son corps. Tout comme les frissons parcourant son échine. Ce n’est qu’un coup de froid, se disait-elle.

Ah ! Quel sacré coup de froid ! C’est grelottante et tremblante qu’elle s’éveille le lendemain. Ses draps sont trempés. Ce n’est vraiment pas agréable. Le froid semble pénétrer jusqu’à ses os. Sa tête bat tout autant que le jour où celle-ci a rencontré un cognard lors d’un match de Quidditch. Quelle horreur ! Moïra doit bien l’admettre. Oui, elle est malade et terriblement. Ce n’est pas un petit rhume passager. Elle tousse à s’en arracher ses poumons jusqu’à n’avoir même plus la force de le faire. Son dos la brûle tout comme ses articulations. Aucun doute, la fièvre est de la partie. La sorcière a pu se trainer jusqu’à son canapé. Ci-tôt fait, elle s’enroule dans un plaid confortable mais pas suffisamment chaud pour disperser les frissons jouant le long de sa colonne vertébrale. Tassée dans un coin, la professeure est prostrée. Ses jambes sont remontées contre sa poitrine. Ses paupières sont fermés. Elle ne pense qu’à une seule chose : pourvu que ça passe rapidement ! Elle regrette déjà d’avoir paumé sa baguette, elle ne sait où. Avec cela, elle ne peut même pas acquérir un thé dont elle a piqué le sachet à Aiko lors de sa dernière visite chez sa cousine.

Macha, son fidèle chat, ne perd pas une miette du spectacle tragique de sa maitresse vautrée sur son canapé. S’activant, le chat sauvage remue son popotin d’une manière gracieuse et saute lestement sur le plaid. Elle s’enroule autour des pieds de sa maitresse et se met à ronronner de contentement. Quant à sa maîtresse, celle-ci pousse un léger râle lorsque les griffes du félin traverse le tissu pour rencontrer ses épaisses chaussettes. Cela n’a pas l’effet escompté sur Macha, celle-ci déverse ses phéromones à son aise avant de s’installer définitivement. Passant le plaid au-dessus de sa tête, Moïra en profite pour voler un pan de couverture à son animal. Ce n’est que bonne guerre. Malgré la chaleur, elle frisonne toujours. Grognant, elle referme les yeux et pose la tête contre le coussin essayant de se reposer. En guise de réconfort, elle serre le médaillon ornementé d’un symbole important pour sa famille adoptive. Elle ne l’a jamais quitté depuis qu’il lui a été offert par sa sœur adoptive. Ce petit lien qui l’unie encore à Abigail et aux MacFusty. Petit mais inébranlable.Sous ses paupières, elle voit les différents remèdes qui l’attendent. Grognant, elle ignore cette image et remue encore dans le sens inverse cherchant une meilleure position. A peine, expire-t-elle un soupir de soulagement qu’un tambourinement retendit à sa porte. Qui essaie d’enfoncer sa porte, pense-t-elle de mauvaise humeur, sans tenir compte que c’est sans aucun doute ses maux de tête qui lui donnent cette impression.

- Il n’y a personne… Revenez plus tard ! grogne-t-elle à mi-voix, tout en tentant vainement d’étouffer le bruit provenant de l’entrée. Plus tard, j’ai dis !

C’est pas possible, lâchez-moi, grommelle-t-elle dans sa barbe. On ne peut pas la laisse subir sa maladie tranquillement ? Maladie Arg. C’est sans aucun doute le moment de l’admettre. Concrètement, elle n’a pas la moindre idée de si la personne derrière sa porte l’a entendu. Et en toute franchise, tant que celle-ci cesse de marteler le bois, elle s’en fiche complètement. Qu’on la laisser mourir en paix. Serait-elle un poils dramatique lorsqu’elle est malade ? Très certainement.

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Abigail MacFusty
Abigail MacFusty
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Dim 6 Mar - 9:45

Mars 2021

Fin de journée, un vendredi. Qu’y avait-il comme meilleur moment que celui-ci ? Je l’appréciais depuis mes onze ans, depuis que j’avais commencé la scolarité, et ça s’était étendu à ma vie active, surtout depuis que j’étais devenue enseignante. Non pas que je n’appréciais pas mon travail, mais il m’avait été donné d’être d’autant plus épanouie lorsque j’étais dragonologiste à plein temps, et pour le moment, ma tête ne souhaitait pas chercher à comprendre pourquoi j’avais changé d’emploi, ni pourquoi j’étais revenue me compliquer la vie comme enseignante dans l’école qui m’avait vue grandir.
Ma salle de classe avait été nettoyée, mes écuries aussi, mes copies étaient rangées dans mon sac et prête à être emportées chez moi pour être corrigée. Mes cours de la semaine prochaine étaient déjà préparés. Le week-end allait s’annoncer simple et plaisant aux côtés de ma fiancée.
Mais avant, je profitais un peu de mon sombral, trainant non loin de l’enclos où il trottinait gaiement. Ce jeune cheval que j’avais récupéré le jour de la mort de mon frère. Ce jeune cheval qui avait tout vu, que j’avais sauvé, et qui était mon ultime lien avec Kyle. Aujourd’hui, il avait bien grandi, les muscles bien saillants, et je prenais plaisir à pouvoir le monter plus régulièrement maintenant que sa musculature et son ossature terminaient de se former.
Depuis cette journée affreuse, nous entretenions une relation toute particulière, Sleipnir et moi, nous étions très complices. Voilà pourquoi, comme une enfant, je m’étais mise à lui courir après pour jouer avec lui, le jeune animal se prêtant au jeu en me fuyant tout en agitant joyeusement ses ailes.
Ce qui m’interrompit dans mon fou rire, c’était la venue de Gérard qui se posa entre les oreilles du sombral, une lettre dans le bec. Curieuse et intriguée, je prenais le pli, sentant le vent de la légèreté tourner. Il était signé par l’un des infirmiers de l’école.

- Ah non hein, d’abord Moïra, puis Az, et maintenant Theo ? Ça va là, lâchez-moi avec ma santé…

J’étais aussi loin de la vérité que j’en étais proche. Parcourant les lignes couchées à l’encre, je fronçais de plus en plus les sourcils en prenant connaissance de ce qui était écrit. Comme s’il avait senti mon changement d’humeur, Sleipnir, espiègle, s’approcha dans mon dos et vint attraper ma robe de sorcière au niveau de mon épaule pour me tirer en arrière.
Le geste fut si vif et soudain que je fus projetée en arrière et tombais les fesses les premières dans l’herbe.

- Hey ! Je ne te permets pas de me prendre par surprise comme ça !

Je bondissais comme un fauve sur mes pieds en hurlant une expression pour faire peur à mon sombral, et, le voyant détaler au grand galop, je ne pus m’empêcher d’éclater de rire. Après quelques secondes, je repris mon sérieux et me rapprocha tranquillement de mon cheval, ma chouette effraie s’état alors posée sur ma tête, ébouriffant mes cheveux en s’agrippant avec ses petites serres.

- Je dois partir. On se voit demain mon grand.

Gratifiant mon cheval d’une caresse douce, mais franche sur son encolure, je fis volte-face, laissant l’équidé s’enfoncer dans la forêt interdite. Non sans soupirer, je rejoignais les couloirs de Poudlard, redoutant un peu ce qui m’attendait, et, malgré la boule au ventre qui se formait un peu plus à chacun de mes pas, je prenais le temps de passer chez moi pour me changer rapidement. Laissant ma robe de sorcière que je portais pour mes enseignements, j’enfilais des vêtements plus standards, laissais Gérard avec Elizabeth et nos trois chats et remplissais mon sac de quelques traitements et autres fioles et médicaments qui avaient pris possession de mon armoire à pharmacie.
Connaissant l’intéressée, rien n’avait été préparé.
Faites ce que je dis, pas ce que je fais.
Quelle idiote, elle allait m’entendre si d’aventure je la voyais allongée et prostrée sans chercher à s’être soignée.
Sentant la colère gronder au creux de ma gorge, je ravalais ma salive pour essayer de garder mon calme, puis, laissant une petite note à l’attention de la directrice des Gryffondor pour lui expliquer mon absence, je quittais notre appartement pour me rendre à celui de ma sœur adoptive.

La lettre de l’infirmier m’avait indiqué qu’elle était malade et qu’elle requérait des soins rapidement. Évidemment, la responsabilité tombait sur moi, comme par hasard, comme si Theo ou les autres infirmiers n’étaient pas capables de s’en occuper. Ce n’était quand même pas leur seule patiente récalcitrante, si ? Enfin, c’est vrai que là on parle de Moïra, mais avec la relation compliquée que j’entretenais avec elle, je doutais pouvoir véritablement faire mieux. Cela dit, je n’étais tenue à aucun secret professionnel ni à aucune déontologie, alors, contrairement à mes collègues sorciers de l’infirmerie, moi, je n’hésiterais pas à utiliser de sortilèges sur ma très chère sœur pour la forcer à se soigner. J’en ressentirais même sans doute aucun regret, après tout, je faisais pareil avec mes créatures magiques.
Oui, voilà, imagine-toi Abi que Moïra est un animal fantastique. Genre… un chartier. Car c’était certain que ma petite sœur allait m’adresser de belles brèves phrases grossières.

L’image d’un furet avec la tête aux yeux de biche de Moïra me fit ricaner alors que j’arrivais devant la porte de son appartement. Lâchant un énième soupir pour me donner du courage, je toquais à la porte, et la réponse ne se fit pas attendre. Il n’y a personne, revenez plus tard. Ah… rien que d’entendre sa voix, et dire de telles paroles, c’était bon, j’étais déjà agacée.
Non, mais franchement, quelle petite conne.

- Non Moïra, plus tard j’ai envie de manger avec ma fiancée et passer ma soirée avec elle. Aller, hop.

Murmurais-je tout en dégainant ma baguette magique pour la pointer sur la serrure de la porte. Après un Alohomora des plus rudimentaires, la porte s’ouvrit et je rentrais comme une voleuse dans l’appartement de ma sœur adoptive.
Le spectacle que j’y vis me fit autant mal au cœur qu’il me navrait. Quelle ironie du sort que les rôles soient aujourd’hui inversés. Habituellement, c’était moi qui tremblais sous la fièvre, et elle qui venait me soigner.
Refermant la porte derrière moi, je posais calmement mon sac avant de m’adresser à ma jeune sœur sur un ton presque condescendant.

- Bonjour Moïra.

Sans attendre de réponse de sa part, parce que je me doutais bien qu’elle allait râler et, ou, me hurler de partir, je fis rapidement le tour de son appartement. Je constatais que le lit était dans son état le plus piteux, la salle de bain n’avait guère été dérangée, et sans gêne, je me mis à fouiller dans les affaires de Moïra pour y trouver des remèdes… et ce que je trouvais fut bien maigre, sans surprise. Soit elle avait une cachette secrète, soit elle n’avait rien ici et stockait tout dans sa salle de classe.
Après un nouveau soupir, je retournais au salon pour observer ma loque de sœur. Évidemment, ça ne me faisait pas plaisir de la voir dans cet état lamentable, et un élan de compassion s’insinua dans mes veines.
Si j’étais ici aujourd’hui, ce n’était pas uniquement parce que monsieur Greengrass, mais l’avait demandé, mais aussi parce que Moïra était ma sœur, qu’importe ce qu’elle pouvait en penser suite à notre dernière entrevue. Je me devais donc de prendre soin d’elle, c’était, dans le fond, ce que j’avais toujours souhaité.
M’approchant un peu du canapé dans lequel elle était recroquevillée, j’hésitais un instant avant de poser ma main sur son front tout en grimaçant devant la chaleur que je ressentais, et sous sa peau moite de sueur. Non pas que j’étais dégoûtée, mais j’étais davantage inquiète de son état.

- Hé bah… t’en tiens une belle couche ma petite. C’est ça de se promener en ville en string. Faut se couvrir en hiver, tu sais ?

Aller vlan, prend ça dans tes dents, ça t’apprendra à me donner des leçons. Néanmoins, je m’essayais là à un trait d’humour avant tous reproches. Glissant mon regard sur le collier qu’elle portait autour du cou, je crus reconnaître le cordon, mais puisque le pendentif était serré entre ses doigts, je ne le vis pas.
Sans m’y attarder, je reculais légèrement, me mettant hors de portée de potentielles claques, et je m’accroupissais pour être à sa hauteur et plonger mon regard de bois dans les feuilles vertes de ses iris. Les racines solides et inébranlables face aux cimes plus légères et joyeuses.

- Bon, alors… dis-moi ce qui t’es arrivé et donne-moi tes symptômes. J’ai pris de quoi te soigner, mais tu dois tout me dire. Tu connais la chanson hein. Et ne dit pas non ou je ne sais quelle connerie. Je levais l'index de ma main ornée de mes bagues de prémariage et de fiançailles. De un, si tu le fais je ne vais pas hésiter à user de la force. Je levais mon majeur. De deux, j’appelle Bonnie si tu m’emmerdes vraiment.

Moïra n’avait jamais eu la relation complice que j’entretenais avec l’elfe de maison de nos parents. Bonnie avait été autant notre enfer que notre paradis, c’était une elfe redoutable d’efficacité, asservie et aimable, mais qui n’avait pas sa langue dans sa poche et qui n’hésitait pas non plus à user de sa magie pour venir à ses fins. Moi, j’avais réussi à entretenir une belle relation avec Bonnie, mais ça n’avait pas été le cas de Kyle ni de Moïra.
La balle était dans le camp de ma jeune sœur. Soit elle collaborait, soit elle allait s’en prendre plein la gueule. Je lui laissais le choix, c’était à elle de décider, et franchement, bien que lui lancer un sortilège de paralysie satisferait mon égo, je n’avais pas non plus le profond désir d’en arriver là. Alors, intérieurement, je priais pour que Moïra collabore.


Never Ending Circles
ANAPHORE


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Sam 19 Mar - 18:20

Abi & Moïra
I'm not sick of you...yet




Mars 2021

Bon sang ! Pourquoi est-ce qu’on ne peut pas la laisser décéder en paix, hein ? Ils peuvent bien se débrouiller sans elle quelques jours, non ? Le temps de dépérir tranquillement sur son canapé enroulé dans son plaid. Elle ne demande quand même pas grand-chose. Malgré la fièvre, Moïra ne peut s’empêcher de froncer les sourcils. Qui peut bien prendre la peine de venir la déranger dans ses appartements ? Certainement pas Théo quand même ? La médicomage a été plutôt claire en repoussant toutes aides de l’infirmerie. Elle est médecin quand même ! Elle n’a pas besoin qu’on se presse à son chevet à la moindre petite grippe. Bon, peut-être que si. Il n’empêche qu’en l’état, la jeune femme est très loin d’être prête à le reconnaître. Pour l’instant, seul compte, son irrésistible envie de se fondre avec son canapé et de disparaître de la surface de la terre. Ce qui n’est visiblement pas dans les plans de la personne tambourinant derrière sa porte. Le son lui ferait presque siffler les oreilles. Lorsqu’elle remue tout son corps hurle en guise de désaccord. Une sensation désagréable parcourt ses membres et monte le long de sa colonne vertébrale. Quel enfer ! Elle grogne à chacun de ses gestes. Peut-être pourrait-elle se boucher les oreilles avec le plaid ? Ou ramper jusqu’à sa baguette…où est sa baguette d’ailleurs ?

Le silence envahit enfin la pièce. Moïra pousse un soupir de soulagement. Ah, elle a réussi à faire fuir le ou la responsable de cette tentative d’intrusion. A nouveau ses paupière se referment sur ses orbes émeraude. Elle gigote un peu prête à essayer de trouver un sommeil réparateur. Et puis… et puis…merde cette voix ! Son cerveau émerge rapidement des hauts nuages dans lesquels il est bercé depuis son réveil. Merde. Merde. Merde, pense-t-il, laissant Moïra en pilote automatique. Elle sursaute en réaction à la présence d’Abigail. A moins que ça ne soit une hallucination à cause de la fièvre. Merde (oui, ça fait beaucoup). Pourquoi elle ? Parmi tout le monde. Il faut que ça soit elle qui soit spectatrice de cette triste scénette ? Comptant encore sur l’hallucination, avec tous les efforts du monde, Moïra retire péniblement le plaid de sa tête toute ébouriffé de ses cheveux épars. Un grognement lui échappe. Si. Merde. C’est elle, en chaire et en os. Circonspecte quand même, ses yeux scrutent sa silhouette faisant comme chez elle tout étant pas chez elle – puisqu’elle est chez Moïra. Elle se retient de l’envie de se pincer le creux du bras juste pour être sure de chez sûre. Bon, elle a sûrement déjà une bien piètre opinion d’elle en la voyant ainsi vaincue par la maladie donc l’ancienne médicomage préfère ne pas s’enfoncer encore plus.  

