Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
Lumos Je rp en : Mon allégeance : va à Alison, parce qu'elle est beaucoup trop cool
Ven 19 Fév - 19:51
C'est une ville dure où tout le monde est fou
ft. Eirian
Une soirée sans alcool, le monde n’était vraiment plus ce qu’il était. A quel moment, j’allais à des soirées où l’on ne proposait pas d’alcool ? Et bien j’avais remarqué que pour jouer à des jeux de sociétés c’était quand même beaucoup plus simple d’être sobre. Même si de toute façon, je perdais quoi qu’il arrive. Tout ça pour dire que lorsque je partais de chez mes amis, j’étais bien, l’esprit pas embrumé et ma foi, j’allais vite me rendre compte que c’était un grand avantage ce soir de ne pas avoir bu. C’était une de ces nuits d’été où il faisait bon, même tard dans la soirée - voir tôt dans la nuit -. Les rues étaient éclairées faiblement par des réverbères un peu vieillots. Heureusement qu’ils étaient là, la lune ayant décidé de ne pas montrer le bout de son nez et connaissant le cycle de la lune par cœur - condition de loup oblige – je pouvais affirmer sans me tromper, que c’était dû à la météo et non pas à la nouvelle lune.
Ce qui était frappant la nuit, c’est qu’en réalité, ça n’était jamais complètement silencieux. Déjà, il y avait mes pas sur le goudron, bruit régulier mais je n’étais pas la seule dehors. Je pouvais entendre un chat, à moins qu’il s’agisse d’un renard, difficile à dire puisqu’il était à contrevent, qui fouinait dans une poubelle pour se faire un festin. Plus loin dans une autre ruelle des petites pattes s’agitaient sur le sol, des rats à n’en pas douter. Sans oublier le bruit des lumières, ce n’était jamais tout à fait silencieux. La nuit était loin d’être aussi silencieuse que tout le monde le dit. La différence était donc l’absence de voiture... sans oublier le bruit des pas qui battaient. Encore qu’après une seconde de réflexion, m’étant même arrête pour être sûr de bien entendre et que ça ne soit pas la fatigue qui me jouait des tours, je restais affirmative, c’était bien le bruit de battements de cœurs que j’entendais. Ce qui voulait quand même dire qu’il y avait des gens au moins aussi couche-tard que moi?
Excepté cette certitude qu’il y avait des gens debout à cette heure-ci, moi je voulais juste rentrer me mettre au lit et je ne m’intéressais pas à ce que chacun faisait. Après tout, chacun sa vie, ça ne me concernait pas. Qu’est ce qui me mit la puce à l’oreille alors ? Quelqu’un avait décidé de rendre ma nuit bien plus intense. Je ne sais pas exactement comment je pu ne rien anticiper, n’entendant rien, probablement que mon cerveau était à l’arrêt, ne songeant qu’au moment où je dormirais. Je venais de tourner au coin d’une rue, au radar, lorsqu’une masse me rentra dedans. Un impact sourd qui me fit reculer de trois pas tandis que je reprenais mes esprits, regardant ce type qui ne mâcha pas ces mots, me sommant de regarder où je marchais. Ouh j’allais me le faire avec lui, je serrais mes points m’apprêtant à répliquer sauf que visiblement lui était bien réveillé, moi pas vraiment, il parlait plus vite. Est-ce que je m’attendais à la phrase qu’il me sortit Vas t’en vite petite, il y a un sorcier dans les parages. Alors ça, c’était quand même sensationnel comme phrase. Déjà le petite, j’avais envie de lui en retourner une. Je ne supportais pas qu’on me traite de petite, pour peu qu’il rajoute princesse derrière, c’est bon lui je le plaquais contre un mur. Mais alors la suite, le il y a un sorcier dans le coin, bien sûr qu’en disant cela, il espérait que je panique ah au secours un sorcier… mais gars, j’en étais un de sorcier et puis même si j’en étais pas un, à la rigueur imaginons, je sortais d’une soirée, il était tard, j’avais envie de dormir, je m’en moquais complètement de son sorcier, il allait pas me bouffer.
Il semblerait que ma non réaction ne lui plaise pas. En même temps, j’allais pas lui dire que j’étais morte de trouille alors que personnellement je le vivais très bien qu’il y ait un sorcier. Il me poussa de nouveau, ce qui eut tôt fait de m’agacer mais je n’eus pas le temps de râler qu’il s’était barré. Alors je sais bien que se mêler des affaires des autres, il y a des gens qui n’aiment pas mais bon, si sorcier il y avait, il était dans de beaux draps et si j’étais en mesure de l’aider, je trouverais ça un peu mesquin de ne rien faire. J’inspirais donc profondément pour repérer les odeurs mais surtout, là ce qui allait me servir c’était les battements de cœur. Bon il semblerait que mon lit doive attendre un petit moment parce qu’effectivement il y avait plusieurs battements, je pouvais compter aisément 4 rythmes différents, en plus du mien mais moi je savais très bien que j’étais là. Le problème c’est comment repérer la cible des agresseurs. Je fis un pas en avant, puis un autre avant qu’une odeur familière fasse réagir mon esprit. Impossible de déterminer si oui ou non c’était un sorcier mais en revanche, cette odeur je l’avais déjà senti proche de Kayla et donc quoi qu’il arrive si c’était un proche de Kayla, cette personne méritait que je m’attire des ennuis pour elle.
C’est à cet instant précis que je démarrai, je sentais bien que mes muscles n’étaient pas ravis, pas d’échauffements, la fatigue, rien allait et je me doutais que ce n’était pas ultra prudent mais je savais où j’allais et pourquoi je le faisais donc je courrais, essayant d’être discrète… ce qui n’était pas ultra simple. Je finissais pas trouver la personne dont le fumet m’était familier et le plaquais, un peu brutalement, c’est vrai, désolé, contre un mur. Hé franchement désolé pour lui mais pour le moment son nom m’échappait complètement, un peu comme la douceur et la prévenance tandis que je m’adressai à lui rapidement « Tu es en danger, il y a des gens qui te chassent parce que tu es sorcier. » Mais quelle entrée en matière, franchement on pouvait dire ce qu’on voulait, je trouve personnellement que j’étais formidable, je faisais mon petit effet là non ?
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Eirian Howl
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Sam 20 Fév - 17:53
Fuyez, pauvres fous
« petite citation »
C’est une sorte de vérité universelle qu’une journée qui commence mal ne va pas en s’améliorant. Les cauchemars et les insomnies ont réduit ta nuit en poussière. Le travail à la librairie a été épuisant : beaucoup de clients, beaucoup qui ne savaient pas vraiment ce qu’ils voulaient et à qui rien de ce que tu proposais ne convenait. La fin de la journée a été un soulagement ; pour une fois, tu n’as pas traîné en quittant les lieux. Juste le temps de récupérer ton sac, puis tu as quasiment fui dans les rues de Londres, la tête bourdonnante, les nerfs à vif, sans trop savoir si tu allais te mettre à pleurer ou à hurler sur le premier qui te regarderait de travers. Il t’a fallu un moment pour te calmer, redescendre un peu en pression. Te vider la tête. Enfin, façon de parler. Au moins chasser les clients les plus désagréables de ton esprit. Et maintenant que tu es seul, tu vas pouvoir arrêter de jouer la comédie, de faire semblant. C’est bien l’avantage de l’été (et sans doute le seul) par rapport à Poudlard : plus de condisciples autour de toi en permanence devant qui tu t’obliges à faire bonne figure, plus de façade à maintenir. Le calme et le silence une fois que tu es posé. La solitude aussi. Mais tu as l’habitude. Tu prends ton temps pour rejoindre l’immeuble abandonné où tu as élu domicile ces derniers jours – il va d’ailleurs bientôt falloir que tu quittes les lieux, ça commence à devenir une routine et tu ne peux pas te permettre d’en avoir. Ne jamais baisser la garde, ne jamais passer trop souvent au même endroit pour ne pas attirer l’attention. Tu fonctionnes sur les règles et les réflexes appris depuis des années, ancrés au fond de toi. Heureusement qu’ils sont là, au moins, tu n’as pas besoin de beaucoup réfléchir pour savoir comment agir. Juste des automatismes à dérouler, qui te permettent de fonctionner à peu près correctement.
Manque de chance, ou signe qu’il était vraiment temps que tu dégages, lorsque tu arrives devant l’immeuble, des silhouettes se dessinent derrière les fenêtres en partie masquées par du carton. Une bande a investi les lieux. Tu pourrais sans doute transplaner dans les étages, il y a assez de place pour tout le monde, mais tu préfères ne pas prendre le risque. Sans changer de pas, tu continues ta route comme si de rien n’était. Ce qu’il te faudrait, c’est une maison ou un appartement à louer ou à vendre, au moins tu serais sûr de ne pas être délogé dans la soirée et tu aurais un minimum d’équipement. Mais tu n’as pas encore eu… non, tu n’as pas pris le temps de chercher. Parce que la fatigue ne te lâche pas. Parce qu’une part de toi s’en moque, s’arrête devant l’obstacle dans un refus net de le franchir. Parce que ce que tu trouves te convient et tu n’as pas l’énergie, la force, la volonté, le courage, peu importe, de chercher plus loin. Tu n’arrives plus vraiment à t’en soucier.
Et tandis que tu traînes sans but dans les rues en cherchant vaguement un coin qui irait, tu es assez lucide pour te rendre compte que ce n’est pas normal. Mais tu n’arrives pas à mettre le doigt sur l’origine du problème. Tu n’es jamais redevenu comme avant, mais ça allait quand même mieux, tu tenais le choc. Ça ne date pas d’octobre, bien que tu aies cru que tout allait finir ce jour-là. Février, Towsen et son Véritaserum maudit ? Le viol de tes pensées et de tes souvenirs a ravivé tes cauchemars, mais… Ce n’était pas à ce point. Et depuis, il ne s’est pas passé grand-chose qui ait pu avoir un impact tel que tous tes problèmes sont revenus et, surtout, se sont amplifiés. Cauchemars, insomnies, ça fait des semaines que tu n’as plus fait une nuit complète, tu as recommencé à perdre du poids, et tu essaies de ne pas trop penser aux cicatrices trop blanches sur tes bras, au sang qui coule trop souvent, seul moyen de soulager tes angoisses. Ces moments où tu as l’impression d’étouffer, de suffoquer, où tu ne supportes aucune pression au niveau des poignets – tu as été obligé d’agrandir le bracelet de Carl, de calculer la meilleure taille pour qu’il n’appuie pas sans risquer de le perdre. Alors ? Tu n’as pas la réponse. Mais il va bien falloir que tu la trouves si tu veux rebondir. Heureusement qu’il y a tes amis, tant sorciers que moldus, l’Ordre, pour te maintenir à flots. Pour l’heure, tu chasses ces pensées. Plus tard. La nuit est un peu sombre, sans lune, mais la température reste douce, tu n’as qu’une veste de toile par-dessus ton tee-shirt, et ça reste agréable. Le brouhaha de Londres commence à s’apaiser, les voitures se font plus rares, les passants aussi. Tu respires un peu mieux, même si tu restes attentif à tous les bruits environnants, aux claquements de pas qui surgissent parfois dans ton dos avant de s’estomper. Seul, tu as l’air d’une proie facile, surtout que tu fais toujours moins que ton âge.
Assez traîné. Tu bifurques vers un quartier où tu sais pouvoir trouver de quoi t’abriter. Un instant, tu as envisagé de passer au Chaudron baveur voir s’il leur reste une chambre, tu as de quoi y passer quelques nuits, mais tu y as renoncé : tu préfères les réserver aux vraies urgences. Tu ne transplanes pas – malgré toi, tu retardes le moment où il faudra bien fermer les yeux, où la marée huileuse, poisseuse, des cauchemars t’engloutira, et tu espères un peu que la fatigue physique t’aidera à mieux dormir. Tu n’es plus très loin lorsqu’un frisson court dans ton dos. Sans changer d’allure, tu scannes rapidement les environs. Personne. Pourtant, tu connais trop bien la sensation d’alerte, de danger, l’espèce de sixième sens acquis au fil des ans, renforcé par les mois dehors. Sorciers, moldus, tu n’en sais rien pour l’instant, mais tu ne comptes pas t’attarder pour vérifier. Plus qu’à trouver une petite rue discrète pour transplaner hors de portée, peut-être la prochaine… Un brusque bruit de course retentit dans ton dos. Une personne seule. Un coup d’œil par-dessus ton épaule. La silhouette te dit quelque chose, mais tu ne la reconnais pas. Ton regard se porte déjà au-delà d’elle, à la recherche de ceux qui la poursuivent, et tu te tiens prêt, ta baguette à portée de main si nécessaire et la lame dans le fourreau à ton bras prête à te tomber dans la paume. Elle te plaque violemment contre le mur. Malgré le sortilège d’extension et les protections, ton sac à dos rend un drôle de bruit sourd en heurtant la paroi et un angle de ta malle te rentre dans le dos. Par réflexe, dans un sursaut de panique, tu te débats et repousses la fille de toutes tes forces.
— Lâche-moi !
Sur le point de doubler ton geste d’un coup, tu la reconnais soudain, maintenant qu’elle est si proche. L’amie de Kayla. Tu les as déjà aperçues ensemble. Maxime ? Le prénom manque de t’échapper, tu le retiens de justesse. Pas de nom, jamais, si l’endroit n’est pas sûr. Le cœur battant comme un fou, tu essaies de te reprendre. Ses mots te parviennent, devançant ta question. Des gens qui te chassent ? Le Blood Circle ? Tu as accumulé les missions au cours des derniers mois, ce n’est pas impossible que certains puissent te reconnaître. Ou, pire, ce sont ceux qui bossent pour ton père et qui savent exactement qui tu es. Tu balaies rapidement la rue. Vous êtes encore seuls, mais sans doute plus pour longtemps.
— Le Cercle ? Ils sont loin ?
Tu commences déjà à bouger, dans la direction opposée par laquelle Maxime est arrivée. Avec un peu de chance, il n’est pas trop tard pour les semer. La question te frappe : comment est-ce qu’elle a su où tu étais précisément, si même le Blood Circle ne t’a pas encore aperçu ? Plus tard. L’urgent, c’est de leur échapper. Et, surtout, qu’on ne l’aperçoive pas avec toi.
— Merci. Ne reste pas là, je vais me débrouiller.
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Dim 21 Fév - 12:35
C'est une ville dure où tout le monde est fou
ft. Eirian
Lâche-moi, lâche moi. Hé ho, il allait se détendre lui, d’abord je lâche si je veux, il va falloir arrêter de me donner des ordres comme ça, c’est très agaçant. En plus, c’est ce qu’il me regardait comme s’il allait me frapper, qu’il essaie juste de me donner un coup et il se prend une de ces mandales. Bon, nous n’étions pas là pour nous battre, ça ne ferait qu’avantager les gens qui voulaient s’en prendre à lui et ça ne m’arrangeait pas spécialement de venir aider quelqu’un pour au final me le prendre dans les dents. Je me chargeais donc de lui expliquer que non je ne sautais pas sur les gens pour le plaisir de les faire flipper – même si c’est un programme qui me plairait sûrement – mais qu’il y avait un petit hic à son programme tardif. Heureusement pour mon ego, il ne remit pas en question ce que je venais de lui dire, se contentant de me poser deux questions. A la première je ne pouvais répondre ni par l’affirmative, ni par la négative puisque malheureusement ça ne se voyait pas sur la tête des gens ça s’ils étaient du cercle ou non « Aucune idée, possible mais ça peut aussi être quelqu’un qui n’aime pas les sorciers tout simplement. » Oh il devait y en avoir un paquet vu que depuis un an et demi c’était bataille sur bataille, il devait bien y avoir des victimes collatérales et ça ne faisait que renforcer la haine des uns des autres, je ne jugeais pas, je pouvais même le comprendre. Pas pour autant que j’allais laisser des meurtres se faire avec moi en témoin ou si je n’avais pas assisté à la mise à mort en informée. Pour la seconde question, je secouais négativement la tête. Il se doutait quand même que s’ils étaient à l’opposé de la ville, je ne me serais pas enquiquiné à taper ma meilleure pointe et que je ne l’aurais pas plaqué contre un mur. « Je dirais qu’ils sont à deux minutes de toi s’ils sont organisés. »
Je le regardai qui commençait à avancer et m’apprêtai à lui emboiter le pas lorsqu’il me stoppa avec sa phrase. Alors non pas le merci… ça je pense que ça ne stopperait personne, c’était gentil mais alors la suite, ne reste pas là. Je n’en avais pas spécialement l’intention, j’aurais l’air un peu bête à rester ici contre un mur alors que tout le monde s’excitait dans la ville. Mais alors le pire c’était le je vais me débrouiller. C’est ça, à d’autres. « Je pense plutôt que je vais venir avec toi. » Avant qu’il ne me trouve tout un tas d’argument pour démontrer à quel point c’était une mauvaise idée, je précisais « Ce n’est pas comme si j’avais un autre programme et je n’ai pas spécialement envie de rester passive quand quelqu’un se fait pourchasser à côté de moi. » Je le rejoignis donc en quelques pas avec un grand sourire « N’insiste pas, je ne suis pas en train de négocier avec toi, je m’impose, je viens et tu n’as pas le choix. » Et puis d’ailleurs, il était marrant, oui c’était lui que les gens pourchassaient, il n’empêche que j’étais, jusqu’à preuve du contraire une sorcière, ça aurait très bien pu être moi qu’ils chassaient et je n’aurais pas spécialement apprécié que la personne me prévienne et se lave les mains de ce qui pouvait m’arriver.
Cependant, pour une fois, je faisais le choix de ne pas complètement imposer ma présence au jeune homme dont je n’arrivais pas à me souvenir du nom. Ça craint non ? Pourtant flûte, je l’avais déjà vu plein de fois mais ça n’était pas rentré. Il ne pouvait m’obliger à partir, j’écoutais les bruits alentour avec une attention redoublée, peut être parce que je pressentais que nous étions en danger. Oh là, il y avait quelque chose qui ne me rassurait pas mais alors pas du tout dans le choix de la direction prise par monsieur dont j’ignore le prénom. Est-ce qu’il allait m’écouter, rien était moins sûr mais je marmonnais, un peu stressée « Tu ne veux pas tourner à droite s’il te plait ? » Certainement qu’il m’aurait écouté, sans forcément savoir pourquoi je lui demandais cela, je serais passée pour une fille bizarre – ce qui ne me dérangeait pas le moins du monde – mais nous aurions été en sûreté et c’est la seule chose qui me préoccupait à l’heure actuelle -. Sauf que voilà, nous n’étions pas les seuls à bouger, ce serait beaucoup trop beau. Forcément qu’ils étaient ultra attentifs aux bruits alentours, que nous avions parlé. Pas besoin de hurler, le simple fait d’avoir parlé semblait nous avoir trahi puisque mon cœur accéléra nettement, sachant d’ores et déjà que ce que mon ouï m’indiquait allait nous poser problème.
