Adèle & Amber

La fin d’année avait été quelque peu tourmentée pour Amber. Elle avait cru ne jamais réussir ses examens et, pourtant, elle les avait trouvé d’une simplicité déconcertante. Son imagination lui avait fait croire qu’elle avait pris énormément de retard dans ses révisions, mais pas tant qu’elle le pensait. Sans oublier qu’elle avait eu de la chance et qu’elle était souvent tombée sur les sujets qui la passionnaient. Soit. Il fallait dire que l’attaque de l’Institut ne l’avait pas mis de très bonne humeur. Elle avait fini hospitalisée et avait encore des petites cicatrices de ces foutus clebs envoyés par leurs ennemis. Par Merlin ! Pourquoi des hommes aimaient encore la compagnie de cet animal ? Les chats étaient bien plus doux, mignons et inoffensifs ! Même s’ils pouvaient parfois faire leur prétentieux, ils ne te faisaient pas finir à l’hôpital !

Il était possible, en effet, qu’Amber ait mal digéré cette attaque. Elle aurait aimé aller plus loin, mais ses diverses blessures l’en avait empêchée. Difficile de se remettre dans le rythme des cours après cette dure défaite ! Son ego en avait pris un sacré coup. Elle n’avait même plus les entraînements avec Jaeden pour se défouler.

Son ami la voyait régulièrement le dimanche pour l’entraîner au combat au corps à corps. Elle n’était pas aussi douée que lui, mais elle aimait à croire qu’elle s’améliorait de jour en jour. Malheureusement, Amber avait dû cesser ces rencontres pour se focaliser sur les examens, jusqu’aux vacances d’été. Elle avait hâte de pouvoir y retourner. Dire que cette amitié était venue d’un simple verre au White Theastral ! Amber avait bien fait de se perdre dans cet endroit, l’été dernier. Jamais elle n’aurait pensé que son chagrin et sa colère l’amèneraient à devenir ami avec lui.

Il fallait dire qu’elle était dans un sale état lors de leur rencontre. Son père venait de lancer un Impérium sur elle et, pour protester, elle avait quitté le domicile familial. Ses économies n’avaient pas fait long feu, mais elle avait pu louer une chambre jusqu’à la rentrée scolaire. À sa rencontre avec Jaeden, elle était en proie aux doutes et à l’incompréhension de sa famille. Dix mois après, rien n’avait changé.

Amber avait envie de voler de ses propres ailes, d’être indépendante et loin de leur influence. Mais elle craignait les représailles. Déjà, Thorfinn ne lui permettrait pas de s’en aller aussi facilement. Il voulait qu’elle serve l’Augurey dès qu’elle en aurait l’occasion. Il ne lui avait même pas demandé son avis, pas une seule fois. Ensuite, il l’avait mêlé à des tas d’affaires saugrenues et maintenant elle doutait que les mangemorts veuillent lui donner sa liberté. Elle connaissait bien trop de choses à leur sujet. Elle connaissait bien trop de noms. La peur l’animait sans cesse et elle craignait des représailles, voire la mort, si elle quittait le domicile familial.

C’était dans un désespoir total qu’elle avait repris sa petite vie, jusqu’à surprendre une conversation entre Adèle et Hestia, au détour d’un couloir. Amber n’en avait perçu que quelques bribes, mais suffisamment pour comprendre que cette Serpentard pourrait lui être d’une grande aide. Si la jeune Towsen ne savait pas par où commencer, Adèle pourrait peut-être la conseiller. Après tout, elle avait tourné le dos à un mariage forcé et c’était exactement ce qu’elle souhaitait faire.

Jusqu’ici, Amber avait toujours vu Hestia et Adèle comme deux enfants parfaites, deux filles de mangemorts qui ne causaient aucun problème. Visiblement, elle s’était trompée sur toute la ligne et, malgré leurs parents différents, elles traversaient la même crise. Adèle avait simplement su prendre les choses en main, un pas qu’Amber n’avait pas encore pu entamer. Ce n’était pas le courage qu’il lui manquait. Elle savait qu’elle était brillante et qu’elle avait un avenir radieux devant elle, peu importe la profession qu’elle choisirait. Non. Amber était effrayée. Elle avait des rêves et elle avait peur de ne pas les accomplir.

