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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Le bonheur forcé est un cauchemar [William] :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Abigail MacFusty
Abigail MacFusty
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Mar 5 Jan - 21:11

La moitié du corps affalé sur mon bureau, mes yeux foncés fixaient le vide avec une grande intensité. J'avais perdu pied depuis combien de temps ? Une minute ? Une heure ? Peut-être plus, je l'ignorais. Pour briser le silence qui s'était installé chez moi, il n'y avait que ma plume automatique, qui griffonnait les copies que j'avais corrigées au préalable. Elle y transmettait des annotations qui pouvaient être utiles à mes élèves. J'avais prévu, pendant ce temps, de ranger un peu mon appartement, de prendre soin de moi, par exemple, simplement me cuisiner quelque chose ; j'en avais été incapable.
Abandonnée de toute force vitale, je m'étais contentée de m'effondrer sur mon bureau et de laisser la magie opérer à ma place. Cheveux lâchés, la moitié me tombaient sur le visage, le couvrant d'un rideau aux senteurs florales, shampooing que je faisais moi-même. Posée à côté de moi, ma baguette semblait attendre que je daigne bouger pour l'utiliser, en vain. Sur son perchoir, Gerard dormait tranquillement, lui qui vivait la nuit, il n'était en rien dérangé par ma présence.

Aujourd'hui, je n'attendais rien ni personne, simplement que le temps passe. Pour une fois, je n'avais même pas la force de sortir m'aérer. Je m'étais réveillée fatiguée, et je savais ce que ça annonçait. Depuis deux ans, cette période de l'année était difficile à vivre pour moi et je savais que ça n'allait pas s'arranger au fur et à mesure des jours qui défilaient, jusqu'à ce qu’août approche, l'apogée du désespoir. Un long soupir traversa mes narines et mes poumons tandis que je clignais lentement des paupières. Mon regard s'arrêta sur l'horloge que j'avais accrochée à un mur, et, bien que je lise l'heure, je ne la retenais pas. C'était comme regarder un tableau sans en percevoir les couleurs et les formes. En réalité, j'aurais pu dormir tout ce temps, faire une sieste, essayer de reprendre de l'énergie, mais il m'était impossible de fermer l'œil, au risque de faire des cauchemars. J'aurai apprécié avoir de la compagnie, pour me changer les idées. J'aurai apprécié, par exemple, passer du temps avec Thomas, bien que notre relation soit très ambiguë. Il avait le mérite de me comprendre, de comprendre mes étrangetés, et, sentiment nouveau, lorsque je me trouvais en sa présence, je me sentais plus légère, plus apaisée. Si ça ne tenait qu'à moi, je passerais mon temps à ses côtés, sous la forme du chien que j'étais. Je ne donnerais plus cours, je resterais non loin de lui, comme ça, simplement. Dévouement sans faille, je craignais surtout de bien trop m'emballer pour quelque chose qui n'existait pas et qui n'avait sans doute pas lieu d'être. Cet instant que nous avions partagé… n'était-ce pas simplement dû à la terrible nuit qu'il avait passée ? Un besoin de réconfort, et je m'étais trouvée là à cet instant, un peu, au bon moment.

Je ne savais plus trop que penser ni quoi faire de cette situation, ce qui m'enfonçait d'autant plus. Ce n'était pourtant que le début du mois de juin et ce qui était arrivé entre nous m'avait particulièrement déboussolée.  Je n'avais guère besoin de ça.
Et sûrement que j'aurai continué à remuer chaque détail de ma vie de ce moment si on ne toquait pas à ma porte. Faignant d'avoir entendu quelque chose, je décidais de ne pas bouger, jusqu'à ce que l'on toque une nouvelle fois. Enfin, mes paupières clignèrent et mes doigts frissonnèrent. Là, je relevais la tête, la trace de la manche de mon sweat à capuche sur la joue. Regard épuisé, déjà les cernes commençaient à apparaître, je me redressais en toussant (c'était le début de la fin) quand on toquait une troisième fois.
La voix enrouée, j'essayais de parler.

- J… J'arrive… J'arrive…

Celui qui était derrière la porte avait la tête dure puisqu'il toquait une quatrième fois tandis que j'ouvrais la porte. Je m'attendais presque à voir Thomas, en tout cas, c'est ce que j'aurai espéré. Tout le moins, j'étais heureuse de voir les traits de William. Cet aîné que j'avais connu sur le terrain pour sauver un jeune Magyar à Pointes. Nous ne nous sommes plus jamais vraiment quittés depuis ce jour. De connaissances, nous étions devenus amis, puis, bien plus proches. Non pas des amants, de loin pas, mais il y avait un lien bien plus fort entre nous pour nous qualifier simplement d'amis. Lassitude soufflée, je souriais au sorcier tout en écartant davantage la porte pour l'inviter à entrer.

- William, quelle surprise. Que puis-je pour toi ?

Laissant le Mangemort entrer chez moi sans l'ombre d'une hésitation, je refermais la porte derrière nous tout en lui indiquant d'un simple geste de la main de se mettre à l'aise. Dans mon appartement à Poudlard, il n'y avait pas grand-chose, tout était très sommairement aménagé. Il y avait très peu de meubles et peu de décorations. En réalité, il n'y avait que le minimum vital. Une bibliothèque, à peine remplie, des étagères contenant divers objets magiques, dont un orbe, ce qui pouvait attirer l'attention lorsqu'on me connaissait bien. Effectivement, je n'étais pas une sorcière douée en divination, pourtant, cet objet était bel et bien ici. Bien que je vive ici une grande partie de l'année, il était clair que tout ce qui m'appartenait était autre part. J'avais effectivement tout laissé à Soay et emporté que le strict nécessaire, et si par malheur j'avais pu oublier quelque chose, rien ne m'empêchait de rapidement faire l'allée et retour. Cela dit, la plupart du temps, j'évitais, car sinon la tentation de rester sur ma terre natale était trop grande. Je pourrais être tentée de rester là-bas sans avoir l'envie de rentrer. Surtout en ces temps qui s'annonçaient difficiles. Je n'étais retournée chez moi qu'au tout début du mois pour discuter avec mon cousin. La prochaine fois que j'y retournerai, ce sera lorsque les vacances scolaires auront véritablement commencé. Me posant devant une porte, je la pointais de l'index tout en me massant la nuque de ma main libre.

