Tout dans cette journée était un cauchemar. Ça avait pourtant si bien démarré mais pour ce qui était de dégénérer ça avait été tout aussi vite. Le regard fixé sur l’écran de télévision, Myrna n’avait pas ressenti cette adrénaline que bon nombre de sorciers avaient dû ressentir en comprenant que le secret n’était plus. Elle n’était pas spécialement effrayée, ni pour elle, ni pour ses enfants puisqu’ils étaient habitués depuis tout jeune à vivre avec des moldus. Il n’y avait donc pas de raisons de regarder tout le monde avec un regard suspicieux. Ils se fondaient parfaitement dans le décor… Après tout, c’était bien la famille O’Malley dans son intégralité et bien indépendamment de sa volonté qui avait réussi à duper un membre de cette organisation. Et quelle organisation, elle n’en revenait pas de la violence avec laquelle ils avaient agi. Si pour les membres à l’intérieur de cette fête foraine, le temps avait dû paraître bien long, parce que leurs vies étaient en danger de mort, pour le reste de la population ça n’avait pas été très long, parce qu’il ne fallait pas longtemps pour qu’une situation devienne dramatique et que des personnes mal intentionnées puissent aller au bout de leurs convictions et détruire bon nombre de vies.
Le soulagement à l’idée que sa famille n’ait pas la moindre raison de se trouver là-bas allait très vite s’évaporer. Il y eut ce premier message envoyé à Leah dans un Anglais tout à fait correct pour savoir si elle regardait les informations – bon en vrai non le message il est pas correct mais c’est habituel, elle fait de son mieux c’est ce qu’il faut retenir – message qui n’eut pas de réponses immédiates. En soi ce n’était pas si grave, pas de raison de stresser Myrna, ses enfants n’étaient pas non plus pendus à leur téléphone et ça pouvait arriver que Leah ne réponde pas dans la minute. Oui, pour le moment elle relativisait, parce qu’elle n’avait pas de raisons d’être inquiètes.

Le moment où ce fut légèrement plus tendu fut quand elle arriva à la maison une heure après le fameux envoi du sms. Normalement, Leah devait être là, parce qu’elle avait terminé le travail… qu’en théorie lorsqu’elle partait de la maison, elle laissait un message que ce soit sur papier ou par sms. Là, il n’y avait rien et pourtant lorsque Myrna prononça le prénom de sa fille avec un ton interrogatif, il n’y eut que le silence pour répondre à sa question. Il n’y avait pas le moindre sac dans l’entrée qui aurait pu indiquer la présence de la demoiselle. Et là, étonnamment, l’inquiétude commença à se nicher dans la poitrine de Myrna, le rythme cardiaque qui s’accéléra bien qu’elle essayait de rationnaliser. Si ça se trouvait, elle avait monté son sac dans sa chambre, exceptionnellement et elle prenait sa douche, ne pouvant donc pas entendre l’appel. Myrna déposa donc son propre sac pour monter, voulant croire que c’était cela mais le résultat de son investigation lui apporta la réponse qu’elle ne voulait surtout pas avoir. Il n’y avait pas âme qui vive dans cette maison et là… direct c’était les films qui défilaient dans l’esprit de la mère de famille qui attrapa son téléphone pour envoyer un second message et là, étonnamment le fait qu’il ne soit pas écrit en minuscule passait très bien avec l’état d’esprit de Myrna #TU ES OU ?# Au moins c’était très clair et ça démontrait à la perfection qu’elle attendait une réponse… dans les dix secondes. Réponse qui une fois encore ne vint pas.

Bien sûr que le climat actuel l’impactait, en temps normal, elle n’aurait sûrement pas réagi de la sorte, Leah était bien assez grande pour aller et venir sans se faire fliquer comme une adolescente de quatorze ans. Sauf qu’il ne suffisait de rien pour que sa fille ait décidé d’aller faire un tour à la fête foraine après le boulot, pile pendant que ça dégénérait et qu’est ce qu’elle aurait pu faire face au déferlement de haine ou de flammes. Non Myrna ne pensait pas que c’était sous prétexte que sa fille n’avait pas de magie qui circulait dans ses veines qu’elle était moins à même de se défendre. De toute façon, dans ces moments-là, magie ou non, ça ne changeait pas grand-chose. Elle ne pouvait pas rester ici, pas si son enfant était en danger, clairement, se mettre en danger elle-même ne lui posait plus le moindre soucis, transplaner au beau milieu de tout ça et devenir une cible pour ces humains assassins, elle n’en avait rien à faire, si c’était pour la survie de Leah, rien n’avait plus d’importance. La seule chose qui l’importait à l’heure actuelle, c’était son enfant… cet enfant qui était peut-être en urgence vitale et qui devait sentir son téléphone vibrer dans sa poche, ce qui devait être carrément gonflant.

Elle avait été bon nombre de fois sur le terrain, ça n’avait en soi rien d’exceptionnel ce jour, ils n’étaient pas tellement différents de mages noirs et pourtant, Myrna était fébrile parce qu’elle avait l’impression que ça la touchait personnellement et qu’elle avait peur, pas pour elle mais pour son enfant. Elle n’avait pas envie qu’il lui soit arrivé la moindre chose et avait parfaitement conscience que tous les cours pour se préparer à perdre un proche, mais c’était du gros pipo, rien ne préparait et forcément que ça détruisait psychologiquement, ça l’avait détruit une première fois avec Colin mais ça n’était rien à côté de la perte d’un enfant. Elle avait beau se préparer psychologiquement, elle n’en menait pas large lorsqu’elle ouvrit la porte de la maison dans le but de rejoindre le plus vite possible l’enfer sur Londres.

L’enfer, ce ne serait pas pour cette fois-là puisque la personne en bas des quatre marches d’escaliers fit s’éclairer le visage de Myrna. Clairement, ça n’avait pas de prix et elle la rejoignit en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, l’attrapant pour la serrer dans ses bras murmurant la gorge nouée par l’émotion, le soulagement « Mais tu étais où ? » La question était un peu plaintive. Dans un même temps elle avait envie de lui hurler dessus pour la frayeur intense qu’elle venait de lui procurer mais elle était tellement heureuse de la voir en forme qu’aucune autre parole ne voulait sortir de sa bouche, elle la serrait juste contre elle, se rassurant… et devant certainement gonfler Leah mais peu importe.

