Assis dans une chambre de Sainte-Mangouste, tu écoutais les dernières recommandations du médicomage pour ta mère. Celle-ci tirait une tête de six pieds de long, pas du tout ravie des conseils qu’elle allait devoir respecter. Elle s’était blessée méchamment la veille lors d’une enquête soi-disant de routine et ne sortirait pas de l’hôpital avant le lendemain. Elle aurait ensuite à respecter un repos le plus total pendant au moins une semaine. Cela promettait d’être une semaine de pur bonheur, ta mère n’ayant jamais tenu en place bien longtemps. Elle râlait déjà pour son travail, qu’elle ne pouvait pas s’arrêter comme ça, bref un argumentaire pas très étonnant à ce stade de la conversation. Une semaine comme ça ? L’enfer !

- Je vais faire venir Anton, la coupas-tu.

Vous aviez prévu d’aller le voir, mais le vieux apothicaire russe se ferait un plaisir de vous rendre visite pour cette fois. Et toi, tu ne serais pas obligée de la surveiller. La connaissant elle était capable de se rendre au ministère en fauteuil… A cet instant, un infirmier passa le seuil de la chambre et tendit une lettre à Isobel, expliquant que ça venait d’arriver.

- Merde, j’avais zappé, j’avais une mission pour l’Ordre de programmée cette après-midi.
- C’est bon j’irais à ta place, soufflas-tu agacé qu’elle se cherche encore des excuses pour ne pas rester tranquille.

C’est ainsi qu’après lui avoir fait promettre de ne rien faire de stupide en ton absence, tu t’étais rendu au 12 square Grimmaurd pour prendre connaissance de la mission pour laquelle ta mère s’était engagée. Juste avant, tu avais rédigé une lettre pour Anton, priant pour qu’il débarque au plus vite. Tu aimais ta mère, mais quand il s’agissait de sa santé, elle était juste invivable. Puis tu avais transplané plus loin dans Londres. Heureusement que tu n’avais rien de prévu aujourd’hui. Ça t’aurait légèrement contrarié de devoir encore reporter un rendez-vous avec Elise. Tu entras dans le quartier général de l’Ordre du Phénix et tu saluas les personnes présentes avant de t’approcher plus spécifiquement de l’une d’entre elles.

- Bonjour Miss Rosier, je suis désolé, mais ma mère ne pourra pas se joindre à vous aujourd’hui comme prévu. Elle s’est cassé la jambe hier au travail. Si ça ne vous dérange pas, je vais la remplacer.

Tu observas sa réaction, avant de te pencher sur les parchemins sortis. Ce devait être une simple enquête de ce que tu constatais. Une équipe de Rafleurs n’envoyait plus de rapports depuis une quinzaine de jours, ce qui exaspérait un peu l’Ordre du Phénix. Etant donné leur travail sensible, ces rapports étaient une nécessité autant pour leur sécurité que pour s’assurer qu’ils n’abusaient pas des droits accordés dans le cadre de leur mission. Il faudrait donc se rendre à leurs quartiers d’opérations afin de voir ce qui se passait ou tout simplement leur rappeler leurs devoirs envers le conseil d’administration. Bref si tout se passait bien, tu serais de retour bien largement avant l’heure de fin des visites de Sainte-Mangouste. Tu reportas ton attention sur Miss Rosier. Tu la connaissais brièvement d’une part parce qu’elle exerçait une profession que tu envisageais de faire, de ce fait tu avais déjà eu l’occasion de la croiser sur ton lieu de stage. Et d’autre part, puisque sa popularité avait quelque peu grimpé depuis qu’elle occupait un siège au conseil d’administration.

Après avoir prévenu que vous partiez, vous transplanâtes devant ce que tu supposais être le quartier d’opérations de l’équipe de rafleurs qui ne donnaient plus de nouvelles. La bâtisse était particulièrement sinistre et étrangement silencieuse. Elle était isolée au milieu de nulle part en bordure d’une immense forêt. Un frisson te parcourut l’échine sans que tu ne parviennes à expliquer en quoi l’atmosphère des lieux te laissait une telle impression. Tu échangeas un regard avec la jeune femme que tu accompagnais. Est-ce qu’elle ressentait le même étrange malaise que toi ?

- Il n’y a l’air d’avoir personne, fis-tu remarquer en constatant que les volets étaient tous fermés.

Enfin ça, il n’y avait qu’un seul moyen de s’en assurer et tu t’avanças sur le chemin qui n’avait pas été entretenu depuis un moment tant il était envahi de mauvaises herbes. Un corbeau croassa non loin pour achever de rendre l’atmosphère définitivement lugubre. Pendant un instant, tu te demandas, si vous ne vous étiez pas trompé de lieu, mais l’adresse que vous aviez paraissait être la bonne. Tu poussas le portail qui bien évidemment grinça quoi j’en fais trop ? xD, il ne manquait plus que le brouillard bien dense et tu aurais l’impression de te rendre dans une maison hantée. Tu parcourus le reste de l’allée et grimpa les trois marches, laissant le soin à Miss Rosier de frapper à la porte pour annoncer votre venue. Que feriez-vous si personne ne répondait ? C’est alors que tu remarquas que la porte n’était pas tout à fait fermée. Qu’est-ce qui se passait ici ?

