Prudence est mère de sureté

Malgré le retour des beaux jours –enfin ce qui était appelé « beaux jours » en Ecosse-, le froid était encore vivace. Ses joues piquottaient et son teint rougi par les faibles températures en attestait. L’air était, malgré le soleil blafard, humide et Helios craignait pour sa coiffure. Depuis le retour de ses pouvoirs, le jeune homme avait activement travaillé à renouer ses liens amicaux avec ses camarades qui lui avaient tous plus ou moins tournés le dos… En même temps, il ne trainait qu’avec des sang-purs un tout petit peu élitistes. Il s’en était douté. N’aurait-il pas fait de même ? La popularité était une part non négligeable du pouvoir dans l’Université, il s‘employait alors à remonter sur le devant de la scène universitaire. Et cela passait entre autres choses par aller boire des verres aux Trois Balais.

Marchant d’un pas vif, ses yeux glacials détaillaient les passants, plus par ennui que pas véritable intérêt. Il y avait beaucoup d’élèves de Poudlard, reconnaissables à leurs tailles anormalement petites –et dire qu’il était passé par ce stade- et les piaillements particulièrement aigus qui les suivaient. Il évita précipitamment un gamin un peu trop concentré sur ses cartes chocogrenouilles –en plus ce n’était même pas des rares- ce qui lui valut un regard noir du Carrow. Ce-dernier sortit discrètement sa baguette et lança un petit Arresto momentum sur les pieds du distrait ce qui résulta en une chute spectaculaire, plus encore alors que les cartes volaient en tous sens. Helios rangea rapidement l’arme du crime et s‘éloigna du lieu de son forfait, empli de satisfaction.

Les Trois Balais étaient rempli, les gens cherchant probablement un lieu chaud et réconfortant où passer l’après-midi. Helios rejoignit avec un grand sourire la table où l’attendait ses camarades. S’excusant pour son léger retard, il proposa de payer sa tournée pour se faire pardonner. Cette déclaration fut accueilli par des cris de joie et bien vite, ils se retrouvèrent tous avec une Bierraubeurre entre les mains. Cela faisait véritablement une éternité qu’Helios n’en avait pas bue. Il trouvait ça trop sucré, trop gras et sans intérêt. Mais comme la majorité l’avait plébiscité, il avait accepté, se disant qu’au fond, ses goûts avaient peut-être changé depuis la dernière fois… Quel mal lui en prit ! Après seulement quelques gorgées à peine, une violente nausée assaillit ses sens. Ah bah c’était bien sa chance ça dis donc ! Il se releva précipitamment, prétextant un envie pressante. Il marcha d’un pas suffisamment vif pour avaler les quelques mètres qui le séparait des toilettes mais suffisamment détaché pour ne pas attirer l’attention. Se retrouvant devant la porte, il la trouva close, avec un petit parchemin cloué sur le bois indiquant des travaux. Prenant de grandes inspirations pour ne pas vomir devant tout le bar, il se résigna à aller chez les dames… Porte close également quoique qu’en mettant l’oreille sur la porte, il entendit trois voix se raconter leur journée. Elles n’étaient pas prêtes de sortir celles-là. Bon dernière chance, Helios visa la porte arrière du bar pour déboucher dans une petite rue. Il s ‘empressa d’attraper sa baguette et lança un sortilège calmant. En tant qu’étudiant en médicomagie et fêtard, ce sort était l’un de ceux qu’il maîtrisait le mieux.

Les mains sur les hanches, Hélios inspirait et expirait pour profiter de l’air relativement frais et vérifier que son sort fonctionnait correctement. Il aurait été dommage de repartir à l’intérieur pour de nouveau se retrouver avec une stupide nausée. Alors qu’il faisait quelques pas, il remarqua à sa gauche une petite brune camouflée dans un coin. Fronçant les sourcils, il s’approcha légèrement. Il n’était pas un prince sauvant toutes les demoiselles en détresse du coin mais il avait quand même un certain sens éthique de vérifier que tout allait bien. Surtout lorsqu’il reconnut ces mèches brunes. N’était-ce pas Miss Septima Ombrage en personne, tentant de se cacher de seul-Merlin-savait-qui ? Un petit sourire carnassier se dessina sur ses lèvres. Il y avait une chose qu’il savait des élèves de l’école, c’est qu’il n’était pas particulièrement recommandé de se promener seul dans Pré-au-Lard…

La relation d’Helios avec Septima était particulière. Le nom Ombrage lui donnait de l’urticaire et, la jeune fille étant la prunelle des yeux de son paternel, Helios trouvait une satisfaction maladive à se rapprocher d’elle pour mieux atteindre le père. Il espérait secrètement que Septima parle de lui à William, histoire que celui-ci sache quelle menace planait sur sa petite perle. Mais avant de détruire Ombrage, il fallait qu’il crée des liens avec la jeune Serpentard et cela passait par le tutorat ou la réprimander lorsqu’elle se baladait toute seule.