Son enfant allait bien, rien n’avait plus d’importance que la chaleur du corps de sa fille dans ses bras. Toute la pression redescendait petit à petit. Elle n’avait pas failli à sa tâche de parent, elle n’aurait pas à se reprocher une chose de plus dans sa vie. Leah n’était pas en danger. Avait-elle, à cet instant besoin des excuses de cette dernière, Myrna aurait aimé répondre que non, que seul le fait qu’elle soit là importait et pourtant, si, elle en avait besoin parce qu’elle avait cru la perdre.
Elle avait beau savoir qu’elle devait essayer de garder le maximum ses émotions pour elle en compagnie de Leah, c’était tout bonnement impossible là maintenant tout de suite, elle n’en était plus maîtresse et de toute façon, elle se doutait aussi que Leah n’avait pas passé la meilleure journée de sa vie, pas la pire certes mais pas la meilleure non plus. Son portable n’avait plus de batterie, mais comment ça son portable n’avait plus de batterie… Non mais ce truc-là, ce n’était pas sensé durer toute la journée ? Myrna était dépassée même elle qui ne gérait pas spécialement avec le téléphone arrivait à toujours avoir assez de batterie pour pouvoir répondre quand un de ses enfants lui envoyaient un message… Franchement, si c’était à elle d’apprendre à Leah que le téléphone il fallait le charger tous les soirs, où allait le monde ? Donc elle était au bar, au vu de son état, il n’était rien arrivé là-bas, pas de fou furieux faisant la chasse au sorcier ou aux moldus, non parce que les extrémistes ça allait être des deux côtés. Pour répondre à la supposition de sa fille, elle hocha la tête brièvement, oui elle était au courant. Elle avait même été aux premières loges pour assister impuissante à tout ça et ensuite, l’inquiétude avait pris le pas sur tout le reste.

Si durant les premières secondes, elle en avait voulu au gérant du bar qui n’avait pas relâché sa fille, elle pouvait aisément comprendre qu’il ne l’ait pas fait, il ne savait pas à quoi il avait à faire, relâcher des clients et des employés dans la nature, ça aurait pu être dangereux. Fermer boutique était donc en effet la meilleure solution, même si ça avait mis Myrna dans tous ses états et actuellement, raconter cet épisode mettait Leah dans un état de panique. La réponse de sa mère à la panique grandissante de sa fille, c’était de frictionner son dos. Tout irait bien, rien n’allait changer pour elles. Donc, elle était au courant de ce qui c’était dit, Myrna aurait pourtant préféré lui cacher, non pas qu’elle trouve sa fille pas assez mature mais lui donner des soucis en plus, ça n’avait pas le moindre intérêt. Ce n’était pas à sa fille de s’inquiéter pour sa famille, il fallait qu’elle vive sa vie, pas qu’elle vive dans l’inquiétude constante de ce qu’il pouvait leur arriver à tous.

Elle retourna donc à l’intérieur pour écouter la dernière question de sa fille, voir dans son regard à quel point ça l’angoissait. Oui, elle aurait voulu lui mentir, lui dire que ça ne la concernait pas mais tout d’abord ce serait marquer une différence entre elle et ses frères, chose qu’elle n’avait jamais voulu faire et en plus ce serait l’infantiliser. Elle avait le droit de savoir, Myrna avait bien tenu Colin au courant de tout ce qui se passait dans le monde sorcier, en quoi tenir Leah au courant était-ce différent. Elle prit la parole, sans chercher à paraître sereine, mentir à Leah étant la chose la plus inutile au monde. « Je crois que l’on vient de rentrer à l’aube d’une nouvelle ère. » Elle cherchait ses mots pour paraître le moins alarmiste possible. « Les gens ont raison, ils ont bel et bien vu des sorciers. » A quoi bon lui cacher ce détail, de toute façon ce n’était pas comme si Leah ne voyait pas des sorciers depuis qu’elle était enfant. Myrna la regarda embêtée « Un groupe de terroriste a utilisé des sorciers pour attaquer une foule. Ils ont réussi ce qu’ils voulaient, instaurer la peur des sorciers dans la plupart des moldus présents sur place. » Elle grimaça « Pour ce que j’en sais, ils ont aussi un moyen de neutraliser les pouvoirs des sorciers. »

Voilà, elle la mettait dans la confidence. Elle n’avait rien à lui cacher, elle caressa avec douceur sa joue « ça ne change rien pour nous Leah. Nous vivons ici depuis des années, chacun de tes frères sait se fondre à la perfection parmi les moldus. Tout ira bien, il faut continuer à vivre comme avant. » Est-ce qu’il était nécessaire de lui dire cela. Peut être bien que oui, elle ne voulait pas que ça change pour Leah, elle ne voulait pas la voir angoisser pour tout le monde, ce n’était pas son rôle. Tout irait bien pour leur famille, elle espérait néanmoins qu’une guerre entre sorciers et moldus ne se profilaient pas à l’horizon parce qu’elle ne voulait pas prendre parti, ayant un pied dans chaque monde.

Il n’était pas si évident de se confier, de vouloir faire preuve de franchise envers Leah alors que tout ce que souhaitait Myrna c’était la protéger de tout cela. Pas elle individuellement, ses frères aussi mais il y a un temps pour tout. Un temps où l’on fait croire à ses enfants que le monde dans lequel ils vivent est exempt de toute cruauté et un temps où il est nécessaire de leur dire que non, le monde n’est pas merveilleux et qu’il y a toujours eu et qu’il y aura toujours des gens dont le but est de détruire le bonheur des autres. Pour quelle raison ? Myrna n’en savait rien. De toute façon, sa famille savait depuis bien longtemps que le monde dans lequel ils vivaient était dangereux et que les mauvaises nouvelles pouvaient subvenir à chaque instant. Ce n’est pas pour autant que ça rendait la tâche de Myrna plus facile. Elle n’aimait pas être l’oiseau de mauvais augure. En plus, sa fille pointait les zones d’ombres de l’histoire. Le cœur de Myrna se serra à la question de Leah, elle n’en savait rien, elle n’avait pas la moindre idée de comment les garçons allaient. Répondre bien pour la rassurer n’avait pas le moindre intérêt, déjà parce que s’il était arrivé un malheur, c’était mentir à sa fille mais en prime, comme Leah ressentait très bien les émotions des autres… essayer de lui faire avaler ceci c’était peine perdue. Elle posa un regard remplit d’incertitude sur sa fille avant de lui avouer. « Je ne sais pas. Je n’ai pas de nouvelles et j’étais beaucoup trop loin de l’endroit où tout s’est déroulé pour reconnaître les gens. Elle déglutit longuement avant de souffler abattue « Et en rentrant, tu n’étais pas là alors c’était pour toi que j’étais la plus inquiète parce que toi tu aurais dû être là. Les garçons n’avaient aucune raison d’être ici. Nous sommes dans l’obligation d’attendre qu’ils donnent de leurs nouvelles.

