Mi-août 2020 | Part-Chemin | Fin de journée

Se changer les idées. Voilà un objectif sain qui n’était pas stupide. Les derniers mois avaient été… Compliqués. Alors Théodora avait pris cette journée pour simplement se balader. Laisser sa tête et ses problèmes derrière elle pour profiter d’une chaude journée dans les rues londoniennes. Elle commençait à bien connaître le Chemin de Traverse alors elle opta plutôt pour une balade dans le Londres moldu. S’imprégner de ce monde qu’elle avait bien connu enfant mais qui aujourd’hui lui échappait parfois.

Un tour d’abord dans les grands parcs de la capitale. Respirer l’air à peu près pur et frais proche des bassins. Malgré les conflits, les gens profitaient du soleil. Ils souriaient, riaient et parlaient forts. Théodora était en un sens apaisée de cette pseudo-normalité. Personne ne se préoccupait d’histoires de combats sanglants entre sorciers et moldus ou des accusations de mafia. Il n’y avait que le chant des oiseaux, les criquets dans l’herbe et le doux ruissèlement de l’eau sur les cailloux.  Bucolique. Théodora sourit à ce mot qui était si éloigné de ce dont elle avait l’habitude. Ces dernières années avaient plutôt étaient moteurs, huile et gallions… Pas vraiment un petit air de campagne en somme.  

Perdue dans ses pensées, elle bifurqua à la sortie du parc dans les rues animées et commerçantes. Des cris, des bruits de voiture, des vélos qui lui coupaient la route. Tout pour lui faire oublier ce douloureux dernier mois. Les yeux de la jeune femme passaient sans vraiment s’arrêter sur les différentes vitrines. Des vêtements, beaucoup, des bijoux un peu et quelques autres devantures. La comptable n’avait même pas l’envie de dépenser son salaire, chose suffisamment rare pour être soulignée. Elle ne s’arrêta pas pour le joli bijou en diamant. Elle ne s’arrêta pas non plus pour l’écharpe en cachemire moutarde qu’un mannequin mettait particulièrement en valeur. Mais elle se figea devant un exemplaire relié. Le Cid. Un classique français qu’elle avait lu une fois. Un des vieux bouquins que conservait son père. Théodora releva ses lunettes de soleil pour observer cette pièce qui en un sens appartenait à son passé. Après quelques secondes d’hésitation, elle se décida à pousser la porte rouge de la boutique. Avant de s’y engouffrer, elle lut le nom de la boutique : Le Part Chemin. Cela lui arracha un sourire. Le jeu de mot était sympathique.

Théodora entra lentement dans les lieux. Ses yeux s’adaptèrent difficilement au changement de luminosité mais après quelques clignements, elle put enfin détailler la boutique. Des livres partout. En même temps ce n’était pas particulièrement étonnant dans une librairie. Théodora fut plutôt étonnée qu’ils soient tous immobiles. Elle faisait une pathétique moldue à s’attendre à de la magie partout... Elle pensa un instant à ce père infâme qui l’avait chassé de sa vie, lui enlevant dans le même temps le pied qu’elle tentait de garder hors du monde des sorciers. Et puis elle repensa au fait que cet autre monde voulait la brûler pour ce qu’elle était. Peut-être que dans un sens ce n’était pas plus mal.

La jeune femme commença à détailler les livres exposés. Elle en prit un ou deux pour en lire la quatrième de couverture, relevant régulièrement le regard en tentant désespérément de trouver un vendeur. Quel dommage qu’il n’y ait rien sur la comptabilité magique… En même temps qu’est-ce que pourrait bien en faire des moldus ?! « Excusez-moi ? Y a quelqu’un ? » Tenta-t-elle d’une voix distincte, n’osant pas cependant hausser le ton. Elle n’était pas dans un marché à vendre de la poiscaille ni dans son bureau à engueuler un mafieux un peu trop porté sur la boisson. Il n’y eut cependant pas de réponse et elle continua de s’enfoncer dans la boutique à la recherche d’âme qui vive.