C’était relativement étrange : Septima était là sans vraiment l’être. Son corps se tenait dans la ruelle mais son esprit semblait affairé à autre chose, presque parti ailleurs. Helios se planta à un mètre de la jeune fille et parla pour annoncer sa présence. « Septima ? Est-ce autorisé pour les Cinquièmes Années d’ainsi se balader sans personne dans Pré-au-Lard ? Poudlard a bien changé depuis que j’y ai séjourné… » Laissa-t-il planer, sous-entendant qu’il ne croyait pas une seule seconde que cela puisse être le cas. Après tout, Poudlard restait pratiquement inchangé depuis des siècles, six ans n’étaient rien dans la réformation de la glorieuse École de Sorcellerie. Les bras croisés, il attendait une explication de la petite Ombrage de pied ferme. Son visage fermé laissait échapper un petit sourire moqueur, trahissant sa satisfaction de pouvoir ainsi lui faire la morale. Il était à deux doigts de lui sortir ses lunettes et le règlement sous format papier pour appuyer ses propos.

Codage d’après Libella sur Graphiorum

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Finalement, la statue de cire sembla s’animer alors que Septima posait enfin son regard sur Helios. Ce dernier gardait un petit sourire moqueur alors qu’elle le saluait. Il trouvait toujours cela drôle d’être ainsi appelé par son prénom et son nom. Encore un peu plus et la jeune fille aurait pu donner l’ensemble de son état civil dis donc… Il aurait alors probablement cru entendre Meredith. Le sourire de l’Ombrage semble sincère quoiqu’elle semblait prise au dépourvu… Intriguant.

Helios ne put s’empêcher de lever un sourcil dubitatif devant les arguments avancés par Septima sur sa présence en ces lieux.  Elle ne se sentait pas très bien ? Ça tombait bien, il était étudiant en médicomagie et tout à fait apte à faire un premier diagnostic ou à lui indiquer d’éventuels potions pour calmer ses malheurs. Il n’eut pas le temps de rebondir sur ses paroles alors qu’elle enchainait déjà en lui parlant de lui. Qu’essayait-elle de faire au juste ? Le Serpentard n’allait pas la laisser noyer le poisson comme cela. « Je ne suis ni pâle, ni saoul Septima… Ce n’est pas très sympathique de dire ce genre de choses à quelqu’un qui venait en ami… » Il laissa la fin de sa phrase en suspens, emplie de sous-entendus sur ce que ses intentions pouvaient devenir maintenant qu’il jouait le jeune homme faussement blessé par ces accusations. Quoique vu la nausée qu’il venait de ressentir quelques minutes plus tôt, il devait effectivement avoir un teint un peu maladif. « Je voulais simplement vérifier si je n’appréciais toujours pas les bierraubeurres… C’est toujours le cas ! » Dit-il sur le ton de la plaisanterie pour essayer de détendre un peu l’atmosphère. « Je suis désolé d’entendre que tu n’es pas au meilleur de ta forme. Je peux peut-être t’aider tu sais… Étant étudiant en medicomagie, tout ça… » Il fallait maintenant voir si Septima allait continuer dans cette voie-ci. Dans ce cas, Helios serait éventuellement prêt à la croire. Au probable désespoir de la jeune fille, à la seconde où Helios l’avait vu seule dans cette rue, il avait su que quelque chose clochait… Ses amis qui l’attendaient dans les Trois Balais l’intéressaient de moins en moins, mais Septima et ses secrets, bien plus !