A la question suivante de Leah, Myrna retrouvait Colin et son incompréhension à ce sujet. Elle regarda son enfant dans les yeux avant de reconnaître. « Je suppose que ça dépend de leur vision du monde et de leur première expérience avec des sorciers. Pour toi, ça a été une évidence, tu es née dans ce monde donc tu n’as pas eu besoin d’apprentissage. C’était comme ça et la magie t’a semblé naturelle. Pour ton père, ça a été une découverte et peut être que si c’était arrivé différemment, par une tierce personne, sur un acte malveillant d’un sorcier malveillant ça aurait changé sa vision des choses. Et si ça avait été le cas, elle aurait été grandement en danger parce qu’elle n’avait pas cet état d’esprit de se méfier de l’inconnu. Elle observait son enfant, si elle avait craint que son amour pour Charlie l’éloigne des sorciers, pas forcément de sa famille mais des sorciers en règle générale, le fait qu’elle dise ouvertement que les sorciers n’étaient pas une menace, ça avait quelque chose de rassurant.
Décidément, Leah avait pleins de questions dans la tête, à présent c’était l’appartenance de ces moldus et leur lien possible avec Charlie qui faisait s’interroger la demoiselle. Myrna  ne pouvait que supposer, n’ayant pas de preuves concrètes, elle n’était pas en service lorsque tout ça s’était déroulé et William comme elle n’avaient été que les témoins, n’ayant que leurs yeux et leurs esprits pour tenter de comprendre. « En tout cas, ils avaient la même envie… tuer les sorciers. Elle savait que sa fille se sentait coupable pour le jeune homme et la regarda avec tendresse « Tu n’es pas responsable de la façon dont les gens pensent Leah. Tu ne sais pas comment il aurait réagi. J’ai fait pareil que toi, je sortais avec ton père avant qu’il sache que j’étais une sorcière, je n’avais aucune garantie que ça se passerait bien quand il l’apprendrait. Ça ne dépend pas uniquement de nous, sinon ça serait trop simple. Le problème d’après Myrna c’était surtout que les sorciers allaient eux aussi voir les moldus comme des menaces et ça, ça ne plaisait pas à Myrna, elle n’avait pas envie que sa fille soit menacée. De toute façon, la question ne se posait même pas, sa famille serait sa priorité, peu importe les ordres des supérieurs, ça n’avait pas la moindre importance par rapport à l’amour pour ses enfants.

Prendre un thé semblait être la solution au problème pour Leah, pas parce que le thé résout tous les maux, plutôt parce que c’était quelque chose d’habituel pour la demoiselle et que les habitudes aident à relativiser. Myrna la suivit sans l’ombre d’une hésitation, n’ayant pas du tout envie de la quitter et visiblement sa fille voulait aussi l’avoir dans son champ de vision. Soudain, une idée passa dans la tête de la mère de famille qui observa la demoiselle tandis que cette dernière s’occupait de la bouilloire « Leah, on est d’accord qu’à aucun moment tu envisagerais de rentrer en contact avec ces gens pour en apprendre plus, les infiltrer de l’intérieur ? Elle avait besoin d’être sûre parce que malgré le tempérament calme de la jeune fille, aux vues des parents qu’elle avait, mieux valait être certaine qu’elle n’avait pas ces idées en tête. Ça rassurerait quelque peu Myrna d’avoir un oui franc. En attendant la réponse de la jeune fille, elle sortit les tasses pour le thé, les déposant sur le plateau ainsi que le sucrier, préférant qu’elles aillent dans le salon par la suite.

Elle n’avait pas à s’excuser de ne pas avoir pu rentrer à temps. Certainement que dans le feu de l’action, prévenir est la dernière chose à laquelle les gens pensaient. Myrna ne pouvait pas lui en vouloir, elle était pareil qu’elle. La seule chose un peu frustrante c’était que son téléphone n’ait plus de batteries mais ça, c’était de la faute à Colin, il avait enquiquiné uniquement Myrna pour qu’elle charge son portable tous les jours… Peut-être qu’il aurait dû apprendre la leçon à ses enfants aussi. M’enfin le principal, c’était que Leah soit là et sans avoir la moindre blessure. Elle lui offrit un sourire plein de tendresse. « Je dois t’avouer que je m’inquiète tout le temps pour vous quatre, aujourd’hui n’allait pas faire exception. » C’était le rôle de parents, chacun semblait signer ce contrat à la naissance de leur enfant et c’était un contrat à vie, ni remboursable, ni échangeable.

Dans le regard de sa fille semblait danser des milliers de questions. Elle ne parvenait pas à comprendre tout ce qui se passait et quelque part, ça prouvait que Myrna avait réussi son rôle de mère, préserver sa progéniture de bien des problèmes. Alors oui, avec les questions venaient aussi l’inquiétude à l’idée qu’il arrive quoi que ce soit aux autres. Elle ne pouvait décemment pas promettre que tout se passerait bien, qu’il n’y avait aucun risque, ce n’était pas le cas, personne ne pouvait prédire ce genre de choses. En revanche, ce qu’elle pouvait faire, c’était essayer de la faire relativiser. « Je pense que nous sommes une des familles les moins en danger, d’un côté, comme de l’autre. Tes frères vivent parmi les moldus depuis qu’ils sont nés, tu côtoies des sorciers depuis que tu es née. Je ne vois pas pourquoi ça dégénérerait pour vous et si ça devient trop dangereux, nous aviserons à ce moment là et s’il le faut, nous irons ailleurs. Le principal étant que nous restions soudés. »

Le problème en parlant de Colin, c’est que ça restait une douleur vive pour sa fille, bon pour chaque membre de la famille en réalité mais à cet instant c’était Leah qui en souffrait. Elle lui souffla doucement « ça viendra ma puce. » Elle l’espérait en tout cas et pour une fois, pas parce qu’elle voulait des petits enfants – bon ça aussi – mais surtout parce que c’était quelque chose de sensationnel à vivre que d’avoir trouvé son âme sœur.

