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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Je n'aurai pas dû sécher les cours de gym || Eirian&Kayla :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Kayla Rausale
Kayla Rausale
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Mer 27 Jan - 22:38
Je n'aurai pas dû sécher
les cours de gym
Eirian Howl & Kayla Rausale ||  Mi-juin 2020


Je devine qu’il commence à faire jour quand les premiers rayons du soleil parviennent à traverser les rideaux de mon lit mais je garde encore les yeux fermés. Encore une minute. Puis deux. Puis cinq. Puis dix. Je repousse le moment où je vais devoir quitter la chaleur de mes draps. Il faut l’avouer, je suis la flemmardise incarnée mais pourtant aujourd’hui, je sais que je dois me lever. Je repousse les couvertures et je laisse le froid m’envahir en espérant que cela me force à me lever. Deux minutes plus tard, je suis debout. Je passe rapidement à la salle de bain pour mettre un peu d’eau sur mon visage et cela m’aide à me réveiller. J’enfile ma tenue de sport et mes baskets. Je sors du dortoir avec les yeux encore légèrement engourdis. Mais je suis pas réveillée du tout en fait ! Tel un zombie, je  sors du dortoir et je descends les nombreux escaliers qui me mènent jusqu’à l’extérieur. Putain de merde. Je maudis Eirian Howl. Je maudis mon idée pourrie de vouloir devenir plus sportive et de devenir plus forte. C’est la raison pour laquelle je suis debout et pour laquelle je vais me diriger vers le parc sans prendre mon petit déjeuner. Bah oui, je préfère dormir plus longtemps et ne pas manger ; dans la vie, il faut savoir faire des choix. Et mes choix sont très souvent guidés par ma feignantise. Je fais ce que je peux. Lorsque je quitte le château, le soleil brule mes mirettes et je sors mes lunettes de soleil que j’avais pris soin de fourrer dans ma poche avant de quitter ma chambre. Le mois de juin est maintenant bien entamé et je suis ravie de voir les premières chaleurs de l’été. C’est une journée radieuse qui s’annonce et faire son jogging du matin avec le soleil va me faire du bien. Quand nous avons commencé les entraînements avec le jeune Serdaigle, la météo n’était pas au beau fixe et je ronchonnais beaucoup. Je ronchonne souvent en fait mais bon, désormais il est un peu habitué.

J’arrive au point de ralliement. Eirian n’est pas encore là, c’est étrange, lui qui est toujours ponctuel. La plupart du temps, c’est lui qui m’attend et non pas l’inverse. Comme quoi, tout arrive dans la vie. J’ai rencontré Eirian il y a quelques mois seulement en entrant en première année de protection magique. J’ai mis du temps à trouver ma voie. Trop peut-être. Deux ans d’errance à effectuer des stages, à participer à de nombreux cours dans différentes formations sans pour autant comprendre quelle direction je devais prendre. L’idée de la Protection Magique m’est apparue comme une évidence au bout d’un moment. Pour autant, lorsque je suis retournée à l’université, j’étais plein de doutes. Les premières semaines, je me suis noyée dans la masse de travail à effectuer, je n’avais plus la méthode, j’étais perdue. Lorsqu’un des enseignants m’a parlé du tutorat, j’ai sauté sur l’occasion et il faut dire que je n’ai jamais regretté cette décision. Sans doute parce que je suis tombée sur la bonne personne ; Eirian m’a aidé dès le premier jour où il est devenu mon tuteur. Ses conseils m’ont été précieux et j’ai pu bénéficier de son expérience en tant qu’étudiant et maintenant, on s’entraînait ensemble. Il faut dire que dès mon arrivée en première année, mon manque flagrant d’exercice fut flagrant. Je n’ai jamais été une grande sportive. Ok, j’ai intégré l’équipe de Quidditch lorsque j’étais en quatrième année. Mais en tant qu’attrapeuse des Gryffondor, je n’ai jamais eu besoin d’être musclée et endurante. J’étais fine, menue et agile, c’était bien suffisant. Mais lors des premiers cours de préparation physique, j’ai tout de suite vu que je n’avais pas le niveau. Une gringalette comme moi dans ce cursus ? Je ne savais pas ce que je faisais là et mes doutes sont revenus. Partant de ce constat, Eirian m’a proposé de me joindre à certains de ses entraînements matinaux. J’ai gagné de la force et en endurance : je sais que c’est loin d’être suffisant mais il faut bien commencer quelque part.

En attendant le jeune Serdaigle, j’étire doucement mes muscles face au lac. Le soleil me réchauffe et mes yeux se perdent dans l’immensité de l’eau. J’ai toujours aimé cet endroit, encore plus maintenant que je suis étudiante. Je muris. Je grandis. Je change. Et ce n’est que le début. Un bruit de pas me sort de ma rêverie et un sourire apparaît sur mon visage. Sans me retourner, je dis d’un ton amusé : « T’es en retard. » C’est clairement l’hôpital qui se fout de la charité.


 

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Eirian Howl
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Lun 1 Fév - 19:31
Entraînement à l'aube
« juin 2020»
Tu fuis dans les rues de Londres. Ils t’ont retrouvé, ils sont sur tes traces et tu n’arrives pas à les distancer assez pour transplaner en sécurité. Pour l’instant, tu évites encore l’affrontement, mais tu gardes une main serrée sur ta baguette, l’autre prête à récupérer la lame dans le fourreau fixé à ton avant-bras. Ton sac à dos cogne contre tes reins. Un tournant, une rue plus calme, tu vas pouvoir…
Une main sur ton épaule. Ton poing part dans un réflexe avant que tu… n’ouvres les yeux ? Tu dormais ? Un cri de douleur résonne quand tu heurtes une surface dure, la silhouette juste à côté de toi recule et la pression sur ton épaule se relâche. « Mais t’es complètement malade, Eirian ! » Tu te redresses en t’écartant, prends la mesure des lieux. Tu es toujours dans ton dortoir. À Poudlard. En sécurité. Ça s’agite dans les autres lits, mais personne ne se réveille vraiment. L’autre fait la moue en se frottant le torse. « La prochaine fois, je te laisserai cauchemarder. Rendors-toi, tu as une tête à faire peur, la nuit c’est fait pour dormir. » Haha. Tu marmonnes une vague excuse. Mais quelle idée de t’approcher dans ton sommeil, aussi ! Et encore, il a eu de la chance, ici, tu ne gardes pas d’autre arme que ta baguette à portée de main.
L’autre retourne se coucher et tu te laisses aller contre ton oreiller, les yeux grand ouverts dans le noir. C’est encore le milieu de la nuit. Le calme revient bientôt ; tout le monde s’est rendormi. Sauf toi. Malgré ton épuisement, tu n’y arriveras pas, comme toutes les nuits. Il ne manquait plus que cela, que tes inquiétudes pour l’été tout proche maintenant se cristallisent dans tes cauchemars. Tu seras bien plus facilement repérable par le Blood Circle et ton père n’abandonnera pas tant qu’il ne t’aura pas mis la main dessus. Il y a quand même un peu de lumière, tu as réussi à trouver du boulot, c’est déjà une grosse épine en moins. À la librairie d’Aiko McFusty, en plus. Ce sera bien plus agréable et plus tranquille que les cafés où tu travaillais le week-end avant, trop bruyants et trop bondés pour tes nerfs. Puis, tu connais bien Aiko, tu fréquentes les lieux depuis l’ouverture ou presque, tant le côté moldu que sorcier. Ce sera… reposant, d’une certaine façon.
Le gros point noir, en sus du Blood Circle, reste le logement. Sans salaire fixe ni économies, sans garants ni recommandations, tu n’as aucune chance de trouver quoi que ce soit de décent. Et si c’est pour atterrir dans un taudis où tu ne pourras même pas laisser tes affaires en sécurité… tu te débrouilleras aussi bien en squattant à droite et à gauche, tu commences à connaître pas mal d’endroits maintenant. Plus d’une fois, l’envie d’en parler à tes connaissances sorcières t’a traversé, mais avouer que tu n’as plus de toit, c’est remettre en cause tous les mensonges servis depuis des années sur ta famille. Et tu ne peux pas. Tu en es incapable. Tu sais trop bien ce qui se passera s’ils finissent par comprendre que tu viens d’une famille du Blood Circle. Surtout après tout ce qui s’est passé, les combats, l’Institut… chaque nouvel événement complique encore les choses.

Un soupir t’échappe. Les heures passent, trop lentement, sans que tu arrives à fermer l’œil. Tu finis par te lever et descendre dans la salle commune. Au moins, tu pourras bouger sans réveiller les autres. Vivement le matin et la course prévue avec Kayla, cela te videra la tête et calmera tes angoisses.
Le jour se lève presque lorsque tu te poses dans un canapé. Le silence de la salle vide te fait du bien, tu es vraiment seul, sans personne à proximité comme dans le dortoir, pas d’autre respiration que la tienne, pas de mouvement ni rien. Enfin, tu arrives à te relâcher et l’épuisement te tombe dessus. Sans vraiment t’en rendre compte, tu refermes les yeux.
Tu te réveilles dans un sursaut quelques minutes plus tard, les sens en alerte. Mais rien ne bouge encore, tu n’es pas en retard non plus pour ta séance matinale, même s’il est grand temps que tu te prépares, surtout si tu veux te changer pendant que les autres dorment encore. C’est plus simple. Tu regagnes le dortoir sans un bruit, attrapes les affaires préparées la veille au soir. Tes baskets, mais aussi le tee-shirt à manches longues pour cacher les cicatrices sur tes bras, assez ajusté pour ne pas bouger pendant la course, pas assez serré pour te gêner, maintenant que la moindre pression sur tes poignets provoque une angoisse incontrôlable, sans que tu saches d’où ça vient.

Une fois paré, tu descends les étages – une bonne mise en jambes avant la course elle-même, même si tu ne te presses pas trop : elle n’est jamais à l’heure, encore moins en avance. Tu te laisses gagner par le plaisir des moments à venir. Tu as toujours aimé le sport, et cela fait des années que tu cours, autant par nécessité que par envie. Tu aimes ces moments dans le parc, quand le jour se lève et que la nature s’éveille, que tu es seul au monde ou presque… La course n’est pas une activité très en vogue chez les sorciers, de ce que tu as pu voir, mais quand Kayla a décidé de s’y mettre, ça ne t’a pas dérangé et tu lui as proposé de s’entraîner avec toi.
Les professeurs t’ont proposé d’être son tuteur en début d’année, peut-être parce qu’ils pensaient qu’en aidant Kayla, ça t’aiderait à être moins… discret ? sauvage ? Tu ne sais pas trop ce qu’ils pensent, tu évites avec soin de faire des vagues, et tant que tes notes se maintiennent… tout va bien. Rare avantage de l’été, ce sera une apparence de moins à tenir. Le fait est que vous êtes un peu des opposés, elle, vive et pétillante, enthousiaste. Sauf quand elle ronchonne – et elle ronchonne beaucoup au sujet des cours ou du sport. Ça ne vous a pas empêchés de bien vous entendre et tu prends plaisir à la rejoindre.

L’air matinal te fait du bien, tu inspires à pleins poumons. Le soleil brille déjà, la journée sera belle et chaude, et le parc de Poudlard dévoile sa beauté, avec le lac en contrebas, dont les eaux miroitent, les montagnes au-delà… Et la silhouette au bord de l’eau. Pff. Pour une fois que tu traînes un peu, il faut qu’elle soit tombée du lit. Avec un sourire, tu presses le pas pour la rejoindre. Alors que tu approches, elle lâche d’un ton amusé que tu es en retard. Un rire t’échappe.

— Bien essayé.  Mais c’est moi qui donne le top départ, donc l’heure à laquelle j’arrive est toujours la bonne ! Il s’est passé quelque chose pour que tu tombes du lit comme ça ?

Tu t’arrêtes à sa hauteur, tourné vers le lac.

— Je suppose que tu as eu le temps de t’étirer ? Ça te va si on reste sur les bords du lac ? Il fait vraiment beau aujourd’hui.

Il est trop vaste pour que vous en fassiez le tour, mais vous avez de quoi bien arpenter ses rives.
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Kayla Rausale
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Sam 13 Fév - 23:56
Je n'aurai pas dû sécher
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Eirian Howl & Kayla Rausale ||  Mi-juin 2020


Je ne connaissais pas Eirian depuis très longuement, un peu moins d’un an en réalité mais pourtant, j’ai rapidement eu confiance en lui. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas comment, mais son visage jovial, ses cheveux bouclés son mètre 87, son sourire, tout cela m’a tout de suite plu. Ce qui m’a plu aussi ? Ses fragilités. Celles qui ne laissent pas paraître bien évidemment, celles dont nous n’avons jamais parlé parce que je ne me sentirais jamais assez à l’aise pour l’évoquer avec lui de moi-même. S’il le fait, je veux bien en parler, en soi, je ne suis pas idiote. Eirian est quelqu’un qui n’a pas dû avoir de chance avec la vie. Je l’ai remarqué la première fois quand je me suis rapprochée un peu trop près de lui et qu’il s’est reculé. Mon esprit a envisagé de nombreuses possibilités, de nombreux traumatismes : séquestration, inceste, viol, maltraitance, haptophobie ? Il y a des tas de raison qui font que les gens n’aiment pas être touchés. Je respecte ça, c’est pas mon mec non plus, je n’ai pas besoin de lui claquer la bise ou de l’étreindre pour l’apprécier. Et en même temps, Eirian, c’est vraiment le genre de gars qu’on a envie d’avoir dans son cercle d’amis parce qu’au-delà de tout cela, c’est vraiment une personne sympathique, de bons conseils ; toujours là pour aider ou pour remonter le moral. En tout cas, c’est comme ça que je le vois même si bien souvent, je me dis qu’il devrait appliquer les conseils qu’il me donne à lui-même. Eirian, il est différent de moi en bien des aspects ; c’est un mec droit, discret, calme. Cela contraste clairement avec mon grain de folie et mon côté tête brûlée. Le côté droiture, je l’ai souvent. La plupart du temps.

J’arrête de penser à Eirian et regarde le soleil se refléter dans l’eau du lac. Le ciel est bleu, les oiseaux chantent. Il fait beau et nous allons pouvoir en profiter. Je ne suis pas arrivée assez tôt pour voir les premiers rayons du soleil chatouiller l’eau sombre du lac, cela sera peut-être pour la prochaine fois. Il faut dire que je suis vraiment une lève-tard d’ordinaire, je suis certaine que mon compagnon d’infortune va halluciner lorsqu’il me verra déjà à pied d’œuvre, prête à transpirer, à souffrir, à me plaindre. On est d’accord, la course à pied n’est franchement pas mon activité physique préférée, je préfère de loin le Quidditch, moins brutal pour les articulations tant que l’on parvient sans problème à éviter les Cognards. Mais ce n’est pas avec un balai que je vais parvenir à être plus forte en mission. C’est ça la raison principale de tout cette torture ; j’ai besoin de gagner en endurance. Et il faut le dire, depuis maintenant des mois que je m’entraîne avec Eirian, je peux désormais courir une bonne heure sans être essoufflée tout en tenant une discussion avec le jeune Serdaigle. Je souris en repensant aux premières séances, celles où je crachais mes poumons et où j’ai découvert des muscles insoupçonnés. Elles sont loin ces séances mais elle montre bien ma marge de progression en tout cas. Je sors mon téléphone portable de ma poche tout en sachant très bien qu’il n’y a pas de réseaux ici mais j’ai pris l’habitude de tout de même l’avoir sur moi, rien que pour regarder l’heure. Oui, c’est bête, une montre ferait tout aussi bien l’affaire, mais je suis comme ça, attachée à garder mes origines moldues. Je l’avoue, je vis bien mon appartenance aux deux mondes, je trouve que c’est une grande richesse et j’ai toujours aimé vagabonder entre les deux ; c’était moins évident étant jeune, quand le secret magique existait toujours. Maintenant qu’il ne l’était plus, en soi, cela aurait pu être plus simple si le Blood Circle n’était pas entré dans la danse…

Je secoue la tête en ne voulant pas polluer ma séance avec Eirian avec de la politique fumeuse. Et lorsqu’il me rejoint, il rit de bon cœur lorsque j’ose lui dire qu’il est en retard. Nous savons fort bien que de nous deux, le lapin blanc, celui qui est toujours en retard, c’est moi. « Bien essayé.  Mais c’est moi qui donne le top départ, donc l’heure à laquelle j’arrive est toujours la bonne ! »[ Tu ris de bon cœur toi aussi, et dis d’un ton amusé : « C’est le moment où tu me sors le mythique : Un magicien n'est jamais en retard, ni en avance d'ailleurs Kayla Rausale, il arrive précisément à l'heure prévue ? » Je le regarde d’un air entendu et je lui tire la langue, certaine qu’il comprendra la référence. Ce n’est pas la première fois que je joue avec lui au jeu des citations de films. « Pas spécialement. J’ai juste sauté l’étape du petit déjeuner. » Je ris en ajoutant : « Je suis à l’heure parce que j’étais en retard au petit déj’’. C’est contradictoire n’est-ce pas ? » En vérité, il n’est pas rare que je ne mange pas le matin, mon corps y est déjà habitué, je me rattraperai ce midi, qu’à cela ne tienne ! Je me tourne vers mon ami et lui demande : « Et toi alors ? Tu as eu du mal à te lever ? »

J’acquiesce doucement lorsqu’il me demande si je souhaite rester sur les bords. Cela fait longtemps alors je suis ravie de pouvoir courir et arpenter ses rives. Nous commençons alors à courir et je lui dis : « En tout cas, ça y est, je suis arrivée au bout des examens théoriques de ma première année ! Plus qu’à attendre les résultats ! J’angoisse un peu. » expliqué-je à Eirian. Les cours, c’est comme ça que nous nous sommes connus après tout. En tant que tuteur, il connait mes craintes, mes peurs, mes faiblesses. Reprendre mes études après deux ans d’errance, cela n’a pas été simple. J’ai eu de la chance de tomber sur lui, il a su m’accompagner et me redonner confiance en moi. C’est toujours un plaisir de lui montrer mes bonnes notes même si pour le moment, je ne peux que spéculer sur ma probable réussite. « J’ai l’impression que j’ai pas trop mal réussi. »

 

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Dim 14 Fév - 18:08
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« mi-juin 2020»
Rencontrer de nouvelles personnes reste toujours compliqué pour toi, à la fois parce que tu te sens potentiellement en danger et parce que ça veut dire repartir de zéro avec tes comédies, en espérant que l’autre ne prêtera pas trop attention à tes bizarreries, à l’image de ceux qui te connaissent et s’y sont faits avec le temps. Même avec tes amis, tu ne baisses jamais vraiment ta garde, alors avec des inconnus… Déjà, ces dernières années, tu en as laissé certains approcher plus près que tu ne le voulais, parce que tu ne supportais plus la solitude grise, et si te faire des amis t’a fait du bien, ça a aussi ajouté un poids supplémentaire à tes mensonges qui devient de plus en plus difficile à supporter.
De fait, tu as un peu hésité quand les professeurs t’ont parlé de Kayla, mais tu ne te voyais pas non plus lui refuser ton aide juste parce que tu n’arrives pas à gérer tes soucis. Au final, tu n’as rien regretté. Elle est rayonnante, dynamique, solaire en un mot, là où tu t’attaches plus à l’ombre. Difficile d’y résister, tu apprécies cet entrain qui te fait te sentir un peu plus vivant. Tu espères l’avoir aidée convenablement, en tout cas, tu n’as pas compté tes efforts. Évidemment, elle n’a pas mis longtemps à se rendre compte de certaines de tes attitudes, de ces reculs chaque fois que quelqu’un t’approche trop près, que tu n’arrives pas à maîtriser. Tu tolères tout juste la proximité de ceux que tu connais bien, mais tu restes sur la défensive. Le pourquoi dans son regard ne t’a pas échappé, mais elle ne l’a pas prononcé à haute voix et tu n’as pas l’intention de t’épancher là-dessus. Avec ton enlèvement par le Blood Circle au début de l’année, c’est devenu un peu plus facile à justifier, en mettant tes réactions trop nerveuses sur le dos de ce qu’ils t’ont fait. Et s’il y a bien une chose qui te soulage dans l’arrivée de l’été, c’est que tu vas passer deux mois sans avoir besoin de faire attention en permanence. Une fois la journée de travail finie, tu seras libre, tu n’auras plus besoin de mentir ni de rien cacher – et si tu cauchemardes, tu ne réveilleras personne d’autre que toi-même. Par-fait.
Quoi qu’il en soit, la Gryffondor est devenue une amie – si tant est que ton amitié ait la moindre valeur –, et tu lui fais confiance dans une certaine mesure, assez pour t’ouvrir un peu plus, sans pour autant lui concéder la moindre parcelle de vérité. Parfois, souvent, tu aimerais pouvoir tout envoyer balader, être un jeune adulte normal, avoir des amis à qui tu pourrais te confier, qui connaîtraient tes forces et tes faiblesses, avec qui tu pourrais être sans peser tes mots, sans te poser de questions, comme tous les groupes que tu vois autour de toi. Parler de tout, de rien, sans nuage noir. Tu repousses ces pensées. Ruminer ne changera rien à ta situation ; rêver de ce que tu ne peux avoir ne t’aidera pas à survivre.