Des cris retentirent derrière eux et Helios se décala pour tenter d’apercevoir l’origine des bruits, sans grand succès. Septima ne semblait pas s’en soucier et Helios l’imita, quoique légèrement mal à l’aise.
« Et pour ta gouverne, chaperon, je ne suis pas seule, puisque tu es là » Helios croisa les bras en reportant son attention pleine et entière sur la petite Serpentarde qui semblait bien sûr d’elle. La voir ainsi sourire empêcha Helios de s’énerver. Au lieu de ça, il laissa échapper un petit soupir résigné, quoiqu’un peu fier de la répartie dont elle faisait preuve… Elle irait loin cette gamine. « Comme c’est arrangeant Miss Ombrage… »  Dit-il alors qu’il réfléchissait à ce qu’il ferait ensuite. Allait-il tenter de lui tirer les vers du nez maintenant ou attendre un peu que sa garde soit baissée ? Septima ne sembla pas s’émouvoir de raisonnements similaires alors qu’elle lui tendait des sucreries. « Tu en veux ? » Helios regarda méfiant le paquet d’Ourstafilades. C’était de plus en plus louche. Ces confiseries étaient-elles empoisonnées ? Ou peut-être avariées ? Cela aurait été bien du genre d’une Ombrage de faire ça. Mais vu qu’elle était elle-même en train d’en grignoter un, peut-être ne risquait-il pas grand-chose ? Il approcha finalement sa main et se saisit d’une sucrerie. « Oui, merci… »

Helios porta le nounours à ses dents et commença à méthodiquement l’étirer pour tenter d’en attraper une bouchée. Lorsque la première fut une réussite, il reprit la parole, avec un peu plus de sérieux cette fois-ci. « Qu’est-ce que tu fais là Septima ? J’espère que ce n’est rien qui pourra faire perdre des points aux Serpentards… Je détesterai laisser gagner ces insupportables Serdaigle juste pour des erreurs de cinquièmes années… » La Coupe des Maisons avait de ça de motiver les élèves à donner le meilleur d’eux-mêmes pour remporter les lauriers tout faisant surveiller les plus turbulents par les plus affamés de victoire. Helios était l’un de cette dernière catégorie. Il n’était bien sûr pas contre d’étranges plans… Tant que lesdits plans ne mettaient pas en péril l’avenir des Serpentards ! « Il se trame quelque chose ici… Est-ce que je peux t’aider à quoi que ce soit ? » Demanda-t-il le plus innocemment du monde. Ben quoi ? Il venait de dire que du moment qu’aucun point n’était perdu, il se fichait bien de ce que Septima pouvait fomenter… Mais pas qu’il n’était pas intéresser de connaître lesdits plans… Il restait quand même à vouloir essayer de gagner la confiance de Septima tout en s’amusant lui aussi.

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« Helios »  Se faire ainsi interpeler de nouveau agrandit davantage le sourire du jeune homme. Septima devait se sentir si sûre d’elle tout en prenant un air tellement... Peu intéressé par sa présence ici ? Il était à deux doigts de lui faire confiance et de lâcher l’affaire sur sa raison en ces lieux. Presque car Helios n’était pas le dernier à user de sa belle gueule et de petites phrases judicieusement placées pour arriver à ses fins. Et Septima, bien qu’elle soit une « piètre élève » d’après ses propres mots, n’en restait pas moins particulièrement intelligente et particulièrement vive d’esprit. Et puis, elle était une Ombrage alors forcément une habituée des coups plus ou moins tordus…

Alors que le Serpentard mâchouillait sa sucrerie, il croisa les bras comme pour appuyer son air méfiant face à la demoiselle qui lui faisait face. Cette dernière semblait d’ailleurs en pleine réflexion sur un sujet qui échappait totalement au Carrow. Et cela l’irritait beaucoup ! Helios n’était pas du genre commère…. Il aimait simplement être au courant de ce qui se passait. Par curiosité mais surtout par nécessité : on était toujours plus puissant en ayant toutes les informations. Cela permettait souvent de battre les autres… Alors qu’est-ce que Septima Ombrage fichait seule au milieu de Pré-au-Lard, perdue dans ses pensées quelques minutes plus tôt ? Le Serpentard ne posa cependant pas cette question de nouveau, supposant que laisser le temps à Septima de choisir ses mots pour lui répondre serait plus efficace dans sa recherche de la vérité. Il attendit patiemment, lorgnant un peu sur les Ourstafilades, se demandant si cela était vraiment raisonnable pour sa ligne svelte et particulièrement plaisante au regard quand la petite Ombrage attira de nouveau son attention.