Ce jour-là, alors qu’elle venait voir Jaeden au White Theastral, elle ne s’attendait pas à croiser sa camarade. Malgré tout, les souvenirs de cette conversation lui revinrent à l’esprit et elle se dit que c’était peut-être le bon moment pour aller la voir et lui poser ses questions. Plus déterminée que jamais, elle s’avança vers la Serpentard et lui sourit légèrement, plus pour paraître polie qu’amicale. Elle n’avait pas envie de donner une image trop sympathique qui lui donnerait envie de partir en courant. Amber voulait paraître agréable, pas folle furieuse.

— Adèle ? Je sais que nous nous sommes jamais parlées, mais je suis à Poudlard avec toi. Et j’aurais eu quelques questions à te poser, quand tu auras un moment.

Etait-ce une bonne approche ? Amber n’avait jamais été très douée avec les relations humaines. Elise avait toujours fait partie de ses rares amies alors qu’elle commençait tout juste à s’ouvrir un peu plus aux autres.

Adèle & Amber

Amber essayait de paraître polie, mais en vérité elle avait un peu de mal pour se sociabiliser. Elle avait tendance à se renfermer sur elle-même, à très peu parler avec ses camarades, ou à les envoyer se promener un peu plus loin. La jeune Serdaigle était loin d’être un ange. Quand elle n’insultait pas ceux qui la dérangeaient, quand elle les menaçait pas avec des mots crus, elle faisait perdre des points à sa maison à cause de ses nombreuses escapades dans la Forêt Interdite. Au fil des années, la jeune sorcière était devenue un véritable boulet pour ses camarades de Serdaigle. Elle faisait perdre presque autant de points qu’elle en gagnait… Enfin, c’était au départ. Depuis huit ans, elle avait bien développé des subterfuges pour ne pas se faire prendre la main dans le sac. Même si parfois elle ne parvenait pas à échapper aux préfets, elle avait réussi à être moins repéré. Un exploit pour une femme avide de liberté et d’aventure !

Il fallait dire qu’Amber avait toujours trouvé un certain réconfort auprès des créatures magiques. Leur présence l’apaisait. Elle sentait plus que jamais comprise. Sa famille ne lui permettait pas de ressentir souvent ce genre de choses. Thorfinn en avait que faire de son avis. Son père était espiègle et manipulateur, prêt à tout pour arriver à ses fins, alors qu’au bout de deux mots plus haut que l’autre de la part de Tobias, et il fermait son clapet pour la soirée. Etait-ce parce qu’Amber était une femme qu’elle n’était pas prise au sérieux par son père ? Après tout, il n’avait pas obligé Tobias à se marier lorsqu’il avait son âge. Alors pourquoi avait-il décidé de la fiancer avec un prépubère ? Même s’il allait disparaître dans d’étranges circonstances quelques semaines plus tard (et qu’Amber l’ignorait totalement), elle était bien décidée à trouver le meilleur moyen de rompre les liens avec sa famille.

Elle ne pensait pas qu’Adèle était la solution à tous ses problèmes, mais si un sourire poli pouvait lui permettre de lui poser quelques questions, elle n’allait pas se priver. La jeune femme n’avait visiblement pas conscience de qui elle était, mais Amber était certaine qu’au moment où elle prononcerait le mot Towsen, elle comprendrait qui étaient les membres de sa famille, des mangemorts provenants d’une lignée de sang-pur anglo-australienne.

— Je suis Amber Towsen, étudiante en deuxième année de Protection Magique, maison Serdaigle.

Histoire de lui faire comprendre que c’était assez logique qu’elle ne la connaisse pas, puisqu’elles n’appartenaient ni à la même maison, ni à la même filière et peut-être pas à la même année (la jeune sorcière avait un doute à ce sujet, mais soit!).

Finalement, Adèle accepta d’échanger avec elle. Amber profita de la présence de la serveuse pour lui demander un thé. Elle était un peu nerveuse de la suite de la conversation. Allait-elle avoir les réponses qu’elle était venue chercher ? La Serpentard accepterait-elle de répondre à ses questions ? La trouvera-t-elle indiscrète ? Un léger rire nerveux quitta ses lèvres, alors qu’elle observait la table devant elles.

— C’était beaucoup plus simple dans mon imagination.

