Le monde ne tournait plus rond, Grigori en était à présent convaincu. Le problème ne résidait pas dans le fait de devoir des excuses à quelqu’un. Bon si, déjà c’était un problème en soi pour le Dimitrov que de s’excuser, surtout qu’il n’était pas certain d’avoir si mal agit. D’accord il avait eu des mots qui avaient un peu dépassé sa pensée. Encore que c’était assez proche de ce qu’il pensait réellement. Le problème était donc qu’il avait pour potentielle fiancée quelqu’un de têtue. Potentielle fiancée, il fallait aussi le dire très vite parce qu’il semblerait qu’elle ait oublié cette partie et que Grigori l’avait laissé tranquille. En apparence en tout cas, parce que dans l’ombre, il n’avait cessé de s’entraîner à formuler des excuses. Qu’est ce que c’était gavant les filles… Il s’en était rendu bien compte à travers les regards d’Eponine, sauf que s’il était disposé à faire des efforts pour Kiara, il ne l’était pas vraiment pour le reste du monde et il passait plus de temps à se braquer en disant que tout ceci servait à rien plutôt qu’autre chose. Pourtant, il n’avait pas lâché, il était incapable de lâcher lorsqu’il avait un objectif en tête et il était prêt à recommencer, dix, quinze, vingt fois, jusqu’à ce qu’il n’ait plus cette mâchoire crispée lorsqu’il disait des mots qu’il pensait à moitié,  lorsqu’il ne levait pas les yeux au ciel en ayant l’impression que tout était trop faux dans ses mots et que ça ne lui ressemblait pas. Elle avait intérêt à lui donner des garçons merveilleux la petite Kiara parce que sinon il allait finir par l’étrangler. Oh et puis pendant qu’il y était, la demoiselle Vandwyck avait tout intérêt à ne pas se tromper, à ne pas donner de faux espoirs parce qu’elle aussi elle risquait d’en prendre pour son grade.

Est-ce qu’il était fin prêt, non, pas le moins du monde parce qu’il ne savait pas vraiment la finalité de tout ceci, des suppositions et un peu d’espoir, celui que tout rentre dans l’ordre. Sauf qu’il en avait ras le bol de ne pas pouvoir lui parler. Et puis Eponine avait dit qu’il fallait forcer Kiara – bon elle avait rajouté en douceur mais étant donné que pour Grigori on ne peut pas forcer en douceur …- il était donc grand temps qu’il agisse. Aussi, il attendit, adossé à un mur de Sainte Mangouste qu’elle ait terminé de bosser. Pour le coup, ça n’était pas ultra dur de savoir à quelle heure, elle finissait parce que même si les deux Vandwyck avaient plus ou moins sous-entendu qu’il devait un peu lui foutre la paix, il avait presque terminé ses études, avait juste à s’occuper de ses examens de fins d’années, qu’il aurait haut la main parce qu’il était un bosseur, il avait bien assez de temps libre pour juste regarder comment allait sa fiancée. Et puis il fallait aussi se dire qu’il était loin d’être serein, qu’il n’avait pas du tout envie qu’un autre vienne courtiser Kiara. Non parce que contrairement à ce qu’il lui avait plus ou moins assez clairement dit, il savait très bien qu’elle ne serait pas du genre à finir vieille fille. Le mieux pour éviter de se faire ravir sa place, c’était donc de surveiller et de se préparer à s’occuper de refroidir une éventuelle concurrence mais pour le plus grand bonheur de Grigori, il n’y eut personne. Cependant, il avait un peu de mal à saisir pourquoi mais ça l’arrangeait bien.

Il s’était donc débrouillé pour être dans un endroit un peu reculé, il fallait obligatoirement passer devant lui pour quitter Sainte Mangouste mais un peu à la manière des félins dans les documentaires animaliers, à moins de savoir qu’il était là, les gens passaient devant lui sans même s’en rendre compte, ce qui était clairement le but recherché. Aussi, lorsque mademoiselle Macmillan sortit, il la laissa passer, compta jusqu’à cinq, se chargea de la rejoindre, se moquant pour le coup éperdument qu’il y ait du public ou pas puisqu’il ne lui laisserait pas le temps ni de crier, ni de se dérober. A peine eut il posé sa main sur l’avant-bras de la demoiselle qui l’invitait pardon forçait doucement à transplaner avec lui. Première étape du plan parfaitement réalisé, il faut dire que ça c’était parfaitement dans ses cordes.
Direction donc un endroit qui lui tenait à cœur et s’il avait un peu hésité entre l’endroit où ils avaient passé du temps ensemble pour la nouvelle année, l’autre endroit lui semblait moins dangereux moralement. La raison était toute simple, s’il l’emmenait dans un endroit où il s’était vraiment rendu compte qu’ils avaient passé un cap et qu’ils étaient capable d’agir l’un pour l’autre mais qu’elle ne le voyait pas ainsi et bien le moral de Grigori risquait d’en prendre un coup. Déjà qu’il n’était pas confiant sur le reste du plan, si dès le départ ça merdait, il risquait de laisser sa colère prendre le dessus et ne pas être des plus sympathique ce qui n’était pas le but du plan. Après tout il ne s’était pas coltiné Eponine – oui oui même si elle est très sympa – pour rien.  C’est la raison pour laquelle les deux futurs mariés sorciers arrivèrent devant chez les Dimitrov. Alors, bien sûr Grigori avait l’autorisation pour transplaner directement à l’intérieur – manquerait plus que ça tiens, qu’il ait pas le droit – mais puisque c’était un lieu qu’il appréciait dans sa globalité, autant lui montrer en entier et puis il fallait aussi dire ce qui était, étant donné le désamour de Dimka et de petite merdeuse pour leur enfance, il y avait de grandes chances que ce soit lui qui récupère l’immense demeure.

Bien entendu, à peine arrivé, il avait relâché la demoiselle, se doutant assez bien qu’elle devait être un chouya inquiète. Rare devait être les gens qui attrapait d’autres personnes sans se manifester avant sans avoir d’arrières pensées franchement négatives mais Grigori rentrait rarement dans les cases et il avait pris au mot les propos de la sœur de Tristan et bien sûr que si ça foirait, il irait lui dire que ses conseils c’était de la grosse merde, pour faire simple en un peu plus virulent je te l’accorde mais là n’était pas le sujet, étant donné que Grigori était quelqu’un de très poli – pas du tout – il commença par un « Bonjour Kiara. » qu’il aurait pu dire avant de la faire transplaner mais c’est un détail. Est-ce qu’il craignait qu’elle tranplane pour s’éloigner de lui ? En réalité pas une seule seconde, pas plus qu’il n’était inquiet à l’idée de lui tourner le dos pour ouvrir la demeure et faire sauter une à une les protections magiques. Et le moins que l’on puisse dire c’est que les Dimitrov avaient un problème avec la protection parce que ça lui prit bien cinq minutes. Cinq minutes pendant lesquelles il était silencieux, bien que pestant dans sa tête, franchement il était venu là il y a moins de trois jours, il aurait pu ne pas toutes les remettre… comme si quelqu’un allait venir et s’apercevoir de la moindre chose mais bon Grigori préférait faire les choses comme ses parents le désiraient. Une fois cette fastidieuse entreprise réalisée, il ouvrit la grille avec ce petit sourire fier d’être ici, mêlé à un peu de stress, il est vrai à l’idée qu’elle veuille déjà partir. Il s’effaça pour la laisser entrer la première, ne sachant pas comment formuler cette demande, la seule chose qui lui venait à l’esprit et qu’il dit ressemblait à une façon de l’appâter « J’ai quelque chose pour toi. » Et pourtant, il savait bien que ça ne fonctionnait pas des masses avec elle, elle n’était sensible à rien. Il savait qu’il devrait par la case excuse, il avait bien bien enregistré mais il trouverait ça plus simple si elle avait le regard rivé sur autre chose, qu’elle serait un peu déconcentrée et non pas en train de le regarder.

Une fois certain qu’elle ne se ferait pas la malle, il entra derrière elle, ne fermant pas derrière eux et cela pour une bonne raison, il ne voulait pas qu’elle se croit prisonnière de lui, ce qui ne favoriserait pas l’image qu’elle avait de lui mais aussi par arrogance, parce que si quelqu’un entrait ici par effraction alors qu’il était présent, la personne se condamnait à mort. Si cela était sûrement logique, il précisa néanmoins « C’est là que j’ai grandi. » Est-ce qu’il fallait tout expliquer ? Lui dire pourquoi ils étaient là, pourquoi cet endroit plutôt qu’un autre ? Il attendait de voir mais essayait de se comporter en propriétaire des lieux exemplaires « Tu veux que je te fasse visiter le jardin ? » Oui c’était pas le plus passionnant mais sait on jamais que ça soit la chose qui l’attire, il n’allait pas la frustrer.

Ste-Mangouste, dortoir, études, visite aux parents et on recommence. La vie avait un traintrain un peu routinier et si cette routine ne l’avait pas dérangée tant que ça dans le passé, là, ça avait pris une douce amertume. Pas que chacun de ses éléments lui déplaisaient séparément! Au contraire! Ses études à Ste-Mangouste était de plus en plus intéressante et elle sentait qu’elle prenait de l’expérience au sein de l’univers médical. C’était quelque chose de particulièrement agréable se sentir à la bonne place pour sa carrière. Puis ça allait avec ses études aussi, c’était beau que ça devienne de plus en plus complexe, mais qu’elle comprenait très bien. Sa famille, ça aussi ça allait. C’était une fille familiale la Kiara. Sa sœur, ses parents, son frère. Elle les aimait tous énormément. Cependant, il avait encore ce petit manque au creux de son cœur. Ce que c’était con parfois les sentiments, pas vrai? En plus, elle cachait tout ça avec des sourires, des paroles qui devaient sonner faux, mais qu’on ne lui reprenait pas. Elle ne voulait absolument pas entendre que c’était tant mieux, qu’il ne la méritait pas et ça, c’est en omettant toutes les horreurs et stupidités qu’on pouvait dire sur Grigori. Bien sûr, il avait des teintes de vérité, mais elle ne voulait rien entendre.

Surtout qu’elle avait eu l’impression que lui aussi avait laissé tomber. Pas qu’elle s’attendait à ce qu’il lui court après toute sa vie! Ce n’était pas qu’elle voulait se faire supplier, mais c’était un peu comme s’il lui donnait raison finalement. Que ça n’avait jamais été plus que le contrat alors que de son côté oui. Cette conclusion avait été une déception trop grande pour la belle blonde. Donc oui, cette routine. Actuellement, elle en était à être en route pour son dortoir. Elle avait presque terminé ses études et aussi bien dire qu’elle n’avait aucune nervosité quant à ses examens. Elle avait toujours été particulièrement douée la MacMillan. Kiara venait de sortir de Ste-Mangouste, prenant le chemin habituel pour rentrer, la tête un peu ailleurs. Enfin, assez ailleurs pour qu’elle ne réalise absolument pas que Grigori se trouvait près d’elle la seconde avant qu’il ne lui touche l’avant-bras. D’ailleurs, en parlant de rapidité, elle avait à peine vu son visage qu’elle transplanait avec lui.

C’était le genre de déplacement surprenant disons-le. Niveau surprise, elle en avait plein les yeux quand le sol revint sous ses pieds. Elle recula d’un pas pour mieux se rattraper dans son atterrissage. Son regard ne savait plus ou se lancer, entre la demeure pas trop loin, les alentours et Grigori. Alors là, pour la surprendre, il avait bien réussi. Quand il la salua enfin, elle haussa un peu les sourcils. Bah oui, on pouvait au moins lui dire l’ordre des choses? Par contre Kiara était une gentille demoiselle -oui, peu importe ce qu’il peut en penser- même qu’elle prit la peine de lui répondre.

« Bonjour Grigori… »

Ça c’était être polie. Parce qu’elle aurait bien pu s’insurger tout de suite de son manque de délicatesse. Il avait réussi à éveiller sa curiosité. D’ailleurs pendant que lui était en train de s’en prendre aux protections, elle tentait de replacer quelques mèches qui avaient été un brin déplacé durant le voyage. Heureuse encore d’être toujours bien mise. Elle espérait ne pas avoir l’air aussi fatiguée que la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Il n’avait pas manqué de lui signaler. Oh et… était-elle inquiète? Absolument pas. Elle n’avait jamais été inquiète avec lui. Kiara se vantait peut-être un peu trop de connaître le Dimitrov, mais elle n’avait pas peur de lui. Il savait se montrer méchant avec ses mots, mais elle réalisait bien qu’il manquait juste cruellement de tact. Et encore là, c’était peu dire. Kiara s’était rapprochée de Grigori en attendant qu’il ouvre le portail, lui lançait un petit regard intrigué.

L’attente ne lui semblait pas si longue, parce qu’en réalité, son cœur battait comme un dément dans sa poitrine. Qu’avait-il préparé? Elle observait la demeure en supposant que c’était sans doute la maison familiale des Dimitrovs, c’était somme toute logique. Elle eut un mince sourire à ses mots, un peu timide malgré tout. Mais elle souriait surtout parce qu’elle ressentait sa maladresse et sa nervosité. Bon, le pire, c’est que ça la rendait elle-même encore plus nerveuse! C’était beau tout ça, franchement. Elle s’occupait de patients et elle était nerveuse pour une histoire pareille. Elle ne le fit pas attendre longtemps, elle entra dans le domaine en observant tout autour avec beaucoup de curiosité. Ses magnifiques prunelles pivotaient sur Grigori quand il vint confirmer que c’était la maison de son enfance.