- La salle de bain est là, si jamais tu as besoin de pisser... ou de chier, c'est selon.

Depuis le temps, je connaissais William, je ne prenais plus vraiment de pincette avec lui lorsque je parlais. L'emmenant au salon, je l'invitais à prendre place dans le canapé très simple que je m'étais procuré avant de le regarder tout en souriant, commissures des lèves sensiblement crispées. Je cachais tant bien que mal mon malaise.

- Tu veux boire un truc ? J'ai de l'eau, du thé, du café et peut-être un fond de jus d'orange.


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Revelio:

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Lun 11 Jan - 0:01
Je n’avais pas pour habitude de rendre visite de manière inattendue et impromptue. C’était quelque chose que je n’aimais pas vraiment, alors, par principe, je ne le faisais pas moi-même. J’aimais l’organisation et la planification, j’appréciais bien moins l’improvisation.
Pourtant, j’étais là. Sans avoir prévenu de ma visite, juste parce que, au fond de moi, je savais ce que c’était que de traverser ce genre de choses… Pas au même âge, bien sûr, mais je connaissais ce vide qui demeurait après la mort d’un frère. Tout comme je connaissais, aussi, les choses qui pouvaient faire mal, même quand le temps passait. Des dates, des objets, des odeurs, des musiques… parfois même des périodes.
Personne ne pouvait maîtriser parfaitement ses émotions et il était évident que ce n’était ni facile à vivre, ni facile à gérer.

J’étais moi-même passé par de nombreuses phases plus ou moins compréhensibles, après le décès de Torjus. J’avais commencé par idéaliser mon frère, après m’être senti coupable de n’avoir rien fait pour le sauver – en même temps, que pouvait faire un môme de huit ans pour sauver un garçon de dix ans d’une maladie que même les meilleurs médicomages n’étaient pas capables de stopper ? –, ce ne furent pas des bons moments, pas du tout même, et j’avais tendance à en vouloir à la vie et au monde entier… puis, ce ressentiment s’était focalisé sur ma mère.
Avec le recul, maintenant, je me rendais bien compte que c’était loin d’être rationnel, tout cela, mais chaque personne faisait ce qu’elle pouvait pour essayer de s’en sortir après la mort. Et ce n’était pas quelque chose que je pouvais changer ou maîtriser. On ne pouvait jamais dominer de telles pensées, à moins de s’oublietter soi-même, mais alors, on passait à côté d’événements qui nous construisaient, mine de rien…
Je m’étais souvent demandé si ce n’était pas en partie le décès de mon frère aîné qui m’avait forgé. Cette crainte de ne pas être à la hauteur, cette façon d’être dur avec moi-même durant tant d’années…

Avais-je vraiment eu l’occasion de faire mon deuil correctement ? Peut-être… ou peut-être pas… j’avais bâti mon armure, ma carapace en comptant sur le fait que jamais on ne viendrait me confronter à la mort de mon frère… Garder cela pour moi, n’en parler qu’à de rares occasions et à de très rares personnes… Peut-être trop rares, en fait… car hormis auprès de mon épouse et de ma sœur, je ne me confiais jamais sur le sujet, c’était un véritable tabou pour moi. Sans doute parce que je considérais ma fragilité sur le sujet comme une forme de point faible, une faille dans mon armure, par laquelle on pouvait m’atteindre trop facilement… enfin, atteindre celui que j’étais du haut de mes huit ans, ce petit garçon blessé par la perte, par la peur de la mort, par l’absence « symbolique » des parents… car des parents en souffrance suite à la perte d’un enfant ne pouvaient pas être aussi disponibles qu’il le fallait pour les enfants qui restaient…
Enfin, pour l’enfant qui restait, dans mon cas.
Entre cet événement tragique et la naissance de ma sœur, il s’était encore écoulé trois ans. Trois ans durant lesquels j’avais vu mes parents blessés par la perte, perdus face à l’injuste, face au drame, face à la mort…
Ma mère avait eu plusieurs pertes, des fausses couches, sans doute parce qu’il y avait une sorte de blocage entre le désir d’enfant et le corps qui ne suivait pas à ce moment-là. Il devait y avoir une sorte de lien entre le corps et l’esprit, dans des cas comme celui-là. Et si l’esprit n’était pas prêt, alors le corps ne l’était pas non plus…

Bref.
Si j’étais venu voir miss McFusty en ce jour, c’était un peu pour cela. Nous étions en juin et, dans peu de temps – en tout cas, cela passerait tellement vite que la théorie de la relativité du temps se vérifierait une fois de plus –, la jeune femme serait confrontée au souvenir de bien tristes moments. Une chose que je pouvais comprendre et que je connaissais.
C'était la raison pour laquelle j'étais venu, en fait. Peut-être bien parce que je savais ce que c'était.

Et quand Abigail m'invita à entrer, son ton ne m’échappa pas. Elle semblait aller bien, mais quelque chose clochait. A moins que mes talents d’observateur s’étaient émoussés avec le temps, mais j’en doutais un peu.
Je pénétrais dans les appartements de l’enseignante et jetais un coup d’œil à l’endroit. C’était bien plus petit et moins cosy que les appartements de Meredith, sans doute parce que miss McFusty n’était pas vice-rectrice de l’université… ou bien parce qu’elle était moins portée sur le luxe – quel bel euphémisme, n’est-ce pas ? – que Mrs Carrow… En soi, cela importait peu.

« Je pensais à toi. » Je n’allais pas lui dire directement tout ce qui avait pu me passer par la tête, elle m’aurait pris pour un cinglé, sans doute, ou pour le genre de type incapable de se mêler de ses propres affaires… mais je ne voulais pas la laisser seule dans les circonstances de l’approche de cet anniversaire-là. Avec l’année scolaire qui allait toucher à sa fin, si la jeune femme restait un peu trop seule, un peu trop enfermée, un peu trop hors de l’action, cela allait être difficile. Je le savais.
Mais comme elle me montrait la porte de la salle de bains en m’indiquant ainsi où me rendre en cas de… besoins… je fronçai légèrement les sourcils. « Je ne m’y ferais jamais, je pense. » Je soupçonnais Abigail de parfois faire exprès de tourner ses phrases de façon à me sortir du langage un peu plus familier que celui que j’utilisais tout le temps. C’était sa façon d’être à l’aise avec moi… et moi, du haut de mes cinquante-trois ans, cela m’interpelait encore, comme si cela avait vraiment une quelconque importance entre nous. « Mais ça devrait aller. J’ai tendance à prendre mes précautions. » J’avais surtout l’habitude de ne jamais utiliser les toilettes chez des particuliers. Une sorte de manie, peut-être, parce que je ne tenais pas non plus à connaître l’intimité des gens jusqu’à ce point… comme si le choix d’un papier toilette pouvait m’en apprendre beaucoup sur les personnes que je côtoyais, vous voyez ? blanc basique, rose et parfumé, bleu plus doux… tant de considérations que je préférais ignorer.