Son interlocutrice allait certainement l’envoyer promener, mais elle devait tenter le coup. Sinon elle ne saurait jamais. La sorcière redressa son regard émeraude en direction d’Adèle et reprit, un peu plus sûre d’elle. Elle avait besoin de partir de ce bar, soulagée, avec un poids en moins sur la conscience.

— Je ne veux pas me mêler de tes histoires et je ne te demande pas de la raconter. Loin de là. Je sais seulement que tu es parvenue à prendre ton émancipation, à subvenir à tes propres besoin… Rien que ce travail atteste du succès de ton entreprise.

Amber ne cherchait pas à la flatter et cela se voyait dans l’intonation de sa voix. Elle cherchait simplement à lui faire comprendre les faits actuels : Adèle évoluait par ses propres moyens.

— J’aimerais y parvenir. Mais je n’ai aucune idée par quoi je devrais commencer. C’est malheureux, sans doute, mais je n’ai jamais eu besoin de me poser la question avant ces derniers mois. Et je ne sais pas comment faire coïncider les cours à Poudlard et mon envie d’indépendance.

La jeune sorcière finit par hausser les épaules et patienter. Patienter en espérant avoir une réponse, une piste offerte par Adèle. Au moins, elle se sentirait moins seule. Ces derniers mois avaient été compliqués. Tout particulièrement avec l’emprise que tentait d’avoir Thorfinn, son père, sur elle. Entre les mariages arrangés, les missions et les dîners avec les mangemorts, les sortilèges impardonnables qui lui faisaient parfois subir pour la calmer… Amber était à bout et elle était prête à tout pour s’émanciper, faire son petit bout de chemin loin de sa famille. Peu importe qu’elle veuille devenir une mangemort ou non. Elle voulait vivre sa propre vie.

Adèle & Amber

Amber ignorait encore si sa présence dans ce bar était une bonne ou une mauvaise idée. Après tout, elle ne connaissait pas Adèle, ni son histoire. Les raisons d’une émancipation étaient souvent personnelles et intimes. Elle n’avait aucune envie de la bousculer en lançant un sujet douloureux ou intense. Néanmoins, il s’agissait de la seule personne capable de l’aider, parce qu’elle avait dû traverser ce qu’Amber s’apprêter à vivre d’ici quelques semaines. Du moins, elle espérait que ce changement puisse se faire rapidement. Elle n’allait pas supporter de rester avec son père plus longtemps. Il était exécrable au possible et terrifiant. Depuis qu’il avait fait usage de sortilèges interdits sur elle, l’obligeant à torturer, elle n’avait aucune envie de rester dans le même manoir que lui. William lui avait aussi appris que son frère n’avait pas eu une enfance plus facile qu’elle. Tobias avait dû subir des Oubliettes pour se plier au désir de Thorfinn à de nombreux reprises. Quel genre de père faisait subir ça à ses enfants ? C’était un monstre qui décidait de l’avenir de ses « progénitures » comme s’il s’agissait de vulgaires objets qui lui appartenaient.

Par sa faute, Amber s’était retrouvée dans la filière qu’elle n’avait jamais visée, parce qu’être Auror pourrait « être utile pour leur Cause ». La jeune sorcière n’avait aucune envie de couvrir les actes abominables de son père et de ses collègues. Ils méritaient de tomber. Torturer des moldus innocents, avant de les tuer sauvagement, n’était pas un mode de vie qu’elle souhaitait adopter. Au contraire, elle avait envie de leur rendre justice, mais elle ne le pouvait pas. Amber était née dans la mauvaise famille et elle ne pouvait pas aller contre la vie.

Contractant la mâchoire à cette pensée, elle resta assise face à Adèle et prit plusieurs minutes pour trouver les mots justes. Les relations sociales n’avaient jamais été son fort. Elle n’était pas une bonne oratrice, délicate et bienveillante. Au contraire, elle avait tendance à aller droit au but et à dire ce qu’elle pensait, qu’importe si cela pouvait blesser son interlocuteur. Amber avait vraiment des progrès à faire dans cette sphère sociale…

— C’est exactement ce que je veux savoir, répliqua-t-elle en hochant plusieurs fois la tête. Et non, ce n’est pas une blague. Lancer des rumeurs sur les autres, c’est vraiment pas mon délire.