Tu gagnes enfin le parc du château, savoures la chaleur du soleil sur tes épaules et ton visage, le calme du parc à cette heure matinale. À cette heure, vous l’aurez pratiquement pour vous seuls, et c’est aussi pour ça que tu aimes tant cet horaire. Ça repousse d’autant la confrontation avec tes condisciples, le vacarme du château une fois les élèves réveillés. Puis bon, ce n’est pas comme si tu risquais de perdre une grasse matinée, donc autant en profiter pour te vider la tête.
Tu marques un pas en voyant Kayla déjà à pied d’œuvre. C’est bien la première fois ! Peut-être qu’elle y prend goût en fin de compte ? Les efforts des derniers mois ont bien porté leurs fruits, en tout cas, elle supporte sans mal la course, comparé aux premières fois. Tu avais de toute façon adapté le programme pour que ce soit progressif, ça n’aurait servi à rien de l’écœurer. Un peu plus loin, un peu plus longtemps, un peu plus vite, au fur et à mesure. Tu te hâtes de la rejoindre. Elle te salue en plaisantant et tu réponds de la même façon. Elle rebondit aussitôt sur ta remarque sur les horaires. Le Seigneur des Anneaux et Gandalf, bien sûr. Tu n’as aucun mal à saisir la référence, il faut avouer que tu as regardé les films un certain nombre de fois dans ton adolescence. Et Kayla et toi, vous aimez bien vous lancer des citations. Bon, tu ne connais pas les films de ces dernières années, mais tu n’as pas trop mal suivi avant.

— C’est exactement ça, maître Gandalf ! Ça ne vaut pas pour les lapins blancs, cependant.

Elle aurait beau jeu de te la sortir à son prochain retard. Elle t’explique les raisons de sa ponctualité soudaine. Hmm, forcément, en sautant le petit déjeuner, ça va plus vite.

— Ça démontre surtout un manque flagrant d’organisation ! Mais ça va aller pour la course ?

Ta première phrase est dite sur le ton de la plaisanterie, mais tu es plus sérieux pour la deuxième. Si elle n’a pas l’habitude de ne pas déjeuner avant… Bon, elle sait certainement se gérer, mais tu ne peux pas t’empêcher de poser la question.

— Non, même pas. J’étais déjà réveillé, j’ai juste paressé un peu… J’avoue, je pensais que tu serais en retard, alors je ne me suis pas dépêché. Évidemment, pile la fois où tu es déjà là, c’est toujours comme ça !


Elle est partante pour rester sur les bords du lac, vous vous élancez côte à côte. Tu aimes cette sensation, percevoir le jeu des muscles, te concentrer sur l’effort pour oublier le reste. Kayla revient bientôt sur les examens. Normal que les résultats l’angoissent, reprendre des études n’est pas simple, mais tu es sûr qu’elle va s’en sortir. Elle a beaucoup progressé depuis le début de l’année, a pris confiance en elle. Elle avait peut-être besoin d’un élan, d’une impulsion au départ, mais elle avait déjà tout ce qu’il fallait pour réussir. Tu n’es pas très sûr de ce que vont donner tes propres examens, l’épuisement de ces dernières semaines ne t’aide pas à te concentrer. Au moins, tu as fait ce que tu as pu. Tu ne brilleras peut-être pas autant que tu as pu le faire par le passé, mais sans ta rivalité avec Elise, il y a moins de challenge, et tant que tu passes dans l’année supérieure… le reste importe peu. Même ça, c’est devenu compliqué.

— Tu dois te sentir… libérée, délivrée !

Tu chantonnes les deux mots fatidiques en lui souriant. Tu aimes bien te replonger dans la culture moldue, tu en as moins eu l’occasion ces dernières années, sauf lors de ta séance de cinéma avec Raphaël. Les sorciers restent tellement hermétiques au monde moldu… et ce n’est pas quelque chose que tu as envie de perdre.

— Je suis sûr que les résultats confirmeront cette impression ! Tu les avais vraiment bien préparés, tu étais prête.

Vous aviez pas mal travaillé sur ses faiblesses, sans pour autant négliger les points forts – tu ne voulais pas prendre le risque qu’elle perde confiance en ne voyant que le moins bon.

— Qu’est-ce que tu penses de cette année maintenant qu’elle est presque finie ? Ça te convient, pas de regrets d’avoir fait ce choix ? Je n’ai pas été trop insupportable ?

La dernière question est clairement une plaisanterie, tu espères quand même que si ta façon de la guider ne lui convenait pas, elle t’en aurait parlé avant. En attendant sa réponse, tu reviens à la course, à tes foulées souples et régulières. Sur la droite, le lac étend ses eaux miroitantes, tandis que droit devant, un peu sur la gauche, la Forêt interdite a l’air toujours aussi obscure. Le cadre va te manquer, les parcs de Londres n’ont pas le même charme et sont surtout bien trop fréquentés, quelle que soit l’heure.

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Eirian Howl & Kayla Rausale ||  Mi-juin 2020


Tandis que j’attends Eirian face à l’immensité du lac, tout en m’étirant, je pense à tous ce qui m’est arrivé de bon cette année. Dans ma vie d’étudiante, je dois l’admettre, j’ai beaucoup changé, passant d’une errance manifeste de deux ans à ne pas savoir quoi faire de ma vie, à un emploi du temps chargé de petit rat de bibliothèque. Moi qui n’ai jamais vraiment aimé étudier (enfin, cela dépendait des matières), je passe désormais des heures et des heures à lire, à me documenter, à faire des résumés de tout et de rien. Et je passe également des heures à m’entraîner. L’entraînement physique fait partie intégrante de la formation en protection magique et même ça, j’ai appris à l’apprécier alors que ce n’était vraiment pas ma tasse de thé moi qui n’ai jamais été une grande sportive. En tout cas, c’est vrai ce qu’on raconte, lorsqu’on est dans une branche qui nous intéresse vraiment, c’est beaucoup plus facile d’étudier ; je garde un très mauvais souvenir de mon premier semestre dans les études supérieures. Le droit pouah, comment ai-je pu résister presqu’un an là-bas ? Je ne sais pas comment ma cousine Thalia fait pour supporter tout ça, mais elle adore se plonger dans ses bouquins épais comme les parchemins d’histoire du vieux Binns.

Ce qui m’intéresse le plus dans ma formation, c’est également mon apprentissage pour devenir Animagus. Certes, cela ne fait pas vraiment partie du cursus de protection magique, c’est un apprentissage qui est à part, mais je le trouve très complémentaire. Cette idée m’est venue rapidement après les premiers entraînements avec Eirian d’ailleurs, quand j’ai compris que j’aurais beau faire tous les efforts du monde, compte tenu de ma taille et de mon gabarit, il y a pas de chance que je devienne aussi forte qu’Hulk même avec un entraînement intensif. Devenir Animagus c’est alors imposé à moi comme une possibilité, comme le moyen de parvenir à mon but et devenir plus forte, plus utile à ma cause. Mais pour l’instant, je n’en suis qu’aux prémisses de mes efforts, se transformer en animal n’est pas aisé. Alors en attendant, je continue d’entraîner mon corps avec mon coach personnel. Mais mon coach personnel est en retard. Lorsqu’il arrive, je ne peux m’empêcher d’étaler ma culture cinématographique en citant le Seigneur des Anneaux. Je l’avoue, ce que j’aime chez Eirian, c’est son côté moldu. Nous ne sommes pas si nombreux que ça au château à vivre aussi bien dans le monde sorcier que dans le monde moldu, alors forcément, parler cinéma moldu avec Eirian, c’est devenu une habitude et un jeu. Se lancer des citations l’air de rien au beau milieu d’une phrase en regardant avec attention si l’autre comprenait la référence, j’adore ça et Eirian aussi. Un sourire s’étale sur mon visage lorsqu’Eirian me répond en m’appelant Gandal. Par contre, pour la fin de sa phrase… « Et oh, si le lapin blanc était arrivé à l’heure, Alice n’aurait jamais trouvé le passage vers l’autre monde. Comme quoi, être en retard peut être utile !» dis-je en lui tirant la langue encore une fois. Je suis vraiment taquine ce matin, maintenant que je suis bien réveillée, je ne suis plus ronchon du tout.

J’écoute Eirian me sermonner sur mon manque d’organisation et je sens une pointe d’inquiétude lorsqu’il me demande si cela va aller. Je ne suis pas une très grande mangeuse, encore moins le matin mais je l’avoue je m’empiffre bien volontiers de cochonneries. Je souris et je lui dis : « Et bien c’est à ça que tu me sers cher tuteur ! A me tutorer !  » dis-je en riant tout en sachant très bien qu’Eirian m’apporte tellement plus que ça. « Oui, ne t’en fais pas, j’ai avalé une petite barre de céréales. Je prendrais un gros déjeuner lorsqu’on aura terminé. Merci de t’en inquiéter.  » Mais ensuite, c’est à mon tour de poser des questions et de me préoccuper pour lui. Il faut dire qu’Eirian m’a d'ordinaire habituée à davantage de ponctualité alors le fait de l’attendre, c’est nouveau. « Et oui, c’est dommage pour toi, comme quoi, depuis les mois qu’on court ensemble, j’arrive encore à te surprendre ! » Je ne lui en veux pas du tout, les fois où je suis arrivée à l’heure depuis le début de l’année se compte sincèrement sur les doigts de la main. En tout cas, la séance commence doucement tandis que nous nous élançons sur les bords du lac. Nous courrons pendant quelques minutes à vitesse modérée avant que j’engage la conversation. Il faut dire que je ressens le besoin qu’Eirian me rassure, comme il le fait depuis de l’année. Les examens, c’est une période que j’ai mal vécu parce que j’ai énormément stressé. J’avais si peur d’échouer. Je n’ai pas encore les résultats mais je pense m’en être mal trop mal sortie mais forcément, j’angoisse de me tromper et d’être déçue.

Eirian me fait sourire en évoquant Elsa. Et je ne peux m’empêcher de chanter sur l’air de la chanson de la Reine des Neiges : « Je n’étudieraiiiii plus jaamaaaaaaais ! » Oui, je n’étudierai plus jamais. Plus pour le moment en tout cas. Presque deux mois et demi de répit. J’ai hâte de rentrer chez mes parents dans quelques jours… Lorsqu’Eirian me dit que j’étais prête, j’acquiesce doucement tout en réfléchissant. « En même temps, j’ai eu le meilleur des coachs ! » Un sourire éclatant s’étale sur mon visage. J’ai tellement eu de chance de tomber sur Eirian parce qu’il sait vraiment trouver les mots pour me remotiver et me remobiliser quand je n’arrive plus à rien. « En tout cas, tu as raison. Je me sentais prête contrairement aux examens que j’avais passé il y a deux ans lors de mon année de droit où j’avais subi les partiels et où je m’étais totalement plantée. » Tu demandes : « Et toi tes examens ? »

Je ris lorsqu’il me demande s’il n’a pas été trop insupportable. « Je te retourne la question ! C’est moi qui étais sans arrêt en train de me plaindre et d’avoir peur d’échouer ! » J’ajoute : « Mais non je ne regrette vraiment pas cette orientation et j’en viens même à me demander comment j’ai pu ne pas me rendre compte dès la fin de ma septième année que c’était exactement ce qu’il me fallait. Je pense que j’avais besoin d’expérimenter par moi-même la vie active. » Il faut dire qu’après le droit, j’en ai fait des petits boulots merdiques, et j’ai également enchaîné les cours, allant voir ce qu’il se passait du côté de la zoomagie notamment. Mais ce sont les cours de protection qui m’ont fait découvrir ma vocation. « Et puis, ma formation pour devenir Animagus, c’est quand même quelque chose ! »

Cela me fait penser que la formation continue même durant l’été. « Cela me fait toujours bizarre de quitter le château l’été. Ne pas avoir de cours, ne pas entendre le brouhaha des élèves dans le couloir, ne pas manger ensemble dans la grande salle, ce sont des choses qui me manquent. » Je continue : « Par contre, je vais devoir continuer d’aller régulièrement au Ministère pour l’apprentissage Animagus, cela va m’occuper un peu cet été. Et toi, t’as prévu quelque chose pour t’occuper pendant les vacances ? » Certains étudiants en profitent pour couper totalement des études et se reposer, d’autres font des petits boulots. Je me demande ce qu’il a prévu de faire.

 

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Dim 21 Fév - 19:39
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« mi-juin 2020»
La plupart des élèves de protection magique se contentent des quelques heures de sport contenues dans l’emploi du temps sans chercher plus loin. Et beaucoup s’en plaignent. Alors, évidemment, ce n’est pas drôle tous les jours, mais tu ne vois pas vraiment comment on peut vouloir travailler dans le domaine de la protection sans se muscler un minimum. Sur le terrain, la magie est loin de tout faire. Tu en as eu une démonstration éclatante lors de ton stage chez les Aurors. Tu as beau être sportif toi-même, leurs capacités t’ont impressionné. De même que leurs équipements. Il a pratiquement fallu t’arracher du gymnase qui mêle parkour et cibles magiques, endurance, vitesse, réflexes… Tu y serais resté des heures comme un gamin dans une confiserie ou un magasin de jouets – tu y es resté des heures d’ailleurs, profitant des entraînements de tes tuteurs. C’est là que tu t’es vraiment dit que si tu pouvais, tu aimerais faire ce métier, mêler intelligence, réflexion et aspect physique. Tu ne sais pas si ce sera possible, si c’est une illusion de plus ou pas… mais tant que tu peux rêver, tu le feras.
De ton côté, tu t’es toujours entraîné, du plus loin que tu te souviennes. Même dans ton enfance, ton père avait commencé à t’initier aux arts martiaux, tu avais tenu une arme en main sans vraiment t’en servir, au moins pour t’habituer à la sensation, comprendre comment ça fonctionnait. Malgré sa sévérité, le fait que rien ne lui convenait jamais, tu voulais apprendre. Tu voulais devenir un chasseur de sorciers comme lui et tu comptais bien y arriver. Et puis… après la fuite, c’est ta mère qui a pris le relais. Arts martiaux, course et lame, dès que vous aviez des heures libres. Moins dure que ton père, elle ne t’a pas fait de cadeaux pour autant. De toute façon, tu avais une conscience claire des enjeux. Ta rapidité, tes réflexes, c’était peut-être tout ce qui te sauverait du Blood Circle, ce qui tracerait la ligne ténue entre la vie et la mort. Mettre à terre ton adversaire le plus rapidement possible, assommer ou tuer, elle t’a ouvert pratiquement toutes les possibilités. Pas d’arme à feu cependant, trop compliqué de t’y entraîner sans structure adéquate – il faut bien avouer que le pas de tir du sous-sol chez ton père est plus une anomalie qu’autre chose – et elle ne voulait pas que tu ailles en club. Trop risqué. Pour autant, ces entraînements n’ont jamais été une contrainte et n’étaient pas qu’une nécessité de survie. Tu as toujours aimé ça, sentir ton corps vivre, bouger, travailler les gestes encore et encore, doser la force des coups, ta précision, ta vitesse, ta concentration, tes réflexes. Poudlard a un peu compliqué les choses, mais tu n’as jamais renoncé. Et le parc offre quand même un cadre idyllique au moins pour la course.
Kayla a suivi la même réflexion puisqu’elle a décidé de prendre plus de temps pour s’entraîner, même si elle s’est aussi tournée vers les Animagi. Pas une mauvaise idée, vu vos gabarits respectifs, tu n’as rien de très impressionnant non plus. On va dire que ça te donne l’avantage de la surprise… Tu as toujours adoré la métamorphose, devenir Animagus t’aurait plu aussi, mais il faut trouver la personne apte à te former, l’entraînement est plus que difficile, les échecs bien plus nombreux que les réussites. Et… tu avais juste trop de choses à gérer, trop de choses dans la tête. Les cours, les boulots une bonne partie des week-ends, l’Ordre en plus à présent… tu n’aurais pas supporté quelque chose de plus. Sage décision quand tu vois l’état dans lequel tu termines cette fichue année.