Cela n'avait pas l'air de gêner l'avocate que tu sois là à la place de ta mère. Heureusement ! Certes tu n'avais pas son expérience, ni sa formation d'Auror, mais ça ne t'empêchait pas d'être parfaitement capable de mener certaines missions que l'Ordre du Phénix confiait. Tu esquissas un sourire en l'entendant espérer que ta mère se remettrait vite de son accident... Oh la. Tu étais le premier à prier pour une guérison miraculeuse. Si cela durait plus d'une semaine, tu supplierais un ami de t'accueillir afin de ne plus endurer les jérémiades de ta mère. Mieux valait ne pas penser à cette éventualité et tu te penchas sur les notes de mission tout en écoutant la jeune femme. Une simple mission de rappel à l'ordre d'après elle, effectivement il n'y avait pas de raison que ça se passe mal. Une simple conversation pour rappeler aux rafleurs que les plumes et le parchemin ça existait et qu'ils devaient se manifester même s'ils n'avaient rien fait de spécial.

Une mission de routine ? Vraiment ? Le quartier d'opérations des rafleurs n'avait rien d'engageant. La bâtisse semblait littéralement abandonnée, ce qui était complètement en désaccord avec les informations en possession de l'Ordre ou même tout simplement du ministère. Tu passas ta main sur ta veste afin de sentir la présence rassurante de ta baguette à travers le tissu. Tu ne pouvais t'empêcher d'avoir cette désagréable impression que quelque chose clochait, comme si ça n'allait pas si bien se passer que prévu. C'était l'été et pourtant l'endroit te faisait froid dans le dos. On aurait dit une description de l'un de ces romans à suspense qui te passionnaient tant. Tu regardas l'avocate toquer à la porte et tu poussas tes sens lupins afin d'essayer de percevoir un pas, un bruit, un signe de vie à l'intérieur, en vain.

- Aidan, répondis-tu à Miss Rosier lorsqu'elle t'interrogea sur ton identité.

Tu acquiesças lorsqu'elle suggéra d'entrer. Elle n'avait pas l'air des plus à l'aise, pour autant il fallait bien comprendre ce qui se passait et pourquoi les rafleurs ne donnaient plus aucun signe de vie au conseil d'administration. Tu la suivis à l'intérieur de la maison, cette fois en sortant ta propre baguette. Inutile d'attendre que le danger vous tombe dessus, tu préférais être prêt à agir. Elle appela encore, mais personne ne lui répondit. Tu observas alors les lieux avec attention. Il y avait un peu de vaisselle sale dans l'évier, mais abandonnée là depuis longtemps. D'un coup de baguette, tu ouvris les volets un à un pour mieux observer la pièce. Un exemplaire de la gazette du sorcier traînait au sol, il datait d'un bon mois. Tu avanças encore et le parquet grinça. Quelle idée de choisir une vieille bicoque isolée pour lieu de résidence et de travail...

- D'accord, répondis-tu à la jeune femme lorsqu'elle suggéra de faire le tour de la maison pour l'inspecter, vous prenez l'étage et je vais voir le sous-sol ? Ou peut-être préférez-vous qu'on ne se sépare pas ?

La maison n'était pas bien grande et vous en auriez vite fait le tour, à première vue. La maison paraissait déserte et pourtant quelque chose te soufflait qu'un danger rôdait et qu'il fallait rester prudent. Tu avanças vers la porte qui menait au sous-sol... Le bonheur... tu avais toujours rêvé de visiter la cave de rafleurs... Allez, si ça se trouve, il n'y avait que des réserves de whisky pur feu et quelques outils de bricolage pour réparer... Les volets qui grinçaient peut-être, voire le portail ? Bon peut-être qu'ils n'étaient juste pas doués pour le bricolage... Tu soupiras en tournant la tête, regardant la rambarde de l'escalier qui menait à l'étage. Qu'est-ce qui était le mieux en fait ?

Dés:

Finalement peut-être que l'étage serait moins accueillant. Tu ne pouvais décrocher ton regard de la rambarde souillée.

- Miss Rosier, appelas-tu, regardez, il y a du sang par ici. Je vais voir, vous venez?

Le sang de qui par contre? Mystère, mais il s'était visiblement passé quelque chose d'anormal ici. Il n'était donc peut-être pas raisonnable à ce stade de se séparer et tu entrepris donc de passer devant et de gravir les marches de l'escalier qui bien entendu grinçaient comme tout le reste de cette maison. Le sang était présent quasiment sur toute la longueur de la rambarde que tu pris bien soin de ne pas la toucher. Ta baguette était pointée bien devant toi et tous tes sens étaient en alerte.