La voilà qui haussa de nouveau les épaules avant de lui indiquer une boutique qu’Helios n’aurait probablement pas vu, même en passant devant. Les explications de la jeune fille firent hausser un sourcil au Serpentard, mais plus par intérêt que par doute des intentions de Septima. Il détailla l’endroit en se décalant légèrement pour avoir une meilleure  vue. Ces kits de préparation pourraient lui être particulièrement bénéfiques pour ses propres cours… Oui mais il ne pouvait décemment pas détourner Septima de cet objectif pour ensuite s’y engouffrer lui-même… Enfin pas en cinq minutes ! Une petite moue vint habiller ses traits alors qu’il réfléchissait rapidement à la solution à adopter, sachant le temps particulièrement compté. Il reposa son regard sur la petite Serpentarde et se retrouva plongé dans ses yeux. Bon… Qu’allait-il faire ? Un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres alors qu’il se décidait pour l’option qui lui apporterait effectivement quelque chose. « Des kits de potions hein… »

L’air pur lui redonnait quelques couleurs alors que la perspective de retourner à l’intérieur des Trois Balais l’enchantait de moins en moins. Sa curiosité était piquée au vif, tout comme son ego. Il aurait été stupide de ne pas vouloir avoir les kits de potions disponibles simplement pour une perte de points… Enfin cette perte de points ne pourrait être attribuée qu’à Septima. Lui en tant qu’étudiant faisait bien ce qu’il voulait aux alentours de Poudlard. Pour éviter cette fâcheuse possibilité de faire perdre des grains au sablier vert, Helios se dit qu’il la couvrirait au besoin. Après tout, il pourrait toujours inventer une histoire bateau de tutorat en potions. Et au pire, il parlerait de Meredith. Cela l’aidait toujours dans les pires situations. « Cinq minutes tu as dit ? Il ne faudrait pas tarder alors. Allez viens. »

Helios s’approcha de la boutique sans vérifier que Septima le suivait bien. Si elle voulait tant y aller, elle n’avait qu’à l’accompagner. Cela était véritablement sa seule chance de voir l’intérieur de cette devanture. L’idée que cela soit totalement faux et un vulgaire piège de collégienne lui effleura l’esprit. Après tout, elle était une Ombrage. Mais la promesse de listes d’ingrédients complètes surpassait cette appréhension et il se retrouva bien vite devant la porte. Brave mais pas téméraire, il se décala légèrement et exagéra une courbette en montrant l’entrée : « Après vous Miss. »  L’œil brillant de défi, il voulait savoir si elle était prête à aller jusqu’au bout de ses idées, surtout quand c’était Helios qui l’y poussait un peu. C’était une chose particulièrement intéressante à rechercher chez les plus jeunes qu’il comptait à terme utiliser. Et puis au-delà de tout ça…. Il s’amusait comme un petit fou. Jetant un rapide regard aux alentours, il évalua rapidement la présence ou non de personnes susceptibles de les voir. Non pas que cela soit illégal de visiter une boutique éphémère. Peut-être pour une jeune comme Septima mais pour lui ? Il aviserait le cas échéant s’il se porterait au secours de la demoiselle dans une telle situation. Ah non, il s’était dit qu’il le ferait… Oui bon bah à voir.

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« Quitte à tout prendre ». C’était absolument naze comme nom d’échoppe. Alors qu’il laisser passer Septima tel un gentleman, il fut sidéré du manque total d’imagination du propriétaire. Il salua d’un signe de tête les remerciements de la petite Ombrage avant de la suivre à l’intérieur. En franchissant le pas de la porte, aucune malédiction ne sembla frapper Septima. Il se décida à l’imiter et fut également épargné par le mauvais sort. De simples clochettes annoncèrent leur entrée – peut-être un peu tardive- dans la boutique. Vide. Totalement vide. Le Serpentard en était presque déçu. Il était tellement habitué à être accueilli par des vendeurs avides dans chaque boutique où il allait qu’il en fut presque agacé d’être ainsi ignoré par le propriétaire du lieu. Cet agacement laissa rapidement place à de l’émerveillement alors que son regard se déposait sur les rangées de contenants alignés sur les étagères. Oh oui, il allait être heureux par ici. Il n’avait peut-être pas assez de gallions pour tout prendre mais… Il allait assurément dépenser plus que de raison.

