C'est comme Peeves, mais en humain

Harper Auburn, nouvellement Macfusty, professeure atypique pour les uns, enseignante indisciplinée pour les autres, n’aiment pas bassiner ses élèves de longues heures d’enseignements théoriques, préférant bourrer leur crâne de sortilèges grâce à la pratique, plutôt que d’endormir leur motivation et leur mémoire. Rien de tel qu’une mise en situation pour leur fournir les mnémotechniques nécessaires pour ne jamais oublier les sortilèges qu’ils apprennent. Indéniablement, Harper donne les cours qu’elle aurait rêvé d’avoir, bien que sa manie de changer de salle des classes tous les jours soit accusée de nombreux retards des élèves dans son cours, et que la pagaille abandonnée sur son passage conduit ce bon vieux concierge au bord de l’apoplexie. En résumé, elle est plutôt fière de l’ambiance dynamique qui incite ses élèves à revenir avec le sourire, bien que tous ne partagent pas cet avis. Bien qu’elle n’a rien d’un professeur pompeux, certains jugent tout de même nécessaire de semer la zizanie en bon élève turbulent, comme s’il fallait absolument cocher toutes les cases des catégories d’élèves. Nous avons l’intello, la tête de Turc, la pie bavarde, la langue de vipère, le cafteur, mais que serait une classe d’élève sans son semeur d’agitation ? Répondant au doux nom (sarcasme) de Xander Minstrel, Harper s’est battue plus d’une fois contre l’élève de Serdaigle, bien décidé à devenir l’exception qui confirme la règle, celle qui assure que les plus sages et les plus érudits étudient sous la bannière des aigles.
Un lundi matin, alors qu’elle n’avait pas le temps de petit-déjeuner (comme à peu près tous les matins, puisqu’elle se lève au dernier moment), elle fait un détour par la grande Salle pour saluer son homologue de Serdaigle, directement à la table des professeurs.
« Aurais-tu un moment à me consacrer ? Il faut que je te touche deux mots euh…
Son regard est attiré par Xander, à la table des Serdaigles, qui vient de faire exploser une bombe à bouse dans une cruche de jus de citrouilles.
-… Lui. Te parler de lui. »
Après s’être entendu avec Ethan sur l’heure et le lieu de leur entrevue, elle file préparer le premier cours de la journée. Ce n’est qu’en fin d’après-midi qu’elle rejoint Ethan dans son bureau, à la porte duquel elle frappe trois coups. Elle vient rarement dans cette partie du château, et elle se demande s’il n’y aurait pas une ou deux salles désaffectées dans le coin qu’elle pourrait investir pour de nouveaux cours de sortilèges explosifs… Patientant sur le palier de la porte, elle salut le concierge qui passait par-là, qui lui jette un regard soupçonneux, comme si elle feignait d’entrer dans le bureau d’un collègue et se précipiterait dans une nouvelle salle à saccager, si tôt le dos du concierge tourné. Mais Harper est bel et bien venu s’entretenir avec Ethan. Ils se connaissent maintenant depuis trois ans, Ethan ayant intégré son poste de professeur un an après Harper. Née-moldue, l’entente ne pouvait que marcher, il lui arrive même parfois de lui présenter des prototypes d’objets moldus qu’elle a ensorcelés, même si ce n’est pas très indiqué. Mais n’ayant plus, depuis belle lurette, Rory pour s’extasier devant ses trouvailles, Harper, la pie bavarde, présentait au professeur d’étude des moldus ses dernières frasques magiques. Après tout, rien n’est illégale, tant qu’on ne l'a pas utilisé, cet objet ensorcelé, n'est-ce pas ? On peut très bien faire quelques expériences et les exposer sur une étagère… D’un geste de la main, elle salut le concierge, bien décidé à vérifier l’endroit vers lequel elle se dirige. Après un moment, la porte s’ouvre enfin.
« Bonjour, collègue ! Salut-elle en se permettant d’entrer sans y avoir été invitée ».

C'est comme Peeves, mais en humain

Harper entre dans la pièce, prenant place sur un siège placé en face du bureau. Prévenant, Ethan lui remet un dossier complet sur Xander Minstrel, un élève de cinquième année semant la zizanie dans les salles des classes. Avant de répondre à la question du professeur d’Etude de Moldus, Harper feuillette le dossier de l’élève, constatant que son palmarès est bien plus élevé que le sien, du temps où elle étudiait à Poudlard. C’est qu’elle en a fait, des vertes, des pas mûrs, et des biens bonnes. Mais elle les faisait dans l’ombre. Or, Xander aime foutre la pagaille en public, surtout en public, pourvu qu’il y ait un public.
« Le nombre de points qu’il a fait perdre à ta maison est pire que ce que je pensais, déclare-t-elle, les yeux rivés sur le dossier ».
Enfin, elle dépose le dossier sur le bureau, s’installant plus confortablement sur son siège.
«Entre nous soit dit, il me rend chèvre ! La semaine dernière, il s’est débrouillé pour emmener un Lutin de Cornouaille pendant mon cours. Une de ses camarades étant phobique de ses créatures, elle a piqué une crise d’hystérie puis s’est évanouie. En tombant, elle s’est fracturée le nez. Le lutin s’est enfuit dans les couloirs, afin s’écraser tête la première contre une tapisserie particulièrement réaliste, représentant une fenêtre. J’ai perdu un temps précieux sur mon programme, sans parler de l’infirmière qui a dû réanimer la pauvre créature. Chaque farces de Xander s’attaque forcément à un élève, que ce soit de sa maison ou pas. J’ai par ailleurs remarqué qu’il traînait seul dans les couloirs. Personne n’a plus envie de le suivre dans ses frasques, de craintes qu’il ne les retourne contre eux ».
Elle marque une pause, pensive, caressant son menton du bout des doigts.
« Ce garçon est difficile à cerner. Ma première hypothèse, serait des problèmes familiaux conséquent. Ces agissements peuvent traduire un mal être ».
Elle récupère le dossier sur le bureau.
« … d’après ton recueil d’information, ses parents sont toujours ensemble. Le père travaille comme gratte-papier pour le ministère de la magie et la mère, moldue, est employée de Mairie, à Londres ».
Un bref instant, des pensées paranoïaques traversent l’esprit en pleine réflexion d’Harper. La mère de Xander émettrait-elle des a priori au sujet des sorciers. Mieux encore : est-elle au courant que son mari et son fils sont des sorciers ? Des hypothèses qui pourraient influencer le comportement du garçon. Ne connaissant pas la situation familiale d’Ethan, Harper n’ose cependant pas l’hypothétique discrimination de la mère, voire la radicalisation. Le professeur de Sortilège garde pour elle ses présomptions. Quoiqu’il en soit, Harper inspecte le bureau bleu de son collège. Puis, elle se tord le cou pour avoir une vue d’ensemble sur la pièce, inspectant curieusement tout ce qu’il s’y trouve.
Elle est curieuse de connaître l’avis de son collège au sujet du jeune Xander. Il y a un drôle d’objet posé sur le bureau, et elle se penche pour l’inspecter de plus près. On lui a souvent répéter qu’il ne faut pas toucher les affaires qui ne nous appartiennent pas. Tout de même, cet étrange objet est tout à fait intéressant…