Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
Ma sœur et moi avions toujours été fort différents. Peut-être était-ce avant tout en raison de nos onze années d’écart, ou juste parce que nous n’avions clairement pas les mêmes ambitions ni les mêmes aspirations… Nous avions grandi loin l’un de l’autre, puisque j’étais entré à Durmstrang l’année de sa naissance. Et quand, à quatorze ans, j’avais rejoint l’Angleterre, autant dire que la petite Elvira n’était pas vraiment dans mes pensées. Je ne l’avais que très peu connue durant son enfance, en réalité, hormis lors des vacances scolaires… c’était peu. Sans doute bien trop peu pour développer une vraie relation fraternelle. D’une certaine manière, cela m’ennuyait, tout de même, puisque la tradition et les valeurs familiales classiques avaient voulu que ma sœur soit des nôtres lors de mon mariage avec Elianor, en 1996. En soi, sa présence ne m’avait pas dérangé, puisque j’étais entièrement focalisé sur celle à qui je liais mon destin et qui occupait mes pensées nuit et jour… Il fallait dire, aussi, qu’Elianor, qui était toujours superbe au quotidien, avait revêtu ses plus beaux atours… Je n’avais pas pu voir sa robe avant le mariage, mais lorsqu’elle était apparue devant moi, j’avais eu la très nette impression que mon cœur avait littéralement loupé un battement. Ce jour-là, mon épouse était l’incarnation même de la grâce, de la délicatesse et de la beauté. J’avais eu l’impression de vivre un autre coup de foudre pour elle… comme j’avais parfois l’impression de retomber amoureux d’elle chaque jour…
Bref, c’était après que les choses s’étaient un peu compliquées. Quelques courriers échangés, pour des nouvelles, d’abord, puis, peu à peu, il y avait cette impression qui se rendait presque palpable entre les lignes couchées sur le parchemin. Ma sœur, du haut de ses dix-huit ans, se découvrait un peu à travers les mots et il y avait dans ses lettres comme une volonté de créer le lien. Mais moi, le voulais-je ? C’était une autre histoire. J’avais envers ma sœur un regard un peu critique. Je savais que nos parents avaient changé leur baguette d’épaule pour l’éducation de ma petite sœur. Pas dans le sens où elle avait dû vivre ce que moi j’avais vécu chez mes grands-parents, mais plutôt dans le sens où père avait dû axer ses principes sur des valeurs un peu différentes. J’en avais toujours voulu à mon père d’avoir choisi d’épouser une sorcière dont le sang était aussi impur. Je ne savais pas où il était allé dégoter cette sang-de-bourbe pour lui faire des gosses, mais cette maudite femme avait pourri mon existence avant même de me donner la vie. Quant à mon père… satané sorcier indigne de ses parents et des valeurs traditionnelles qu’il était !
Mais après le mariage et les courriers, il y avait eu une sorte de complicité qui était née entre mon épouse et ma sœur. Je les soupçonnais, d’ailleurs, de s’écrire sans que je ne le sache. Peut-être avaient-elles sympathisé, mais j’étais trop absorbé par mon travail et par des projets pour m’en rendre vraiment compte. Et puis, la nouvelle était tombée, avec un parchemin fraîchement envoyé par Elvira. Elle nous invitait pour les fêtes. Lire cela m’avait peut-être agacé un peu plus que nécessaire. Elianor était enceinte, je ne nous voyais pas partir pour la Norvège. Était-ce raisonnable, dans son état ? Et puis, le climat norvégien était rude, surtout en période hivernale… Et puis… je n’avais pas très envie de rencontrer le fiancé de ma sœur. Sven était un sorcier de sang mêlé, il devait avoir l’âge d’Elianor… mais je ne m’étais jamais intéressé à lui. Après tout, tant qu’il n’était pas marié à Elvira, je pouvais toujours dire qu’il ne faisait pas partie de la famille…
Je reposai le parchemin sur la table du salon et je fis quelques pas pour plonger mon regard dans les flammes qui crépitaient dans l’âtre. La chaleur qui se diffusait était douce, juste comme ce qu’il fallait pour créer une atmosphère agréable mais pas étouffante.