Oh pourquoi ça lui faisait un petit baume sur le cœur? Non, mais en vrai, il ne devait pas avoir eu beaucoup de gens qui étaient passés ici pour visiter comme elle en ce moment, pas vrai? Enfin, passé. C’était beaucoup dire. On comprend le principe. Il avait quelque chose pour elle, peut-être, mais c’était quand même ici qu’il décidait de lui donner. Pour une fille qui venait de se faire kidnapper à moitié, elle le prenait assez bien. Son invitation courtoise la fit pivoter un peu vers Grigori, un sourire sur ses lèvres.

« J’aimerais beaucoup que tu me fasses visiter… mais si tu préfères… me montrer ce pourquoi tu m’as presque kidnappée, ça me va aussi. (Oh la vilaine. Elle se moquait de lui? Ce n’était absolument pas un reproche, ça se voyait dans l’éclat lumineux de son regard et la délicatesse de son sourire. Elle hochait ensuite un peu les épaules en soufflant) Puis… je t’avoue que je suis curieuse aussi… autant de voir ou tu as grandi et aussi… pourquoi tu m’as emmené ici. »

Elle espérait tellement qu’il comprenne qu’elle n’avait nullement l’intention de partir, qu’elle voulait savoir ce qu’il avait pour elle, pourquoi ici, pourquoi… enfin, beaucoup de pourquoi. Disons qu’heureusement qu’il avait eu l’épisode un peu intense de l’explosion de la bijouterie, parce que s’il avait tenté cette même technique avant ça, elle n’aurait pas réagi de la même façon. Elle était nerveuse la belle Kiara, une nervosité qui faisait battre le cœur trop vite et qui coupait le souffle un peu.

Toujours un plaisir que de constater qu’il ne se trompait pas sur toute la ligne et qu’elle daignait lui accorder son attention. En même temps, il était le seul être humain présent en ces lieux, il était donc difficile de l’imaginer parler à un autre. Il est bon de noter que si sur ce nombreux, très nombreux points, Kiara et lui c’était le jour et la nuit ou le feu et la glace au choix, sur un point ils se ressemblaient beaucoup, celui du paraître. Il avait bien conscience d’être à un stade ultra avancé du fameux paraître, faisant attention à tout, aux chaussettes assorties au costume, aux plis de ce dernier, à lui en règle générale, elle n’était pas en reste, ayant remis ses cheveux en place  tandis qu’il s’occupait des sortilèges. Oui, il faisait attention à ce genre de détails, même si, il n’avait rien à dire à ce sujet et qu’autant il se permettait des choses autant ça, non. Mais il faut croire que sur ce point, elle faisait attention aussi.

Elle entra sans se faire prier, ni même qu’il y ait un semblant d’hésitation et il lui emboita le pas, l’observant attentivement tandis que ses yeux papillonnaient autour d’eux en découvrant l’endroit.C’est alors qu’il précisa que c’était chez lui, rien de plus, ne se projetant pas pour le moment dans son futur – auquel elle était conviée bien entendu – en lui disant qu’il avait l’intention d’y vivre plus tard. Elle posait un regard intéressé sur le décor qui l’entourait, faisant dire à Grigori qu’il y aurait moyen de négocier avec elle, une fois qu’elle aurait accepté qu’il lui passe la bague au doigt et qu’elle arrête de l’emmerder avec ses hésitations et ses requêtes. Et oui, bien sûr que ça l’emmerdait d’avance de devoir négocier cela avec elle mais vu qu’elle était décidée à le faire suer par principe, son petit plaisir personnel sans doute, Grigori n’aurait d’autres choix que de prendre ses choix en compte. Encore que, peut être que sur des décisions pareilles ou l’avis de la blondinette, il s’en foutait, il devrait penser aux potions... ça allait lui coûter une fortune mais en même temps ça leur éviterait des disputes inutiles puisqu’il avait bien l’intention de ne pas céder. Il fallait qu’il y réfléchisse sérieusement à ça.

Elle le sortit de ses pensées, pas franchement respectueuses du libre arbitre de Kiara, en le taclant. Il lui adressa un regard un peu hésitant, s’apprêtant à rétorquer, étant naturellement sur la défensive. Il n’en fit rien en comprenant qu’elle ne pensait pas à mal, son regard accompagné d’un sourire le démontrant à la perfection. Il roula des yeux néanmoins «Kidnappée, voyez vous ça ? Pour une captive, tu m’as pas l’air des plus effrayée» Il jeta un coup d’oeil vers la grille qu’il avait laissé ouverte et se décala pour ne pas empêcher une éventuelle fuite «Tu peux encore partir, je ne te poursuivrais pas, tu as ma parole.» Cette phrase anodine en apparence en disait pourtant long sur l’état d’esprit de Grigori, il lui laissait le choix, d’accord après l’avoir embarqué de force, elle avait raison mais elle avait le choix de quitter les lieux, il ne l’empêcherait pas. Si elle faisait ça, il lui signifiait qu’elle avait gagné, il rendait les armes, arrêtant de s’acharner avec elle et lui fichant la paix et il lui donnait sa parole, ce qui faisait écho à une discussion qu’il avait eu avec Tristan, sa parole était importante, il ne la donnait jamais dans le vent, alors oui, elle n’en savait probablement rien mais elle en aurait la preuve si elle prenait la décision de partir.

Ce qu’elle ne fit pas, ahlala elle avait beau être une chieuse en puissante et Grigori priait d’ores et déjà pour que leur fils, parce qu’ils n’auraient pas de filles hein, il n’en voulait pas, bref que leur fils ne prenne pas trop du caractère de Kiara sinon ça allait être infernal. Kiara elle devait se débrouiller pour transmettre des trucs cool, par exemple la couleur de ses cheveux ou encore de ses yeux, voilà juste des traits physiques, c’est bien les traits physiques. Chieuse oui mais il y avait un attachement certain, il n’arrivait pas bien à définir lequel mais il se rendait bien compte qu’elle était attachée, n’arrivait juste pas à déterminer à quel point. Comment parvenir à la remettre sur le droit chemin et qu’elle ne soit pas juste une amie mais bien une épouse ?  Et une autre inconnue dans tout cela, et lui ? A quel point était-il attaché à elle ? Difficile à déterminer, il s’acharnait à vouloir l’épouser alors qu’il savait qu’elle ne voulait pas de lui, l’avait bien compris et pourtant contrairement aux deux fois précédentes, les refus de Kiara, il ne les acceptait pas. Il l’observa attentivement, sans rien dire, tandis qu’elle parlait, cherchant vraiment à comprendre ce qu’elle avait de différent par rapport aux autres sans parvenir à mettre le doigt dessus, avant de finir par secouer la tête pour sortir de ses pensées et d’avancer vers l’intérieur des jardins.  

L’absence de ses parents ne se faisait pas ressentir au niveau du jardin, tout était entretenu à la perfection comme s’ils étaient toujours présents ici et pourtant lui plus que quiconque était bien au courant que ça n’était pas le cas. Déambuler silencieusement à travers les parterres de fleur lui convenait parfaitement et pour le coup, il n’avait pas beaucoup de choses à raconter, pas de cavalcades folles entre frères et sœurs ou alors si c’était arrivé, il n’en avait pas le moindre souvenir, en même temps, il n’avait pas non plus le droit de cueillir les fleurs, se souvenant parfaitement de l’avoir fait et de ne pas avoir reçu de remerciements pour son bouquet, plutôt une correction sans qu’il n’ait vraiment compris ce qu’il avait fait de mal pour le coup mais ça c’était un peu l’histoire de sa vie. Il observa Kiara à cette pensée, avec elle non plus, il ne comprenait pas pourquoi il s’était fait éjecter de sa vie mais comptait bien reprendre sa place et promis il n’en collerait pas une à leurs enfants s’ils cueillaient les roses du jardin pour Kiara. «J’espère pouvoir récupérer cet endroit pour y vivre.» s’il ne le dit pas ouvertement, le regard appuyé qu’il lui lança signifiait clairement avec toi.

Une fois tout le tour du jardin effectué, il l’entraîna à l’intérieur, faisant une visite succincte du bas, sentant au fur et à mesure des pièces, l’inquiétude le gagner, il finit par l’entraîner en haut, ne se prit même pas la tête à montrer les chambres de la fratrie, traçant jusqu’à la sienne. Ce n’est qu’une fois les doigts sur la poignée qu’il se rendit compte que c’était bien la première fois qu’il ramenait quelqu’un dans sa chambre. Il eut d’ailleurs un moment de doute avant de l’abaisser, c’était sa vie derrière cette porte,  oui ça comptait pour lui mais pour le reste du monde ça n’était qu’une chambre d’enfants, Est-ce que ça en valait la peine? Il l’abaissa sans un mot, l’ouvrit mais resta dans le cadre une dizaine de secondes, observant cette rigueur quasi militaire perceptible dans le rangement, cette volonté d’être un enfant parfait et cette culpabilité qui le prenait à la gorge en sachant qu’il n’y arrivait pas, il la laissa finalement entrer allant au bureau pour récupérer l’écrin en bois posé dessus et le lui tendre gravement «Je sais, tu te fiches complètement des cadeaux que je peux te faire, que la richesse tu t’en moques et que tu veux juste être heureuse.» Il roula des yeux «Tu pourras le jeter dans une poubelle chez toi en rentrant, je n’en reparlerais jamais.» Ah ça, vu l’effort que ça demandait elle pouvait en être assurée, il allait oublier cette journée. Il n’empêche qu’il écoutait Eponine, il avait mis la main sur sa toute première plume et la cédait à la demoiselle Macmillan, pas franchement convaincu que ça lui plairait mais au moins il montrait qu’il avait été bien attentif à Kiara, dès le départ. Il attendait, un peu impatient, un peu nerveux aussi et priant un peu beaucoup pour qu’elle soit intéressée et occupée à regarder la plume – qui fort heureusement était tout sauf simple – comme ça il s’excusait vite fait bien fait et pouf... tous les efforts seraient faits. «Tu peux t’asseoir sur le lit au fait si être debout c’est agaçant.» Bon pas si silencieux... le stress jouait un peu.

Elle était curieuse de savoir pourquoi il l’avait emmené ici, peut-être était-ce pour cela qu’elle ne manifestait pas de colère à sa façon de faire. Parce qu’elle connaissait Grigori sur certaine façon de faire… comme ça. Sauf que cette maladresse montrait bien aussi un effort de sa part. Peu importe ce qu’il pouvait penser de comment elle était chieuse parfois, Kiara savait reconnaître les efforts qu’il déployait. Ce n’était quand même pas rien, n’est-ce pas? Même qu’elle remarqua cet autre effort quand il ne rétorqua pas à son humour. Elle n’avait pas dit cela pour le confronter du tout et qu’il le remarque, ça la fit sourire un peu. Bon, ses efforts impliquaient se retenir de dire un commentaire désagréable, mais ses yeux roulaient pour montrer qu’elle exagérait quand même. Puis à ses mots, elle ne put se retenir de rajouter avec le même sourire charmant et un brin espiègle.

« C’est bien pour ça que j’ai dis presque. (Puis son sourire se fit plus doux en secouant négativement la tête) Puis je n’ai pas l’intention non plus de m’enfuir ou de partir. »

Jouait-elle elle aussi sur l’importance des mots? Parce qu’elle venait bien lui dire que ni la fuite ou le départ n’était dans ses pensées pour le moment. Elle voulait allez au bout de ce qu’il voulait lui montrer ou offrir et surtout lui dire. Parce qu’elle était certaine qu’il avait compris le message sur le fait qu’offrir un cadeau ne pouvait pas faire tout le travail. Puis lui qui était bien plus le genre à demander et exiger, il l’avisait qu’il ne la retiendrait pas. Kiara comprenait bien le lourd sous-entendu derrière tout ça. Était-ce une dernière tentative pour tenter de retrouver l’entente du contrat? Sa curiosité n’en était que plus grande et son cœur n’en battait que plus vite.

Il ouvrit ensuite la marche dans les jardins et elle suivit silencieuse, mais un beau sourire trônait sur ses lèvres. Elle admirait bien la beauté qui les entouraient. Parfois, elle se décalait pour observer un peu plus le paysage, mentionnant parfois à voix basse qu’elle trouvait cela magnifique. Son compliment était sincère ce n’était pas pour être gentille seulement. Kiara revenait ensuite auprès de Grigori. Le silence ne lui semblait pas pesant, au contraire. Ça lui faisait penser à des promenades qu’ils auraient pu faire. Puis quand il mentionna qu’il aimerait bien que ça devienne son domicile, ses prunelles allèrent croiser les siennes. Elle comprenait bien l’intensité de ses yeux. L’invitation silencieuse. La pauvre Poufsouffle ne trouva même pas des mots à répondre à tout ça. Juste un sourire. Oui, les sourires de Kiara faisaient une bonne réponse.

Ses observations curieuses se poursuivirent même dans les corridors de la maison. Observant les lieux en tentant de s’imaginer un petit Grigori qui se promenaient entre les meubles. Elle comprit également qu’à l’étage se trouvait les chambres et qu’il avait sans doute celle de ses parents ainsi que celles des autres membres de sa famille. Inutile de les montrer après tout. Non, il se dirigeait déjà vers sa chambre. La nervosité la gagnait aussi de plus en plus. Avait-il déjà invité d’autres gens dans sa chambre? Elle se posait réellement la question, mais pas au point de lui demander. Par contre, elle se fit bien patiente et attendit qu’il la laisse entrer. Ses pas furent plus lents quand elle entra. La future médicomage prenait un soin méticuleux d’observer sa chambre. Tout était si ranger, tout avait sa place. Son regard se baladait sur tout ce qui pouvait donner des indications de quel genre d’enfant qu’il était, elle se doutait que sa rigueur n’était pas récente, qu’il l’était depuis longtemps. Quand il l’interpella, elle dû faire les quelques pas qui les séparait pour prendre l’écrin. Elle lui lança un petit regard de reproche.

