L’année scolaire était enfin finie. « Enfin » était cependant un bien grand mot puisque tu étais plutôt triste que cela se termine aussi vite. Tu adorais les cours, apprendre de nouvelles choses, devenir chaque jour une meilleure sorcière. Et plus encore actuellement puisque cela constituait une sorte d’échappatoire à ton fiancé. Cela te faisait penser à autre chose, à ne plus penser que bientôt tu serais mariée à cet homme qui ne partageait pas les mêmes valeurs que toi. Les cours n’étaient plus une excuse pour refuser de le rencontrer. L’été allait donc, sans doute, être éprouvant pour toi, d’autant plus qu’il allait probablement s’agir de la période où les fiançailles seraient dévoilées aux yeux de tous. Néanmoins, tu ne comptais pas rendre à ce Towsen la tâche facile et, tu comptais bien lui prouver qu’il avait tort sur toute la ligne en ce qui concerne les moldus. Malheureusement, tu n’avais pas pu le faire avant, passant pour une gamine capricieuse lors de votre dernière rencontre. En effet, tu ne connaissais que trop mal les moldus et ainsi, parler de leur comportement n’était absolument pas ton ressort. Tu avais donc décidé de te fondre parmi eux, espérant prouver au Towsen que ces êtres humains, comme toi, comme lui, n’était pas tous comme ces affreux personnages du Blood Circle. Tu partais du principe que, tout comme les mangemorts, le Blood Circle n’était qu’un cas isolé, extrême de leur communauté moldu. Mais cela, il fallait que tu le justifies en allant sur le terrain, en voyant de tes propres yeux ce qu’il en était réellement, d’autant plus que tu n’avais pas choisi de suivre ces cours sur la culture moldue par question d’image mais également persuadée que cela ne te servirait pas dans ta vie bien tracée de sang-pure. Malgré ce besoin d’assurance, tu étais tout de même sûre de ce que tu avançais pour avoir côtoyé des nés moldus, notamment au sein de Poufsouffle. Cependant, tu ne t’étais jamais trop approché d’eux par soucis d’image, mais tu n’avais jamais été impolie avec l’un d’entres-eux, bien au contraire.

Tu avais donc rassemblé tes affaires et les avais renvoyés dans ta demeure familiale à Amsterdam. Une amie t’avait proposé de venir deux ou trois jours chez elle à Londres pour fêter la fin des cours. Après l’accord de tes parents, tu avais donc pris le Poudlard Express, gardant ta poudre de cheminette pour ton retour chez les Vandwyck. Sortant du quai 9 ¾ , tu allais à présent mettre ton plan à exécution. Tu allais passer quelques heures en tant que moldu. Bien sûr, cette tâche n’était pas évidente quand on ne connaissait pas grand-chose d’eux. Heureusement que l’un de tes camarades avait eu l’amabilité de te prêter ses cours sur les moldus pour que tu en apprennes plus. C’est donc avec une confiance mesurée que tu observas les voyageurs descendre d’un train moldu qui venait d’arriver. Des moldus qui se dirigèrent tous dans la même direction, s’agglutinant dans des escaliers qui menaient visiblement dans un sous-sol. Une pratique que tu trouvas bien étrange. Était-ce une sorte de rite culturel ? Il fallait que tu découvres de quoi il en retournait. Plus vite tu apprendrais d’eux, sur leurs pratiques, plus vite tu pourrais démonter les odieux arguments de ton fiancé.

Prenant donc ton courage à deux mains, tu t’engouffras dans la foule pour descendre les escaliers. Tu essayais cependant de ne pas trop te coller aux gens, mais ils semblaient s’obstiner à te bousculer, ce qui te fit t’arrêter net à plusieurs reprises. Cela te value quelques insultes, ce qui t’étonna fortement. Pourquoi avaient-ils l’air si tendus ? Pourquoi avaient-ils l’air si pressés ? Et pourquoi semblaient-ils si malpolis ? N’ayant aucunement le temps de répliquer (ni l’envie, bien trop concentrée sur ton analyse de la nature moldue), tu continuas d’avancer, te retrouvant à présent dans une sorte de tunnel souterrain très éclairé. Tu t’arrêtas devant les affiches publicitaires qui t’intriguèrent fortement puisqu’elles ne bougeaient pas. Tu te risquas même à en toucher une, dans l’espoir de faire réagir le dessin mais rien ne se produisit.

Tu regardas tout autour de toi en avançant, fascinée par cet étrange univers. Y avait-il des personnes qui vivaient dans ces souterrains ? Une personne assise par terre te coupa alors dans tes réflexions. Elle était toute crasseuse, mais bien polie, ce qui t’étonnas fortement « Bonjour mademoiselle ! Auriez-vous une petite pièce pour moi, s’il vous plaît ? » Un sourire compatissant se dessina sur tes lèvres. Tu réalisas d’ailleurs qu’ils avaient le même système que vous pour acheter des choses : un système monétaire. Tu t’approchas du vieux monsieur en le saluant à ton tour « Bonjour monsieur. Quel est ce breuvage que vous buvez ? » Tu cherchas dans ton sac tes gallions tandis que l’homme te regardait d’un drôle d’œil. Avais-tu dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? Tu voulais simplement te montrer polie en t’intéressant à lui « Bah ma p’tite, t’as jamais vu de binouze ? » Il avait perdu un peu de son beau langage, probablement à cause de l’étonnement. Tu haussas les épaules, préférant ne pas répondre et lui mis quelques gallions dans son chapeau qui contenait déjà quelques pièces « Je ne vais pas vous déranger plus longtemps, je vous souhaite une bonne journée. » Tu te détournas de lui, t’apprêtant à reprendre ton chemin dans le tunnel lumineux, mais le vieux monsieur t’interpella une nouvelle fois, de façon bien moins conviviale « EH MACHINE ?! C’EST QUOI TES PIECES DE MONOPOLY LA ? TU T’MOQUES DE MOI ? » Tu te retournas vaguement dans sa direction, ne comprenant pas ce qui le mettait autant en rogne. Il les avait eu ses pièces, non ? « Monsieur, je ne vois pas de quoi vous voulez… » Sans que tu n’eus le temps de finir ta phrase, un homme te bouscula violemment, t’arrachant de force ton sac. Tu te rattrapas brutalement contre le mur en carrelage du tunnel, te faisant par la même mal à l’épaule. Par réflexe, tu cherchas sur toi ta baguette mais, malheureusement, cette dernière était en course libre dans ton sac avec le voleur.