Aussi restais-je un peu en retrait par rapport à cette porte, tout en sachant pertinemment qu’il me faudrait sans aucun doute la franchir pour aller me laver les mains, puisque j’étais à court de potion hydroalcoolique de poche ces derniers temps et que je ne voulais surtout pas devoir dépendre d’une entreprise multinationale sans âme quand de petits commerçants et artisans préparateurs de potions pouvaient m’en préparer. Il fallait juste un peu de patience, mais la qualité du produit était bien supérieure à celle de ceux qui étaient préparés en grande quantité.

Quand Abi me proposa à boire, j’opinai simplement.
« Un thé, ce serait parfait. »

C’était aussi la première boisson que nous avions partagée, elle et moi. Cela faisait un souvenir particulier qui nous liait, en quelque sorte. « Tu n’as pas changé grand-chose à la décoration de base, on dirait… Tu as déjà vu les appartements de Meredith ? on se croirait dans deux mondes différents entre chez elle et chez toi… »
Oh, ce n’était qu’un simple constat. Mais Abigail et Meredith étaient deux femmes vraiment très différentes.
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Abigail MacFusty
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Lun 18 Jan - 10:11
Je savais que William était plein de bonnes intentions en cette période de l'année, il savait que c'était un temps très difficile pour moi, et encore, je lui épargnais certains détails. Ce qui m'inquiétait un peu plus en revanche, c'était de savoir comment il allait réagir durant la véritable date. L'été passé, j'avais dû lui dire que je souhaitais passer cet événement en famille et que, ainsi, je ne requérais pas sa présence. Sans avoir eu la sensation de le froisser, je trouverais indélicat de ma part de devoir à nouveau agir de la sorte cette année. Après tout, je savais qu'il ne voulait que mon bien, qu'il ne voulait que me soutenir, et je lui en étais reconnaissante pour cela. Toutefois, il était aussi vrai que l'année dernière, j'avais eu du mal à rester au cimetière lors de la cérémonie, et lorsque celle-ci fut terminée, je m'étais enfuie pour pleurer de mon côté toutes les larmes de mon corps, égoïstement, sans réussir à soutenir mes parents et les autres membres de ma famille. Je me doutais que personne ne m'en voulait, car chacun avait sa propre attitude face à la mort, mais moi, je m'en voulais et je me flagellais pour cela. Je craignais agir de la même manière cette année, mais, fort heureusement, Thomas avait accepté de me soutenir à ce moment. Après tout, lui aussi connaissait Kyle, il avait donc une présence légitime.

Cela pouvait peut-être paraître étrange, mais je ne voulais pas que William puisse me voir dans un état aussi déplorable, même si je lui avais ouvert la porte de mon appartement aujourd'hui. Nous nous étions connus dans un moment fort, où j'étais au sommet de ma force, où je savais parfaitement ce que je faisais et où j'avais un certain contrôle de la situation (du dragon tout le moins). Me voir en plein deuil, en pleine déperdition, en pleine chute libre… je n'étais pas certaine que ce soit l'image que je voulais qu'il ait de moi. Même s'il me connaissait bien à présent et que j'avais fait tomber le masque de la timidité avec lui, il n'empêchait que, avec lui étrangement, j'avais comme une certaine fierté que je ne voulais pas perdre. D'ordinaire, je me fichais bien de l'image que je pouvais renvoyer sur autrui, même mes plus proches et d'autant plus aux membres de ma famille pour qui je mettais un point d'honneur qu'ils puissent me voir telle que j'étais vraiment. Mais avec William, il y avait encore une sorte de résistance qui survivait, comme si nos différences, nos allégeances et nos points de vus non concordants me demandaient de résister, encore.

Pourtant, le voilà chez moi, à pouvoir m'observer du haut de ma petite mine avec ces yeux qui commençaient à être soulignés par les cernes. Je ne cachais derrière rien, j'étais moins même, fatiguée, lassée, dépassée, nonchalante, car le poids du deuil commençait à peser sur mes épaules. Un sourire étira à peine mes lèvres à la remarque du noble à la suite de mon langage un peu trop familier à son goût. En général, j'essayais de le ménager lorsque je parlais ainsi, vieille habitude que j'avais gardé de mon temps d'adolescente, peut-être parce que mon corps avait décidé d'arrêter de grandir alors que j'avais quinze ans. J'aurais pu m'excuser, mais je savais que mon hôte ne se formaliserait pas davantage, et après tout, je n'étais pas sa fille (encore heureux). Mais, percevant toutefois sa gêne alors que je lui avais indiqué la salle du trône, je reprenais avec une tranquillité presque déconcertante.

- Ben sinon tu as la cuisine pour te laver les mains. Mais ne pisse pas dans le lavabo non plus hein. Ou alors tu nettoies, mais je ne veux rien voir, rien savoir.