« Je n’ai jamais dit que je me foutais des cadeaux que tu me faisais. J’adore Plume et j’ai été touchée que tu me l’offres. Ne pense pas que je m’en fiche. »

C’était une réprimande douce. Il avait déformé totalement ses mots. Elle ne disait pas qu’elle s’en fichait et juste la délicatesse avec laquelle elle avait l’écrin dans ses mains le témoignait. Elle ne se balançait pas de ses efforts, loin de là. Sinon, elle ne serait pas là. Puis à son invitation -qui lui arracha un bref sourire quand même il faut le dire- elle ira s’asseoir sur le bord du lit. Pas parce qu’être debout s’était agaçant, mais bien parce qu’elle pourrait observer la plume qu’elle trouva dans l’écrin avec un peu plus d’attention. Il ne fallait pas être un expert pour réaliser que la plume n’était pas récente du tout. Bien qu’elle ne comprenne pas pourquoi il lui offrait, elle lèvera son regard vers lui par la suite. Espérant qu’il ne resterait pas debout lui aussi, malgré que la nervosité, ça n’aide pas.

« Elle était à toi? »

Elle supposait bien que oui, mais en même temps il devait avoir une raison de pourquoi il lui offrait cette plume. Ce n’était pas juste pour se moquer du fait que bah… elle avait sembler ronchonner pour un bijou alors voilà une vieille plume. Il n’était pas mesquin à ce point. Donc oui, elle lui demandait un peu plus d’information sur le cadeau. Kiara appréciait, malgré tout. Juste parce que… bah, il était mignon dans sa maladresse et sa nervosité.

Ni  l’intention de s’enfuir, ni celle de partir, si Grigori ne poussa aucun soupir de soulagement, il n’en était pas loin. Alors bien sûr ils étaient toujours à des années lumières l’un de l’autre et il n’avait aucune garantie qu’en quittant les lieux tout à l’heure, il aurait retrouvé… aurait retrouvé quoi au juste, sa fiancée ? une amie ? ou simplement une présence de temps en temps. Il avait l’impression qu’une énorme responsabilité flottait sur ses épaules et si les échecs, il connaissait, c’était même monnaie courante chez lui, il ne voulait pas se louper. Il voulait vraiment lui montrer qu’il essayait de s’adapter à elle, alors bien sûr il ne fallait pas s’attendre à des miracles de sa part, il restait lui-même mais la première fois qu’elle lui avait parlé, il n’avait pas joué un rôle et il n’était pas différent de cette personne. Il était prêt à faire des efforts et elle semblait, enfin, être en mesure de l’écouter. Comme quoi peut être que si, ils avaient encore des choses à se dire.

La visite du jardin, il n’était pas vraiment un guide très loquace, se contentant d’ouvrir la voie et de passer son temps à la suivre du regard et ralentir le pas à chaque fois qu’elle s’éloignait pour aller regarder ça et là des détails auxquels, habitué, Grigori ne prêtait même plus attention. Si l’endroit semblait lui plaire, difficile d’avoir la certitude qu’elle voulait de cette demeure ou plutôt, si, à la limite ça aurait été possible mais pas avec lui. En tout cas, c’est ainsi qu’il interpréta son silence et son sourire. Ça n’était pas le sourire désagréable comme pour dire tu fais fausse route, non c’était plutôt un sourire conciliant, elle était touchée de la proposition mais n’y adhérait pas. S’était-il vraiment attendu à quelque chose d’autres ? Non, en réalité non, il avait plus ou moins compris depuis février qu’elle ne voulait pas de lui dans sa vie, qu’elle l’appréciait oui, qu’elle s’inquiétait s’il lui arrivait un truc, oui aussi, mais ça n’était plus comme avant et tant qu’il ne ferait pas l’effort de s’excuser, ça ne changerait pas, ce qui le renfrogna un peu plus et l’angoissa davantage. Et s’il se loupait ? Ou alors si elle refusait de les accepter ? Qu’est ce qu’il devait faire dans ce cas de figure ? La réponse lui venant à l’esprit était de lui en retourner une, il n’était pas foncièrement convaincu que ça arrangerait ses affaires. Il supposait donc qu’il devrait accepter, super.

Il la mena donc à sa chambre, essayant, vainement de rester serein, oui même quand elle observait sa chambre alors qu’il était là. Il vérifiait d’ailleurs que tout était à sa place, comme s’il craignait qu’elle le trouve désordonné euh il faudrait le vouloir pour trouver un truc pas ordonné chez lui. Alors qu’il assurait ses arrières en lui disant qu’il savait qu’il ne pouvait pas l’acheter – et pourtant, qu’est ce qu’il aurait trouvé ça agréable de pouvoir régler leurs problèmes en dépensant juste des gallions et des mornilles mais non, il fallait qu’il tombe sur une fille pour qui, à chaque fois il devait se creuser la tête afin de lui trouver un cadeau- et qu’elle avait le droit de jeter le cadeau – bien que précisant en sous entendu que si elle pouvait éviter de le faire devant lui pour son ego qu’elle avait assez malmené en le rejetant, ça serait bien gentil. Il se loupa encore une fois, ah il le su direct, aucun doute possible, le regard qu’il se prit voulait tout dire, mais quoi encore ? Qu’est ce qu’il avait dit !? Alors qu’elle faisait un rappel à l’ordre en rappelant qu’elle appréciait l’oiseau qu’il lui avait offert, Grigori marmonna « C’est un animal, tu ne pouvais pas vraiment le jeter dans une poubelle et puis je n’ai pas dépensé la moindre mornille pour Plume. » Enfin pour la plume qu’il lui offrait aujourd’hui non plus mais ça n’était pas la même chose Plume, il s’était dit que l’oiseau avait besoin de quelqu’un pour prendre soin de lui et que connaissant Kiara, le duo fonctionnerait bien, c’était donc un cadeau sans vraiment l’être. « Je sais bien que tu ne te fiches pas de Plume, je n’ai pas pensé à ton hibou en disant cela. » D’ailleurs, il s’était  bien rendu compte que Kiara l’appréciait, l’oiseau, il l’avait vu régulièrement entre décembre et février et il s’était aperçu qu’il se remplumait tant au niveau poids que des plumes justement qui poussaient à des endroits où il n’en avait plus vraiment au moment où il l’avait offert. Puisqu’elle lançait le sujet et qu’il est vrai, il n’était pas totalement insensible au sort de l’animal ailé, il en profita pour demander. « Il va comment ? Il est recouvert de plumes du bec aux pattes ça y est ? » Il avait essayé une fois ou deux de le chercher à la volière mais soit Kiara envoyait beaucoup de lettres, soit l’animal était en chasse ou encore chez ses parents -à Kiara hein -.

Il avait bien fait de lui proposer d’aller s’asseoir, enfin un bon point, purée il fallait le noter parce que pour une fois, il semblerait qu’il ne se soit pas trompé. Par contre, il était incapable de bouger, enfin si il suffisait de mettre un pied devant l’autre pour la rejoindre, mais non, il n’en fit rien, il restait debout la regardant, un peu à la manière des fois où il était à un conseil de familles parce qu’il s’était mal comporté, le même stress était présent même si pour le coup, il n’avait pas spécialement peur qu’elle lui en retourne une ELLE. A la question qu’elle lui posa, il répondit par l’affirmative « C’est ma toute première plume, j’ai mis bien vingt minutes à la choisir dans le magasin. » oui, oui un peu comme la fois où il était venu chercher une plume à la rentrée, sauf qu’il y a des années en arrière Kiara n’était pas venu pour le conseiller et… il ne fallait pas compter sur ses parents pour donner leur avis, oh non ils lui avaient laissé de l’argent et ils étaient partis avec Dimka plus loin, laissant un Grigori ayant l’impression de faire le choix de sa vie, se débrouiller pour sa plume. Il la regarda longuement, plein d’hésitation, est ce qu’il avait fait un mauvais calcul ? Il allait vite le savoir. « Pour l’impression que j’en ai eu, tu as l’air d’apprécier les plumes et on m’a conseillé de t’offrir quelque chose à laquelle je tenais et je pense que c’est ça qui a le plus de valeurs pour moi. » En dehors du cadeau que Kiara lui avait offert mais alors là pour qu’il lui redonne, il faudrait que Grigori soit menacé de mort. Amusant de se dire qu’il pouvait s’offrir bien des choses dans ce monde mais que c’était cette toute première plume qui avait de l’importance, parce qu’il avait cru que ça changerait, qu’il montrerait qu’il savait écrire aussi bien que son frère même s’il était plus jeune et que ses parents seraient impressionnés. Ça n’avait pas vraiment fonctionné, oui comme d’habitude, on sait. Il n’empêche que cette plume il l’aimait beaucoup parce qu’elle l’avait fait rêvé un peu, il l’aimait mais il était prêt à la donner, de bon cœur, à Kiara. Enfin, peut être qu’elle trouvait ça tout pourri et qu’Eponine avait des goûts de merde hein, il essaya donc d’assurer ses arrières « Si tu trouves ça nul et que tu es déçue parce que tu en voulais une neuve que tu aurais choisi toi, je veux bien t’en offrir une ? » Oui, pas étalage de richesse, mais là il n’étalait pas si ? Il voulait juste montrer qu’il pouvait s’adapter ?

Il avait quelque chose d’adorable dans la visite du jardin aux yeux de Kiara. Bien sûr que Grigri n’était pas un grand bavard, il ne l’avait jamais été. Mais elle remarquait qu’il ralentissait le pas quand elle se permettait d’explorer un peu plus quelques plants ou autre. Il fallait avouer qu’avec Grigori, elle avait appris qu’on pouvait très bien passer un moment agréable avec quelqu’un sans avoir à parler énormément. Bien sûr qu’elle parlait plus que lui, ce n’était pas très difficile, mais elle ne se forçait pas pour parler, elle n’avait pas l’impression qu’elle devait remplir des silences avec lui. Ce n’était pas un sentiment qu’on avait avec tout le monde et Kiara s’en rendait bien compte. La visite de la demeure se passa de la même façon jusqu’à la chambre. Curieuse demoiselle, elle regardait autour attentivement. Pas pour trouver des failles, mais bien en savoir plus sur ce mystérieux Grigori. Enfin, pas mystérieux, disons surtout le silencieux Grigori. Et là, le maladroit Grigori. Elle ne se fichait pas de ses cadeaux et elle lui fit bien comprendre tout de suite. À sa réponse de Plume, elle leva les yeux avec un petit sourire.

« Même si tu n’as rien dépensé, tu me l’as offert et je l’ai aimé. Tu voulais que j’en prenne soin et je suppose que tu me faisais confiance pour le faire. »

Bon, il était mignon, il n’avait pas pensé à Plume en disant ça, elle le savait. Il parlait peut-être de ce qu’il avait voulu lui offrir à la bijouterie. Mais quand même, il ne fallait pas mettre tous les présents dans le même panier. Il eut raison de la charmer un peu quand il demanda d’ailleurs des nouvelles de l’oiseau. Parce qu’elle savait aussi qu’il était sincère. Il ne le demanderait pas sinon, elle le savait. Elle hochera la tête lentement.

« Oui, Il ressemble à un hibou complet maintenant! (Elle aura un petit rire en reprenant) Il va très bien maintenant, il est parfois un peu trop heureux de me ramener des restants de ses chasses. »

Il avait une belle douceur en évoquant l’animal dans sa voix. Oui, elle l’appréciait pour de vrai et elle l’appréciait parce qu’il venait de lui aussi. En plus, elle s’en servait beaucoup plus au départ pour envoyer des lettres à Grigori, c’était une belle symbolique non? Puis elle se concentra sur la plume cadeau du jour. Elle s’était installée sur son lit bien fait, craignant presque d’y faire des plis tant tout était ordonné dans la chambre. Kiara lui demanda enfin des informations sur la plume, elle se doutait qu’il avait une bonne raison de lui offrir cette plume-ci cette fois. Sa réponse vint la faire sourire tout de suite. Un sourire encore une fois charmant et aussi un peu charmée. Il avait gardé sa première plume? Et en plus, il se souvenait de l’avoir acheté. Ça éveillait en elle tellement de question. Elle ne se souvenait pas de tous les premiers articles scolaires pour Poudlard. Naturellement, elle se souvenait de sa baguette, mais le reste pour elle, ce n’était que du matériel pour son année à Poudlard, rien de plus. Que lui s’attarde à cette première plume, cet objet des plus communs pour pouvoir étudier, ça venait ébranler une certaine fibre en elle. Grigori montrait une façade tellement stoïque et solide comme le roc, mais au fond… il avait tellement de fissures d’un passé qui ne pouvait pas être joyeux. Elle était en train de réfléchir à tout ça quand il l’a sorti de nouveau de ses songes, son regard allant à la rencontre du sien pour continuer d’écouter. Non, mais il n’avait pas envie de s’asseoir? Elle sentait sa nervosité comme s’il attendait une sentence et ça la rendait presque nerveuse elle aussi.

« Oui, j’adore les plumes, tu as raison. Elle est vraiment magnifique et encore tellement en bon état… »

Elle avait à peine le temps de le remercier convenablement, elle sentait une insécurité chez Grigori qu’elle ne lui avait jamais connu. Et étrangement, ça témoignait aussi de comment il s’était donné cette fois-ci. Était-il en train de la faire retomber sous son charme? Bon, pour la peine, là, elle était charmée. Charmée et touchée. Donc quand il se montrait incertain de son cadeau, elle secoua la tête négativement.