La discussion avec Kayla démarre au quart de tour et les références pleuvent vite. Alice au Pays des merveilles, Le Seigneur des Anneaux… c’est toujours un plaisir de retomber dans le monde moldu. Il aurait sûrement été plus prudent que tu n’y remettes plus les pieds après la disparition de ta mère, mais c’est une part trop importante de ton identité, tu ne veux pas la perdre. Surtout après avoir passé des années à la défendre face aux sang-pur. Même la plupart des sang-mêlé semblent avoir grandi davantage du côté de la magie que du monde moldu, et c’est dommage.
Dans un sourire, tu lui concèdes le point sur le retard du lapin blanc tandis qu’elle te tire la langue. Tu apprécies vraiment ces moments, ça chasse la lourdeur de la nuit et tes cauchemars.

Lorsque tu t’inquiètes pour la course, elle te répond en riant sur ton rôle. Tu fais mine de froncer les sourcils.

— Si au moins j’étais sûr que tu appliquais mes si précieux conseils ! Ah là là, la jeunesse de nos jours…

Aucun scrupule à faire comme si tu n’étais pas le plus jeune des deux. Elle a quand même pris la précaution de prendre une barre de céréales, tant mieux.

— C’est que j’ai des comptes à rendre après, si ça se passe mal. J’ai droit à un certain taux de pertes, accidents et autres incidents, mais il y a la paperasserie à remplir… Merci de me l’épargner.

Ce n’est pas plus mal que même des mois après, elle te surprenne.

— C’est plutôt une bonne chose, je trouve. On s’ennuierait si on savait toujours à quoi s’attendre !

Vous ne tardez pas à vous élancer, et tu savoures le plaisir simple de la course, la mécanique des muscles qui se met en branle doucement. Vous êtes vraiment seuls au monde, rien ne vous dérange. Un vent léger souffle, plutôt agréable, tandis que des trilles d’oiseaux vous accompagnent. Tu restes toujours un peu attentif aux alentours, mais il y a vraiment peu de chance pour que vous croisiez qui que ce soit.
Kayla relance la conversation sur les examens qui viennent de se terminer, c’est plutôt une bonne chose de les savoir derrière. Elle capte sans mal ton allusion à la Reine des Neiges et te réponds en transformant les paroles. Plus jamais, plus jamais, c’est vite dit, mais ça va quand même faire du bien de passer les deux mois à venir sans devoirs ni examens. Tu essaies de la rassurer sur ses chances de réussite, et ce n’est pas de l’hypocrisie : elle a vraiment beaucoup travaillé.

— Je n’ai pas beaucoup de mérite : j’ai eu la chance d’avoir une super élève !

Son compliment te touche cependant. Tu gères tellement mal tout le reste que savoir qu’au moins sur ce plan-là, tu ne t’es pas planté, c’est plutôt gratifiant.

— Ça se voyait que ça te plaisait et je crois que c’est le plus important. Les miens se sont bien passés… je crois. Ça devrait le faire.

Tu as fait ce que tu as pu. Tu as bien conscience que pour avoir une chance d’être Auror, il te faut avoir les meilleures notes possibles. Et si aligner les « optimal » ne te posait pas de problème dans la plupart des matières autrefois… c’est plus compliqué aujourd’hui. Tant pis.

— Absolument insupportable ! tu lui retournes en souriant. Non, en vrai, tu ne l’as pas été, c’était normal d’avoir des craintes… C’est courageux de repartir comme ça dans un nouveau cursus.

Tu te rappelles ta propre septième année – au-delà du chaos que c’était, et certaines périodes sont toujours floues pour toi tellement tu étais déconnecté. S’il n’y avait pas eu Elise pour voir à quel point tu t’enfonçais, tu ne sais même pas si tu serais encore là aujourd’hui.

— Je suis content que tu aies réussi à trouver ta voie. Ce n’est pas simple de savoir ce qui nous convient. J’ai beaucoup hésité… avec le droit, justement ! Ça me tentait beaucoup aussi. Ce qui a fait pencher la balance, c’est qu’en droit, il n’y avait quasiment plus de pratique magique, et j’aime trop les sortilèges pour m’en passer.

Elle évoque sa formation pour devenir Animagus et tu lui retournes un sourire moqueur.

— J’imagine bien, ça doit te rajouter pas mal de boulot ! D’ailleurs, je suis sûr que ta forme animale sera un lapin blanc…

De quoi terrasser (de rire) tous ses adversaires. Elle enchaîne cependant sur les changements liés aux vacances, tu hoches la tête. Bon, tu ne regrettes pas vraiment le brouhaha des couloirs, ni le vacarme infernal de la Grande Salle à l’heure des repas… mais oui, tu aimes profondément le château et, au-delà du fait que c’est le seul endroit qui ressemble à un chez-toi, ça te pince toujours un peu le cœur de le quitter. Encore plus de savoir que l’année suivante sera la dernière passée entre ces murs. Ça te met un coup au moral.

— Pareil… ça va me manquer même si je suis content d’être en vacances.

Tu ne développes pas plus. Elle évoque sa formation, te demande tes propres projets.

— C’est bien qu’ils ne fassent pas de pause. D’ailleurs, il ne faudra pas te relâcher côté course non plus si tu ne veux pas perdre le bénéfice de tous ces mois d’effort et de renoncement aux grasses matinées.

Ton ton reste taquin. Tu hausses les épaules.

— Pas grand-chose de prévu de mon côté. Je vais profiter un peu de ma famille, et puis j’ai trouvé un petit boulot pour cet été, dans une librairie, ça m’occupera !


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Eirian Howl & Kayla Rausale ||  Mi-juin 2020


Il faut l’avouer, je n’ai jamais été une grande fan du sport. J’ai joué dans l’équipe de quidditch de Gryffondor quand j’étais collégienne et j’ai réintégré l’équipe en septembre dernier. J’ai toujours aimé voler, je trouve ça grisant et les sensations que je ressens quand je suis en l’air sont incomparables ; être libre, sentir le vent fouetter mon visage, sentir le soleil picoter ma peau… c’est incroyable. Mais en tant qu’attrapeuse, je n’ai jamais ressentie le besoin d’être forte et endurante. Au contraire après tout, le fait que je sois petite et menue est un avantage car le balai avance plus vite avec moins de poids, c’est un fait. Je n’ai jamais eu besoin d’avoir les gros muscles des batteurs ou la force des poursuiveurs. Alors le sport, au Quidditich, c’est plus le balai qui le fait que moi. Mais quand je suis arrivée en protection magique, j’ai bien compris que cela ne suffirait pas et qu’il fallait que je me donne à 200%. Cela a été difficile, surtout les premières séances et Eirian est là pour en attester, j’ai tellement souffert. Je crachais mes poumons tous les cinquante mètres, j’avais l’impression de découvrir des muscles dont je ne m’étais pas servie depuis des années et puis surtout, j’avais mal partout. J’ai bien failli abandonner des dizaines de fois. J’ai eu de la chance de tomber sur Eirian car il m’a motivé comme je n’aurais pu le faire seule ; et il faut l’avouer, courir à deux, c’est vraiment plus sympa. Et j’ai également appris que courir tout en parlant permettait de bien réguler sa respiration, donc c’est exactement ce qu’il me faut. En tout cas, il faut être honnête, rares sont les fois où nous croisons d’autres élèves ou étudiants en train de s’entraîner. Sommes-nous les seuls consciencieux dans cette formation ? Peut-être bien. En tout cas, moi, je veux mettre toutes les chances de mon côté. Travailler sur mon endurance, je trouve ça primordial. Et en plus de cela, je m’amuse bien avec Eirian, il est vraiment sympa comme garçon. Bien sûr, son côté réservé me le rend immédiatement sympathique ; même si je suis beaucoup plus ‘’sociale’’ que lui, je n’en reste pas moins quelqu’un de timide parfois. Cela dépend vraiment de l’interlocuteur.

Avec Eirian, c’est facile, nous avons quasiment les mêmes centres d’intérêt, les mêmes références, les mêmes désirs presque. On se ressemble beaucoup et ça me fait toujours plaisir d’échanger avec une personne qui a un pied dans le monde moldu. Je l’avoue, parfois, les discussions avec mes cousins et mes cousines me manquent. Ils sont moldus eux aussi et j’ai grandi avec eux, dans leur monde, je suis allée dans leur école, j’ai été au parc, chez une nounou moldue, je suis allée en camps de vacances avec eux. Bref, j’ai grandi ainsi, avec l’idée que oui, c’était possible de concilier la magie et le reste. Me concernant, je pourrais aisément vivre dans les deux mondes tout en sachant que je serai incomplète : ma vie sorcière manquerait à ma vie moldue et inversement. Par exemple, je ne comprends toujours pas comment les sorciers peuvent encore communiquer par courrier à l’ère d’internet et des discussions instantanées. Mon téléphone ne fonctionne pas à Poudlard mais j’ai quand même pris l’habitude de l’avoir sur moi. Cela dérange certains autres mais je m’en fous totalement. A contrario, la magie a ses avantages comme le transplanage notamment. Le métro moldu, beurk quoi. Bref, je vis en harmonie entre ces deux mondes, gravitant comme bon me semble vers celui qui m’intéresse. Et c’est la même chose pour Eirian. Donc je l’avoue, avoir quelqu’un qui me comprend comme ami, ce n’est pas négligeable. « Si au moins j’étais sûr que tu appliquais mes si précieux conseils ! Ah là là, la jeunesse de nos jours… » Je ne peux m’empêcher de rire ce qui bloque ma respiration pendant quelques secondes car je manque d’air. « Ahahah, mais que tu es drôle mon cher Eirian ! La prochaine fois, je te ramène une canne et une fausse barbe, tu seras plus crédible dans le rôle du vieux sage ! » J’ai parfois tendance à oublier que de nous deux, c’est Eirian qui a encore des dents de laits. Je prends la mine offusquée lorsqu’il me parle de son taux de perte en tant que tuteur. « QUOI MAIS C’EST AFFREUX ! Je vais aller me plaindre à la vice-rectrice de l’Université. » dis-je en riant jaune. J’ai déjà raconté à Eirian combien je hais Meredith Carrow, cette femme qui est de mon sang mais qui me considère comme une paria parce que ma propre mère, sa cousine, a osé épouser un né-moldu, cette folle dingue ! « Ne t’en fais pas, je tiens à ma vie, je promets de faire plus attention maître Yoda. »

En tout cas, trêves de bavardage, il est temps de s’y mettre ! Nous partons doucement et je garde le silence pendant un temps pour profiter simplement du paysage, du soleil qui chatouille mon visage. Mais le naturel revient rapidement au galop avec moi, je suis une vraie pipelette. Et puis j’ai besoin d’exprimer avec lui mes craintes sur les examens. Lorsqu’Eirian a été désigné pour être mon tuteur, j’ai été honnête avec lui. Il savait mon parcours, il savait que je sortais de deux ans d’errance où j’avais galéré, enchaîné les petits boulots. Et il savait aussi que je n’avais jamais été une élève très appliquée. J’avais des facilités en métamorphose et en sortilège, mais pour le reste… Alors reprendre une formation aussi exigeante que celle de Protection Magique, une formation où -pour ainsi dire-, il faut être bon partout, cela m’a fait peur. Alors heureusement qu’il était là pour accueillir mes angoisses ; j’avais peur au début que du fait de son âge, il ne puisse pas m’aider aussi bien que je le voulais mais je me suis rapidement rendue compte que ce n’était pas vraiment une question d’âge mais surtout de maturité. Et de la maturité, il en a. « J’avoue, j’avoue, je suis formidable comme élève, chaque tuteur rêverait de m’avoir tellement je suis parfaite ! » Je plaisante bien évidemment, j’ai bien sûr mes défauts, je suis bien ronchon et grognon quand je m’y mets mais bon sinon j’suis plutôt sympa comme personne. En tout cas, mes examens se sont bien passés et les siens aussi, c’est déjà le principal. « Tu ne trouves pas que l’année est passée vite ? » Je n’arrive pas à croire que cela fait déjà une année scolaire que je le connais, les jours, les semaines puis les mois se sont écoulés à une vitesse folle. Les enseignants ont eu raison le premier jour lorsqu’ils m’ont dit qu’il fallait se mettre très rapidement au travail car les trois années de formation passeraient très vite. Je n’y ai pas cru, j’aurais peut-être dû. Mais je me suis reprise rapidement et puis Eirian m’a aidé à m’organiser. C’est con, mais l’expérience des autres est importante et j’ai utilisé celle du Serdaigle, elle m’a bien été utile. « Oh je suis certaine que tu as géré. En tout cas, j’ai hâte de débuter mes stages l’an prochain. » Les récits d’Eirian sur les siens m’ont encore plus motivé en tout cas. « Oui, c’était courageux, c’est pour ça que je suis à Gryffondor t’as vu ! » dis-je en riant bêtement en montrant mon tee-shirt au couleur de ma maison.

Lorsque Eirian évoque ses propres doutes suite à sa dernière année, je suis surprise. C’est vrai que c’est un sujet que nous n’avons jamais évoqué, je ne pensais pas qu’il avait hésité. C’est bête, je le trouve tellement à sa place dans cette formation. Je ris lorsqu’il parle du droit. J’acquiesce lorsqu’il m’avoue avoir été bloqué par le fait que le droit reste très théorique. « Je peux te l’assurer, pour avoir passer six mois dans ce cursus, que c’est chiant à mourir. » Je rigole doucement avant de demander : « Tu te rappelles des cours d’histoire de la magie avec le vieux Binns ? Bah pareil. En pire. » Je me souviens le nombre de fois où je me suis endormie en cours, le nombre de fois où le code pénal me sortait par les trous de nez, le nombre de fois où je ne voyais aucun arrêt à ce que j’apprenais. « Sur ce point-là, je suis comme toi, j’aime trop le terrain je crois. Je t’avais dit que j’avais hésité avec la zoomagie ? Mais bon, c’était… Trop… enfin, pas assez… » J’ai du mal à terminer ma phrase parce que je ne sais pas comment tourner ça sans paraître prétentieuse. « Enfin ce que je veux dire c’est que j’avais envie d’être utile. » J’évoque avec lui ma formation Animagus qui va se poursuivre pendant les vacances. Ce n’est pas une formation qui dépend de l’Université mais bien du Ministère de la Magie donc pas de repos pour les guerriers comme dirait ma mère.

Je respire de travers lorsqu’Eirian me charrie sur la forme que prendra mon Animagus à la fin de ma formation. Un lapin blanc ? « Mais je ne te permets pas ! Tu ne vas bientôt plus être Maître Yoda mais un Ewok tout pourri tu vas voir ! » Mais je ne peux m’empêcher de rire après. « Pffff… Je déteins sur toi ! Tu te moques toi maintenant ? » En soi, il a raison. « Tu sais que ça me fait flipper ? » J’explicite. « J’ai peur de me retrouver avec un Animagus qui ne me correspond pas. Les formateurs disent que ce n’est pas possible, que l’Animagus représente la personnalité et les envies du sorcier. Mais bon, franchement, ça fout quand même les jetons. Imagine je me retrouve en petite souris ? Ou en lézard ? Ce serait vraiment con et ça ne m’aiderait même pas sur le terrain. Limite je préférais un animal domestique comme un chat, pour les missions d’infiltration ça peut être utile. Enfin bon, je n’y suis pas encore…  » Je prends une longue respiration après ce monologue où j’ai bien failli m’étouffer. « Mais bon, j’ai le temps de voir venir. » dis-je en concluant sur le sujet.

Lorsque la conversation part sur les vacances, je sens Eirian tout aussi déçu que moi de quitter le château mais ravi d’être en congés. Je le comprends, cette année a été fatigante. Au-delà de l’école, l’actualité du Blood Circle, le fait qu’il y ait de plus en plus d’attaques, d’enlèvements, de chasses aux sorciers, cela prend de la place. Nous sommes tous stressés. « Non, ne t’inquiète pas, je vais pas me relâcher. Je vais aller faire du FreeRun avec une copine moldue normalement. » Je pense à Charly que j’ai eu sur Instagram il y a peu de temps. Les entraînements à la salle, c’est fini, on va passer aux choses sérieuses, ça va être moins drôle. Tout en continuant de courir, ma tête se tourne vers Eirian qui hausse les épaules lorsque je lui demande ce qu’il compte faire de l’été. Voir sa famille et travailler. « Ah mais c’est top ça ! Comment tu as trouvé ce travail ? C’est une librairie moldue ou sorcière ? Elle est située où ? » Est-ce que je suis en train de me dire que j’irais y faire un tour ? Exactement ! « Je pourrais venir faire la cliente chiante et voir si tu gardes ton calme. » Je rigole doucement. « C’est un entraînement très intéressant juste avant d'aller en dernière année ! »

 

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Jeu 25 Fév - 21:54
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« mi-juin 2020»
Tu trouves un peu dommage que les sorciers ne jurent que par le Quidditch, sans s’intéresser à la multitude de sports qui existent. Mais il faut avouer que le sport sorcier t’est toujours un peu passé au-dessus de la tête. Autant tu peux admirer les figures de certains joueurs, autant suivre les matchs ne te passionne pas plus que ça. Tu n’as jamais été très habile sur un balai non plus. Ce n’est pas une question de vertige, mais… tu ne sais pas, les sensations sont agréables, le vent sur ton visage, te déplacer dans les airs… ce qui te perturbe, c’est peut-être le milieu un peu étrange entre grand support, comme les hippogriffes et autres créatures volantes, et l’absence de tout soutien, ce que seuls les sorciers les plus puissants peuvent accomplir. À choisir, tu serais plus à l’aise à dos d’Abraxan ou à voler sans aucun appui plutôt que devoir te cramponner à un morceau de bois inconfortable. Mais pour le coup, c’est une opinion que tu as plutôt tendance à garder pour toi ; lorsque tu dis que tu n’aimes pas le Quidditch, tu as l’impression d’avoir insulté le sorcier ou la sorcière en face ainsi qu’une bonne partie de ses ancêtres, voire sa potentielle descendance. Certains prétendent que c’est parce que tu es né-moldu que tu n’y comprends rien. Peu importe. Tu as fait avec, mais tu as été plutôt content lorsque Kayla t’a demandé si elle pouvait s’entraîner à la course avec toi.

Même en t’adaptant, les débuts ont été difficiles, mais elle a fini par s’y faire, l’endurance et les muscles sont venus petit à petit au point que maintenant vous pouvez discuter sans souci tout en courant – et ça a rendu les entraînements bien plus agréables. Puis, après avoir vu les Aurors à l’œuvre, tu sais que c’est pour le mieux. Tu déplores parfois que les élèves de votre formation ne prennent pas le sport davantage au sérieux, mais d’un certain côté… c’est tant mieux pour vous, l’accès à la formation est déjà bien assez difficile en soi, alors tu ne comptes rien négliger. Les entraînements ont été l’occasion aussi de connaître un mieux ta filleule, en dehors du cadre purement scolaire, vous avez beaucoup de points en commun et vous êtes devenus amis. Loin des autres, plus ou moins en confiance, tu arrives à te détendre, tu as l’impression de redevenir un peu le Eirian d’avant – tu n’as jamais été un fêtard, même enfants, c’était Carl le plus turbulent de vous deux, mais tu étais quand même beaucoup moins sur la défensive que maintenant.