Difficile de dire ce qui eut lieu en premier, la personne arrivant dans notre champ de vision, l’arme pointée non pas sur nous parce qu’il fallait viser tout de même ou moi anticipant le moindre coup de feu et ayant poussé brutalement le sorcier dans la fameuse ruelle à droite. Dans tous les cas, puisqu’en moins d’une minute une salve de tir bousilla mes oreilles, je peux dire sans trop m’avancer que seul le fait que je sache d’où venait l’ennemi venait de nous sauver la peau. Enfin sauver la peau… pas forcément, disons plutôt retarder notre mort parce qu’il était évident que nous n’étions pas sortis d’affaires et qu’il allait falloir la jouer fine. Surtout que je ne savais pas du tout où j’allais, je n’arrivais pas forcément à me repérer, non pas que je ne connaissais pas cette partie de la ville – bon je ne la connaissais pas par cœur non plus j’admets. Mais le véritable problème c’est que la réflexion ne pouvait venir puisque j’étais stressée, que je n’avais pas forcément le temps de réfléchir à où il fallait aller. La seule chose que je pouvais faire sans problème, c’est savoir quelles étaient les rues à éviter pour faire le moins de rencontre possible et puis je n’avais aucune certitude que machin voulait bien me suivre ou faire équipe avec moi. Ce qui était problématique puisque moi de toute façon, je ne le lâcherais pas, il fallait donc qu’il fasse un peu d’effort sinon c’était double job pour moi. Je ralentissais un peu, ce qui n’était pas forcément l’idée du siècle nous sommes d’accord mais nous ne pouvions pas courir pendant trois heures, nous allions nous épuiser à la tâche, autant garder ses forces quand il y aurait du danger et qu’il faudrait s’en éloigner en courant.
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Dim 21 Fév - 20:41
Fuyez, pauvres fous
« juillet 2020 »
C’est très bien de vouloir prévenir les autres du danger qu’ils courent, mais si on pouvait le faire en évitant de les agresser, ce ne serait pas plus mal. Tes réflexes – ta phobie du contact – manquent de prendre le dessus, tu reconnais Maxime juste à temps pour ne pas lui mettre un coup qui lui aurait probablement coupé le souffle. Mais quelle idée de sauter ainsi sur les gens ? Tu t’écartes du mur dès que tu récupères un peu de marge de manœuvre, prends la mesure de la situation. Tu n’as aucune idée de ce qu’elle fait là à cette heure, ni de comment elle a pu savoir où tu te trouvais et te rejoindre. Mais ce n’est pas l’urgent. Si étrange que soit son avertissement, tu ne le mets pas en doute. C’est une sorcière, une amie de Kayla qui plus est, elle n’aurait pas d’intérêt à te jeter dans les mains des moldus – autant tu connais des cracmols qui aident le Blood Circle, autant des sorciers… tu n’en as pas entendu parler et ce serait quand même assez suicidaire. Tu t’efforces de te remettre du choc. Elle ne peut pas être certaine qu’il s’agisse du cercle. C’est vrai que la dégradation de la situation depuis plus d’un an a pu pousser d’autres moldus à vouloir s’en prendre aux sorciers, mais de là à organiser des traques et à agir comme des milices… Tu ne sais pas vraiment ce qui est le pire entre des gens organisés et entraînés comme ceux du Blood Circle, ou des gens qui essaient de se faire justice eux-mêmes. Dans les deux cas, ça sent mauvais. Peu importe pour l’instant, l’idéal serait de ne pas en venir au contact. Elle secoue la tête devant ta deuxième question, tu es allé au plus rapide pour la poser, mais dans l’absolu tu te doutes qu’ils ne sont pas dans le quartier d’à côté. Deux minutes… ça vous laisse un peu de marge pour espérer disparaître au plus vite. Enfin, surtout toi. Si tu es repéré, ce n’est sans doute pas son cas, elle peut s’en sortir facilement. Inutile qu’elle se fasse remarquer du Blood Circle.
— D’accord. Ça nous laisse un peu de marge.
Les sangles de ton sac resserrées pour qu’il te gêne le moins possible, tu commences à bouger, en essayant de visualiser le plan du coin. Pas celui que tu connais le mieux malheureusement, mais il va falloir faire avec. Tu as certes ton téléphone dans ta poche, mais activer la carte prendrait trop de temps. Tout en réfléchissant, tu remercies Maxime et lui proposes de partir. Elle te répond aussitôt qu’elle va venir avec toi. Tu ouvres la bouche pour protester, les arguments se bousculant sur tes lèvres – ça ne sert à rien qu’elle se mette en danger, tu peux te débrouiller seul, tu es capable de les semer, il vaut mieux éviter qu’ils la cataloguent comme sorcière elle aussi et, dans le pire des cas, il vaut mieux qu’ils mettent la main sur un sorcier plutôt que sur deux. Mais elle se montre plus rapide. Okay, tu peux comprendre qu’elle ne veuille pas rester passive. Si tu prends une milliseconde pour être honnête, il faut bien dire que tu aurais réagi comme elle dans la même situation. Autant tu es un solitaire, autant tu n’es pas du genre à laisser quelqu’un dans les ennuis si tu peux intervenir. Tu lui jettes un rapide coup d’œil, espérant qu’elle ne te ralentira pas et qu’elle saura gérer. Ajouter une inconnue complète dans l’équation ne te plaît pas franchement, voire pas du tout, mais il serait encore plus stupide que vous perdiez de précieuses secondes à vous disputer. Un soupir t’échappe.
— Très bien. Viens, alors.
Vous repartez tous les deux à pas rapides, la démarche souple, attentifs aux bruits. Pour le coup, tu regrettes de t’être éloigné des quartiers plus animés ; les rues sont pratiquement désertes. Pas de témoin qui pourrait réfréner un peu l’humeur agressive de vos poursuivants. S’ils ne sont pas nombreux, tu arriveras peut-être à bifurquer vers des coins plus peuplés. C’est l’été, la température est agréable, entre les touristes et les Londoniens qui traînent dans les rues, il devrait y avoir de quoi faire. Et une fois au milieu des autres, vous pourrez les semer facilement.
Maxime reprend la parole, te demande de tourner à droite. Hmm, ce n’est pas forcément la direction que tu aurais prise d’emblée. À quel point est-ce que tu peux lui faire confiance ? Tu ne sais pas grand-chose d’elle. Mais la sensation de danger qui ne te quitte pas se renforce de seconde en seconde, vous n’avez plus beaucoup de temps. Un mouvement à la périphérie de ton champ de vision, puis elle te pousse brutalement sur la droite. Ta protestation se perd dans le bruit familier des détonations qui claquent. Repérés. Et sains et saufs de justesse. Les balles se perdent autour de vous, l’une d’elles emporte un éclat de mur pas très loin. Munitions réelles, pour le coup, pas des seringues. Tu serres les dents, ça va être tendu. Tu t’élances pour mettre le plus de distance possible entre l’homme et vous, t’assures d’un coup d’œil que Maxime suit le mouvement. Tu essaies de rester un peu courbé pour ne pas offrir une cible trop importante. Mais les détonations ne se reproduisent pas. Pour le moment, vous avez dû le semer – ou ils sont en train de se réorganiser maintenant qu’ils ont vu exactement où vous étiez. Et ça ne te plaît pas du tout. Combien est-ce qu’ils sont en tout ? Maxime ralentit et tu l’imites. Inutile de vous épuiser maintenant. À voix basse, tu lui glisses :
— Il faut qu’on remonte vers des quartiers plus fréquentés. Ils n’oseront pas tirer s’il y a du monde et on pourra plus facilement leur échapper. Ici, on est trop exposés.
Si encore il y avait un hall d’immeuble suffisamment discret pour vous abriter… mais les parages ne sont pas très engageants. Tu te repères rapidement, entraînes Maxime derrière toi en profitant au mieux de l’abri relatif des immeubles et des voitures garées, attentif à celles qui roulent – il ne manquerait plus qu’ils vous traquent ainsi. Tu bifurques à gauche dès que possible, mais très vite une silhouette menaçante se dresse plus loin. Tournée vers vous et l’arme au bout de son bras souligne clairement ses intentions. Demi-tour aussi sec. Tant pis, tu recommences un peu plus loin à l’intersection suivante en espérant aller plus vite qu’eux, mais de nouveau on vous bloque le passage. Ils ont l’air nombreux et bien organisés. Ils ont dû saisir ton intention et vous empêchent de la mettre à exécution. Inutile d’insister. Pour l’instant, ils ne s’approchent pas encore vraiment, se contentent de vous bloquer lorsque vous essayez une nouvelle rue. Comme un piège qui se refermerait inéluctablement. Tu ne comptes pas te laisser avoir aussi facilement. Hors de question de les laisser vous acculer là où ils veulent.
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J'espère que ça t'ira :wow:
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Sam 6 Mar - 18:26
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Pourquoi était-il pourchassé au juste ? J’avais beau regarder le sorcier, il n’avait pas de chapeau pointu, pas d’habits particulièrement tape à l’oeil, rien qui ne justifie en tout cas que la personne face à moi ait été sûr qu’il s’agissait d’un sorcier. Quelque chose m’échappait et cela me fut d’ailleurs confirmé par l’ami de Kayla qui n’avait pas l’air plus surprit que cela, limite je lui annonçais quelque chose de banal et le fait que moi je sois apparu, un peu brutalement c’est vrai, semblait être la seule chose qui l’ait surpris. Il posait des questions bien trop précises pour moi, je ne pouvais répondre à tous. Néanmoins pour les informations que je lui donnais, sa réponse fut logique, effectivement cela nous laissait du temps. Encore fallait-il que ce temps soit utilisé à bon escient et que mon acolyte – heureusement que je ne le laissais pas tomber d’ailleurs - fraichement trouvé prenne la bonne direction. Pourquoi hésitait-il, avait-il seulement une raison de se méfier de la direction que je lui demandais de suivre ? Ce n’est pas comme si j’avais envie de mourir ? A moins que j’aie l’air d’une fille suicidaire – oui – mais si ça avait été le cas, n’aurais-je pas dit aux moldus anti sorciers que j’en étais un, tout en faisant un acte de magie. Quant à l’option vouloir la mort de flute faudrait vraiment qu’il se présente, je serais bien stupide de venir le prévenir si je voulais le voir mort.
De toute façon puisqu’il ne daignait pas m’écouter, ni me faire confiance, qu’il étudiait ma proposition pendant trois heures et que j’entendais des battements de cœur se rapprocher, la solution était encore de le pousser avant qu’il ne se prenne une balle. Plusieurs détonations retentirent démontrant que la personne était déterminée à nous faire passer de vie à trépas. Pour autant, il ne tirait pas extrêmement bien, à aucun moment nous ne fumes touchés mais ça donna un léger coup de pression à mon partenaire qui accepta de détaler et de me suivre. Je n’avais aucune intention de me laisser tirer dessus, je m’éloignais donc au maximum de notre tireur d’exception jusqu’à être certaine d’être hors de portée et là je m’arrêtais de courir. Nul besoin de courir pendant des heures, nous ne tiendrons pas assez longtemps et c’est certainement ce qu’attendait notre poursuivant, que nous soyons épuisés de courir et qu’il nous cueille sans effort. J’écoutais ce qu’il avait à dire et fronçais les sourcils quelques instants avant de lui répondre un peu mitigée à l’idée de mettre des gens en danger « Et si tu fais erreur et qu’ils osent tirer sur des gens? Ils n’ont aucune preuve que nous sommes des sorciers. » ou tout du moins que moi j’en étais une mais ça ne les empêchait visiblement pas de me tirer dessus, donc je n’étais pas franchement rassurée à l’idée d’utiliser d’autres gens comme bouclier. Après, il avait l’air de connaitre ces gens, de savoir ce qu’il faisait et donc je me disais que le suivre n’était pas forcément une mauvaise chose.
Je le laissais donc diriger notre petite escapade, surtout qu’il avait l’air de connaître les lieux comme sa poche, ça se voyait à la façon dont il avançait sans jamais hésiter à aucun croisement. Je me faisais discrète derrière lui, essayant de repérer des gens dans le noir de la nuit mais les seuls bruits que j’arrive à percevoir sont ceux des véhicules qui roulent, c’est bien embêtant et puis zut que faisaient les gens debout à une heure pareille, sans oublier que nous allions éviter de nous montrer, ce serait dommage tout de même que ce soit des membres du Blood Circle et qu’ils nous dégomment parce qu’ils nous cherchaient eux aussi. Alors que je pensais avoir repéré un bruit, je m’immobilisais, tournant la tête vers là d’où ça venait mais aucun brui ne vint s’additionner au premier, mon imagination et ma paranoïa certainement. Zut, mon acolyte en avait profité pour avancer, je le rejoignais en quelques enjambées pour constater que quelqu’un avait eu la même idée que moi à savoir rejoindre le sorcier mes nos intentions étaient loin d’être les mêmes puisque l’homme face à nous avait sorti une arme à feu. Demi-tour toutes pour éviter de se prendre une balle.
Eirian, c’est ça c’était ça son nom! Ça me revenait, oui au bout de dix minutes et alors que je le suivais mais mieux vaut tard que jamais. Bref j’étais tellement contente d’avoir trouvé que j’en oubliais que je devais lui parler, ce qui fait qu’il nous mena de nouveau au devant des ennuis, après je ne peux pas vraiment lui reprocher vu que j’étais aussi du genre à me mettre parfois – souvent – dans les ennuis sans le vouloir. Lorsqu’il nous fit reculer une seconde fois, je m’arrête pour humer les odeurs, oui il était temps. Je comptais combien ils étaient afin de voir s’il y avait moyen de piquer un sprint en espérant les distancer mais j’étais dans le regret de dire que non, j’avisais un bâtiment dans une ruelle qu’on venait de passer « Eirian, par-là. » Je l’entraînais à ma suite, sortis ma baguette parce qu’au bout d’un moment de toute façon, nous étions pourchassés, nous n’aurions pas le droit à un jugement si l’on se faisait attraper, autant utiliser de sortilèges pour nous faciliter la vie. La serrure de l’immeuble fut crocheté en un tour de main. Je l’entraînais dans les escaliers en marmonnant « Ils sont onze, si tu te posais la question. » En revanche, je n’étais pas certaine de la méthode qu’ils utilisaient mais moi je savais qu’on allait s’enfuir par les toits ou tout du moins essayer. Ils ne devaient pas s’attendre à ce que l’on puisse savoir où ils étaient et j’avais bien l’intention de profiter de ce minuscule avantage pour prendre la poudre d’escampette. Est-ce que je m’attendais, au moment où j’ouvris la porte de service du toit à tomber nez à nez avec un de ces types ? Pas du tout. D’ailleurs, je le regardais les yeux ronds, incapable de comprendre ce qu’il faisait là… il m’embêtait lui dis donc. Son arme pointé sur moi, je ne la voyais même pas, je n’avais pas pu me fier à mon flair et je cherchais à comprendre pourquoi.
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Eirian Howl
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Mar 9 Mar - 21:50
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« juillet 2020 »
Il y a de la curiosité chez Maxime tandis qu’elle te regarde, comme si elle se demandait pour quelle raison tu te retrouves avec ces hommes aux trousses. Tu n’as pas l’intention de lui dire que c’est plus ou moins une habitude. Dans le fond, ce n’est qu’une fuite de plus, une supplémentaire parmi celles qui ont déjà jalonné ton enfance et ton adolescence, une course de plus au rythme des détonations. Impossible de dire s’ils traquent « Nathan » ou s’ils t’ont simplement reconnu suite aux nombreuses missions accomplies pour l’Ordre du Phénix. Le premier cas ne serait pas le pire en un sens, tant qu’ils ne te mettent pas la main dessus ; de ce que tu en sais, ton père te veut toujours vivant – il ne laisserait pas à d’autres le soin de te régler ton compte, non, c’est le genre de choses qu’il préfère gérer lui-même. Surtout qu’il a treize ans d’humiliation à te faire payer, alors tu te doutes que ce sera long et douloureux. Pourvu qu’il ne soit pas parmi le groupe qui vous traque ! Dans le second cas… ils ne retiendront pas leurs balles, n’essaieront pas de faire de prisonniers. Sauf si Maxime a de l’importance pour eux, mais tu n’en es pas sûr, tu ne l’as pas croisée au quartier général de l’Ordre du Phénix. Et que vos ennemis l’aient repérée ou non, tu la mets en danger en la laissant venir avec toi, mais elle n’a pas l’air prête à en démordre, et vous n’avez pas de temps à perdre.
Les premières balles ne tardent pas à claquer, vous poussent à déguerpir. Vous ne forcez pas cependant, inutile de vous épuiser maintenant, sans savoir ce qui vous attend ni combien ils sont. Ton idée de remonter vers les rues plus peuplées ne rencontre pas un franc enthousiasme ; Maxime objecte.
— Ils ne peuvent pas tirer sur des gens au hasard ! Ils doivent savoir que j’en suis un, ils ont pu me reconnaître. Et ils prendront toute personne vue avec moi comme sorcière au pire ou moldu traître au mieux.
Et vu les décrets passés pour arrêter les moldus qui viendraient en aide aux sorciers, tu n’es pas sûr que ça fasse grande différence aux yeux du Blood Circle. Par contre, ils ont beau être puissants, vous restez une démocratie, peut-être plus pour très longtemps, mais un bain de sang dans les rues de Londres provoquerait un scandale à coup sûr, l’opinion n’apprécierait pas qu’on traque des sorciers comme des lapins ni qu’on abatte des victimes collatérales dans ce but. Du moins, tu espères qu’ils ne seront pas assez stupides pour prendre ce risque.
Tu mets à profit ta connaissance du quartier, Maxime à ta suite, mais ils n’arrêtent pas de vous bloquer. Tu restes attentif à tout, aux quelques mouvements de passants qui ne s’attardent pas, aux voitures qui roulent encore – à vitesse normale, pas la vitesse ralentie d’un conducteur qui chercherait quelqu’un mais ça ne t’empêche pas de rester tout aussi méfiant. Maxime s’immobilise, tu t’en aperçois quelques pas plus tard, mais elle ne tarde pas à te rejoindre.
Impossible de mettre ton plan à exécution. Lorsque vous rebroussez chemin une nouvelle fois, Maxime s’arrête pour… scanner les environs ? Tu n’es pas bien sûr de ce qu’elle fait. Elle pointe une direction en t’appelant par ton prénom – elle t’a reconnu, donc tu n’as pas dû te tromper en l’identifiant. Tu grimaces intérieurement. Pas de prénom, jamais, quand on est sur vos traces – ils sont peut-être trop loin pour vous entendre, mais vous ne pouvez pas en être certains. Et tant que tu peux éviter que le cercle fasse le lien Nathan/Eirian, ça t’arrange.