« Je ne suis pas déçue du tout Grigori, c’est un très beau cadeau. Tu viens t’asseoir? (Elle tapotait un peu près d’elle, l’invitant d’un sourire à venir s’asseoir avec elle) Je ne t’ai jamais… vu aussi nerveux, je crois. (Elle reposa doucement l’écrin de l’autre côté en tenant la plume pour la regarder encore) Quand je disais que ce n’était pas tous les cadeaux… je disais que ce n’était pas dépenser de l’argent pour remplacer des mots. Sauf que tu vois, pour moi il a une plus belle richesse dans des cadeaux comme Plume ou cette première plume… Je sais que tu me trouves bizarre, mais avec des présents comme ceux-ci… tu m’en apprends aussi sur toi. (Kiara avait le regard brillant un peu, des petites étoiles de douceur. Son sourire restant sur ses lèvres) Avec Plume, tu me faisais confiance pour en prendre soin et je sais que tu préférais que je le soigne. Tu l’aimes cette petite bête à plume (Elle aura un léger ricanement, pas qu’elle se moquait, au contraire) Puis juste avec cette plume aujourd’hui… Je sais que tu devais être un garçon très soigné même plus jeune. Regarde comment elle est encore belle? Et tu as encore ta première plume… juste ça… Je ne sais pas tout ce qu’elle représente pour toi, mais ça me touche que tu me l’offres… je vais en prendre soin. Promis. »

Bon, on se calme, ce n’était qu’une plume à écrire, mais elle était sincère. Elle n’allait pas jeter la plume à la poubelle, jamais. Même qu’elle prenait déjà soin de la ranger précautionneusement dans l’écrin de bois. Son cœur battait rapidement, elle se demandait bien s’il n’allait pas la prendre pour la première des folles avec ce qu’elle venait de dire. Enfin, s’il faisait l’effort de ne pas lui dire, elle n’était pas certaine qu’il ne le penserait pas.

Oh merde, dans quelle discussion venaient-ils de s’engager tous les deux. Il sentait que la situation allait lui échapper très rapidement et commençait déjà à se tendre. Non se lancer dans une discussion affect ça ne lui plaisait pas du tout, mais alors pas du tout. Déjà que ça soit avec Kiara qu’il ait ce genre de discussion, ça ne l’emballait pas mais alors qu’elle fasse des suppositions, c’était pire que tout. Il serra les dents, ayant surtout envie de tout nier en bloc de A à Z, il se moquait qu’elle en prenne soin, non ça n’était pas une question de confiance, c’est juste que ça ne pouvait pas être pire qu’actuellement pour l’oiseau, c’est tout à fait différent. Il était tenté de répliquer mais se retint, ignorer c’était passer à autre chose et ça l’arrangeait bien. De plus, quelque part, il était satisfait d’apprendre qu’elle l’aimait bien l’oiseau, bon choix de cadeau donc ?
Le problème c’est que cet oiseau, il avait donné de sa personne pour le sortir d’affaire et il lui semblait naturel de prendre des nouvelles. Oui c’était tout sauf une bonne idée, il le savait d’ores et déjà mais c’était plus fort que lui et il aurait bien le temps de s’en vouloir par la suite. Il eut un sourire, bien malgré lui, en apprenant que le volatile était complet maintenant. Voilà qui était une bonne nouvelle, il devait avoir une bien meilleure mine à présent. A défaut de le dire verbalement, il remerciait Kiara mentalement de s’être occupé de cet oiseau. Il eut une moue un peu dégouté en apprenant néanmoins que l’oiseau ne trouvait rien de mieux à faire comme cadeau à sa propriétaire que de lui ramener de la viande froide. « Charmant. » Oh non, ça ne l’était pas du tout et il plaignait un peu, pas trop quand même, Kiara d’avoir à supporter cela.

Il en disait très peu sur lui-même en réalité comme personne. Son passé n’appartenant qu’à lui, il ne souhaitait pas en parler. Bien sûr comme tout en chacun, il était capable d’évoquer des souvenirs mais il le faisait rarement oh ça allait avec le reste d’ailleurs, il se confiait rarement en règle général. Il se doutait bien que garder une plume, ça faisait de lui quelqu’un d’étrange, surtout qu’il n’avait jamais démontré qu’il aimait ce genre d’objet et pour cause il s’en moquait éperdument. Mais pas là, il pouvait voir dans le regard de Kiara qu’elle ne comprenait pas tout et qu’elle ne comprendrait jamais probablement, puisqu’il ne parlait pas vraiment de lui.
Il eut un bref, très bref soupir en constatant qu’il n’avait pas fait fausse route. Elle reconnaissait aimer les plumes, il était donc bon observateur… quand ça l’intéressait un chouya bien entendu. Pour une fois, il fut flatté, réellement flatté que quelqu’un valide ce choix qu’il avait fait et aurait aimé lui dire combien il avait galéré à choisir tellement il ne comprenait rien. Quant au bon état, ah ça, c’était du Grigori tout craché, il prenait soin de ses affaires, un soin tout particulier, ne supportant pas qu’elles s’abiment. Il se contenta pourtant de dire « Je ne t’aurais pas offert quelque chose d’abimé, ça n’aurait pas été correct. »

C’était donc un très beau cadeau, elle n’était pas déçue, voilà qui était une très bonne nouvelle et en même temps une très mauvaise parce que ça signifiait qu’Eponine avait eu raison. Ça devait vraiment une manière de fonctionner typiquement féminine, voilà c’est ce qu’il devait se dire. A sa question, il s’apprêtait à refuser, n’ayant pas spécialement envie de s’asseoir mais étant donné qu’elle en rajoutait une couche en faisant un geste, il céda à la demande venant au moins à sa hauteur, sans pour autant faire l’action de s’asseoir, se contentant de répliquer « Je ne suis pas nerveux. » mensonge, oui c’est vrai, il reprit donc « Peut être un peu. Je ne connais pas tes goûts. Tu ne m’en as jamais parlé alors ce n’est pas évident de trouver quelque chose qui pourrait potentiellement te plaire. » S’il ne les connaissait pas, c’est bien parce qu’il n’avait jamais cherché à savoir mais ça il n’allait pas lui dire non plus.

Elle observait attentivement la plume et lui de son côté se retenait de lui demander ce à quoi elle pensait, la laissant en totale liberté et l’écoutant lorsqu’elle parla. Oh par contre, dans ses mots, rien ne lui plaisait, tout d’abord, oui il admettait que si les cadeaux avaient pu éviter des propos de sa part, il aurait signé sans problème mais non lui il avait mis le grappin sur une chieuse, comme ça elle le poussait dans ses retranchements et il était frustré au plus haut niveau, c’était formidable. Mais alors la suite c’était encore pire, il la regardait avec de grands yeux, pas franchement rassuré, quoi comment ça elle en apprenait sur lui, ça n’était qu’une plume. Et si déjà il était déstabilisé, les propos suivants l’achevèrent. Attendez, attendez qu’est-ce qu’elle racontait là ? Autant, il pouvait reconnaître, très très difficilement que oui, il avait eu confiance en Kiara, c’était faisable, difficile, mais faisable mais alors entendre Kiara dire qu’il aimait la bestiole… il la fixa « Non, je m’en moque de cette bête à plume. » Non, ça n’était qu’un oiseau parmi tant d’autres, voilà, il fallait se dire ça, il s’était juste senti responsable parce que l’oiseau avait manqué d’y passer à cause de lui. Voilà, il n’y était pas plus attaché que ça ou plutôt refusait qu’on lui dise cela.

Pour le reste – oh même avant je dirais en tant que rpgiste pas solidaire de mon perso – elle avait raison. Oui il confirmait mentalement, c’était un garçon très soigné, en même temps, il ne pouvait pas le nier alors qu’elle en avait eu la confirmation la dernière fois qu’ils s’étaient parlés, oui Grigori faisait extrêmement attention à tout ce qui passait entre ses mains, volonté de lui-même ou une habitude prise durant l’enfance où il fallait faire attention à tout, il n’aurait su le dire, en tout cas c’était resté. Il eut même un sourire tandis qu’elle disait qu’elle était encore belle avant de tenter de savoir ce qu’elle représentait pour lui, il fronça les sourcils avant de se confier un petit peu « La sensation de faire parti du monde je dirais. Avant de l’avoir je n’écrivais pas. » enfin pas… il piquait bien la plume de son grand frère mais ça n’était pas la même chose et il y avait accès que très peu et elle était trop grande pour lui, il avait peur de se faire prendre par les parents, bref il n’était pas à l’aise. Cette plume ça avait été la sienne, rien qu’à lui, qu’il avait choisi selon ses goûts et la donner était loin d’être un acte anodin mais elle était entre de bonnes mains, il n’en doutait pas. Pensée qui fut d’ailleurs confirmé par Kiara elle-même, bien que Grigori la cherche en retour, un peu « Quelle genre de promesse Kiara ? Comme celle que j’aurais ta main si j’obtenais mes 5000 points ? » Rancunier et acharné, oui oui ces deux termes qualifiaient à la perfection Grigori. Est-ce que lors des nombreuses, trop nombreuses, insupportables, répétitions avec Eponine, il avait évoqué le fait de balancer des petites piques, non bien sûr que non mais il s’adaptait à la situation, profitant allégrement des clés qui lui étaient gentiment fournies par Kiara.

Elle n’avait clairement pas le choix de faire des suppositions! Parce qu’il ne lui parlait pas beaucoup, c’était difficile de faire autrement. Si les quelques mois qu’ils s’étaient vus, elle avait appris à le connaître un peu, elle avait toujours eu l’impression qu’il se cachait quand même. Bien sûr, elle n’était pas aveugle et elle voyait qu’il avait fait de nombreux efforts aussi et elle lui avait même reconnu en temps et lieu, ça c’était évident. Par contre son passé ou encore des informations plus spécifiques sur lui… non, elle n’en connaissait pas beaucoup. Elle avait l’impression que c’était comme s’il avait peur de quelque chose, de s’ouvrir. Kiara s’était montrée franche avec lui, sincère depuis le jour 1. Il avait tant de mal que ça à faire confiance?

Puis malgré le fait qu’elle mentionnait les cadeaux peu agréables de Plume, elle ne pouvait pas sembler dégouter. Ça, c’était sans doute parce que la médecine magique faisait en sorte qu’elle avait traité bien pire que ça. Non, mais on doit quand même dire qu’il y a de ses plantes magiques qui donnent des bulles de pus horribles alors une souris un peu éventrée… même si ça fait grimacer un peu, ce n’est pas un drame. Puis au final, l’oiseau était peut-être aussi maladroit que Grigori! Sauf que la maladresse de Plume c’était d’apporter des restants de petits animaux pour lui plaire. Encore heureux que Grigori ne fasse pas cela. Oui, la rpgiste en ce moment se trouve bien drôle.

Il restait quand même assez adorable avec ce petit sourire. Très petit, mais ça aussi, elle avait su les remarquer. Ils étaient rares les sourires de Grigori, mais elle les avait toujours bien appréciés. Pour ce qui est ensuite du fait qu’il ne lui aurait jamais offert quelque chose d’abimé… elle s’en doutait bien! Ça ne serait pas le genre de Grigori, il était lui-même tellement bien soigné! On pouvait croire que les deux se ressemblaient, mais il avait quelque chose d’un peu plus intense quand même du côté de Grigori. Pas que c’était un défaut, ça faisait de lui le jeune homme qu’il était. Puis on s’entend, elle ne se trouvait pas très douée parce qu’elle ne réussit même pas à le faire s’asseoir. En plus, il lui mentait. Même qu’avant qu’il ne concède être un peu nerveux, elle avait haussé un sourcil pour signifier qu’elle ne le croyait absolument pas. Avec un petit sourire quand même pour rendre tout cela bien gentil! Bon, il ne savait pas ce qu’elle aimait, elle penserait pourtant le contraire. Il devait avoir réalisé quelques éléments au moins? Enfin, elle n’en était pas trop certaine, mais s’il faisait l’effort, il pourrait trouver sans doute. Bon, la Kiara elle avait trop espoir en Grigori? Elle était quand même assise sur son lit dans sa chambre après tout, elle devait y croire un minimum encore.

Puis la suite, visiblement, Kiara commençait à croire qu’elle aussi était singulièrement nulle. En fait, non, pas tant. Juste que sa gentillesse ne fonctionnait pas avec lui. Comme si ça l’effrayait cette douceur. Son sourire se perdit tranquillement. Pourquoi il disait qu’il s’en fichait de cet oiseau? Si c’était le cas, il l’aurait laissé tel quel ou limite, il l’aurait laissé à la volière ou bien au prof des soins aux créatures magiques. Peu importe! Les solutions étaient multiples. Sauf qu’il l’avait gardé et au final, il lui avait offert. Pour ça, elle ne le croyait pas du tout. Par contre, elle croyait qu’il était en train de se convaincre lui-même qu’il s’en fichait. Ce n’était pas un mensonge envers Kiara, mais un mensonge envers lui-même.

Puis pour l’objet plume alors là, au moins elle gagnait des points. Un nouveau sourire, une petite confidence qui témoignait que c’était quand même… triste pour un gamin de penser ça non? Je veux dire, le bonheur d’apprendre à écrire n’était pas aussi philosophique que ce qu’il venait de lui dire. Un enfant fait parti d’une famille, il n’a pas besoin d’écrire pour tenter de se faire une place. Si Grigori ne lui parlait pas, alors oui, elle faisait des suppositions mentales. Elle tentait tant bien que mal de le connaître, d’apprendre qui il était, mais bon sang qu’il piquait! Encore là! Il ne put s’empêcher de faire un commentaire pareil. Elle se figea un peu avant d’avoir un petit rire triste. Elle déposa la plume bien rangée près d’elle, ses mains allant de chaque côté d’elle. Kiara avait cette lueur un peu triste, un peu confuse dans les yeux quand elle le regarda enfin et droit dans les yeux pour la peine.