Sans être née-moldue, Kayla a grandi en bonne partie dans le monde moldu, et ça vous a rapprochés aussi. Cependant, elle a l’air de beaucoup mieux vivre cette dualité que toi, elle se sent aussi à l’aise dans un univers que dans l’autre alors que toi… tu as toujours l’impression de ne jamais coller suffisamment à l’un ou à l’autre. Peut-être les conséquences d’avoir grandi en ayant conscience que ta nature de sorcier pouvait te valoir la mort dans le monde moldu, d’y avoir toujours été en danger depuis tes sept ans, par la faute de ton père. Et là où tu pensais t’adapter facilement, trouver ta véritable appartenance… la découverte de l’idéologie sang-pure a été comme une claque dans la figure. Là non plus, tu ne correspondais pas au schéma attendu. Et tu as pris conscience du gouffre qui te séparait des autres sorciers. Bien sûr, tu avais dévoré les manuels avant la rentrée, mais ce n’était rien à côté du reste. Tu ne connaissais rien de leur vie, de leurs coutumes, des créatures magiques… oh bien sûr, tu en avais l’image que donnent les histoires moldues, mais la réalité est quand même bien différente. Tu as passé des semaines plongé dans les grimoires de la bibliothèque, à essayer d’apprendre, de comprendre, pour combler les différences. Tu y es globalement parvenu, mais ça n’a jamais complètement effacé cette impression d’être un étranger. Évidemment, tu restes pleinement convaincu que les deux mondes peuvent vivre en paix, qu’ils ont beaucoup à s’apporter, que tous les sorciers devraient prendre l’étude des moldus, que les moldus devraient apprendre à connaître le monde sorcier. Au fond, c’est surtout toi, le problème. Même maintenant, tu n’as aucune idée de la place que tu pourrais prendre, trop occupé à te débrouiller au jour le jour, l’horizon limité aux prochaines semaines. De l’extérieur, tu donnes l’impression de naviguer parfaitement entre les deux mondes, et c’est le cas, tu les connais pratiquement sur le bout des doigts, du moins pour leur partie anglaise, mais tu n’arrives pas encore à réconcilier tes deux moitiés. Tu y réussis un peu avec Carl et Robin, qui savent presque tout sur toi. Et tu adores tes échanges avec Kayla, parce que ça te donne aussi l’impression d’y parvenir. Que tout est normal.

Comme toujours la discussion tourne rapidement à la plaisanterie et les piques volent entre vous. Tu ironises sur vos âges respectifs et elle rit avant de rétorquer.

— Ce n’est pas la barbe et la canne qui font le sage !

Elle rebondit sur le taux de perte auquel tu prétends avoir droit en voulant se plaindre à la vice-rectrice. Tu connais leurs liens familiaux, le rejet de Meredith Carrow – tout ce que tu hais chez les sorciers, cet attachement fanatique à la prétendue pureté du sang.
Et voilà qu’elle te traite de maître Yoda !

— De préserver ta vie tu fais bien. Quand comme moi neuf cents ans tu auras, encore en forme tu seras.

Bon, tu ne garantis pas que la citation soit contractuelle, ça fait quand même quelques années que tu ne les as pas revus.

La conversation retombe pendant les premières minutes de course, le temps de trouver votre rythme. Mais ça ne durera pas, tu le sais parfaitement. Et tu aimes ça au fond. Tu t’es pas mal replié ces dernières années, ne parlant vraiment qu’avec tes rares amis et n’échangeant que le minimum vital avec les autres – des infos pour les cours, quelques mots quand ils subissent tes cauchemars, et c’est bien tout. Alors, avoir de temps en temps l’occasion de discuter normalement, ça te fait du bien. Même si évidemment tu ne te relâches jamais totalement. C’est plus simple lorsque vous n’êtes qu’à deux, en groupe, la proximité des autres t’angoisse et tu es plus concentré sur leurs gestes que sur la conversation.

Puis, avec Kayla, tu as beaucoup discuté dès le départ. Ça te paraissait essentiel pour que votre collaboration fonctionne, pour trouver l’équilibre aussi avec votre différence d’âge. En digne Serdaigle, tu es un bon rat de bibliothèque, capable de passer des heures le nez dans des grimoires sans vraiment voir le temps passer, et un bourreau de travail, parce que tu adores étudier. Mais tu es bien conscient qu’en dehors de ta maison, ce n’est pas le fonctionnement habituel, et tu voulais t’adapter au mieux à elle plutôt que de lui imposer des méthodes qui ne lui conviendraient pas et la braqueraient. Avantage non négligeable, vous avez des facilités dans les mêmes matières, ce qui a quand même pas mal aidé. Métamorphose, sortilèges et DCFM, ta trinité personnelle en matière de magie. Et si jamais quelque chose ne lui allait pas, elle avait toujours la possibilité de te le dire et tu t’es efforcé d’être attentif.

— Modeste tu resteras, mon jeune Padawan ! Non, en vrai, je suis content que ça se soit si bien passé !

Si l’année est allée vite ? Tu ne l’as pas vue passer. Autant le début d’année a été plutôt tranquille, excepté en octobre, autant depuis janvier et ton entrée dans l’Ordre, le temps a filé à une vitesse folle. Et l’intensité des cours y a bien contribué.

— Mais si ! J’ai toujours du mal à réaliser qu’on est déjà en juin, que l’été est là… j’ai l’impression d’être encore au printemps ! Le temps file beaucoup trop vite.

C’est rassurant que tu ne sois pas le seul à ressentir cela, tu ne débloques pas totalement.

— Tu vas adorer les stages, je pense ! On n’est pas là pour faire le café ou trier les papiers, ils m’ont vraiment fait bosser, c’est hyper formateur. Bon, ça fait cliché dit comme ça, mais j’ai énormément appris en quelques semaines, on voit ce que ça fait d’être sur le terrain pour de bon, ça n’a rien à voir avec toute la théorie qu’on peut apprendre.

Entre l’Institut, le moremplis, les entraînements, tu n’as pas chômé, mais tu étais là pour ça.
Tu évoques tes propres doutes en septième année, tu te serais bien vu faire du droit… comme ton cousin, en fait, et ça t’amuse que vous ayez eu les mêmes aspirations, même si tu as finalement opté pour une autre voie. Plutôt du côté de Carl qui a rejoint l’armée – sans avoir vraiment eu le choix. À quel point est-ce que tout était écrit ? Tu restes formaté par ton enfance et par tes entraînements. Que ce soit ton père ou ta mère, ils voulaient faire de toi un combattant, capable de tuer et de survivre, alors la voie des Aurors était peut-être la plus naturelle.
Tu grimaces en entendant Kayla comparer les cours de droit à ceux du professeur Binns. Alors, ils étaient intéressants dans leur contenu, certes, mais… même pour toi, suivre demandait des efforts. Il y a quelques heures de droit dans votre cursus, mais c’est loin d’être aussi intense que pour la filière consacrée.

— Ouh, j’imagine tout à fait, je suis content d’y avoir échappé ! Enfin, je pense que ça aurait pu me plaire… mais pas en ne faisant que ça. Je trouve qu’on a le bon équilibre entre théorie et pratique en Protection.

Tu comprends son envie d’être utile ; c’est un peu la tienne aussi. Alors, certes, la nécessité de survivre a aussi orienté ton choix et de ce point de vue-là, la Protection magique était bien plus utile que le droit, mais tu voulais aussi apporter quelque chose au monde magique. Maintenant, dans une logique tordue, tu espères compenser un peu les exactions du Blood Circle, même si tu n’en es pas responsable.

— Je vois ce que tu veux dire… Moi aussi, j’ai envie d’être utile, surtout en ce moment, mais même après.

Évidemment, tu ne peux pas t’empêcher de plaisanter sur sa future forme d’Animagus, c’est trop tentant et elle t’a tendu la perche parfaite au début.

— Eh, c’est mignon, les Ewoks ! Et ils s’en sortent pas si mal face aux stormtroopers !

D’un autre côté, qui ne parvient pas à les vaincre…  Tu ris à ton tour.

— Eh oui, l’élève apprend du maître, mais le maître apprend aussi avec l’élève ! Tu aurais dû moins te moquer si tu ne voulais pas que je le fasse !

Tu redeviens sérieux cependant quand elle te partage ses craintes.

— Je suis d’accord avec les formateurs, ton Animagus te correspondra parfaitement. Mais je comprends que ce soit angoissant de ne pas savoir. Après, même un lézard ou une souris peuvent avoir leur utilité. La souris peut se faufiler partout, c’est idéal pour espionner ! Tu veux détruire des documents ? Hop, tu les ronges ! Le lézard peut s’infiltrer facilement aussi, sans parler de l’adhérence pour escalader… Bon, je suis certain que tu ne seras ni l’un ni l’autre, ils ne sont pas aussi bavards que toi. Je ne peux pas deviner quelle forme tu auras, mais je suis convaincu que tu t’y retrouveras. Essaie de ne pas trop y penser, tu ne peux pas influer dessus.

Ton conseil de spécialiste en « faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Tu reprends un peu ton souffle. Vous êtes dans la partie facile du parcours, le chemin est droit et bien dégagé, pas besoin de faire attention où vous mettez les pieds. La conversation dérive vers les vacances. Du freerun ? Pour le coup, tu te tournes plus franchement vers Kayla.

— C’est génial ! On a fait du parkour pendant mon stage, les Aurors ont un gymnase aménagé pour cela, j’ai adoré. Tu t’entraînes depuis longtemps ?

Tu évoques tes propres projets, plus calmes. Kayla saute sur le sujet de la librairie. Tu la taquines :

— Tu crois que cette année n’a pas été un assez bon entraînement ? Puisque tu veux m’embêter, je ne te dirai rien !

Tu laisses le silence s’étirer quelques instants, exprès pour la faire lanterner, puis tu te décides à lui répondre :

— Librairie moldue et sorcière ! Je ne sais pas si tu la connais, c’est le « Part chemin », elle a un accès sur le Chemin de Traverse et un autre côté moldu. J’y vais depuis un moment et je m’entends bien avec le gérant, il a accepté de me prendre quand je lui ai dit que je cherchais quelque chose pour cet été.



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Je n'aurai pas dû sécher
les cours de gym
Eirian Howl & Kayla Rausale ||  Mi-juin 2020

« Ce n’est pas la barbe et la canne qui font le sage ! » dit Eirian et je ne peux m’empêcher de rire une fois de plus. J’avale de l’air de travers et toussote avant de retrouver une respiration quasiment normale. Une fois que c’est fait, je réplique d’un air outré : « QUOIIII ? On m’a donc menti pendant toutes ces années !» Je fais mine d’être choquée et je souris bêtement. Je ne comprends pas comment on ne peut pas apprécier Eirian, c’est vraiment un mec sympa et j’adore m’entraîner avec lui. Il y a tant de chose à raconter, tant de choses à faire malgré ses secrets que je n’ai jamais eu l’impolitesse de chercher à creuser. Eirian est fait ainsi, je sais qu’il a probablement vécu des choses compliquées mais je ne suis pas là pour être sa psychomage et si je peux au moins l’amuser, je le fais de bon cœur. Il faut dire qu’Eirian m’a déjà tant aidé quand j’ai repris mes études, cela aurait été indélicat de le mettre mal à l’aise. Alors je me contente d’être une amie facile à vivre. De toute manière, c’est ce que je suis, j’ai toujours été ainsi, je n’ai pas changé pour le jeune Serdaigle. Mais en tout cas, il faut l’avouer, le fait d’avoir grandie dans le monde moldu nous a rapproché parce qu’Eirian sait ce que c’est d’avoir un pied dans chaque monde et d’avoir le fessier entre deux chaises comme on dit chez nous. De mon côté, je vis tout cela très bien et ce que je rêve, c’est que cela ne soit plus une tare. Que je puisse parler du monde sorcier quand je suis dans le monde moldu et inversement. Malheureusement, l’avènement du Blood Circle m’a obligé à faire de plus en plus attention. À Poudlard, je suis Kayla la sorcière, et dans le Londres moldu je suis Kayla la moldue. C’est parfois difficile de devoir faire attention à tout ce que l’on dit ou tout ce que l’on fait. J’aimerai tellement vivre dans un monde en paix. Le fait qu’Eirian et moi soyons dans la même branche, celle de la protection magique, montre également à quel point nous souhaitons tout deux un monde meilleur.

J’hausse les sourcils lorsqu’il me sort une citation de Star Wars que je reconnais vaguement, je ne suis pas suffisamment au point sur les films. « 900 ANS ! Oh non, j’aurais trop peur d’être fripée ! » conclué-je lorsque nous commençons à courir à une allure très faible. Il valait mieux commencer doucement. Nos séances sont relativement similaires ; avec le temps, nous avons appris à trouver notre rythme. Et lorsque nous atteignons ce fameux rythme de croisière, je ne peux m’empêcher d’entamer à nouveau la conversation. Je suis comme ça, Eirian y est bien habitué désormais, j’adore papoter avec lui ; le pauvre, il subit très souvent mes longs monologues. Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose me dit que s’il n’appréciait pas ça, il me l’aurait fait remarquer. Dès le début, nous avons beaucoup échangé et cela m’a aussi aidé à me mettre en confiance : comme Eirian savait tout ce qui pouvait me mettre en difficulté, il désamorçait les bombes avant même qu’elles n’explosent. Après avoir balayé le sujet des examens, j’aborde le fait que cette année soit passée à vitesse grand V. Déjà bientôt un an depuis ma rencontre avec Eirian, c’est bête, j’ai l’impression de le connaître depuis plus longtemps que cela. Comme quoi. Lorsqu’il évoque ensuite les stages l’an prochain, j’acquiesce et écoute son retour d’expériences. Bien entendu, il m’a déjà longuement raconté son stage auprès d’Aurors tout en demeurant dans la confidentialité des missions qu’on lui a confiées, mais cela s’est senti qu’il n’a effectivement pas joué à la potiche donc cela me rassure. Je déteste rester à rien faire. J’enchaîne : « Non mais c’est cool franchement, personnellement, ça me donne encore plus envie ! J’ai hâte de voir quel stage on va m’attribuer l’an prochain. Je te rejoins totalement en tout cas, cela va me permettre de faire du lien entre ce que j’apprends en théorie et la pratique. Souvent, le terrain nous montre qu’on est bien loin de ce qu’on nous apprend à l’école… » Je suis bien consciente de ça. J’ai déjà effectué des stages avant de me réorienter et même si à l’époque je n’étais cantonnée qu’à de l’observation, j’ai bien vu que dans les faits, les protocoles d’action qu’on nous apprend à l’école sont loin d’être aussi bien suivies que les enseignants le souhaiteraient. « Moui… Je suis pas certaine que le droit t’aurait plu effectivement. » Je n’ai pas la prétention de connaître Eirian sur le bout des doigts mais ce que je sais de lui me montre qu’il est dans une voie qui lui correspond tout à fait, tout comme moi. C’est rassurant de voir qu’on peut avoir le sentiment d’être utile, même en étant seulement étudiant. « Oui, j’aimerai vraiment qu’on puisse… » qu’on puisse quoi ? Changer le monde ? C’est trop prétentieux mais pourtant… « Je me dis que de petites gouttes peuvent faire de grandes rivières, qu’en penses-tu ? Nous sommes la preuve vivante qu’on peut réussir à concilier les deux mondes. Enfin… Autant qu’on le peut. »

Dans ce même ordre d’idée, devenir Animagus, c’est aussi poser ma pierre à l’édifice et tenter d’aider au maximum la cause. Pour moi, la seule cause qui vaut la peine d’être défendue, c’est la vie. Peu importe que l’on soit sorcier ou que l’on soit moldu, peu importe son origine, sa race, son orientation religieuse ou sexuelle. Seul le combat de la vie fait grâce à mes yeux. Donc forcément, avoir une corde de plus à mon arc pour défendre la veuve et l’orphelin, cela ne peut qu’être un plus. Je tire la langue encore une fois de plus à mon interlocuteur lorsqu’il prétend qu’il se moque de moi uniquement parce que le maître apprend de l’élève. Je ne peux m’empêcher de rebondir : « Vivement le moment que l’élève dépasse le maître alors ! Non mais ! » dis-je en riant.

Ce qui est bien avec Eirian, c’est que peu importe les sujets, il peut se moquer mais il est toujours présent lorsqu’il s’agit de me rassurer. Il est vrai que la question de l’Animagus dont je prendrais bientôt la forme demeure stressant et j’y songe régulièrement. J’écoute ses conseils et j’acquiesce lentement. « Oui c’est vrai, je suis d’accord avec toi mais façon, on ne le saura que quand j’y parviendrais. Ce n’est pas pour tout de suite. » Je rigole doucement par rapport à la dernière partie de sa phrase et je lance : « Peut-être que je serai un perroquet ! » Cela correspondrait à mon côté pipelette, ça, c’est certain. Mais bon, comme dit Eirian, j’ai le temps de voir venir de toute manière. Cela ne sert à rien d’y penser avant que cela ne soit fait.

Lorsque nous évoquons nos idées d’occupation pour les vacances, je parle de ce que je vais faire avec ma copine Charly durant l’été. Cela fait plusieurs fois que je m’entraîne avec elle les week-ends à la salle de sport où elle pratique le FreeRun et elle m’a proposé l’autre jour d’aller s’entraîner en plein air. J’appréhende énormément mais on verra bien comment ça se passera. « Ah ouais ?» dis-je, étonnée lorsqu’il parle du parkour. « Tu ne m’en avais pas parlé ! » Je réfléchis doucement à ce que m’a dit Charly la dernière fois sur la différence entre les deux. « De ce que j’ai compris, le Parkour, c’est vraiment aller à un point A à un point B de manière très efficace. Le FreeRun a un côté un peu plus artistique. Mais en tout cas, c’est super qu’il y ait un gymnase aménagé pour ça ! Je trouve ça top que la formation ne soit pas uniquement basée sur la magie. » Il y a tant d’éléments à prendre en compte lors d’un combat et certains sorciers ont tendance à se reposer exclusivement sur leurs baguettes. Je ne veux pas être de ceux-là. Je ne veux pas être celle qui ne sait plus se défendre au cas où je perdrais ma magie par le biais du sérum ou si je perdais ou cassais ma baguette. La vie est trop précieuse pour qu’on ne puisse compter que sur un petit bout de bois. « Longtemps non, quelques mois. Je crois t’en avoir vaguement parlé, c’est avec la fille avec qui je m’entraînais à la salle de sport les week-end. » J’avais du évoquer des entraînements mais sans parler spécifiquement du FreeRun. Je me souviens plus trop, on parle tellement avec Eirian que des fois j’oublie si je lui en ai parlé ou non.