Tu la suis dans une ruelle, attrapes ta propre baguette quand elle sort la sienne. Vous n’en êtes plus à essayer de cacher votre nature. La porte d’un immeuble s’ouvre devant vous, tu la suis dans les escaliers en restant attentif à ce qui se passe derrière ton dos, mais ça a l’air plutôt silencieux. Tu tressailles en entendant sa remarque.
— Onze ?! Comment tu le sais ?
Ce n’est peut-être pas le meilleur moment pour poser la question, mais vous avez encore quelques étages devant vous, autant en profiter pour meubler. Onze… ils sont vraiment déterminés à tuer du sorcier. La magie peut beaucoup, mais face à des balles… Tu jures à voix basse. Finalement, ce n’est pas plus mal que vous soyez deux, elle aussi a l’air de savoir ce qu’elle fait. Le dernier étage, enfin. Le souffle un peu court, tu t'arrêtes tandis que Maxime ouvre la porte de service. Se fige devant le type qui se tient devant vous, l’air presque aussi surpris, mais il se reprend aussitôt, son arme pointée sur vous sans trembler. En un éclair, ton stupéfix informulé jaillit, passe entre Maxime et le mur pour l’atteindre de plein fouet. L’homme s’effondre.
Tu te faufiles jusqu’à lui pour le délester de son arme. Tes doigts se referment sur la crosse en souplesse. Le métal froid est à la fois étranger et familier. Il y a si longtemps que tu n’en as pas tenu en main… Ta mère ne t’a pas appris à tirer, mais ça peut au moins aider à les faire reculer. Tu jettes un coup d’œil à Maxime.
— Tu sais tirer ?
En attendant sa réponse, tu reviens à l’homme inconscient. Il porte une oreillette et un micro, tu attrapes la première en essayant de le toucher le moins possible. Même ainsi, ça te met mal à l’aise d’être si près de lui. Tu inspires profondément, te concentres sur l’appareil. Tu perçois les quelques mots qui s’en élèvent. « Tim ? Qu’est-ce qui se passe ? On arrive, réponds ! » Quelques secondes de silence. Puis un petit claquement, comme si la communication avait été coupée. Ils ont dû fermer son canal. Un bruit de pas dans ton dos, une course légère dans l’escalier. Maxime a dû les entendre avant toi, tu ne perds pas de temps à lui dire qu’ils arrivent, désignes seulement l’homme.
— Ils savent qu’on l’a eu.
Le toit est votre seul refuge, maintenant. Tu verrouilles magiquement la porte, ça les retardera toujours un peu, puis tu t’écartes en prenant la mesure des lieux. Large, carré, assez vaste, avec des tubes de cheminée et des restes de travaux, quelques gravats, des planches qui traînent. Sur deux côtés, l’espace avec les immeubles voisins est bien trop large pour que vous puissiez sauter, même avec l’aide de la magie. Tu as certes progressé en parkour avec les Aurors, mais quand même… En revanche, les deux autres sont bien plus accessibles. Ce que vos poursuivants ont bien compris, car quatre d’entre eux débouchent sur l’un des toits au moment où ceux dans l’escalier tambourinent contre la porte. Une détonation claque, tu entraînes Maxime à l’abri d’une des cheminées.
— Tu prends quel côté ? Il faut s’ouvrir un chemin avant qu’ils nous coincent ici.
Ce n’est pas forcément la peine de les mettre tous hors de combat, juste les retarder assez pour vous donner la marge nécessaire pour gagner le toit voisin.
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Mar 30 Mar - 12:09
C'est une ville dure où tout le monde est fou
ft. Eirian
Il faut dire ce qui est, c’était une activité bien étrange que de devoir semer des barges en pleine nuit en compagnie d’un presque inconnu. Je dirais même qu’il n’y avait que moi pour décréter de moi-même qu’il fallait que j’aide quelqu’un sans me soucier des risques pour ma propre vie. Je n’en revenais pas d’ailleurs du calme avec lequel le sorcier prenait ses informations, il y avait quelque chose de bizarre mais bon, après tout, les raisons, je m’en moquais, seul comptait le résultat à savoir notre survie. Surtout que ce n’était pas vraiment le moment pour se lancer dans des réflexions de folie étant donné que nous nous faisions canarder par les poursuiveurs du garçon. Ouh qu’ils n’étaient pas patients ceux-là. Eirian voulait revenir vers les habitations moldues, j’avoue que ça ne m’emballait pas tellement craignant que nos poursuivants s’en prennent à des personnes innocentes, alors bien sûr, nous l’étions aussi mais d’après moi nous le serions beaucoup moins si nous nous cachions derrière d’honnêtes gens qui n’avaient rien demandés à personne et qui deviendraient des cibles sans aucune raison autre que de nous avoir croisés. Mes réticences, il les contra rapidement en disant qu’ils ne s’en prendraient pas à des gens au hasard, j’espérais qu’il ait raison mais de mon point de vue, j’avais plus l’impression qu’ils n’en avaient rien à faire mais il avait l’air de savoir de quoi il parlait donc j’acceptais de l’écouter – oui ça arrive –. J’étais donc une sorcière ou une moldue traître pour ces gens, boarf ils pouvaient rajouter et une sale bête poilue comme ça au moins ils auraient de vrais raisons de vouloir me tuer et ne se serviraient pas de l’excuse de je connais un sorcier donc direct je suis une personne ignoble. Comme si ça marchait ainsi.
Je le suivais à travers le dédale de rues mais si lui semblait savoir ce qu’il faisait, il n’était pas le seul, étant clairement un livre ouvert pour ces saletés de Blood Circle et me fier à lui pour qu’il me guide c’était une bonne chose à la base, mais il allait falloir que je m’emmêle avant qu’il nous fasse tomber dans un piège parce que les autres étaient trop nombreux. Autant se servir de mon odorat pour nous garantir la sécurité. Au moins, Eirian était quelqu’un de facile à convaincre, de la même façon que je le suivais depuis tout à l’heure lorsque je décidais de prendre la tête de notre duo, il me suivit et sans chercher à me poser de questions, prenait exemple sur moi lorsque je sortais ma baguette. Une fois dans la cage d’escalier, je lui indiquais par précaution le nombre de poursuivants que nous avions, cette information étant toujours utile et plus d’éléments il avait en sa possession, mieux c’était pour nous deux. Cette fois par contre, ma phrase lui fit se poser une question et je le regardais l’espace de quelques secondes avant de dire « Une sorte de sixième sens, j’arrive à percevoir les gens qui m’entourent. » ce qui expliquait au passage que j’aie pu le trouver rapidement précédemment. En revanche, mon explication fut légèrement mise à mal lorsque j’ouvris la porte sur un moldu armé. Ah oui non mais c’était forcément déstabilisant, comment il avait fait pour m’échapper. C’était bien trop déstabilisant pour que je me dise que j’étais en danger mon salut je le dus uniquement à Eirian qui fut assez réactif pour lancer un sort à notre assaillant. Je le regardais s’effondrer au sol, poussant un soupir de soulagement en comprenant que j’avais eu chaud aux fesses « Merci. » Même s’il était sûrement logique qu’il m’ait aidé, je le remerciais, tenant assez à ma vie pour lui en être reconnaissante qu’il m’ait permis de la faire durer plus longtemps.
Je l’observais tandis qu’il débarrassait notre assaillant de son arme à feu, essayant de repérer pendant ce temps s’il y avait quelqu’un dans les parages avant d’entendre sa question et de répondre machinalement « Oui. » Est-ce que c’était une bonne chose d’avoir dit ça ? ça ne faisait pas étrange un sorcier qui savait tirer ? Bon bah tant pis, j’allais assumer. Je n’avais pas tiré depuis quelques mois parce que je n’en avais pas eu l’occasion mais ça devait être un peu comme le vélo, j’ose espérer en tout cas et je pourrais faire mouche. J’attrapais donc l’arme du moldu, faisant un signe de tête à ce dernier puisqu’il avait la gentillesse de me le prêter – oui c’est moqueur et alors - tandis qu’Eirian faisait mumuse avec son oreillette avant de dire qu’ils savaient que le type avait été neutralisé par quelqu’un, certainement d’ailleurs qu’ils savaient que c’était un duo et d’après les bruits que je pouvais percevoir, ils nous rejoignaient rapidement. Je rangeais ma baguette décidant d’utiliser l’arme à feu plutôt, utilisons des armes équivalentes et faisons le même genre de dégâts.
Tout le monde semblait vouloir se réunir sur notre toit d’immeuble pour une petite fiesta, un spectacle, son et lumière et avec un peu de malchance il y aurait même du liquide. J’observais les alentours, cherchant à connaître qui arriverait en premier sur les lieux, les gens de l’escaliers ou ceux des toits… La victoire pour les toits… suivi de près par ceux des escaliers qui sont bloqués par la porte qu’Eirian a verrouillé, bon plan. Je me laissais entraîner par Eirian et m’accroupissais derrière notre abri de fortune. Je soupesais l’arme dans ma main, regrettant de ne pas être un soir de pleine lune, ça aurait été quand même bien plus rapide et efficace avec des coups de crocs. « Je les laisserais venir jusqu’à moi. » mais ça c’était parce que je jouais avec la mort et que vivre dangereusement n’avait jamais été un problème. En revanche, puisqu’il semblerait que nous fassions équipe et que chacun devait s’occuper de quelque chose je préférais prendre ceux qui se trouvaient le plus proche de nous comme ça j’évitais à Eirian d’être sous le feu des projecteurs directement. « Ceux qui sont sur notre toit, c’est ceux que je perçois le mieux, je me charge de les éliminer. » Oui, je ferais de mon mieux pour ne pas les tuer c’est promis. « Lance des sortilèges dans une direction opposé à nous comme si tu attaquais d’un autre endroit afin d’attirer les gens de l’autre toit là-bas, une fois que j’aurais mis hors service les trois sur notre toit, ils ne pourront plus communiqués et on devrait être tranquille. » Bon le plan était génial – comme tous mes plans – encore fallait il que ça fonctionne et que je sache toujours tirer, ce que nous allions voir tout de suite. J’avançais sans me redresser complètement, essayant de rejoindre discrètement les moldus. Mon premier tire fut un échec critique dans la cheminée, le son fit un gling métallique… Pour une diversion c’était pas trop mal, ils tournèrent la tête comme intrigué, n’étant certainement pas habitué à ce qu’un sorcier prenne une arme à feu et devaient croire que c’était un des leurs qui paniquaient. J’en profitais pour tirer dans la jambe d’un… bon en vrai j’avoue je visais le ventre mais je vis bien la balle partir dans le genou… oui bon erreur de trajectoire. Il hurla de douleur. S’ils hurlaient tous comme ça, tu parles que c’est discret. Je reculais vers Eirian « changement de plan, le mieux c’est que moi je les neutralise qu’ils puissent plus nous faire de mal et toi tu les rends muets avec la magie. » tirer ou lancer des sorts, j’avais fait mon choix. Troisième essai, loupé… merde il avait bougé l’andouille, c’est quoi ces cibles qui bougent. Bon il faudrait que j’arrête de vouloir des tirs propres et que je mette plus d’une minute entre chaque tir, je tirais donc en visant moins précis mais plus régulier. Il fallu un total de neuf balles pour que tous les hommes soient à terre… c’était pas mal non ? Bon la suite du plan maintenant, est ce que tout allait bien se passer ?
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Mar 6 Avr - 16:20
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« juillet 2020 »
Tu te serais bien passé de cette énième fuite. Dire que tu ne cherchais qu’un endroit où dormir, où voler de trop rares heures de sommeil avant que les cauchemars et les insomnies ne prennent le dessus. Plus le temps passe, plus il te devient difficile d’échapper au Blood Circle. Surtout l’été, lorsque tu te retrouves loin de la sécurité de Poudlard, sans abri dans les rues de Londres. Et cette année, l’épuisement rend les choses encore plus compliquées. Si seulement tu pouvais te faire oublier de tout le monde… Mais ce ne sera jamais le cas évidemment. Et tu ne peux pas disparaître, pas en laissant ta mère derrière toi. Alors, une fois de plus, tu vas devoir tout mettre en œuvre pour survivre. Malgré la fatigue et la lassitude, tes mécanismes sont toujours là, bien ancrés – heureusement, car c’est tout ce qui te permet encore de réagir correctement, ce mode « survie » sur lequel tu fonctionnes en permanence maintenant, qui t’empêche de t’effondrer mais te laisse les nerfs à vif, aiguisés, et brouille tes repères émotionnels. Ton calme apparent a sans doute de quoi surprendre – après sept mois dans l’Ordre et les missions qui s’enchaînent, tu t’autorises à abandonner une partie de ta comédie, tu n’as plus vraiment besoin de cacher que tes réactions et tes réflexes n’ont rien de très normal pour celui que tu prétends être. Maintenant, tu peux facilement prétexter l’entraînement pour le conflit et une certaine habitude de te retrouver face au danger sans que cela soit suspect. De toute façon, vous n’avez pas le temps de vous lancer dans de grandes discussions si vous voulez éviter de vous faire avoir. En dehors de l’Ordre, tu n’as plus vraiment l’habitude de ne pas être seul à gérer, mais tu ne vas pas discuter la présence d’une alliée, une fois entendu qu’elle n’a aucune intention de partir. Tant qu’elle ne vous ralentit pas, ça le fera – et de ce que tu vois, elle a l’air tout à fait capable de faire face elle aussi. Tant mieux.
Ton plan ne l’emballe pas, mais elle accepte de te suivre. Malheureusement, vous devez revoir rapidement votre stratégie. Vos poursuivants sont décidément nombreux – et très motivés à mettre la main sur vous. Cette fois, tu t’en remets à Maxime et la suis jusqu’à un immeuble. Le nombre de vos poursuivants te fait marquer un arrêt, seul tu n’aurais pratiquement eu aucune chance de t’en sortir. Est-ce que c’est leur nouvelle méthode ? S’y mettre en nombre suffisant pour rendre toute fuite impossible, peu importe leurs pertes ? C’est risqué… ou alors, ils ont maintenant assez de partisans pour que la chair à canon ne soit plus un problème. Ce qui n’est pas rassurant en soi. Lorsque tu l’interroges sur cette soudaine connaissance, Maxime te fixe quelques secondes avant de préciser qu’il s’agit d’un sixième sens, un moyen de percevoir les gens à proximité. Ce qui expliquerait qu’elle ait pu te repérer tout à l’heure. Mais son système de détection n’est pas totalement au point, témoin le type qui se trouve derrière la porte, armé d’un flingue et l’air prêt à en faire usage. Maxime se fige. Plus en retrait, tu réagis aussitôt, l’envoies au sol d’un sortilège. Elle te remercie, tu hausses les épaules :
— De rien.
Elle s’est mise en danger pour toi, vous êtes dans la même galère, rien de plus normal que tu lui viennes en aide. Vous allez vous tirer de là tous les deux. Tu désarmes votre adversaire en demandant à Maxime si elle sait tirer – sans doute pas une question très normale non plus, comme s’il était logique de penser que la première personne venue savait se servir d’une arme à feu. Sa réponse positive te surprend un peu, mais c’est tant mieux pour vous, et tu lui passes l’arme. Que ta mère n’ait jamais pu t’apprendre à t’en servir, trop compliqué de se fournir en munitions en cavale, est en passe de devenir un de tes grands regrets. Tu connais toute la théorie, n’aurais aucun mal à charger l’arme, à savoir comment la tenir et la manipuler en sécurité… mais viser et, surtout, faire mouche, ça demande un peu plus que de la théorie. Alors pour l’heure, tu te satisferas de ta baguette. Mais si vous pouvez leur faire peur avec leurs propres armes, montrer que vous les maîtrisez, ce sera toujours ça de pris. Ça a toujours plus d’impact de montrer à l’ennemi que vous contrôlez ses moyens de défense et que vous pouvez agir sur son terrain.
Un de moins, ça en laisse dix – ou toujours onze puisqu’il n’était visiblement pas dans le décompte de Maxime ? – toujours à vos trousses et c’est autant de trop. Vous débouchez sur le toit tandis que le comité d’accueil commence à se mettre en place. Merveilleux. Tu verrouilles l’accès à l’escalier derrière vous, ce sera toujours quelques minutes de gagnées. Un abri de fortune, et vous êtes prêts à soutenir un siège. Tu te sens presque bien, les pensées claires, lucides, sans la chape d’angoisse qui te dévore d’ordinaire et te paralyse. Là au moins tes sens en alerte, ton hypervigilance trouvent enfin une raison d’être au lieu de mouliner dans le vide et de redouter tout et n’importe quoi. Tes craintes ont maintenant quelque chose de concret sur lequel se focaliser, la menace est identifiée au lieu de rester vague et tu peux agir, tu es libre. Tu n’es jamais aussi calme que dans ces moments-là – calme et un peu excité aussi, déterminé à en découdre et à t’en sortir.
Tu grimaces lorsque Maxime dit qu’elle les laisserait venir jusqu’à elle. Pas avec un tel nombre et pas alors que tu ne vaux plus grand-chose en corps-à-corps. Pas la peine de risquer une crise d’angoisse au milieu de la bagarre. Tu sens le poids rassurant de ta lame toujours fixée à ton bras, mais tu ne la sortiras qu’en dernier recours. Tu hoches la tête tandis qu’elle prend en charge ceux sur votre toit.
— Ne les tue pas, si tu peux l’éviter.
Ça rajoute une difficulté supplémentaire à l’usage de l’arme, mais… vous n’avez pas à reproduire leurs méthodes. Par contre, si ça empire... De ton côté, tu te charges de la diversion pour attirer une partie de vos opposants ailleurs.
— Ça marche.
Ça devrait vous laisser le temps de changer de toit et de redescendre ensuite. Si tout marche bien. Faire croire que des sortilèges viennent d’une direction différente n’est pas le plus simple à mettre en place, mais tu devrais t’en sortir. S’il y a une matière où tu as toujours été le meilleur (n’en déplaise à Elise – petit poke au passage), c’est bien celle-ci. Maxime se met en position tandis que tu donnes des courbes tarabiscotées à tes sortilèges. Les quatre moldus sur l’autre toit pivotent vers ce qu’ils pensent être l’origine de la trajectoire lumineuse. Bien. Pour autant, ils semblent indécis, deux se tournant de nouveau vers vous. S’ils pouvaient au moins se séparer… Une des cibles de Maxime s’effondre avec un hurlement qui résonne dans la nuit. Hmm, autant pour la discrétion, ça rameute les quatre autres vers vous. Aussitôt, tu relances une attaque de diversion, obligeant l’un d’eux à plonger au sol, esquivant de justesse ton sort. Ils semblent indécis maintenant, sans doute avec l’impression d’être pris sous deux feux – soit parce que vous vous êtes séparés, soit parce que vous avez du renfort. Tu approuves le changement de plan de Maxime. S’ils continuent à hurler comme ça, vous n’allez pas vous en sortir. Et inutile qu’un moldu trop zélé passant dans les parages appelle la police ou carrément le Blood Circle.