Puis, encore une fois, ses neurones font un coup d’éclat. Un peu ralentie (beaucoup), elle cligne des yeux avant de froncer ses sourcils en fixant le dos d’Abigail.

- Bordel, Abigail … sors tout de suite d’ici ! Putain, écoute-moi… lâche-t-elle, avec ce qui lui reste de forces. T’es malade ou quoi ? Tu ne restes pas là…sinon…avec ton système…immu…nitaire…

La quinte de toux qui la surprend au milieu de sa morale, la réduit rapidement au silence. Devant la violence des soubresauts de ses poumons, ses yeux se remplissent de larmes. En attendant, elle ne peut que constater l’indifférence de sa sœur. Cette cruche va finir par attraper cette saleté ! Et elle n’arrive même pas à la mettre en garde. Et puis, elle parierait sa baguette que sa grande sœur en a rien à foutre de ça. La médicomage essaie bien de se reprendre mais ne parvient qu’à s’étouffer davantage lorsqu’elle essaie de parler encore. Macha lasse de tout ce cirque lui jette un regard avant de se lever avec ton aisance féline, lui montrer ses fesses, avant de sauter souplement à terre. De son pas chaloupée, elle s’en va. Super. Même son chat l’abandonne avec ELLE. Son désaccord plus qu’évident et compréhensible avec la présence de sa sœur dans ses appartements ne suffit pas à faire fuir l’intéressée. Bêtement, Moïra se refrogne et glisse ses jambes au niveau de sa poitrine. Sa gorge est en feu. Ses poumons la brûlent. Elle entend trifouiller Abigail dans les différentes pièces mais elle ne lui accorde aucune attention. Elle n’est pas assez stupide pour tenter de la foutre dehors à coup de pied. A coup sûr, elle finirait pas trébucher. Elle ne fait clairement pas assez confiance à sa vue défaillante et à ses jambes mollassonne pour ça pour l’instant. La fièvre sape vraiment toute son énergie. Amorphe, elle ferme les yeux quelques instants accordant une bataille à sa trop têtue de frangine. Juste quelques minutes de repos…

Une sensation glacée sur son front lui fait rouvrir les paupières. Aussitôt la lumière l’agresse et elle cligne des yeux en marmonnant une injure ou deux, elle n’est pas bien sûre. Sa vision se précise dévoilant le visage d’Abigail.

- Merde, grogne-t-elle avant de rajouter en se plaignant. Tes doigts sont glacés.

Comme si c’était uniquement ça le problème. Elle le sait mais n’est pas prête à l’avouer. Elle n’est pas prête à grand-chose pour ainsi dire dans son état. Et encore moins à affronter sa sœur aînée. D’ailleurs, elle se renfrogne aussitôt face à sa tirade. Sérieusement ? C’est vraiment pas cool de se moquer. S’enroulant dans son plaid, la cadette lui lance un regard noir.  

- Si t’es venue pour te foutre de ma gueule, la porte c’est par là ! dit-elle, en frissonnant lorsqu’elle sort son bras pour pointer la dite porte en bois.

Sentant pondre une nouvelle quinte de toux, la brune se recroqueville et déglutis à plusieurs reprises pour tenter d’éviter une nouvelle humiliation. Oui, parce qu’actuellement, leur relation est tellement compliquée que Moïra ne sait pas comment interpréter la présence de sa sœur près d’elle. Par réflexe, elle lève ses grands yeux méfiants vers la brune. Est-elle vraiment là uniquement pour que ça soit encore une rencontre ratée entre elles ?

- Pourquoi ? demande-t-elle simplement, économisant ainsi ses mots.

Pourquoi es-tu là ? Pourquoi toi ? Elle a tellement de questions à lui poser. Ses doigts se serrent sur le pendentifs caché à la vue d’Abigail par le plaid. Ses pulpes le caressent à de multiples reprises comme lorsqu’elle cherchait à se rassurer petite. Elle n’a jamais cette position là dans leur relation. Elle est la personne qui soutient. Qui guérit. Qui aide. Et même si elle se fait repousser, elle est toujours là. Puis, ces derniers temps, elle a juste eu la désagréable impression de trop donner d’elle. Que ses actes sont vains. Pourtant, Abigail est là, à sa hauteur, avec son humour à deux sous. Mais pourquoi fait-elle ça ?  Son aînée lui parle. Les mots peinent à trouver un sens dans son cerveau. Elle décode une proposition d’aide. Mais contre quoi ? Et toujours ce pourquoi qui traine… la dernière fois, elle lui a clairement fait comprendre qu’elle n’était pas sa sœur. Alors… terrassée par ce tout qui l’envahit, Moïra baisse la tête. Clairement perdue. Elle ne lui laisse pas le choix. A nouveau comme un fardeau non désiré ? Où comme une main tendue ?
Hésitante, elle souffle :

- Tu veux faire une trêve par pitié, Abigail ?  


Puis, elle soupire. Ce serait vraiment ridicule de se braquer. Et puis, Moïra n’a pas du tout envie de se retrouver avec Abigail et Bonnie dans les pattes. C’est déjà assez merdique comme ça comme situation. Lorsqu’elle relève le menton, elle a pris sa décision. Ses yeux semblent presque implorer sa sœur aînée.

- Pas Bonnie, ronchonne-t-elle, avec la mine boudeuse digne d'un enfant de deux ans.

Deux mots. Elle n’a pas besoin d’en dire plus. Elle n’a pas envie de se battre avec l’elfe de maison de la famille MacFusty. Oh punaise que non.

- J’ai…enfin…Théo m’a donné un sac de remèdes dans le placard du haut à la cuisine, lui avoue-t-elle. J’ai pas réussi à me lever ce matin. Et ma baguette…je sais même pas ou elle est !

Sentant toujours les yeux d’Abigail sur elle. Elle finit par se rappeler qu’elle lui a demandé d’autre choses. Elle soupire de l’effort que ça lui demande de se concentrer sur plusieurs choses à la fois, alors que ce n’est pas le cas habituellement.

- C’est une grippe, Abigail. J’ai mal partout. Une migraine. La gorge en feu. Froid. Chaud…une putain de grippe, finit-elle en râlant avant de tousser récompense pour s’être emportée. Lorsqu’elle peut à nouveau respirer, elle foudroie sa sœur des yeux. Grippe que tu vas finir par chopper si tu restes là à jouer les gardes malades…


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Mer 23 Mar - 10:26

Mars 2021

Et voilà, qu’est-ce que je disais ? À peine ma jeune sœur adoptive avait-elle remarqué que j’étais présente en chair et en os dans son appartement qu’elle essayait déjà de me chasser. Exactement comme lorsque nous étions enfants durant ses crises. Quand bien même Moïra avança un argument de taille en citant mon système immunitaire, une lueur de profonde tristesse traversa mon regard tandis que mon cœur s’ouvrit en deux. Ne pourrais-je donc jamais pouvoir avoir ma place de grande sœur à ses côtés ? Évidemment, je n’étais pas Kyle, sans doute aurait-elle préféré que ce soit lui qui vienne présentement la voir, et non pas moi. Comme d’habitude… Exactement comme lorsque nous étions des enfants.
Durant ses crises de panique, j’avais souvent essayé de lui venir en aide le temps que mon frère ou que mes parents arrivent, mais elle m’avait toujours chassé sans que je ne comprenne pourquoi. J’avais fini par abandonner, non pas sans regret, comprenant que j’étais de trop dans sa vie. Avec le temps, en partie à cause d’elle, j’eus la terrible sensation d’être de trop dans ma propre maison. Le comble.
Alors oui, effectivement, je risquais ma santé en étant à ce point proche d’un nuage de virus dégagé par la jeune femme, mais je n’en avais cure. Non pas que je me fichais de tomber malade, mais parce que j’avais envie de lui venir en aide, de prendre soin d’elle. Bon sang, pourquoi est-ce que ça semblait toujours aussi difficile pour elle à comprendre cette évidence aussi simple ?
Je me pinçais les lèvres en essayant de ne pas tenir de propos trop durs pour lui répondre, mais alors que j’eus envie de parler, elle fut interrompue par une quinte de toux plutôt violente. Ouf, sauvée par le gong. Préférant donc mettre ma verve, blessée, de côté pour l’instant, je me mordais l’intérieur de la joue en voyant ma sœur dans un état si déplorable. Elle me faisait presque pitié, la pauvre… je comprenais que trop bien ce qu’elle était en train de vivre, cette manière de tousser donnait la sensation qu’on allait cracher ses poumons, c’était véritablement douloureux, toute la cage thoracique donnant l’impression que le feu résidait en nous.

Rongeant ma frustration par les mots blessants de ma sœur, cachant mon inquiétude pour son état, je préférais aller chercher de quoi la soulager dans les pièces de son appartement, en vain. Comme on disait, c’était le cordonnier le plus mal chaussé n’est-ce pas ? Je n’étais pas étonnée de ne pas trouver de remède chez Moïra, je ne serai même pas étonnée qu’elle n’ait rien ici, à défaut de les avoir cachés. Une erreur, à mon humble avis, mais il fallait dire que moi, ma pharmacie débordait, et pour la plupart, elle débordait des remèdes concoctés par la malade vautrée dans son canapé non loin de moi.
Revenant bredouille de ma fouille, je retrouvais une Moïra prostrée sur sa couche d’infortune, parcourue de frissons. Elle me faisait vraiment de la peine, et si je le pouvais, j’aurai aimé prendre sa place. Après tout, j’y étais tellement habituée… D’un geste machinal et doux, je posais ma main sur son front, ce qui la fit instantanément réagir. L’écoutant échapper plusieurs jurons, ce qui ne me perturba pas plus que ça (j’en disais moi-même beaucoup à mes heures), je clignais tranquillement des paupières alors qu’elle se permettait un commentaire sur la température de mes mains.
La voyant se renfrogner et s’enrouler à nouveau dans son plaid, je ne pus m’empêcher de pousser un léger soupir en toute réponse. À quoi bon répliquer ? Nous n’avions définitivement pas le même humour, j’ignorais encore pourquoi je continuais à insister et à essayer de tisser un quelconque lien avec elle. J’étais vraiment sotte, et j’en venais à me demander pourquoi j’avais accédé à la demande de monsieur Greengrass puisque de toute façon, Moïra ne voulait pas de moi à ses côtés. Elle n’avait jamais voulu de moi à ses côtés.
Comme si ma sœur adoptive avait entendu mes pensées, elle les formula d’un simple mot. Relevant un sourcil circonspect par ce hasard, je lui fis don de la vérité, comme à mon habitude, bien qu’elle n’ait jamais voulu y croire.

- Parce qu’on me l’a demandé.

Une évidence simple. Je la fixais droit dans les yeux, hésitant à lui rajouter que j’étais ici aussi parce qu’elle était ma sœur, et que j’étais inquiète pour elle. Néanmoins, les mots ne réussirent pas à traverser mes lèvres.
J’aurai vraiment aimé qu’elle puisse lire en moi, qu’elle puisse comprendre que j’étais fatiguée de me battre, que j’avais envie profondément de m’occuper d’elle, que j’avais envie d’être proche d’elle, que tout se passe bien… mais à défaut de pouvoir le faire, je me voyais obligée de lui venir en aide en utilisant la manière forte. Certes, c’était un peu lâche, mais je savais que Moïra était une véritable tête de mule, un trait caractéristique des MacFusty, et je craignais qu’avec ma douceur habituelle elle ne coopère pas.
Accroupie devant elle, mon regard plongea dans le sien, implorant, tandis qu’elle me fit une proposition qui me surprit. J’écarquillais un peu mes yeux, démontrant mon étonnement, avant de me reprendre et de répondre avec tranquillité.

- J’ai toujours eu envie de faire une trêve Moïra.

C’est toi qui alimentes toujours le problème ma très chère petite sœur, en prenant systématiquement un malin plaisir à me pousser à bout pour entretenir nos mauvais rapports. Je le déplorais.
Malgré ces pensées, je préférais, encore une fois, observer le silence et ne pas jeter de l’huile sur le feu. J’avais la désagréable sensation que si je me permettais le moindre commentaire, Moïra irait s’engouffrer dans les moindres failles de mes mots pour me chercher des noises.
Lors de notre dernière entrevue, tout avait été limpide pour moi : définitivement, la jeune femme ne voulait pas de moi, alors j’avais baissé les bras. Je n’avais plus envie de me battre, plus envie de m’énerver. J’essayais simplement de pouvoir profiter de chaque instant donné en sa présence, puisqu’ils seront irrémédiablement raccourcis, avortés par la seule volonté de l’enseignante en médicomagie.
Cependant, sous mes menaces, comme je l’avais espéré, ma sœur adoptive finit par obtempérer et me donner les indications nécessaires pour que je puisse l’aider à la soigner. Je détournais la tête en direction de la cuisine, opinant du chef pour lui signifier que j’avais compris, attendant le reste de ses informations. Sans la presser, je lui laissais tout le temps dont elle avait besoin pour rassembler ses forces. Je savais que trop bien à quel point il était difficile d’avoir les idées claires dans un tel état, j’étais patiente et n’eus aucun geste d’impatience, la laissant gérer ses maux comme elle le pouvait. Attentive, j’écoutais ses symptômes et son diagnostic, l’ayant moi-même déjà deviné. Ça aurait pu s’arrêter là, bien, sans problème… mais il fallut qu’elle m’assène ce coup de regard foudroyant en se permettant une remarque acerbe. À nouveau, mon cœur hurla de douleur.
Sous l’émotion, sans pouvoir me contrôler, je frappais le sol juste devant moi du poing, faisant sursauter cet pauvre Macha.

- Putain, mais Moïra !!

Je fermais les paupières, parce que je sentais l’émotion me monter à la gorge. Je ravalais ma frustration et ma colère, la balayant rapidement pour laisser place uniquement au désarroi et à la tristesse. La voix tremblante d’émotion et les yeux humides, car je retenais mes larmes, je venais à nouveau la fixer pour reprendre la parole.

- Tu… tu peux pas juste accepter, une fois, dans ta putain de vie, que je puisse venir m’occuper un peu de toi ? Bordel de merde de chiotte Moïra putain, laisse-moi juste UNE FOIS un peu de place à tes côtés. Ok je ne suis pas Kyle, ok je ne suis pas les parents, ok je n’ai jamais eu aucun talent auprès de toi pour te venir en aide, mais merde enfin, Moïra, j’ai toujours essayé et tu m’as toujours chassée. Me retenant de ne pas fondre en larmes devant elle, je me mordais la lèvre inférieure pour reprendre tant bien que mal contenance avant de continuer. S’il te plait… laisse-moi juste… Je m’interrompais en cédant à sa demande, poussant un profond soupir résigné. Elle avait réussi… Je n’avais plus la force de me battre contre elle. Je baissais les yeux en passant une main sur mon visage avant de me redresser en soufflant, las. Laisse tomber, t’as gagné… je vais appeler maman pour qu’elle vienne dès que possible.

Et après, c'était elle qui parlait de faire une trêve. La blague... Blessée et aux abois, je jetais un dernier coup d’œil plein de tristesse à ma sœur, avant de pivoter et aller jusqu’à sa cuisine sans même attendre une quelconque réponse. Repérant sans mal le fameux placard, je l’ouvrais pour y trouver enfin les fameux remèdes. Alors que je me saisissais des fioles diverses, je fixais le contenu vert émeraude de l’une, me rappelant inexorablement la merveilleuse couleur des iris de ma sœur.
Ma toute petite sœur.

****

Allongée sur mon lit, lisant mon livre à la lumière de mon Lumos, j’étais bien trop excitée pour dormir. À douze ans, je me réjouissais de retourner à Poudlard pour retrouver enfin Harper à la fin de ces vacances d’été qui n’en finissaient pas. Les jambes se balançant d’avant en arrière au-dessus de mon dos, je fixais, rêveuse, les images couchées sur les pages. Sans surprise, elles représentaient toutes des dragons. Ce livre était mon ouvrage favori depuis ma plus petite enfance, et quand bien même je le connaissais par cœur, je ne m’en lassais pas. La nuit était déjà très avancée, mais puisqu’il m’était impossible de fermer les yeux à l’idée de retrouver l’école et ma meilleure amie, j’avais décidé de me fatiguer la tête et les yeux en parcourant les nombreuses pages de ce livre.