Après avoir parlée mes propres projets, c’est au tour d’Eirian d’évoquer les siens et je souris lorsqu’il m’explique avoir trouver un job d’été dans une librairie. C’est con, mais cela lui ira comme un gant. Il est si calme et si posé, il saura bien conseiller les clients. Je le sais parce que c’est vers lui que je me tourne quand j’ai besoin de quoi que ce soit. C’est un Serdaigle après tout, que ce soit dans une bibliothèque ou dans une librairie, c’est du pareil au même. Il fait mine de ne pas vouloir me donner le nom de l’enseigne et je fais mine de bouder mais cela ne dura pas bien longtemps. « Le Part Chemin. C’est original ! C’est top ! » Je sors mon téléphone et le déverrouille. Le signal « Pas de réseau » apparaît bien évidemment mais ce n’est pas ce que je veux faire. Je vais dans Mémo et note les informations que vient de me donner mon ami. « C’est noté pour moi ! Je t’enverrais un SMS durant l’été pour te dire quand je passerai. » Puis je me ravise : « Ou pas d’ailleurs, comme ça, tu auras la surprise ! » Je lui dis : « T’es vraiment motivé. Pour le coup, moi, à part les entraînements sportifs et la formation Animagus, je pense que je vais me contenter de me reposer et de profiter de ma famille. Peut-être aller au cinéma aussi et sortir en boîte avec mes cousines moldues. » C’est déjà pas mal du tout. J’ajoute : « En dehors de ton boulot, on pourra s’organiser des petites virées aussi si tu veux. » Je ne serai pas contre voir Eirian en dehors de l’école mais je ne sais pas vraiment comment il accueillerait ça.

 

PRETTYGIRL


 

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Mar 2 Mar - 8:47
Entraînement à l'aube
« mi-juin 2020»
La conversation se poursuit entre plaisanteries et éclats de rire. Tu sens une partie de la tension des dernières semaines te quitter, tu t’efforces de ne penser à rien d’autre qu’à l’instant présent, à cette course avec Kayla. Le reste, tu auras tout le temps de t’en inquiéter plus tard, une fois la parenthèse refermée. Tu essaies de profiter au maximum de ces moments, même si tu te fais parfois l’impression d’être un vampire. Tu prends ce que tes amis te donnent, mais tu n’as pas grand-chose à offrir en échange, tu n’es qu’une coquille vide, traversée par les échos de tes mensonges. Ta famille, ta vie en dehors de l’école, tous ces petits bouts de toi qu’ils croient connaître… rien n’existe. Et tu sais trop bien que tous te fuiraient s’ils savaient la vérité. Tu secoues la tête. Stop. Ce n’est pas le moment.
Tu reviens à la discussion, soulignes que tous les sages n’ont pas de barbe et de canne. Le rire de Kayla résonne et elle manque de s’étouffer. Tu lui jettes un coup d’œil, mais elle ne tarde pas à se reprendre. Tu réponds avec trop d’enthousiasme pour que ça ait l’air de vraies excuses :

— Désolé de briser tes illusions !

Comme l’a dit tu ne sais plus quel auteur français, la valeur n’attend pas le nombre des années ! Avec Kayla, vous vous charriez en permanence et tu ne regrettes rien de cette amitié à laquelle tu ne t’attendais pas. Après la disparition de ta mère, tu ne te sentais pas capable de rester seul sans oser pour autant aller vers les autres – sans y arriver, surtout, vu l’état dans lequel tu étais. C’est Elise, la première, qui a franchi le pas, t’a tendu la main. Sans elle, tu ne sais pas où tu en serais. Mais tu as commencé à t’ouvrir un peu aux autres, plutôt que de te tenir à la bordure des groupes comme tu le faisais depuis le début, discutant avec tout le monde ou presque sans jamais créer de réel lien, toujours à la marge. Bon, tu n’es pas forcément beaucoup plus intégré qu’avant, trop d’habitudes prises depuis trop d’années, tes condisciples te trouvent bien étrange avec tes cauchemars à répétition, sans parler du fait que tu n’as jamais été particulièrement un fêtard. Mais tu as quand même réussi à nouer quelques amitiés, à rencontrer des personnes avec qui tu te sens globalement bien – ce qui est paradoxalement un cercle vicieux, parce que tu crains d’autant plus de laisser échapper l’information de trop et tu redoubles de précaution. Malgré tes omissions, vous arrivez quand même à partager des choses, c’est plutôt facile de se laisser entraîner avec Kayla, elle est bavarde, vive, enthousiaste… tu t’efforces d’être à la hauteur.

En plus, vous avez les mêmes idées au sujet des relations entre monde sorcier et monde moldu. Tu rêves que les deux se comprennent et vivent en paix, qu’on puisse parler de l’un avec des personnes de l’autre sans que ça pose problème. Les actions du ministère de la magie en faveur des nés-moldus sont déjà un énorme pas en avant ; ils pourront être accompagnés, découvrir progressivement le monde de la magie plutôt que d’y être catapultés sans aucune information ou presque. Et ceux dont les familles n’accepteront pas leur différence pourront être accueillis et pris en charge. C’est bien trop tard pour toi, mais tu croises les doigts pour que cela puisse aider les autres nés-moldus à l’avenir, qu’ils aient de meilleures chances dans le monde sorcier – même si évidemment l’idéal serait que les parents acceptent leurs enfants, sorciers ou pas, et, surtout, les aiment. Si seulement les sorciers et les moldus arrivaient à passer par-dessus les discordes du passé, décidaient de construire vers l’avenir plutôt que de ressasser et de jouer à celui qui a commencé…
Tu ris en entendant Kayla redouter d’être fripée si elle devenait pluricentenaire.

— Je suis sûr que la magie pourrait effacer quelques rides ! Tu devrais y penser d’ailleurs, les premiers cheveux blancs ne devraient plus tarder…


Oui, oui, c’est totalement gratuit. Autant tu aimes courir seul, autant ces entraînements te plaisent aussi. Ce sont peut-être les moments de la semaine où tu ouvres le plus la bouche, entraîné par le rythme de Kayla. Toute la journée, tu ne pourrais pas suivre, trop… renfermé, mais sur ces moments-là, c’est parfait.
Vous abordez ton expérience sur le terrain, tu hoches la tête devant ses paroles. Toi, tu en avais déjà l’habitude entre tes fuites éperdues avec ta mère, le Blood Circle aux trousses, et l’Ordre ces derniers mois, le stage n’a fait que confirmer cela.

— Oui, ça demande de savoir s’adapter très vite, de réagir en une fraction de seconde. D’un côté, c’est important de connaître la théorie pour avoir les bons réflexes et ne pas perdre de temps à réfléchir. De l’autre… le terrain peut faire exploser tout ce que tu as appris, la situation change à chaque instant. C’est complexe. Et l’entraînement et la préparation peuvent faire la différence.

On peut vous apprendre à réagir selon des types de situation, donner des lignes générales… mais rien ne correspondra jamais totalement à la réalité du terrain.

— Je crois que ça m’aurait ennuyé au bout d’un moment.


Les quelques heures de droit de votre filière te conviennent parfaitement.

— Je suis bien d’accord avec toi ! Les choses peuvent changer, on doit y croire si on veut que ça arrive un jour… Je veux pas dire qu’on est des exemples, mais oui, on montre que c’est possible. C’est juste… rageant que certains refusent de le voir !

Ça t’a toujours énervé. Et c’est bien pour lutter contre ça que tu n’as jamais laissé passer la moindre insulte en provenance des sang-pur, qu’elle te soit destinée ou pas. Il faut bien avouer que les mettre à terre d’un sortilège, eux qui prétendaient que tu n’avais rien d’un vrai sorcier, a toujours eu quelque chose de jouissif, mais leur aveuglement t’agace profondément. Quand tu repenses au Carrow, à son changement d’attitude simplement parce qu’il a compris que tu étais né-moldu… tu ne t’es pas privé de lui dire ta façon de penser, de torpiller ses arguments. Tu n’es pas sûr que ça ait porté mais au moins l’a-t-il entendu une fois dans sa vie. C’est bien beau d’accuser le Blood Circle de tous les crimes tout en hurlant à la légitimité des Mangemorts. Aucun d’eux ne vaut mieux que les autres ; leurs idées sont pourries jusqu’à l’os. Il n’y a qu’à penser à ce que Garnet a vécu parce qu’elle était Cracmol, à ce à quoi tu as échappé, parce que tu étais sorcier au sein du Blood Circle. Vous n’étiez que des enfants. Et ça te hérisse plus que tout qu’ils vous entraînent dans leurs guerres et leur haine, qu’ils vous détruisent pour satisfaire leurs convictions. Et c’est pour ça aussi que tu veux te battre, pour qu’ils arrêtent de piétiner des gosses innocents.
Tu te secoues. Malgré toi, tu t’es crispé. Tu te forces à prendre quelques inspirations profondément, à te concentrer sur la course, sur tes foulées pour te calmer. La conversation dérive sur les Animagi et tu te focalises dessus, ne tardes pas à envoyer de nouveau des petites taquineries à Kayla. Tu lui jettes un coup d’œil amusé.

— J’avoue, le perroquet s’accorde bien avec les couleurs de Gryffondor !

La conversation quitte les sujets sérieux pour aborder vos projets de vacances. Sa mention du freerun attire ton attention, tu évoques le parkour que tu as pratiqué pour la première fois avec les Aurors – un rêve de gosse, même si c’était essentiellement en intérieur. Mais leur gymnase est conçu pour reproduire au maximum un environnement urbain et tu en as bien profité.

— J’ai dû oublier, il y avait tellement de choses !


Tu approuves.

— Pour le coup, c’était vraiment tourné vers l’efficacité. Que ce soit la vitesse, la discrétion, le fait que privilégier l’un ou l’autre modifie ta façon de se déplacer… Les Aurors avec qui j’étais prenaient largement en compte le non-magique. Tous ne le font pas, mais je trouve ça dommage, ça les prive de pas mal d’avantages…

Et tu espères ne jamais travailler avec eux, tu préfères largement la façon de fonctionner de Sean et de Rose, et tu aimerais devenir comme eux si tu peux.

— Le côté artistique en plus ça doit être pas mal, je suis curieux de voir ce que ça donne ! Il doit y avoir des vidéos en ligne.

Tu jetteras un coup d’œil quand tu seras à Londres. Tu ne sais pas si elle a l’intention de filmer ses entraînements ni si elle serait à l’aise à l’idée de les montrer. Et comme tu fais tout pour ne jamais apparaître sur les photos, même si ça n’a plus d’importance maintenant, tu t’abstiens de poser la question.

— Tu m’en as parlé, oui, ça me dit quelque chose !

Juste les entraînements, si elle avait évoqué le freerun, tu ne serais pas passé à côté. À ton tour, tu évoques tes propres projets, taquines Kayla en faisant mine de ne rien lui dire et tu ne manques pas sa moue boudeuse. Lorsque tu lâches le nom de la librairie, elle s’empresse de les noter. Ce n’est pas grand-chose, mais ça te touche quand même de voir qu’elle a l’air de s’intéresser sincèrement à ce que tu fais. Elle a même l’air vraiment décidée à venir. En te prévenant à l’avance. Ou pas. Ça te fait rire doucement.

— Quand tu veux, ce sera avec plaisir !

Elle enchaîne sur ta motivation à travailler pendant les vacances.

— Eh, la formation Animagus, c’est pas mal aussi ! C'est le côté Serdaigle, on ne sait pas s'arrêter de bosser.


Un peu d'autodérision, ça ne fait pas de mal.


— En fait, j’ai commencé à réfléchir à après Poudlard, ça va venir vite maintenant… et je me dis que j’aimerais bien prendre un peu mon indépendance, ne pas rester trop longtemps chez mes parents. Du coup, j’essaie de mettre un peu d’argent de côté. Mais ça ne m’empêchera pas de profiter de ma famille !

Elle te propose de vous voir pendant l’été. Tu hésites. Ce n’est pas tant la contrainte financière le souci, bien que le mois de juillet risque d’être difficile en attendant ton premier salaire, que le risque de croiser des membres du Blood Circle à l’improviste et de la mettre en danger. Aucun moment de détente n’en vaut la peine. Certes, tu as revu Robin, il y a Carl aussi maintenant… mais les risques sont connus et partagés, assumés des deux côtés. Londres est immense et ce serait quand même un sacré hasard de tomber sur un ennemi au coin d’une rue, surtout un capable de t’identifier. Mais quelles étaient les chances que tu croises ton meilleur ami d’enfance dans ce bar ? Mais vous organiser des virées n’implique pas forcément de les faire côté moldu, vous pourrez toujours vous retrouver côté sorcier, sur le Chemin de Traverse ou ailleurs. Parce qu’au-delà de toute notion de danger, tu te rends compte que cela te ferait vraiment plaisir de la croiser pendant l’été. Tu espères que tu n’es pas resté silencieux trop longtemps.

— Oh, oui, ça me tente bien !

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Eirian Howl & Kayla Rausale ||  Mi-juin 2020


« Oh oui, on m’a bercé d’illusions toute mon enfance. » Alors que je dis cette phrase, je repense aux autres illusions dans lesquelles ont m’a bercées. Oui, j’ai grandi en pensent que chaque vie était précieuse et même si je le pense toujours autant, je me dis que j’aurais aimé savoir qu’on ne vit pas dans le monde des bisounours. C’est idiot de commencer à penser à ça alors que je suis tout simplement en train de me détendre en faisant mon footing avec l’un de mes amis mais le mot illusion m’a rappelé à quel point je peux parfois être trop rêveuse. Je le suis aussi concernant Eirian. Lorsqu’on a débuté les cours de tutorat, je me suis rapidement rendue compte qu’il dissimulait derrière ses bouclettes des souvenirs douloureux que je me garde bien de déterrer. Alors en compensation tacite, pour le remercier de l’aide qu’il m’apporte, je lui envoie des centaines de bonnes ondes avec la volonté farouche que celles-ci atteignent son cœur et le réchauffent doucement. Alors quand j’entends Eirian blaguer sur mes probables cheveux blancs et sur mes rides, je ne peux m’empêcher de sourire. Me dire que je l’aide aussi, à mon niveau, cela me fait tout simplement plaisir. « Mon cher Eirian, même si le moindre petit cheveux blanc venait à poindre sur mon crâne, soyez-en certain, nul n’échappera à mon regard avisé ! » J’ajoute : « En tout cas, ce que je vois, c’est que je commence à déteindre sur toi ! Tu commences à aimer le second degré !» Je lui tire la langue une fois de plus, faisant la gamine alors que de nous deux, c’est lui le jeunot. Mais retrouver nos âmes d’enfant, l’espace d’un seul instant, c’est également tout le principe de nos entraînements. Joindre l’utile à l’agréable, c’est ainsi qu’on dit non ?

Lorsque le sujet devient plus sérieux, je me surprends à penser à mes futurs stages. Bon, j’en ai déjà réalisé certains, dont deux auprès de la police magique et des aurors, cela m’avait beaucoup plu même si je n’étais à l’époque qu’en stage d’observation et qu’on ne m’avait emmené sur aucune des missions. Normal, vous me direz, qui emmène un stagiaire tout droit sorti du collège sans formation préalable sur le terrain ? Il faudrait être fou. En tout cas, encore une fois, je bois les paroles du Serdaigle tout en sachant que ce sont de précieux conseils qui me serviront dans quelques mois. Et oui… Dans quelques mois, ce sera mon tour d’être lâchée dans le grand bain sans mes brassards. Il faudra juste apprendre à ne pas couler. « Une bonne prépa, ça fait tout, j’suis d’accord. Plus on automatise des choses, plus cela devient un réflexe. Plus c’est un réflexe, mieux on réagira sur le terrain. Action, réaction, c’est comme ça qu’on dit non ? » En tout cas, la raison pour laquelle Eirian et moi étions dans la filière protection magique était assez claire pour n’importe qui qui nous connaît un tant soit peu. Nous rêvons d’un monde en paix, d’un monde où il n’y aurait pas besoin de nous finalement. Un monde où sorciers et moldus pourrait vivre en harmonie, sans guerre, sans inimité. « Tu crois qu’on vit dans le monde des bisounours ? »

Je soupire tout en continuant de courir. Ces entraînements me font tellement du bien. J’ai mis du temps à pouvoir maintenir une conversation ainsi sans flancher, sans devenir rouge et sans manquer de m’étouffer en prenant mal ma respiration. La preuve que j’ai beaucoup progressé. La preuve aussi qu’on peut partir de rien et devenir accro à la course à pied. Parce que même si je rechigne, même si j’ai du mal à me lever, même si c’est difficile d’y aller, une fois que je commence à mettre un pied devant l’autre, je me sens bien, je me sens mieux. Bon, je le sais, le fait que les séances soient avec Eirian y sont pour beaucoup. Parce qu’au-delà de l’aspect même du tutorat, il est devenu un ami que j’apprécie beaucoup et avec qui échanger est un plaisir. Il me comprend tout simplement parce qu’on est sur la même longueur d’ondes sur tellement de sujets que cela nous paraît naturel. Je sens que le sujet des affrontements entre nos deux mondes le touche et l’anime. Il se crispe et j’avoue ne pas lui en vouloir, j’ai longuement soupiré moi aussi pour montrer mon désaccord. En tout cas, j’apprécie nos entraînements et j’en vois les progrès ; ce n’est pas vraiment le cas pour la formation Animagus dans laquelle l’évolution est très, très, très très lente. Mais c’est le jeu. On ne devient pas Animagus du jour au lendemain. Lorsque nous évoquons les possibilités d’animaux pour mon Animagus, je ris lorsque je songe à toutes les formes possibles que le mien pourrait prendre une fois ma formation terminée. J’ai hâte de le découvrir tout comme je le crains. L’avenir nous le dira.

En tout cas, cela me rassure d’avoir quand même une constante dans mon emploi du temps pendant les vacances. J’ai beau adorer dormir, flâner et ne rien faire, j’aime tout de même garder une certaine forme de régularité. Nous parlons du parkour, discipline que je vais tenter avec Charly, ma copine instagrammeuse. J’écoute Eirian parler de comment ses maîtres de stage intègrent cette discipline au quotidien dans leur entraînement et je trouve ça vraiment très intéressant. « C’est génial qu’ils prennent en compte toutes les dimensions et pas uniquement les aspects magiques. C’est tellement important. Mais oui en tout cas, l’aspect artistique devait être sympa mais je pense sincèrement que je vais vraiment en chier. Je ne suis pas vraiment la reine de la souplesse et il en faut pour le FreeRun. Je te tiendrai au courant. » Lorsque la conversation en vient à parler de ce que lui compte faire, je ne suis qu’à moitié surprise qu’Eirian ait trouvé un emploi. Ce n’est pas le genre de garçon qui aime procrastiner ou glander. Eirian a l’air touché que je note le nom de la librairie, je ne comprends pas pourquoi. Doute-t-il tant que ça du fait qu’il est une personne intéressante qu’on aime fréquenter ? Je n’en sais rien.