Bon visiblement, les inquiétudes que Myrna entretenaient au sujet de sa fille étaient à mille lieues de la vérité au vu de l’expression dans son regard qui pétillait. Elle ne répondit pas à voix haute quant au fait qu’elle était sérieuse, se contentant d’un hochement de tête discret, confirmant cela à la question suivante. Oui, elle s’inquiétait réellement de ça parce qu’elle n’avait pas envie que ça arrive. Pas qu’elle ne pense Leah pas assez douée pour ce genre de choses, bien sûr qu’elle la pensait capable de tout, c’était son enfant forcément que sa fille était la plus douée de toutes les filles du monde. Après, au vu des réponses de Leah, elle se trompait lourdement, ce genre de pensées n’avait jamais effleuré l’esprit de sa mistinguette et d’ailleurs ça la faisait rire, alors que Myrna était un tant soit peu crispée à l’idée de lui avoir donné des idées… pourvu que non. Elle préférait que sa fille reste en dehors des ennuis. Son inquiétude devait transparaître, voir même sans ça, vu l’empathie de Leah il paraissait évident que toutes les émotions de Myrna étaient captées et décryptées dans la seconde, cela permis donc à sa fille de s’exprimer, de la rassurer un peu, appuyant ses dires par un câlin et un bisou, faisant sourire Myrna qui répondit alors « Je t’avoue que oui je m’inquiète, les chiens font rarement des chats et je préfère être sûre que ce genre d’options ne te traverse pas l’esprit. »

Elle n’avait d’ailleurs pas entièrement tort, voilà, elle savait que sa fille n’était pas du genre à rester en dehors de tout ça. Non mais elle n’avait pas à faire ça. Myrna secoua doucement la tête « Leah, je veux que tu restes en dehors de ça. Tu ne mets pas ta vie en danger, tes idées sur les sorciers, tu les gardes pour toi, même si tout le monde autour de toi trouves que les sorciers sont des monstres tu ne dis rien, tu ne les défends pas. Tu ne prends pas partie, je préfère sincèrement que tu restes en dehors de tout ça. » Oui, elle se doutait que la convaincre allait relever de l’exploit, parce qu’elle lui demandait beaucoup, c’était un brin compliqué de renier son appartenance à ce monde en public mais il en allait de la sécurité de son enfant et c’était le plus important pour Myrna, préserver la sécurité de ses enfants.

Qu’il est compliqué d’avoir des enfants qui grandissent, lorsqu’ils sont petits, il est facile d’avoir le dernier mot parce que l’autorité parentale est bien définie, qu’un rapide monte dans ta chambre calme toujours les ardeurs des plus réticents, en tout cas dans la famille O’Malley ça avait toujours pleinement fonctionné. Mais maintenant qu’ils avaient grandi, chacun avait ses opinions et ne se laissait pas convaincre aussi facilement qu’auparavant. Ce n’était pas de l’insolence, juste une prise de position réelle dans un combat réel mais ce n’est pas pour autant que c’était forcément plaisant. Déjà, il faut savoir que quand une phrase débute par un maman c’est jamais très bon mais alors le reste, c’était clairement pas mieux. A quel moment c’est sensé ne pas inquiéter Myrna ce genre de phrases. Encore heureux avait-elle envie de lui souffler, bien sûr qu’elle n’avait pas intérêt à mettre sa vie volontairement en danger, il manquerait plus que ça. Il n’empêche qu’elle allait se mettre en danger, Myrna le sentait gros comme une maison et ça ne l’emballait pas mais alors pas du tout. Elle pensait avoir été clair mais visiblement pas assez puisque Leah n’en prenait pas compte. Bien sûr qu’il y avait ses sentiments pour sa famille en jeu, qu’elle n’avait pas envie qu’on les bafoue, ça Myrna le comprenait très bien, elle-même était prête à tout pour défendre sa progéniture et assumait pleinement son pied dans chacun des deux mondes, sauf que les sorciers savaient depuis des millénaires que les moldus existaient, l’inverse n’était pas vrai… Il fallait donc se méfier de tout ce qu’on pouvait dire et elle ne voulait pas que les sentiments de sa fille pour sa famille lui porte préjudice. « Chérie, s’il te plaît, tout ce que tu as à te dire c’est que ta famille n’est pas une famille de sorciers. Ils insultent les sorciers, très bien, tu n’en connais pas. » Elle avait envie de lui dire de ne pas se mettre en danger pour eux, sauf que ça n’avait pas le moindre sens. La prise de position de Leah était évidente, elle ne pouvait pas non plus lui demander de tourner le dos à toute sa famille

Sa fille restait néanmoins lucide, elle ferait de son mieux pour éviter les conflits, chose rassurante. Et oui, elle n’avait pas tort, de la fratrie elle était la plus posée et de très loin. Néanmoins, elle était direct, ne cherchait pas à apaiser sa mère, elle prenait position, réellement, elle serait avec eux. Myrna la regardait, sans un mot. Une fois, par le passé, elle avait essayé d’éloigner Colin de ces combats qui, d’après Myrna ne le concernait pas réellement, oui ça l’impactait mais elle pensait que c’était un combat qui devait se faire sans lui, sans les moldus. Elle avait eu tort, ce n’était pas juste de demander aux gens, même pour les protéger de faire comme si ça n’existait pas. Alors, dans ces convictions, Leah ressemblait plus que jamais à son père et Myrna souffla juste « Si j’avais un choix à faire, ce serait le même que toi. » Pas besoin de faire semblant, elle n’essaierait pas de la faire changer d’avis, autant lui dire que son combat était le même celui de son enfant, pas une seule seconde Myrna n’hésiterait, oui William n’avait pas tort lorsqu’il disait qu’elle serait vue comme une traîtresse, sa famille passait bien avant ses idées politiques.