« Je n’étais pas là pour rester sur le pas de la porte Septima… » Répondit-il avec un sourire à l’injonction de la jeune fille de farfouiller entre les rayons. Ce n’était définitivement pas le premier rodéo d’Helios : il avait souvent fait des choses qui jouaient avec la frontière de la légalité. Frontière jamais franchie évidemment. Il ne pouvait donner des cordes à ses ennemis pour le mettre hors course. Et puis Meredith lui aurait passé un savon dont il se serait souvenu pour la nuit des temps.

Helios haussa un sourcil alors que Septima lui parlait de cette histoire de clients masqués. C’était loin d’être improbable effectivement. Mais cela ne voulait pas dire pour autant qu’il allait s’aplatir pour des gens qui n’existaient peut-être même pas. Il répondit d’une voix normale. « Grand bien leur fasse. Je ne suis pas là pour voir les autres clients mais bien pour ces petites merveilles! » Dit-il s’approchant. « Tu as une idée de ce que tu cherches ? » Demanda Helios en essayant de deviner les ingrédients dans les récipients. Il aperçut un bout de parchemin. Quel était l’idiot qui avait mis l’étiquette dans le mauvais sens ?! Il tourna la tête vers Septima alors que celle-ci approchait la main d’un des bocaux.

« Si vous touchez vous payez » . Helios sursauta presque en cherchant l’origine du bruit. Il décala la tête et deux rayons, il vit un être plus proche de la fouine que de l’être humain qui les fixait de ses petits yeux enfoncés. Des vieux vêtements laminés et un bocal sous le bras. La parfaite incarnation de la vaillance dis donc… « Tant pis pour la curiosité » Helios se retourna vers la jeune fille. « Oh il suffit de négocier Septima…» Helios détailla les quelques pots proches de lui et y reconnu plusieurs éléments. L’inconvénient des potions, c’était qu’avec les mêmes ingrédients on pouvait faire des centaines de choses différentes. Il suffisait seulement de modifier les quantités ! Alors déjà que la liste des ingrédients s’étendaient sur des kilomètres, le spectre des possibilités s’allongeaient encore davantage avec ces histoires de dosage. C’était à en perdre la tête !

Et puis Septima lui posa une question étrange. « Ça risque de faire louche si l’on nous croise ensemble en train de sortir de cette boutique, non ? » Helios arrêta sa recherche et posa de nouveau son regard sur la jeune Ombrage. « Comment ça ? Louche de trainer avec Helios Carrow lui-même ? Impossible. » Répondit-il avec un sourire, bien qu’il croyait parfaitement en sa réponse. Hélios était du genre à toujours s’en sortir. Il n’y avait rien d’aberrant à vouloir le suivre pour expérimenter cette sensation.

S’approchant finalement du vendeur, Helios s’éclaircit la gorge. Il était prêt à négocier. Il allait faire cracher jusqu’à la dernière promotion à ce vendeur… « Humhumhum… Je voudrais connaître la composition des bocaux je vous prie. » Le vendeur détailla tour à tour les deux Serpentard avec un air méfiant. « C’est pas comme ça que ça fonctionne. C’est écrit sur les étiquettes, suffit de lire. » Helios fit son plus beau sourire alors qu’il commençait déjà à bouillonner de l’intérieur. « Je sais bien sauf que la plupart des étiquettes ne sont pas visibles. La jeune demoiselle ici voulait d’ailleurs tourner un bocal pour… » Le vendeur arrêta son geste. « Je vous l’ai déjà dit. Si vous touchez, vous payez. » Helios lança un regard agacé à Septima et retenta une dernière fois. « Oui je sais bien mais on ne peut pas voir les étiquette, donc on ne peut pas savoir ce que contiennent les bocaux. Et avec tous les ingrédients inconnus, utiliser une baguette pour bouger le bocal risque… » Le vendeur s’agita et montra d’une main un panneau en bois au-dessus de sa tête. « Aucun usage de baguette admis. Attention ingrédients instables ».   « Vous savez pas lire ? » Helios inspira profondément pour éviter de hurler au scandale ou d’arracher la tête de cet idiot de vendeur. Il se pencha vers Septima et baissa d’un ton. « T’as une idée pour lui faire entendre raison avant que je m’énerve pour de vrai ? »