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Mi-août 2020 | Part-Chemin | Fin de journée

Encore une journée intense pour le trio du parchemin, Aiko était bien heureux d’avoir de l’aide et de la compagnie autre que ses parents à la boutique. Ça lui avait permis de faire des choses qu’ils n’auraient pas eues le temps de faire s’il avait été seul, il avait réussi a déniché des grimoires anciens pour la boutique sorcière, mais aussi quelques nouveautés en éditions limitées pour la partie moldu de la boutique. Lui permettant de faire plaisir à un plus grand nombre de clients, qui satisfait revenez plus facilement vers lui pour d’autres demandes.

Alors qu’il était dans la réserve, dans l’optique de ranger quelques cartons, il entend la clochette de la porte d’entrée côté moldu. Il laisse donc les quelques ouvrages d’une autrice américaine, qui raconte l’histoire d’un jeune homme qui se découvre des talents spéciaux pour la magie, intègrent une école lui permettant de dompter ce nouveau don et faisant face à une menace assez grande pour menacer leur vie et leur monde. Ce qui l’avait fait légèrement rire quand il avait découvert le roman. En effet, la jeune femme aurait très bien pu être une sorcière racontant l’histoire leurs histoires en quelques sortes. Mais après de longues recherches, Aiko avait découvert que celle-ci n’était qu’une simple moldu voulant raconter une histoire tirée de ses songes les plus profonds alliant la magie et être surnaturel dans un total de huit romans qui faisaient un tabac auprès du jeune public, mais quand on y pense. Certaines choses dans ce roman pourraient être considérées comme réelles pour un sorcier. Peut-être avait-elle eu l'aide d'une personne proche de l'univers magique, après tout malgré la situation actuelle, certains sorciers et moldu entretiennent encore des liens. Tout ce qu'il sait, c'est que c'est un livre qu'il vend très facilement aux jeunes publiques, ça et les romans à l'eau de rose sur les vampires ou les romans un peu plus "chaud" dit "romance contemporaine". La littérature est une sorte d'échappatoire pour quiconque cherche un peu de réconfort, surtout quand la fin se termine en happy ending.

C’est un sourire aux lèvres que le jeune homme pénètre dans la boutique avec quelques ouvrages et rejoint la personne qui avait poussé la porte de celle-ci quelques minutes auparavant et qui avait appelé. Aiko prend donc la parole.

« Bienvenue au part-chemin, Aiko à votre service. Que puis-je faire pour vous venir en aide ?» Questionna le libraire, avec un sourire aimable, tout en restant dans son champ de vision. Aiko dépose les romans à leur place habituelle, refaisant le stock. Il observe la jeune femme avant de reprendre la parole d’une voix douce.

« Vous recherchez quelque chose en particulier ? Sachez que si vous ne trouvez pas votre bonheur, je peux très bien faire une commande des ouvrages que vous souhaitez. »  Toujours près à faire plaisir à ses clients, il savait que ne possédant pas la totalité des ouvrages sortie à travers le monde, il pouvait être amené à faire des commandes personnalisées auprès de ses fournisseurs ou dans d'autres cas, d'aller directement vers des particuliers les possédant et souhaitant les vendre. Parfois, il arrivait à faire quelques affaires pour les revendre à un prix défiant toute concurrence.

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Mi-août 2020 | Part-Chemin | Fin de journée

Pourquoi était-elle rentrée dans cette librairie ? Théodora y avait vu un signe de son existence passée et avait décidé de suivre son instinct en y entrant. Cela faisait longtemps qu’elle n’était pas allée à l’église. Juste après le procès de la Cosa Nostra pour être tout à fait honnête. Elle avait eu le sentiment d’être abandonnée par le Tout-Puissant, encore une fois. Une saloperie de déjà-vu qui lui avait autant plombé le moral que tout le reste. Elle n’était plus qu’une coquille vidée de sa substance, tentant de combler son mal-être dans la boisson, la drogue et les coups d’un soir. Un joli tableau qui contrastait avec son visage d’ange. Un autre désavantage de sa condition de descendante de vélane. Mais qu’importe. Elle avait besoin de sortir, de faire quelque chose, n’importe quoi, qui l’empêcherait de se morfondre plus qu’elle ne l’avait déjà fait. Alors ce signe, ce Cid négligemment posé dans cette vitrine, Théodora avait eu envie d’y croire. Comme un message des anges, un premier pas vers la réconciliation.