Bien sûr qu’elle aurait suivi sa fille dans le salon même sans que cette dernière ne le lui demande. Elle avait eu l’impression de l’avoir perdu il y a moins d’une heure, ce n’était certainement pas pour la quitter dans la minute. Elle s’installa à ses côtés, la regardant s’emmitoufler dans sa couverture comme dans un cocon protecteur. Elle était inquiète, ça se voyait et elle cherchait du réconfort dans tout ce qui lui semblait familier, cette couverture, cette tasse… qu’elle n’avait pas intérêt à casser sinon Myrna allait hurler, mais c’est un détail et dans le regard de sa mère qui, étrangement, était moins inquiète pour les garçons ou tout du moins pour deux d’entre eux… Peu de chance que Thomas et Jimmy y soient allé ensemble, si l’un des deux allait mal, l’autre ce serait empêché de contacter sa mère. Quant à Sean, il allait être occupé un bon bout de temps et n’allait pas être sur son portable, aucun moyen de la joindre. Elle s’appuya contre le dossier avant de répondre, partageant ses pensées à haute voix « Je pense que pour Jimmy et Thomas ça va. Certainement que le directeur de Poudlard doit envoyer des hiboux aux familles des victimes. J’en conclue que ça va et que Thomas est trop débordé pour nous contacter et nous rassurer… Quant à Jimmy, c’est Jimmy je ne suis pas certaine qu’il capte qu’on puisse s’inquiéter. Et pour Sean… nous sommes dans l’obligation d’attendre, si ça va bien, il est débordé, si ça va mal les autres sont débordés et on sera prévenu quand tout ce sera calmé. » Oui, pour le coup, elle était beaucoup plus calme que sa fille, parce que c’est quelque chose qu’elle vivait depuis des années. Combien de fois Colin était rentré plus tard que prévu et qu’elle se faisait un sang d’encre, ça ne changeait donc pas de d’habitude. Elle essaya donc d’inviter sa fille à penser à autre chose « D’après toi, comment tes collègues et ton patron vont réagir à la nouvelle ? »

Tout n’était pas si évident, si le désir de la mère était de protéger son enfant. Leah voyait les choses bien différemment. C’était la deuxième fois en une journée qu’on parlait à Myrna de trahison, une fois c’était elle qui passait pour une traîtresse si la guerre se déclarait et qu’elle restait entre les deux et une fois c’était Leah qui avait l’impression de trahir les siens si elle venait à faire croire qu’elle était issue d’une famille purement moldue. Myrna secoua la tête négativement pour montrer à sa fille que ce n’était pas sa manière de penser avant de prendre la parole « Moi je sais que tu ne nous trahiras jamais. Ce que les personnes extérieures à la famille pensent, ça n’a pas de raisons de te perturber. » Quant à ses deux plus jeunes frères, s’ils avaient rendus responsable Leah – bien injustement – de ce qui s’était produit avec Charlie, ils n’allaient pas recommencer de sitôt. S’il y avait bien une personne dans ce monde dont la loyauté était indiscutable, c’était bien Leah et même dans sa manière de percevoir les choses, ça donnait raison au fait qu’elle était loyale, à sa famille, à la cause sorcier. Néanmoins, elle pouvait comprendre les réticences de son enfant, si dans le cas contraire, il avait fallu faire croire qu’ils ne connaissaient pas de moldus, ça aurait été dur pour elle de ne pas assumer avoir une fille comme Leah.

La journée semblait pour le moins compliquée pour la jeune fille, compréhensible, elle était beaucoup trop jeune lors de la dernière vraie bataille, c’était nouveau pour elle et même si prendre position semblait être une évidence, elle s’attendait à ce que ça ne soit pas vraiment la réponse attendue par Myrna, et pourtant… C’était de la gratitude n’est-ce pas ? Celle de se sentir comprise et soutenue par quelqu’un qui comptait à ses yeux. Elle laissa la blondinette venir se glisser dans ses bras pour la remercier. Myrna déposa un baiser sur sa tête sans savoir trop quoi dire. Elle avait beau comprendre, ça ne l’empêchait pas de s’inquiéter pour son enfant et d’avoir peur que des moldus s’en prennent à elle… ou des sorciers parce que dans ces cas de figures, les deux camps d’extrémistes ne lui semblaient pas vraiment des plus rassurants.

Une fois dans le salon, c’était l’attente qui commençait mais ce n’était pas spécialement angoissant pour Myrna, en revanche pour Leah, cela semblait l’être, ça se voyait à ses traits soucieux, à sa façon de se tenir dans le canapé et même des mots choisis avec soin ne l’aiderait pas à se dérider. Tant qu’elle ne saurait pas pour ses frères, Leah ne serait pas apaisée. Sauf que le problème de Myrna c’était qu’elle n’avait pas le pouvoir de les faire apparaître tout de suite là maintenant donc elle était obligée de laisser sa fille dans l’attente, la seule chose qu’elle pouvait faire, c’était rester calme afin que Leah soit forcée de faire de même. Autre solution dans le même genre, la faire parler, la faire penser à autre chose et cela semblait plutôt bien marcher, le petit sourire en parlant de son patron était authentique et il est vrai que si Leah appréciait son patron, Myrna l’appréciait aussi, auquel cas elle aurait sûrement essayé de dissuader sa fille d’aller travailler dans ce bar et l’aurait aidé à en trouver un autre parce qu’elle avait commencé drôlement tôt sa mistinguette et qu’il fallait la protéger des patrons peu recommandable. Et pourtant, Myrna avait envie de souffler que si plus ouvert d’esprit que lui il y avait, sauf qu’elle était partiale n’est-ce pas ? Comment ne pas à trouver à Colin toutes les qualités du monde. Elle n’en dit rien, laissant à sa fille le soin de pouvoir le flatter… et puis après tout c’était sûrement lui qui les avait gardés à l’abri lorsque les ennuis étaient arrivés quelques heures auparavant et à coup sûr, c’était lui qui avait ramené Leah après coup.
Il paraissait évident après coup que Leah n’ait pas réussi à capter toutes les émotions de ses collègues afin de pouvoir définir ce qu’ils songeaient. Il devait y avoir un trop plein d’émotions même, elle ne devait pas être des plus à l’aise. Et pourtant, si elle ne pouvait pas répondre avec certitude à sa mère, elle ne s’arrêtait pas sur cet échec faisant remonter les souvenirs de ce qu’elle avait ressenti et se montrait assez précise en réalité. « Je peux comprendre qu’ils aient réagi ainsi, pas facile de découvrir les sorciers de cette façon, ça doit paraître un peu gros et en même temps... difficile de ne pas y croire. » Même si c’était sûrement évident pour Leah et que ce n’était qu’une rengaine qu’elle avait entendu des centaines, voir des milliers de fois, Myrna précisa suite à sa dernière phrase « Sois prudente. » Elle aurait aimé pouvoir lui dire de rester à la maison mais ce ne serait pas très juste pour la demoiselle, de plus, rester enfermer n’aiderait pas le moins du monde.