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« Renommer sa boutique : vous touchez vous payez ? » Le trait d’esprit de Septima arracha un petit sourire à Helios malgré son énervement palpable. Effectivement, l’idée aurait pu fonctionner mais pas sûr que se foutre ouvertement de la figure du vendeur les emmène bien plus loin. Le Serpentard tentait de se creuser la tête pour sortir de cette impasse. Lorsqu’il n’obtenait pas ce qu’il voulait, il faisait les yeux doux et usait de son charme. C’est ce qu’il venait de tenter. Sans succès. Alors il allait devoir passer à l’étape supérieure : celle où il invoquait son nom de famille et ses connexions dans le monde. S’il fallait en passer par là, bon bah, il allait se sacrifier. Certes Ombrage était aussi connu mais Meredith avait quand même plus de classe que William…. Surtout dans l’univers marchand.

Mais avant que le jeune homme ne puisse mettre son plan à exécution, voilà que Septima remerciait le vendeur et que celui-ci leur hurlait encore de nouveau de ne pas essayer de le rouler. Helios se laissa entrainer quelques rayons plus loin, un regard interrogateur posé sur la jeune fille. Il était particulièrement irrité de s’être fait ainsi faucher sous le pied la suite de son plan. Cela aurait maintenant moins d’effet qu’il hurle son nom de famille loin du vendeur si longtemps après leur marchandage inutile. Il s’adressa d’une voix agacée à la Serpentarde : « J’avais prévu de faire quelque chose moi… » . Elle l’ignora en regardant une étagère. « Une boutique éphémère, c’est… éphémère. Et celle-ci ne va pas tarder à disparaître » . Helios croisa les bras en signe d’agacement. Oui, bon il n’était pas stupide. C’était la définition même d’ « éphémère »…  Il leva les yeux au ciel en entendant la voix nasillarde de cet idiot de vendeur. Cela le mettait dans un état d’agacement aussi proche que si ce vendeur était venu se trémousser devant Helios en l’insultant. « Et ? Septima ne me prend pas pour un crétin s’il te plaît… »

Helios écouta silencieusement la demoiselle, tentant d’assimiler le plan qu’elle voulait mettre en place. Il dut faire appel à toutes ses capacités pour ne pas éclater de rire alors que Septima terminait sa présentation. Il se mordit les joues, prenant un air concentré et acquiesça de la tête pour indiquer qu’il avait tout suivi. Rassemblant ses idées et usant de tout le tact dont il était capable, il se rapprocha de la petite Ombrage pour lui murmurer. « Donc tu proposes d’utiliser un accio sur des ingrédients probablement instables pour attraper les bocaux mais même pas pour le voler puisque tu comptes laisser des gallions sur le pas de la porte alors que techniquement tu n’as même pas à les payer… À ce jeu-là, autant prendre un bocal au hasard et payer au comptoir… » Helios ne put retenir un sourire moqueur. Elle avait encore à apprendre la demoiselle pour les coups tordus. Mais la moquerie de ce plan n’était qu’à demi-vrai. Elle n’avait pas tort la demoiselle… S’ils ne touchaient pas aux bocaux… Alors ils ne payaient pas ! Le jeune homme sentait qu’il y avait une faille dans ce système à exploiter et il était bien décidé à s’y engouffrer. Certes, Helios ne manquait pas de gallions pour vivre. Il était même extrêmement riche… Indirectement parlant, par Meredith. Mais avoir la satisfaction de pouvoir rouler quelqu’un, surtout lorsque c’était à son propre jeu et que ce quelqu’un l’avait énervé… Toutes les conditions étaient réunies pour la petite pichenette qui le pousserait vers les méfaits.

Helios interpella de nouveau le vendeur, en passant la tête entre les rayonnages. « On est d’accord qu’on ne paye que si l’on touche ? » Le vendeur le regarda avec dédain, comme si Helios était demeuré. Il répéta de nouveau, exagérément lentement : « Vous touchez, vous payez. » Le Serpentard lui rendit le sourire le plus hypocrite possible avant de redisparaitre derrière les rayons vers Septima. « Ok je marche Ombrage. Mais avant, il faut que tout soit aligné pour que nous restions dans les limites de la loi magique… Je n’irais pas en prison pour tes beaux yeux et un seul bocal d’ingrédients. » Dit-il en sortant sa baguette. « On doit agir au dernier moment si on ne veut pas se faire avoir… » Il jeta un coup d’œil sur le panneau au-dessus du vendeur. Helios pointa sa baguette et murmura. « Ectoplasmus ! » Le parchemin se décolla lentement du bois sur lequel il était accroché. « Evanesco ! » Et disparu sur la commande de la baguette du Serpentard. Satisfait que son petit manège n’ait été vu de personne, il se retourna vers Septima. « Maintenant on peut faire ton accio avec les bocaux. Tu prends cette rangée et moi l’ autre ? Il suffira d’un Alohmora avant de partir pour sortir sans encombre. » Helios fit une pause en jetant un regard à Septima avec un petit sourire. « Tu te sens prête pour cette histoire ? »