Rajout d'une petite pointe d'humeur, valse à trois temps étrange et déroutante, je faisais une volte-face de langage aussi bien pour lui indiquer une alternative que pour l'enfoncer davantage. Ça n'avait rien de mesquin ou de calculé, je n'étais pas de ce genre-là. J'appréciais simplement le taquiner sur nos différences, et je savais qu'il pouvait en faire de même, mais peut-être n'avait-il pas le cœur à cela à cause de mon état. Moi, je le faisais parce que justement je me sentais mal, comme un espoir d'échappatoire, aussi futile et fugace soit-il.
Parfum doux du souvenir d'entant, je ressentais à nouveau les effluves du thé que nous avions pris tous les deux dans son bureau, une fois l'administratif terminée à la suite de notre sauvetage rondement mené. Je n'étais pas surprise qu'il me demande du thé, et c'est sans faire un pas que j'agitais ma baguette pour en animer la cuisine. Assiettes, tasses et théière s'animèrent pour se débrouiller seules et venir nous servir lorsque l'eau était chaude. D'ordinaire, je prenais la peine de faire les choses moi-même, anciennes habitudes moldues qui subsistaient, mais aujourd'hui, et surtout en présence de William, j'avais une flemme monumentale. Alors, je me laissais tomber dans le canapé un peu lourdement tout en écoutant ce que me disait mon mentor, non sans tiquer sur un petit détail qui m'arracha un nouveau sourire.
Il l'avait appelé par son prénom. Je n'étais pas plus surprise que cela qu'il connaisse les appartements de la vice-rectrice, après tout, qui monsieur Ombrage ne connaissait-il pas ? Mais qu'il soit si familier avec elle… Oh bien sûr, je n'étais pas née de la dernière pluie et je me doutais bien de ce qui se tramait entre eux deux, mais il ne me l'avait jamais clairement dit, peut-être même ne s'en rendait-il pas compte. Alors oui, le fait qu'il l'appelle directement par son prénom et se permette de comparer nos deux intérieurs me fit sourire.

- Pourquoi est-ce que je changerais plus que ça ? Tu sais que je suis une personne simple, et, bon…. J'ai tout ce qu'il me faut chez moi, même si je vis à l'année ici, je ne me suis jamais vraiment sentie chez moi. Dis-je, le nez dans une magnifique petite boite en bois aux finitions dorées. L'intérieur contenait une multitude de sachets de thé, et la magie que j'avais appliquée dessus empêchait les arômes de se mélanger, ainsi, le choix du sachet de thé pouvait être parfait de par son parfum. Vérifiant qu'ils étaient tous convenablement en place (dans le cas contraire, il me faudrait passer une commande à mon cousin), je tendais la boite à mon invité pour qu'il fasse son choix. Ombrage savait à quel point j'appréciais les thés, en revanche, il en ignorait la véritable raison, comme tout le monde, en dehors des membres de ma famille. Je reprenais. N'est-ce pas deux mondes qui nous séparent elle et moi ? Mes yeux balayèrent mon intérieur d'un air un peu désintéressé. Je ne suis pas très froufrous et paillettes, sans vouloir la juger, tu sais que je l'apprécie beaucoup.

C'était vrai après tout. J'avais été élevée dans la simplicité, la liberté et le respect, et non pas dans l'étroitesse de la richesse et de la famille de sang-pur qui se doit de garder son rang et son image. Les soirées mondaines, ce genre de choses, je ne connaissais pas. J'étais une personne simple, que ça ne dérangeait pas de trainer dans la boue, il avait pu le constater dès notre première rencontre.
Les deux petites tasses de thé ainsi que la théière remplie d'eau chaude vinrent se poser sur la petite table basse devant nous. Comme prise d'un petit frisson, je ramenais mes jambes sur le canapé en les glissant sous mes fesses. Accoudée, une main dans les cheveux, je fixais William faire son choix de thé avec cette attention toute particulière qui était la mienne. Observatrice née, je ne pouvais m'empêcher de contrôler ses mimiques, souvent avec amusement. C'était aussi pour ses manières que je l'appréciais beaucoup. De but en blanc, je le questionnais avec détachement, comme si ma question était tout à fait anodine (ce n'était pas le cas).

- Comment va-t-elle ? Tu l'as revue dernièrement ?


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Dim 31 Jan - 22:10
Abigail et moi étions très différents. C’était un fait avéré et, à vrai dire, cela se voyait assez clairement et ce n’était pas qu’une question de génération. Si le lien entre elle et moi était devenu un lien fort, c’était pour une raison assez absconse : nous avions des atomes crochus alors que tout semblait nous opposer.
Je n’avais pourtant pas vraiment cherché à devenir proche d’elle. Tout s’était fait un peu naturellement. Comme si cela allait de soi, en quelque sorte. Et pourtant... rien n'aurait pu laisser présager que nous deviendrions proches, elle et moi, d'abord parce que nous avions un tel écart d'âge, d'éducation, d'idéologie... Mais l'amitié se moquait bien de tout cela, après tout.
Enfin « amitié »… non, le terme n’était pas le mieux choisi pour parler de notre relation, mais n’était-ce pas une forme d’attachement qui s’en approchait tout de même ? Lien d’affection assez fort, entre deux personnes qui ne sont pas de la même famille. Oui, en ce sens, ça collait.
Mais le lien différait un peu. Enfin, je ne pouvais pas être avec Abigail comme j’étais avec Rabastan, par exemple, parce qu’elle n’était pas du tout dans le même délire, dirais-je. Abi était le genre de petit bout de femme qu’on a plutôt envie de couver, de protéger et surtout de ne pas trop brusquer… quoique, quand j’y réfléchissais, ce n’était pas non plus le genre de personne à faire sa petite précieuse. Non, pas du tout, même. Il avait suffi d’un regard, la première fois que je l’avais vue, pour savoir qu’elle n’était pas de ceux qui rechignent à se salir les mains. Et le reste.

Au fond, nous étions tellement différents… et peut-être était-ce pour cette raison que, même si nous évitions consciencieusement certains sujets de conversation, il y avait des échanges très enrichissants entre nous.
Et elle avait toujours eu le chic pour sortir la petite phrase parfaite pour me faire sourire ou pour me donner envie de m’enterrer vivant. Ainsi, en effet, cette histoire de toilettes… eh bien, cela ne me mettait pas à l’aise. Parce que je n’aimais pas l’idée d’être aussi bassement humain que tous les autres, je n’aimais pas avoir des besoins physiologiques et j’aimais encore moins qu’on puisse imaginer que je sois le genre d’homme à me rendre quelque part sans avoir pris de précautions pour cela.
L’éducation que j’avais reçue, sans doute, faisait que j’avais ce côté peut-être un peu trop dandy pour certaines situations. Si j’avais pu charger des elfes de maison de gérer à ma place toutes ces considérations bassement corporelles, je l’aurais sans aucun doute fait. Car, finalement, qu’il s’agisse du sommeil, de l’alimentation ou d’autre chose, n’était-ce pas là encore et toujours des façons de perdre du temps ?
Je regardai Abigail, non sans sentir mon visage chauffer légèrement par endroits. Allais-je rougir ou pâlir ? Je n’en savais rien, mais il fallait que je maîtrise cela. Ne rien laisser paraître de ma gêne… mais c’était trop tard. Pisser dans un lavabo… Oh la la, par Salazar, mais c’était une image horrible ! Je ne pouvais décemment pas imaginer faire un jour quelque chose comme cela.