Vint alors le sujet des sorciers. Elle la regarda dans les yeux, hésitant quelques secondes, non pas sur ce qu’il fallait ou non révéler mais plutôt sur ce qui pouvait se passer en lui-même. « je me demande si ça va pas causer des problèmes tout ça. Il y a beaucoup de sorciers qui méprisent les moldus et je crains qu’ils se servent de ce déferlement de haine des moldus pour prétendre qu’il faut se défendre d’eux et partir en guerre. J’espère que tout se résoudra pacifiquement mais je t’avoue que je n’y crois pas vraiment… Pour ce que j’ai pu constater, ça a été un choc pour les sorciers de voir que les moldus savaient très bien se défendre et qu’eux aussi pouvaient taper des grands coups. » Il n’en demeurait pas moins que cette situation lui déplaisait drôlement, elle ne voyait toujours pas l’intérêt de se battre alors qu’ils pouvaient tous vivre en paix mais il semblerait qu’elle était beaucoup trop positive pour ce monde

Le problème de vouloir cacher des choses, c’était lorsque les gens l’apprenaient. Les sorciers avaient toujours voulu cacher ce qu’ils étaient aux moldus, parce que l’histoire montrait que certaines fois ça dérapait et plutôt que de faire le calcul sur plusieurs générations, se dire qu’à force, les moldus s’habitueraient, il y avait eu un clivage, ils n’étaient au courant de rien… Lorsque naissait un sorcier parmi les moldus, il fallait se rendre dans la demeure de cette famille afin d’expliquer tout ce que ça impliquait d’avoir un enfant doué de magie en son sein, que non ça n’était pas exceptionnel, que l’enfant n’était pas bizarre… bref tout un tas de choses qui aurait pu être évité si les sorciers s’en étaient donnés la peine. Après tout, pour avoir plusieurs fois été celle parlant aux familles, Myrna pouvait attester qu’il y a avait plus de moldus qui prenaient bien la nouvelle que l’inverse. Alors, oui, comme Leah le faisait remarquer si justement, aujourd’hui, l’information avait été brutale, sans personne pour relativiser le fait que la magie, ce n’est pas destiné à des fins négatives. Là, c’était un peu compliqué, au lieu de montrer des sorts mignons comme Myrna lorsqu’elle avait fait découvrir ce monde à Colin, le premier sort que les moldus avaient découverts c’était un sort plus dangereux qu’un feu de forêt en pleine canicule, génial pour montrer le côté positif des sorciers. Il faudrait du temps pour renverser la tendance, mais Myrna avait confiance, le ministre trouverait une solution, les dirigeants moldus aussi, tous les hauts placés savaient qu’une guerre n’était pas la solution.

A la façon dont Leah tournait ses phrases, Myrna se demanda si elle ne culpabilisait pas quelque part d’être au courant et pas eux, sauf que les lois étaient claires, pas de magies devant les moldus et il ne fallait pas en parler, sa fille n’avait donc aucune raison de s’en vouloir de respecter les lois. « Je pense que tout le monde avait la même expression Leah, les sorciers non plus ne s’attendaient pas à ce déferlement de haine… au fait que les moldus possèdent le moyen de les rendre impuissants. » Elle fit une pause, réfléchissant à ce que ça impliquait exactement, ces gens pouvaient donner naissance à des sorciers, un sorcier pouvait naître n’importe où… qu’adviendrait ils d’eux ? Seraient-ils tués à la naissance ou élevés dans une haine des sorciers, des armes destinées à combattre les sorciers de l’intérieur, en existait-il déjà ? Essayant de ne pas songer à cela, elle reprit « Tu n’avais pas le choix Leah, ne l’oublie jamais, les règles ont beau nous paraître profondément injustes parce que nous sommes la frontière entre ces deux univers, nous n’avons d’autres choix qu’obéir sinon notre famille aurait eu de graves ennuis. »

Impossible de ne pas voir la similitude entre les deux filles O’Malley, leur façon de percevoir le monde était décidément le même pour Leah que pour Myrna. Elle aussi avait envie de leur parler, elle aussi songeait qu’une guerre ne ferait que détruire des familles. Myrna observait sa fille avant de reconnaître à haute voix qu’elle avait eu les mêmes réflexions. « C’est ce dont je parlais avec William avant de rentrer à la maison. Il dit que c’est impossible de parlementer avec ces gens et que le temps du pacifisme est révolu. Il semblerait même que ce soit suicidaire que d’essayer de parlementer avec ces gens. » Elle fronça les sourcils « Après, il a une vision plus négative des moldus que nous je pense. Je voudrais bien parler avec ces personnes Leah, le problème c’est que j’ai quatre enfants, si les discussions n’aboutissent à rien, j’ai mis mes quatre enfants en danger et je n’ai pas envie que vous soyez obligés de vous cacher parce que des gens ont l’esprit fermé. » Après tout, les sorciers avaient beau savoir que la pureté du sang n’avait aucun intérêt, ça n’empêchait pas certains de penser qu’il valait mieux être purs – même si bonjour la consanguinité – plutôt que de se mélanger un peu plus… donc les moldus pouvaient avoir le même esprit fermé que ça ne serait pas spécialement plus étonnant. Néanmoins, ce n’était pas le sujet du jour, le sujet c’était plutôt les discussions, elle rajouta par principe « Je n’ai pas non plus envie que tu ailles essayer de parler à ces personnes. » Oui, oui, elle avait bien compris que sa fille n’était pas du genre à aller au-devant des ennuis… sauf que Leah avait beau être la personne au tempérament le plus doux qui existe sur terre, sa famille comptait et elle aurait à cœur de les protéger, donc autant lui mettre des stops directement.

Après, Leah étant adulte, elle pouvait avoir un avis sur la question et savoir comment faire, Myrna ne le prendrait pas mal du tout si sa fille se montrait brillante, bien au contraire, la jeunesse avait son mot à dire et des idées judicieuses, il fallait donc écouter, surtout lorsque la jeunesse en question c’était sa fille et que cette dernière percevait les émotions des gens, une forme de magie un peu particulière mais tout aussi intéressante que celle se faisant avec une baguette.