« Mais qu’est-ce qui lui prend ? » J’avais posé la question sans me détourner des flammes. Elianor savait très bien que je n’avais jamais été proche de ma sœur et je supposais qu’elle devait bien se douter que cette invitation ne me remplissait pas vraiment de joie…
Je craignais que cela fût rébarbatif. Je connaissais bien la région, évidemment, mais je ne pouvais pas imaginer entraîner Elianor dans des randonnées en montagnes et en forêts. Pas dans son état. J’avais bien trop peur qu’il arrivât un malheur. Je me tournais vers elle. « Qu’en penses-tu ? » Au fond, peut-être que ma sœur voulait juste avoir l’occasion de passer un peu de temps avec nous avant la naissance de notre premier enfant… peut-être qu’elle voulait avoir l’impression que son rôle dans la vie de notre bébé à venir allait être différent et, peut-être même, important… Mais pour l’heure, je n’étais pas vraiment de cet avis.
Le soleil s’était éveillé dans un voile ambré, visage bercé par une luminosité drapée. Ta peau de lait semble s’embraser sous les rideaux surplombant l’évier, tu n’es pas vraiment faite pour bronzer mais ça n’a jamais été pour t’offusquer. Une longue natte plonge le long de ton épaule gauche, caressant la courbe de ton sein pour finir sa course à hauteur d’un nombril finement arrondit, début d’un nouvel esprit à assagir. L’automne s’épanoui sous un ciel aujourd’hui bleu-gris, alors que la fumée de l’eau bouillante remonte à ton nez, bientôt envahie d’une odeur fine de bergamote. William semble trier le courrier, comme à chaque matinée, entre deux coups d’œil à la Gazette du sorcier qu’il a déjà épluché. Factures et paiements se confondent pour vos emplois respectifs et parmi eux, une lettre qui assombrie le visage de ton mari. Tu lui connais un éventail intense d’émotions opposées, qui ne semble que s’étayer au fil des années. Il semble souvent en proie à des maux que tu ne saurais juger ou prétendre comprendre, toi parfaite création d’une éducation mesurée au degré près. Il a pourtant appris à découvrir au fil de ces quelques années, une plus grande étendue de ta personnalité, de ce tableau sans bavure qui s’affiche à ceux qui ne savent pas regarder plus loin que le bout de leur nez. Ce qu’il t’a permis de réaliser c’est que ta perfection va bien au-delà de ton éducation, que c’est dans les défauts de ta personnalité que tu scintilles et que tu pétilles, que rien ne te résiste même lorsque ton regard s’assombrit. Tu n’es pas supposée plaire à la terre entière contrairement à ce que tes parents t’ont inculqués, tu ne dois pas nécessairement chercher à briller en société : ton éducation dépasse déjà nombre de sujets bordant les allées du ministère. Tu appartiens à une élite qui préfère rester dans l’ombre, travailler jusqu’à l’ivresse quitte à plonger dans l’overdose, qui n’a pas peur de se malmener : tu n’es pas plus de sucre que de papier. Jolie poupée au teint clair et aux cheveux obscurs. Le thé est versé dans deux tasses jumelles, dont l’une est déposée au milieu des papiers qui s’entassent sur la table à manger. William bougonne à l’attention de l’encre versée, avant de s’avancer de quelques pas vers le foyer ; là où les flammes lèchent avec avidité la pierre grise, où le bois crépite et où les étincelles luisent. Une image qui, si tu t’y perds, te ramène à la cheminée présente dans la chambre de ta mère, là même où ton esprit s’est forcé à grandir plus vite, peut-être même trop vite. Propulsée dans l’esprit d’une adulte avant d’avoir perdue la virginité offerte à celui qui aujourd’hui, pour une fois encore, demande ton avis. Serais-tu pareille à un équilibre pour lui ? Un point d’ancrage auquel se référer dans la plupart des situations pouvant sembler nécessiter un avis plus que tranché ? Tu ne t’es jamais demandée ce qu’il avait pu penser de l’éducation que tu avais reçu et si ta proximité avec l’aristocratie avait pu jouer un rôle quelconque dans l’intérêt qu’il avait éprouvé pour toi. Si finalement papa et maman n’avaient pas eu un peu raison de prôner que l’image que tu donnais serait essentielle dans chacune de tes relations, de tes rencontres.