Ses doigts s’attardèrent sur les couvertures. La vie des moldus était-elle véritablement plus simple ? La cruauté, le malheur et la malchance ne semblait pas être un trait sorcier mais bien lié à l’être humain dans son ensemble. Ironique. La magie n’avait pas été capable d’effacer la part sombre de l’humain. Certains auraient pu argumenter qu’elle n’avait fait que l’exacerber. Dora voulait se perdre dans l’imaginaire ou les chiffres pour s’échapper de cette foutue existence qui ne lui convenait pas en ce moment. Alors qu’elle cherchait quelqu’un pour la renseigner, un jeune homme, cliché vivant du jeune bibliothécaire, apparut dans son champ de vision. Le sourire du vendeur fut communicatif et Théodora ne put se retenir de sourire en retour. « Bonjour. Désolée d’avoir hurlé dans votre boutique. Je n’ai plus beaucoup de patience en ce moment et… Enfin bref… » Et voilà qu’elle commençait à parler trop, de détails bien trop personnels pour un pauvre bibliothécaire qui avait bien d’autres choses à faire. Aller à l’essentiel. « Aide ? Non. Enfin oui. Enfin… » Elle le laissa lui indiquer la possibilité de commande. Théodora inspira pour remettre de l’ordre dans ses pensées. « Oui je sais ce que je cherche. Le Cid, dans la vitrine, il est à vendre ? » Demanda-t-elle pleine d’espoir. Pourquoi le voulait-elle ce fichu bouquin ? Il n’allait que lui rappeler une famille qui ne voulait pas d’elle, il y avait plus sympathique comme souvenir quand même…

« Je… Hum, ça me rappelle mon adolescence, c’est pour ça que je… Enfin qu’il m’intéresse. Bref… » Décidemment cela faisait trop longtemps qu’elle était restée allongé dans son canapé ou sur une banquette du White Thestral. Elle repensa à sa comptabilité. « Et est-ce que vous avez des bouquins de comptabilité avancée ? » Savait-on jamais. Les moldus étaient plutôt à la pointe dans ce domaine et il avait toujours de quoi apprendre dans leurs ouvrages.  « Et hum… Un roman à l’eau de rose qui se finit bien ? Vous auriez ça ? Quelque chose sans prise de tête et qui ne déprime pas sur la fin. C’est pour un ami. » Cela ferait probablement le plus grand bien à Jaeden. Enfin elle le lirait avant bien sûr mais ferait en sorte de pousser le géant à en faire de même. Même si cela semblait commencer à aller mieux entre lui et Anjelica, il était toujours temps de lire des jolies histoires… Même si elle n’était pas sûre que cela fonctionne…

Dora détailla un instant le bibliothécaire et ne put s’empêcher de le trouver plutôt sympathique à regarder. Ah bah super Dora, t’as pas autre chose à penser en ce moment ? Bah pas vraiment : s’abandonner dans les plaisirs était, entre guillemets, sa marque de fabrique. Plus encore lorsque le garçon en face d’elle avait l’air mignon, gentil, sympathique et bien à l’opposé de ce qu’elle pouvait croiser de mafieux ou mécaniciens au White Thestral. C’était différent mais tout aussi drôle. Elle était véritablement irrécupérable pas vrai ? Mais elle était au fond du trou sans pouvoir espérer s’en extirper un jour. Alors à quoi bon faire semblant d’être quelqu’un de bien ? « Vous êtes le propriétaire ? » Demanda-t-elle, avec une expression d‘innocence incarnée.

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