Amber avait été victime de ragots et de moqueries bien trop souvent. Elle était « la pitoyable Serdaigle qui n’était pas capable de faire comme le reste de sa lignée » ou « la fille bizarre qui faisait perdre trop de points à sa maison »… Ce n’était pas de sa faute si elle était une fille de mangemorts et qu’elle devait se battre tous les jours pour faire tomber les préjugés que l’on avait à son sujet… Mais soit ! Adèle se méfiait et c’était tout à fait légitime de sa part. Même si la jeune Towsen n’était pas douée, elle tenta de rassurer son interlocutrice du mieux possible, en se confiant sur sa propre histoire.

— J’ai eu pas mal de soucis dans ma famille. Dernièrement, mon père a décidé d’organiser des fiançailles avec une famille de sang-pur, sauf qu’il s’agit d’un gamin qui n’a même pas encore quinze ans.

La jeune femme grimaça à cette idée répugnante. Si Thorfinn voulait lui gâcher la vie, il avait trouvé la façon idéale de le faire. Un prépubère n’intéressait pas Amber. Déjà qu’elle n’était pas friande des relations amoureuses… Elle aurait tout de même préféré un homme à peu près charmant, pas un gosse qu’elle pourrait garder les week-ends en échange de quelques gallions… La vie était vraiment merdique, parfois !

— Inutile de te faire un dessin. Je pense que tu devines très bien ce que j’en pense.

Amber se mordilla nerveusement la lèvre inférieure. Elle n’en avait pas encore parlé à grand monde, mais était prête à sacrifier ce secret en échange de quelques précieux conseils.

— Ce n’est pas le fait de me dresser contre mon père qui m’inquiète, mais l’indépendance que je vais devoir avoir après. Il va me couper les vivres et me mettre à la porte. Je dois trouver un moyen de me loger et de me nourrir en périodes de vacances scolaires ou certains week-ends.

La jeune sorcière n’était pas une princesse qui n’était pas prête à se salir les petits doigts. Au contraire. Elle était déterminée, mais ne savait pas comment s’y prendre. Elle n’avait jamais cherché de travail et ne voulait pas que cela ait un impact sur ses études. Et puis, elle venait d’une famille de mangemorts. Sortir de ce groupe n’était pas facile. Elle partait avec tous les secrets qu’elle avait entendu au cours des dîners d’affaires. Amber ne voulait pas être menacée de mort parce qu’elle en savait trop sur eux…

Adèle & Amber

Amber aurait tout à fait accepté qu’Adèle fasse preuve de sarcasme. Elle en faisait la moitié du temps lorsqu’elle songeait avec quel imbécile son père voulait la caser. Il ne devait même pas avoir de poils pubiens au vu de son âge et on lui mettait déjà en tête l’idée qu’elle ait un enfant avec lui. Quel désastre ! Elle n’était pas prête à vivre cette drôle d’aventure. Amber ne voulait même pas d’enfant pour le moment. Elle arrivait même pas à se prendre en main elle-même, alors s’occuper d’un mari et d’un gamin… Ou plutôt deux gamins… Aïe ! Elle ne souhaitait pas de cette vie là. Elle ne voulait pas ressembler à sa mère et s’occuper de leur foyer comme une femme des années 40. Leur société avait bien trop évoluée pour revenir en arrière. Amber voulait travailler et voler de ses propres ailes.

Ce n’était qu’une question de mois avant qu’elle ne termine ses études. Si elle se débrouillait bien, elle serait Auror et travaillerait au Ministère de la Magie. Le salaire serait largement convenable, même si sa véritable passion restait les créatures magiques. Il était trop tard pour reprendre ses études et elle n’en avait pas envie de toute manière. Elle savait qu’un brillant avenir l’attendait, peu importe la profession qu’elle choisirait. Du moment qu’elle ne l’exerçait pas pour couvrir son père…

Quoi qu’il en soit, Adèle sembla lui faire confiance et reprit la parole en lui posant des questions auxquelles elle n’avait jamais songées. Pourquoi n’avait-elle pas ouvert les yeux plus tôt sur ces petits détails ? Elle était restée uniquement focalisée sur les risques qu’elle encourait en tant que fille de mangemorts. Pas sur tout ce que ça impliquait…

— Je… Je crois que je ne me suis jamais sentie à ma place lors des dîners de famille. Leurs idéologies sont bien trop différentes des miennes. Il y a juste mon grand frère qui, je pense, me comprendra…

Le regard d’Amber se perdit dans le vide et elle plissa les yeux. Était-elle prête à sacrifier son héritage pour sa liberté ? Au fond, elle n’avait jamais accordé une grande importance à l’argent, mais elle était née Towsen et ignorait encore si elle était prête à renoncer à cette partie de son identité. C’était son essence même.