« … Abi, je… Tu sais bien que je ne ferais jamais quelque chose comme ça ! » Non, vraiment, c’était au-dessus de mes forces, ça. Même ivre mort, je n’aurais jamais pensé à uriner dans un lavabo ou un évier. C’était totalement déplacé. « Ce serait comme si je te suggérais de porter une robe en fuseau avec des talons aiguilles pour m’accompagner à une réception comme tu les aimes… Tu sais, là où on ne pense même pas à pisser tellement c’est guindé… »

J’avais répondu à sa petite taquinerie sans chercher à creuser plus. Au fond, ça lui siérait sans doute très bien, ce genre de tenue, mais je n’avais jamais eu l’occasion de voir Abigail McFusty dans une robe de grand couturier sorcier. Peut-être même ne l’avais-je jamais vue porter autre chose que les vêtements confortables dans lesquels elle évoluait pour étudier ses dragons ou pour donner cours à des adolescents bourrés d’hormones en ébullition. Y compris ma fille, d’ailleurs. Septima n’était pas la dernière pour se montrer finaude et je me doutais bien qu’elle pouvait donner du fil à retordre aux professeurs de Poudlard. Pourtant, elle aurait pu faire bien plus que cela, mais il fallait que jeunesse se passe, après tout…
Mais soit, là n’était pas la question, ni même le sujet.
Les lieux étaient très impersonnels, ici. C’en était assez étonnant car, pour le peu que j’avais pu voir, les appartements du personnel de Poudlard étaient toujours très adaptés et très adaptables à leur occupant. Rien ici n’était très personnalisé et c’était un peu étrange, étant donné le nombre de jours qu’un enseignant passait à Poudlard sur une année scolaire… Mais l’explication m’en fut bientôt donnée et j’opinais. Effectivement, le raisonnement se tenait.

« Tu sais que tu peux t’approprier un peu les lieux, tout de même… Je veux dire, tu n’es pas obligée de t’investir à cent pour cent, mais tu as bien le droit de faire en sorte de te sentir bien ici… ce n’est pas chez toi, mais ce sont tes quartiers pour toute l’année scolaire… ce n’est pas rien. » Je trouvais le temps long, personnellement, quand les périodes scolaires s’enchainaient… Ne pas voir mes enfants, cela m’était toujours difficile. Depuis le début, en fait, de leurs études à Poudlard… alors, maintenant qu’en plus je ne pouvais plus les voir que lorsque leur mère le décidait, c’était bien compliqué à vivre pour moi.
Je comprenais bien qu’elle ne veuille pas comparer son intérieur et celui de Meredith, mais, bon sang, un minimum de personnalisation, cela n’aurait pas fait de tort.
« Ah, c’est sûr que vous être très différentes, toutes les deux… Mais je te comprends. Les paillettes, ce n’est pas trop mon truc non plus, un peu trop voyant à mon goût. » Et puis, ça se coinçait partout où il ne fallait pas et même après m’être douché, j’en retrouvais encore sur ma peau, des paillettes de Meredith. A croire que ces petites particules dorées ou argentées se plaisaient à me rendre la vie impossible.
Et même si, d’une certaine manière, j’aurais sans doute aimé pouvoir me retrouver dans les mondanités des sorciers de la haute société, au sang pur, je devais reconnaître que mon statut de sang mêlé avait au moins le mérite de me laisser en paix par rapport à certains sujets.

Je pris un darjeeling dans la boite très travaillée que me présentait la jeune femme, non sans avoir pris le temps de lire chaque petit sachet de thé qui se présentait à moi. J’avais toujours aimé les parfums un peu alambiqués de ce thé noir d’Inde, aux accents exotiques, de vanille et de fleurs capiteuses. La délicatesse du breuvage, avec son intense floralité, m’inspirait toujours.

Je ne fis pas attention tout de suite à la manière dont se tenait miss McFusty durant mon choix, ce ne fut qu’en me redressant que je la vis installée de cette façon un peu cavalière, peut-être. Elle m’interrogea au sujet de Mrs Carrow, prenant des nouvelles de la vice-rectrice de l’université.
« Meredith va plutôt bien… Nous avons une réunion du Conseil à préparer tout à l’heure, mais je ne l’ai pas vue depuis… hier. » Hier… et je me rendais compte que, peut-être, cela me paraissait plus long que ce qu’il en était réellement. Mais… que savait Abigail, au fond ? J’avais moi-même un peu de mal à voir clair dans tout cela… alors, que dire ? « Tu dois la voir plus souvent que moi, non ? Vous travaillez au même endroit… »
J’éludais la possible ouverture que me faisait la jeune enseignante. Je pensais beaucoup à Meredith ces derniers temps, c’était vrai, mais je n’arrivais pas à oublier Elianor pour autant. D’ailleurs, devais-je l’oublier ? Je n’en savais rien. A ce stade, je pouvais dire sans mentir que j’aimais deux femmes. Et si le questionnement d’Abi avait pour but de créer une diversion pour que je ne sois pas trop empressé de l’épauler dans ces moments particuliers, je venais de me faire avoir comme un bleu.
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Lun 1 Fév - 22:26
Recroquevillée là dans mon canapé, je laissais William prendre ses marques, ce qui, tout à fait entre nous, était vite fait vu l'ambiance vide de mon appartement. Quoique vide n'était pas vraiment le bon terme, disons que c'était surtout épuré. Je n'étais initialement pas une grande décoratrice, et sachant qu'ici je ne faisais que "camper", je ne me sentais aucunement le besoin de me sentir plus à mon aise. Quoiqu'il en soit, je ne perdais pas un instant pour taquiner l'homme que je considérais comme mon mentor. Il pouvait être étrange de penser que j'apprenais de nos différences, que mon ouverture d'esprit était d'autant plus large grâce à lui. Pourtant, il était tout ce que je pourrais fuir en temps ordinaire : riche, de la haute société, mangemort, et surtout extrêmement maniéré. Mais voilà, notre relation était ainsi faite d'étrangetés et de différences qui rendait nos échanges que plus riches. Cela dit, même si nous avions tous les deux cette intelligence d'éviter les sujets fâcheux, j'en venais aussi à le regretter. C'était comme si j'étais obligée de jouer un double jeu avec lui, et c'était tout ce que je ne voulais pas.
Certes, j'avais mon petit jardin secret, tout comme je respectais le sien, ce n'était pas pour autant que j'appréciais devoir éviter des conversations qui pouvaient être importantes ne serait-ce que pour notre amitié, ou tout simplement les conflits en cours avec le Blood Circle. Il y avait des fois où je souhaitais partager davantage, être plus proche de lui, et je ne le pouvais pas. Il y avait aussi ce statut de professeur que j'occupais qui me mettait des bâtons dans les roues. À l'apparence innocente comme ça, ça l'était beaucoup moins lorsque j'étais devenue l'enseignante de sa fille, et d'autant plus maintenant que j'avais eu une conversation plutôt sérieuse avec elle. J'avais compris des choses, et je ne pouvais décemment pas en parler au paternel.
Alors, un peu pour satisfaire cette frustration que je ressentais, je me laissais aller aux taquineries avec William, même si je pouvais bien être très sérieuse avec lui, il le savait. J'appréciais le mettre mal à l'aise. Avec son air suffisant, le voir déstabilisé, c'était particulièrement amusant à mes yeux. Encore une fois, cela n'avait rien de mesquin, j'avais surtout su garder mon âme d'enfant.
Ce fut donc en pouffant que je me laissais aller dans mon canapé tout en regardant mon invité. Il était presque outré de ce que je venais de dire à propos de ses besoins les plus élémentaires et de mon lavabo, et ce qui était franchement encore plus amusant dans tout ça, c'est qu'il prenait la peine de me répondre. Et sérieusement en plus ! Alors j'en remettais une couche, juste pour le plaisir.