« Pourquoi est-ce que tu fais toujours ça, Grigori? Tu… tu es toujours, toujours sur la défensive. Quoi que je dise ou quoi que je fasse. Et tu réagis toujours en voulant me piquer. Et faut l’admettre, tu le fais bien. (Sa voix était basse en continuant de le regarder) Je tente de vouloir te connaître, pour de vrai. Je vois tous les efforts que tu as fourni avec la plume et… tu m’as emmené ici… (Elle prit une courte pause, secouant la tête en regard ensuite devant elle) Et je ne parle pas juste de maintenant, mais en général. Même avant qu’on ne se voie plus. Je ne cherche pas à te faire du mal Grigori. Si tu veux qu’on se marie, il faut que tu comprennes que je ne suis pas contre toi et que quand je tente de te connaître, ce n’est pas pour te faire du mal, au contraire. J’ai apprécié les moments qu’on a passé ensemble, parce que parfois tu me permettais de voir qui tu étais et c’est pour ça aussi que je me suis attaché à toi… Sauf que tu te refermes presque aussitôt. Je comprends que tu sois fâché ou… peut-être même déçu quand je t’ai dit que je ne voulais plus de cette entente… mais tu sais aussi pourquoi ça s’est arrêté. Et ce n’était pas parce que je voulais te faire du mal… et pas parce que je tentais de me défiler.»

Elle espérait sincèrement qu’il ne voit pas ses mots comme une attaque. Ce ne l’était pas. Elle établissait des faits. Là ce n’était pas des impressions, c’était des faits. Puis elle n’utilisait pas un ton dur pour lui parler. C’était du pur Kiara. Elle était douce, elle tentait de faire entendre ce qu’elle voulait lui faire comprendre en étant le plus sincère possible. Elle lui avait dit. Elle s’était attachée à lui et elle ne parlait pas au passé, mais bien au présent! Elle reconnaissait ses efforts, elle n’était pas idiote quand même, elle ne demandait pas la lune même si elle avait l’impression que c’était ce que lui s’imaginait. En parlant, elle avait fini par se lever en le regardant. Encore une fois pas dans une optique de confrontation, juste pour lui parler. Kiara était rarement sur l’attaque en réalité. La seule fois qu’elle l’avait vraiment été c’était quand elle avait cru qu’il se gardait une fiancée de secours et ça, c’était parce que sa jalousie et ses émotions avaient été un peu trop intenses.

oui alors s’il y a que ça pour te faire plaisir, il se propose de déposer des cadavres sur ton paillassonSa nervosité était visible, comment aurait il put en être autrement. Il était le genre de personne à ne pas s’éloigner des sentiers battus, à se conforter au modèle qu’on lui donnait sans avoir l’envie ni ressentir le besoin d’en changer. Et pourtant, il se devait de changer, enfin pas complètement, mais il devait composer pour la première fois avec une fille. C’était scandaleux, totalement désespérant et ça l’agaçait régulièrement d’avoir à faire autant d’efforts et pourtant il essayait mais forcément peu à l’aise dans cet exercice et non maître du destin et bien oui, il était nerveux. Il essaya bien de faire croire que ce n’était pas le cas, pas le moins du monde mais un haussement de sourcil de la part de Kiara lui démontra qu’elle avait parfaitement conscience de l’état dans lequel ELLE le mettait. Il revint donc ses paroles, reconnaissant que oui, il l’était un peu. Partant du principe que ses goûts étaient un mystère pour lui, alors pas tous bien sûr, il l’observait assez régulièrement pour se rendre compte de choses mais il allait devoir faire un peu plus d’efforts pour en savoir bien plus.

Elle ne le connaissait pas si bien non plus – ou alors elle le connait mieux qu’il se connaît lui-même – puisqu’elle partait du principe qu’il aimait bien l’oiseau. Ça n’était pas le cas, il était juste quelqu’un de responsable quand il faisait du mal à quelqu’un, indépendamment de sa volonté bien sûr, il faisait en sorte de réparer ses bêtises, s’il le pouvait et ça passait par la guérison d’un piaf et l’espoir de lui donner une vie meilleure, ça n’était pas du tout parce qu’il tenait à lui, voyons Kiara un peu de jugeotte on parle tout de même de Grigori.

Une fois n’est pas coutume, il fallait qu’il dise la phrase de trop. Oh pas besoin d’être un grand analyste des réactions humaines pour comprendre que ça ne passerait pas. Sauf que bien souvent dans ces moments là, les réactions des gens se faisaient plus virulentes, Kiara était totalement déstabilisante. Elle posa la plume sur le côté, oh elle n’avait pas changé d’opinion sur la plume, loin de là mais ça ne disait rien de bon tout ça, oh que non, surtout quand c’était accompagné d’un petit rire puis qu’elle plantait son regard dans le sien. Ah ça, il n’aimait pas vraiment d’ailleurs, ayant toujours cette impression, un peu erroné qu’elle faisait ça pour le défier. Et les reproches commencèrent. Allez c’est parti pour un tour. Directement, il faut bien le dire, il se crispa sous le reproche qui lui était fait. Il ouvrit la bouche pour se défendre ou plutôt contrattaquer mais se ravisa en l’entendant dire qu’il était doué pour piquer. S’il en était plutôt fier, il pressentait que ça n’était pas vraiment à prendre comme un compliment.
Il écoutait tout ce qu’elle avait à lui dire, sans dire un mot, ce qui n’était pas très difficile pour le coup. Elle tentait de le connaître ? Il n’était pas certain que ça soit la meilleure chose à faire, il n’avait pas spécialement envie qu’elle sache tout de lui, craignant qu’au final ça le desserve et qu’elle préfère partir. Enfin, est ce que ce n’est pas déjà ce qu’elle avait fait cela ?
Il hocha prudemment la tête lorsqu’elle parla d’efforts, il était réellement prêt à en faire. Elle sembla se raviser, secouant la tête tandis qu’il fronçait les sourcils, essayant d’anticiper ce qu’elle allait dire mais il faut croire que Kiara était un véritable mystère pour lui mais que l’inverse n’était pas si vrai. Elle avait conscience de bien des choses, se rendait compte que les efforts ça ne datait pas d’aujourd’hui. Alors qu’elle parlait mariage en utilisant le si, cette fois il intervient. « Oui, je le veux. » ce n’était pas un si, c’était une véritable affirmation. Il essayait de prendre note de ce qu’elle disait, elle n’était pas contre lui, parfois, il en doutait réellement, ayant vraiment l’impression qu’elle faisait exprès de l’enquiquiner. Un faible sourire éclaira son visage en l’entendant dire qu’elle avait apprécié les moments qu’ils avaient passé ensemble et il manqua même de répondre que lui aussi avant de se raviser. A quoi bon l’admettre s’il n’y avait pas de futur ? En revanche il avait bien envie de savoir qu’est ce qu’il lui avait permis de voir sur lui, de quoi parlait-elle, qui était-il pour elle au juste ? Et alors qu’elle finissait de parler, abordant le sujet de leur entente, elle se leva et là par contre, une sensation de douleur l’étreignit « Tu t’en vas ? » si le ton était parfaitement maîtrisé, pas plaintif, aucune émotion ne transparaissant à travers sa voix, il était complètement dérouté. Non mais à aucun moment c’était sensé se passer comme ça. Enfin, il lui avait dit qu’elle était libre de partir d’accord mais au début, quand elle venait d’arriver, si elle n’avait pas eu envie de rester, mais dans aucune des répétitions, elle décidait de se tirer en plein milieu. Ah bordel, l’imprévu que c’était agaçant.

Pas de soupir de soulagement de la part de Grigori lorsqu’elle répondit par la négative. Par contre, il répondit à ses propos « ça s’est arrêté parce que tu as cru que je t’avais menti. Ça n’est pas le cas, je t’ai toujours dit la vérité, je n’ai jamais cherché à l’embellir et je ne me suis jamais fait passer pour quelqu’un que je n’étais pas. » Comment lui expliquer son ressenti « J’avais un but. Je ne dis pas que c’était facile. » oh ça non purée, elle n’était pas facile à convaincre « mais il me semblait atteignable. » pour une fois en tout cas « peut être pas dans l’immédiat mais j’y croyais réellement. » Il observa les murs de sa chambre, quelques instants « Bien sûr que je suis déçu. » Il poussa un soupir cette fois-ci « parce qu’autant quand c’est sur des actions que je fais, des paroles que je dis, il y ait des conséquences, je le conçois mais te perdre sur ça, non ce n’est pas évident à accepter. Qu’est ce que j’aurais dû faire pour te garder Kiara, te mentir ? » Il leva un doigt tandis qu’une réflexion se faisait dans sa tête « Non, ne réponds pas à cette question précédente. Réponds à celle-là. Que dois je faire pour te récupérer ? » Autant être direct avec elle, ne pas tourner autour du pot, ils ne seraient pas des amis, il ne voulait pas de son amitié, il voulait sa main.

Si pour Grigori, devoir composer avec une Kiara aussi déstabilisante, c’était complexe et bien, il ne savait pas ce qu’il lui faisait vivre à elle. Ce l’était tout autant pour elle de devoir comprendre les humeurs de Grigori et surtout son manque de tact incroyable avec les autres êtres humains. Même quand il avait un but avec l’un d’entre eux, il arrivait à trouver le moyen d’être d’une rigidité hallucinante. Elle était faite dans la douceur et la compréhension et lui dans la distance et presque la crainte des autres. Donc oui, pour la peine, elle s’emballait un peu quand il la piquait alors que c’était LUI qui tentait visiblement de la retrouver. C’était ça non? Ou bien elle ne comprenait réellement rien à ce qui se passait dans sa tête. Sauf que là, elle gérait mieux ses émotions. Ce n’était pas un tourbillon de jalousie! S’en tenir à des faits. Voilà. C’était ce qu’elle devait faire. Ce n’était pas de son imagination qu’elle tirait ses conclusions.

Puis, il trichait un peu. Parce que si elle pouvait lui donner une qualité, c’était bien qu’il écoutait pour de vrai (il avait sa propre compréhension des choses, mais il ne fallait pas abuser de l’amélioration non plus). Bon, bien sûr, il prit la peine de lui lancer sa réplique de mariage. Bon, il se pratiquait à le dire pour de vrai? Elle n’en fit pas de cas et continua sa tirade. Puis vraiment, il souriait même quand elle parlait qu’elle avait aimé ses moments avec lui. C’était vrai! Elle s’était levée, mais elle n’allait pas partir comme ça non plus, on ne s’inquiète pas. Puis se fut à son tour de l’écouter. Pourquoi il arrivait à lui faire ça? Il y croyait réellement, il était déçu… mais merde qu’il était nul dans la gestion des relations. Ce n’était pas facile pour elle non plus, il ne s’en était pas rendu compte, mais ça avait été réellement difficile pour elle aussi. Elle allait pour répondre à la question, vivement en plus, mais son doigt levé l’arrêta d’un coup. Elle pinça les lèvres pour entendre son autre question. Elle prit une inspiration en restant devant lui, songeant à sa réponse… mais elle commença quand même par éclaircir un point hein, parce que ça la chicotait trop sinon.

« C’était un malentendu. Oui j’ai pensé que tu mentais parce que j’étais jalouse et je me suis excusée... Par contre, tu aurais juste pu m’expliquer la situation comme tu l’as fait la dernière fois et je m’aurais calmée. »

Non, mais on apprend de ses erreurs et avec de la répétition. Si elle lui répétait assez souvent que parler, c’était bien, peut-être qu’il finirait par comprendre. La jolie blonde reprit ensuite, sans vouloir réellement lui laisser le temps de répondre, non mais, ça va, elle n’avait pas plus envie que lui de se rappeler ce passage. C’était pas très glorieux pour Kiara ni pour Grigori.

« Pour répondre à ta question…Si tu veux que je sois franche, je crois que tu étais assez bien parti tout à l’heure avant que tu ne me lances une pique. (Encore une fois, elle était calme hein, elle poursuivit) Je déteste les mensonges alors non me mentir ne sera jamais une bonne chose, jamais… sauf que j’aimerais vraiment… vraiment que tu arrêtes de me prendre pour une ennemie. D’accord, on a fait le truc des 5000 points, mais toi tu l’as vu comme si tu étais… en compétition contre moi. Comme si tu gagnais je perdais, mais ce n’est pas comme ça que je le voyais… si tu gagnes, Grigori, c’est parce que je gagne avec toi. (Rho lala, c’était trop un peu? Il allait devoir survivre à son romantisme de ouf.) C’était peut-être pas ça que j’avais en tête au départ de tout ça, c’est vrai, mais à la longue, j’y ai cru aussi. Pour de vrai. »

Elle y allait vraiment pour le tout pour le tout aussi là, elle espérait réellement qu’il s’en rendait compte. Elle n’avait pas voulu se débarrasser de lui quand elle était en colère. La Poufsouffle s’approchait un peu de lui pour venir prendre ses deux mains des siennes. Son regard allant sur leurs mains quelques instants.