Ainsi, je fus la première à entendre gémir dans la pièce d’à côté. Tirée de ma contemplation, je me redressais alors que les petits glapissements s’intensifièrent. Sans hésitation, je tirais ma couette pour sortir de ma chambre et rejoindre celle de Moïra qui entrait en crise. J’étais habituée à ses terreurs, et jamais je ne l’avais jugée. Dans l’intention de lui venir en aide, je pénétrais dans sa chambre et m’approchais d’elle pour venir lui poser une main sur l’épaule. Violemment, la petite fille de quatre ans ma cadette, me repoussa en hurlant de peur. Je me reculais d’un pas en chuchotant, essayant de la calmer, mais rien n’y faisait. Bientôt, je fus bousculée par la présence de ma mère qui avait accouru rapidement pour nous rejoindre, prendre la petite fille dans ses bras pour l’immobiliser tout en lui parlant d’une voix douce et apaisante. Bientôt, Moïra se détendit et fondit en larmes contre l’épaule de ma mère. Ma maman à moi… Celle qui m’avait donné ses traits et sa douceur, et qui s’était toujours occupée de moi jusqu’à la venue de ma petite sœur adoptive. Celle qui, cette nuit-là, ne me vit même pas alors qu’elle m’avait bousculée.

Je fondis en larmes à mon tour, avant de retourner dans ma chambre, rejoignant mon lit, posant mon livre sur ma table de chevet, éteignant ma baguette et, glissant la couette au-dessus de ma tête, j’étouffais mes sanglots dans mon oreiller. D'une émotion jubilatoire, j'en vins à être prise d'une profonde souffrance. Cette nuit, je ne dormis finalement pas du tout.
Le lendemain matin au petit-déjeuner, je n’eus droit qu’à des remarques acerbes du genre « tu as une tête de déterrée », « on va te priver de tes livres et de ton téléphone », « franchement tu pourrais faire un effort », « tu files un mauvais coton Abigail ». Je n’avais rien répondu, rongeant ma frustration comme un chien sauvage s’acharnerait sur son os. À quoi bon argumenter, de toute façon on ne m’écouterait pas.
Plus tard, c’était avec soulagement que je retrouvais Harper, et que, à elle, je lui racontais tout. Parce qu’elle, elle me prêtait toujours une oreille attentive.

****

Une nouvelle quinte de toux provenant du salon me fit revenir à moi, mes souvenirs s’estompant comme un nuage de fumée. Reniflant, j’essuyais rapidement mes joues trempées de mes larmes d’un revers de manches, avant de retourner au salon pour poser les divers remèdes sur la table basse devant le canapé où se trouvait Moïra en proie à sa toux. Profitant de ce petit instant, je me réfugiais dans sa chambre et, brandissant ma baguette, je changeais rapidement les draps pour les rendre propres et à nouveau confortables. Me frottant une nouvelle fois les yeux pour tenter de me calmer et de retrouver contenance, les rendant davantage rouges, je revenais un peu pantelante auprès de ma petite sœur adoptive.
Avalant tant bien que mal ma salive pour m’éclaircir la voix, je hasardais.

- J’ai changé ton lit, tu y seras plus confortable, mais si je peux me permettre, tu devrais essayer d’aller prendre une douche pour aider ton corps à réguler sa température. Ma voix trahissait mon accablement. Je savais qu’elle tenait à peine debout, mais je n’osais pas lui proposer concrètement mon aide. Je savais par avance qu’elle ne voulait pas que je la touche. Le regard planté à terre, n’arrivant plus à la fixer, désireuse de cacher la profonde détresse que je ressentais à cause de la situation, je continuais, ma voix toujours tremblante. Indique-moi les mélanges à faire et je m’y attèle. Quand je me serai assurée que tu as pris ton traitement, ta douche et que tu sois à nouveau au lit, je m’en irais et ne reviendrais plus, comme tu me l’as demandé.

Ses mots m’arrachèrent la gorge tant ils étaient douloureux à prononcer. Je ne voulais pas partir… mais elle me chassait… elle ne voulait pas de moi. Elle n’a jamais voulu de moi. Bon sang, Abi, quand est-ce que tu te feras une raison ? Quand est-ce que tu comprendras que ta sœur ne veut pas de toi ? Elle aurait préféré que ce soit toi à la place de Kyle.



Never Ending Circles
ANAPHORE


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Dim 27 Mar - 22:07

Abi & Moïra
I'm not sick of you...yet




Mars 2021


C’est compliqué. Pourquoi faut-il toujours que ça le soit avec sa sœur aînée hein ? Moïra n’est clairement pas en état d’affronter un énième round avec Abigail. Alors, elle lui cède facilement, trop facilement du terrain dans son propre appartement. Sa sœur n’a clairement pas l’intention de lui laisser prendre la main de toute façon. Elle semble bien décider à lui pourrir la vie pour son bien visiblement. Ah. Que de situations inversées. Seulement, Moïra est frustrée d’être mal et par-dessus tout de ne pas saisir le comportement de sa sœur adoptive. Pourquoi se dérange-t-elle pour elle si elle la trouve vraiment si dérangeante le reste du temps ? C’est perturbant. Et Moïra aime comprendre. Seulement, sa matière n’est clairement pas en état de lui apporter les éléments nécessaires pour fonder une hypothèse et une réponse à ses questionnements. Ce qui la rend d’autant plus frustrée. Tout comme cette fichue toux qui commence sérieusement à l’agacer. On dirait que ses poumons, eux-mêmes, se liguent contre elle pour l’interpeller avant qu’elle ne puisse réagir aux actions d’Abigail. Le monde s’est-il révolté contre elle dans ce cas ? En tout cas, vu son mal de crâne, elle a la désagréable impression qu’il va bientôt lui tomber sur la tête. Et ça, elle n’est pas certaine qu’il y ait quelque chose à faire pour l’instant sinon de subir en silence les effets de la grippe.

Elle fronce les sourcils devant la réponse de son aînée. Qui aurait pu lui demander ? Qui lui aurait vendu la mèche ? Et puis, c’est quoi cette réponse à deux ronds. Moïra croise les bras autant pour se réchauffer que par dépit de cette réponse qui n’en est pas une suffisante à ses yeux. C’est quoi son but ? Prouver qu’elle est la parfaite grande sœur qui court au secours de sa pauvre petite sœur lorsque celle-ci choppe un satané virus ? Belle image c’est sûr. Dommage, qu’elle ne reflète pas la réalité. Dans ses souvenirs, elle n’a pas l’impression d’avoir souvent vu Abigail venir s’enquérir de sa santé. A dire vrai, ces dernières années, depuis le décès tragique de Kyle, leur relation n’est basée qu’uniquement ses rendez-vous médicaux et ses traitements. Malgré la barre à son front, Moïra fronce les sourcils en écoutant Abigail réagir à ses propres propos. Hm. Quel scrout à pétard l’a-t-il piqué ? Sur ce coup-là, la sorcière malade ne sait comment réagir, pace que clairement, si ses mots sont aussi vrais qu’elle souhaite le lui faire croire, elle ne l’a jamais remarqué. Comment pourrait-il en être ainsi alors que celle-ci lui avait clairement indiqué qu’elle ne ferait jamais parti de SA famille – les MacFusty ? Comment hein ?

La réaction suivante d’Abigail prend par surprise la souffrante. Son cœur fait un bond dans sa poitrine. Son aînée frappe le sol devant ses yeux ébahis. Elle jure grossièrement également. Des événements que la cadette n’a pas l’habitude de voir chez elle. La voir être submergée par les émotions alors qu’elle se détache tellement de la réalité lors de leurs rendez-vous médicaux. Ses paupières se referment en proie à ses émotions intenses. Elle semble prête à pleurer. Perdue, Moïra la contemple, ne sachant pas vraiment comment se positionner à cet instant, ni même ce qui se passe réellement dans la tête d’Abigail. Elle parait être au bout, mais de quoi ? Pour quelle raison s’emporte-t-elle ? Elle, qui ne veut rien avoir à faire avec la médicomage. Cela ne fait aucun sens. Lorsqu’elle rouvre ses yeux humides, Abigail n’est pas la Abigail que Moïra a l’habitude de voir. Sa voix tremble capturé par les émotions. La cadette écoute noyée dans la détresse qu’elle aperçoit, pour la première fois, chez son aînée.

Ses paroles heurtent fortement Moïra. Elle a l’impression que miles vertiges l’assaillent durant la tirade putain de longue d’Abigail. C’est comme si le Poudlard Express venait de la renverser. Par Merlin, que c’est violent ! Tétanisée, Moïra ne peut esquisser aucun geste pour retenir son aînée. Abigail s’en va exécuter ses promesses comme lui a dit sans un dernier regard pour elle. Les mots font difficilement le chemin dans son esprit chamboulé par l’éclat de l’autre enseignante et par la fièvre. Les souvenirs s’engouffrent par cette porte ouverte. Elle a la désagréable impression de contempler son enfance avec Abigail. Clairement, leurs avis sur les événements divergent mais s’il y a bien une chose que Moïra sait de sa sœur, c’est que ce n’est pas une menteuse. Ses mots. Ses émotions. Tout cela est réel. Et cela la désarçonne d’autant plus. Merde. Tout ça ? Comment peut-on ressentir tout cela toutes ces années ?

- Abigail, attends…murmure-t-elle, vainement alors que celle-ci s’affaire déjà dans sa cuisine.

Serrant le poing devant son impuissance, Moïra a l’impression de se trouver dans un rêve. Un cauchemar peut-être même. Merde. C’était plus simple lorsqu’elles ne se parlaient pas à cœur ouvert ! Trop faible et fatiguée pour ressentir la fureur habituelle qui devrait l’envahir après de telles accusations d’Abigail, Moïra reste là, plantée dans son canapé à ruminer tout ça. Puis, elle se décide. Elle entreprend de se lever pour rejoindre Abigail et reprendre le round. Mais une nouvelle quinte de toux se déclenche la faisant se plier en deux jusqu’à devoir s’accrocher à l’accoudoir pour ne pas chavirer. Il ne manquerait plus que de finir les quatre fers en l’air devant sa sœur. Jamais. Bien sûr, son aînée ne prit même pas la peine de s’arrêter et fila sans demander son reste dans sa chambre la laissant à pester entre deux toux. Lorsqu’elle revient enfin dans le petit salon, la cadette souffle de soulagement. Parce qu’autant elle en a l’envie, elle ne se sent pas de lui tracer après dans tout son appartement. Ses jambes tremblantes ne le lui permettent pas cette action. Lentement, parce que toutes ses articulations lui font horriblement mal, elle lève la main pour stopper Abigail une bonne fois pour toute.

- Par Merlin, arrête de parler…lâche-t-elle, le souffle clairement court. Et arrête de me fuir…je peux pas te courir là maintenant. Et j’arrive pas à réfléchir.

Ses yeux sont humides et pas uniquement à cause de la toux. Elle peine à se maintenir debout mais veut affronter une bonne fois pour toute Abigail. Alors, elle se redresse de toute sa hauteur et fixe sa grande sœur adoptive. Sentant une pointe de fureur devant son regard baissé, Moïra s’agite et lâche :

- Regarde-moi, bon sang, Abigail ! Tu ne peux pas me balancer tout ça à la figure et …fuir. Tu fais tout le temps ça, lui reproche-t-elle, sentant ses yeux picoter.

Elle respire fortement pour chasser la toux prête à intervenir. Maintenant qu’elle a commencé, elle doit finir ce qu’Abigail a débuté tout à l’heure. Elle reprend son souffle avant de poursuivre :

- Tu me fuis. Tu m’as toujours fuie… Tu… je te déteste parce que depuis toujours je me demande pourquoi je n’étais pas assez bien pour toi …Parce que moi non plus je ne suis pas Kyle ! Je ne le serai jamais. J’étais qu’une gamine, Abigail. Une gamine hantée par la mort de ses parents ! Tu as dit que je ne serai jamais une MacFusty, Abigail. Ne crois-tu pas que je sache que vous n’êtes pas ma famille par le sang ? Sais-tu seulement à quel point, j’aurais aimé que tu me dises que tu m’aimes ? Et que tout n’est pas de ma faute ? Je suis fatiguée, Abigail. Et putain, je ne veux pas perdre encore quelqu’un…tu comprends ? Je ne pourrais pas supporter que toi aussi tu t’en ailles pour toujours… lâche-t-elle dans un sanglot secouant ses épaules.

Ses larmes roulent librement sur ses joues. Elle tremble de la tête au pied mais cette fois, ce n’est pas à cause de la fièvre ou de la faiblesse de ses muscles. C’est sa peine. Tous les non-dits entre elle et Abigail qui sortent librement. Cela fait tellement mal de se libérer d’un tel poids trainé sur des années et des années de vie. Sans filtre et portée par sa température élevée, la jeune femme n’a pas vraiment conscience des aveux qui viennent de passer à travers ses lèvres. Pour l’instant, il est vrai qu’elle n’en a pas grand-chose à carrer. Il faut que ça sorte une bonne fois pour toute ! Secouant la tête devant les propos de son aînée, elle n’en croit pas ses oreilles. Cette fois, ça suffit, Abigail ne se carapatera pas aussi facilement. Elle n’évitera pas non plus les conséquences de ses paroles. Pas cette fois. Cette fois, elles iront au bout.  

- Franchement, je n’en ai rien à foutre de mon lit, tu comprends ? Tout ce que j’ai toujours voulu, c’est toi. C’est ma grande sœur, exhale-t-elle, hoquetant emprise à sa détresse. Et…et …il faut que je m’assoie un instant.

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Abigail MacFusty
Abigail MacFusty
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Mar 29 Mar - 16:56

Mars 2021

Je restais plantée là. Comme un putain de Botruc qui avait définitivement pris racine. Impuissante face à la maladie de ma sœur, en proie à mes propres émotions, je la regardais rassembler toutes ses forces pour se lever, me faire face, et m’asséner de mots aussi tranchants que des lames de rasoir. Obéissante, je gardais les lèvres scellées et, avec la plus grande peine du monde, parce que c’était contre nature pour moi, je relevais des yeux implorants en direction de ma petite sœur adoptive. Quel manque de pitié de sa part de me demander à moi, la plus timide et renfermée de la famille, de soutenir son regard durant un conflit. Elle savait pourtant que je n’étais pas une menteuse ni une manipulatrice, j’étais encore moins une lâche qui fuyait tout le temps, et je n’étais pas non plus la personne la plus à l’aise en public et durant ce genre de tirade. Aurait-elle oublié toutes nos réunions de famille ? À l’évidence, oui. J’aurais pu mettre ce manque d’observation sur la fièvre qu’elle avait présentement, mais je restais également persuadée qu’elle s’était tant appliquée à m’effacer, qu’avec les années, elle avait arrêté de me regarder, tout simplement.
Qu’elle prétende que je la fuis me blessait, mais j’étais habituée à ce qu’on ne comprenne pas mon comportement timide et gêné. D’autant plus que, la plupart du temps, c’était elle qui me chassait, comme tout à l’heure.

En revanche… qu’elle me dise me détester fut un coup de grâce. Ma propre sœur venait d’assassiner mon cœur en le mordant avec ces mots incisifs, insinuant en lui un poison mortel.
Cette fois, c’était trop… alors je baissais à nouveau les yeux et laissait un torrent de larmes couler le long de mes joues que j’essuyais au fur et à mesure avec la plus grande des peines.
Son dialogue était flou dans ma logique. Elle prétendait me détester, puis elle disait ne pas vouloir me perdre. Elle me reprochait des mots que j’avais reconnu avoir dits sous l’influence de la colère, et je m’étais excusée pour ça. Moïra serait-elle à ce point rancunière ? Je ne la croyais pas comme ça. Quand elle me confia ne pas vouloir me perdre, décontenancée par cette confidence, je relevais le regard sur elle pour la regarder du coin de l’œil. Elle plaisantait là ou quoi ? Clairement, Moïra n’avait jamais eu le comportement de la petite sœur aimante qui voulait que je reste à ses côtés, bien au contraire. J’étais perdue. Que devais-je croire ?

Sans bouger, complètement pétrifiée de faire quoique ce soit qu’elle juge mal, je la laissais pleurer devant moi. Notre peine était évidente et vraie, et je pouvais comprendre sa crainte de perdre les autres, je comprenais ses émotions… mais elle, elle ne comprenait pas les miennes. Pour mieux me retenir de bouger et d’intervenir, après tout elle m’avait demandé de me taire, je me mordais l’intérieur de la joue, attendant que la suite arrive comme un condamné avec l’épée de Damoclès au-dessus de sa tête.
Comme je m’y attendais, sa conclusion fut tout aussi douloureuse que tout le reste de son dialogue. Tout ce qu’elle voulait c’était moi ? Et quoi encore ? Quelle menteuse !! Elle me mentait de manière éhontée dans un moment pareil alors que je lui avais ouvert mon cœur ? En plus elle y mettait les formes puisqu’elle pleurait.
Moi qui avais presque cru qu’elle était sincère jusque-là… quoique j’étais sûre que quand elle disait me détester, c’était la vérité.
Malgré que je sois mise à vif encore une fois, je réussissais enfin à bouger alors qu’elle prétendait avoir le besoin de s’asseoir. Mon corps bougeait alors que mon cœur, lui, était complètement mis hors service. Comme un automate, j’approchais la sorcière qui venait de passer de sœur à parfaite inconnue à l’instant pour moi.
Oui, car, qui donc était Moïra MacFusty née MacLeod ? Une sorcière sincèrement blessée, ou une manipulatrice pathologique avec moi ?