Adèle poursuivit en parlant de son entourage et un petit sourire s’étira sur ses lèvres. Amber ne s’était jamais sentie aussi entourée de toute son existence. Elle s’ouvrait un peu plus au monde, sans se douter qu’elle se refermerait comme une huître d’ici quelques semaines, avec le décès de son père. Elle secoua la tête pour en faire part à Adèle. Ses pensées se tournèrent vers tous les amis qu’elle avait pu se faire au cours des années, comme Elise, Raphaël ou Helios. La vie était parfois étrange, mais bien menée ; parsemée d’embûches et de belles aventures. Son existence lui avait plu jusqu’ici et elle espérait que cela continue dans cette direction, même si elle pouvait rencontrer des difficultés avec sa famille.

— J’ai déjà rencontré Anjelica. Elle a l’air très humaine et bienveillante. Je suis contente qu’elle ait pu t’aider.

Amber le pensait sincèrement, même si elle ne connaissait pas son interlocutrice. Elle pouvait imaginer les difficultés qu’elle avait rencontrées et la voyait comme forte et déterminée. De toute manière, sa maison à Poudlard parlait d’elle-même à ce sujet.

— Pour l’argent, je ne m’inquiète pas trop. Je ne suis pas dépensière. Je me contente du stricte nécessaire.

La jeune sorcière voulait rester optimiste, mais les questions de son interlocutrice commençaient à hanter son esprit. Elle ne savait plus à quoi s’attendre si elle décidait de quitter le domicile familial. Et si elle attendait la fin de l’année scolaire ? Peut-être que tout serait plus simple quand elle serait diplômée ? Elle n’en avait aucune idée et avait vraiment du mal à se projeter. Elle espérait que cet échange avec Adèle la soulage du poids qu’elle avait dans son cœur, mais il semblait plus lourd. Amber ne se sentait pas prête à changer de voie et commençait à perdre confiance en son projet. Helios était un mangemort et ne l’accueillerait sûrement pas si elle avait besoin. Elise serait rapidement encombrée avec elle. Enfin, Raphaël était un moldu et elle n’était pas certaine de vouloir quitter sa famille pour aller chez lui. Elle risquait déjà gros avec les mangemorts, alors elle n’allait pas empirer la chose et mettre son ami en danger… Que pouvait-elle donc faire pour se sortir de ce bordel ? Parce que oui, il s’agissait d’un sacré bordel.

— Que pourrait-il arriver d’encore pire ?

Amber releva son regard émeraude en direction de son interlocutrice. Elle avait du mal à se projeter et à imaginer un scénario encore plus catastrophique que celui qu’elle avait en tête. La sorcière voulait être libre. Mais quel était le prix ?

Adèle & Amber

Amber se mettait à imaginer tout un tas de scénarios qu’elle pourrait possiblement vivre, le jour où elle s’émanciperait. Elle pensait à son frère. Peut-être lui laisserait-il son appartement à New York. Après tout, les mangemorts n’iraient jamais la chercher aussi loin. Elle pourrait recommencer sa vie là-bas, sans se soucier d’une attaque pour trahison. En vérité, Amber ne trahirait personne, mais les mangemorts n’avaient jamais apprécié les familles de sang-pur qui leur tournaient le dos. Son père aurait tellement honte de sa fille qu’il pourrait même contribué à la faire disparaître de la surface de la Terre, si ce n’était de lui faire subir un oubliette pour qu’elle rentre dans les cas, comme il l’avait déjà fait avec son grand frère.