- Je pense que le thé est trop chaud et que ce feu n’aura bientôt plus de bois pour subsister, tout comme tu ne peux pas éternellement fuir ce qu’il reste de ta famille et qui est, d’une certaine façon, devenue la mienne et qui deviendra aussi la sienne, phrase ponctuée d’un regard pour ton ventre, juste avant que tu ne t’installes à table et que la finesse de tes doigts ne se glisse en écharpe autour de ta tasse.
Elvira ne ressemblait pas à William dans sa façon d’être, son caractère et ses raisonnements, c’était finalement une chose que tu appréciais, que de constater que dans une famille tout le monde ne doit pas s’apparenter au détail près. Tu avais pu leur trouver des traits communs lorsque tu l’avais rencontrée, à votre union, cinq ans plus tôt. Cinq ans déjà, que le temps peut filer, sans qu’on n’ose le soupçonner. William compose ton jardin secret, tes nuits enfiévrées et tes journées sucrées ; il a su révéler une part du monde que tu ne soupçonnais, ajouter des couleurs à ton nuancier souvent trop pâle. Tu te voudrais rassurante pour lui comme il peut l’être pour toi, alors finalement tes jambes se déploient pour marcher jusqu’à lui, tes bras se glissent autour de sa taille et ton nez se pose contre le tissu de son haut, dans son dos. Un instant tes paupières s’abaissent et comme si tu ne la connaissais pas déjà par cœur, tu humes son odeur, puis la chaleur de tes mots glissent entre les mailles du textile pour effleurer sa peau.
- Puis j’aimerais beaucoup voir la Norvège, je n’ai jamais pu observer la lune ou le soleil depuis cette position de la Terre.
Comme un vœu soufflé là, sous les crépitements du bois.
La vie de couple que nous menions, Elianor et moi, était quelque chose que je ne pouvais qu’apprécier. Notre mariage ne datait pas de bien longtemps, cinq années… enfin, c’était à la fois beaucoup et peu… J’aimais cette impression, en fait. J’aimais ce que je vivais et ce que je ressentais. Partager ma vie avec elle, c’était aussi intense que fou. Chaque petit détail du quotidien, en sa présence, prenait une soudaine importance, comme si une microscopique particule de poussière toute simple pouvait receler une multitude de merveilles inattendues. Quand mon épouse n’était pas loin de moi, je me sentais comme envahi par des émotions que je n’aurais pas pu imaginer ressentir aussi longtemps pour quelqu’un. C’était comparable à cette idée étrange de retomber chaque jour nouvellement amoureux d’elle.
Dans nos moments matinaux, chacun avait ses petites habitudes… je prenais toujours le temps de lire le courrier, de parcourir la Gazette du Sorcier et de trier quelques parchemins que nous avions reçus le jour même. Je faisais cela avec la minutie qui me caractérisait habituellement. Elianor, elle, ne s’occupait pas souvent des nouvelles. Et cela ne me dérangeait pas de le faire. En réalité, j’étais même dans l’optique que tout ce que je pouvais faire pour permettre à ma femme de ne pas avoir à réaliser des tâches ingrates ou peu agréables, je le faisais. Particulièrement depuis qu’elle m’avait annoncé sa grossesse. Moi qui rêvais depuis des années d’être père, Elianor Prince était en train de réaliser ce souhait que j’avais bien ancré au fond de moi…
La paternité… Je ne savais pas exactement pourquoi, mais je voyais cela comme quelque chose de magnifique. Et j’avais très envie de pouvoir vivre cette expérience. Je m’imaginais cela comme si la naissance d’un enfant allait littéralement me transfigurer. Je rêvais de tenir dans mes bras ce petit bébé qui grandissait lentement dans le vendre de ma chère et tendre… Garçon ou fille, peu m’importait, je voulais que nous puissions former une famille et être heureux tous ensemble, rien de plus. Je tenais à être un bon père de famille, le genre d’homme à être présent, impliqué et aux petits soins… et cela avait commencé bien avant la grossesse de ma femme.