La vision des choses de sa fille en cet instant effrayait Myrna. Pourtant, ça avait débuté par une question toute simple qui avait juste fait se questionner Myrna. Non elle n’était pas certaine de ce qu’elle avançait, elle n’était pas à la place des autres, mais pourquoi poser ce genre de questions. Et bien pour la suite des propos de son enfant. Elle relevait des points sur lesquels Myrna ne voulait pas spécialement se pencher. Leah avait, malheureusement raison et ce n’est que lorsqu’elle en parlait que sa mère voyait le problème sous un autre angle. Elle prit une gorgée de thé Pourquoi on fait subir à nos persos, la boisson la plus infecte du monde, explique moi, les sorciers étaient au courant qu’un groupe de moldus avait pour objectif l’élimination des sorciers. Facile à le savoir puisqu’ils avaient été au courant pour Charlie, qu’ils avaient, assez ouvertement en plus, accusé Leah d’être de faire parti de la même organisation, donc c’est qu’ils étaient au courant. Pourquoi n’avaient ils pas réglé les choses alors, pour utiliser à leur tour la peur contre les moldus ? Sauf que tout ça, Myrna ne pouvait pas le dire à voix haute, à quoi bon inquiéter un peu plus sa fille. La seule chose qu’elle pouvait faire – puisque mentir à Leah était proscrit – c’était de reconnaître que c’était un peu étrange sans trop s’épancher. « Les sorciers étaient au courant, on le sait toutes les deux. Ils ont dû minimiser les choses comme nous.  Je savais que quelques personnes avaient en haine les sorciers, de la même façon que les moldus sont haïs par certains sorciers. Tout le monde devait espérer que ça ne déraperait pas, que personne n’en viendrait à ce genre d’extrémité. » Oui, Myrna voulait songer comme ça, elle voulait croire à ses propres paroles pour ne pas avoir à se dire qu’ils étaient entourés de deux camps prêts  à sacrifier des vies pour leur cause.

C’était injuste pour sa fille de se trouver si étroitement mêlé à tout ceci alors qu’elle aurait pu naître dans une famille moldu et ne jamais avoir ce sentiment de trahison envers les autres parce qu’elle n’aurait été au courant de rien. Myrna la regarda, inquiète « Tu aurais préféré ne rien savoir toi non plus ? » Ce n’était pas possible, pas que la magie ne serait pas capable de faire cela mais parce qu’à aucun moment Myrna serait capable de faire cela. En revanche, elle voulait savoir si ça aurait été plus facile pour Leah de vivre au courant de rien, on ne peut pas changer le passé, bien sûr, mais c’était intéressant de voir si on ne s’était pas trompé en voulant faire les choses bien.
Leah pensait elle réellement ce qu’elle disait quand elle essayait de justifier le fait que les moldus n’étaient pas tous pareils. Croyait-elle sincèrement que sa mère n’était pas du même avis qu’elle ? Myrna avait-elle ne serait ce qu’une seule seconde laisser sous-entendre que tous les moldus étaient des assassins, elle essayait depuis des années de se mêler à ce monde, ce n’était certainement pas pour lui tourner le dos à la moindre occasion. Pour ce qui est de William c’était plus compliqué, elle poussa un soupir. « Je pense que l’éducation joue beaucoup sur les jeunes sorciers, tu sais que certaines familles voient les moldus comme des moins que rien, ça se transmet. William a, parfois, des idées un peu arrêtées à ce sujet. Je pense qu’il préférait régler le problème d’une manière moins pacifique. » Elle regarda sa fille dans les yeux pour essayer de la convaincre puisqu’elle avait l’air d’en douter aujourd’hui. « Je n’ai jamais prétendu que les moldus étaient tous comme ceux de la fête foraine. Je défendrais les moldus comme je l’ai toujours fait, tu n’as pas à t’en faire, je n’ai pas changé d’avis. »

Bien sûr que Leah ne voulait pas que sa mère se mette en danger, ah vouloir protéger les gens, c’était une histoire de famille il faut croire. Elle hocha la tête, confirmant que ce qui valait pour l’une, valait pour l’autre. En revanche, pour ce qui était du ministère, c’était toujours compliqué, elle souffla « Il faut que tout le monde se mette d’accord, savoir ce qui prédomine protéger les sorciers ou essayer de régler le conflit, déclencher des batailles ou travailler sur la paix, ça ne dépend jamais d’une seule personne. Je te dirais quand je serais au courant, je ne peux pas te dire qu’ils vont parler, je n’en sais rien, je l’espère, j’espère qu’ils vont essayer de contacter les ministres moldus pour essayer d’œuvrer ensemble sur la paix des mondes. »

Elle ne pouvait rien dire d’autres, excepté protéger son enfant. Visiblement elle s’inquiétait pour rien, Leah s’empressant de dire qu’elle n’irait pas, pensant qu’ils ne l’écouteraient pas. Elle n’en était pas aussi sûre mais préférait la laisser penser cela, ne voulant pas la mettre en danger. Elle sourit à son compliment, confirmant par la suite d’un bref hochement de tête qu’effectivement, sa fille avait promis de ne pas se mettre dans les ennuis « Moi je suis fière de la petite Leah qui sort de nulle part mais tu as sûrement raison, ils ne t’écouteraient pas. Est-ce qu’ils écouteraient une autre personne que toi en revanche, je me pose des questions, ils sont tellement persuadés d’avoir raison qu’ils n’ont sûrement envie d’écouter quiconque. »

Et bien en réalité, oui Myrna pensait que sa fille était capable de bien des choses. Il ne s’agissait là pas d’un trait aventureux. Parfois, ils ne s’agissaient pas de courage, pas d’aventure, juste de sentiments et Leah était bourrée de sentiments. Voilà pourquoi Myrna la pensait capable de bien des choses parce que cet amour qu’elle avait pour sa famille la pousserait à intervenir si besoin était. C’était cet amour qui la faisait prendre position et si Myrna en était si sûr c’est parce que les mêmes sentiments qui l’habitaient. Néanmoins, elle relevait un point important, le fait qu’il fallait prévenir ses frères pour ne pas que ces derniers ne fassent des choses stupides. « Je pense que toi tu te sous-estime ma chérie. Je mettrais tes frères en garde, sauf que Jimmy et Thomas sont à Poudlard et donc ils ne sont pas en contact direct avec des moldus. Je ne crains donc pas qu’ils essaient de s’en mêler, pour Sean c’est autre chose, je lui en parlerais quand je le croiserais au ministère. »
Leah était une boule de stress à cet instant et parler de ses frères ne devait pas spécialement aider. Elle vint donc se blottir contre sa mère dans l’espoir de récupérer un peu de sérénité et d’amour. Un sourire vint accompagner les propos de son enfant. Elle chuchota « Moi aussi je t’aime, tu veux que j’envoie Waldo pour prendre des nouvelles ? » Après tout, s’il fallait envoyer un hibou et recevoir une lettre pour rassurer Leah, et bien ça n’était pas un problème pour Myrna. En revanche, pas sûr qu’envoyer des textos seraient utiles, en plus lors des attaques, il y avait souvent beaucoup de personnes qui envoyaient des messages à leurs proches pour prendre des nouvelles, les lignes allaient être saturés, le ciel risquait moins d’être saturé par les hiboux.