— Je suis prêt.
Maxime recommence à viser tandis que tes sortilèges ciblent les moldus. Eux aussi tirent en riposte. Leurs balles claquent juste à côté de vous, un éclat métallique vole sous tes yeux tandis qu’une balle heurte l’un des cylindres qui vous abritent. Tu serres les dents. Des balles, toujours, pas de seringue. Maxime les touche petit à petit, tu les vois se tordre de douleur, mais en silence. Trois de moins, une bonne chose de faite. En revanche, ils en ont profité pour se rapprocher de l’autre côté, décidant que c’était plus intéressant de ce côté-là, et tes sorts semblent se dissiper au moment de les atteindre. Tu glisses à ton alliée :
— Ils ont des gilets anti-magie.
Vous ne résisterez pas éternellement sur ce toit, d’autant qu’ils ont dû appeler le reste de l’équipe en renfort.
— Tu as assez de balles pour continuer de les occuper ? Je vais nous préparer de quoi traverser, on sera mieux abrités sur l’autre…
Tout en parlant, tu commences à pivoter vers le deuxième toit susceptible de vous abriter. Juste à temps pour apercevoir une autre partie de vos adversaires débouler dessus et te rendre compte que vous êtes bien plus exposés de ce côté-là.
— À terre !
Tu te plaques au sol en même temps. Les balles claquent au-dessus de vous, résonnent contre les tubes métalliques. Seul le parapet vous protège encore. Tu jures à voix basse. Entre les autres qui en profitent pour mettre pied sur le toit et ceux-là, ça commence à chauffer. La seule fuite possible reste l’escalier devant lequel gémissent les victimes de Maxime… séparés de vous par un bel espace à découvert. Impossible de traverser sans faire un peu de ménage avant.
— Faut qu’on trouve un autre abri.
Okay, c’est de l’art d’enfoncer les portes ouvertes. Si ta magie ne peut pas les atteindre directement, tu peux au moins les obliger à reculer quelques secondes.
— Je vais les distraire, ça nous laissera le temps de bouger. Prête ?
Tu redresses un peu la tête, replonges aussitôt tandis qu’une balle claque au-dessus de toi, si proche que tu sens le souffle d’air. Ceux-là sont plutôt dégourdis. Mais cette brève seconde t’a permis de prendre la mesure de leur position. Une inspiration, un coup d’œil à Maxime :
— Vas-y.
Et tu lances un aguamenti maxima. Le jet d’eau sous pression, dans lequel tu places toute la puissance que tu peux, balaie le toit voisin. Des cris surpris et de colère te confirment que tu les as pris par surprise. Il est temps de bouger à ton tour avant qu’ils se reprennent.
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Jeu 8 Avr - 19:05
C'est une ville dure où tout le monde est fou
ft. Eirian
S’il y a moins d’une heure, je ne pensais qu’à une chose, me glisser sous les draps et dormir contre mon chat, à présent j’étais parfaitement bien réveillée. Ce qui était tout de même bien pratique puisqu’il fallait être pour le moins réactif si nous voulions nous en sortir Eirian et moi. Comment il s’était mis dans cette galère au juste, qu’est ce qui l’avait trahi ? Je ne parvenais à répondre à cette question, il n’avait pas plus l’air d’un sorcier que moi et je ne parlais même pas du fait que rien ne nous différenciait des moldus chez qui j’avais passé la soirée. Si cette énigme me posait grandement problème c’est que s’ils avaient trouvé un moyen de détecter les sorciers, déjà que je n’en fasse pas partie c’était problématique, j’étais quoi moi au juste, mais surtout ça allait beaucoup plus coton de traîner chez les moldus et mes connaissances de ce monde n’allaient plus suffire. J’aurais tout le temps de réfléchir à la question plus tard, quand je saurais safe et non pas un petit lapin courant pour échapper aux méchants loups.
Pour le moment, la seule chose qui m’empêcha de me prendre une balle entre les deux yeux, ce fut Eirian qui intervint à temps. En réalité, il était même drôlement réactif, serait-ce là un signe qu’il avait l’habitude de devoir réagir au quart de tour ? Pour quelles raisons ? Ça ne me regardait pas vraiment, la seule chose importante ça n’était pas de savoir comment j’avais eu vent du nombre qu’ils étaient, pas non plus comment Eirian faisait pour être si réactif et peu surprit d’être chassé. Non notre préoccupation était qu’on s’en sorte en vie, tous les deux. Pour cela, j’eus le droit à récupérer une arme à feu. Est-ce que c’était plus efficace qu’une baguette, je ne sais pas trop, tout dépendait de la personne tenant la baguette et de celle tenant l’arme et de la volonté de chacune. Le sorcier à mes côtés était impressionnant, il n’y avait pas d’autres termes pour le décrire, les battements de son cœur étaient réguliers, il n’était pas excité, ne semblait pas en proie à la panique. Il savait ce qu’il faisait et rien ne semblait en mesure de l’ébranler, c’était presque apaisant.
Mon plan de les laisser me foncer dessus ne sembla pas lui plaire, étrange tien, qu’il ne s’inquiète pas, je ne comptais pas le mettre en danger. Nous allions nous séparer et faire en sorte que je n’aie pas tout le monde sur le dos. Je n’aimais pas trop être le centre d’attention des gens, surtout quand c’est pour me cribler de balles, c’est bof. A sa remarque sur le fait de ne pas les tuer, je fis la moue « Je ferais de mon mieux mais je ne te promets rien. » Je préférais être sincère et ne pas lui donner de faux espoirs, je n’étais pas une tireuse d’exception, je savais tirer oui, viser, probablement mais il y avait un risque que je vise un organe vital en voulant viser autre part. Je n’avais pas spécialement envie de me justifier. D’ailleurs, si ça devait arriver, je devrais probablement prévenir Toni qu’à notre prochaine soirée, il risquait d’y avoir de nouveaux invités. J’étais un peu comme un aimant à mort, c’est la classe non? L’autre plan, celui qui consistait en Eirian qui fait diversion pendant que je neutralise les intrus sur notre toit sembla remporter un plus grand succès. Parfait, alors nous allions partir sur ça. Elise est pas trop d’accord par principe, elle ronchonne. Alors qu’Eirian gère sa partition avec brio, on ne pouvait pas en dire autant de moi. Il m’aurait fallu au moins dix minutes à manipuler l’arme pour pouvoir gérer. Là, en plus du fait que la balle n’avait pas atterrit où je voulais sur la cible. Voilà que cette andouille se mettait à hurler. Oh et ça va hein. Si tu veux pas te faire tirer dedans et bah tu tires pas sur les autres! C’est dingue ces gens quand même et en plus, voilà que monsieur hurlait... bon d’accord une balle c’est douloureux, je veux bien le croire... Mais je le trouvais douillet quand même, qu’il se prenne un loup-garou enragé un soir de pleine lune et là il pourrait hurler aie aie aie j’ai mal. Non mais qui hurle ça, il fallait qu’il cesse, il allait tout faire capoter. Changement de plan, il fallait qu’Eirian ne fasse plus diversion mais qu’il joue au roi du silence avec eux. De toute façon, dire aie j’ai mal, ça ne servait à rien, ce n’est pas parce qu’on le dit que ça va changer quoi que ce soit et jusqu’à preuve du contraire à moins d’être complètement demeuré, ses partenaires se doutaient bien que la balle qu’il venait de se prendre, ça faisait mal.
Il était prêt? Parfait! Nous étions repartis. Si je tirais mieux que les deux premières fois, commençant à me remémorer les gestes, à prendre confiance en moi et qu’Eirian était un binôme d’exception, me complémentant à la perfection, l’effet de surprise n’était plus vraiment au rendez-vous. Ils se doutaient exactement de l’endroit où nous étions et tiraient en représailles vers nous. Les impacts explosaient mes tympans, j’avais l’impression de devenir sourde mais je tenais bon. Finalement, il y eut bientôt plus que des ennemis au sol, je les regardais souffrir, en silence, marmonnant à Eirian « Je n’en ai tué aucun » Ça me semblait important de le dire. En revanche, prétendre qu’ils allaient tenir longtemps sans soin, j’en étais bien incapable, ce qui voulait dire qu’on allait devoir bouger, vite si nous voulions qu’ils s’en sortent. Je tournais la tête vers Eirian quand il m’informa qu’ils avaient des gilets anti-magie, flûte, voilà qui était encore plus embêtant, cela voulait dire qu’ils n’avaient potentiellement pas peur des sortilèges qu’il pouvait leur lancer. Si j’avais assez de balles? J’avoue ne pas avoir songé à cela. Je m’occupais donc de vérifier le chargeur tandis qu’Eirian établissait le plan pour nous préparer à changer de toit. Hum, il ne m’en restait pas assez pour pouvoir les occuper, je m’apprêtais à lui dire lorsqu’il me hurla dessus. Réflexe de survie, je m’exécutai rapidement. Pour une fois que je ne m’étais pas indigné sous l’ordre qui m’avait été donné, cela me sauva la vie puisqu’une balle siffla au-dessus de ma tête, à l’endroit même où je m’étais trouvée une seconde auparavant. Je massai doucement mes coudes qui n’avaient pas vraiment apprécié de réceptionner mon corps lors de ce saut bizarre. Je tournais la tête vers Eirian qui me parlait de trouver un abri, j’acquiesçais bien que précisant « Je dois récupérer des balles avant. » J’attrapais donc ma baguette, délaissant mon précieux quelques instants. Je ramenais les armes des personnes que j’avais mis hors service précédemment et je me chargeais de récupérer les différentes chargeurs pour les mettre dans mes poches. Je rangeais par la suite ma baguette, puis repris mon arme à feu, pile à temps pour la question de mon partenaire « Prête ! »
Je n’étais visiblement pas la seule à être au taquet puisqu'une balle manqua de faire éclater la tête d’Eirian, je le regardais les yeux remplis de frayeur. Il s’en était fallu de peu. Je le regardais dans les yeux tandis qu’il me disait d’y aller et protestai directement « Je n’irais nulle part sans toi. » Qu’il ne pense pas une seule seconde que j’avais l’intention de me servir de lui pour fuir, nous nous en sortirions ensemble ou pas du tout, mais je ne partirais pas sans lui, qu’il n’essaie même pas de me convaincre c’était mort. Est-ce que c’était son intention ou pas, je ne saurais le dire mais en tout cas, il lança un sort pour les empêcher de se lancer à notre poursuite. Je regarde l’espace d’un instant des litres d’eaux se déverser sur les cibles d’Eirian, impressionnant ce garçon. Je l’attrapais par le bras - oui désolée je sais qu’il aime pas – pour l’entraîner à ma suite, bien décidée à ne pas le laisser tout seul même s’il avait la classe en Poséidon. Je traçais jusqu’à une nouvelle planque... bon en vrai non pas du tout, à la base je fonçais jusqu’aux escaliers, trouvant que c’était une sortie digne de nous deux, sauf qu’une rafale de balles m’empêcha d’aller plus loin, m’invitant plutôt à, une fois de plus, finir au sol. « Combien de temps on a, d’après toi, avant de voir intervenir les renforts? » Il fallait qu’on soit sorti de ce guêpier avant la venue de ces gens parce qu’il était évident que nous serions mis en échec. Le problème c’est qu’à force de courir partout, de sauter à terre, d’agir, sans parler de l’heure tardive, et bien je commençais à m’essouffler. Je regardais la porte à quoi, trois, peut être cinq mètres de nous, notre seule échappatoire. Je soupesais mon arme entre mes doigts, il restait 5 balles dedans. Je me fiais à mon ouie et uniquement à elle pour savoir où ils se trouvaient. Je me redressais, une cible, une balle, un hurlement, un bruit sourd signe qu’il s’écroulait et moi qui me laissait tomber au sol avant qu’un autre me tire dessus. Tien ça me rappelait la fois sur le toit en flamme avec Kesabel. J’avais le chic quand même pour être toujours la victime collatérale, un abonnement pris à mon incus certainement. J’étais occupée à répéter la même séquence, une fois, deux fois, me baissant toujours entre deux tirs pour reprendre mon souffle, calmer mon cœur qui n’aimait pas trop savoir la mort si proche et regarder comme un but ultime mon escaliers, jusqu’à ce qu’un intrus se mette pile poil dans l’encadrement de la porte, nous bloquant le passage mais ne nous ayant pas vu pour le moment. « Ils sont tous sur notre toit. » Oui c’était devenu le notre, tout va bien. Il fallait qu’on disparaisse de ce toit et rapidement « Tu es en capacité de faire un sortilège nous empêchant de nous écraser au sol si on saute? Je me charge de te protéger pendant que tu fais ça si tu en es capable. » Qu’il ne pense pas une seule seconde que j’allais le laisser se mettre en danger et préparer notre fuite sans rien faire. Par contre, il fallait qu’il se grouille, il semblerait que l’homme devant la porte regarde vers nous et ça m’étonnerait que ça soit pour nous inviter à boire un verre.
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« juillet 2020 »
Finalement, vu la tournure que prennent les événements, il est heureux que tu ne sois pas seul pour affronter le Blood Circle. Cette fois, si doué sois-tu en matière de sortilège et habitué à fuir, tu ne t’en serais pas sorti. Ils sont trop nombreux, mieux équipés que toi – et décidés à ne pas lâcher l’affaire. Tu savourerais presque l’ironie qu’ils te tuent, privant ton père de sa vengeance rêvée depuis tant d’années – mais le but, c’est quand même de te sortir de tout ça en un seul morceau. Qu’est-ce qui a bien pu les mettre sur ta piste, pour qu’ils te reconnaissent ainsi dans les rues de Londres ? L’un d’eux croisé pendant une mission ? Ton portrait qui circulerait un peu plus sans qu’on lui associe ton nom ? Peut-être, si ton père commence à vraiment perdre patience. Quoi qu’il en soit, même si tu serais curieux de savoir ce qui t’a trahi pour les prochaines fois, tu n’iras pas leur poser la question directement. Tu redoubleras encore plus de précautions, si tu en as toujours la possibilité après cette nuit. Oui, décides-tu assez unilatéralement. Hors de question qu’ils vous fassent la peau – surtout celle de Maxime, qui se retrouve embarquée dans cette galère par ta faute. Pour autant, tu n’aurais sans doute pas pu trouver meilleure alliée pour affronter cette nuit. À l’exception de ta mère, certes, mais vous aviez des années d’entraînement derrière vous, habitués à fonctionner à deux, vous connaissiez tout des compétences et des réactions de l’autre. Votre duo était rodé. Tu ne connaissais pas Maxime il y a une heure, au-delà du fait que c’est la meilleure amie de Kayla – qui sait visiblement bien s’entourer –, mais vous vous en sortez plutôt bien, tirant l’autre d’un mauvais pas chacun votre tour, et vos talents semblent se compléter. Elle a l’air aussi à l’aise que toi dans ce genre de situation, calme et déterminée. Elle n’appartient pas à l’Ordre pourtant – ou alors, tu ne l’as jamais croisée là-bas. Quelles circonstances ont pu lui donner de telles compétences ? Qu’est-ce qu’elle a déjà affronté pour que se battre avec une dizaine d’hommes armés jusqu’aux dents ne la perturbe pas plus que ça ? Ce n’est clairement pas maintenant que tu le sauras. Mais c’est un soutien plus que bienvenu, d’autant plus quand tu la vois attraper l’arme que tu lui proposes. Elle sait la tenir. Tant mieux, vous avez juste le temps de trouver un abri avant que les choses sérieuses ne commencent.
Elle ne te promet pas de ne pas les tuer, tu n’en attends pas davantage. Viser en dehors de la tête ou du torse pour les points vitaux les plus évidents rajoute une difficulté supplémentaire. Tu espères juste éviter un carnage. Mais si c’est eux ou vous… ce choix-là, il est déjà fait. Tu n’as jamais tué encore, mais tu n’es pas naïf : tu connais la limite entre ce que tu souhaites et la réalité concrète.
— J’en demande pas plus.
Votre plan au point, vous vous concentrez sur votre rôle. Maxime galère un peu avec le pistolet, mais c’est beaucoup mieux que ce que tu aurais fait, tu n’as pas l’intention de t’en plaindre. Et à vous deux, vous couvrez la majeure partie du toit. Des cris ne tardent pas à s’élever, signe que Maxime fait mouche. Un peu trop bruyant quand même comme manifestation de douleur, même si tu es bien placé pour savoir que ça fait mal – enfin, dans tes souvenirs, ça se mélange avec la douleur des soins à vif puisqu’il était hors de question de vous rendre dans un hôpital ; la balle n’avait fait que te frôler, sans daigner se loger quelque part, et les dégâts étaient restés limités. La magie aidant, tu calmes les hurlements, ne laissant que les détonations résonner encore. Même à plusieurs étages de hauteur, le son doit pas mal se propager. C’est un peu dérangeant de les voir se tordre de douleur au sol, sans un bruit, même si tu te doutes qu’ils doivent continuer de s’époumoner. Maxime te précise qu’elle n’en a tué aucun.
— Tu es parfaite !
Ça éclaircit un peu votre horizon, mais vous n’êtes toujours pas tirés d’affaire, d’autant qu’ils sont équipés de matériel anti-magie, ce qui t’oblige à ne plus les attaquer directement. Malgré ce léger répit, votre position risque de devenir de nouveau intenable – elle l’est même déjà, puisqu’ils tentent de vous prendre à revers. Maxime plonge en même temps que toi. Juste à temps. Tu jures entre tes dents. Impossible de rester là, vous allez vous faire tirer comme des lapins. Avant tout, Maxime doit récupérer des balles. Tu hoches la tête tandis qu’elle sort sa baguette. Pendant ce temps, en appui sur tes coudes, la baguette toujours à la main, tu t’assures que les autres restent à distance. Ils ont surtout l’air de guetter le moment où vous réapparaîtrez. Tu gardes ton sac à dos un peu sur le côté, histoire qu’il ne dépasse pas. Ta complice est bientôt parée. Il n’est plus temps de traîner, comme en témoigne la balle qui passe à quelques centimètres à peine. Ton regard croise celui de Maxime. Elle n’est vraiment pas passée loin. Tu t’appesantiras dessus plus tard ; pour l’instant, tu bloques tout ce qui ne concerne pas directement votre fuite, ce n’est qu’une balle, elle ne t’a pas touché, tu gères. Elle refuse d’y aller en premier, ne compte pas te laisser derrière. Tu n’avais pas l’intention de la laisser partir seule – pas pour le moment du moins –, tu cherchais surtout à faire barrage. Pas le temps de discuter, ta diversion ne les retardera pas plus de quelques secondes.