Si la famille était si importante, qu’est-ce qui me gênait tant dans l’idée de retrouver ma sœur ? Tout simplement le fait que je savais bien qu’Elvira était bien différente de moi et que nous ne pouvions pas le nier. Mais je n’aurais jamais pensé que ce genre de sujet puisse un jour venir sur le tapis. Il y avait si longtemps que nous étions éloignés, tant géographiquement que pour le reste, d’ailleurs…
Sur fond de thé et de feu crépitant, la missive avait été ouverte et son contenu révélé… Et devant ma femme, je ne faisais pas semblant. De toutes les personnes que je fréquentais au quotidien, il n’y avait que ma femme qui pouvait se targuer de me connaître mieux que quiconque. Même mes deux meilleurs amis n’avaient guère connaissance de certaines de mes facettes. Je mettais Elianor au-dessus de toute autre personne, à vrai dire. Elle était la seule, l’unique. Je lui demandais régulièrement son avis, parce que ses idées m’importaient. Cela avait toujours été le cas, même si, parfois, l’éducation qu’avait reçue mon épouse me donnait envie de sourire… j’aimais son port altier, son attitude impeccable et son visage de porcelaine, mais j’aimais aussi échanger avec elle, nos discussions étaient riches et intéressantes. Elianor était ce genre de femme qui me stimulait aussi intellectuellement. C’était l’une de ses qualités qui, à mes yeux, valait son pesant d’or.
Ses mots sur la famille m’atteignirent. Peut-être parce qu’elle parlait de notre enfant, aussi. Les cousins et cousines sont souvent de bons compagnons de jeux et, parfois, ce sont aussi les premiers amis que l’on peut se faire dans la vie. Je fermai les yeux un instant. Avais-je envie que notre enfant grandisse sans connaître sa famille paternelle ? La honte que j’éprouvais vis-à-vis de ma mère et de son odieux sang devait-elle entacher la famille que nous nous apprêtions à fonder, Elianor et moi ? Elle vint près de moi. Je perçus d’abord le mouvement silencieux, mais qui déplaçait tout de même un peu d’air dans la pièce, puis je sentis son corps tout près du mien. Une sensation de chaleur m’envahit. Ces gestes, empreints de tendresse et de bienveillance, me parlaient bien plus que ce que j’aurais pu penser.
Je restais face à l’âtre, tandis que ses doigts entraient en contact avec ma peau. « Ne te sens pas obligée… Elvira ne vit pas du tout comme nous. » Je savais bien qu’elle avait, par exemple, eu des contacts avec des moldus, à plusieurs reprises, et que si j’avais été là, je me serais sans aucun doute montré brutal, cruel et efficace. Mais cela n’avait pas été le cas et, pour ce qui était de la cruauté, pour le moment, je n’en ressentais pas le besoin. Elle évoqua mon pays natal, une contrée qu’elle ne connaissait pas et qui semblait lui donner l’envie de découvrir. Mais, là, mon inquiétude concernait plutôt la grossesse. « Tromsø se situe au-delà du cercle polaire… Même pour des sorciers, la route est longue et en décembre, la neige recouvre tout… »
Je finis par me retourner, pour lui faire face. Du bout de l’index, je relevai son menton. « C’est la pire saison pour se rendre en Norvège… et j’ai vraiment peur qu’il t’arrive quelque chose… » Enfin, à elle et au bébé, évidemment…
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