- Ah non ? Petit haussement de sourcil théâtral. Dommage. Puis, à sa comparaison, j'élargissais un grand sourire en rétorquant presque du tac au tac, et sans crainte qui plus est. Chiche William. Mais tu sais, ce n'est pas moi qui vais avoir honte à cette fameuse, soirée, mais toi. Parce que ce sera toi qui auras emmené cette… chose venue d'ailleurs dans cette si belle soirée. Tu sais, celle qui se tord la cheville parce qu'elle a des talons et qui mange avec les doigts et sans se tenir droite.

Bien sûr, j'obstruais exagérément le tableau, mais encore une fois, d'une simple pirouette, je retournais la conversation à mon avantage. Il était rare que je sois si à l'aise verbalement, et je mettais ça sur le coup de ma très grande fatigue. Par ailleurs, j'étais presque étonnée qu'Ombrage n'ait pas la répartie habituelle, peut-être que lui aussi était-il tourmenté ?
Peut-être était-ce aussi pour ça qu'il s'était improvisé une visite chez moi dans le château ? D'ailleurs, je me doutais bien qu'il n'était pas venu en ces lieux exprès pour moi, mais sûrement pour aller à la rencontre d'une certaine vice-rectrice.
Doigts dans mes cheveux, je me perdais un peu dans la contemplation de mon propre appartement tandis que William ne se gênait pas pour me donner son avis. C'était aussi un peu ce trait de caractère que j'appréciais chez lui, ce franc-parler qu'il avait avec moi. Il savait qu'il n'avait pas besoin de prendre de pincettes, car je n'étais justement pas de ceux qui pourraient se vexer puis chercher à lui faire du tort. Qui plus est, j'étais quelqu'un de très difficile à mettre en colère, j'étais certaine qu'il l'avait remarqué. Davantage émotive lors de grands événements, je me laissais surtout déborder par la joie ou la tristesse, simple petite sorcière que je pouvais être. La colère était un sentiment qui m'était presque inconnu et que je n'avais que peu ressenti dans ma vie, car j'avais vite eu l'intelligence de comprendre que ça ne me servirait à rien. Ce comportement, je l'avais exaspéré avec les années, me rendant profondément pacifiste. Je détestais les conflits en tout genre, et c'était ce qui me donnait beaucoup de mal à me rendre utile auprès de l'Ordre. Même si ce n'était pas ce que me disait Thomas. À sa pensée, à son visage qui me revint devant les yeux et au souvenir sucré de ses lèvres, j'eus un sensible sursaut, et peut-être même que je me mettais à rougir.
Tant bien que mal, j'essayais de cacher ce malaise derrière un revers de main et une nouvelle plaisanterie à l'attention du sorcier à côté de moi.

- Promis, j'accrocherais un grand portrait de toi, comme ça, je me sentirais enfin chez moi grâce à toi. Pompeux comme projet, je craignais presque (maintenant que je l'avais dit) qu'il me demande de vraiment le faire, comme un mauvais pari, sauf que, au lieu d'une boule à facette tatouée sur les fesses, je me retrouverais avec un portrait géant de William accroché à un mur de mon appartement. L'horreur, je serai dans l'incapacité de travailler ou de me détendre si ça devait arriver. Les paupières clignant rapidement, j'essayais encore une fois de reprendre contenance pour répondre. Oh, j'ai des robes à paillettes qui sont voyantes, mais qui me vont très bien, monsieur Ombrage.

Hé oui, si le mangemort avait l'habitude de me voir vêtue de jean troués et de T-shirt délavés, je savais aussi bien me tenir. Mon armoire était aussi constituée de certaines jupes et certaines robes, dont quelques-unes, qui, effectivement, étaient voyantes, mais très festives. Certes, ce n'était pas ainsi que j'allais m'accoutrer pour un cours de Soins aux Créatures Magiques, mais je savais me mettre en élégance lorsqu'il le fallait. J'avais plus d'une corde à mon arc.
Tranquillement, je me redressais pour choisir à mon tour un sachet de thé et le mettre dans ma tasse. Là, je nous servais de l'eau chaude puis, patiente, je laissais l'arôme infuser. Un large sourire vint à ce moment barrer mes lèvres lorsque mon interlocuteur me confia avoir vu la vice-rectrice la veille. Bingo, qu'est-ce que j'avais pensé plus tôt ?
La tasse fumante entre les mains, je revenais tout à fait me caler confortablement dans mon canapé avant de pouffer une nouvelle fois, non sans un léger voile devant le regard. J'étais épuisée et mes cernes trahissaient ce mauvais état qui grandissait dans l'ombre en moi. Secouant légèrement la tête, je répondais.