« Je ne suis pas ton ennemie et je ne suis pas contre toi. Tu dois retenir ça, Grigori. (Elle relevait ensuite son regard dans le sien) Tu as demandé conseil pour aujourd’hui j’ai l’impression, dis-moi, qu’est-ce qu’on t’a dit de faire d’autres pour tenter de me récupérer alors? »

Elle savait que la question allait l’agacer, elle s’en doutait que trop bien, sauf qu’elle n’allait pas lui dire qu’il devait s’excuser comme ça. Ça serait nul un peu non? Il devait comprendre de lui-même un peu. Elle n’avait pas réellement répondu à sa question, elle en avait bien conscience, mais au moins elle lui disait que c’était possible de la récupérer alors… c’était une bonne chose, non?

Difficile de réécrire le passé, c’est tout ce qu’il pouvait retenir de cette histoire, que ses choix n’avaient pas été les bons, c’était une certitude mais il comprenait bien ce qu’elle lui reprochait, d’avoir préféré lui rentrer dedans plutôt que de s’expliquer. Néanmoins, il n’allait pas lui faire croire que ça s’arrangerait, il était dans la défensive, ils le savaient très bien et s’il se sentait attaqué, il rétorquerait, ça ne changerait jamais, même si ça risquait d’empirer les choses, il était bien trop fier pour savoir quand se taire. Il aurait bien voulu répondre mais il se douta à la façon dont elle emmena les choses qu’elle ne voulait pas qu’il réponde et il céda, de mauvaise grâce mais il céda.

Ho, ainsi il était sur la bonne voie, il faut reconnaître qu’il y eut un petit soupir de soulagement. Il ne faisait pas fausse route, enfin pas complètement. Il n’était pas en train de se ridiculiser pour rien avec elle, elle n’avait pas non plus totalement fait une croix sur lui. Bon pour la pique, mauvais timing, il devait bien admettre, tant pis il saurait faire ce qu’il fallait pour la prochaine fois. Elle détestait les mensonges, il pouvait comprendre aisément cela même si pour le coup, il se demandait réellement s’il n’aurait pas mieux valu ne rien dire pour ne pas avoir à déployer tant d’efforts pour elle. Il l’observa attentivement lorsqu’elle parlait d’être ennemis. Mais enfin il la considérait pas comme une ennemie, il l’appréciait, elle le savait tout de même, non ? En revanche il y a certains codes qui lui manquaient, effectivement, il avait toujours eu l’impression d’être en compétition contre elle, que s’il arrivait à obtenir ses 5000 points, elle perdrait et là elle lui disait que ça n’était pas le cas. Il pencha la tête, ne parvenant pas à comprendre comment ils pouvaient tous les deux gagnants alors qu’ils ne voulaient pas la même chose du tout. Il fronça les sourcils, silencieux, ce qu’il comprenait lui semblait incohérent, illogique, un schéma qui n’allait pas. Elle avait cru en ce futur elle aussi ? C’est cela qu’il comprenait et c’était un mélange de joie à l’idée d’être dans le vrai, d’avoir quelqu’un quo croyait vraiment en lui et une crainte immense à l’idée de tout comprendre de travers – comme souvent – et que ça ne soit pas du tout ce qu’elle voulait dire, ce qui serait un peu blessant. Il avait besoin de savoir « Tu gagneras quoi toi ? »

Il l’observa tandis qu’elle se rapprochait de lui et la laissa lui prendre les mains, observant quelques instants leurs mains avant que son regard remonte sur son visage mais elle ne cherchait pas à le regarder. D’abord, elle lui expliqua qu’elle n’était pas son ennemie et qu’elle n’était pas contre lui. Alors un peu quand même pour ce qui était d’être contre, sinon ils seraient mariés depuis des mois mais c’est un détail – un détail qui a quand même son importance – Il hésita quelques secondes sur la réponse à fournir « La plupart du temps j’en ai conscience. » sauf que voilà, la plupart du temps, ça n’était pas tout le temps et la sensation qu’elle lui tourne le dos pour une erreur qu’il avait commis, ça avait pris le pas sur le reste et il avait eu l’impression terrible qu’elle était contre lui, qu’elle s’était amusée à lui faire perdre du temps alors qu’il avait besoin de réussir, besoin de montrer qu’il avait réussi sans aide, afin de rendre fier sa famille. Perdre cinq mois en un claquement de doigt ça avait été trop mais ça il ne savait pas comment le lui dire, n’avait pas forcément envie de se confier non plus.

Alors qu’il était plongé dans ses réflexions, elle leva le regard pour le regarder à son tour et reprit la parole. Il admit d’un hochement de tête très bref avoir demandé conseil avant de se raidir en entendant la question qu’elle lui posa. Est-ce qu’il était autorisé à répondre rien ? ça l’agaçait cette situation, cette question l’agaçait et puis si encore il était sûr que ça fonctionnait mais pas le moins du monde, il n’avait aucune garantie. Il retira ses mains des siennes, ayant besoin de lisser son costume pour se donner une sorte de courage « M’excuser » Ouh rien qu’au ton de sa voix, il était évident que ça n’était pas quelque chose qui lui plaisait et pourtant, comprenant que de toute façon, il n’y couperait pas, à moins de se dire que Kiara n’en valait pas la peine, ce qui serait complètement débile après l’avoir emmené ici, il se lança. « Je regrette d’avoir sous-entendu que tu finirais seule. C’est faux. » Il était plutôt tombé au moment propice mais il n’avait pas l’ombre d’un doute sur le fait qu’elle n’aurait aucun mal à trouver quelqu’un. « Oh je suppose aussi que ça n’était pas très gentil d’avoir parlé du fait que tu étais contre l’engagement et que tu voulais juste des aventures, ce n’est pas vrai et je le sais. » Il aurait bien aimé savoir comment il s’en sortait parce que l’exercice ne lui plaisait pas mais alors pas du tout. Il prit une profonde inspiration avant d’en dire un peu plus « Je m’excuse pour t’avoir blessé, je ne le pensais pas. Enfin si que les filles sont comme ça je le pense vraiment. Ce n’est cependant pas la vision que j’ai de toi. » Non, il avait bien conscience qu’elle était différente, il n’était pas en mesure de dire à voix haute ce qu’il pensait réellement d’elle mais il pouvait reconnaître qu’il ne la voyait pas négativement. En revanche, les excuses, ah ça n’était clairement pas son truc, c’était une certitude, sa nervosité faisait qu’il se concentrait sur le lissage de son costume pour être dans une sorte de bulle familière, devant réellement faire des efforts pour rester sur place. Il prit cependant son courage à deux mains « J’ai mal agi en t’insultant, je sais que ça n’était pas agréable à entendre et je ne te promets pas que ça n’arrivera plus jamais, je n’en sais rien mais depuis j’ai fait au mieux pour essayer de réparer ma bêtise… » Cette fois il ne fut pas en capacité de finir, il avait vraiment envie de lui dire qu’il voulait sa main et qu’il voulait une seconde chance, que lui il ne voulait pas qu’elle n’ait plus rien à lui dire mais il en fut incapable, c’était trop lui demander en une fois. Un effort surhumain à la fois.

Elle avait compris que c’était dans sa personnalité d’être sur la défensive. Enfin, défensive oui, mais il attaquait ensuite et elle en avait subi un peu les frais. Au moins, il avait bien compris que ça ne passait pas avec elle, que ce qu’il lui avait dit avait été une bonne raison de ne plus vouloir le revoir sur le coup. En revanche, elle aussi savait que sauter au rideau comme ça, ce n’était pas une bonne chose non plus. Les crisettes de jalousie pourtant ce n’était pas réellement son genre. Elle avait tellement un caractère calme et doux… pourtant, sur ce coup-là, elle s’était emportée. Kiara prit quand même la peine de mettre les choses au clair concernant la situation qui les avait séparés un peu. Non, elle ne voulait pas qu’il commente, elle avait fait assez bien le tour non?

Elle entreprit de lui répondre comme il lui avait demander. Pourquoi était-il adorable en ayant l’air si soulagé. Il avait clairement douté de cette façon de se faire pardonner. Il était nerveux de leur rencontre et le voir comme ça témoignait bien qu’il faisait des efforts presque surhumains de son point de vue. Tout cela, il ne devait pas le faire avec beaucoup de personnes et c’était un étrange baume au cœur pour Kiara de se sentir privilégiée. Puis même si elle savait qu’il l’appréciait -elle s’en rendait bien compte, elle n’est pas stupide non plus- elle avait la ferme impression que ce n’était pas que du positif pour lui. Elle vit bien cette confusion dans son regard, sur cette mine qu’il avait. Sa question ne la surprit pas, elle esquissa un faible sourire en disant.

‘’Si je suis heureuse je reste. Tu te souviens quand j’avais dit ça? He bien, j’étais heureuse avec toi, Grigori…’’

Il ne pouvait pas ne pas s’en être rendu compte. Les sourires, les discussions, son bras sous le sien lors de promenade. Si elle n’était pas le genre à être extravertie dans son bonheur, elle devait le dégager assez visiblement quand elle était avec lui. Il avait été capable de la rendre heureuse dans toute son unicité. Si elle acceptait d’être encore présente, qu’elle ait tout simplement accepté de l’écouter aujourd’hui, c’était parce qu’elle y croyait encore. Si ce n’était pas le cas, elle ne se serait pas donné la peine. Elle était gentille, mais pas assez tolérante pour écouter des excuses qu’elle n’accepterait pas. Parce que c’était bien ce qu’il était en train de faire non? De s’excuser ? La Poufsouffle avait réalisé aussi qu’il avait un peu perdu confiance en sa parole en réagissant ainsi lors de leur dispute. Bon. Elle s’était excusée et elle espérait réellement qu’il comprenait que c’était un très gros et un assez triste malentendu.

Ah voilà. On lui avait dit de s’excuser. Elle n’allait pas lui donner tout le monde d’emploi pour se faire pardonner. Il avait fait des efforts de son côté, aussi bien les mettre à profit, non? Oui, c’était peut-être agaçant, mais il fallait faire les choses dans l’ordre tout de même. Elle n’eut même pas besoin de dire quoi que ce soit de plus qu’il se lançait. Nerveusement parce qu’il préférait lisser son costume, ça ne la surprenait pas de lui comme tic en réalité. Kiara restait donc devant lui, les mains jointes à l’écouter.

Alors il fallait dire que malgré quelques commentaires constructifs qu’il pourrait avoir besoin, il se débrouillait pas mal le Dimitrov. Parce qu’il ne faisait pas seulement qu’un petit ‘’je m’excuse’’. Non non, il prenait le temps d’expliquer ce qu’il n’avait pas fait correctement et se reprenait sur ses mots. Il fallait être honnête, beaucoup se contenterait seulement d’un petit pardon qui englobait le tout et bam, on en parle plus. Non non. Il savait bien parler quand il ne s’emportait pas et ça aussi la jolie blonde était au courant. Elle pinça les lèvres en un sourire retenu. Oui, elle savait ce qu’il pensait des femmes. Ce n’était pas drôle, mais de la façon dont il le disait, ce l’était un peu. Il avait noté pour commencer que Kiara n’était pas comme ça, c’est déjà une bonne chose. C’était d’une belle sincérité ce qu’il lui disait. Dire qu’on arrête un mauvais comportement, c’était presque impossible. Mais le réaliser et dire que les efforts seront là, par contre, c’était tellement plus réalise et surtout une réelle possibilité. Aux yeux de la MacMillan, ça signifiait bien que la compréhension était là. Lorsqu’il ne termina pas sa phrase, elle comprit que ça n’allait pas continuer. C’était correct, elle pouvait comprendre.

Elle ne l’avait pas quitté des yeux, lui donnait toute l’attention du monde. Elle voulait maintenant le calmer, le rassurer. Elle prit une inspiration, c’était mieux que la dernière fois à l’hôpital. Il avait… plus d’émotions disons? Il en avait plus sans qu’il ne lui en dise plus. C’était une question pas mal d’instinct aussi avec lui. Elle murmurait tout d’abord un tout petit.

‘’Je sais, Grigori…’’

Elle lui offrit un délicat sourire, tendre même. Elle ne voulait juste plus qu’il se sente aussi nerveux le pauvre, elle prit ensuite une inspiration en reprenant.

‘’ Je… j’accepte tes excuses, Grigori. J’ai… encore envie d’y croire.’’

Elle n’en disait pas beaucoup, mais ses mots étaient quand même clairs. Pas vrai? Comme lui avait besoin de lisser son costume, elle, elle avait besoin un peu de son contact, elle reprit ses mains. Elle les serrait doucement, pas pour lui faire mal, juste… juste parce qu’elle en avait envie.

‘’Ce n’est pas une question de contrat ou quoi que ce soit. Si je suis en couple avec quelqu’un c’est parce que je veux la même chose que toi… on n’a pas besoin des points pour ça… qu’est-ce que tu en penses?’’

Son regard était planté dans le sien, ce n’était plus un jeu maintenant, elle voulait être en couple avec lui et suivre les étapes qui allaient avec ça. C’était un oui camouflé pour un mariage, non?