Quand bien même elle faisait partie de la deuxième option, je posais ma main droite sur son épaule avec douceur, puis, de la main gauche, je lui attrapais le poignet de son bras opposé pour aussi bien la maintenir que la pousser afin de l’obliger à se rassoir. J’étais ainsi faite de bonté et de gentillesse que même si Moïra me détestait et qu’elle me manipulait présentement, je continuais à vouloir lui venir en aide. Je l’accompagnais dans ce simple mouvement, sachant que trop bien le vertige faramineux que cela pouvait engendrer. Ce fut à ce moment que je remarquais enfin son collier, ce qui engendra une nouvelle crise de larmes. Bordel pourquoi elle possède encore ce vieux truc à la con ?
Une fois assurée qu’elle soit bien assise et qu’elle n’allait pas sombrer davantage, je la lâchais rapidement, avant qu’elle ne me repousse (encore) et me reproche (encore) de l’avoir touché et que ce serait ma faute si je risquais de tomber malade.
Restant plantée comme une ortie devant ma petite sœur, essayant à nouveau d’essuyer mes yeux larmoyants, je remuais nerveusement d’un pied à l’autre, mes mains jointes se triturant nerveusement entre elles, mes doigts venant chercher mes bagues de pré mariage et de fiançailles pour jouer avec, signe de ma grande agitation. Mais ça évidemment, Moïra ne le comprendrait pas, n’est-ce pas ? Un lourd silence prit sa place dans l’appartement, ne laissait entendre que nos sanglots communs.
Que devais-je faire ? Parler ? Elle m’avait dit de me taire. Elle me reprochait aussi de fuir, alors je devais rester, n’est-ce pas ? Mais elle m’avait demandé de partir tout à l’heure…
Putain je comprenais rien… et le peu de règles sociales que je connaissais me disait de rester ici, parce que la conversation n’était pas terminée. Dans le doute, je préférais poser la question, sait-on jamais avec la lionne que j’avais en face de moi.

- J’ai le droit de parler maintenant ?

Hasardais-je, attendant le consentement de ma petite sœur. Pour être à sa hauteur, puisqu’elle venait de s’asseoir, je croisais les jambes avant de baisser mes jambes, m’asseyant par terre devant le canapé, à portée de main (de baffes) de la sorcière. Les épaules voutées par la peine, les yeux obstinément baissés, je fixais le bas du sofa sans parvenir à cesser mes mouvements agités de mes doigts.
Un nouveau silence s’installa entre nous alors que je remuais dans ma tête les phrases que j’allais employer. J’avais la sensation que tout ce que j’allais dire allait être déformé, comme d’habitude. Par où devais-je commencer ? Comment devais-je m’y prendre ? Avec les créatures magiques, tout ça est si simple… mais avec les êtres humains, et particulièrement Moïra, c’est un véritable enfer. L’heure n’était plus aux reproches. J’étais las de ce petit jeu. Si ma sœur décidait d’y rester en me traitant de lâche qui fuis, en me disant qu’elle me détestait, alors tant mieux pour elle. Moi, je désirais une véritable trêve. Moi, j’avais baissé les bras lors de notre dernière entrevue, je n’avais plus envie d’aucun conflit.
Un trémolo dans la voix, je réussissais tant bien que mal à me lancer dans mes explications, continuant sans cesse mes gestes contre mes joues pour essuyer mes larmes.

- S’il te plait… ne m’interromps pas, sinon je vais perdre courage… Quand… quand j’étais petite… avant ta venue chez nous… J’ai subi une batterie de tests médicaux et psychologiques pour trouver pourquoi je tombais tout le temps malade… Des médecins ont dit à mes parents que… j’avais sûrement un trouble autistique… ce qui expliquerait pourquoi je… suis si mal à l’aise en société…

Je tournais nerveusement ma bague de fiançailles autour de mon doigt. Harper ne m’avait jamais reproché mon comportement, c’était l’une des rares au monde à ne pas l’avoir fait. Je continuais après avoir pris une inspiration.

- Je te… fuis pas, Moïra. C’est pas parce que… parce que j’arrive pas à te regarder que je te fuis, ou que j’assume pas ma manière d’agir ou de parler. Juste… que confronter les autres… c’est trop difficile pour moi, même en temps normal… alors… toi… avec qui s’est si compliqué depuis si longtemps…

Je m’étranglais tandis que de nouveaux sanglots prirent d’assaut mes émotions. Il me fallut de nouvelles secondes pour reprendre légèrement contenance.

- Quand on était petites, nos chambres étaient l’une à côté de l’autre. Maman m’avait fait promettre de veiller sur toi. Puisque j’ai toujours eu un sommeil léger, je t’ai toujours entendu t’agiter durant tes crises avant tout le reste de la famille. P… pendant longtemps j’étais dans ta chambre avant tout le monde… j… j’essayais de te calmer… Le souvenir douloureux de cette petite fille me repousser en hurlant à la mort me pourfendit le cœur. Je vins masser mes paupières closes, emprisonnée par les images qui m’assaillaient. Tu as plus de force que moi, même à cet âge. Tu me repoussais. Systématiquement. Puis, soit papa ou maman soit Kyle arrivaient, et là, tu te calmais. À force… je me suis dit que tu ne voulais pas de moi, alors j… j’ai arrêté de venir…

M’interrompant, je me mordais les lèvres pour ne pas me remettre à nouveau à pleurer, essayant de ne pas me démonter, gardant obstinément mon regard baissé. Comment une médicomage de la trempe de Moïra n’avait-elle jamais compris que je pouvais souffrir d’un manquement social ou même d’un trouble autistique ? C’était le comble… le coordonné le plus mal chaussé, encore une fois. Je reprenais.

- Durant les vacances, j’essayais de jouer avec toi les premiers temps, mais tu étais collée à maman ou à Kyle. Lorsque j’essayais de faire quelque chose avec toi, forcément, c’était maladroit puisque j’étais très stressée et angoissée. Alors on me disait que je ne faisais pas d’effort. Du coup… j’ai décidé de ne plus rien faire… et là on me disait que j’étais égoïste. Je déglutissais avec peine. Avec ce que je vivais à Poudlard avec les autres élèves je… j’ai fini par me renfermer encore plus que je ne l’étais déjà, parce que c’était la seule manière que j’avais trouvé de ne pas trop me faire disputer et d’avoir un peu de paix. Tu l’as dit, on était que des gamines… mais… mais le mal a pris de l’ampleur avec les années tu vois.

C’était la première fois de ma vie que j’évoquais les difficultés que j’avais eues à Poudlard à Moïra. Jamais elle n’avait su à quel point j’avais été le vilain petit canard, à quel point certains élèves m’avaient rendu la vie difficile, et j’étais reconnaissante envers Kyle, Harper et Rory de m’avoir défendue durant toutes ces années. Avec le temps, j’avais appris à devenir complètement invisible pour me faire oublier de tous. Même de ma propre sœur. Je ne m'étais jamais plainte de quoique ce soit, prenant les reproches et les railleries sans réagir.
Timide, je jetais un regard furtif à ma sœur pour guetter sa réaction, m’assurant que je n’étais pas en train de l’assommer avant de continuer.

- Je ne suis pas une lâche Moïra, et je ne fuis pas. J’ai toujours affronté mes problèmes, encore aujourd’hui… bordel, du haut de ma minuscule taille je me dresse face à des dragons en colère et tu dis que je te fuis ? … D’accord, je tremble devant un élève de première année, mais je ne le fuis pas… et toi non plus je ne te fuis pas. Ne cessant de jouer avec mes bagues, j’hésitais avant de rajouter. Malgré les tensions entre nous, pourquoi tu crois que j’ai accepté d’être ta patiente ? C’était pas juste parce que je connais tes compétences en médecine, Moïra. C’est parce que je te fais une confiance aveugle, j’ai mis ma santé fragile entre tes mains… comment… Qu’est-ce que je pouvais faire de plus pour te prouver que tu comptes pour moi et que je veux passer du temps avec toi ? Ces rendez-vous qu’on a… c’est un prétexte pour qu’on passe un minimum de temps ensemble même si… même si à chaque fois ça se passe mal… à… à chaque fois tu me prends de haut, tu dis que je suis irresponsable, limite tu me reproches de tomber malade, mais… mais je… je ne peux pas vivre dans une cloche Moïra… Je… J’ai besoin de sortir… J’ai besoin d’être avec avec les créatures, il n’y a qu’avec elles que je me sens bien… J’ai besoin d’être auprès des dragons pour… pour vivre… même s’ils nous ont pris Kyle… Je peux pas me passer d’eux, Moïra… Je peux pas…

Épaules secouées, nouveau flot de larmes, je me recroquevillais sur moi-même, remontant mes jambes contre ma poitrine, aux prises d’une profonde détresse. J’avais déjà envisagé de tout abandonner, pour plaire à Moïra. J’avais déjà envisagé de tout abandonner suite à la mort de Kyle… mais ça m’était impossible. Impensable. J’avais simplement pu m’éloigner… m’éloigner en devenant enseignante et en quittant ce pour quoi j’étais née, à savoir, être dragonologiste.
Prises de sanglots infinis, je reprenais tant bien que mal.

- J’ai toujours suivi tes instructions, j’ai toujours essayé d’être une patiente docile… mais quand on voit en moi que ma maladie et non pas la personne que je suis vraiment, alors oui à la longue, je perds patience… Je vais me répéter m… mais… Je m’interrompais pour prendre une profonde inspiration, relever la tête et venir attraper, enfin, les iris émeraude de ma sœur. Je suis désolée pour mes propos durant notre dernier entretien. Je me suis déjà excusée pour ça, mais je le refais. Mes mots ont dépassé mes pensées à cause de la frustration, de la colère et de la tristesse… Pardonne-moi. T’es bornée, t’es chiante, t’es passionnée, t’es loyale et tu pleures. Il y a aucun doute que t’es une MacFusty Moïra. S’il te plait, arrête de me ressortir ça en reproche… c’était une erreur de ma part… et mes erreurs, je les reconnais.

Je me remettais toujours en question, ça faisait partie intégrante de mon métier avec les créatures magiques. Toujours me reconditionner pour apprendre. Je faisais la même chose avec les humains. Moïra ne pouvait pas me reprocher ça. Mes prunelles foncées se détournèrent à nouveau de celles de ma sœur. Ce fut à ce moment que je réalisais que je m’étais mise à trembler à cause de l’émotion trop forte. Sans succès, j’essayais de les cacher tout en restant recroquevillée. Posant mon menton sur mes genoux, je gardais un nouvel instant de silence pour rassembler mes idées avant de poursuivre.

- Il y a des moments où je comprends juste pas comment je dois réagir avec toi… regarde maintenant… Tu me dis de m’en aller. Je finis par accéder à ta demande en te disant que je vais appeler maman… et quand je daigne enfin partir, tu me dis que je fuis. Ce… je comprends pas… je ne sais jamais comment agir et réagir avec toi… à chaque fois je reçois des reproches… à chaque fois je ne fais jamais assez bien les choses pour toi… Tu… tu dis que tout ce que tu as toujours voulu, c’est moi, comme grande sœur, mais… mais tu m’as repoussé tellement de fois… je t’ai fait tellement de place dans ma maison de naissance que mes propres parents et mon propre frère ne faisaient plus attention à moi sauf pour me faire des remarques… Je hoquetais tout en essuyant mes yeux avant de continuer avec de plus en plus de peine. J’essaie de comprendre ce que j’ai fait de faux, mais je trouve pas… j’ai jamais trouvé… j’ai toujours essayé de faire de mon mieux, de donner un maximum et… et ça suffit jamais putain, jamais… Je ne te crois pas quand tu dis que tu ne veux pas que je m’en aille pour toujours, comment tu peux dire ça alors que, clairement, t’es gonflée de t’occuper de ma santé ? Que, clairement, t’en as marre de notre relation. Que, clairement, tu t’entendais mieux avec Kyle qu’avec moi. Que, clairement, tu peux te passer de moi sans le moindre problème. Que, clairement, tu me détestes…

Je replongeais mon visage dans mes jambes en me recroquevillant davantage, serrant si fort mes poings autour de mes bras que mes phalanges blanchirent, à la limite de me griffer.

- Putain j’aurai… j’aurai dû aller voir cette Verte Galloise avant lui, j’aurai dû prendre ses flammes à sa place ! ça aurait été tellement plus simple bordel ! Tout le monde aurait été tellement plus heureux ! Papa et maman auraient gardé leurs enfants favoris et normaux et leur héritier… Toi tu aurais enfin vécu dans une famille pleine d’amour sans le point noir que je suis. Kyle aurait accompli tout ce qu’il voulait accomplir, il serait marié et tu serais la meilleure des tantes. Harper aurait pu retourner dans les bras de Sean.

Mes sanglots se muèrent en une longue et douloureuse complainte. Je me crispais de plus en plus alors que mes nerfs m’abandonnaient. Mes doigts fins et délicats plongèrent dans ma chevelure déteinte en blond. Si Moïra était une traumatisée, avec des symptômes qui sortaient, moi, j’étais une traumatisée avec des symptômes que je gardais pour moi, qui étaient profondément enfouis et que je me refusais de partager à autrui. Un si petit corps, si fragile et menu qui encaissait tant d’émotions. Malgré tout, je restais une sorcière qui ne se plaignait jamais, qui ne reprochait rien à personne et qui restait toujours bienveillante en m’obstinant à toujours voir la lumière chez les autres.
Présentement je craquais. Je rugissais ma douleur devant la dernière personne à qui je voulais montrer ma détresse… mais ce n’était pas quelque chose qui était aisé de gérer. Moi qui étais une personne d’ordinaire si calme, si discrète, me voilà presque en train de crier, en train de perdre complètement le contrôle. Mes doigts vinrent attraper mes cheveux dans une ultime crispation, et c’est presque en hurlant que je donnais mes dernières explications.

- Tu me détestes… tu me détestes… tu me détestes… tu me détestes… Je t’ai détesté un temps oui, mais ça me prend trop d’énergie. J’en ai marre Moïra, j’en ai marre de notre situation, j’en ai marre de toujours me prendre le chou avec toi, j’en ai marre que ce soit toujours compliqué, j’en ai marre d’être heureuse à l’idée de te voir, mais d’avoir une enclume dans le fond du bide tant j’angoisse… j… j’en ai marre de cette guerre ouverte Moïra putain… arrête ça… J’en peux plus, arrête, je t’en prie, je t’en supplie… Déteste-moi, d’accord… mais s’il te plait, par pitié, arrête de me torturer, j’en peux plus… Tu me détestes et moi je t’aime… putain Moïra, tu es ma petite sœur, je t’aime, je t’ai aimé dès que tu es entrée dans la maison… et j’en ai marre de ne pas pouvoir m'occuper de toi, d'être tout le temps rejetée… J'en ai marre de ne pas avoir le droit de t’aimer.

Et ce fut la fin.
Je hurlais mes dernières paroles alors que j’étais repliée comme une huitre sur moi-même en proie à cette tristesse, cette détresse que j’avais accumulée durant toutes ces années. Mon corps, mon cœur et ma tête m’avaient abandonné, et je n’avais même plus conscience que Moïra était grippée devant moi et que mes hurlements n’allaient sûrement pas aider ses migraines. Elle m’avait poussé. Voilà le déplorable résultat.
Encore une fois, Moïra MacFusty, née MacLeod avait gagné le combat contre Abigail MacFusty. Simple et naïve petite sorcière sans prétention qui voulait juste aimer et être aimée.