C’était une question importante pour Myrna de savoir comment sa fille vivait la chose, parce que c’était peut-être plus cruel encore d’être tout proche des sorciers, d’avoir espéré qu’elle aussi ait des pouvoirs sans que cela n’arrive réellement. Elle aimait sa fille, il était donc évident qu’elle veuille le meilleur pour son enfant, même si au final, ça ne changeait pas grand-chose à ce qui c’était vraiment passé. Elle l’observa attentivement tandis que Leah avait un sourire sur le visage après avoir demandé si sa mère était sérieuse. Leah devait, elle aussi, confondre avec un de ses frères parce qu’aux dernières nouvelles, celui qui faisait de l’humour tout pourri – en dehors de Colin – c’était encore Sean et non pas Myrna. Bien sûr que Leah aimait la magie, Myrna n’en avait jamais douté. De la même façon qu’il paraissait logique que sa fille dise qu’elle aurait voulu, elle aussi, être une sorcière. Oui, les gênes avaient carrément déconné lorsqu’il s’agissait d’avoir fait de Leah une moldue, était ce pour pas que Colin se sente seul moldu au milieu d’une famille de sorcier ? C’était réussi mais c’était énervant à la fois de ne pas avoir de choix là-dessus, en tant que parent Myrna aurait voulu que tous partent avec les mêmes chances dans la vie et ça passait par la magie. Il avait donc fallu faire avec. Leah ne semblait pas avoir mal vécu la chose, c’était même rassurant de voir qu’elle se considérait comme chanceuse de connaître ce monde, de fréquenter des sorciers. Myrna lui fit un sourire « Je suis contente que tu penses comme cela, je suis contente que tu vois la magie comme quelque chose de positif. Tu fais parti de ce monde Leah, que tu sois sorcière ou non, tu as de la magie dans tes veines, celle de me rendre heureuse. » Et c’était le principal, peu importe que quand Leah dise Lumos, aucune lumière physique ne vienne éclairer les gens, elle éclairait les gens de par sa personne et sa personnalité.

Sa fille semblait convaincue quant au fait que Myrna n’avait rien contre les moldus, malgré aujourd’hui, malgré le déferlement de haine de la part de certains, sa position ne changeait en aucun cas. Si ça allait changer pour certains sorciers, elle n’en doutait même pas de cela, pour Myrna ce ne serait pas le cas. Elle aimait beaucoup trop les moldus qu’elle connaissait et celle qui vivait sous son toit pour commencer, jamais elle ne songerait à mal d’eux quand elle voyait Leah et la façon dont celle-ci se mêlait parfaitement à leur monde sans n’éprouver aucune colère ni aucune haine à l’égard des sorciers et de la magie en général, malgré aujourd’hui… elle aurait pu douter, avoir peur des sorciers mais cela ne semblait pas être le cas ou alors elle ne disait rien.
Les deux filles étaient d’accord, une fois plus, sur le sujet des pourparlers qui devraient avoir lieu mais le problème c’était que ça sentait pas très bon, quand les gens n’avaient pas envie d’écouter et bien bonne chance pour arriver à les tenir calme et disposés mais bon il y aurait sûrement des bons orateurs Ouai ils appelleront surement Elise, elle est douée avec les mots elle ^^ et puis ce n’était pas à Myrna, ni à Leah de s’en occuper, elles avaient d’autres choses à penser… Bon même si en réalité, la seule chose à laquelle Leah pensait à cet instant, c’était ses frères, ça ne passait décidément pas. Tout dans la posture de la demoiselle démontrait qu’elle était anxieuse, que toutes les paroles de sa mère ne la rassureraient pas, il faudrait des nouvelles concrètes. Myrna avait donc proposé d’écrire une lettre à Thomas en premier lieu, comme ça ils auraient des nouvelles. Sa fille répondit par la positive, comme c’est étonnant tien, puis s’écarta pour laisser passer sa mère qui se leva donc afin d’aller récupérer du papier et un stylo bille – parce qu’on ne va pas se mentir… les stylos c’est plus pratique quand même -. Elle demanda donc des nouvelles des deux garçons, cherchant à savoir aussi comment ça se passait à Poudlard, est ce qu’il y avait eu beaucoup d’élèves à cette fête, des amis à Jimmy peut être ? Une fois la lettre terminée elle siffla doucement l’oiseau blanc, ne le laissant en revanche surtout pas se poser sur son poignet parce que merci les serres des oiseaux de proies, ça laisse des marques. Une fois la lettre entre les pattes de Waldo, elle eut à peine le temps d’ouvrir la fenêtre pour laisser la chouette s’envoler qu’un hibou s’engouffra par l’ouverture. Un hibou qu’elle ne connaissait pas, c’était celui d’aucun de ses enfants. Elle attrapa la lettre qu’il lui tendait, jetant un regard à Leah sur le canapé. Devait-elle se rasseoir à ses côtés pour laisser sa fille lire par-dessus son épaule ou devait elle lire à haute voix directement. Myrna opta pour la solution d’eux, elle ouvrit donc l’enveloppe pour commencer la lecture. Au fil des mots… sa gorge se serrait, les battements de son cœur s’affolaient en comprenant ce qui arrivait. Et bien… tout compte fait la journée allait être beaucoup plus tendue que prévu. C’était un cauchemar, un véritable cauchemar, elle glissa à sa fille, un peu penaude « J’avais tort, allons voir ton frère. » Elle n’avait rien à dire d’autres, parce qu’elle avait mal au cœur, parce que c’était son enfant là-bas et qu’elle avait juste envie d’aller le retrouver le plus vite possible pour être certaine – bien que la lettre était assez claire à ce sujet – qu’il s’en sortirait.