Bien sûr qu’il se souvenait lorsqu’elle avait dit ça, comprenant ce jour là que rien ne serait réellement acquis avec elle et qu’elle avait la possibilité de partir à chaque instant. D’ailleurs c’est bien ce qui s’était produit. Il fronça les sourcils, un brin surprit lorsqu’elle admit avoir été heureuse à ses côtés. Il ne savait pas réellement comment c’était possible mais il ressentait une immense fierté à l’idée que sa compagnie la rende heureuse. Il avait donc réellement eu sa chance avec elle, il maudissait cette andouille d’Hestia d’avoir tout gâché comment ça c’est lui le responsable, mais pas du tout .
Il n’avait pas la moindre idée de comment il avait fait par contre, ce qui était un véritable problème dans le sens où il n’était pas en mesure de réitérer ce qu’il considérait lui-même comme un exploit. Ce qu’il savait en revanche et assez sûrement, c’est que son absence lui pesait. Il pouvait bien relativiser autant qu’il voulait en supposant que c’était l’idée qu’il n’y ait plus de mariage qui l’embêtait, la réalité était que les deux allaient de paires de toute façon et comme il faisait une fixette, à présent, sur Kiara, c’était pour le moins problématique. Sûrement qu’à la suite de ses propos il aurait pu dire que lui aussi, il avait eu la sensation d’être heureux avec elle, l’impression que tout se déroulait bien et de caresser un objectif qu’il voulait, ça c’était une certitude mais au final, c’était surtout elle en tant que personne qui avait un truc en plus. Un truc qu’il ne pouvait définir mais il n’avait jamais eu la sensation, surtout depuis janvier en réalité, qu’elle tolérait sa présence. A partir de cette soirée, il avait compris qu’elle aussi gardait un œil sur lui, régulièrement… c’était quelque chose qui lui arrivait pour ainsi dire jamais, que lui fasse attention aux personnes à qui il tenait, c’était une chose mais l’inverse se produisait tellement peu souvent qu’il avait eu cette sensation de compter. Ça n’avait pas duré longtemps mais assez pour qu’il sache ce que ça faisait et ce que l’absence impliquait.

Le moment des excuses fut certainement un des moments les plus désagréable de la vie de Grigori. Déjà, il n’était pas le genre de personne qui appréciait de s’écraser devant quelqu’un, probablement parce que ça arrivait régulièrement avec ses parents, il y a des expériences fort peu désagréables qu’il n’avait pas envie de réitérer. En prime, le faire devant une fille, c’était une épreuve hein clairement, ah qu’on le veuille ou non, ça lui coûtait de faire ça. Bonjour le sentiment de faiblesse hein. Pourtant, il alla presque au bout, essayant de dérouler son plan au mieux, de ne pas tenter d’équilibrer les choses en lui reprochant des choses en même temps qu’il prononçait ses excuses, ce qui aurait été pour le moins problématique. Oui, il avait merdé, c’était un fait, bien sûr que les torts n'étaient pas complètement sur lui et que pris par surprise, dépassé par les évènements et la sensation de trahison qu’il avait ressenti, il avait cherché à s’en sortir lui et à écraser les autres, c’est un fait et il avait empiré les choses en faisant cela, bien sûr que oui. Mais effectivement, depuis, il avait tenté de se racheter, oh bien sûr qu’un autre aurait bien mieux réussi que lui mais Grigori restait quelqu’un d’orgueilleux et ça n’était pas évident de balayer ce qu’il était.

Pas une seconde le regard de Kiara ne l’avait quitté, il était bien incapable de lire dans son regard ce qu’elle songeait. Est-ce que ça suffisait pour elle ou attendait-elle de lui des choses qu’il était incapable de lui dire ? Elle inspira, comme pour se donner du courage et il retint un petit : bienvenue dans la famille, ce qui aurait été pour le moins très mal venu. Elle savait ? Ah bah voilà qui était un soulagement si elle se rendait compte qu’il n’était pas resté passif à attendre qu’elle daigne revenir… En même temps, heureusement parce qu’elle ne semblait pas mais alors pas du tout avoir envie de revenir vers lui. Il eut un véritable sourire en entendant la suite, bon pas pour la partie excuse, ça il allait volontairement oublier cette partie et se concentrer exclusivement sur l’autre partie. Elle croyait en lui pour obtenir ses 5000 points.  Alors là, elle misait sur la bonne personne parce que pour le coup, il était motivé par la réussite. Il la laissa récupérer ses mains, de toute façon, le stress s’étant effacé face à la réflexion sur comment récupérer tous les points qu’il avait dû perdre et calculer le temps que ça lui prendrait tout cela jusqu’à ce qu’elle parle d’une question de contrat. Woho hé ça voulait dire quoi ça ? Il la regarda dépasser, non mais il ne voulait pas être en couple lui, elle avait loupé un truc, ce que lui voulait c’était un mariage, une épouse, des enfants. Mais ça, elle le savait n’est ce pas, à moins qu’elle se soit pris un mur récemment, elle avait dû bien comprendre ce que lui voulait, donc si elle disait vouloir la même chose, hum et bien, il fallait qu’il vérifie, qu’elle mette réellement les mots sur ce qu’elle songeait parce qu’il ne lisait pas bien dans son esprit là « Tu veux la même chose que moi ? Moi je veux me marier et avoir des garçons. » non mais c’était histoire de bien mettre les choses au point.  Quant au fait de ne pas avoir besoin de points et bien, il comprenait les choses de la manière suivante « ça veut dire qu’on peut se marier maintenant ? »

Son regard s’éclaira en moins d’une seconde, voilà qui arrangeait pas mal ses affaires ça et lui faisait gagner un peu de temps. Il n’attendit d’ailleurs pas sa réponse, pour continuer à parler « Il va falloir un peu de temps pour tout organiser quand même. Déjà il va falloir en parler à nos parents respectifs. » même si concrètement, leurs avis à tous l’indifférait royalement à ce sujet, il n’empêche qu’il était ravi à l’idée de pouvoir annoncer la nouvelle à ses parents, alors bien sûr, il aurait préféré qu’ils soient là pour le mariage mais ça allait être pour le moins tendu, il se contenterait de les mettre au courant. « Si tu arrêtes tes études maintenant, tu penses pouvoir organiser un mariage en combien de temps ? » Néanmoins, pour le coup, il n’avait pas l’intention de la laisser se débrouiller toute seule non plus, si habituellement c’était quelqu’un de bosseur qui visait l’excellence, étonnamment, là il s’en moquait, il se contenterait d’avoir son diplôme. « Je t’aiderais pour que ça aille plus vite, tu peux compter sur moi. » Ah bah c’est sûr que dans ce cas de figure, puisqu’il était intéressé, bien sûr qu’elle pouvait compter sur lui.

Il pouvait être fier ! Pas parce que Kiara était quelqu’un était difficile à occuper, mais bien parce qu’il avait capté assez son attention pour qu’elle se plaise à passer du temps avec lui. Il était assez intéressant pour qu’elle soit impatiente de le revoir. Il avait ses défauts le Grigori, mais il fallait dire qu’ils connectaient bien sur certains points et ça lui manquait beaucoup ça. Énormément même. Assez pour vouloir écouter et accepter ses excuses.

Pas qu’elle n’attendait que ça depuis des mois. Des excuses, il faut bien faire ça. Elle avait peut-être un côté un peu naïf à croire en tout le monde comme ça, mais elle n’était pas du genre à se faire embobiner facilement. Elle avait quand même un orgueil quelque part la jolie MacMillan et Grigori l’avait bien atteint lors de lors dispute. Si elle semblait accepter facilement, c’était parce qu’il avait bien parlé, qu’il avait assez bien résumé ce qui l’avait agacé et sans promesse impossible il tentait de réparer sa bêtise. Pouvait-on faire des erreurs ? Bien sûr, c’était totalement humain de faire des erreurs. Accepter ses fautes malgré sa fierté, c’était énorme. Puis connaissant Grigori comme elle pensait le connaître… c’était une montagne qu’il traversait pour dire tout ça. Il n’était pas le genre d’homme à dire quoi que ce soit pour passer à autre chose. Des menteurs et des hommes qui la prenaient pour une idiote, elle en avait connu. Il n’était pas du tout dans ce moule-là. Si lui faisait des efforts pour s’excuser, elle pouvait faire l’effort de lui laisser la chance. Puis elle en avait envie, ce n’était pas comme si ce qu’elle ressentait pour lui était totalement mort.

En plus, c’était merveilleux, elle arrivait à le faire sourire. Non, mais elle pouvait s’en vanter quand même, non ? Bon, elle, elle était clairement plus tactile que lui parce qu’elle reprenait ses mains, elle parlait et… Ouf qu’elle aurait dû être plus claire parce que lui, il partait dans son monde. Bon, la question n’était pas de savoir s’ils voulaient la même chose, mais QUAND ils voulaient la même chose. Elle rectifia quand même le premier tir.

« Je veux me marier et avoir des enfants aussi. »

Il allait devoir gérer s’il avait une fille en premier alors aussi bien lui faire comprendre qu’elle n’avait aucun contrôle sur le genre de leur enfant. Sauf que bon, ça c’était peut-être pour un autre moment. Elle savait que s’embarquer avec Grigori signifiait que des étapes allaient aller vites. Vite au point que lui, il pensait que c’était une question de jours ? de semaines ? Okay, elle n’existait plus du tout là, lui il était en train de tout préparer dans sa tête et ses mots sortaient tellement vites que Kiara, elle n’arrivait même pas à dire un mot ! Oh là ! Arrêter ses études ? Il vivait dans un monde princesse lui ! Les femmes se marient et hop on oublie la carrière. Ça, il ne pouvait pas faire comme s’il ignorait le fait qu’elle voulait terminer ses études. Il avait terminé là ? Non, mais heureusement encore que Kiara elle n’était pas trop du genre anxieuse hein. Non, mais environ… disons… 90% des autres filles, à voir un mec parler comme ça, elles auraient fui. Pas Kiara, elle savait que c‘était ce qu’il voulait le beau Grigori, depuis le départ. Elle voudrait se marier demain qu’il serait partant et elle le savait. Juste là, elle la voyait sa motivation. Puis comme Kiara avait la réputation d’être chieuse à ses yeux (juste aux siens si jamais quelqu’un se pose la question), bah elle allait peut-être briser un peu sa bulle.

« Je suis contente de réaliser que quand ça sera le moment, tu ne vas pas me laisser organiser le tout toute seule, mais Grigori, tu le sais que je ne vais pas abandonner mes études. Tu le sais depuis toujours ça… (Elle continuait de le regarder, elle ne voulait pas que sa déception brime le moment, elle avait quand même accepté de le revoir) Je veux me marier, je veux une famille… mais je tiens à ma carrière aussi. Sauf que… je ne veux plus avoir à faire comme si tu devais réellement atteindre des points pour que ça arrive… Je sais que ça te motivait les points, c’était concret, mais j’ai envie que ça soit… nous plus que les points… (La pauvre, elle avait déjà été plus claire dans ses propos et elle s’en rendait compte. Ça l’agaçait de ne pas trouver les bons mots et de ne pas être claire) Je ne veux pas que ce qu’on veut tous les deux soient à cause d’un jeu ou d’un contrat… mais parce qu’on a envie de… faire tout ça ensemble. »

C’était précis ? La pauvre, elle se sentait tellement maladroite, c’était chiant. Elle se sentait trop émotive dans quelque chose que Grigori l’était peut-être moins. Enfin… il avait quand même fait des efforts pour la retrouver au lieu de chercher une autre fiancée. Ses mains, elle tenait encore les siennes, assez forts comme pour mettre du poids sur ses mots et aussi parce qu’elle ne voulait pas qu’il les lâche parce qu’elle l’agaçait avec ses trucs de filles. Il pouvait voir dans son regard au moins qu’elle en avait envie de tout ça avec lui ? Pour de vrai, de vrai ?

Parfait, ils étaient donc d’accord, mariage et enfants. Oui, enfants pour elle, il était sûr que le fait qu’elle dise enfant et pas garçon n’était pas du tout anodin mais il n’allait pas se lancer sur ce débat stérile avec elle, la question ne se posait pas, elle se débrouillait comme elle voulait mais il ne voulait pas de filles. Non non, trop chiant les filles, oui même si c’était Kiara la mère, pas question. Mais ça, il allait éviter de lui dire, c’était le risque à ce qu’elle se vexe pour rien.

De toute façon, c’était parti, il était en train d’organiser la suite des évènements, ils seraient donc rapidement fixé sur le sexe de l’enfant et il pourrait lui dire, je te l’avais dit que ce serait un garçon. Oui, parfaitement, il voyait très bien le déroulé dans sa tête. Sauf qu’il avait oublié un détail, un détail qui n’en était pas entièrement un, la principale concernée. A quel moment ils avaient tous les deux pris une manière différente de voir l’avenir, alors là aucune idée mais il la fixa les yeux ronds lorsqu’elle lui annonça, comme ça, de but en blanc qu’elle voulait continuer ses études. Oui alors il le savait depuis toujours, c’est vite dit. D’accord, elle n’avait jamais semblé très emballé par le fait d’abandonner ses études de médicomagie, ça il le lui accordait volontiers, il était au courant. Sauf qu’elle n’était pas non plus emballé par un mariage, par le fait de le laisser galérer avec ses points, oui, sûrement qu’elle avait bien prévu son coup sur la date minimum à laquelle il pourrait réunir le nombre exact, cela afin d’arriver pile à la fin de ses études. Là, c’était totalement différent, elle disait oui pour le mariage, sans points, elle n’avait donc aucune raison de continuer ses études. Il ne l’inventait pas d’ailleurs cela puisqu’elle insistait sur ce point, bon sur le point carrière aussi, la lourdeur de la copine, vraiment il était bien tombé pour le coup. « Comment ça tu veux continuer tes études ? A quoi ça va te servir d’avoir un diplôme puisque de toute façon, jusqu’à preuve du contraire et tu as pas intérêt à me prouver le contraire, c’est toi qui vas porter nos garçons et non pas enfants et que tu ne pourras par conséquent pas travailler. Tu nous fais juste perdre du temps. » Non mais elle était agaçante, d’accord elle aimait bien soigner tout le monde, personne ne juge, bon si lui un peu, elle était douée dans ce domaine. Chose qu’il savait très bien puisqu’il avait lui-même expérimenté les soins par Kiara. Sauf qu’autant, il le reconnaissait, admettait qu’elle était douée et cela même si elle était une fille mais là il s’agissait de vie de familles. Elle croyait quoi au juste, qu’ils allaient laisser leurs garçons s’élever tout seul. Non non, ils devaient être là, ils devaient montrer tous les deux, pas juste Grigori que leurs enfants comptaient. Comment ils faisaient si la mère n’était jamais là, préférant soigner des gens plutôt que d’être avec sa famille.