Elle t’entraîne avec elle en te tirant par le bras. Dans un réflexe, tu te dégages brutalement de la prise, manques de trébucher sur les débris qui jonchent le toit, mais te reprends. Direction l’escalier, la solution la plus simple en vue, la plus rapide aussi. Une fois à l’intérieur, vous serez à l’abri le temps de la descente. Si on vous laisse l’atteindre. Une rafale claque, vous forçant à plonger de nouveau au sol. Une brusque douleur monte de ta cuisse. Tu y portes une main, sens la déchirure dans ton jean, le sang sous tes doigts.
— Merde !
Tu bouges prudemment la jambe, ça tire mais tout semble fonctionnel – ou le shoot d’adrénaline perturbe ta perception de la douleur. Non, c’est sûrement un éclat qui t’a atteint et a laissé une grosse entaille, plutôt qu’une balle. Tu tournes la tête vers Maxime, elle semble indemne. Tant mieux.
— Ils ont déjà dû les appeler, on doit avoir deux ou trois minutes devant nous, pas plus.
Tu préfères compter moins que trop, ça évite les mauvaises surprises. La porte est trop loin pour que vous l’atteigniez d’un élan et ils gardent sûrement leurs armes braquées dans cette direction, prêts à vous descendre. Tu profites du répit pour reprendre un peu ton souffle, changes de position pour mieux voir les dégâts. Tu ne vas pas te vider de ton sang et tu as connu plus douloureux, donc ça peut attendre que vous soyez en sécurité. Plus dangereuse est la fatigue, de même que le fait que tu sollicites beaucoup trop ton corps par rapport à ce que tu lui donnes ces derniers temps, et il a déjà largement pioché dans tes réserves (enfin, si on peut appeler ta carrure de gringalet des « réserves »). Il ne manquerait plus qu’il te lâche au pire moment. Tu devrais arriver à tenir jusqu’à ce vous soyez tirés d’affaire (ou morts, pour le versant plus pessimiste), mais la chute de tension risque d’être dure à encaisser.
Maxime a repris son arme et les hurlements t’indiquent vite qu’elle a fait de nouveau mouche. Tu n’es pas en reste avec ta baguette. Puisque tu ne peux pas les attaquer directement, tu utilises ce qui traîne sur le toit pour leur projeter dessus – c’est moins efficace qu’une arme, ils ont plus de temps pour esquiver, mais au moins ça les oblige à rester en mouvement et ça réduit la cadence de tir. Alors que tu recommences à espérer, un type se pointe par votre issue de secours. Les renforts, déjà. Il ne regarde pas dans votre direction, essaie sans doute de prendre la mesure de la situation. Un sourire t’échappe quand Maxime parle du toit comme s’il vous appartenait. Il vous a protégés comme il a pu.
— On va devoir l’abandonner.
Sauter ? Tu la fixes deux secondes. Okay, tu ne t’y attendais pas. Ni à la proposition, ni au fait qu’elle s’en remette pleinement à toi pour ça. Alors, certes, vous vous battez mutuellement pour vos vies depuis tout à l’heure, mais… Tu as intérêt à ne pas te rater. Et à réfléchir vite. Pas un Arresto momentum, trop dur à lancer pendant la chute, surtout deux fois, et si tu ralentis trop, ils n’auront pas de mal à vous avoir d’en haut. Plus efficace et plus rapide… Le sortilège de Coussinage, qui vous allègera et créera comme un coussin d’air, vous faisant atterrir plus ou moins en douceur. Tu lui expliques en hâte :
— Je peux. J’ai juste besoin de quelques secondes pour être sûr que c’est bien lancé. Une fois en place, on sautera en même temps.
Hors de question de la laisser derrière. Et si c’est toi qui la tiens plutôt que l’inverse… tu peux l’accepter, pour quelques secondes.
— Il y aura peut-être un petit choc à l’arrivée, mais rien de plus. Et après… il faudra courir.
Normalement. Le type devant la porte commence à bouger vers vous. Tu laisses à Maxime le soin de gérer, te rapproches du bord, comptant sur elle pour te protéger. Un coup d’œil dans la rue en bas, déserte à vue de nez, mais le type qui vient de se joindre à la fête arrive bien de quelque part, les autres doivent se cacher dans les parages – ou être restés au volant de leur voiture. Une inspiration, puis deux et trois, pour faire le vide dans ta tête, oublier la pointe aiguë de la douleur dans ta jambe. Pour une fois, tu prononces la formule à voix haute, c’est déjà assez risqué comme ça sans y ajouter de l’informulé. C’est comme un coup de vent qui s’échappe de ta baguette, un voile léger qui se déploie, mais tu te concentres surtout sur les couleurs que tu es le seul à voir, cette harmonie qui te dit toujours si c’est juste ou si tu as besoin de rectifier pour les sortilèges que tu ne maîtrises pas complètement. Les nuances sont bonnes, tu n’as pas grand-chose à corriger pour que tout soit nickel. Le soulagement t’étreint une brève seconde.
Un coup d’œil par-dessus ton épaule. Tout cela ne t’a pris que quelques secondes, mais ils doivent avoir saisi ce que vous mijotez car ceux encore debout se rapprochent rapidement, assez déployés pour qu’un tireur seul ne puisse les atteindre facilement.
— C’est bon !
Il est grand temps de bouger. Tu lui attrapes le bras.
— Saute !
Et tu joins le geste à la parole.
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Hésite pas si tu veux que je change quelque chose, si tu trouves que je vais trop loin / pas assez, etc.
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Mar 13 Avr - 21:07
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S’il voulait éviter des morts inutiles, je ne pouvais promettre que mes coups de feu ne seraient pas meurtriers, que ce soit par volonté de ma part, une douleur trop intense et l’instinct de survie prendrait forcément le dessus et voudrait éliminer toute menace, ou parce que je tirais comme un pied. Si j’étais experte en arme à feu, ça se saurait. Moi je savais tirer, je pouvais tirer, ça ne voulait pas dire que la précision était excellente et ça on s’en rendrait compte assez rapidement. Il n’en attendait pas plus donc, et bien voilà qui me soulageait parce que je ne pourrais pas offrir mieux. Notre expédition se passait relativement bien, bon il y eut quelques petits gémissements – hurlements – de douleurs qu’il fallut maitriser, en même temps soit on les tuait sur le coup et ça ne hurlait pas, soit une balle et bien ça faisait mal. A la fin de la première salve et après avoir fait en sorte que les personnes sur le toit ne soient plus en capacité de nous faire mal. Enfin, en tout cas, les personnes que j’avais le devoir de neutraliser, je tâchais de rappeler à mon partenaire que je n’avais tué personne. A son compliment, j’eus un sourire. Parfaite, ça me plaisait bien comme terme, en revanche pas sûr que nos assaillants le voient de la même manière. Oh et est ce que le fait de tirer des balles à des endroits non létaux me rendaient parfaites, ah dur à dire mais je prenais le compliment avec un plaisir évident et bien que la situation ne prête pas à sourire, c’est ce que je fis. Il me plaisait bien ce type – je confirme Kayla a des amis de fous – dommage que je ne l’ai pas rencontré avant.
Manquer de se prendre le karma avec une balle en retour check. D’ailleurs on peut en parler ? Est-ce que j’avais vraiment besoin de ça, le karma il m’en mettait plein la tronche depuis que j’étais enfant, pas besoin de me prendre une balle en plus si tu savais Maxime, si tu savais. Récupérer des petites balles pour pouvoir de nouveau faire des petits trous dans leurs petits corps c’est bon aussi. Rappeler à Eirian que maintenant lui et moi nous formions un duo et que je n’avais pas l’intention de me tirer sans lui, c’est bon aussi. Maintenant on pouvait se tirer et là… mais qu’est ce qu’il me faisait au juste, pourquoi est ce qu’il se dérobait ? Bah oui c’est malin, il manquait de se péter la tronche sous mon regard éberlué, est ce que c’était vraiment le moment de jouer à j’aime pas qu’on me touche ? Heureusement il sembla se reprendre, il ne l’aurait pas fait, je pense que nous serions morts tous les deux. Là, ça ne fut pas le cas et je l’entraînai jusqu’à un nouvel abri avant de finir de nouveau ventre contre terre. Sauf que cette fois, ça fit mouche, mon nez se remplit de l’odeur fortement marquée du sang et je le regardai complètement flippée à l’idée qu’il soit mort. Bon déjà, si je m’étais concentrée, j’aurais pu entendre ses battements de cœurs. Il était en vie, je m’inquiétais pour lui « ça va ? » Est-ce qu’il allait falloir garder nos positions parce qu’il n’était pas en mesure de bouger. D’après la plaie qu’il avait, il semblerait que non. Parler ne semblait pas lui demander énormément d’efforts. Deux, trois minutes pour faire le ménage sur ce toit et se tirer, d’accord, c’est noté.
Pas de temps à perdre alors, deux minutes pour dégommer tout le monde, je m’occupais de nouveau de tirer sur tout ce qui bougeait, essayant toujours de ne pas les tuer. Eirian participait à l’attaque sur les envahisseurs de toit et nous aurions sûrement réussi à la perfection notre coup si quelqu’un n’avait pas décidé de prendre position devant notre échappatoire. Je décidais de prévenir Eirian au passage que tout l’effectif, qu’il soit valide ou invalide, qui nous pourchassait était à présent sur notre toit et lui lançai un regard chagriné lorsqu’il me disait devoir l’abandonner. Je n’aimais pas abandonner quoi que ce soit mais bon puisqu’il fallait, j’évoquais un nouveau plan. Puisque s’échapper par la porte était compromis à cause de l’autre type, il allait falloir qu’on saute. Il me regarda comme si j’étais devenue folle. Non ça va, je pensais savoir ce que je faisais. J’étais en compagnie d’un type pourchassé qui aurait pu abandonner et me laisser gérer toute seule ou encore me dire laisse tomber, on a aucune chance. Il ne l’avait pas fait, pas une seule seconde je ne l’avais senti hésitant sur notre victoire, alors oui, je n’avais aucun doute sur le fait que je pouvais placer notre avenir entre ses doigts. Et puis mieux valait il que ça soit lui qui s’occupe des sortilèges et moi de l’arme à feu, plutôt que l’inverse n’est ce pas. Il pouvait, cool parce que j’avoue ne pas avoir eu le temps de prévoir dans ma tête le cas où il ne pourrait pas. Besoin de quelques secondes, pas de problèmes, je pouvais lui laisser quelques secondes. S’il avait besoin de ça pour être sûr, je ne voyais pas le problème et d’accord derrière on sautait en même temps. Ouai ouai, le plan était clair, limpide. Quand il disait petit choc ? Est-ce que j’étais sûre d’avoir la même notion que lui de petit, rien ne semblait l’ébranler… oui bon moi aussi mais sait on jamais. Pour le reste, courir, ça c’était pile poil ce que j’aimais, surtout à deux heures du matin quand le manque de sommeil se faisait ressentir. Pourtant, je hochai la tête pour lui montrer que j’avais bien compris et puisque l’autre chieur là-bas, avait enfin réussi à poser son regard sur nous – pas un loup celui-là, je vous le garantis – je me chargeais de l’occuper et c’est parti pour l’instant je vide mon chargeur numéro deux sur lui. Enfin ça n’était pas voulu, j’avais voulu lui mettre une balle mais il se déplaçait vite et moi je me fatiguais à force. Les balles s’enfonçaient les unes après les autres dans le décor sans que je parvienne à le neutraliser, j’entendais aussi les autres qui se rapprochaient mais je n’avais que deux mains, un seul pistolet, impossible d’être partout à la fois. Il fallait que je recharge mon arme, mauvais timing, quoi qu’il venait de dire quoi là ? Il s’empara de main et je sautais à la seconde où il le demandait.
Le choc de l’impact me coupa la respiration. J’eus quand même besoin de respirer un grand coup parce que ça n’était pas si évident que ça, pourtant l’impact n’était pas si important, je pense que la peur de ce qui aurait dû arriver me faisait ressentir des douleurs imaginaires. Je ne cherchais pas à en savoir plus sur nos poursuivants voleurs de toits, je traçais, à moins qu’ils sautent – s’ils font ça ils sont vraiment cons – leurs seules possibilités pour nous atteindre étaient de nous tirer dessus d’en haut ou de descendre pour nous rejoindre, autant se mettre hors de portée de leurs flingues. Je me planquais dans une petite ruelle, avec Eirian bien entendu. « Je crois qu’on a réussi. » Est-ce que je ne parlerais pas un peu vite ? J’espérais que non, je n’y croyais pas vraiment au fait qu’ils nous aient abandonné mais je ne me voyais pas courir si longtemps. J’écoutais les bruits alentours, des voitures se rapprochaient de l’immeuble que nous venions de quitter « Je pense qu’il est temps qu’on bouge, tu peux encore marcher ? » S'il me disait non et que je devais lui construire un traîneau de fortune, j'exigeais que cette histoire soit effacée de nos mémoires, trop la honte. Je le regardais attentivement, il me semblait un peu pâle tout de même.
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Run for your life
« juillet 2020 »
Maxime fait le ménage sur le toit au mieux, mettant une bonne partie de vos adversaires hors d’état de nuire sans les tuer pour autant – du moins, sur le coup. Ça vous complique les choses, mais tu essaies de limiter l’engrenage meurtrier autant que possible. Pas sûr que ça serve vraiment à quelque chose, vu à quel point la situation est dégradée, mais peut-être que certains finiront par tilter que les sorciers ne sont pas des monstres assoiffés de sang – bon, avec une balle dans le bras ou la jambe, ce n’est pas forcément la pensée qui vient en premier, mais une fois qu’ils auront récupéré leurs capacités de réflexion, il y aura peut-être de l’espoir. En tout cas, Maxime gère comme une chef, et tu le soulignes. Ton compliment lui tire un sourire que tu lui rends. Pour un observateur extérieur, vous auriez sans doute l’air un peu trop à l’aise pour la situation. Tu espères quand même qu’elle n’a pas un karma aussi pourri que le tien, mais bizarrement vos talents ne s’acquièrent pas en menant une vie normale. Quoi qu’il en soit, tu es soulagé de l’avoir à tes côtés, ça te donne une énergie supplémentaire, l’envie viscérale de vous sortir de là tous les deux indemnes de préférence ou du moins dans le meilleur état possible. Tu es bien décidé à ne rien lâcher jusqu’au bout.
Les mouvements de vos adversaires vous obligent à changer d’abri. Déterminée à ne pas bouger sans toi, Maxime te tire à sa suite, mais tu ne peux t’empêcher de t’écarter – geste stupide s’il en est vu la menace dans votre dos. Heureusement, ça ne vous empêche pas d’atteindre un nouveau refuge sains et… enfin, presque. La douleur éclate dans ta cuisse, tu serres les dents en jurant. En te tournant vers Maxime, tu croises son regard effrayé, elle te demande si ça va.
— Ça va, je peux bouger.
Hélas, votre espoir de rejoindre l’escalier s’évanouit en fumée lorsqu’un nouveau membre du Blood Circle en jaillit et vous cherche du regard. Pas le plus alerte de la bande, mais il vous coupe toute retraite. Et même si la plupart de vos adversaires sont à terre, votre position va devenir difficile, voire impossible à tenir. La proposition de Maxime te prend au dépourvu, autant par sa soudaineté que par la confiance qu’elle te témoigne, il y a quand même un petit paquet d’étages, assez pour ne guère vous laisser de chances de survie – certes, vu les circonstances, vous ne pouvez pas faire autrement que vous en remettre pleinement à l’autre pour vous en sortir, c’est déjà ce que vous faites depuis le départ en vous suivant. Pas de raison que ça change. Mais quand même. Tu es doué en sortilèges, ce n’est pas le moment de te rater. Maxime t’achète un peu de temps, tu t’en remets pleinement à elle pour ta sécurité, le temps de te préparer. Tu aurais pu tenter sans, mais puisque vous pouvez vous payer ce luxe-là, autant en profiter. Tu connais le sort, oui, mais tu ne l’as jamais lancé. Il se déploie rapidement, tout a l’air en place de ce que tu peux juger à vue de nez. Pas le temps de tergiverser, ça ne sert plus à rien. Soit ça passe, soit ça casse. Ça commence à chauffer du côté de Maxime, le type se rapproche de plus en plus, accompagné de ses comparses.
Tu te retournes vers elle, lui attrapes le bras. Tu n’aimes vraiment pas ça, tes nerfs hurlent à l’agression, mais tu te focalises sur le muret puis sur le vide au-delà. Saute. Tu sens l’impulsion de Maxime, en même temps que la tienne. Les cris de colère derrière vous. Puis la chute, droit vers le sol, tes doigts crispés sur ta baguette. Le choc, un poil brutal, mais sans commune mesure avec ce qui vous aurait attendu en temps normal. Un coup d’œil vers Maxime, déjà prête à détaler elle aussi. Ta jambe te lance, mais ce n’est pas maintenant que tu vas t’arrêter, ils peuvent encore vous atteindre d’en haut. Et certains doivent déjà se ruer vers l’escalier pour vous rattraper. Tu dissipes ton sortilège, histoire qu’ils ne tentent pas de vous suivre, même si tu doutes qu’ils fassent à ce point confiance à la magie, puis t’élances sur les traces de Maxime en serrant les dents. Les tournants s’enchaînent, tu restes à l’affût des bruits derrière vous, mais tu n’entends rien. Avec un peu de chance, vous avez réussi à les semer. Tu te gardes bien de crier victoire trop tôt, ils ont déjà montré à quel point ils pouvaient être retors. Ta blessure te fait tirer un peu la jambe, mais tu te concentres sur la course, sur la nécessité de leur échapper, repousses les autres signaux. Plus tard.
Le souffle court, tu t’arrêtes derrière Maxime dans une petite ruelle, t'appuies contre le mur pour soulager ta jambe. Les alentours paraissent tranquilles, elle a l’air de ne rien détecter avec son sixième sens, mais elle reste sur ses gardes. Vous reposer sur vos lauriers serait stupide. Maintenant que tu ne cours plus, ta jambe se rappelle à toi. C’est clair que la course à pied n’est pas le sport le plus indiqué dans ces circonstances, ça n’aide pas à enrayer le saignement – et les frottements de ton jean n’ont clairement pas aidé non plus. Tu fermes les yeux une seconde, il va falloir prendre le temps d’arranger ça si tu ne veux pas que ça te gêne davantage. Impossible de lancer un sortilège alors qu’ils sont sans doute sur vos traces. Dire que tu avais beaucoup plus confiance en toi et en tes capacités, il y a quelques années… Tu fais glisser ton sac à dos et l’ouvres au moment où Maxime te demande si tu peux encore marcher. Tu souris – un sourire fatigué, mais toujours déterminé. Maintenant que vous vous êtes arrêté, tu commences à avoir froid, la sueur refroidit sur ta peau. Tu optes pour la sincérité, jouer les héros dans ce genre de circonstance est stupide.