Eirian évoque ensuite l’après-Poudlard. Il a raison d’y réfléchir. Pour lui, c’est dans un an, le temps passe vite, nous nous en sommes rendus compte tout à l’heure. Alors autant savoir où l’on va rapidement. Me concernant, j’ai encore le temps et je sais que lorsqu’il sera diplômé et que j’entrerai en dernière année, je pourrais une fois de plus m’appuyer sur lui et sur son expérience, c’est important. Il me parle de ses parents, du fait qu’il veuille prendre son indépendance. J’hausse un sourcil. Eirian parle si peu de ses proches et de sa famille. Je n’avais jamais osé vraiment lui poser des questions sur ce sujet de peur de le froisser ou de le blesser. Je suis ravie de voir qu’il va tout de même tenter d’en profiter. « Tu penses déjà loin, t’as raison de t’y préparer. Personnellement, ça me fait peur. C’est sauter dans l’inconnu. Je suis pas encore prête à ça. Mais bon j’ai encore deux ans pour y penser. »

Lorsque je lui propose de se voir cet été, Eirian reste silencieux longtemps et je ne comprends pas trop pourquoi. Je me sens bête. Peut-être que j’ai un peu trop exagéré son affection à mon égard ? Peut-être que j’apprécie plus nos séances que lui ne les apprécie de son côté ? Peut-être qu’il veut garder uniquement une relation tuteur-turorée ? Non ce n’est pas ça qui le dérange, pensé-je, sinon, il ne m’aurait pas donné le nom de la librairie. Je n’ai pas le temps d’y réfléchir davantage car il finit par dire que cela le tente bien. Le sourire me gagne et je suis ravie : « Génial ! J’ai si hâte ! » Le silence s’installe tandis que mon regard se perd sur l’immensité du lac. Je demande : « On accélère ? » Nous sommes restés sur un rythme un peu détendu depuis le début de la séance, il est peut-être temps d’arriver à notre allure de croisière. Mes yeux divaguent un peu partout et sans savoir pourquoi, je regarde ses chaussures qui sont vraiment super abîmées. « Tu aurais envie de faire quoi comme sortie ? » demandé-je tandis que notre cadence augmente peu à peu. On peut en apprendre long sur les envies des autres simplement en écoutant dans quel lieu ils aiment se promener. Me concernant, j’aime tout : la mer, la montagne, la forêt, le Londres moldu, le Londres sorcier, le cinéma, le chemin de traverse, les musées… Tant de possibilités qui s’offrent à nous.

 

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Au long des siècles marqués par le chaos, les errements, la discorde, la douleur et la peine, de tous temps, il est une chose qui a nourri nos âmes et qui nous a élevé au dessus de notre condition. C'est notre courage.

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« mi-juin 2020»

Tu es quasi certain que les illusions dont on t’a bercé dans ta propre enfance n’ont pas grand-chose à voir avec celles de Kayla. L’endoctrinement de ton père aidant, à six ans, tu étais déjà convaincu que les sorciers n’étaient que des monstres à éradiquer au plus vite et décidé à jouer les preux chevaliers pour défendre les personnes sans pouvoir de ces abominations. Le monde était en guerre depuis des années, une guerre secrète, importante, que vous deviez remporter le plus vite possible. Tu voulais aider autant que possible. Des illusions dont il t’a fallu longtemps pour te débarrasser avec le soutien de ta mère – d’autant que son propre revirement d’attitude avait de quoi déstabiliser. Pourquoi changer d’avis sur eux parce que tu en étais un ? Où était la vérité ? Tu as fini par comprendre, par accepter, avec un immense soulagement, que tu n’étais pas destiné à faire du mal aux autres, à les tuer. Partant de là, tu essaies autant que possible de ne pas porter atteinte aux autres – sans être un bisounours non plus, vous êtes en guerre, tu es plus que lucide sur le sujet, alors il y aura peut-être un moment où ce sera toi ou eux… jusqu’à présent, tu as pu l’éviter, même avec les hommes du Blood Circle lancé à tes trousses, ta mère a tué pour vous deux, mais le jour viendra où tu n’auras pas le temps de mesurer ta riposte. Plus que pour toi, c’est pour tes amis que tu serais prêt à tout.

Tu te secoues intérieurement pour revenir à la discussion, aux plaisanteries que tu échanges avec Kayla. Elle est un rayon de soleil dans ta vie. Elle ne mesure sans doute pas tout ce qu’elle t’apporte, mais avec elle tu parviens à te détendre, à oublier un peu le reste, à être un peu plus toi-même et un peu moins hors du monde. Tu ne t’attendais pas à ce que ce tutorat débouche sur une telle amitié et tu as beaucoup de chance de l’avoir. C’est devenu tellement… compliqué d’interagir avec les autres, tu es toujours à cran, les émotions à fleur de peau, l’angoisse au creux du ventre, tordue en un nœud qui ne te lâche plus, tout ressemble à une agression et tu as de plus en plus de mal à te contrôler. Souvent, tu as juste envie de fuir, de disparaître dans un recoin loin de tout. Alors, arriver à plaisanter, à discuter de tout et de rien, c’est déjà beaucoup. Si elle savait ce que tu es vraiment, à quel point il ne reste que des lambeaux derrière la façade… mais non, elle ne saura pas. C’est plus simple ainsi, tu préfères ne pas savoir ce qu’elle en penserait. Elle rebondit sur ta remarque à propos de ses futurs cheveux blancs.

— Ouh là, ils n’ont qu’à bien se tenir !

Sa remarque te tire un grand sourire :

— Oh, j’aime ça, mais j’ai rarement autant eu l’occasion de l’utiliser, je fais de gros progrès !

Elle tire la langue et ça te fait rire. Oui, vraiment, tu lui es reconnaissant de ces moments hors du temps, où tout a l’air plus normal. Les angoisses sont toujours là, tapies en arrière fond, et tu ne sais que trop bien ce que cachent tes manches… mais pour le moment, tu n’y penses pas. Ou moins.

Plaisanter ne vous empêche pas d’en venir aux sujets sérieux, notamment les Aurors. Tu as énormément appris pendant ces quelques jours, presque autant que pendant ces deux ans de formation. Et ça t’a aussi confirmé que c’est vraiment quelque chose qui te plairait. Si tu es assez bon pour intégrer le corps d’élite. Et si tu es encore en vie d’ici là.

— Oui, voilà, plus le corps sait quoi faire, plus il réagira vite face au danger, et la moindre seconde gagnée, c’est précieux sur le terrain. Que ce soit en termes de réflexes physiques ou avec la magie.

Tu peaufines beaucoup tes sortilèges également, ta vitesse d’exécution, notamment avec les informulés, pour gagner encore en rapidité, esquiver les attaques adverses et riposter dans la foulée. Ce qui devient réellement handicapant, c’est ta crainte des contacts. Le moindre corps-à-corps peut tourner au désastre.
Lorsque ton amie demande si vous vivez dans le monde des bisounours, tu secoues la tête. Vouloir la paix, la cohabitation tranquille entre sorciers et moldus, la compréhension, non, ce n’est pas de la naïveté ou de l’innocence, ou une rêverie stupide qui se fracasserait sur la réalité.

— Non. On est lucides sur ce qui se passe, on a conscience de la gravité de la situation et que ça ne va pas être simple de tout arranger. Il y aura sûrement des concessions à faire de part et d’autre… On n’est pas naïfs. Et vouloir la paix et la bonne entente entre sorciers et moldus… ça devrait juste être la base, en fait. Ce n’est pas une utopie, un truc complètement impossible… avec nos familles, on est la preuve que ça marche, non ?


Enfin, avec la famille fictive dont tu parles à Poudlard. Le chemin vous entraîne le long des berges du lac qui étincelle sous le soleil qui continue de monter. Tu te perds quelques instants dans le calme de la nature. L’attitude de ceux qui enveniment la situation te dépasse, que ce soit les mangemorts et leur maudite idéologie du sang ou le Blood Circle avec sa volonté d’éradiquer les sorciers. Ce cercle infernal et vicieux de vengeance, de haine… tu comprends la douleur qui peut mener à ça, tu comprends Garnet, tu aurais parfaitement pu y tomber si ta mère ne t’avait pas sauvé, si leurs scientifiques t’avaient torturé pendant des années et transformé en cobaye, tu as déjà largement de quoi haïr les moldus… mais tu sais aussi qu’un autre chemin est possible et tu as envie de t’y tenir. Après treize ans de fuite, tu n’as juste pas envie de continuer de cette façon, à supporter cette épée de Damoclès qui peut s’abattre à tout instant. Et puis quoi, tu mets ton père hors d’état de nuire et ce sont ses amis qui prendront la relève, puis les tiens quand ils t’auront enfin eu ? Non. Tu préfères croire en la justice, même si tu n’es pas naïf là non plus, ça prendra des années. Les deux mondes se valent en termes d’horreur, tu as vécu le pire et le meilleur de part et d’autre. C’est sans doute idéaliste, mais s’il n’y a même plus ça, autant abandonner le terrain aux mangemorts, autant devenir comme eux.

Kayla se prépare un bel été, intense aussi entre le programme Animagus et l’entraînement au Freerun. Mais ça lui sera utile l’année prochaine aussi pour le côté sportif de votre formation – surtout que ça reste bien en-deçà de ce que tu as vu chez les Aurors. Même pour quelqu’un entraîné depuis des années comme toi, ça a été rude et tu as clairement senti la différence de niveau.

— Bon courage pour les entraînements ! Puis la souplesse… c’est comme la course, tu vas beaucoup râler au début, devenir aussi rouge que la couleur de ta maison, douiller à mort le lendemain… et puis tu vas te rendre compte qu’au fil du temps, ça se passe mieux !

De ton côté, tu as trouvé de quoi t’occuper et c’est un soulagement. La librairie te plaît bien plus que les bars et cafés où tu travaillais avant. L’année dernière encore, tu arrivais à le supporter même si c’était éprouvant et que tu finissais tes services sur les nerfs. Mais là… non. Et tu ne comprends pas pourquoi tout devient aussi compliqué et ingérable.
Tu penses à l’avenir aussi. L’idée de quitter Poudlard définitivement t’angoisse quand tu t’y attardes. Si durs que soient les étés, tu sais que c’est provisoire. Un peu plus de soixante jours avant de retrouver Poudlard et sa sécurité et son confort, chaque journée passée te rapprochant de l’objectif. Mais l’année prochaine, il n’y aura plus de décompte, il n’y aura plus d’échappatoire. Si les Aurors ne veulent finalement pas de toi, peut-être qu’Aiko acceptera de te prendre de façon plus durable, le temps que tu trouves quelque chose ? Au fond de toi, tu espères surtout avoir retrouvé ta mère d’ici là, que votre situation se stabilisera un peu – que tu trouveras un moyen de l’abriter dans le monde sorcier, parce que c’est hors de question qu’elle reste côté moldu. Avec l’Ordre, peut-être ? Sans leur dire vraiment la vérité, juste assez pour qu’ils la protègent ? Mais tout cela implique de survivre aux deux mois qui viennent, de survivre une année encore. Une chose à la fois.

— Oui, un an, ça va passer vraiment vite, je veux pas me retrouver après la remise de diplôme sans savoir quoi faire. Ça m’inquiète pas mal aussi, j’essaie d’anticiper au maximum, même s’il y aura forcément des imprévus. Puis ça va faire drôle de quitter le château… c’est un grand changement ! C’est là que le droit a un avantage, ça dure cinq ans et pas trois !

Tu hésites un peu trop longtemps lorsqu’elle te propose de vous voir cet été, et tu espères qu’elle ne va pas mal le prendre. Tu serais vraiment content de la voir, parce que tu te retrouves généralement très seul l’été, et tu as le sentiment que ce sera encore plus dur cette année que les précédentes – tu réalises aussi à quel point ton cercle s’est élargi ces derniers mois avec l’Ordre, mais aussi à Poudlard, tous ces liens que tu n’aurais pas dû créer, mais qui sont quand même là et auxquels tu te raccroches désespérément. Tout en leur taisant l’essentiel. Tu ne sais pas combien de temps ça va tenir avant que tout te saute au visage. Tu finis par répondre positivement à la proposition de Kayla et son sourire te rassure.

Elle propose d’accélérer. Tu approuves. C’est que vous vous endormiriez presque à garder un rythme aussi tranquille ! Tu augmentes l’allure. Le chemin est largement dégagé à cet endroit, il n’y a pas besoin de faire attention. Tu savoures l’air du parc, cette nature tranquille qui s’éveille, le calme des lieux que vous troublez à peine. Ça aussi, ça va te manquer, les parcs de Londres sont loin d’avoir la même saveur, ici vous êtes pratiquement en pleine nature. La voix de Kayla te tire de tes rêveries. Quelles sorties… Hmm, ça fait longtemps que tu n’as pas vraiment profité du Londres moldu en simple promeneur, mais si tu te souviens bien le prix de l’entrée des musées est assez exorbitant. Puis, en travaillant toute la journée à la librairie et en cherchant de quoi t’abriter le soir, c’est peut-être le grand air qui te manquera le plus.

— On pourrait profiter du Londres sorcier. Et quitter la ville aussi. J’aime bien la nature, ça va me manquer. Je ne connais pas bien, mais on pourrait trouver des coins sympas pour se promener, à la campagne ou sur les côtes. Il y a des endroits que tu aimes bien ?

La distance n’est pas vraiment un obstacle, c’est l’avantage du transplanage.


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Sam 27 Mar - 19:48
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Eirian Howl & Kayla Rausale ||  Mi-juin 2020


Je n’ai pas la prétention de dire que je porte tous les malheurs du monde sur mes frêles épaules. Au contraire. J’ai eu la chance d’être née dans une famille heureuse, une famille hétéroclite avec des visions du monde totalement différentes mais néanmoins complémentaires. C’est ainsi qu’on m’a présentée les choses lorsque je suis devenue assez grande pour comprendre ces choses-là, pour ainsi dire, lorsque mes pouvoirs se sont manifestés. Même si j’avais déjà vu ma mère utiliser sa baguette magique à la maison, rien ne me semblait plus normal que cela en réalité. Que mon père aille au travail en voiture ou que ma mère disparaisse dans un halo vert dans une cheminée, rien ne me choquait, je trouvais cela tout à fait ordinaire. J’ai grandi dans cette ambiance où la magie avait sa place, tout autant que la technologie moderne ; j’ai grandi entourée de sorciers et de moldus sans jamais faire explicitement la différence entre les deux. Enfin… si bien entendu que je savais faire la différence, ce que je veux dire c’est que je n’ai jamais pensé que l’un prévalait sur l’autre et qu’il valait mieux vivre dans un monde que dans l’autre. Au contraire. Chaque monde possède ses spécificités, ses qualités et ses défauts. Le monde sorcier a la palme du côté pratique pour les transports, il a la possibilité de faire des choses très rapidement qui sont impossibles dans le monde moldu. Et inversement. Quand je pense au retard des sorciers dans le domaine cinématographique, médical ou encore technologique, je me dis que je fais bien de vivre entre les deux et de pouvoir vagabonder là où le vent m’importe sans restriction. Pourquoi choisir après tout ? J’aime pouvoir passer de l’un à l’autre sans difficulté. C’est mon héritage et je le porte avec une fierté.

Je souris lorsqu’Eirian dit faire d’énormes progrès en second degré. Je ne sais pas si c’est ma présence qui déteint sur lui ou si c’est parce qu’on se connaît mieux désormais, mais c’est vrai qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Nos premiers échanges se sont exclusivement portés sur les cours et il a fallu que je l’apprivoise au fur et à mesure des semaines. Que je comprenne qu’il y avait des choses que je pouvais faire et d’autres que je ne pouvais pas : le toucher est exclu, je l’ai compris à partir du moment où j’ai voulu lui donner une tape amicale dans le dos et qu’il s’est presque imperceptiblement reculé et je ne suis jamais allée au bout de mon geste. Je n’ai posé de question à ce sujet, cela ne me regarde pas et je me dis que si un jour Eirian veut m’en parler, il le fera de lui-même. Ce que je vois par contre, c’est à quel point il s’est détendu. Notre relation est passée doucement d’un lien tuteur-tutorée à une relation amicale qui compte beaucoup -pour moi du moins-. « Je ne peux qu’être fière alors ! » dis-je en plaisantant même si je ne plaisante pas tant que ça. Au contraire. J’aime le voir ainsi détendu, j’ai l’impression de lui apporter quelque chose en retour. Après tout, à la base, le lien qui nous unissait n’était qu’unilatéral, en tant que tutorée, je n’avais rien eu à lui apporter. Alors je suis venue avec ce que je suis, une Kayla toujours avec le sourire, toujours rayonnante, avec le grain de folie en plus. Bon, au début, je me suis retenue, après tout, on ne se connaissait pas vraiment mais après plus de dix mois à se voir quasiment toutes les semaines, nous nous sommes trouvés des intérêts et des points communs qui vont bien au-delà de notre filière universitaire. Eirian et moi partageons également notre sens de l’honneur, le même point de vue sur la cause sorcière et moldue, les mêmes goûts et références cinématographiques. Et puis, cette même passion évidente pour la course à pied. Aherm, je ne dirais rien de plus à ce sujet.

Avec Eirian, nous pouvons aussi aborder des sujets plus sérieux comme les stages qu’il a effectués auprès des Aurors -et j’acquiesce à tout ce qu’il dit, la pratique amène les réflexes, c’est bien certain- mais aussi sur des sujets plus sensibles. Je le sais, j’ai beau être consciente de la situation dans laquelle nous évoluons, je me demande parfois si je me leurre en pensant qu’un jour -un jour peut-être-, il sera possible de vivre en paix et en harmonie, sorciers et moldus. « À croire que la base, comme tu dis, n’est pas donné à tout le monde… Quand on pense que déjà, entre sorciers, il y a des guerres parce que certains ont le sang plus pur que d’autres depuis des millénaires… » Et qu’il a fallu que le secret magique soit révélé et que le Blood Circle gagne de l’ampleur pour que les Mangemorts daignent penser que les sorciers non sang-purs méritent d’exister… Exister pour être de la chaire à canon pendant les batailles, peut-être qu’il est là leur but. « Bien sûr que ça marche, on en est la preuve vivante. Mon père est né-moldu et pourtant il a un travail moldu et a une voiture et tout ça. Je pense qu’il s’agit aussi de convictions de chacun… Regarde ma mère. » Eirian est bien entendu au courant de mon lien de parenté pas très lointain avec la famille Carrow. Ma mère est l’une des cousines de Meredith Carrow et elle a totalement été reniée par sa famille parce qu’elle s’est mariée avec mon père, cette folle dingo. Je l’admire tellement pour ça ma maman. Elle est un modèle pour moi. Elle l’a toujours été. Mon père aussi d’ailleurs. Vivre quasiment sans magie alors qu’il a une baguette à portée de main, cela montre bien à quel point on peut cohabiter sans difficulté.