- Non, je ne la vois pas tant que ça. Enfin, je l'ai peut-être croisée dans un couloir, mais je n'ai pas eu de… je m'interrompais pour chercher le bon mot. ... D'entretien avec elle hier. En plus nous n'enseignons absolument pas la même chose, moi je suis surtout dehors, tu sais. Bien que les cours théoriques aient leurs importances, j'aimais davantage donner des cours pratiques. Être enfermée toute la journée me rendait dingue. Donc… proportionnellement, je pense que tu la vois plus souvent que moi Wil. Du coup, tu l'as vue pour quoi hier ? J'eus un haussement de sourcils significatifs avant de fermer les yeux, comme si tout à coup je me sentais agressée par quelque chose d'invisible. Lorsqu'il aura pris congé, je serais peut-être enfin en mesure de me reposer ne serait-ce qu'une petite heure.


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Jeu 4 Fév - 0:03
Il n’y avait pas grand-chose à dire de tout ceci, en réalité. Abigail avait toujours aimé me mettre face à des situations qui pouvaient me gêner un peu. Elle s’en était toujours amusée, au moins un minimum, et je savais bien qu’il n’y avait dans cette attitude rien de méchant ou de déplacé. Elle jouait gentiment, en toute simplicité.
Elle savait bien comment faire, en réalité, et malgré tout, je fonçais encore bien souvent tête baissée dans les petites blagues du genre que me faisait la jeune femme. Elle avait depuis longtemps cerné les sujets qui pouvaient me décontenancer et, puisque c’était plutôt bon enfant, je ne voyais pas de raison de freiner des deux pieds.
Mais, effectivement, quand elle me dit que si je l’emmenais un jour dans une réception huppée de la haute société, j’aurais sans doute plus honte qu’elle, il ne me fallut pas beaucoup d’imagination pour visualiser la scène qu’elle avait décrite brièvement. Oui, en effet, cela m’aurait très clairement mis mal à l’aise… Idée pourrie, donc. Je haussais les épaules avec nonchalance. Je ne voulais pas renchérir, parce que cela n’aurait servi qu’à lui donner une nouvelle raison supplémentaire de me charrier. Merci, mais non merci.

En fait, face à tout cela, j’aurais habituellement pu sortir une réplique grinçante et cinglante à souhait, mais je n’avais pas vraiment la tête à cela, sans savoir précisément si c’était à cause de la période pour elle ou à cause de ce que je vivais de mon côté et qui me prenait beaucoup d’énergie… Je n’arrivais plus tout à fait à me détacher de mon poste au Conseil d’Administration, déjà, mais il y avait tous les bouleversements dans ma vie privée, aussi… l’un comme l’autre ne me permettait plus, pour le moment, d’être vraiment moi-même.
Il fallait dire, aussi, que si nous avions passé de très bons moments, Meredith et moi, je ne me sentais pas amoureux d’elle. Je l’aimais bien. Oui, mais ce n’était pas le même genre de sentiments que ceux que j’avais pour mon épouse… enfin, pour mon ex… pas mon ex-épouse puisque nous étions toujours mariés, mais Elianor occupait encore et toujours une place de choix dans mon cœur. Ces tourments sentimentaux prenaient une ampleur qui me dépassait un peu. J’aimais ma femme. Vraiment. Quant à Meredith… elle figurait parmi mes meilleurs amis depuis bien longtemps… n’était-elle pas, d’ailleurs, ma meilleure amie ? au même titre que Rabastan Lestrange… enfin, je ne devrais pas penser comme cela, parce que pour le moment, notre amitié avait évolué… vers une relation plus intime, peut-être… raaah, c’était difficile de trouver les mots pour parler de cela… je couchais avec elle depuis si longtemps que je ne savais même plus si je devais l’appeler ma maîtresse, ma copine ou autrement…

J’esquissais un petit sourire à cette histoire de tableau. Le tableau de notre mariage, à Elianor et moi, avait été le premier que nous avions installé dans le manoir quand nous nous y avions effectivement pris nos quartiers. J’imaginais que dans sa maison, Abigail devait avoir des tableau représentant des dragons et des créatures de tout poil. Mais peut-être aussi des membres de sa famille et des amis. Je n’y avais pas ma place, évidemment, surtout depuis que je faisais partie de la scène politique britannique et qu’il était de renommée publique que j’étais un mangemort. Parce que la jeune et moi avions des idées très différentes et qu’il était un peu difficile de se mettre d’accord sur certains sujets, même si nous parvenions à discuter sans juger l’autre, ce n’était pas évident d’aborder les questions concernant les moldus, par exemple.
Quant aux tenues plus habillées de l’enseignante… jusqu’à présent, elle ne m’avait jamais honoré de ce genre de vêtements. « Je voudrais bien voir ça, tiens. » Abi avec des paillettes ? non, c’était de l’inédit pour moi. « Tu devrais faire un défilé pour moi, là, maintenant. Je te donnerais un véritable avis. »

Je n’étais pas sûr qu’elle jouerait le jeu, mais elle savait, enfin, il me semblait, que j’aimais ce genre de spectacle. J’avais toujours eu un goût prononcé pour les beaux vêtements et je ne ratais jamais une occasion d’offrir à ma femme ou à une femme, de façon plus générale, des tenues qui les mettaient bien en valeur.
Et au final, puisque la conversation s’était tournée naturellement vers Meredith, je me sentis bientôt un peu coincé, comme si ma chemise était soudainement devenue un peu trop étriquée. Mais si parler d’elle et de moi pouvait permettre à Abigail de ne pas aller mal, je ne voyais aucune raison de fuir la conversation. C’était positif, tout cela, non ?