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Septima semblait bien trop excitée d’ainsi faire ce qui aurait pu s’apparenter à un méfait s’ils n’avaient pas été à la limite de la légalité. Helios se surprit à fixer la jeune fille et sa montre. C’était donc pour ça qu’elle gardait les yeux rivés sur ces foutues aiguilles depuis qu’il l’avait retrouvé dans cette ruelle. Astucieuse la demoiselle. Il se demanda un instant s’il ne s’était justement pas fait avoir… Il tenta de se remémorer leur rencontre et les évènements qui avaient suivi pour savoir là où elle avait réussi à l’avoir mais il ne trouva rien… Il se faisait peut-être des idées. Il devait bien être le seul à vouloir manipuler son entourage. La petite Serpentard annonça une minute avant disparition et Helios jeta un coup d’œil aux potions pour tenter de répondre à sa question. Non il n’en avait aucune idée. Mais il aimait être joueur, et tenter un coup de poker. Phoebus serait fier de lui ! Il allait prendre le bocal en face de lui. Il verrait bien ce qu’il gagnerait. La finalité d’obtenir des potions n’était plus, il y avait encore mieux : l’excitation de l’action. « Celle-ci. » Affirma-t-il en désignant celle devant lui. « On verra bien ce que j’aurai… J’espère quelque chose d’un peu intéressant. Si c’est une potion pour soigner les furoncles je reviens incendier la boutique moi-même… Et toi ? » La curiosité était dans les deux sens !

Le compte à rebours commençait. Helios serra sa baguette et jeta un coup d’œil à la sortie. « Tu es le plus près de la porte, je te laisse l’ouvrir » . Le jeune homme jeta un coup d’œil à ladite porte et accepta cet état de fait. Et puis, c’était normal, il restait après tout le plus doué des deux, étant le plus âgé. Cela faisait longtemps qu’Helios ne s’était pas abaissé à ce genre de facéties. Cela était étrangement réconfortant et amusant. Ça ne devait définitivement pas devenir une habitude et risquer alors de lui retomber dessus même s’il avait tout fait pour que cela n’arrive pas. Une fois, une seule, oui c’était bien. L’adrénaline commençait à inonder son organisme. Il avait étudié ses effets à l’université et il était parfaitement capable d’analyser ce qui se passait dans son corps. Les molécules libérées étaient censées l’aider à fuit ou combattre.

« 10, 9, 8… prête, arche prête, Hélios Carrow » Ledit Helios lui offrit son plus beau sourire. Il fixa une dernière fois le bocal qu’il visait ainsi que le porte et arma sa baguette. Il eut presque l’impression que le temps ralentissait, comme si l’univers était autant dans l’expectative de voir ce qui allait se passer qu’eux même. « 4, 3, 2… » . Helios se releva brutalement et pointa sa baguette. « Alohmora ! » La porte s’ouvrit en grand alors qu’il commença à courir vers la sortie. Il pointa sa baguette sur le bocal et prononça la formule « Accio Bocal ! » Le bocal en question fila de l’étagère et tout se passa relativement vite. Helios attrapa sa cible mais trébucha sur le pas de la porte et le vendeur hurla. Le Serpentard protégea le verre de son corps et roula plusieurs fois sur les pavés avant de s’arrêter.