Lorsqu’Eirian évoque la souplesse, je ne peux m’empêcher de rire. « Ah ! Et bien ça c’est moins sûr ! » Je le taquine : « Parce que tu oses dire que je râlais au début de nos entraînements ! Et bien, je dois te dire que tu as totalement raison ! » Je l’avoue, je suis ce genre de personne qui ronchonne pour un oui ou pour un non mais c’est bon pour ce que j’ai. Bougonner cela m’aide à extérioriser et cela m’aide à me calmer. « En vérité, je pense que j’en ai quand même gagné depuis le début de l’année, j’espère que cela sera moins douloureux cette fois. Mon corps commence bien à s’habituer !» Et je compte bien ne pas perdre le fil durant les vacances et continuer à m’entretenir pour ne pas repartir de zéro en septembre. Deux mois sans rien faire, cela se payerait forcément à la rentrée et ça, il en est hors de question, j’ai trop travaillé pour ça.

Donc cet été, les entraînements, la formation Animagus, du repos, des journées passées auprès de Maxime cela va s’en dire, et puis des petites visites intempestives à la librairie où Eirian travaille. Lorsqu’Eirian évoque la fin de ses études, j’avoue que je n’arrive pas à me l’imaginer. C’est vrai que le temps passe vite et je pense que ce qui l’inquiète m’inquiète aussi. « Après, on pourra toujours compter sur nos parents si jamais on est dans la merde ahah ! » dis-je en riant. Je n’imagine pas mes parents me laisser seule dans le cas où je ne trouverais pas d’emploi immédiatement. Nous accélérons le pas à ma demande après quelques kilomètres à un rythme plutôt calme et cela me convient tout à fait je n’aime pas rester dans ma zone de confort. Mon regard se perd dans l’immensité du lac que nous longeons depuis maintenant de nombreuses minutes et j’adore cette sensation. Celle de la liberté. C’est idiot mais c’est ce que je ressens lorsque je cours avec Eirian ; une sensation de liberté physique mais aussi psychique. L’impression de pouvoir tout dire sans être jugée. C’est important à mes yeux.

Lorsque je demande à Eirian ce qu’il aimerait faire comme sortie, il me donne plusieurs idées. Rester à la ville ou aller en nature. Des coins sympas, j’en connais pas mal. « On pourrait aller au bord de mer, ça changerait de Londres. » Puis, je propose : « Tu aimes les randonnées ? On en faisait souvent avec mes parents quand j’étais ado. On allait dans les Highlands en Ecosse ou sur le Sentier du mur d’Hadrien. Cela fait longtemps que je n'y suis pas retournée. » Je reprends mon souffle, c’est plus difficile de faire de longues phrases tout en maintenant le rythme de la course. « On pourrait faire du camping ! » dis-je en laissant échapper un rire. Je ne sais pas du tout si Eirian et ce genre de garçon à aimer camper en pleine nature. Personnellement, je le suis.

 

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Eirian Howl
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Mer 31 Mar - 19:45
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« mi-juin 2020»

C’est frustrant de constater qu’une bonne partie de la situation actuelle est le résultat des idées obscurantistes de quelques-uns, alors que la majorité est plutôt ouverte. Il n’y a qu’à voir le nombre de sang-mêlé pour comprendre que les deux mondes peuvent se côtoyer et vivre ensemble sans problème. Encore plus maintenant que le secret magique a disparu. Mais non, il faut toujours que quelques acharnés préfèrent jeter de l’huile sur le feu. Tout ce que vous pouvez faire, c’est essayer de lancer des contre-feux, compter sur les bonnes volontés pour avancer. La tâche est immense, surtout avec la tournure que prend le conflit.
Ton cas est extrême, c’est heureux qu’il y en ait d’autres, comme Kayla, pour qui tout se passe bien. Tu espères que les gens vont finir par comprendre, que les parents ne rejetteront pas leurs enfants parce qu’ils sont différents, Cracmols dans un sens, nés-moldus dans l’autre. C’est aussi cela qui te révolte, que ce soient toujours les plus jeunes qui paient le prix des erreurs des adultes. Tu peux comprendre que la magie fasse peur. Mais ce n’est pas pire que les armes à feu et autres instruments de destruction inventés par les moldus. Surtout, tu te sens souvent pris entre deux feux, trop moldu pour les sorciers pour qui tu n’as pas ta place à Poudlard, trop sorcier pour les moldus, avec l’impression que tu devrais choisir l’un ou l’autre et t’y tenir, éviter de défendre les moldus dans le conflit parce que tu es forcément de parti pris. Pourquoi serait-ce si insupportable de passer de l’un à l’autre, d’acheter ton matériel de potions sur le Chemin de Traverse et un téléphone dans le centre de Londres ?
Les deux mondes sont très différents… mais il y a toujours moyen de se renseigner si on le souhaite. Ou de n’y prêter aucune attention si, vraiment, on n’en veut pas. Il y aurait pourtant tant à gagner en les associant ! La technologie et la magie pourraient s’allier, il y aurait certainement des tas de choses à inventer si chacun y mettait du sien. Mais à mesure que les mois passent, ce sont surtout les plus fanatiques qui semblent l’emporter tandis que les voix pour la paix sont de moins en moins audibles. Tu ne veux pas perdre espoir pour autant, même si tu ne te voiles pas la face sur les difficultés.

Les plaisanteries avec Kayla te font du bien, malgré les sujets sérieux que vous abordez. Au fil des mois, tu t’es détendu avec elle, tu as abandonné une partie des remparts que tu dresses entre les autres et toi. Il t’a fallu du temps pour créer des interactions plus complices, une véritable amitié – du moins tu espères qu’elle le ressent ainsi. Avant elle, il faut bien dire qu’il n’y avait pas grand-monde en dehors d’Elise… et votre amitié ne date que de ta septième année. Avant cela, tu avais pratiquement érigé au rang d’art le fait de discuter avec tout le monde sans jamais réellement t’intégrer, de rester à la marge, parce que tu refusais de te faire de vrais amis. Quelques potes mais rien de plus ; quand tu avais besoin de t’épancher, c’était à ta mère que tu te confiais, la seule à tout savoir. Sa disparition a brisé le fragile équilibre – même si tu n’as pas beaucoup changé. Il n’y aurait rien eu avec Elise si elle n’avait pas cherché à savoir ce qui t’était arrivé, pourquoi tu semblais aller aussi mal. Tu ne lui as rien dit, bien sûr, mais elle a été présente et vous vous êtes rapprochés.
Et Kayla ensuite… tu ne sais jamais vraiment comment interagir pour aller au-delà des échanges de surface. Tu n’en as pas très envie non plus, tu entends déjà bien assez les questions et les remarques de tes condisciples sur tes attitudes. Kayla y a peut-être échappé, entre ses quelques années de plus et la différence de maison. Mais surtout, elle a eu la délicatesse de s’adapter sans jamais poser de questions, même si tu ne doutes pas qu’elle brûle de comprendre. Elle a accepté ton refus d’être touché, aussi innocent soit le geste, et s’y est tenue, n’a jamais essayé de forcer ni de te coincer pour t’interroger. Et ça fait un bien fou. Entre cela et son caractère solaire, tu as fini par sortir de ta réserve, ouvrir un peu la carapace, et tu ne le regrettes pas. Tu l’as aidée sur le plan scolaire, mais elle t’a apporté tellement plus à côté… plus qu’elle n’en aura jamais conscience. De la lumière, de la couleur et de la vie au milieu de la grisaille dans laquelle tu te débats sans parvenir à la faire reculer. Des bouffées d’oxygène, alors que tu es sous l’eau et que la surface semble s’éloigner toujours plus.
Elle s’exclame qu’elle peut être fière de tes progrès, tu ris doucement.

— Oh oui, tu peux !

C’est vrai. Tu ne sais pas pourquoi tu galères autant, pourquoi tout s’assombrit de plus en plus, pourquoi les angoisses ne te laissent plus en paix, mais sans elle, ce serait sans doute bien pire.
Ce matin, le sérieux n’est jamais loin et vous revenez au cas des sang-pur.

— Malheureusement… ça me rend dingue cette histoire de sang, ça n’a aucun sens ! On m’a déjà dit plusieurs fois que je n’avais rien à faire à Poudlard, que ce n’était pas ma place… et ça ne s’améliore vraiment pas en ce moment. De toute façon, les sang-pur ne sont pas assez nombreux pour ne rester qu’entre eux, ils ont forcément du sang moldu.


Kayla évoque ses parents, son père né-moldu qui a choisi de vivre dans le monde moldu, sa mère qui a fui une famille à fond dans l’idéologie sang-pure. On peut difficilement faire plus différent que Kayla et Helios Carrow.

— Oui, ils refusent de se remettre en question, de regarder le monde tel qu’il est… C’est plus simple de camper sur ses convictions plutôt que d’essayer de changer. Et je comprends que ce ne soit pas facile d’échapper à un tel milieu…

Mais ils vont à Poudlard, ils voient bien ce qui s’y passe. Pour autant… tu ne sais pas ce que tu serais devenu, toi, si tu étais resté sous l’emprise de ton père. Si tu aurais été le tueur de sorciers qu’il voulait que tu sois. Mais certains aussi arrivent à se rebeller, Carl, ton cousin…

Les taquineries ne sont jamais loin, Kayla fait mine de protester quand tu soulignes qu’elle râlait au début, mais elle admet que tu as raison.

— J’ai toujours raison !

Plus sérieusement, tu reprends :

— Oui, les entraînements n’ont pas été inutiles, ton corps est plus habitué à l’effort. Ça devrait aller !

De ton côté, tu n’as pas l’intention non plus de renoncer à tes entraînements, d’autant que ça t’aide bien pour te vider la tête. Les parcs de Londres n’ont pas le charme de Poudlard, mais tu feras avec.
La perspective de la fin des études te serre toujours le cœur. Au-delà de ta situation personnelle, tu n’as aucune envie de quitter le château. Tu lui fais part de tes projets, elle rappelle que même si ça se passe mal, vos parents seront toujours là. La réponse vient toute seule, avec la force de l’habitude.

— Heureusement ! Si ça ne marche pas ou que c’est trop compliqué au début, je pourrai toujours revenir chez eux, ils ne me mettront pas dehors !


Vous accélérez peu à peu, tu profites autant que possible du spectacle offert par le parc, le soleil qui dore les eaux du Lac noir et la Forêt interdite qui a l’air presque paisible, malgré son obscurité. Vous êtes pratiquement seuls au monde et tu savoures la sensation, loin du vacarme et du mouvement du château, de la masse des élèves. Ici, tu peux respirer.
Ça te fait plaisir qu’elle veuille te voir pendant les vacances. Le bord de mer t’irait bien, ça fait longtemps que tu n’as pas pris le temps d’y aller – en espérant que ça n’implique pas une baignade.

— Oh, oui, j’aime ça, j’en ai fait plus jeune, mais pareil, ça fait quelques années qu’on n’y est pas retournés. Je ne suis jamais allé en Ecosse par contre, enfin, en dehors de Poudlard, je veux dire, les paysages doivent être tellement beaux !

C’était votre façon d’oublier un peu la situation avec ta mère, d’aller vous perdre en forêt ou en campagne pour quelques heures. Surtout en France, vous en avez pas mal profité. De vraies bouffées d’air, où tu étais sûr que les hommes de ton père ne vous retrouveraient pas. Ton amie te propose carrément de faire du camping et, de nouveau, ça te déstabilise. Tu as toujours du mal à comprendre qu’on veuille vraiment passer du temps avec toi. L’idée te parle beaucoup, mais… Pas avec l’état actuel de tes nuits. Tes cauchemars réveillent déjà bien assez tes condisciples.

— Ce serait génial, j’aimerais beaucoup ! Mais… je n’ai pas d’équipement et avec le boulot ça risque d’être compliqué pour cet été. Mais on aura peut-être d'autres occasions ?


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Kayla Rausale
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Je n'aurai pas dû sécher
les cours de gym
Eirian Howl & Kayla Rausale ||  Mi-juin 2020


Derrière l’ambiance bonne enfant de nos entraînements, il n’est pas rare qu’avec Eirian, nous rêvions à un monde meilleur. Souvent même. Presque toujours en réalité. Peut-être parce que nous sommes tous les deux convaincus que cela est possible et qu’il suffirait d’un peu de bienveillance pour que chacun trouve sa place dans ce monde. Mais parfois, il faut se réveiller et se rendre compte que nous sommes beaucoup trop loin de la réalité. Les guerres ont toujours existé, de tout temps. Et pourtant, l’homme s’évertue à reproduire encore et toujours les mêmes erreurs tout en s’attendant à un résultat différent. L’humanité pense toujours qu’elle brisera le cercle vicieux de ses ancêtres mais je sais désormais que c’est faux. Il y a toujours une nouvelle guerre, un nouvel ennemi, un nouveau conflit. Chacun pensant que ceux-ci sont justifiés et méritent de prendre les armes. Je ne suis pas d’accord bien évidemment, je suis de ceux qui pensent que la paix peut exister et peut être durable : peut-être que je me leurre, peut être que je suis une idéaliste, cela ne me dérange pas d’être les deux et encore moins d’être considérée comme telle. Au moins, je reste droite dans mes bottes et je reste fidèle à mes pensées et à mes convictions. Comme lorsqu’on parle des Sang-Pur, je ne peux m’empêcher de penser à ma maman. Elle est mon modèle sur ce sujet, la raison pour laquelle je milite autant pour qu’on cesse de penser qu’il existe des « races » entre sorciers. Cela serait déjà le premier combat à mener avant même celui contre les Blood Circle même si je ne pense pas que les deux soient si différents l’un de l’autre. Dans chaque cas, un groupe d’êtres humains pensent mieux valoir qu’un autre et c’est en cela que c’est dérangeant. J’aimerai tellement qu’ils comprennent que peu importe le sang, peu importe les origines, peu importe si l’on a le gêne sorcier dans notre ADN, au fond, nous ne sommes qu’un seul et même peuple. Et qu’il faut arrêter de penser qu’il y a « nous » et « les autres ». Malheureusement, c’est difficile de militer pour la paix quand des gens meurent tous les jours et que le pays est gouverné par des extrémistes. Que ce soit du côté sorcier ou moldu d’ailleurs. Au conseil, siège l’Augurey et certains Mangemorts. Dans le monde moldu, les Kane ont pris le pouvoir et sont probablement de beaux abrutis finis. Enfin bon… Je ne suis pas là pour refaire le monde, mais être au côté d’Eirian, qui pense quasiment comme moi, me fait souvent délirer.

Je me concentre sur ce qu’il me dit et j’en oublie de regarder où je mets les pieds. Je trébuche lorsqu’il m’avoue qu’on lui a déjà dit qu’il n’avait rien à faire à Poudlard, manquant de m’étaler tout du long. « Tu plaisantes j’espère ? » Je suis plus âgée qu’Eirian et je ne me rappelle pas vraiment de lui avant que nos chemins se croisent à l’Université, alors ce qu’il se passait lorsqu’il était au collège, je n’en sais pas grand-chose. « Putain… » Je suis offusquée mais pas surprise. « Non mais ça me tue qu’on ait encore ce genre de propos putain ! On évolue vraiment doucement... Mais en même temps, je me demande pourquoi cela me choque. Regarde comment mon propre cousin me traite. » Il est vrai qu’Hélios n’a jamais été tendre avec moi, me traitant comme le rebus de la famille que je suis probablement et que je suis bien fière d’être. Je suis fière d’être une Rausale, fière de porter le nom d’une famille moldue dans laquelle un jour un sorcier -mon père- est né. Je suis fière d’être l’enfant d’une femme qui a su envoyer valser les préjugés idiots qu’on lui avait inculqué. « Mais tu as raison, ils ne sont plus assez nombreux. On en a pas l’impression, mais les mentalités changent petit à petit ! J'en suis la preuve vivante, toutes comme mes cousines. » Elles en ont fait du chemin les sœurs Carrow, prenant peu à peu leurs distances avec l’idéologie Sang-Pur et tout ce qu’il s’en suit. Lorsqu’Eirian évoque le fait que cela ne doit pas être facile d’échapper à ce milieu, je ne peux m’empêcher d’ajouter : « Il en faut du courage… Regarde ma cousine Thalia… Une répartition a Gryffondor… La famille Carrow, il y a encore vingt ans, faisait vraiment partie des Sang-Purs peu fréquentables. Petit à petit, l’oiseau fait son nid même s’il restera toujours des vilains petits canards. » Je pense au vilain petit canard blondinet qui me casse les pieds en m'insultant de tous les noms et me rejetant pour mon sang impur. Soyez-en persuadé, Helios ne se transformera jamais en un beau et magnifique cygne. Il préfère de loin en rester au rand de la triple buse.

La conversation dérive sur le sport, un de nos échanges favoris. J’acquiesce lorsqu’il me dit que cela devrait aller. Je ne suis pas vraiment inquiète. Je sais ce qu’il faut faire désormais pour ne pas perdre cette endurance durement gagnée : il faut être régulière. Cela n’a jamais été mon fort la régularité mais je ne peux ignorer que c’est un des points essentiels si l’on veut maintenir sa forme. Alors qu’à cela ne tienne, je m’entraînerai durant les vacances même si cela sera sûrement à un rythme un peu plus cool que lorsque je suis à l’Université. Cela fera du bien à mes muscles un peu de repos. Ce qui m’embête le plus, c’est de perdre ce panorama magnifique que je peux admirer à chaque séance à Poudlard : le château, ses environs, la lisière de la forêt, les bords du lac et son parc offrant un dénivelé très intéressant pour l’entraînement. J’allais gagner à la place les voitures, le bruit des klaxons, la pollution et le bitume, c’est bien moins reluisant. Il faudrait que je trouve des endroits plus sympathiques que cela pour courir ; peut-être dans les bois environnants la maison de mes parents. Cela serai sans doute plus oxygénant et m’offrirai un dépaysement plus intéressant. Je me promets d’y songer. En attendant, nous évoquons à nouveau la fin de nos études. Celle d’Eirian s’approche à grand pas puisqu’il ne lui reste qu’un an à effectuer. Me concernant, encore deux ans et pourtant je sais que cela va arriver à une vitesse folle. Je préfère ne pas y songer pour le moment parce que je trouve cela angoissant : toutefois, Eirian et moi nous nous accordons pour dire que nous pourrons toujours compter sur nos familles respectives si jamais nous sommes dans la panade même si me concernant, j’espère bien décrocher rapidement un emploi après mes études. Pour Eirian, je ne m’inquiète pas trop, de ce que j’ai compris, ses stages se sont plutôt pas mal déroulés. Le connaissant, il va s’en sortir avec d’excellentes appréciations ce qui est primordial pour trouver un emploi rapidement.