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Abi & Moïra
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Mars 2021


Tenter de mener une discussion sensée avec Abigail relève de l’exploit en étant parfaitement saine alors dans le cas présent avec tous les symptômes de la grippe… c’est être complètement idiot que de le tenter. Mais à force de la voir fuir et se cacher, la sorcière devait bien agir, car sa sœur ne le ferait jamais autrement. En revanche, voilà que ce tête à tête lui coûte ses dernières forces. Ses jambes tremblent de faiblesse. Sa vision périphérique se noircit. C’est comme si son cerveau manquait soudainement d’oxygène. Il lui faut s’asseoir rapidement afin d’éviter de finir étalée comme une marionnette dont on n’a plus l’utilité. Elle sent des doigts sur son poignet et sur son bras. Son esprit n’est pas en mesure de traiter convenablement cette information tactile. Elle se laisse guider. Que peut-être elle faire de plus dans son grippal ? Même dans son évidente faiblesse, il faut que sa sœur fasse tout pour la pousser à bout. Tirer sur le corde, Moïra n’en peut plus. Elle n’en peut plus de subir des reproches sur son comportement d’enfant brisé. A un moment, sa sœur devrait grandir et cesser de vouloir briser chaque tentative de son côté. Ce n’est pas elle qui s’est éloignée de tout le monde à la mort de Kyle. Ce n’est pas elle qui pense qu’elle n’est pas un membre à part entière de la famille. Elle sème le mal autour d’elle mais n’en assume jamais les conséquences, elle fuit. Elle LA fuit. Car visiblement, cela ne lui pose pas de problèmes de renouer avec des personnes comme Harper Auburn. Non bien sûr, elle, elle lui a tout pardonné. Tout ce qu’elle voulait, c’est qu’Abigail se batte pour elle ! Quelle injustice. Que de rancœurs amères.

Rejoignant le canapé. La sorcière ne peut s’empêcher de sentir un pincement au cœur en pensant que son aînée doit se sentir animée par de la pure gentillesse, de l’altruisme et tout cela…bien sûr ! Pourtant, elle est la raison de son actuel faiblesse. Elle est la raison de tous ses tourments. Mais bien sûr, ce n’est pas dans ses cordes d’accepter ses fautes et de se remettre en question. Moïra est fatiguée de tout cela. Elle ne supporte plus le bourdonnement dans ses oreilles. Pourquoi faut-il qu’elle choisisse ce moment pour venir lui faire subir l’enfer ? Si vraiment, elle ne voulait que son bien pourquoi s’entête-elle à lui faire du mal ? Moïra se glisse dans son refuge dans le coin du canapé. Sa vision finirait bien par revenir normal à un moment donné. Pour l’instant, il lui fallait recouvrer suffisamment de force pour tenir tête à son aînée, juste encore un petit moment. Moïra avait peur de sa réaction. Elle, qui venait de livrer sa dernière bataille pour lui délivrer ses sentiments les plus profonds avec toute la sincérité dont elle pouvait faire preuve. Ses ressentis. Ses cicatrices. Son espoir. Son amour pour elle. Bordel. Quelle faiblesse ! Quelle idiote ? Gardant les yeux hermétiquement fermés, le front appuyé contre le bras du canapé, elle hoche simplement la tête, donnant son accord pour subir l’ultime tsunami.

Agitant la main, la sorcière lui donne l’ascendant. De toutes façons, elle ne sent plus en mesure de livrer la moindre bataille. Alors, autant la laisser déverser tout ce qu’elle veut. Pour ainsi dire, elle n’est pas bien certaine de ce qu’elle désire. Elle a peur. Peur de tout ce que va lui reprocher, une fois encore, son aînée. De toutes façons, tout est de sa faute, elle n’est pas une MacFusty, elle ne mérite rien. C’est bien compris. Puis, au-delà de sentiments personnels, dans son état avancé de maladie, la sorcière n’est pas sûre de retenir la moitié des propos d’Abigail. Alors, Moïra essaie mais parfois les mots se mélangent dans sa tête. Elle essaie encore de se concentrer du mieux possible mais les phrases mettent du temps à se mettre en ordre dans sa tête palpitante. Purée. Pourquoi faut-il que sa sœur choisisse le pire moment pour soudainement devenir bavarde hein ? Agacée, Moïra se force à ouvrir les yeux, grimaçant à cause de la lumière de la pièce. Stupide grippe ! Elle se décide à fixer un point derrière la silhouette de sa sœur au pied du canapé. Ce n’est pas très respectueux mais toujours mieux que se terrer dans le plaid du canapé, les yeux clos. Tant pis, si cela ne lui convient pas. En tout franchise, la plus jeune peine à saisir ou l’emmène Abigail. Alors, est-ce uniquement son état général ou le fait qu’effectivement son aînée soit carrément nulle en communication avec autrui ? Ah. Quel duo.

La sorcière perçoit bien que les anecdotes de leur enfance pèsent lourd dans le coeur d’Abigail. Mais encore une fois, elle l’accuse. La jeune femme aurait pu hurler à cet instant si elle en avait la force. Elle n’était qu’une gamine traumatisée. Et Abigail ressortait de vieux dossiers, comme s’il n’y avait que cela qui comptait c’est ses sentiments à elle… sans prendre en compte les siens et son expérience de vie, sans chercher pourquoi elle avait repoussé Abigail. En toute franchise, la jeune femme ne se souvient même pas de ses événements bien trop flous et douloureux. Lorsqu’elle se réveillait c’était à cause d’affreux cauchemars reflétant toujours la même vision, celle de ses parents se faisant assassiner atrocement par des mangemorts, son village avalé par les flammes. Elle n’a pas envie d’y repenser. Elle a tant travaillé pour les voir disparaitre de son esprit ! Encore une fois, Moïra comprend juste qu’à la moindre difficulté Abigail l’a abandonné, l’a laissé toute seule. Jusqu’à qu’un autre membre de la famille n’ose affronter une gamine sous terreur nocturne pour la réconforter. Le reste tourne encore et toujours autour de sa souffrance personnelle. Egoïste disait la petite voix dans la tête de Moïra. Mais finalement, n’étaient-elles pas toutes les deux ? Peut-être bien. Alors, trop c’est trop.

Peu désireuse de se pencher sur la question, la sorcière secoue la tête, se mordant la langue pour ne rien répondre. Ne pas céder. Alors, elle la laisse finir. Tout finir. Elle attend que Abigail ne puisse plus dire un mot de plus, qu’elle ait tout déverser une bonne fois pour toute. Une fois que celui fut fait, il ne reste que le silence entrecoupé par les pleurs d’Abigail. Moïra remue lentement vers l’avant, posant ses pieds sur le tapis. Ses yeux verts trouvent ceux de sa sœur. C’est beaucoup à avaler, sans doute beaucoup trop pour une personne humaine normalement constitué. Elle ne sait  pas par ou commencer. Elle n’a pas la force de rebondir sur chaque point. A quoi point aussi ? Remuer encore et toujours le passé. Non, ce n’est pas ça la solution. Cela ne sert à rien de s’accuser mutuellement de tout et de rien. Ce n’est pas ainsi qu’elles avanceront. Moïra sait ce qu’elle veut. Il ne reste plus qu’à s’en donner les moyens. Soupirant, la jeune femme glisse sur le sol et rejoint son aînée. Se mettant en tailleur à son niveau, elle attrape sa main et l’emprisonne dans la sienne.

- Tu ne le vois pas, pas vrai ? Tu me reproches des choses. Tu me reproches tes malheurs. Je n’en suis pas plus responsable que toi, Abigail. C’est trop facile de me détester puis de m’aimer et d’encore plus me détester par ce que tu m’aimes. C’est à tes parents que tu te dois dire certaines de ces choses, pas à moi, commence-t-elle, caressant du pouce le dos de sa main.

Ses yeux parcoururent son visage trempé de larmes. Tremblante sa seconde main le rejoint pour y effacer les perles salées. Sa sœur vient tout juste de craquer devant elle. Moïra ne comprend pas vraiment tout mais il lui semble qu’elle ne peut pas lui en demander plus. Ce ne serait pas juste de sa part. Elle n’a pas envie de poursuivre cette guerre d’accablement entre elles. Œil pour œil, tout cela ne sert strictement à rien. Elles veulent la même chose. Le cerveau de la sorcière fonctionne assez bien pour saisir cela. Cette soudaine sagesse vient peut-être de son état de fatigue ou peut-être a-elle enfin eu un déclic, les morceaux du puzzle qui manquaient…ou peu importe quoi. Ce n’est pas important. Pas vraiment. Ce qui l’est en revanche, c’est de dire la vérité et d’accepter celle de l’autre.

- C’est la seule chose que tu m’as permise de toucher – ta maladie, Abigail. Tu crois être la seule à user de prétexte ? Pardon de te décevoir mais il n’y pas qu’un petit génie chez les MacFusty. Et pardon d’être reloue à tes yeux, mais oui, ta santé m’emporte plus que celle de quiconque, que tu le crois ou non. J’en ai marre que tu en doutes. Je fais de mon mieux moi aussi, Abigail, parce que nous sommes une famille, poursuit-elle, ses yeux trahissant ses sentiments douloureux.

Elle reste calme malgré ses tremblements et ceux de sa sœur. C’est comme être dans une sorte de transe. Un regain d’énergie pour terminer cette bataille. Et ça lui en coûte mais la victoire en vaut tellement la peine et pas que pour elle, mais pour toutes les deux. Alors, elle essaie tant bien que mal d’expliquer, de comprendre et de ressentir sa sœur. Elle dévoile à son tour tout en serrant plus fermement ses doigts dans les siens.

- Je ne peux pas oublier aussi facilement des mots aussi durs. Mais je peux te pardonner, j’imagine, mais ce n’est pas facile, tu sais. Vous êtes tout pour moi. Je n’oublierai jamais mes parents biologiques et parfois c’est dur, j’ai l’impression de les trahir parce que je vous aime tellement. Vous êtes ma famille, les personnes qui m’aiment et que j’aime de tout mon cœur, d’accord ? Alors, arrête de dire des conneries, par pitié. Kyle est mort. Mes parents le sont aussi. On ne peut pas changer le passer. Rien, ni personne, ne va les ramener. C’est comme ça et on doit vivre avec. Mais on doit affronter ce chagrin ensemble. C’est à ça que sert une famille, qu’elle soit unie par le sang ou par les sentiments. Je veux affronter ça avec toi.

S’assurant que le message passe bien, elle détache de son cou son précieuse talisman et le glisse dans la paume de la main de son aînée. Doucement, elle refermer un à un les doigts sur le collier et le pendentif dont elle ne se sépare jamais. Abigail comprendra le message, elle l'espère de tout coeur. Puis, elle termine à bout de souffle.

- Et maintenant, je vais te serrer dans mes bras, ok ?

Et elle le fait. Elle attire sa sœur contre elle, contre son cœur battant et glisse ses bras derrière son dos. C’est nouveau. C’est rare. C’est précieux. Moïra ne veut pas perdre ce moment – jamais. Un flot d’émotions éclatent en son corps. A-t-elle seulement déjà prise Abigail dans ses bras ? Moïra n’est pas même pas capable de s’en souvenir. Mais ce câlin-là, elle veut s’en souvenir toute sa vie. C’est une première fois. C’est un aveu. C’est une promesse. C’est tout ce qu’elle peut lui donner pour lui faire comprendre ses sentiments à elle. Elle espère vraiment ce sera suffisant. Qu’elle a su trouver les bons mots pour apaiser les tourments de son aînée et leur créer une nouvelle chance de vivre ensemble comme de vraies sœurs.

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Abigail MacFusty
Abigail MacFusty
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Mar 12 Avr - 21:57

Mars 2021

De manière répétitive, j’essuyais inlassablement mes joues trempées de larmes. J’étais une personne émotive, Moïra le savait bien, je pleurais très facilement, c’était plus fort que moi, j’étais comme ça, à cœur ouvert. L’âge ne m’avait pas rendue plus forte, ou moins sensible. J’étais peut-être simplement devenue plus discrète. Voilà pourquoi, malgré que ma sœur soit assommée par la fièvre, je n’avais pas pu me retenir de tenir mon discours. Il fallait que ça sorte. Tout ce que je ressentais depuis si longtemps. Encore une fois, elle m’avait poussé à bout, et j’ignorais si ça avait été une démarche judicieuse ou non. Mais, au moins, c’était sorti.
Séchant ma joue droite, encore une fois, du dos de ma main, je l’observais se laisser glisser devant moi pour s’asseoir en tailleur et attraper ma main. Il me fallut lutter contre le réflexe primaire d’un mouvement de recul. Non pas que je ne voulais pas qu’elle me touche, mais parce que j’étais à fleur de peau, et hélas, parce qu’avec Moïra, je ne me sentais pas en sécurité, ironie du sort puisqu’elle était ma médicomage. En réalité, dans cette situation il n’y aurait sans doute que Harper qui aurait été capable de me toucher sans que je ne sursaute un peu. Malgré tout, je me détendais instantanément et osais enfin confronter son regard émeraude alors qu’elle rassemblait ses idées à voix haute. Oui, mais voilà, elle parlait de reproches. Des malheurs de ma vie. Elle avait compris de travers. Comme d’habitude. Pourquoi donc m’évertuais-je à lui expliquer les choses par A plus B si de toute façon elle ne comprenait rien.
Elle est malade.  Elle a de la fièvre.
Je sais ce que c’est que d’êtres dans cet état. On ne capte pas bien les choses.
Admettons que ce soit à cause de son état.
Je me mordais la lèvre et détournais le regard.

- Idiote… t’es pas responsable de mes malheurs, tu l’as jamais été. Et ce sont nos parents. J’appuyais le mot de possession. T’inquiètes pas qu’on a déjà eu de longues discussions.

Surtout ces derniers temps, à l’approche de mon mariage, de cet héritage qui allait me tomber sur les épaules et dont je ne voulais pas, à cause de ce voile froid de la faucheuse. Parce que c’était un devoir qui aurait dû incomber à notre frère.
Il fallait vraiment que Moïra comprenne que même si je lui en avais voulu un temps, j’avais décidé, lors de notre dernière entrevue, de tout laisser tomber, de tout abandonner. Je ne voulais plus vivre dans la colère et la frustration. Je voulais tourner la page… et j’avais la sensation qu’elle voulait la même chose.
Alors, je reprenais mon courage à deux mains pour soutenir à nouveau ses yeux. Attentive, je l’écoutais avant de souffler, amusée, alors qu’elle sous-entendait que je me voyais comme un petit génie. À nouveau, je baissais le regard pour observer nos mains jointes. Jamais je ne m’étais qualifiée de la sorte, mais j’étais heureuse qu’elle se voie ainsi. Elle n’avait jamais trop douté de ses compétences et c’était quelque chose qui faisait qui elle était. Une sorcière de talent.
Comme toute réponse, je me contentais de hocher un peu la tête, un léger sourire à la commissure de mes lèvres, mais je ne me permettais aucun commentaire. C’était sa manière de voir les choses, c’était ses ressentis, et je n’avais pas envie de la contredire ou de me justifier. J’en avais déjà trop dit et trop fait. Le temps était aux confessions, vider nos sacs, je l’avais fait. Alors je la laissais faire. Je la laissais déposer sur mon autel tout le venin et les reproches qu’elle avait à mon encontre. Je les accueillerais sans sourciller, lui démontrant que, non seulement je ne fuyais pas, mais qu’en plus, je la soutiendrais sans faillir un seul instant.
Après tout, j’avais un rôle de grande sœur à honorer.
Seulement… j’ignorais comment faire, on ne me l’avait jamais appris. Ça semblait couler de source pour Kyle, d’être un grand frère.
Kyle était si exemplaire.

Tant bien que mal, j’essayais de garder contenance alors qu’elle me parlait de ma santé. Puis elle serra mes doigts plus fermement, rappelant mes iris dans les siennes.
Ne pas pouvoir oublier, ça, je le comprenais que trop bien. Avec toute la force et le courage dont je pouvais faire preuve, je me fis violence pour ne pas détourner le regard, pour lui montrer que je l’écoutais et que j’avais les épaules pour porter ce qu’elle me confiait. À dire vrai, qu’elle me pardonne ou non m’était égal. Ce que je souhaitais, c’était que nous puissions avancer ensemble. Je m’étais excusée, plusieurs fois. Que pouvais-je faire de plus ? Le reste lui appartenait, hélas, mais si je pouvais effacer ce que j’avais dit, alors je le ferais.
Mais lorsqu’elle évoqua sa famille de naissance et Kyle, mon cœur se souleva. Ses mots étaient crus, et je réalisais présentement que je n’étais toujours pas prête pour pouvoir accepter ces simples faits réels. Ils sont morts. On ne peut pas changer le passé. On ne peut pas les ramener.
Bien sûr, je le savais. Ma tête le savait. Pas mon cœur.
Je ne pouvais pas vivre avec. Ou plutôt, je ne pouvais pas vivre sans.
Un long soupir plaintif traversa mes lèvres et, pétrifiée, je recommençais à pleurer. Sans hoqueter, sans frissonner. C’était un chagrin profond, abyssal. Elle voulait qu’on affronte notre chagrin ensemble. Depuis l’accident, c’était tout ce que je m’étais interdit. Nos parents et elle savaient ce qui était arrivé. Mais ils n’avaient pas besoin des détails. Ils n’avaient pas besoin de voir mes souvenirs dans la pensine que je cachais chez moi à Soay. Ils n’avaient pas besoin de voir à quel point je me négligeais en été à cause du chagrin. Ils n’avaient pas besoin de m’entendre hurler ma douleur, la soulageant uniquement que quelques jours.
Je ne pouvais pas partager ça. Je ne pouvais pas partager mes crises. Je les cachais même à Harper.
Ouvrant la bouche, j’allais répondre, mais la jeune femme décrocha son collier pour me le confier, avant de s’adresser à nouveau à moi.
Un tressaillement parcourut mes épaules à l’affirmation de la jeune femme. Heureusement qu’elle avait eu la délicatesse de me prévenir, car sans doute l’aurai-je rejetée, encore une fois, par réflexe, et non pas parce que je n’avais pas envie qu’elle me touche. C’était même tout le contraire. Je ne demandais que ça. Tout comme j’essayais de prolonger nos entrevues médicales.