Tobias… Elle n’avait pas envie de perdre contact avec lui, alors qu’ils venaient tout juste de mettre à plat la rancoeur qu’ils avaient depuis des années. Amber réapprenait à aimer son frère plus que quiconque sur cette planète. Elle ne voulait pas réduire ses efforts à néant. Il savait qu’elle n’était pas comme lui, comme eux… Il accepterait de la cacher. Mais que ferait-elle de tous ses amis, une fois à New York ? Ne pouvait-elle simplement pas rejoindre Londres et vivre comme une moldue pour le restant de ses jours ? Cette idée la fit grimacer. Elle appréciait bien leur compagnie, notamment celle de Jonas et Raphaël, mais de là à adopter leur mode de vie… Très peu pour elle !

— J’espère m’en sortir aussi bien que toi…

Amber souffla ses mots entre ses lèvres et jeta un coup d’œil au verre qu’elle tenait entre ses mains. Elle était pensive. Tout ce que lui expliquait Adèle la questionnait. Finalement, Thorfinn était le seul élément de l’équation qui pourrait faire foirer ses scénarios. Il était manipulateur et Amber ignorait jusqu’où il serait prêt à aller pour avoir de l’emprise sur sa fille. Sa liberté ne lui serait jamais donnée. Elle allait devoir la mériter et lutter de toutes ses forces.

L’argent ne lui faisait pas peur, parce qu’elle n’avait pas beaucoup d’amis avec qui sortir et qu’elle n’avait pas de loisirs qui coûtaient excessivement chers. Les livres pouvaient être empruntés à la bibliothèque. Quant aux créatures magiques, elle avait la forêt interdite à proximité, ce qui lui convenait plutôt bien. Elle pouvait se détendre sans trop de problème. Fréquenter des bars ne lui arrivait pas aussi régulièrement que ça et elle pouvait très bien s’en passer. Les vêtements et le maquillage ne l’intéressaient que très peu. Elle avait assez d’éléments dans sa penderie pour ne pas avoir à se soucier de ce détail pour l’année à venir. Le temps pour elle de finir ses études…

Adèle continua son discours, sous le regard attentif de la jeune sorcière. Elles ne s’étaient jamais vraiment parlées, mais Amber était sincère avec elle. Elle ne cherchait pas à garder sa carapace. Pourquoi l’aurait-elle fait ? Si elle n’avait pas été honnête envers elle, Adèle ne l’aurait jamais été en retour. La confiance devait être réciproque et la jeune femme ne pouvait pas toujours cacher ses émotions. La vie n’était pas aussi simple. Ses faiblesses étaient parfois dévoilés au grand jour et elle devait faire avec.

— Comment as-tu vécu ton émancipation ? Tu ne regrettes rien ?

La sorcière ne lui avait pas posé la question, mais elle était curieuse d’avoir des réponses. Pour une fois, elle ne se souciait pas que de son nombril. Cela devenait d’ailleurs plus récurrent, ces derniers mois. Amber s’ouvrait au monde et apprenait à apprécier, à se faire apprécier, à aimer et à être aimé… Elle avait fait un gros travail sur elle-même et vivait sa jeunesse comme elle aurait dû le faire depuis bien longtemps.

Toute sa scolarité, elle avait été blâmée par des Serpentards pour ne pas avoir suivi leurs traces, celles de la plupart des sang-purs. Vu qu’un ressentiment et de la provocation étaient nés entre eux, ils avaient alimenté ce cercle vicieux toute leur scolarité. Amber allait entamer sa dernière année d’études et elle n’était plus aussi désagréable qu’avant, sauf si on venait la provoquer en premier lieu. Elle avait tout de même bien évolué ! Elle était assez fière d’elle sur ce point-là. Sociabiliser n’était pas aussi affreux que ce qu’elle avait pu imaginer.

— C’est dommage que je n’ai pas pris le temps de te connaître plus tôt. Je pense que j’aurais apprécié ta compagnie à Poudlard, lui dit-elle en toute sincérité.

Adèle et elle devaient se ressembler sur certains points, sinon elles ne seraient pas ici à converser. Elles avaient forcément des points communs, en dehors de leurs familles qui leur donnaient envie de s’arracher les cheveux. Cette pensée lui déclencha un léger sourire. Elle n’était pas seule et elle pouvait s’en sortir. La Serpentard venait de lui donner confiance en elle. Elle pourrait commencer à réfléchir sérieusement à l’émancipation.