La suite, il ne la comprenait plus du tout. Enfin, si, il comprenait qu’il n’avait plus à récupérer des points, ce qui était plus simple. Il esquissa un sourire amusé, ah tien, ça se voyait qu’il était motivé. Comment ça pouvait être eux plus que des points, ah mais c’était un grand mystère. Il la regardait complètement perdu. Non mais merci, il avait compris le message, plus de point, c’est l’autre message qu’elle ne comprenait pas le moins du monde. C’était d’ailleurs ultra frustrant « Non mais j’avais parfaitement compris au départ, pas besoin d’obtenir de points, on va se marier. » oui il prenait des raccourcis énorme pour parvenir à l’endroit où lui voulait aller « Pourquoi attendre, je veux me marier avec toi, logiquement si tu me dis tout ça, l’inverse est tout aussi vrai. Je ne compte pas changer d’avis. » elle… bah ça il ne pouvait pas savoir mais il espérait que non et dans l’hypothèse où elle en avait l’intention et bien… déjà ça partait sur de très mauvaises bases cette histoire mais surtout plus vite ils seraient mariés et moins ce serait facile de se détacher et d’entamer des procédures. Enfin dans tous les cas, il pensait pessimiste, mais ça pouvait aussi très bien se passer, c’est même réellement ce qu’il espérait, que tout irait bien. « A quoi ça sert que je n’ai pas à gagner des points si c’est aussi long qu’avant, que tu es toujours celle qui décide. » Chose qui ne l’embêtait pas outre mesure, il s’en foutait pour le coup que ça soit elle qui donne le go, en même temps si ça ne tenait qu’à lui ils seraient mariés en moins d’un mois donc bon, ça ne vendait pas trop de rêves. « La seule chose que je n’ai plus, c’est la visibilité Kiara, je ne sais pas quand ça va se produire. Je dis quoi moi à mes parents, j’ai trouvé une fiancée mais écoutez, je n’ai pas la moindre idée de quand on va se marier, c’est elle qui décide. »

Génial, ils allaient adorer, non seulement il tombait sur la fille au métier le plus prenant de l’univers, qui ne comptait pas s’arrêter pour lui – compréhensible -  ni même pour leurs enfants – incompréhensible – mais en plus voilà que madame décidait. Il allait juste passer pour un faible qui se laisse mener par le bout du nez et pire encore, il n’avait aucune garantie, c’était ultra stressant pour lui. Il savait qu’il lui en demandait beaucoup, avait bien conscience qu’elle voulait prendre son temps, qu’elle n’avait aucune échéance elle de son côté et que le fait qu’il se précipite n’aidait en rien. De toute façon, il n’avait pas vraiment le choix, comme souvent dans la vie d’ailleurs. Quoi que si, deux choix, soit il acceptait les contraintes qu’elle imposait, jugeant lui-même que c’était surmontable s’ils patientaient ensemble, soit il retirait ses mains des siennes, décrétait qu’il n’avait pas envie de perdre son temps avec elle. Il posa finalement son front contre le sien, le choix étant bien plus facile à faire qu’il n’y paraissait, ce qui ne l’empêcha pas de  marmonner « Tu es une chieuse Macmillan, tu le sais ça ? »et lui devait être complètement cinglé pour rester avec… mais bon sûrement qu’elle devait se dire la même chose de son côté donc bon, ils feraient avec.

Oui oui, enfant. Elle était médecin, mais elle ne pouvait quand même pas disputer la génétique pour avoir un garçon au lieu d’une fille. Parce qu’il allait devoir se mettre dans son joli petit crâne qu’il y avait des chances d’avoir une gamine hein. Sauf qu’ils n’en étaient pas là encore, déjà il fallait parler mariage si on comprenait bien l’ordre d’idée -priorité- de Grigori. C’était tout de même triste de devoir briser cette bulle de bonheur qui semblait envelopper le beau brun. Déjà, c’était rare de le voir avec un tel enthousiasme, c’était beau à voir. Enfin… pas assez pour que Kiara souhaite se marier dans la minute tout de même parce qu’elle vint compliquer le plan de match de son fiancé -soyons francs, c’est ce qu’ils étaient là-. Kiara était la douceur incarnée en ce moment elle, parce qu’elle savait que ça brimait ce que Grigori voulait faire, mais elle n’allait pas se mettre en mode ‘’femme au foyer qui pond des bébés’’ oh non non, on parlait quand même de Kiara, elle avait de l’ambition depuis le jour 1 qu’il la connaissait. S’il pensait que c’était un monsieur qui allait changer tout ça, alors non.

Encore heureux pour le Grigri que Kiara, elle soit patiente, parce qu’avec les bêtises qu’il lui disait, ouh lala. Son silence montrait bien son désaccord, autant elle avait eu la mince espérance qu’il la soutienne dans sa carrière, là alors il lui montrait bien le contraire. Sauf que visiblement, rien de ce qu’elle disait ne semblait lui aller. Alors là, ils ne s’entendaient pas sur des bases les pauvres bougres. Même si elle lui trouvait des attitudes un peu mignonnes en s’acharnant vouloir se marier avec elle. Mignon parce qu’elle n’était pas indifférente, sinon ça serait juste étrange. Puis là, il venait de frapper fort… Elle était toujours elle qui décide? Il était marrant celui-là. Elle restait silencieuse, subissant la tempête Grigori et ses pensées qui ne coordonnaient pas du tout avec les siennes en ce moment.

Puis il vint appuyer son front contre le sien. Elle se sentit apaiser d’un coup sans trop comprendre… même si c’était suivit d’une insulte bien Dimitrov. Elle prit une inspiration en relâchant ses mains pour les poser contre sa mâchoire avec douceur. Kiara prenait toujours son temps avec Grigori pour parler. Pas parce qu’il était complètement débile ou parce qu’elle avait peur. Non, il fallait qu’il comprenne ce qu’elle avait à dire avant tout et là, il se prenait la tête avec tout, mais vraiment tout rien.

‘’Dans ton genre, tu sais que tu es pas mal chieur aussi…’’

Okay, ce n’était peut-être pas le commentaire le plus réfléchi, mais c’était dit avec la même tendresse que son cher fiancé. Si elle demandait ce qu’elle faisait avec un type pareil et que les autres se questionnaient encore plus, elle n’aurait pas envie d’être ailleurs, mais elle n’était pas prête à lui obéir comme ça parce que lui le disait.

‘’Ce n’est pas vrai que c’est tout moi qui décide, Grigori. Il y a des choses auxquelles je tiens et terminer mes études en est unes. Ça ne veut pas dire qu’on va se marier dans longtemps, mais je veux terminer mes études au moins. Il ne me reste même pas une année!’’

Elle lui répétait, un peu comme un enfant, à force de répéter, il allait comprendre, non? Elle pressa son front au sien. Elle n’était pas contre lui, elle aurait beau lui dire de nombreuses fois, elle avait l’impression qu’il le pensait malgré tout, que c’était plus fort que lui.

‘’Tu es en train de vouloir tout décider de ma vie aussi à t’entendre. Je ne serais pas que la charmante épouse qui reste à la maison à s’occuper des enfants pour toujours. Je sais que j’ai choisi une carrière prenante, mais jamais, jamais je n’oublierais ma famille. J’ai hâte moi aussi, Grigori… d’avoir des enfants. (Elle recula un peu la tête pour planter son regard dans le sien. Elle était sérieuse, mais une belle délicatesse se dégageait de son regard) Je sais qu’on ne s’entend pas sur tout, mais il faut qu’on fasse des compromis… On n’est pas l’un contre l’autre, mais ensemble… pas vrai?’’

Elle avait besoin de cette confirmation. Elle avait besoin de savoir qu’il comprenait ou du moins entendait ce qu’elle voulait dire. Passez sa vie avec un époux en compétition avec elle, elle n’en serait juste pas capable. Elle ne pouvait pas s’oublier parce qu’ils étaient ensemble. Autant qu’elle le pousserait dans ce qu’il veut dans la vie. C’était ça pour elle un couple, un mariage. Ils n’avaient clairement pas eu les mêmes modèles dans la vie, mais elle espérait de tout son cœur qu’ils pourront se créer le leur et qu’ils seraient parfait pour eux.

Exceptionnel de se faire traiter de chieur par une fille et de ne pas prendre la mouche, ne pas rétorquer avec froideur voir être totalement désagréable, plutôt de sourire avant de répondre « Ah oui? A croire que l'on est bien assorti finalement. » mais tant que ça ne l’empêchait pas de rester, elle pouvait le trouver chieur autant qu’elle voulait, il faisait avec et il était évident que s’il la trouvait agaçante au possible, l’inverse devait être tout aussi vrai.

Il écoutait attentivement ses propos. D’accord, elle ne décidait pas de tout, presque tout, comme ça c’était mieux ?  Ce n’était pas le sujet principal du discours qu’elle lui tenait, ce qu’elle voulait obtenir ou qu’elle imposait, difficile à dire, c’était de continuer ses études et de les terminer avant de se marier. Et si ça faisait loin pour Grigori, vraiment très loin, il était aussi du genre à ne pas aimer commencer quelque chose sans le finir, la réaction de Kiara, bien qu’étant agaçante pour lui, était tout à fait normal. Il céda donc, non sans mettre en garde au passage « Très bien, je te laisse cette année mais si tu ne valides pas l’an prochain et que tu dois faire un an de plus, tu fais l’année suivante mariée, avec le risque de tomber enceinte et de devoir arrêter, marché conclu ? » Après, il ne s’inquiétait pas spécialement du fait qu’elle réussisse du premier coup, c’était une évidence pour lui. ça n’était donc absolument pas cela qui le motivait à passer un pacte, c’était plutôt le risque qu’elle n’ait pas envie de ce mariage qui l’inquiétait ou plutôt, ça ne la dérangeait pas spécialement mais quand elle serait prête et qu’elle fasse tout capoter pour gagner du temps, oui il l’en croyait parfaitement capable.

Est-ce qu’il voulait tout décider de sa vie ? Il fronça les sourcils, probablement un peu, il devait bien admettre, il voulait que tout fonctionne comme il l’avait décidé et se heurtait à la réalité, elle ne le laisserait pas tout gouverner. Au moins, il était prévenu en amont. Il se crispa en entendant les paroles suivantes, comprenant parfaitement bien ce qu’elle était en train de dire et oulalah que c’était dur à accepter, c’était sa conception même d’un mariage qu’elle détruisait. A dire vrai, ça l’effrayait réellement, pour plusieurs points. Il appréciait Kiara, c’était une certitude, il était donc prêt à faire des efforts et à essayer de modifier ce modèle qu’il avait dans la tête, pour qu’elle reste. Mais ça voulait aussi dire essuyer des critiques de la part des gens, en particulier de ses parents et ça passait difficilement ce point. Il essayait désespérément de se montrer à la hauteur, d’être digne qu’ils jettent juste un regard sur lui. Sauf que le regard qu’il risquait de se prendre n’allait pas être positif. Et même s’il était prêt à essuyer les critiques, voulant vraiment de ce mariage, que se passerait-il si un jour elle décidait de le laisser tomber ? Il perdrait juste tout à la fois. Il savait qu’elle en était capable, il était imparfait et des erreurs, il en ferait forcément. Le risque était donc présent et ça ne le rassurait pas des masses. Le reste, il ne l’entendit même pas, tout occupé qu’il était à essayer de régler le problème mentalement, d’avoir un plan pour que tout se déroule au mieux et qu'il ait des coups d'avance si ça merdait, quand bien même il ne le souhaitait pas.

En revanche le fait qu’elle écarte la tête le fit forcément réagir, il l’observa tandis qu’elle reprenait la parole. Qu’ils ne soient pas sur la même longueur d’onde tout le temps, c’était une évidence. Oui, il fallait faire des compromis pour que ça marche, ça il l’avait bien compris et il y mettait du sien, enfin il en avait l’impression en tout cas. Ne venait il pas de mettre sa fierté et son éducation de côté pour elle ?  Il poussa un soupir à sa question, pas le genre de soupir qui signifiait qu’elle le gavait – oh elle le connaissait celui-là – mais bien le soupir qui démontrait qu’il était dépassé par la situation et que dans le domaine du sentimental et bien il était une quiche.  « Non, nous ne sommes pas l’un contre l’autre. » Déjà, cette partie, il pouvait le lui accorder sans problème, il ne voulait pas être en opposition avec elle, loin de là. Pour le fait d’être ensemble, il lui fallut une profonde inspiration, faisant le vide dans sa tête, essayant au maximum d’éloigner ses doutes, ses interrogations et cette envie qu’il avait d’être le fils parfait, pour dire à cette fille qu’il avait face à lui « On est ensemble et je ferais de mon mieux pour que ça fonctionne. » De toute façon, il ne se faisait pas d’illusions, elle savait très bien dire quand ça ne lui plaisait pas et elle ne se gênerait pas. Mais bon, il n’oubliait pas non plus qu’elle acceptait sans contrepartie d’être sa fiancée et un mariage proche, il la tannerait régulièrement pour savoir quand et elle devrait finir par céder.