Figée comme une putain de plante verte, je me laissais entraîner contre elle. Je me sentais poser ma tête sur son épaule, et je concentrais mon attention sur ses bras qui glissaient dans mon dos.
Mon cœur s’emballa sensiblement à cette sensation nouvelle, ivre de ce contact que je n’avais pas envie de rompre. Les yeux écarquillés, je restais coi, les bras ballants pendant de longues secondes. Les secondes où j’avais retenu mon souffle tant je ne croyais pas à cette situation. Quand est-ce que j’allais me réveiller au juste ?
Mais, mécaniquement, l’air vint à manquer. Alors j’inspirais profondément. L’odeur de ma sœur ne fut jamais aussi entêtante. Alors certes, il fallait passer par-dessus la transpiration et l’état de sa grippe, mais il y avait le reste. Plus profond, plus réelle, plus vrai. Cette odeur bien à elle, unique. Elle s’insinua en moi et me fit frémir, me permettant enfin de retrouver le contrôle de mon corps. À mon tour, mes bras vinrent se serrer dans le dos de la sorcière. De ma sœur. Scellant ainsi notre première véritable étreinte depuis notre enfance. Scellant tacitement notre promesse d’essayer d’arranger les choses entre-nous. D’enterrer la hache de guerre.
Petit à petit, je serrais ce corps dans mes bras de plus en plus fermement. Mais je ne pleurais pas. Cette étreinte me redonna le courage nécessaire pour continuer cette entrevue éprouvante avec Moïra. Après de longues minutes tendres, je rompais enfin le silence dans un murmure de confession.

- J’ai besoin de temps. Pour Kyle. Pour le moment, je n’arrive pas à partager ce que je ressens. Je ne sais pas comment faire.

Elle était déjà traumatisée par le décès de ses parents, elle n’avait pas besoin que j’en rajoute une couche, pas vrai ? Non vraiment, il fallait que je garde tout ça pour moi.
Redressant mes mains, je raccrochais son collier autour de son cou avant de me redresser sensiblement, sans pour autant renoncer à notre étreinte. Tendre, je passais mes doigts dans sa chevelure. Toujours sur un ton posé et léger, pour ne plus brusquer sa tête qui devait être sur le poids d’exploser à cause de la fièvre, je continuais.

- Je vais préparer tes médicaments. Retourne sous ton plaid.

Sans me défaire de ma douceur, profitant qu’elle soit à ce point proche de moi, je la saisissais pour l’aider à se redresser et se remettre sur le canapé. L’emballant comme un sushi dans son plaid, faisant bien attention qu’il n’y ait aucun trou pouvant créer de courant d’air, j’attrapais les décoctions que j’avais trouvées plus tôt dans sa cuisine et en regardait le contenu. Je n’étais pas idiote, et j’avais l’habitude de certains mélanges, non seulement parce que j’en prenais moi-même depuis de nombreuses années, mais aussi parce que j’avais l’habitude de soigner des créatures. Et sans avoir suivi de formation en médicomagie, je savais que Moïra allait avoir besoin d’une dose de cheval (je fais des blagues).
D’un coup de baguette magique, je préparais de l’eau chaude pour un thé puis me concentrais sur les doses prescrites dont ma sœur allait avoir besoin pour sa guérison. Je préparais plusieurs flacons afin qu’elle ait un traitement pour les heures à venir et même demain… quand bien même je n’avais pas envie de la quitter et la laisser dans ce piteux état. De toute façon, à quoi bon ? Il était trop tard, le mal était fait, j’allais de toute façon tomber malade, alors autant rester et l’accompagner à fond. La première fiole prête, je la lui tendais.

- Cul sec.

Ce fut à cet instant que la tasse de thé fumante arriva par magie et se posa sur la table basse devant le canapé. Pile-poil. Moi, je restais à genoux pour rester à hauteur de ma sœur et la fixait avec compassion et douceur. Hésitant un instant, j’osais rajouter.

- Tu sens le bouc… il te faut vraiment prendre une douche.

Dis celle qui avait humé profondément son odeur sans être dégoûtée un seul instant. Mon petit sourire en coin démontrait que j’essayais de faire de l’humour, histoire de rompre, encore un peu, la mauvaise ambiance qui pouvait régner entre nous.


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Dim 17 Avr - 22:41

Abi & Moïra
I'm not sick of you...yet




Mars 2021

Ultime moment pour tendre la main à sa sœur. Moïra craignait que son geste soit mal interprété par celle-ci. Elle voulait sortir de ce cercle vicieux instable perturbant la vie des deux sœurs depuis tellement d’années. S’il y’a bien une chose à laquelle Moïra excelle c’est prendre le taureau par les cornes. A présent, à voir, comment sa sœur allait accepter ce don – cette offrande de paix de sa part. Absolument incertaine malgré l’air confiant qu’elle utilisa pour parler et apaiser, elle l’espère, son aînée. Abigail est triste. Elle est touchée par tout ceci. Moïra l’est également. Elle sait et connait sa sœur malgré ce que celle-ci peut penser. Elle a toujours veillé sur elle, qu’elle soit sa médicomage ou non. Elle a gardé un œil lointain voire très lointain durant des années mais n’a jamais manqué de remarquer certains détails qui n’en ont jamais été pour elle. Mais qu’il était dur de faire semblant de ne pas les voir pour ne pas brusquer Abigail, pour qu’elle ne la raye pas totalement de sa vie. Et maintenant, qu’elle était à un fil de la voir disparaître à nouveau, elle n’a pas pu la laisser faire. Faible. Voilà, ce qu’elle est. Elle lui a avoué sa peine, ses besoins enfouies, sa douleur, sa volonté de créer un lien avec la seule famille qui lui reste en dehors de leurs parents. Moïra s’est ouverte et a retiré son armure. Maintenant, elle a peur. Son petit doigt lui dit qu’elle n’est pas la seule.

Elle regarde distraitement, à cause de l’étau autour de sa tête, Abigail essuyer ses larmes. Le simple contact de sa main lui donne de l’espoir. Ce n’est pas habituel. Ce n’est pas dans un contexte médical, du moins, pas de Moïra envers Abigail. Cette fois-ci c’est bien différent. Et elle le ressent. Elle est encore plus précautionneuse dans son toucher, comme si un faux pas pouvaient brusquement déchirer le fil qui se construisait petit à petit entre elles depuis leur dernier rendez-vous médical. Toutes ces années de perdues pour oser s’avouer l’une à l’autre – un gâchis pour un œil extérieur mais ce la ne rend que la chose plus précieuse pour celles qui vivent le moment présent. Elle est douce berçant la main fraiche à son contact, trop fraiche, de son aînée. Elle résiste à l’envie de faire perdurer un contact plus appuyé. Elle n’ose pas et ça la brise de prendre autant de pincettes avec celle qui partage son nom de famille, à défaut de son sang. Abigail est spéciale autant dans son cœur que dans la vie. Moïra n’a jamais rencontré quelqu’un comme elle. Enfant, elle l’admirait tout comme Kyle. Ils étaient presque des demi-dieux à ses yeux. Ils étaient les enfants de son sauveur. Ils étaient son brillant avenir. Pourtant, si différents l’un de l’autre, la sorcière n’a jamais réellement compris son aînée. Trop de cicatrices sillonnent leur passé en commun, mais ne s’estompent-elles pas avec le temps ?

Sa sœur se brisa dans ses bras. Moïra resserra son étreinte, la tenant d’une telle manière protectrice que l’on en douterait que ce soit bien les deux MacFusty. Elle pouvait comprendre qu’elle n’était pas prête pour affronter la mort de Kyle. Après tout, elles n’étaient pas sur le même pied d’égalité sur beaucoup de points. D’une, leur sensibilité différait et de deux, la sorcière y avait déjà été confronté à ce genre d’horreurs et elle avait reçu un soutien indéfectible. Là, où Abigail s’évertuait à se renfermer et éviter d’affronter tout cela ou de l’affronter à sa manière. Une façon de faire que Moïra ne parvenait pas à concevoir en raison de leur différence. Elle n’avait pas le droit de changer de sa sœur ou d’exiger cela d’elle. La jeune femme le comprenait mieux à cet instant en la serrant contre elle. Peut-être pourrait-elle simplement commencer par être là ? Sans émettre de paroles. Juste être là. Il leur faudrait trouver un équilibre dans leur communication mais Moïra avait envie d’y croire. Qu’après tout cela, ce serait possible. En sentant la pression venir d’Abigail, la sorcière sut qu’elle avait, pour une fois, fait quelque chose de juste envers son aînée. Rassurée par la réaction positive, elle entreprit de lentement faire glisser ses paumes dans son dos. Elle ne mettait pas trop de pression la sachant sensible et puis tout était si nouveau pour elle aussi. Elle se surprit même à fermer les yeux se laissant aller à un repos mérité dans leur étreinte. C’est la voix d’Abigail qui la ramena à la réalité après plusieurs minutes.

- Je l’entends, Abigail, sache juste que je suis là. Nous n’avons pas besoin d’échanger de paroles pour ça. C’est juste… non-oublie, l’important c’est que tu prennes du temps, finit-elle, simplement décidée à lui faire comprendre qu’elles pouvaient partager autrement leur deuil par d’autres moyens.

Moïra aurait voulu lui dire à quel point c’était dur de vivre ça sans elle. Sans sa famille en entier. Les voir s’éloigner et se disperser, ça lui brisait le cœur et l’effrayait au plus haut point. Mais ce serait n’être que trop égoïste de lui demander d’accepter de partager sa souffrance avec la sienne. Trop tôt. Trop gros. Moïra lui offrit à la place un petit sourire empli d’espoir. S’il fallait qu’elle morde sa langue à de nombreuses reprises pour éviter de tout gâcher, elle le ferait alors et tiendrait bon, le temps qu’il faudrait. Epuisée, elle sentit les larmes au coin de ses yeux lorsque son aînée fit passer la chaine et le pendentif autour de sa nuque. Ce geste valait tous les mots pour l’instant. Ravalant ses larmes, elle hocha simplement la tête à sa demande.

- D’accord.

Ça non plus, ça n’était pas dans ses habitudes mais de telles conversations avec Abigail avait largement tendance à épuiser toutes ses ressources. Et il faut dire qu’en ce jour particulièrement compliqué, elle n’en avait déjà pas beaucoup. Alors, inutile de jouer la brave plus longtemps. Elle laisse sa sœur l’aider à se réinstaller sur le canapé et accepta la douceur du plaid avec un grand soulagement.

- Merci. Merci d’être venue, chuchota-t-elle, à l’attention de son aînée.

Puis, elle se recroquevilla le cœur beaucoup plus léger dans son petit coin de canapé. Ses yeux se fermèrent à nouveau. Ses pensées voletaient dans tous les coins. Son cœur battait plus fort qu’à l’accoutumée, car cela représentait à ses yeux un renouveau salvateur. Elle avait l’impression que quelque chose de merveilleux allait enfin se passer entre Abigail et elle. Elle voulait y croire fermement et que ce n’était pas qu’une illusion à cause de la fièvre. Le battement dans ses oreilles la dérangeait mais elle avait l’impression de voler de nuage en nuage. Ses lèvres gercées esquissaient même un petit sourire de contentement sans doute le résultat de ce contact physique avec l’héritière MacFusty. Moïra porta la fiole apportée par Abigail et la but sans hésiter. Pour tout dire, elle espérait sincèrement que celle-ci fasse effet rapidement parce que ça commençait vraiment à devenir compliqué pour elle. Elle grimaça pour la forme lorsque l’odeur du contenu des médicaments effleurèrent ses papilles.  Un jour, peut-être, devrait-elle se pencher sur le goût des remèdes, ça pourrait la rendre riche cette histoire !

Ses yeux se posèrent avec envie sur la tasse fumante se posant sur la table. Avec la vivacité d’un paresseux, elle s’en saisit et la colla contre elle pour se réchauffer. Elle souffla plusieurs fois dessus avant de pouvoir sirotes quelques gorgées s’en délectant avec un grand plaisir. Pendant tout ce temps-là, Abigail restait à ses côtés. C’était bizarre mais dans le bon sens. Moïra ne le commenta pas se contentant de grimacer à sa remarque.

- On ne dit pas à une dame qu’elle pue même si c’est vrai et que c’est l’odeur la plus indescriptible que tu aies jamais sentie de ta vie, grommela-t-elle, sans aucune animosité.

Abigail qui se met à faire de l’humour, c’est nouveau ça aussi. Peu décidée à accéder à cette demande dont elle envisageait déjà l’épreuve colossal, elle replia ses genoux contre sa poitrine. Elle buvait lentement laissant ses pensées dérivées à mesure que le médicament l’aidait à retrouver un semblant de vie normale. Finalement, une fois la tasse vidée, elle jeta un coup d’œil à Abigail. Son petit doigt lui disait qu’elle tenait vraiment à ce que sa cadette prenne une douche. Ronchonnant comme une gamine de six ans, qu’elle n’était plus, elle finit par accepter.

- Ok, je vais la prendre cette douche mais en échange pour épargner tes délicates narines, j’aimerais que tu me cuisine le bouillon de poule de maman. D’accord ? tenta-t-elle de monnayer avec un air on ne peut plus angélique.


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Abigail MacFusty
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Mer 20 Avr - 9:24

Mars 2021

Je n’étais pas dupe, et je savais qu’un jour j’allais devoir faire face au décès de Kyle, à cette épreuve que je me refusais d’affronter, parce que je ne voulais pas le laisser définitivement partir. Si je faisais mon deuil, Kyle partirait. Pour toujours, et ça, ça m’était complètement inconcevable. Je préférais vivre dans la souffrance de son manque, plutôt que de tourner la page et me risquer à l’oublier, ce qui reviendrait à, un peu, renier son existence. La douleur que j’éprouvais chaque jour et d’autant plus en été, me rappelait sans cesse son visage, son odeur, la chaleur de sa peau, la douceur de ses cheveux et l’éclat dans ses yeux.
De ce fait, depuis l’accident, j’avais secrètement admiré Moïra qui elle avait dû faire face à deux événements tragiques. Ses véritables parents, et notre frère. Ma fierté et ma colère m’avaient dicté qu’elle s’en était remise parce qu’elle était trop fière et arrogante, qu’elle n’avait pas de cœur. Évidemment, je savais que c’était faux, car je ne pouvais pas oublier les nombreuses nuits à l’entendre pleurer et à essayer de la consoler, les rendez-vous chez le psychomage qui équivalaient presque à mes propres consultations pour ma maladie.

C’était terrible, de voir à quel point nous étions similaires elle et moi, et à quel point nous étions incapables de nous entendre. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi cela nous était si difficile de communiquer elle et moi, d’autant plus que nous voulions toutes les deux la même chose, et que nous étions toutes les deux des personnes douées d’intelligence, mais surtout, d’empathie.
Qu’est-ce qui avait merdé ?
Je me posais véritablement la question alors que j’avais ma joue contre la sienne et que je crispais légèrement mes doigts dans son dos pour accentuer mon étreinte.
Le deuil, j’ignorais comment le faire. J’ignorais comment m’y prendre, j’ignorais si j’y avais droit, j’ignorais si j’en avais envie. Alors, je le lui confiai. Ses paroles me touchèrent. Bien que j’avais déjà conscience de la situation, l’entendre dire donnait une nuance qui n’avait pas existé jusque-là. Mais comment pouvais-je faire face à ma propre erreur ? À ma propre incompétence qui avait ôté la vie de mon frère ? Le seul être au monde qui ne m’avait jamais jugé et qui m’avait, dès le premier coup d’œil, profondément aimé. Il m’avait toujours soutenu et avait toujours été patient avec moi. Comment pouvais-je partager la douleur de la culpabilité à ma famille ? Ils savaient ce qui était arrivé, il y avait eu des témoins, trop loin pour qu’ils puissent eux-mêmes agir. Mais moi… moi j’avais été là… et je n’avais rien fait.
Je trouvais miraculeux que l’ensemble de ma famille ne m’ait pas encore renié à cause de cette erreur, qu’ils ne m’en voulaient pas, et que, en sus, ils souhaitaient m’aider à traverser cette épreuve. Je ne comprenais pas.