— À dire vrai, j’ai connu mieux, mais je vais arranger un peu ça, tu ne devrais pas avoir à me porter.
Malgré la course, tes affaires sont assez calées pour ne pas avoir trop bougé, et tu mets rapidement la main sur un vieux tee-shirt de couleur sombre. D’un mouvement, tu fais tomber la lame que tu portes au bras et tu sacrifies le vêtement sans état d’âme pour en tirer des bandes. Tu grimaces devant l’état de ton jean, la tache sombre qui le macule sur une partie de la longueur, là où le sang a coulé et imbibé la toile. Les bords de la plaie sont assez irréguliers, c’est loin d’être une égratignure, même si ça n’a rien touché de vital. Tu noues rapidement les bandes de tissu, pas assez fort pour en faire un garrot, trop dangereux et tu n’en as pas besoin, mais suffisamment pour arrêter l’écoulement et protéger un peu la blessure des frottements. Ce n’est pas parfait, mais c’est déjà une amélioration. Ça te rappelle les soins d’urgence de ta mère, lors de nuits comme celle-ci, le Blood Circle à vos trousses et qu’elle ne pouvait pas t’emmener à l’hôpital le plus proche. Tu vacilles un peu en te redressant, chasses un vertige. Encore un effort. Après, tu pourras t’écrouler. Vous vous en sortez bien pour l’instant. Tu souris à Maxime.
— Ça fera l’affaire. J’arriverai à courir aussi s’il faut.
De toute façon, vous ne pouvez pas rester plantés là. Hors de question qu’elle se fasse avoir par ta faute. De nouveau paré, tu te mets en route, dans la direction opposée à celle par où vous êtes arrivés. Mais alors que vous vous engagez dans une nouvelle rue, un bruit étouffé te parvient. Celui d’une voiture qui roule au ralenti.
— Baisse-toi.
Tu joins le geste à la parole, te retrouves un genou en terre derrière les voitures garées, avec une grimace, une main crispée sur ta jambe qui n’apprécie pas le mouvement. Tu guettes le moindre bruit, le moindre signe d’alerte, mais l’allure du véhicule ne varie pas, ils n’ont pas dû vous apercevoir. Mais c’est une preuve de plus qu’ils ne renoncent pas à vous mettre la main dessus. Tu attends qu’ils soient passés pour te tourner vers Maxime.
— Est-ce que ton sixième sens détecte une direction à peu près sûre ?
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Il s’était pris une balle. Si c’était le risque en se faisant pourchasser par des gens armés voulant votre peau, cela n’empêchait pas de s’inquiéter pour lui. L’odeur du sang d’Eirian et de ma peur, emplissait l’air. Il pouvait bouger, est ce que c’était vraiment rassurant ? Ah j’étais un peu mitigée, un poulet même la tête tranchée il pouvait bouger hein… Oui bon Eirian avait encore sa tête sur les épaules, une chance tout de même. Le problème c’est que plus de temps on passait sur ce toit en leur compagnie et plus on risquait de se prendre des balles, ce qui était tout de même légèrement problématique pour la survie. Si nous aurions été ravi de nous tirer par les escaliers, quelqu’un avait décidé que ça ne serait pas le cas. Ah le lourd, impossible de le déloger et de passer par- là. Il nous fallait donc une autre solution, une solution qui ne nécessitait pas à Eirian d’empirer son état. Il nous fallait donc faire acte de magie. Oh comme ça, ils auraient une vrai bonne raison de l’avoir mauvaise, on allait s’en tirer grâce à la magie, le comble pour des anti-magies… quoi qu’ils avaient du constater que même sans magie j’étais un véritable problème.
S’il était surpris par le fait que je veuille lui faire confiance pour sauter dans le vide, je ne voyais pas pourquoi, cela faisait plus de dix minutes que nous luttions ensemble pour notre vie, pourquoi j’irais douter de lui. Même dans l’hypothèse saugrenue où il serait indigne de confiance, s’il me laissait mourir, il se retrouvait seul donc ses chances de survie chutaient drastiquement. Je pense surtout qu’il doutait de lui, il n’avait pas à s’en faire, si lui me faisait confiance depuis le début et une fois de plus à présent pour lui laisser le temps dont il avait besoin pour se préparer, je ne vois pas pourquoi moi je ne lui ferais pas confiance pour nous faire atteindre le plancher des vaches en toute sécurité.
Au moment où il est prêt, nous sautons, pas d’hésitation, nous n’avions pas le temps, une hésitation et c’était la mort assurée puisque nous tournions le dos à l’ennemi. D’ailleurs une fois à terre, ce n’est pas le moment d’abandonner, de se dire que nous avions gagné. Il fallait courir, encore, pas trop vite cependant pour ne pas distancer Eirian et qu’il se retrouve seul, ça n’était pas le but. Il nous fallait du repos à lui surtout parce que sa jambe devait le faire souffrir mais pas uniquement, nous étions fatigués, être athlète ne voulait pas dire ne pas se fatiguer. Nous étions exactement comme ces animaux dans les parties de chasses à cours, nous nous fatiguions puisqu’une meute nous suivait, sans répit. Nous avions probablement quelques minutes devant nous, quelques minutes pour reprendre notre souffle et permettre de savoir comment Eirian se sentait. Pas bien, visiblement, il avait les yeux fermés, la douleur devait irradier cette jambe. Est-ce qu’il avait la possibilité de marcher, il me fit un sourire avant de répondre, ne cherchant pas enjoliver la situation. Je hochais la tête bien que le porter me semblait dans tous les cas compliqués, non moi j’avais l’intention de jouer au chien de traîneau. J’aurais bien aimé lui dire que j’allais les éloigner de lui s’ils revenaient mais soyons honnête, ils savaient que nous étions deux, il y avait aucune chance qu’ils me suivent tous. Pour peu qu’ils se soient approchés de l’endroit où nous nous étions tapis précédemment, ils verraient le sang soit ils en concluraient qu’il était mort et que je l’avais abandonné, soit qu’il n’était pas assez en forme et que je faisais diversion. Dans tous les cas, ils le chercheraient pour être sûr. Il avait un sac à dos avec des fringues sur lui, qui était ce jeune homme au juste qui se baladait avec des affaires ? Fuyait il quelqu’un ? A l’instant où la lame argentée brilla dans la pénombre, je ne la quittais plus des yeux, je me souvenais de cette douleur lorsqu’on m’avait poignardé et je ne voulais plus jamais le revivre t’en fais pas la prochaine fois ce sera une balle, pourtant je savais très bien qu’il ne m’attaquerait pas, c’était juste un réflexe stupide de ma part. Dans tous les cas, il savait se débrouiller et même mieux que moi. J’avançai d’un pas vers lui lorsqu’il se levait, le regard sombre, prête à le rattraper s’il s’écroulait, quand bien même j’avais saisi qu’il détestait ça, c’était une affaire de survie, il aurait tout le temps de me mépriser une fois que nous serions sortis d’affaires. Mais je n’eus pas besoin d’intervenir, il ne s’écroula pas. Ça fera l’affaire, ça fera l’affaire, ouai alors mon coco t’as une tronche, déjà que la lueur de la lune ça donne un teint blafard, là t’as l’air d’un cadavre alors non, je ne le voyais pas capable de courir et nous allions éviter au maximum cela.
Et hop on était repartie pour même pas une minute de marche avant qu’Eirian ne me demande de me baisser. Décidément pas possible d’être tranquille quelques instants. Je me baissais à mon tour, je n’étais décidément pas attentive, n’arrivant pas à me concentrer sur trop de choses à la fois, mon inquiétude pour Eirian prenant le dessus. Au moins, je réagissais assez vite à chaque fois qu’il me parlait. Je me rapprochais de lui sur les genoux, allez merci pour les petits gravillons qui me picotaient malgré le pantalon. Je n’eus pas le temps de le rejoindre qu’il se tourna pour me poser question. J’essayais de me concentrer sur les bruits alentours, les pneus qui frottaient sur le bitume, le néon non loin qui s’éteignait et se rallumait provoquant un petit bruit à chaque fois, le chat qui chassait une souris dans une allée. Il me fallait faire abstraction de tout ce qui n’avait pas d’importance, je devais me concentrer sur les humains, leurs pas sur le sol, ils avançaient lentement. Ils ne se parlaient pas, ce qui rendait ma tâche bien plus compliquée, pas facile quand personne parle de savoir exactement combien ils sont. Ce que je pouvais dire en premier lieu à mon partenaire c’était « Ils m’ont l’air plus prudent que les autres, c’est possible qu’ils soient plus compétents ? » Il avait l’air d’en savoir beaucoup sur eux ou plutôt, ces gens là savaient trop facilement qu’Eirian était un sorcier, il me paraissait donc logique de supposer qu’il en savait autant sur eux, étant donné sa réactivité et le fait qu’il n’ait pas l’air surprit, là ou moi à l’inverse je me serais demandé ce qui se passait, lui non, donc il pouvait potentiellement répondre. Quant à la question qu’il me posait et bien, je me redressais pour lui montrer une direction « Par-là. » Je l’entraînai à ma suite, très franchement, nous n’avancions pas vite, ménager nos forces me semblait être la solution à nos problèmes, je reculais à chaque fois qu’une voiture se rapprochait de nous, préférant être extrêmement prudente, quitte à perdre encore du temps. Je m’immobilisais lorsque nous arrivions devant un parc. Voilà pourquoi il n’y avait personne de ce côté-là, il y avait une grande grille à franchir. C’était fatiguant, on allait devoir se grouiller mais avec un peu de chance on serait tranquille. « Qu’est ce qui est le plus simple pour toi, que je te fasse la courte échelle et que tu m’aides par la suite à te rejoindre ou l’inverse ? » La première prise pour nos pieds se trouvant bien trop haut pour qu’on y arrive seul. Je guettais les bruits alentours en attendant qu’Eirian me fasse part de sa décision. Flûte une voiture arrivait, elles étaient chiantes à patrouiller, nous reculions précipitamment pour nous mettre de nouveau à l’abris et je la suivais du regard jusqu’à ce qu’elle disparaisse. On était bon, nous devrions avoir au moins trois minutes avant qu’une nouvelle voiture pointe le bout de ses phrases, il fallait en profiter, sauf si Eirian était incapable de faire cet effort physique ?s
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Eirian Howl
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« juillet 2020 »
S’il y avait bien une chose qui ne t’avait pas manqué, c’est d’écoper d’une blessure en fuyant les tueurs du Blood Circle. Même si rien d’important n’a été touché de ce que tu peux en juger – tu n’es pas en train de te vider de ton sang et ta jambe supporte ton poids, deux bons points qui méritent d’être soulignés vu la poisse qui te colle au train –, tu sens le liquide chaud couler le long de ta jambe, imbiber ton jean, et vous êtes encore loin d’être tirés d’affaire. Le toit devient de toute façon intenable à deux, surtout avec leurs gilets anti-magie qui t’empêchent d’ajuster tes sortilèges. Et ce n’est pas la lame cachée dans ta manche qui t’aidera à ce niveau-là, tu préfères éviter le corps-à-corps à tout prix. Au moins, c’est grâce à la magie que vous vous en sortez, comme un pied de nez à vos adversaires. Malgré le coup de stress (bizarrement, préparer votre réception t’angoisse plus que les minutes précédentes, tu ne tournes vraiment pas rond), ton sort réussit – comme la majeure partie du temps. L’atterrissage aurait pu être un poil plus souple, mais vous atteignez le sol indemnes, et c’est le plus important. Même si l’angle de tir des agents du BC est devenu compliqué, ils peuvent toujours vous atteindre, et vous ne vous attardez pas sur place. Tu te concentres sur la course, sur la nécessité de fuir, pour oublier les élancements dans ta jambe. Les dents serrées, tu forces tant que tu peux. Hors de question de vous ralentir, vous n’avez pas tant d’avance que ça et s’ils ont rameuté des hommes frais, ça va encore plus vous compliquer la vie. Maintenant qu’ils vous ont repérés, ils ne lâcheront pas. Tu espères qu’ils ignorent encore t’avoir touché. Dans l’obscurité et la confusion, c’est peut-être passé inaperçu. Est-ce que tu as pu laisser des traces de sang derrière ? Peut-être, en étant étendu sur le toit, ça a pu couler dans la poussière.
Tu n’en es pas moins soulagé lorsque Maxime marque une halte – ce qui te permet de te reposer, mais aussi de pleinement prendre conscience de la douleur et du fait que tu n’es pas bien vaillant. La faute non seulement à la blessure, mais à tous tes écarts de ces dernières semaines. Les nuits sans sommeil, sans parler des conditions dans lesquelles tu passes la plupart d’entre elles, ton incapacité à faire un repas décent… tu risques de le payer très cher. Tu refuses que Maxime paie le prix de tes propres erreurs, alors tu tiendras aussi longtemps que possible, en espérant que vous arriverez à leur faire perdre votre trace. Tu ne lui caches pas la vérité, de toute façon, ça doit bien se voir que tu n’éclates pas de santé. Ton cœur cogne contre tes côtes suite à la course et la douleur prend ses aises, maintenant que tu es moins concentré. Première chose, éviter d’empirer les dégâts, heureusement que tu as de quoi faire sous la main. Si jamais Maxime te demande pourquoi tu te balades opportunément avec un tee-shirt propre dans ton sac à dos, la réponse est prête : tu avais prévu de faire du sport dans la journée, en dehors de tes heures de boulot, tu as finalement eu la flemme et le destin t’a rattrapé, même si tu n’aurais pas été contre un exercice un poil moins intense. Mais elle ne t’interroge pas, et tu préfères ne pas te justifier d’emblée, comme si ton attitude était absolument normale. Elle ne l’est pas, mais tu gèreras plus tard, l’urgent, c’est de vous tirer de là tous les deux et de ne pas la retarder plus longtemps.
Voir ta lame n’a pas l’air de lui plaire, tu la sens tendue, sur le qui-vive. Tu termines aussi vite que possible ton massacre et la ranges dans la foulée. Puis tu fixes solidement les bandes de coton. Ça fera l’affaire en attendant que tu puisses te pencher sérieusement dessus. Entre ta petite trousse de secours moldue et les sortilèges de soin que tu as appris au cas où, sans avoir encore vraiment eu l’occasion de les pratiquer en conditions réelles, tu devrais t’en sortir. Une petite voix dérangeante te rappelle que si tu te retrouves dans cette situation, c'est que tu n'avais pas encore trouvé d'endroit où te poser et il faudra y remédier avant de pouvoir te soigner. Une chose après l'autre. Enfin, pour l'instant, tu ne laisseras plus de traces derrière vous et l’écoulement devrait s’arrêter – ce qui ne sera pas plus mal, vu le vertige qui te prend lorsque tu te redresses. Okay, message reçu, pas trop de mouvements brusques. Maxime se rapproche, visiblement prête à te retenir, tu retiens un mouvement pour t’écarter. Elle n’a pas l’air particulièrement convaincue lorsque tu dis que tu pourras courir. Tu ne parles pas de tenter un marathon non plus. Un petit sprint ou deux… oh, ça fera mal, mais tant que tu peux sentir la douleur, c’est que tu es toujours en vie, non ? Et ce n’est pas comme si tu avais le choix. Si le Blood Circle vous rattrape, ils ne se mettront pas à marcher obligeamment.
Tu es prêt à repartir. La blessure tire toujours et tu t’arranges pour ne pas trop forcer dessus afin de la ménager. Bien vite, une voiture suspecte vous oblige à plonger derrière un véhicule à l’arrêt. Elle passe sans vous voir, tant mieux. Malgré la position plus qu’inconfortable, tu ne bouges pas immédiatement. La rue est déserte pour le moment – tu imagines bien la tête des passants qui vous apercevraient ainsi cachés – mais elle ne le restera sans doute pas longtemps. Si vous pouvez gagner d’emblée un coin tranquille… ce sera toujours ça de pris. Maxime se concentre sur les alentours, tu restes le plus silencieux possible tout en t’interrogeant de nouveau sur ce sixième sens et ce qu’il cache vraiment. Tu bouges un peu pour soulager ta jambe, tout repos est bon à prendre. Tu restes tendu, prêt à réagir à la moindre alerte. Hmm, ce n’est pas bon s’ils se montrent plus prudents, surtout qu’ils sont en bien meilleure forme que vous.
— C’est possible, oui, ils ont pu en envoyer de meilleurs en voyant que ça tournait mal là-bas. Ou notre résistance les a convaincus de faire bien plus attention. Dans tous les cas, c’est mauvais pour nous.
Et ils risquent d’être d’autant plus déterminés à ne pas vous lâcher pour vous faire payer ce qui est arrivé à leurs collègues. Maxime se redresse en indiquant une indication. Tu te relèves en grimaçant, prends appui sur la voiture, ignorant ta jambe qui te signale à coups de pointes douloureuses qu’elle se passait très bien de bouger. Pas de course pour cette fois, heureusement. Les nerfs en alerte, tu guettes le moindre bruit, voiture ou claquements de pas, le moindre son de voix qui pourrait trahir une présence. À chaque bruit de moteur, vous prenez soin de ne pas vous faire voir. Tu ne perçois rien pour le moment, mais ils doivent continuer de quadriller le quartier.
Maxime s’arrête devant la grille d’un parc. Fermée. Mais au-delà vous serez plus difficiles à trouver, c’est votre meilleure occasion de les semer. Trop délicat d’utiliser la magie – mais quelle idée de faire des sortilèges aussi lumineux, pourquoi ne pas en inventer des invisibles ? Ce serait bien plus pratique. Tu évalues la hauteur de l’obstacle d’un coup d’œil, avec une pensée pour tes entraînements de parkour chez les Aurors. Ça va être chaud. Pas impossible, mais difficile. Ta carrure fluette cache des muscles plutôt solides, merci les entraînements depuis ton enfance. Maxime te demande ce qui est le plus simple pour toi. Au même instant, une nouvelle voiture vous oblige à vous replier. Est-ce qu’il y a vraiment autant de gens qui ne dorment pas à cette heure ? Ne pas y penser, ils ne vous ont toujours pas repérés, vous avez quelques minutes devant vous. La situation est vite jaugée : si tu passes le premier, l’atterrissage de l’autre côté va être compliqué ; si tu te rates et que tu ne peux pas l’aider… sans parler du fait que pour l’aider dans ce sens-là, ça pèsera plus sur tes jambes, alors qu’en l’aidant en premier, tu peux t’adosser à la grille – on a vu mieux comme soutien, mais ça te soulagera quand même. Ce qui lui complique les choses à elle.