Son cœur battait à tout rompre et son souffle était court. Les yeux fermés pour se protéger de la chute, il se décida à ouvrir un œil qui le rassura : la boutique avait bel et bien disparu. Au moins, cela faisait un vendeur psychotique de moins à ses trousses. Il partit dans un petit rire satisfait en décollant le bocal de son torse et en admirant son trophée. Il le tourna pour apercevoir le petit parchemin manuscrit. Elixir éternel Chic alors ! Il n’avait pas eu l’occasion de trouver les écailles de Kappa qui lui permettaient de faire la potion depuis bien longtemps… Pour cette fois il en avait eu de la chance ! Gardant les yeux rivés que sa potion il s’adressa à sa comparse de méfait. « Alors Septima, pas mal hein pour un plan improvisé ! Par contre je crois que j’aurais quelques bleus. Par la verrue de la Sorcière Borgne, j’ai pas été fichu de voir cette foutue marche ! »

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Septima eut la gentillesse de l’aider à relever ses fesses après sa chute accidentelle et fort peu conventionnelle. Au moins, le nombre de témoin du roulé-boulé d’Helios était faible. Il ne manquait plus que la rumeur des cascades du Serpentard se propage dans tout Pré-au-Lard…. Il avait une réputation à tenir en tant qu’héritier Carrow ! Il attrapa la main tendue de Septima et ne put s’empêcher de la regarder bizarrement alors qu’elle parlait de commerçants grincheux. Il prit enfin conscience que les éventuels témoins de sa chute pouvaient se poser des questions sur le pourquoi du comment et il entra dans le jeu de la verte et argent. « Tu as vu ?! Une honte ! Une véritable honte ! Ah mais il ne va pas s’en tirer comme ça moi je te le dis ! » Dit-il en s’époussetant le pantalon de sa main libre, l’autre s’accrochant précieusement à son bocal.

« Je te remercie, Helios Carrow, je n’arrive pas à croire qu’on ait réussi. Non pas que je doute de te capacités… » Helios leva un sourcil à ce début de phrase. Encore heureux qu’elle ne doutait pas de ses capacités ! C’était quand même lui qui avait permis à ce plan de fonctionner ! Il était pratiquement la tête pensante de toute cette affaire ! « … mais il y a toujours une part d’ombre dans un plan, et une chance sur deux pour qu’il réussisse. Nous avons attrapé la bonne chance. Cette improvisation était parfaite » . Certes, il y avait toujours une part de chance mais grâce à lui, Helios Carrow, celle-ci avait quand même était grandement diminuée. Voir même qu’il avait permis à l’ensemble du plan de rester dans la légalité. Ce qui était non-négligeable…

Et puis alors que tout allait bien, des évènements fâcheux s’enchaînèrent très vite. Un sort sortit de nulle part leur arriva dessus, enfin plutôt arriva sur le bocal de Septima qui décolla. Helios eut l’impression de vivre toute la scène au ralenti. Les yeux du jeune homme suivirent la montée et la descente, le premier rebond et le dernier, fatal. Le bocal se transforma en poussière et Helios dût cligner des yeux pour être bien sûr de ce qui venait de se produire. Un moment de silence se créa entre les deux Serpentards. Helios ouvrit la bouche et la referma. Il hésitait entre exploser de rire et laisser échapper un juron particulièrement gratiné. Il leva finalement les yeux vers Septima dont le visage semblait osciller entre le dépit et l’indifférence.

Helios regarda stupéfait Septima parler de son plan suivant d’un ton beaucoup trop calme. Lui, après toutes ces aventures auraient hurlé, crié au scandale ou a minima insulté ce foutu lanceur de sortilèges. Pire, il aurait été capable de le retrouver et de l’obliger à manger la poussière tant l’énervement lui aurait épris le cœur. L’idée traversa l’esprit d’Helios d’offrir son bocal à Septima et puis la raison le rappela à l’ordre. Il n’était pas là pour faire la charité dis donc ! Le jeune homme sourit à la petite Ombrage alors qu’elle les qualifiait de bonne équipe. Ce n’était pas tout à fait faux et il fallait bien avouer qu’Helios s’était bien amusé ! Et vu comment sa journée à Pré-au-Lard avait commencé, cela n’avait pas été gagné que de toruver quelque chose d’intéressant à faire aujourd’hui. « En effet Miss Ombrage, une bonne équipe en effet. Je… Je suis désolé pour ton bocal. Mais je n’ai nul doute quant au succès du plan C. » Helios la vit de nouveau repartir dans son esprit et sa montre. Il secoua la tête et s’éloigna silencieusement. Il était d’un côté satisfait que la petite Ombrage ait eu un revers de médaille, petite pique à son paternel, mais de l’autre il se sentait désolé pour elle… Il se ramollissait le Carrow ! Elle n’était qu’un pion dans son plan pour défaire William, rien d’autre.

Fin de RP pour Helios

Codage d’après Libella sur Graphiorum