Il n’y a pas de hasard.
Un samedi matin de printemps, Septima quitte le château aux premières heures du soleil, son balai plaqué sur l’épaule, prétextant un entraînement intensif pour le prochain match de Quidditch. Arrivée dans les vestiaires, elle range son équipement dans un casier avant de s’aventurer à l’extérieur du stade, complètement désert à l’image du parc où le calamar géant chasse d'indésirables moineaux venus troubler la surface plate de son lac. Derrière les gradins, Septima coupe par un sentier aboutissant à la frontière de la forêt interdite. Il ne fait pas bon de se balader seule avec tous ces détraqueurs rôdant dans les environs. Mais si l’histoire nous a bien appris une chose, c’est qu’à l’état d’animal, les pouvoirs des gardiens d’Azkaban sont moins efficaces, voire inefficace. C’est ce dont s’est persuadée Septima pour se rendre, sans crainte, dans une clairière à quelques pas de l’orée de la forêt. Elle ne s’est pas vraiment éloignée, inutile d’en faire toute une histoire ! Et dans cette clairière, Septima Ombrage à un compte à régler. Elle sort sa baguette, l’oreille aux aguets, les sens en alerte, la pointe de sa baguette prête à fendre les airs si
elle en vient à se montrer. Elle sait ses animaux nocturnes, mais elle redoute que cette vermine à compris ses desseins, et ça ne l’étonnerait pas qu’elle soit capable de supprimer son sommeil pour veiller à sa tranquillité. A pas de velours, Septima repousse les hautes herbes à la recherche d’un trou signalant la présence d’une tanière.
Sous un buisson touffu, la jeune fille repère un semblant d’entrée, et elle s’accroupit pour mieux l’analyser. Comment en est-elle arrivée là ? Faire d’un animal un ennemi, un pauvre petit animal, elle qui raffole tant des créatures, surtout les incomprises ? Car les belettes sont considérées comme des nuisibles alors qu’elles sont d’une utilité notoire. Cependant, une véritable rivalité est née entre la belette et Septima. Evidemment, la jeune fille ne l’avouera à personne, c’est bien pour cette raison qu’elle s’éclipse en douce du château, faisant croire à tout le monde qu’elle s’entraîne dur pour devenir la meilleure poursuiveuse de tous les temps. Sauf qu’elle est déjà la meilleure poursuiveuse de l’école (vous n’étiez pas au courant ?), même si, il faut l’avouer, Nymphéa ne se débrouille pas trop mal.
Un rayon de soleil frappe en plein cœur de la clairière, accentuant la chaleur environnante. Avec précaution, Septima retire sa cape sans faire de bruit. Sans nul doute, l’animal a repéré son odeur si tant est qu’il est réveillé. Sans nul doute, il n’est pas assez bête pour sortir de sa tanière, et la dernière fois qu’elle a plongé son bras dans un terrier, un renard s’y est accroché et franchement, ça fait mal. Pourquoi tant de représailles, me demanderez-vous ? Sachez qu’en addition à son travail acharné pour devenir la meilleure joueuse (bien qu’elle le soit déjà, je vous l’ai déjà dit), Septima s’entraîne durement pour contrôler sa condition d'animagus. Régulièrement, elle s’enfonce dans la forêt (mais pas trop loin) pour prendre sa forme renarde afin d’apprendre à contrôler ses sens et maîtriser l’instinct animal. Autant vous dire que ce n’est pas gagné. Un jour, une belette qui passait par-là a chipé le mulot que Septinarde essayait de chasser depuis dix minutes. La belette s’en est emparée en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, et Septima s’était fait un point d’honneur à récupérer sa proie. Pour qui elle se prend celle-là ? Coiffer au poteau Septima Victoria Ombrage ? Quand bien même la belette ne faisait que son boulot d’animal sauvage, Septima s’était résolue à lui rendre une petite visite sous forme humaine histoire que la peluche en forme de saucisson fasse un peu moins la maligne.
Une douce brise vient adoucir l’air ambiant que le soleil en tapant réchauffe. Les hautes herbes dispersées en touffe de-ci de-là ploient sous les bourrasques. De la verdure, rase, brille d’un vert éclatant, parcourue de pâquerette qu’on ne peut éviter de piétiner, tant elles sont nombreuses. Hormis en lisière, l’endroit est dégagé, dessinant un cercle de végétation encadré par les arbres sombres de la forêt interdite, comme un trou de lumière au milieu de l’obscurité.