— Le plus simple, c’est que je te fasse passer en premier, je pourrai mieux me placer et j’aurai peut-être besoin d’aide pour descendre. Mais ce sera plus compliqué pour toi, ça ira quand même ?
Ça lui convient malgré tout. Un regard sur la rue, toujours déserte. Tu poses ton sac avec un léger pincement au cœur, pour éviter qu’il gêne tes mouvements, puis tu t’adosses à la grille, joins les mains pour permettre à Maxime d’y poser le pied. Une inspiration pour te forcer à te détendre ; elle est proche, mais ce n’est pas un vrai contact. Malgré le soutien dans ton dos, l’effort pèse sur ta jambe et la douleur flashe quand tu noues tes muscles. Tu serres les dents tout en accompagnant son mouvement vers le haut jusqu’à ce qu’elle puisse atteindre une prise. L’effort te laisse pantelant, des points colorés dansant devant tes yeux. Ce n’est pas fini pourtant, il faut que tu y parviennes à ton tour. Tu la soutiens autant que possible, puis dès qu’elle n’a plus besoin de toi, tu récupères ton sac, tout en guettant les moindres bruits de la rue, le cœur battant.
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Dim 25 Avr - 17:33
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Plus les minutes passaient et plus ça devenait dangereux pour notre pomme. Même si je restais persuadée que l’union fait la force, que j’avais bien fait de venir le prévenir et de rester en sa compagnie, je pressentais qu’il fallait qu’on en finisse vite. La raison principale me semblait être qu’il ne tiendrait pas longtemps, ça se voyait qu’il souffrait que ce soit sur son visage fermé et livide mais aussi dans ses mouvements qui se faisaient moins fluides comme s’il devait à chaque pas prendre sur lui pour ne pas souffrir. Il n’y avait que la douleur liée à la blessure qui nous handicapait, nous étions des humains et lutter pour sa survie en étant fatiguée, ce que nous étions forcément, ce n’était pas évident. Je ne savais pas s’il en était de même pour nos poursuivants mais ils étaient agacés parce qu’on trouvait le moyen de leur fausser compagnie. Ils devaient aussi se douter que le fait que nous fuyons indiquait que nous voulions la paix. Ils traquaient des proies qu’ils savaient épuisées, voir affaiblies s’ils avaient vu le sang, donc ils ne lâcheraient pas et c’était à nous de faire le travail nécessaire pour nous assurer la vie.
Déjà que nous devions nous méfier des gens qui marchaient, ce qui n’était pas forcément évident avec la fatigue qui pointait le bout de son nez, fatigue de merde. Voilà qu’en prime je devais faire attention aux voitures. C’était compliquée, pas impossible, mais ça me demandait une concentration monstre. En plus, ils étaient discrets, soit je fatiguais de fou et j’avais plus de mal à les repérer soit on se tapait le commando de la discrétion. Autant demander vérification à mon spécialiste des moldus agressifs. J’aurais préféré qu’il me rigole au nez en disant que ça n’était pas possible. Là, il confirmait que c’était possible, qu’il y avait de fortes chances que ce soit parce qu’on avait géré. Tu parles, les genoux dans les gravillons j’avais l’impression de ne rien gérer du tout. Voilà qu’en prime il en rajoutait une couche en évoquant le fait que c’était mauvais pour nous. Ah bah ça je l’aurais parié mais je n’avais pas l’intention de perdre la vie ou ma liberté. Surtout qu’ils avaient pas du trop apprécier le fait qu’on tire leurs camarades comme des lapinous. En même temps, c’est eux qui avaient ouverts les hostilités, fallait pas s’attendre à ce qu’on se laisse faire.
Cette fois-ci, nous ne courrions plus, cherchant uniquement à ne pas nous faire repérer. Mettre de la distance entre eux et nous d’accord mais pas au prix d’efforts trop intense. Enfin ça c’était avant qu’on arrive devant une grille. C’est fou mais dans les films, il y avait toujours des trous dans le grillage pour se glisser. Là, pas du tout, on allait devoir escalader et ça allait être coton. Seul, c’était impossible. Est-ce qu’Eirian s’en sentait capable où est ce qu’il voudrait faire un détour pour ne pas que sa jambe morfle trop ? Nos assaillants lui laissèrent le temps de la réflexion puisqu’ils décidèrent de passer dans notre rue, à moins que ça soit des citadins, impossible à dire mais dans tous les cas mieux valait il faire preuve de prudence.
J’observais la rue tandis qu’il me répondait, moi d’abord donc, c’est noté. Je tournais la tête pour le regarder lorsqu’il me fit remarquer que ça serait plus compliqué pour moi dans ce cas de figure, je haussai les épaules, peu enquiquinée par cela. J’en profitais même pour faire un trait d’humour « ça me fera faire mon sport de la journée. » parce que c’est vrai que depuis tout à l’heure, je me la coulais tellement douce, les battements de mon cœur s’étaient intensifiés à cause du stress, bien sûr, pas du tout parce que j’en demandais beaucoup à mon corps et qu’il n’en pouvait presque plus. De toute façon, ce n’est pas comme si nous avions trente six solutions, je devais le faire, je le faisais et j’aurais tout le temps de récupérer une fois qu’on serait sorti d’affaires. Nous avancions vers la grille, prudemment et je le laissais prendre place. Lorsqu’il prit une inspiration comme s’il se préparait à une attaque imminente, je tournais la tête prête à foncer dans un intrus qui aurait été plus discret que les autres mais rien. Je me souvins alors, qu’il avait du mal avec les contacts physiques, c’était une galère ça quand même. Après, je ne pouvais rien dire, lorsque Kesabel avait posé sa main à l’endroit où ses dents avaient déchiré ma chair des années auparavant, j’avais eu l’impression qu’on me brûlait mais c’était une fois et pas avec l’envergure que ça semblait avoir pour Eirian. En plus, je ne pouvais pas ne pas m’appuyer sur lui, dire que j’allais me débrouiller autrement, je n’atteignais pas la première prise sans son aide.
Je pris place sur ses mains, le souffle court, une chance qu’il me donne l’impulsion nécessaire puisqu’une fois un des barreaux de la grille ou un des pics je sais pas trop comment on appelle ça je pédalais dans le vide quelques secondes le temps de trouver que mes pieds trouvent un endroit pour se stabiliser. Si j’avais voulu tendre le bras pour essayer de le faire monter jusqu’à moi, il me paraissait évident à présent que ça ne fonctionnerait pas de la sorte. Je m’occupais donc de grimper le plus rapidement possible, manquant par deux fois de chuter puisque mon pied glissa hors de sa prise mais je tins bon. Je pris mon temps, même si j’en avais que très peu pour passer de l’autre côté, n’ayant pas spécialement envie de m’embrocher sur leur grille de merde, oui même si c’était probablement des feuilles d’or puisque ça étincelait doré, je n’avais pas plus envie d’être embroché par de l’or que par du fer. Une fois en haut je me laissais glisser jusqu’en bas, puis manquant clairement de patience, je fis un saut pour le dernier mètre. Un saut qui ne me fit pas spécialement de bien mais je m’en fichais, nous n’avions pas le temps pour écouter mes muscles qui criaient de douleurs. A la place, je poussais un petit « J’ai réussi. » toute contente, bien qu’il ait dû suivre ma progression avec attention. Etant donné que je venais de demander beaucoup à mon corps, je décontractais mes poignets l’un, après l’autre pour essayer de les décrisper et je revenais prendre place devant la grille, passais les mains de part et d’autre d’un barreau avant de les lier pour lui permettre de prendre appui sur mes mains. Oh bon sang, à peine eut-il posé le pied sur mes mains qu’une lueur blanchâtre apparut dans mon champ de vision. Déjà qu’il me bousillait les mains voilà qu’en plus je devais le presser « Eirian, grouille toi, je crois qu’ils arrivent. » Je lui donnais l’impulsion nécessaire avant de me relever et de sortir le pistolet salvateur. Bien sûr, il vaudrait mieux ne pas s’en sortir, j’avais conscience que la moindre déflagration alerterait tous nos opposants mais si c’était ça ou laisser Eirian se faire cribler de balles, le choix était vite fait. Je ne suivais pas vraiment sa progression du regard, fixé sur la lueur blanche mais il semblerait qu’elle ne se rapproche pas plus de nous. Je relevais donc la tête pour observer le ouistiti à la patte folle et voir où il en était « Alors, tu as besoin d’aide pour quoi au juste, tu veux essayer de prendre appui sur mes épaules ? » J’allais morfler, je le sentais déjà mais j’allais pas le laisser en haut de la grille, c’était pas sympa, je me rapprochais de lui au cas où il hésitait pour montrer que je ne blaguais même pas – même si mon corps aurait préféré – « Tu te sens capable de rentrer ou vaudrait il mieux qu’on se couche par ici pour tenter de reprendre des forces ? » Qu’on soit clair, dormir à la belle étoile ne me faisait pas peur, surtout que je n’étais pas avec Poil de Châtaigne, que ça allait donc être des phases de sommeil très courtes avant que je me réveille donc le danger n’aurait pas vraiment le temps de venir et on ne va pas se mentir, je n’étais pas sûr de pouvoir marcher encore pendant des heures et je pensais qu’il en était de même pour lui d’après son état cadavérique depuis tout à l’heure.
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Lun 26 Avr - 21:55
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« juillet 2020 »
Le Blood Circle semble décidé à sortir les grands moyens pour mettre la main sur des sorciers. Tu en as rarement eu autant aux trousses – voire jamais – et sans Maxime tu ne t’en serais sans doute pas sorti. Si doué en sortilèges que tu sois, quand tu n’égares pas ta confiance en cours de route, seul face à onze, tu ne serais pas passé éternellement entre les balles. Déjà que là, ça ne l’a pas fait… Ton bandage de fortune te soulage un peu, mais ce n’est pas la fête non plus. Ta jambe te lance à chaque pas, mais vous êtes loin d’être en sécurité. Et cette douleur n’est certainement rien à côté de ce que vous ferait le Cercle s’il vous mettait la main dessus, c’est ce qui te fait serrer les dents et continuer à avancer. La fatigue de la traque commence à te rattraper, de pair avec celle qui te pèse sur les épaules depuis des semaines. Tu es loin de la forme dans laquelle tu étais il y a quelques mois. Tu peux faire illusion et t’en sortir sur des laps de temps brefs, comme pendant les missions avec l’Ordre, mais dès que ça dure plus longtemps, tu sens toute la différence. Tu ne sais même plus à quand remonte ta dernière nuit complète. Et l’épuisement émousse tes réflexes ainsi que ton endurance. Vos adversaires ne vous lâcheront pas ; ils doivent se douter que vous commencez à fatiguer et même si leurs renforts sont peu nombreux, ils ont l’immense avantage d’être bien plus frais. S’ils vous repèrent de nouveau, tu n’es pas sûr que vous parviendrez à leur échapper – du moins, tous les deux. Si par contre il y a la moindre chance que Maxime puisse profiter d’une ouverture… tu ne la laisseras pas passer, ce serait stupide qu’elle se fasse prendre parce que tu la ralentis. Mais tu espères surtout que la situation n’en viendra pas là.
Autre avantage du Cercle sur vous : ils peuvent se déplacer en voiture, ce qui leur évite une fatigue supplémentaire et les rend plus difficiles à repérer. Ce n’est que leur allure réduite qui attire ton attention, et vous plongez derrière les véhicules garés pour la nuit. Quand Maxime s’inquiète de leurs éventuelles compétences, tu lui réponds que ça ne sent pas bon pour vous – et même carrément mauvais. Tu regrettes un peu tes paroles en voyant sa mine, te dis un poil trop tard que tu aurais pu la rassurer ou au moins ne pas présenter la situation aussi crûment. Mais la fatigue te rend moins attentif, certains filtres sautent… et tu n’as de toute façon pas appris à enjoliver la réalité dans ce genre de situation, c’est le meilleur moyen de se faire avoir par excès de confiance. Mais tu as tendance à oublier que tout le monde n’a pas eu l’éducation quasi militaire donnée par tes parents – et ta mère a globalement suivi cette ligne-là quand vous vous êtes retrouvés tous les deux, il fallait bien ça pour échapper aux traqueurs lancés à vos trousses. Tes réflexes et tes réactions ne sont pas ceux d’un garçon de vingt ans normal et dans les moments de danger comme celui-ci, ce sont eux qui prennent le dessus. La survie avant tout, les précautions pour plus tard. Une fois les environs dégagés, tu suis Maxime guidée par son sixième sens. Pas de mauvaise surprise cette fois, vous tombez sur la grille d’un parc. Peut-être votre meilleure chance de vous en sortir si on ne vous voit pas y entrer. Et si tu peux franchir cette maudite barrière. L’espace entre les barreaux est trop étroit pour que vous ayez une chance de vous faufiler. Maxime te demande si tu t’en sens capable. Capable ou pas, tu dois le faire. C’est peut-être le dernier effort de la nuit. Le temps de laisser passer une nouvelle voiture à l’allure suspecte, et tu lui offres de passer en premier – ce qui n’est pas vraiment un cadeau puisqu’elle ne pourra pas s’appuyer contre la grille pour t’aider. Elle te répond d’une plaisanterie, et tu souris.
— Oui, jusqu’à maintenant, ce n’était que l’échauffement…
Tu n’en perds pas pour autant ta concentration. Et tu te focalises sur les gestes à accomplir, repousses le fait qu’elle sera bien trop proche – évidemment, puisque c’est le but de la manœuvre qu’elle s’appuie sur toi. Ce n’est pas le moment de laisser tes angoisses absurdes prendre le dessus. Ta réaction doit se voir car Maxime pivote brusquement comme à la recherche d’un ennemi. Non, il n’y a toujours rien. Pour le moment. Juste toi qui dérailles. Tu secoues la tête, te ressaisis. Tu ne peux pas vous faire perdre plus de temps. Bouge-toi. Maxime prend appui sur tes mains jointes, la grille dans ton dos t’aide à ne pas trop forcer sur ta jambe. Tu serres les dents tout en la propulsant vers le haut. Elle réussit à s’accrocher au sommet de la grille, tu t’écartes un peu pour ne pas risquer de prendre un coup de pied, prêt à lui venir en aide aussi si elle manque une prise. Tu récupères ton sac à dos tandis que du coin de l’œil, tu surveilles la rue. Toujours tranquille, pas de passants ni de voiture. Tu profites du répit pour reprendre ton souffle, la suite ne va pas être une partie de plaisir. Maxime manque de chuter, mais réussit à se reprendre. Avec angoisse, tu la suis des yeux tandis qu’elle se faufile entre les pointes – ce serait bien la poisse de s’empaler dessus après tout ce que vous avez traversé. Elle atterrit tant bien que mal de l’autre côté. Clairement, tu ne pourras pas sauter de la même façon, ta jambe n’encaissera pas le choc, et si tu pouvais éviter de te casser une cheville par-dessus le marché, ça t’arrangerait bien. Bon, c’est sans doute moins pire qu’une balle, moins définitif aussi, mais tout aussi peu pratique. Maxime savoure sa réussite.
— Bravo !
Elle ne tarde pas à passer ses mains de part et d’autre d’un barreau. Tu passes rapidement tes doigts moites sur ton jean, puis prends appui sur les mains de Maxime. L’effort envoie des éclats lumineux devant tes yeux – et encore, tu t’es servi de ta jambe gauche pour forcer, pas la droite. Une impulsion, et tu te cramponnes au sommet des barreaux, patines contre le métal avant de réussir à caler tes pieds. Comment ça, ils arrivent ?! Tu jures à voix basse, forces sur les muscles de tes bras pour te hisser à cheval au sommet de la grille. Tu aperçois les phares un peu plus loin, mais la voiture tourne avant de vous accrocher, tant mieux. Pour le coup, tu aurais offert une cible parfaite, perché au sommet de cette maudite grille, sans aucune protection à portée de main. Tu passes les deux jambes du même côté. En temps normal, en te tenant au haut de la grille, tu aurais pu sauter et te recevoir correctement, mais là… Maxime te propose son aide, ça t’ennuie de lui imposer ça, mais tu ne vois pas comment faire autrement.
— Je ne vais pas pouvoir sauter comme toi. Sur tes épaules, ou si tu peux accompagner le mouvement… Je vais me tenir à la grille au maximum, ça allégera le poids pour toi.
C’est tout sauf pratique comme manœuvre ; tu te retiens à la grille autant que tu peux pour ne pas trop peser sur elle. Tes bras tremblent sous l’effort, ce n’est pas cette nuit que tu feras des tractions. En fin de compte, tu touches de nouveau terre, pantelant.
— Merci. Je n’y serais pas arrivé seul.
Tu entraînes Maxime un peu plus loin, sous les arbres, là où vous ne serez pas repérables. Pour ce que tu en sais, ils n’ont pas encore de détecteur de magie.
Rentrer… Encore faudrait-il que tu aies un endroit où rentrer, c’est bien parce que tu en cherchais un qu’ils ont fini par te repérer. Et ce n’est pas dans cet état que tu te mettras en quête d’un lieu où dormir. Tu tiens à peine debout, tu frissonnes. Le soulagement de vous retrouver en relative sécurité te fait vaciller. Même si tu te soignais maintenant, ça ne te rendrait pas tes forces. Hé… peut-être que pour une fois, tu dormiras bien ? Mouais, pas avec le Blood Circle dans les parages. Maxime n’a pas l’air beaucoup plus vaillant – enfin, si, n’importe qui a l’air bien plus vaillant à côté de toi en cet instant – mais elle a sûrement un endroit où dormir. Surtout qu’elle n’est pas équipée pour une nuit à la belle étoile. Pour toi… tu l’as déjà expérimenté et ce n’est pas le pire que tu aies vécu : le temps est beau, il ne fait pas froid, même si ça piquera aux petites heures de l’aube… rien qui ne soit insurmontable. Si tu dois lui expliquer pourquoi tu te trimballes aussi avec un sac de couchage et une couverture, ça va devenir un numéro d’équilibriste. Peut-être en prétextant que tu as dormi chez des amis les nuits précédentes, et que tu aurais dû rentrer chez toi ce soir, tu profitais de l’air frais sur le chemin du retour de la gare… ce n’est pas le trajet le plus cohérent qui soit, mais c’est probablement l’explication la plus plausible. En tout cas, tu n’es pas en état de faire mieux.