- Je sais… merci.

La gorge nouée par l’émotion, j’étais incapable de répondre quoique ce soit d’autres. Comment Moïra pouvait-elle me proposer son aide alors que par ma faute, son frère était mort ?
Non, décidément, il m’était impossible de faire mon deuil, ce n’était pas concevable. La culpabilité que je ressentais allait m’accompagner jusque dans la tombe, elle était mon fardeau, et je me devais de la porter seule.

Pour autant, je préférais, aujourd’hui, porter le poids de la maladie de ma sœur. C’était quelque chose de plus concret, de plus tangible et de plus… présent. Si avec notre frère je n’avais jamais rien eu à devoir réparer, avec elle, c’était une tout autre histoire.
Voilà pourquoi j’étais soulagée qu’elle veuille bien obtempérer alors que je lui proposais de retourner sur le canapé, sous son plaid, pendant que j’irai préparer ses médicaments.
Tandis que j’étais en train de la recouvrir, j’étais en train de constater un point commun entre ma sœur et ma fiancée : c’était leur fierté de lionne. Un comportement qui m’était totalement inconnu puisque j’en étais, à mon avis, totalement dénuée.
Cette simple comparaison m’aida à davantage comprendre la sorcière qui me remerciait de ma présence. Touchée, je ne pus m’empêcher de sourire un peu, gênée. Il y avait quelques minutes de cela, elle voulait me chasser comme l’étrangère que j’étais, et maintenant, elle acceptait ma présence. Enfin ! Après toutes ses années. Et moi, maladroite comme j’étais, je m’entendais prononcer rien d’autre qu’un :

- C’est normal.

Ridicule petite Abigail. On n’allait pas avancer comme ça, vraiment pas. Préférant aller cacher mon malaise, je vis volte-face pour aller préparer les potions de ma cadette, et, les lui ramenant, je lui tendais la première fiole, accompagnée d’un thé qui eut l’effet de ranimer un peu de vie dans le fond de ses yeux émeraude.
Moïra pouvait me reprocher énormément de choses, mais la grippe, je la côtoyais comme une vieille amie, et je savais à présent ce qui pouvait aider le corps, et l’âme quand ils étaient sous l’épreuve de la fièvre. Me voulant encourageante, je me permettais que de brefs coups d’œil en direction du professeur de médicomagie, ne souhaitant pas avoir un regard trop insistant. De plus, il m’était encore difficile de soutenir son regard. Il me faudra du temps.
Je me permettais tout de même une remarque, une invitation devrais-je plutôt dire, afin de la soulager davantage. Sa remarque me fit sourire en coin, et je baissais le menton pour regarder mes pieds, les mains jointes devant moi, rappelant la petite fille que j’avais été.

- Je… n’ai pas dit que tu puais, mais que tu sens le bouc. C’est pas pareil… tu sais, je vis avec des Scrout à pétard et de la merde de dragons à longueur de journée. Crois-moi, les boucs à côté, ça sent la rose. Je battais des paupières avant de continuer. Mais la comparaison est mauvaise tu as raison, t’as pas les cheveux aussi bouclés que la toison de Zeus. Zeus était le bouc qui vivait sur mon île, à Soay, avec ses trois brebis. Mais je réalisais que je me perdais dans des absurdités, ce qui me tendit. Je commençais à enrouler nerveusement mes doigts entre eux, enfonçant ma tête dans mes épaules, et je me mis à bredouiller. Je… je veux simplement dire que… la douche… ça va… aider ton corps à régule sa température… enfin je… veux pas te donner de leçon tu… sais mieux ça que moi… je…

Tais-toi Abi, tu t’enfonces. Évidemment qu’elle sait que se mettre sous une bonne douche allait l’aider à calmer la fièvre, elle était ta putain de médicomage, bien sûr qu’elle sait tout ça. Idiote.
Le cœur battant à tout rompre, de crainte de faire une immense connerie, je venais presser l’arête de mon nez en essayant de reprendre un rythme cardiaque normal, car la panique faisait que mon cœur s’était emballé.
En entendant ma sœur ronchonner, je m’attendais à ce qu’elle m’assène d’une remarque bien sentie, et je l’attendais comme une condamnée… mais elle ne vint jamais. Au contraire, elle accéda à ma demande, en troquant un petit quelque chose qui me surprit. Je relevais sur elle un regard rond et abasourdi, constatant alors que la jeune femme bougonnait comme une enfant de six ans. Grand Merlin, quel âge avions-nous déjà ? Avions-nous tellement à rattraper que nous étions obligées de nous comporter comme des gamines ?
Cette pensée me fit sourire, et d’autant plus la demande de la sorcière. J’osais la regarder du coin de l’œil.

- Entendu. Sans plus attendre, je me dirigeais vers sa cuisine, mais m’arrêta en cours de route pour m’adresser à elle par-dessus mon épaule. Si tu as besoin d’aide, appelle-moi.

Ce n’était ni un ordre ni une invitation. Juste, qu’elle le fasse sans hésiter, ce sera parfait. Puis, laissant ma sœur à son intimité, je disparaissais dans la cuisine et commençait à fouiller les placards pour trouver au maximum ce dont j’avais besoin pour préparer son bouillon.
Notre mère, bien que sorcière, avait toujours mis un point d’honneur à préparer les repas elle-même. De temps à autre, nos elfes de maison (dont Bonnie) l’aidaient, mais c’était elle qui gérait les ingrédients et la cuisson. De plus, elle utilisait très peu de magie, car elle appréciait voir les moldus cuisiner. Elle disait que c’était meilleur quand on mettait de soi dans les choses, sans magie. On y transmettait l’intention.
J’avais toujours admiré cela. Et c’était en ce sens que je souhaitais cuisiner pour ma sœur aujourd’hui. Ma génitrice m’avait donné la recette depuis longtemps, et, heureusement pour Harper qui mangeait souvent n’importe comment (merci aux elfes de Poudlard qui avaient été là pour elle), je savais très bien cuisiner. J’aimais même ça.
Me mettant au fourneau, les gestes assurés, je dégainais ma baguette magique pour faire venir les ingrédients qui me manquaient, utilisant un Accio pour chaparder les cuisines de l’école. Ce n’était pas une assiette de bouillon de poule qui allait réduire considérablement le stock du château. Entre deux petites pauses, quand je surveillais la cuisson, je tendais l’oreille afin de m’assurer que tout aille bien pour ma cadette, puis je reprenais ma tâche. J’avais à cœur de veiller sur elle, maintenant qu’elle m’y autorisait enfin.
Une fois le plat préparé, j’apportais l’assiette sur la table basse du salon et patientait tranquillement, m’occupant alors de Macha qui était non loin. Comme s’il pouvait me comprendre et qu’il parlait notre langue, je lui parlais avec douceur.

- Tu as faim toi aussi ? Je demanderais à ta maîtresse où est ta nourriture. Je lui grattais la joue et sous le menton tout en continuant. Mes épaules se détendirent, mon visage se fit plus doux et serein. Les animaux avaient toujours eu le pouvoir de me calmer et de montrer mes véritables traits à mon entourage. Ça ne te dérange pas si je reste encore là un moment ? Je dois veiller sur elle, tu sais. On le fera tous les deux. Je n’ai pas envie de dormir dans son lit, pas même en chien, ça non… mais tu pourras t’assurer de sa bonne guérison et de son sommeil réparateur durant la nuit. Moi je suis habituée à dormir par terre… sauf si tu es d’accord de me prêter un coin de ton arbre à chat ? Promis je nettoie après. Le chat se mit à ronronner ce qui eut pour effet de me faire rire doucement. Sans me préoccuper de savoir si Moïra pouvait m’entendre, parce que je m’étais enfermée dans une bulle de confort, je continuais. Elle m’a tellement manqué. Je suis contente que tu aies été là pour elle, et tu continueras à l’être quand je serai absente hein ? J’espère que tout ira bien maintenant… J’ai peur que ce soit compliqué, mais j’ai vraiment envie que ça s’arrange… Je glissais mon index sur le front du chat. Vous êtes moins prise de tête, vous les animaux. Je crois vraiment que je ne suis pas née dans le bon corps.

Un sourire ironique étira mes lèvres et, fermant les yeux, j’observais un instant de silence, là, assise par terre, appuyée contre le canapé, continuant machinalement mes caresses sur le chat sauvage.
Lorsque Moïra revint, je rouvrais les paupières pour la regarder de biais et lui présentais son repas que j’avais gardé au chaud.

- C’est prêt. J’espère que ça te plaira, maman y rajoute un truc, mais elle n’a jamais voulu me dire quoi… alors j’ai rajouté mon propre truc. Je tournais le regard en direction de Macha et m’adressait encore à elle. Tu te sens mieux ? J'espère ne pas avoir trop raté la potion...

Les potions, ma matière noire par excellence, et Moïra le savait. Laissant la jeune femme s’installer et commencer à manger, je me permis de rompre le silence avant qu’elle ne le fasse, avant que je ne perde le courage que le chat m’avait transmis.

- Moïra je… voulais te demander… euhm… pour le mariage, est-ce que… est-ce que tu as envie de quelque chose ? La question sonnait mieux dans ma tête, alors j’essayais de corriger. Euh… Harper a proposé à Jin d’être sa demoiselle d’honneur… elles aussi elles essaient de faire en sorte que… que ça va mieux. Et je… enfin… J’ai toujours eu envie de te proposer quelque chose, mais… mais je n’ai jamais osé, à cause de… enfin… tu sais. Notre cousine allait être ma témoin, mais je tenais vraiment à ce que Moïra soit présente également, mais pas uniquement comme invitée. Je voulais qu’elle soit là, vraiment là. Tournant la tête dans sa direction, mes prunelles sombres vinrent chercher les siennes pour oser la regarder à nouveau sans détour. Du coup… voilà… qu… qu’est-ce qui te ferait plaisir ?

Pour la première fois de notre vie, je lui laissais le choix d’aller là où elle en avait envie, dans un jour extrêmement particulier pour moi. Je tenais profondément à ce qu’elle y participe, et ce, de la manière dont elle le voulait. Je voulais lui faire confiance, et je voulais le lui prouver.



Never Ending Circles
ANAPHORE


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Revelio:

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Sam 23 Avr - 17:34

Abi & Moïra
I'm not sick of you...yet




Mars 2021

Attendez, est-ce qu’il a vraiment fallu simplement mettre un peu d’eau dans leur vin pour qu’elles puissent avoir un semblant de conversation civilisée là ? Si son cerveau fonctionnait à régime naturel, Moïra aurait sans doute eu un court-circuit. Là, il faut bien avouer que la sorcière se laisse uniquement porter par l’euphorie du moment et peut-être celle de la fièvre. Comble du comble, il lui semblait même que sa sœur adoptive allait accepter sa main tendue. Décidément, il est clair qu’elle est actuellement très malade pour avoir une telle perception erronée de la réalité. Peut-être que lorsqu’elle se réveillera le lendemain, elle comprendrait que tout ceci n’était qu’un rêve, une distorsion de la réalité, certes agréable, mais totalement faussée. Touchée par les réactions de sa sœur, Moïra ne sait pas quoi ajouter de plus. Elle se contente uniquement d’être là, serrant dans ses bras, celle qui a toujours une place si importante dans sa vie que ce soit pour du positif ou du négatif.  Abigail finit par briser le cercle gênant en l’abandonnant au chaud enroulé dans son plaid. Elle revint, cette fois-ci, vite et avec dans ses mains de précieux présents pour la sorcière cadette. Obéissante, la plus jeune avala la fiole sans râler – quel exploit ! Avant de se précipiter, à sa manière, sur la tasse fumante. Celle-ci lui fit un bien fou, la réchauffant et lui donnant l’hydratation nécessaire à se sentir un peu plus vivante qu’auparavant. Le reste de la conversation se déroulait comme dans un rêve. Abigail faisait des tentatives d’humour auxquelles Moïra répondait sans détour, sans se vexer, sans cri, sans tasse qui s’envole… un vrai miracle !

- M’ouais, pardonne-moi, mais c’est tout comme, marmonna-t-elle, les coins des lèvres esquissant un début de sourire.

Un moment de complicité entre sœurs. La vache. C’en devenait presque flippant. Le premier depuis…pouah très longtemps, trop longtemps sans aucun doute. La sorcière pourrait presque y prendre goût. Surtout en voyant Abigail essayer de se dépatouiller du mieux possible tout en marche sur des œufs.  Quel rare plaisir ! Contrairement à d’habitude, l’enseignante n’avait pas envie de se moquer de l’attitude de son aînée. A la place, elle se contenta d’un sourire franc pour empêcher Abigail de se faire des films qui pourraient avoir un effet désagréable sur leur conversation agréable (pour une fois).

- Entre nous, je pense, que tu es la mieux placée pour en connaître tous les effets bienfaiteurs. Et deuxième aparté, je ne suis pas sûre que mon cerveau soit branché en mode médicomage aujourd’hui, alors, ta proposition est la bienvenue, lui avoue-t-elle, avec un air trahissant ses véritables émotions au fond des prunelles.

Non, elle ne prend pas mal les propositions d’aide de sa sœur. Cependant, oui, elle s’inquiète pour la quantité énorme de virus qui circulent dans son appartement. Ceux-ci doivent fondre sur le système immunitaire d’Abigail avec un grand enthousiasme. Chassant cette idée de son esprit pour ne pas provoquer un nouvel incident diplomatique, Moïra se contenta de jubiler à son accord concernant le bouillon de poule. Se retenant de paraître encore plus pour une gamine de six ans et demi, elle se lève prenant le temps pour éviter d’avoir la tête qui tourne. Elle se tient à l’accoudoir par précaution, s’assurant que sa sœur ne voit pas ce petit moment de faiblesse. Heureusement, celle-ci semble avoir compris que lui laisser un peu d’espace serait une bonne idée. Rassurée, Moïra se contente de ricaner en réponse.

- Ne t’en fais pas, si je me noie, tu seras la première à entendre mes cris de détresse ! lance-t-elle, assez fortement malgré sa voix rauque pour être sûre que sa sœur l’entende.

Hm. Lui demander de l’aide ? Trop gênant. Moïra n’irait pas jusqu’à la noyade certes mais hésiterait sans doute longuement avant de faire preuve de faiblesse enfin…plus que là quoi. S’assurant que ses jambes allaient bien la porter jusqu’à sa destination, Moïra en prend la direction en faisant de petits pas au début puis elle erre dans son propre appartement. Une fois, à l’intérieur de la salle de bain, elle ferme la porte. Sa respiration est déjà râpeuse. Elle grogne espérant que la fiole médicinale ne mettra pas trois plombes à la faire se sentir mieux. Lentement avec bien peu de méthodes, ses vêtements volent les uns après les autres atterrissant sur sol de la pièce bien vite encombrée. Nue comme le jour de sa naissance, elle se réfugie rapidement dans la grande douche. Ses mains s’activent à enclencher le jet d’eau chaude, peut-être même brûlante à ce moment-là. Elle tremble de tout son corps même ses dents s’entrechoquent jusqu’à trouver la température parfaite pour délasser ses muscles et se débarrasser de l’odeur de se peau. A la place, elle se force à garder les yeux ouverts ayant effectivement promis à sa sœur de ne pas se noyer. Se sentant déjà faiblir, elle savonne rapidement son corps de haut en bas, n’oubliant pas un semblant de parcelle de peau. Puis, elle s’occupe de ses cheveux sans dessus dessous. Une fois bien propre, elle sort de la douche et s’enroule très vite dans le linge à proximité. Epuisée par cette simple action, elle s’assied sur la cuvette des toilettes prenant le temps de faire descendre les battements effrénés de son cœur.

Décidée à ne pas faire craindre le pire à Abigail, Moïra se leva et jeta un coup d’œil circonspect à ses affaires. Elle n’avait pas du tout l’intention de reporter les mêmes fringues. Vêtue uniquement de ses sous-vêtements, elle glisse sur ses épaules un long peignoir qu’elle serra fermement autour de son corps mince. Se penchant, elle attrapa ses vieilles chaussettes ultra chaudes et très moches, qu’elle enfila également pour se tenir chaud. Ayant la chance d’avoir des cheveux lisses, elle ne prit même pas la peine de jeter un coup d’œil à son reflet uniquement de passer ses doigts à travers. Satisfaite du résultat, elle entreprit de rejoindre la petite cuisine d’où la voix de sa sœur s’élevait. Fronçant les sourcils, Moïra s’arrêta dans le coin et entreprit d’écouter. A qui pouvait bien parler sa sœur aînée ? Une bouffée de chaleur envahit son être en écoutant les propos d’Abigail tenus à son chat, Macha. Ses lèvres esquissèrent en un sourire un peu las. Si seulement, sa sœur avait pu lui parler plutôt à cœur ouvert. Si tout cela, elle parvenait à le lui dire en face et non pas à son compagnon félin. Elle resta un long moment dans le silence, tout comme Abigail, prenant le temps d’absorber la conversation qu’elle venait de surprendre entre deux êtres si chers à son cœur.