Après avoir accéléré à ma demande, nos pas se font plus pressés et nos enjambées plus importantes mais j’apprécie ce rythme qui me sort de ma zone de confort. J’aime être en endurance fondamentale mais pour autant, c’est tout aussi intéressant de ne pas toujours courir à la même vitesse pour surprendre le cœur et les muscles. Il ne faudrait pas qu’ils se reposent sur leurs lauriers ! En parlant de se reposer sur ses lauriers, nous parlons des vacances et de nos programmes respectifs. C’est étrange, mais je ne conçois pas de passer deux mois sans voir Eirian alors que je le vois toutes les semaines à Poudlard depuis septembre. Alors c’est très naturellement que je lui demande s’il veut qu’on se voit cet été ; cela me fait chaud au cœur qu’il accepte. Je propose tout un programme. C’est vrai que moi, j’adore la nature sous mes airs de jeune femme un peu précieuse. Tout semble convenir à Eirian et cela me ravit d’avance. Bien entendu, il s’inquiète pour son travail, ce que je peux aisément comprendre. « Pour le programme, en réalité, peu importe, je serai ravie de faire n’importe quelle activité avec toi. Mais il est vrai que cela nous fera du bien aussi de sortir un peu de la ville. Et puis, avec le transplanage, on peut aller où on veut quand on le veut et revenir chez nous dans la soirée, c’est ce qui est top ! » Un sourire s’installe sur mes lèvres. Je le pense sincèrement. « Aussi, que ce soit la mer, la randonnée, le camping ou même des sorties vélos, mes parents ont tout ce qu’il faut à la maison. On pourra toujours te prêter de toute manière. » Ce n’est pas vraiment un problème.

Je termine en disant : « Bah écoute, de toute manière, tu as mon numéro de portable donc tu n’hésites pas si tu as un jour de repos et que tu as envie devoir une vieille chieuse, tu m’envoies un SMS ! » J’ajoute : « Normalement je suis libre tous les jours de la semaine ahah ! » J’éclate de rire avant de dire : « Ah si ! Je vais sûrement faire du babysitting avec mes petits cousins comme tous les ans ! De vrais anges. » Ces moments passés avec le Serdaigle sont vraiment des moments privilégiés. Comment pourrais-je m'en passer ?
 

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Mer 7 Avr - 19:55
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C’est rassurant de croiser des personnes qui pensent comme toi, qui croient elles aussi à la paix, malgré la tournure que prennent les événements. De plus en plus, tu as l’impression que les sorciers, poussés par l’influence des Mangemorts, entrent dans le cycle de la violence et de la guerre. Logique en un sens quand on voit tout ce que vous subissez de la part du Blood Circle – les attaques, les morts, les enlèvements, l’Institut odieux en a rajouté une bonne couche dans le ressentiment qui monte du côté magique. Mais… les faire payer au prix du sang ne changera rien. Tu crois davantage à la justice légale, aux tribunaux qu’aux vengeances. Mais pour en arriver là, il faut déjà que les conflits s’apaisent, qu’il y ait volonté de réparation et d’aller plus loin, d’avancer, de part et d’autre. Autant dire que ce n’est pas pour demain la veille. Vision idéaliste, peut-être, mais tu ne vois pas comment vous pourrez vous en sortir autrement, à moins de basculer dans le cycle éternel [strike]c’est l’histoire, l’histoire de la vie[/i] de la violence et des revanches. Évidemment, tu ne t’illusionnes pas sur les efforts immenses que cela demande. Sur la volonté inébranlable qu’il faut. Mais les moldus y sont bien arrivés au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Ils ont réussi à se reconstruire sur des champs de ruines, à donner corps à leur rêve de paix. Alors pourquoi n’y arriveriez-vous pas ? De préférence, avant d’en venir aux mêmes horreurs, même si tu ne te fais pas d’illusion. L’Institut, les tortures qu’infligent les mangemorts aux moldus… c’est déjà là.
Tu as l’impression que bien peu partagent ton point de vue. Évidemment, tu n’appartiens pas aux grandes instances de l’Ordre, tu comprends que les sorciers veulent se protéger et riposter, ne pas se laisser faire… mais il n’y en a pas beaucoup qui ont l’air de rechercher une paix véritable, comme celle que tu souhaites avec Kayla. Et lorsque tu arrives à l’évoquer au QG de l’Ordre, on ne te prend pas vraiment au sérieux. Tu es né-moldu, c’est normal que tu veuilles les protéger, mais il faut penser aux intérêts des sorciers aussi… On t’imagine forcément biaisé, obligé de prendre le parti des moldus parce que c’est de là que tu viens. S’ils savaient… S’ils savaient, ce serait encore pire, tu serais vu comme un traître et un espion, on comprendrait encore mieux tes positions en faveur des moldus.
Comme toujours, le problème, c’est la minorité qui veut écraser les autres, qui refuse la différence, n’essaie même pas de la comprendre et cherche à la faire disparaître à n’importe quel prix. Mangemorts, Blood Circle… parfois, tu rêves que les pires d’entre eux s’entretuent pour permettre à d’autres de diffuser de meilleures idées, mais ça n’arrivera jamais. La société sorcière aussi a du chemin à faire pour arrêter de juger les autres sur leur sang. Comme si ça changeait quoi que ce soit ! Déjà, abandonner les termes de sang-pur, sang-mêlé, né-moldu serait un pas en avant. Les remplacer par des termes plus neutres, pourquoi pas, mais vous êtes tous des sorciers, point.

Tu as entendu pas mal de remarques au fil des années du fait de ton sang, et lorsque tu en fais part à Kayla, celle-ci manque de trébucher. Tu lui jettes un coup d’œil inquiet tandis qu’elle se rétablit.

— Ça va ? Tu ne t’es pas fait mal ?

Elle te demande si tu plaisantes.

— Oh non. Mais ils l’ont regretté. Ils ne faisaient vraiment pas le poids niveau sortilèges, et l’humiliation de s’être fait battre à plate couture par un infâme sang-de-bourbe – tu appuies ironiquement sur les mots – a dû être longue à digérer.

Tu ne leur as pas vraiment fait mal, évidemment. Mais certains ne s’attendaient clairement pas à rencontrer autant de résistance et tu t’es fait un plaisir de leur montrer que tu t’y connaissais bien plus qu’eux en sortilèges – ça a toujours été ton domaine de prédilection, où tu avais de grandes facilités. Tu n’es pas du genre bagarreur, ni particulièrement revanchard, mais quand on te cherche, on finit par te trouver. Au point que tu as fini par prendre la défense de certains nés-moldus, auxquels les sang-pur s’en prenaient sans vergogne. Tu grimaces lorsqu’elle parle de son cousin, tu te souviens encore de la conversation que vous avez eue, Helios et toi.

— Ça finira par disparaître un de ces jours… Mais c’est clair qu’il y a encore du chemin ! Ton cousin est bourré de ces préjugés stupides, il ne te mérite pas.

Tu approuves.

— Ils sont moins nombreux, mais le souci, c’est qu’ils occupent des postes importants au Ministère. Sans même parler du conseil… Alors, je ne dis pas que tous les sang-pur sont des mangemorts, mais il y en a quand même une bonne partie qui partagent leurs idées et ils ont pas mal d’influence. Mais heureusement qu’il y a des personnes comme ta mère, comme toi et tes cousines. Ça fait un peu prétentieux, mais j’espère que notre génération réussira à ne pas reproduire toutes les erreurs de nos parents…

Tu ne connais pas vraiment les sœurs Carrow. Surtout la réputation d’Hestia en matière de potions, d’autant qu’Helios voulait te la présenter pour régler certains de tes soucis, mais du coup, tu la classais plutôt de son côté à lui. Tant mieux si ce n’est pas le cas. Tu hoches la tête, tu imagines sans mal à quel point une répartition à Gryffondor peut être mal prise.

— J’imagine à quel point ça doit être compliqué de tourner le dos à sa famille même si on ne partage pas leurs idées. On peut toujours espérer que les petits canards finiront par changer aussi…

Mais tu ne te fais pas beaucoup d’illusions sur ce sujet. Un pas après l’autre, et les choses finiront par changer, même s’il faut encore pas mal de temps.

Vous revenez au sujet plus léger du sport. Kayla n’a pas l’intention d’y renoncer pendant l’été. Tant mieux. La régularité, ça fait partie des ingrédients essentiels d’une bonne condition physique, encore plus dans le métier auquel vous vous destinez. Vos corps doivent savoir répondre vite et correctement à ce que vous exigez d’eux. Et de ton côté, c’est aussi une petite soupape de sécurité, quelque chose qui t’aide à relâcher un peu de pression, même si c’est devenu plus compliqué ces derniers temps. Tu aimes moins courir à Londres, où il y a bien plus de monde qu’ici, entre les autres joggers, les simples promeneurs, mais tu n’as pas vraiment la tête à te chercher un endroit calme en dehors de la capitale. Tu feras avec ce que tu as, et voilà.
La fin de tes études est une autre source d’angoisse, que tu ne peux ignorer, même si tu t’efforces d’y penser le moins souvent possible. Perdre le château… tu as encore du mal à l’imaginer, tu y auras quand même passé presque la moitié de ta vie. Et même si tu supportes mal le dortoir ces derniers temps, Poudlard a toujours eu cette aura de sécurité et de protection, c’était un soulagement pour ta mère que tu y sois la majeure partie de l’année, hors d’atteinte. C’est aussi ce qui ressemblait le plus à un foyer – autant, avec ta mère, vous faisiez tout pour vous créer un chez-vous, autant tu n’as jamais pu te défaire de la sensation de provisoire qui allait avec l’appartement que vous occupiez. Tu savais que vous pouviez partir du jour au lendemain, tout abandonner derrière vous. Là-bas, ton sac était toujours prêt pour un départ à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, il n’y a qu’à Poudlard que tu pouvais défaire ta valise avec la certitude que c’était pour plusieurs mois.

Vous accélérez, et tu apprécies l’effort supplémentaire demandé à tes muscles, le coup de collier nécessaire pour tenir sur cette nouvelle cadence. Avec la chaleur qui monte, tu commences à avoir chaud, surtout avec tes manches longues. L’heure tourne, tu infléchis votre course pour revenir doucement vers le château.
Cette fois, vous abordez l’été sous l’angle des vacances. Ça te fait chaud au cœur qu’elle propose que vous vous voyiez. La solitude devient compliquée à gérer pendant cette période, et tu pressens que ce sera encore pire cette année. Alors, tu te réjouis de pouvoir voir ton amie. Surtout que vous avez pas mal de goûts en commun. Te perdre dans la nature, randonner, c’est un programme qui te convient tout à fait, et ça te changera nettement de Londres.

— Un programme « nature », ça me va parfaitement. Comme tu dis, ça nous fera du bien de changer d’air, pour une journée ou un week-end.

Gros avantage au transplanage pour le coup. La distance n’est plus vraiment un problème. Quelle que soit l’activité, Kayla peut te prêter ce qu’il faut. Ça t’embête un peu – alors, évidemment, c’est bien dans ton rôle d’étudiant qui vient d’une famille qui n’a pas beaucoup de moyens, mais tu n’aimes pas devoir dépendre des autres. Puis, autant ça peut se comprendre que tu n’aies pas de tente par exemple (sac de couchage, par contre, tu as, essentiel pour l’été), autant des choses simples comme un vélo… Tu n’es pas remonté dessus depuis ton enfance, tu ne sais même pas si tu saurais encore en faire. Bon, normalement, ce n’est pas quelque chose qui s’oublie.

— Merci beaucoup, c’est super gentil ! Et vraiment, des randonnées sur la journée, en transplanant pour rejoindre l’endroit, ça me dit bien !


Oui, de toute façon, vous n’êtes pas obligé de décider maintenant, vous avez tous les deux des téléphones – avantage aux moldus sur ce coup-là, Nox n’aime pas te voir tripoter ton portable quand il est là.

— Je n’hésiterai pas ! J’aurai plus de visibilité quand j’aurai mes horaires.

Tu aimes décidément beaucoup l’idée de t’évader de Londres avec elle, surtout pour des échappées en pleine nature, et ça redonne un peu d’éclat aux deux mois qui s’annoncent – et ça te fera des moments de vraies vacances et de vrais souvenirs pour une fois.
Tu ris avec elle quand elle parle de babysitting.

— Oh là là, bon courage ! Ils ont quel âge ? Ce sont vraiment des anges ou ils cachent bien leur allure de diablotins ?



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Je n'aurai pas dû sécher les cours de gym  || Eirian&Kayla 21013008104866668 Je n'aurai pas dû sécher les cours de gym  || Eirian&Kayla M-daille-Eirian

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You wish you were someone else
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Do you know what it's like
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Kayla Rausale
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Je n'aurai pas dû sécher
les cours de gym
Eirian Howl & Kayla Rausale ||  Mi-juin 2020

Ce qui me plaît avec Eirian ? C’est que même lorsque je m’inquiète pour lui, il s’inquiète pour moi. La preuve, je suis à la limite de m’effondrer par terre à cause des révélations qu’il me livre et lui ne pense qu’à moi. C’est vraiment une personne sur qui on peut compter dans toutes les situations. Je l’avoue, notre différence d’âge fait que nous nous étions jamais adressés la parole avant qu’il soit nommé comme étant mon tuteur en septembre dernier, donc je ne sais absolument rien de lui avant cette date ; je n’avais jamais fait attention à lui non plus. Poudlard est une école brassant un nombre incalculable d’élèves. C’est déjà difficile de connaître chaque membre de sa propre maison alors faire attention en plus aux autres… C’est difficile. Mais je suis scandalisée par ce que je viens d’apprendre. Mais fière lorsqu’Eirian m’explique qu’il ne s’est certainement pas laissé faire. « En fait, tu es la Hermione Granger de notre époque ahah ! Pourquoi cela ne m’étonne pas de toi ?» dis-je en riant, tentant de détendre l’atmosphère tout en trouvant cela abject. « Je déteste ce mot. » murmuré-je d’un ton plus sérieux et beaucoup plus contrit. Sang-de-bourbe. Cette insulte qui n’a plus lieu d’être à mes yeux et qui devient de plus en plus désuète au fur et à mesure que les générations passent et que les mentalités changent. Mais cela ne se fera pas demain, peut-être même pas de notre vivant. Il en faut du temps pour que l’être humain accepte qu’il est peut-être dans l’erreur. « Je suis tout à fait d’accord avec toi. Disparaître je ne sais pas, il y aura toujours des extrémistes. Mais effectivement, je suis de ton avis, j’ai bien l’impression que le Blood Circle a réaccentué les inégalités. Certains Mangemorts et Sang-Pur ne se cachent même plus… Et les postes qu’ils occupent légitimisent leurs actions. C’est dégueulasse. » Il est vrai que l’avènement du Blood Circle a rebattu les cartes à ce niveau-là, brisant toutes les avancées et les progrès réalisés des dernières décennies. « Ce bouffon… » chuchoté-je lors Eirian évoque Helios. En même temps, il n’y a pas plus cliché qu’Helios Carrow. Il est la définition même du mot préjugé.

Nous balayons d’un revers de main ce sujet. De toute manière, on peut toujours rêver de refaire le monde mais on ne le changera pas qu’avec de simples paroles. Seuls les actes peuvent faire changer les choses et j’aime à penser que c’est aussi pour cela que nous avons choisi cette filière. La filière de protection magique est réputée pour la droiture de ses membres et peut-être qu’ainsi, nous pourrons apporter notre petite pierre à l’édifice. Les sujets que nous abordons ensuite sont bien plus légers. Les vacances, ce qu’il se passera après nos études, le sport. Nous continuons nos échanges tout en accélérant le rythme et cela me fait du bien de ne pas rester dans une zone de confort. C’est aussi tout l’intérêt de ces séances. Eirian a un meilleur niveau que moi mais au fur et à mesure des nos entraînements, je deviens de plus en plus forte et endurante et j’arrive à le suivre de manière aisée mais je sais que souvent, il se met à mon rythme. Alors parfois, j’essaie moi aussi de me coller au sien. C’est vrai que ces séances à l’extérieur m’ont fait un bien fou et m’ont permis d’énormément progresser. En parlant d’extérieur, nous évoquons l’idée de nous voir cet été, je parle des randonnées que j’aimerai effectuer ou d’une journée à la plage, Eirian semble partant. « Oh oui ! L’avantage d’être un sorcier ! C’est vrai qu’on peut aller n’importe où en un temps record ! » Eirian me rappelle que tout cela est dépendant de ses horaires, ce que je comprends tout à fait. « Oui bien entendu, je m’adapterai à tes horaires, tu me diras quand tu auras tes jours de repos et on avisera au fur et à mesure, pas besoin de se prendre la tête. » Je l’informe simplement qu’il y aura peut-être des jours où je garderai mes petits cousins et je souris lorsqu’il me demande si ce sont de véritables d’anges ou de petits diablotins. « Mhum, je dirai bien les deux ahah ! Lilou, la fille de mon cousin Paul, a six ans. C’est elle que je garde le plus souvent, il travaille à l’hôpital, ses horaires sont changeants et la nounou prend des vacances l’été. Donc Tata Kayla a la rescousse ! » J’ajoute : « Lilou, c’est un véritable amour mais elle sait déjà bien ce qu’elle veut pour son âge ! » J’éclate de rire en pensant à sa petite frimousse adorable. La garder est toujours un moment de plaisir. Eirian et moi continuons d’échanger, de rire, de courir pendant encore quelques dizaines de minutes avant de nous arrêter pour des étirements bien mérités. Mon corps a été soumis à rude épreuve mais je me sens terriblement bien après la séance. C’est tranquillement que nous regagnons ensuite nos dortoirs respectifs tout en sachant très bien que nous nous retrouvions peu de temps après à la bibliothèque. Il faut dire que depuis que je connais le Serdaigle, je suis devenue incroyablement studieuse. Il déteint sur moi. J’aime penser que l’inverse est également vrai.
 

PRETTYGIRL


 

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Au long des siècles marqués par le chaos, les errements, la discorde, la douleur et la peine, de tous temps, il est une chose qui a nourri nos âmes et qui nous a élevé au dessus de notre condition. C'est notre courage.

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