— Je n’irais sans doute pas beaucoup plus loin ce soir. Mais toi, tu peux rentrer chez toi, te mettre en sécurité. Tu n’as pas à passer la nuit dehors. Je peux me débrouiller, tu as déjà énormément fait.
C'est le plus prudent pour elle.
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Dim 27 Juin - 22:08
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Jusqu’à maintenant, ça n’avait été que l’échauffement et bien mes muscles étaient déjà bien fourbus, c’était un échauffement tout ce qu’il y a de plus épuisant. Mieux valait il en rire qu’en pleurer et le voir sourire dans cette épreuve que nous vivions, je trouvais ça très bien. Tant qu’il trouvait le moyen de rétorquer c’est qu’il avait cette volonté de s’en sortir. Enfin ça ne faisait pas tout non plus, nous avions intérêt à nous bouger les fesses si nous voulions que cette volonté soit la réalité. Pour cela, il fallait bouger et manque de pot pour nous, il semblerait qu’il y ait un ennemi. En tout cas c’est comme ça que j’avais interprété l’inspiration d’Eirian. Par chance, j’avais compris de travers. Si ça n’avait pas été le cas, je me demande si nous nous en serions sorti, oui nous aurions essayé de défendre nos vies mais nous étions un peu fatigués et il y avait de fortes chances que face à des adversaires en forme, nous ne fassions plus le poids.
Dire qu’en temps normal grimper sur cette grille aurait été un jeu d’enfant, là je devais faire attention où je mettais les pieds pour ne pas avoir de mauvaises surprises, dégringoler et devoir recommencer n’étant pas ce qu’il y avait de plus motivant. Pourtant, même avec toutes les précautions du monde, j’eus un peu de mal et dérapais par moment. Le seul but étant de retomber du bon côté du portail, je finis par réussir, sautant pour terminer et gagner du temps. J’avais réussi, c’était la seule chose qui comptait, plus qu’Eirian à faire passer et nous pourrions nous éloigner et nous reposer. A son bravo, je m’inclinais gracieusement, tout le plaisir était pour moi, pour sauver ma peau j’étais prête à tout. Je revenais l’aider et constatais en le voyant se hisser qu’il allait de moins en moins bien. C’était léger mais en étant attentive, je remarquais que ses gestes n’étaient pas fluides. Je me crispais en le voyant faire mais j’étais bien impuissante, il m’était impossible de remonter pour venir l’aider et j’avais l’impression qu’il y avait du monde qui venait nous embêter. Je me préparais donc à intervenir sans savoir quoi faire au juste, leur tirer dessus, il faudrait que je vise bien et qu’il se dépêche pour que tout le monde s’en sorte. Il faut croire que nous n’aurions pas à voir si je visais assez bien puisque la voiture s’éloignait me faisant soupirer de soulagement. Je relevais le bout du nez pour voir qu’Eirian venait de passer de mon côté de la grille. Je me rapprochais de lui pour voir si je pouvais lui venir en aide. Je hochais la tête lorsqu’il me dit ne pas être en capacité de sauter, ça je l’aurais parié. La douleur serait passagère dans tous les cas, je m’en remettrais, chose qui ne risquait pas d’arriver si les relous du Blood Circle nous tombait dessus. « Fais ce qu’il faut Eirian, le but c’est qu’on s’en sorte vite. » L’opération pour le faire descendre ne fut pas une partie de plaisir, ça demandait beaucoup d’efforts et ce fut un soulagement lorsqu’il fut à terre et que je n’eus plus à supporter le moindre poids sur mon corps. Je tournais la tête vers lui, le souffle court, lorsqu’il me remercia « On forme une bonne équipe. Je ne te dis pas que je serais partante pour refaire ça tous les soirs par contre. » Mon corps ne le supporterait pas de toute façon.
Je me laissais entraîner par lui, fourbu, regardant derrière nous comme si à tout instant, je craignais d’être repéré mais s’il voulait rentrer, je l’accompagnerais et je me débrouillerais par la suite pour rentrer. S’il voulait rester ici et bien les broussailles feraient un abri parfait, je ne ferais pas la fine bouche et je savais ce que c’était de dormir dehors. De toute façon, fatiguée comme je l’étais je m’écroulerais et avec un peu de chance j’arriverais à ne pas cauchemarder car trop épuisée. Je m’arrêtais de marcher lorsqu’il me repoussa. Mon regard sombre le fixa tandis que je secouais la tête de gauche à droite, têtue comme une mule. « Tu gâches ta salive Eirian, je ne partirais. Je t’ai laissé deux options. La première je te raccompagnais, la seconde on dormait ici. Je ne sais pas à quel moment tu as cru entendre qu’il y avait une troisième option à savoir je te laissais ici et moi je me tirais mais tu as mal entendu. Je reste avec toi. » Pour lui montrer à quel point j’étais sérieuse, j’avisais un buisson bien épais et me faufilais à travers lui pour ne pas être repéré par des potentiels patients matinaux, ne lui laissant pas vraiment le choix de protester, je lui demandais à voix basse « Tu viens ? » C’était idiot de chuchoter, personne n’avait l’ouie fine parmi les moldus qui nous pourchassaient, sinon nous serions morts depuis longtemps. Je tapotais le sol, ça ne m’avait pas manqué ça mais bon, il était hors de question que je le laisse tout seul. Je regardais son sac à dos « Est-ce que tu veux bien qu’on se serve de ton sac à dos comme d’oreiller ? Je sais ce n’est pas ultra confortable mais ce n’est que l’espace de quelques heures, jusqu’à ce que le soleil se lève, il faut que l’on grapille des forces pour être en mesure de bouger. » Bon la prudence aurait voulu que nous fassions des tours de garde mais ça n’était pas la peine de rêver, l’un comme l’autre nous étions épuisé et vu l’endroit où nous allions dormir, il y a de fortes chance que l’on se réveille souvent. Je m’allongeais sur le sol pour montrer l’exemple et lui montrer que je n’avais pas l’intention de bouger. En revanche, j’étais pensive, est ce que demain il ne vaudrait mieux pas l’emmener à Sainte Mangouste ? J’aurais aimé en parler avec lui mais il me semblait être le genre de personne à vouloir régler ses affaires tout seul, oui comme moi. Je n’avais donc rien à dire.
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Jeu 15 Juil - 19:33
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« juillet 2020 »
Tu essaies de plaisanter un peu, vous n’êtes clairement pas à la fête, c’est d’une évidence formelle, mais vous n’êtes pas obligés d’afficher des mines d’enterrement ou défaitistes. Tu ne te la joues pas en mode « je me ris du danger » mais ça t’aide à tenir, même si tu restes pleinement concentré sur la suite et surtout sur l’effort à venir. Si le Blood Circle débarque de nouveau, tu ne parierais pas franchement sur vous – surtout sur toi. C’est juste de la lucidité. Et ça ne t’empêchera pas de faire tout ce qui est possible pour les fuir. Tu auras tout le temps de t’écrouler une fois un peu plus en sécurité. Tu espères que ton corps ne va pas te lâcher au pire moment, ça fait des mois que tu tires sur tes limites, que tu exiges toujours plus de lui pour pallier tes propres insuffisances. Tu ne dors pas, tu ne manges pas assez, et tu lui demandes ensuite d’affronter le Cercle comme si tu étais au sommet de ta forme… De toutes tes forces, tu souhaites qu’ils ne vous retrouvent pas cette fois.
Maxime escalade la grille la première, tu suis sa progression en restant attentif à ce qui vous entoure, mais rien de suspect n’attire ton attention. Tant mieux. Maxime s’incline lorsque tu la félicites d’être passée de l’autre côté, un sourire t’échappe. Oui, vous avez besoin de libérer une partie de cette tension. Tu te lances à ton tour dans l’ascension de la grille, bien loin de ta souplesse habituelle. En temps normal, ça n’aurait été qu’une formalité, tu es assez sportif pour que ce ne soit pas un réel obstacle, mais ce soir, tu es déjà plus que content de réussir à atteindre le sommet sans retomber. Sans compter que les ennemis semblent se rapprocher. Un petit coup de pression supplémentaire, c’était exactement ce qu’il te fallait, parfait, il ne manquerait plus qu’ils puissent s’offrir une séance de tir au pigeon – enfin, à l’aigle. Heureusement, la voiture s’éloigne sans s’arrêter. Ta bonne étoile doit briller ce soir. Tes bras tremblent tandis que tu enjambes la grille.
Tu n’arriveras pas à descendre sans l’aide de Maxime. Tu lui expliques ton plan, elle ne rechigne pas à t’aider. Tu n’as pas le temps de faire dans la dentelle, même si tu essaies au maximum de ne pas trop peser sur elle. Enfin, tu finis par toucher terre en un seul morceau et du bon côté de la grille. Une bonne chose de faite. Pourvu que ce soit le dernier exercice de la soirée, tu ne tiens pratiquement debout qu’à force de volonté et sans doute un bon shoot d’adrénaline. Un vertige te saisit, tu t’efforces de te reprendre tout en remerciant Maxime. Une bonne équipe, ça, c’est sûr. Un sourire fatigué t’échappe quand elle dit qu’elle ne ferait pas ça tous les soirs. Ça ne sert à rien de faire semblant sur ce sujet-là.
— Pour être honnête… moi non plus.
Tu l’entraînes loin de la grille, là où on ne risquera plus de vous repérer, le temps de décider de la suite. Il y a des chances que les membres du Blood Circle continuent de patrouiller dans le quartier une partie de la nuit – à moins qu’ils se disent que vous avez réussi à passer entre les mailles du filet. Tu les vois mal prendre la peine de fouiller le parc. La sortie risque d’être compliquée par contre, tu ne réussiras pas à escalader une nouvelle grille, mais Maxime le pourra peut-être. Tu ne tiens pas à ce qu’elle passe la nuit là par ta faute, elle t’a déjà bien assez aidé. Lorsque tu le lui dis, elle s’arrête en secouant la tête, l’air têtu. Vous avez l’air de vous valoir sur ce coup-là. Elle n’a aucune intention de partir. Soit elle te raccompagne, soit vous restez là. La première option est hors de question, puisque tu n’as nulle part où aller, et tu ne la laisserais pas non plus repartir seule dans les rues après ce que vous avez traversé. Tu agirais certainement comme elle à sa place, mais là ça t’embête un peu, il va falloir que tu te montres prudent pour ne pas trop en dévoiler sur toi. Tu n’as pas vraiment l’énergie d’argumenter et toute son attitude dit bien assez qu’elle ne compte pas céder.
— Très bien. On reste ici alors.
Décidée, elle se glisse dans un buisson.
—Je te suis.
Ce que tu fais tant bien que mal. Ta jambe te lance toujours autant, tu t’appuies dessus aussi peu que possible. Il va être grand temps que tu arrêtes de forcer. Ton bandage de fortune tient encore, mais il faut que tu nettoies tout ça. Vu que ta jambe reste globalement fonctionnelle, ça ne doit pas aller au-delà de tes compétences et tu éviteras la case hôpital – tu n’as de toute façon aucune intention de t’y rendre. Les blouses blanches et les salles d’opération te font froid dans le dos, hors de question que tu y mettes les pieds à moins d’être à l’article de la mort et ce n’est pas le cas. Maxime trouve un coin acceptable pour vous accueillir pour la nuit, tu vérifies rapidement les alentours. C’est assez abrité pour qu’on ne vous repère pas depuis les allées, il faudrait vraiment le vouloir pour vous trouver. On va dire que c’est assez sécurisé pour le moment. Une bonne chose de faite.
Ton sac à dos… Hmm. En le maniant avec précaution, ça devrait passer, il fait surtout du bruit lorsque tu le poses au sol, mais sa forme reste assez souple pour faire illusion. Tu ne peux que valider ses paroles, vous avez besoin de reprendre des forces. Elle s’allonge déjà au sol. Tu te gardes bien de l’imiter, si tu t’assois, tu ne te relèveras pas et tu as encore des choses à faire. Un instant encore, le temps de décider ce que tu peux concéder et de bricoler tes explications – plus que bancales, mais tu ne vas pas la laisser dormir à même le sol alors que tu as ce qu’il faut dans ton sac. Aligner tes idées devient de plus en plus difficile, tu n’en peux plus.
— Attends, j’ai mieux… J’ai dormi chez des potes, j’aurais mieux fait d’y rester une nuit de plus, mais j’ai de quoi transformer ça en camping quatre étoiles.
Tu ouvres ton sac, en sors ton sac de couchage et un pull supplémentaire, donnes le tout à Maxime.
— Tiens, pour ne pas avoir froid. En ouvrant complètement le sac, ça devrait nous isoler assez du sol et c’est assez large pour qu’on tienne à deux. Je te laisse l’installer ? Je reviens, le temps d’arranger un peu ça. Je ramène le sac à dos après.
Tu désignes ta jambe. Tu ne feras sans doute pas grand-chose de plus qu’un coup de désinfectant et un pansement décent, le reste attendra qu’il fasse jour. Peut-être changer de pantalon aussi, celui-ci commence à se raidir avec le sang qui sèche et ce sera sans doute plus simple de te changer là plutôt qu’une fois le soleil levé. Au moins, la nuit te permet de rester discret. Et si jamais on vous débusque, autant être de nouveau à l’aise pour bouger dans tes vêtements – même si tu pries pour que ça n’arrive pas. Et si rien ne se passe, eh bien, tu seras paré pour aller bosser. Une grimace t’échappe. Pas la peine d’y penser maintenant.
Et peut-être qu’une fois les urgences réglées, tu pourras te reposer. Tu doutes d’arriver à dormir si près de quelqu’un, même une alliée, mais t’allonger te soulagera au moins un peu. Ton corps n’aspire plus qu’à ça. Quelques minutes à tenir, encore, et ce sera bon. Tu t’écartes, assez pour être hors de vue de Maxime, mais tu restes attentif aux bruits de la nuit.
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Lun 26 Juil - 20:29
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Etre sportif c’est bien, enfin disons que je n’avais rien contre mais alors par contre en pleine nuit et parce que nous risquions nos vies, tout de suite c’était moins sympathique et cela même si nous formions une bonne équipe. Il semblait d’accord avec moi sur le fait de ne pas refaire ça tous les soirs. Une chance, vu l’état dans lequel il était, pas sûr que ça aurait été une bonne chose. Après, excepté le fait qu’on ne m’avait pas tiré dessus – une chance – je n’étais pas dans un état de forme olympique et je devais avoir les mêmes ambitions qu’Eirian à cet instant, me poser dans un endroit et m’endormir. Je n’avais pas la moindre idée de s’il savait où il allait mais je le suivais dans l’espoir que ça soit le cas.
Par contre, il y avait une chose qu’il semblait ne pas avoir pris en compte ce soir, je l’avais suivi du début au ¾ de l’histoire, ça n’était pas pour filer maintenant. Nos chemins se sépareraient quand je serais sûre qu’il n’y avait aucun danger pour lui, il pouvait bien râler autant qu’il veut, j’allais me la jouer sangsue et le coller jusqu’à ce qu’il abdique, épuisé. Bon mon plan tomba un peu à l’eau puisqu’il accepta presque tout de suite, est ce qu’il lisait pas un peu dans les pensées ce garçon et qu’il avait deviné que je ne lâcherais rien. Je le fixais comme pour lui dire, attention mon petit gars je t’ai à l’œil.
Direction un buisson. Bon avec un peu d’imagination – beaucoup – on pouvait se dire que ça ressemblait à ces lieux insolites pour dormir comme on pouvait parfois en voir à la télévision. Eirian me rejoignit aussi rapidement qu’il pouvait mais la confiance régnait puisqu’il observait partout aux alentours comme si j’allais lui trouver un endroit qui nous mettrait en danger, le but c’était de reprendre des forces pas de devoir faire attention à tout. Il semblerait qu’il finisse par admettre, au moins mentalement, que je ne faisais pas n’importe quoi puisqu’il ne fit pas la moindre remarque. Moi en revanche, j’avais bien vu qu’il avait un sac à dos, je ne voyais que ça pour nous faire une espèce d’oreiller et éviter qu’on ait la tête à même le sol. Il m’arrêta dans mes idées en disant qu’il avait mieux. Ah il avait dormi chez des amis, je ne pouvais qu’hocher la tête lorsqu’il émit l’hypothèse qu’il aurait mieux fait d’y dormir un soir de plus. « Au moins, ça nous a permis de faire du sport et de nous prouver qu’on assure bien plus que des gens entraîner à nous éliminer. » Je regardais, très attirée, son sac pour voir ce qui pouvait bien changer un camping à la dure en camping 4 étoiles et je dois avouer qu’il avait parfaitement raison, un sac de couchage ! « Tu es génial, tu le sais ça ? »
J’écoutais ses instructions à la lettre, m’emparant du sac de couchage tandis qu’il partait s’occuper de lui. Je surveillais chacun des bruits avec une attention redoublée tant que je ne l’avais plus dans mon champ de vision, comme si le fait de ne plus le voir allait le mettre en danger. Mieux valait il être prudente, vu l’état de sa jambe, le moindre danger pouvait lui être fatale et je serais la seule à pouvoir intervenir. Dans un même temps, je m’occupais d’ouvrir le sac de couchage et de l’étaler au sol. Je retirais mes chaussures avant de grimper dessus, je n’allais pas salir ses affaires tout de même, j’avais un peu d’éducation. Je marchais donc dessus à quatre patte pour vérifier qu’il n’y avait rien de douloureux nulle part et je me retenais de m’allonger en attendant qu’il revienne. Il en mettait du temps quand même, mes yeux se fermaient tout seuls. J’aurais pu me mentir à moi-même et dire que c’’était pour mieux entendre mais c’était totalement erroné, j’étais juste crevée.
Je vis donc comme une délivrance le fait qu’Eirian revienne avec le sac à dos. Non ça n’était pas le sac à dos qui m’intéressait, bon d’accord un peu quand même. Je le regardais quelques secondes, vérifiant qu’il allait bien ou tout du moins qu’il n’était pas dans un état critique – même si je n’aurais pas su quoi faire si ça avait été le cas. Il semblerait que ça aille donc je m’allongeais, enfin et laissais ma tête reposer sur notre oreiller de fortune. En temps normal, j’aurais certainement dû dire qu’il fallait un tour de garde mais soyons honnête que ce soit lui comme moi, nous n’étions pas en capacité de veiller, bien sûr que nous allions nous effondrer et certainement que la nuit n’allait pas être agréable et que les cauchemars allaient me rattraper mais je n’y pouvais pas grand-chose, je n’aurais jamais laissé Eirian seul, je murmurais à son intention « Bonne nuit Eirian, j’espère que la prochaine nuit que nous passerions ensemble sera moins mouvementée. » Si réponse il y eut, je ne l’entendis pas m’étant complètement endormie.
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