- Moi voilà, fraiche comme un gardon ! lança-t-elle, en entrant le plus naturel possible dans le petit espace. Si tu dis encore que je pu, je t’assure que tu devras m’acheter de nouveaux savons pour mon anniversaire ou porter plainte sur les créateurs.

Ses yeux étincelèrent en l’entendant dire que le repas était prêt. Son ventre grogna également en réponse, celui-ci mécontent d’être délaissé depuis tant d’heures à cause de l’imprudence de la propriétaire.

- Oh, je suis sûre que ce sera parfait. Mon nez me le dit en tout cas ! s’amuse-t-elle, en tapotant la pointe de celui-ci, puis elle se penche vers Macha. Bah dis donc, y’en qui profite hein. Maintenant, je comprends mieux pourquoi tu n’es pas venue jouer la voyeuse. Tu étais trop occupée à profiter de ma sœur, tss.

Toujours sous l’effet de la douche qui lui avait, effectivement, fait un bien fou, la sorcière s’installa à table. Elle huma l’odeur s’élevant du plat et sourit d’anticipation.

- On dirait la maison, partagea-t-elle, ça fait du bien ! Et oui, grâce à toi, je me sens beaucoup mieux, merci.

Il est vrai que le domaine familial lui manque parfois. Elle est tellement prise par son travail et ses recherches qu’elle admet ne pas être la petit fille modèle. Jetant un coup d’œil à Abigail en pleine communion avec Macha, elle se demande si elle est la seule à se sentir coupable de délaisser leurs parents. A la place, elle amène une cuillérée à sa bouche et y trempe les lèvres. Ravie du goût sur ses papilles, elle ne perd pas de temps pour en amener une seconde, puis une troisième. Sans s’arrêter, elle lève dans la foulée un pouce en direction de sa sœur pour lui dire que c’est parfait. Tout ce dont elle avait besoin après sa longue douche chaude et surtout les aveux d’Abigail. Elle se fait d’ailleurs la promesse de ne pas être trop chiante avec celle-ci pour les …prochaines quarante-huit heures au moins ! Cela équivaut à une très grande déclaration de la part d’Abigail, elle n’est pas près de l’oublier. Le reste la laissa tellement stupéfaite qu’elle en lâcha la cuillère dans la soupe. Quoi ? Avait-elle bien entendu ?

- Attends, j’ai de l’eau dans les oreilles là ? Ou alors, est-ce la fièvre qui m’emporte ? la taquine-t-elle, pour la forme, trop heureuse de ses révélations pour lui laisser passer ça.

Reprenant son sérieux pour ne pas trop enfoncer encore plus sa sœur, déjà qu’elle faisait l’effort de tenter quelque chose en sortant de sa coquille, elle n’allait pas la remettre à l’eau non plus. A la place, elle se tourna vers elle lui faisant signe qu’elle blaguait.

- Ce serait un grand honneur que d’être à tes côtés sur ce jour-là. En plus, je dois avouer que Auburn n’est pas un mauvais parti, commence-t-elle, en repensant à une certaine escapade avec la fiancée de sa sœur. Par contre, c’est vrai que même si l’idée même de me retrouver aux côtés de Jin ne me comble pas de joie…quoique. Tu crois que vous pourriez faire un vote sur la meilleure demoiselle d’honneur durant la cérémonie ?

Portée par sa malice, Moïra se lève abandonnant son précieux bouillon car le devoir l’appelle auprès de sa sœur. Avec un air frôlant le sérieux ultime, elle finit par ouvrir les bras dans sa direction.

- Je veux bien être ta demoiselle d’honneur lors de ton grand jour, Abigail. Et je te promets même de me tenir à carreau à tel point que maman sera hyper fière de ses deux filles. Viens là sœurette, l’invite-t-elle à partager un second câlin (Va falloir s’y habituer).


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Abigail MacFusty
Abigail MacFusty
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Lun 25 Avr - 21:14

Mars 2021

J’enfonçais ma tête dans mes épaules en détournant les yeux à la remarque de ma sœur. Néanmoins, j’avais bien capté son sourire, ce qui engendra le mien. Était-ce seulement possible que nous puissions, au final, nous entendre ne serait-ce qu’un minimum ? C’était presque trop beau pour être vrai, et j’avais véritablement à cœur que cet instant entre nous continue, voilà pourquoi j’essayais d’arrondir les angles avec ma maladresse habituelle. Que les relations humaines étaient difficile purée, même avec Harper j’avais du mal. Vraiment, des fois je voulais rester sous la forme d’un chien et ne plus jamais revenir. C’était d’ailleurs presque arrivé à mon adolescence lorsque j’avais réussi ma transformation, et une seconde fois lors de notre rupture amoureuse quand Harper avait décidé de tout rayer de sa vie pour courir après un rêve.
Les paroles de ma sœur eurent cependant l’effet d’une enclume qui me tombait au coin de la figure. Pardon ? Elle était en train de dire que j’avais raison ? Et sur le sujet médical ? Wow, sa fièvre devait être vraiment mega violente, la pauvre.
D’un air ahuri, lui montrant bien que je n’en croyais pas mes oreilles, je l’écoutais, abasourdie, et après avoir accepté son troc, je m’élançais à la cuisine tout en souriant à sa réplique. Par Merlin était-il possible qu’enfin la glace entre nous soit brisée ? Fallait-il que nous gueulions un coup pour que ça fonctionne plutôt que d’essayer de sauver les meubles comme on l’a fait durant toutes ces années ? J’hallucinais… devait-on utiliser la manière forte pour qu’enfin la pièce tombe dans nos petites cervelles ? À bien y réfléchir, j’avais dû procéder de la même manière avec Harper.
Un soupir amusé traversa mes lèvres tandis que je surveillais la cuisson du bouillon.

- Ahlala… ces Gryffondor…

Bientôt rejointe par le chat sauvage de ma sœur, j’entrepris de lui faire la conversation tandis que le repas était déjà prêt. Il ne manquait plus que la véritable intéressée qui s’attardait sous la douche. Je ne lui en tenais pas rancune, lorsqu’on est en proie à la fièvre, la vraie, l’eau est si salvatrice qu’il est difficile de s’en extraire. Puisque j’avais la fibre animale, et parce que le félin eut l’effet escompté sur moi, à savoir me détendre, j’entrepris une conversation avec lui.
J’adorais les animaux, ils avaient toujours su me comprendre sans me juger, ce qu’avaient fait la majeure partie des êtres humains que j’avais côtoyés dans ma vie, et dont, j’en étais sûre, ma petite sœur faisait partie. Je ne lui jetais pas la pierre cependant, en réalité, il n’y avait eu que Harper et Rory qui avaient essayé de faire l’effort de me comprendre lorsque nous étions enfants. C’était sans compter Kyle bien sûr. En repensant à son visage, je vins serrer le pendentif qui ornait mon cou depuis bientôt trois ans tout en me sentant bientôt en proie à la mélancolie.
Ce sentiment fut rapidement balayé par la présence de ma cadette qui revint auprès de son chat et de moi. À sa plaisanterie, je me permis de sourire et, hésitante, je me décidais de me rapprocher d’elle pour venir humer ses cheveux. Alors, certes, il me fallut me hisser sur la pointe des pieds pour arriver à hauteur de sa tête, ce qui poussait la plaisanterie au paroxysme du ridicule, mais est-ce que Moïra finalement connaissait vraiment mon véritable visage ? J’en doutais.
Plissant les yeux après avoir reniflé son parfum, je revins devant elle, un air tragiquement sérieux sur le visage avant de déclarer.

- Mmmh, ça ira pour cette fois. Puis, de manière fugace, j’osais regarder ses prunelles émeraude. Faudra que tu trouves une autre idée de cadeau d’anniversaire.

Moïra était arrivée chez nous à l’âge de sept ans lorsque j’étais à l’aube d’en avoir onze. Ce qui signifiait que depuis plus de vingt ans, chaque année le treize mai, je m’étais appliquée à toujours lui trouver un cadeau d’anniversaire. Soit quelque chose qu’elle avait réclamé avec son visage d’enfant, soit quelque chose que j’avais cherché moi, afin de lui faire plaisir. Ça avait toujours été pour lui faire plaisir. Cette année n’allait pas déroger à la règle, d’autant plus si notre relation allait dans le mieux.
La regardant s’installer, je restais sagement en retrait. Je n’étais pas chez moi et je n’osais pas m’imposer davantage. Pour autant, j’étais heureuse de voir que la jeune femme semblait aller mieux, son regard avait retrouvé la lueur de vie que la fièvre avait éteinte. Jetant une œillade pleine de compassion à la chatte sauvage, je souriais en coin, et, gênée, j’enfonçais ma tête dans mes épaules, le menton baissé en direction de mes pieds quand la jeune femme déclara que l’odeur lui rappelait notre maison familiale. Mes joues se teintèrent légèrement de rouge.

- Si ton nez va c’est déjà une bonne chose, au moins avec la grippe tu n’auras pas le rhume. Ce combo fatal… Puis je revenais sur le chat. Quand est-ce que tu la nourris ? On dirait qu’elle a faim. Petite Abigail qui se soucie des animaux avant elle. Puisque je connaissais mal ma sœur, je connaissais également mal son chat et ses habitudes. Un temps à l’observer me permettrait d’en apprendre plus, mais je doutais de pouvoir être en mesure d’avoir le luxe de rester entre ces quatre murs si longtemps. Puis, sautant du coq à l’âne, je rebondissais sur sa remarque concernant le domaine de mes ancêtres. Si la maison te manque, t’as qu’à y retourner. Ça fera sûrement plaisir à papa et à maman. En m’appuyant contre le canapé, je croisais les bras sur ma poitrine tout en relevant la tête pour observer cette fois le plafond. Ils me demandant à chaque fois de tes nouvelles, mais j’ai toujours eu du mal à leur répondre correctement.

Malgré un petit sourire en coin, je déposais un regard désolé sur ma sœur qui commençait à manger. Nos parents, je les avais toujours vu de manière très régulière, d’autant plus depuis le décès de Kyle et qu’une partie de l’héritage m’incombait. C’était d’autant plus régulier maintenant que j’allais me marier, parce que notre père me donnait lentement, mais surement, toutes les ficelles pour gérer notre domaine, mais aussi toute la protection des Noirs des Hébrides. Bientôt, mon travail allait se résumer aux corrections de mes cours et aux nombreux rendez-vous avec les divers héritiers des clans associés aux nôtres afin de nous organiser pour la surveillance des dragons. J’allais devenir une gratte-papier par excellence alors que j’étais une femme de terrain, ayant toujours préféré côtoyer les dragons que d’étudier.
Un voile de tristesse parcourut mon regard à cette pensée. Un jour, j’allais devoir faire un choix professionnel, ça me pendait au nez, et je faisais tout pour repousser la date fatidique.
Parce que j’étais morte de peur.
Afin de chasser ses sombres pensées, et parce que Macha m’avait donné le courage nécessaire, je fis la proposition du siècle à ma sœur qui ne manqua pas de me taquiner. À nouveau, j’enfonçais ma tête dans mes épaules, mais je secouais la tête d’un air amusé, camouflant avec application ce grand sourire que j’avais en pensée.
Au moins, j’avais réussi à la surprendre. Donc c’était encore possible. Parfait. Un vent de victoire souffla en moi tandis que la jeune femme accepta ma proposition, qui plus est en se mettant au défi d’aller aux côtés de ma future belle-sœur.
Ohw… je voyais d’ici la catastrophe arriver.
Si Harper et moi nous étions toujours appliquées à faire un millier de crasses à nos jeunes sœurs, elles avaient toujours répondu avec une véhémence respectable. Ceci étant, j’avais cru comprendre que déjà entre elles, il y avait de l’eau dans le gaz et qu’elles se chamaillaient régulièrement. De véritables gamines. J’étais en train de me poser la question inverse : avec qui Moïra s’entendait-elle bien sans se chamailler ?
Pour le moment, je ne vis personne, mais je gardais cette question pour moi, lui accordant un sourire heureux et soulagé avant que je ne mette à ricaner à sa proposition.

- Ah, Harper remonterait-elle un peu dans ton estime grâce à un étrange coup du sort ? Je la toisais, une lueur pleine de sous-entendus dans le regard. J’étais curieuse et taquine, mais je laissais également entre voir que j’étais prête à protéger crocs et griffes la femme que j’aimais comme le chien de garde que je pouvais incarner. Fidèle petite Abigail. Je lui proposerai une élection miss demoiselle d’honneur. Je suis certaine que ça va lui plaire tiens.

Sans songer aux conséquences potentiellement désastreuses que cela pourrait engendrer d’élire l’une des deux et non pas les deux, je regardais la jeune femme se relever, habitée par la malice et un sérieux plutôt théâtral. Elle ouvrit les bras avant sa déclaration, évoquant notre mère. Pour sûre, elle serait fière et aux anges de voir qu’enfin il nous était possible de nous entendre.
Avec une hésitation palpable, je me redressais, et, souriante, je reprenais ma sœur dans mes bras, glissant cette fois-ci mes bras contre ses hanches pour agripper mes doigts dans son dos. Aussi surprenant que cela puisse paraître, j’étais une personne tactile et qui adorait les câlins. C’était un miracle que Harper ne se soit pas encore jeté un sortilège pour me repousser (ou peut-être qu’elle aimait nos câlins autant que moi). Néanmoins, j’étais peu habituée à la chose avec Moïra, et ce sentiment nouveau me réjouissait autant qu’il me mettait mal à l’aise.
Sentant la matière froide de mon médaillon se coller à la naissance de ma poitrine, je mis fin rapidement à l’accolade, mais pourtant, je ne m’éloignais pas. Avec un petit geste de la main, je fis signe à ma cadette de patienter avant que je n’enfourne ma main contre ma peau par le col de mon haut.
Bientôt, je hissais le médaillon de sous les tissus pour le lui présenter. Lorsqu’il avait atteint sa majorité, ce pendentif n’avait pas quitté le cou de notre grand-frère, symbole des MacFusty que nous nous transmettions de génération en génération, allant d’héritier en héritier. La chaînette argentée autour de mon cou était fine, mais semblait particulièrement solide. La médaille, elle, était forgée dans un mélange métallique donnant un aspect presque hypnotique au cercle à cause de ses nombreux reflets, comme s'il était parcouru de nombreuses veines allant de la couleur dorée à bronze. En son centre était frappé un dragon aux ailes relevées, un peu déployées, comme prêt à s'envoler. Un connaisseur reconnaitrait sans mal un Noir des Hébrides. Entre ses pattes et sa gueule, les lettres "M" et "F" étaient aisément lisibles.
Puisqu’il était muni d’une multitude de sortilèges, le pendentif n’était que ressorti que très légèrement noircis des flammes qui avaient coûté la vie à Kyle.
Glissant mes doigts derrière ma nuque, je retirais la chaînette avec précaution (la première fois en bientôt trois ans), puis déposais le médaillon au creux de la paume de Moïra. Une fois bien à l’abri dans sa main, je dégainais ma baguette pour la pointer sur le bijou et murmurais de ma voix douce et mélodieuse.

- Revelio…

Le pendentif se mit alors à léviter au-dessus des doigts fins de ma cadette. Sur la face cachée du métal, à l’opposé du dragon, une petite boule se mit à scintiller avant de se détacher de son porteur. Bientôt, Moïra put découvrir la pierre jumelle qu’elle portait elle-même autour du cou. Pierre représentant, sans surprise, un dragon, celui-ci avait été brisé en deux. Il y a des années de cela, j’en avais offert une moitié à ma cadette, et j’avais toujours gardé l’autre moitié, cependant, avec notre relation houleuse, je m’étais toujours appliquée à le lui cacher. Il m’avait paru logique de le camoufler dans le médaillon familial lorsque ce dernier me revint.
Hésitante, je me mordais la lèvre.

- Comme ça vous… vous ne me quitterez plus jamais.

Kyle et Moïra autour de mon cou, à soutenir avec moi les biens familiaux. Harper à mon doigt, pour continuellement me tenir la main et me guider dans le noir de mes doutes et de mes craintes, illuminant toujours mon chemin de son sourire éclatant. Parce que mon épouvantard était l'abandon depuis ma première rupture amoureuse.
Aujourd'hui, ils étaient tous les trois continuellement avec moi. Toujours, et à jamais.


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