« C’est peut-être mieux que tu n’aies pas trop d’entretiens avec elle, non ? ça veut dire que ça se passe plutôt bien pour toi, si tu n’es pas convoquée… » Elle parlait des cours qu’elle donnait, mais je me doutais bien qu’elle ne passait pas tout son temps à l’extérieur, il n’y avait que les professeurs de mon époque qui étaient assez tarés pour donner absolument tous leurs cours, même théoriques, près de la forêt interdite. « Mais du coup, l’université et le collège sont toujours en interaction, c’est ça ? Je veux dire, Meredith est plutôt attachée à l’université qu’au collège, tu es tout de même censée la laisser te diriger ? »

Question innocente, en réalité, je ne savais pas trop comment s’organisait la hiérarchie depuis que les deux établissements étaient situés sur le même lieu.
« Hier… c’était… » Je ne savais pas quel terme employer. Et puis comme nous étions entre nous, je laissai tomber le masque. « On a cuisiné et mangé, puis on a passé la soirée ensemble. » En réalité, oui, évidemment, nous avions couché ensemble, Meredith et moi. Nous ne pouvions de toute façon pas nous en empêcher. Mais Abigail devait-elle savoir ce genre de détails ? Je n’en étais pas sûr.
J’avais fui son regard quelques instants et quand je la fixais à nouveau, je remarquai les cernes sous ses yeux. « Tu ne dors pas assez, toi. Et je n’ai pas l’impression que ce soit pour les mêmes raisons que moi. »

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Abigail MacFusty
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Ven 5 Fév - 9:24
Je soufflais par le nez, petit rire discret, à la proposition de défis de William. Je le reconnaissais bien là, à vouloir profiter de voir de belles coutures, mais aussi de belles courbures. Il ne s’était jamais rien passé entre nous et j’étais certaine qu’il ne se passerait jamais rien entre nous. Bien que j’étais une personne qui aimait s’amuser lorsque je n’étais pas en couple, je choisissais aussi mes partenaires. William n’était absolument pas le genre d’homme qui m’attirait, aussi bien physiquement que psychologiquement. Je connaissais sa tendance à l'hypersexualité, et même si je pouvais la comprendre, car il n'y avait pas de mal à se faire du bien, je n'avais pas envie d'y participer. Outre le fait que je n’étais absolument pas sensible à son charme, et enfin, mon esprit était tourné auprès de quelqu’un d’autre en ce moment.
Cela dit, je n’étais pas du genre à m’exhiber et à être le centre d’intérêt. Petite sorcière davantage discrète et calme, je n’aimais pas être sur les devants de la scène, et je ne voyais pas vraiment pourquoi je devrais faire un défilé de mode à mon mentor, je n’avais rien à lui rendre et je n’avais pas perdu de paris (heureusement). Je savais me mettre en valeur lorsqu’il le fallait, et l’homme n’avait jamais eu l’occasion d’être en ma compagnie au bon moment.
En réalité, j’aurais pu me prendre au jeu si j’avais eu envie de le charmer, ou si je ne ressentais aucune gêne en sa présence. Ce n’était pas le cas. Bien que d’humeur taquine, je connaissais mes limites, et même si j’aurais pu relever le défi, j’avais cette affreuse sensation d’être rabaissée à l’image d’objet aux yeux de Wiliam à ce moment. Je n’étais pas une bête de foire. C’était sans compter mon moral qui, définitivement, m’empêchait d’accéder à la demande et à la plaisanterie de mon interlocuteur. Glissant mes doigts dans mes cheveux, le dragon sur mon tatouage se mouvant gracieusement, je répondais d’une voix soudainement devenue trainante, ce qui contrastait terriblement avec mon air goguenard de tout à l’heure.

- Je peux te la montrer si tu as envie, mais je ne la porterais pas. Pas tout de suite en tout cas. Je haussais un peu les épaules en soupirant. Je ne suis pas d’humeur je t’avoue…

Même si nous avions des différends et que je me devais de lui cacher quelques événements de ma vie, je ne voulais pas pour autant lui mentir. Il savait que la période estivale était pénible pour moi et je n’avais pas le désire de forcément le lui cacher. À quoi bon ?
Bien que ça ait été une plaisanterie, ce qu’il m’avait demandé était bien loin de la personne que j’étais.
Cela dit avec franchise, mais non pas moins de douceur, celle qui me caractérisait tellement, je baissais mes yeux fatigués sur le contenu de ma tasse de thé. Tranquillement, j’attendais toujours que le sachet infuse, et même si je n’en avais pas l’air, j’écoutais mon mentor avec attention. En effet, je semblais davantage être partie loin, plongée dans cette eau chaude contenue dans la tasse, emportée soit par mes rêveries, soit par ma trop grande fatigue. Mais voilà que je souriais en coin tout en lui répondant sans trop d’hésitation.

- Oui effectivement, vu comme ça, c’est plutôt bon signe. Je marquais une petite pause, signification que je réfléchissais avant de reprendre. Je ne crois pas qu’il y ait de vice-recteur pour l’école, donc j’imagine qu’elle a la charge de l’école aussi. Après, c’est vrai qu’elle est une enseignante de l’université. Un peu nerveuse, je triturais ma tasse de thé du bout des doigts en rajoutant. Comme moi je suis professeure de Soins aux Créatures Magiques à l’école, mais Thomas O’Malley est professeur de Magizoologie à l’université. C’est pareil, mais… un peu différent quand même. À l’appellation de mon collègue, je me laissais aller à un petit sourire doux, sans chercher à le cacher, avant qu’une lueur de malice ne s’illumine dans mon regard. « Censée la laisser me diriger », Wil, je ne suis pas un cheval. Elle est ma supérieure hiérarchique et je respecte ça, mais je ne vais pas lui couler un bain non plus. Je marquais un petit silence en étirant encore mes lèvres pour reprendre. Je te laisse cette tâche. Puis, le visage redevenant un peu sérieux, j’approchais ma tasse devant mon nez pour me donner la possibilité de humer l’odeur avec délectation. Tu pourras lui poser la question puisque tu la vois tout à l’heure, elle saura mieux te répondre que moi je pense. Tu sais, moi, l’administratif… c’est pas encore mon truc, ça ne fait que deux ans que je suis professeure, il y a encore des choses nouvelles pour moi.

C’était vrai, je ne cherchais pas à me dégrader ou à fuir la réponse que je devais lui donner. Je ne m’étais jamais véritablement posé cette question en réalité, et aussi parce que ça ne faisait que m’effleurer dans ma vie de tous les jours. Je me fichais de la hiérarchie, je ne me battais pas contre elle. Je savais qui étaient mes supérieurs et je savais à qui j’avais des comptes à rendre. Le reste, ça m’était un peu égal dans le fond. Je savais bien que les détails étaient importants, mais qui sait ? Peut-être ne serais-je pas enseignante encore de nombreuses années ? Après tout, ça n’avait jamais été mon grand rêve.
Lentement, avec précaution, je trempais mes lèvres dans mon thé tout en écoutant ce qu’avait fait William avec Meredith la veille. En réalité, je n’avais pas besoin de détails, et je n’avais pas vraiment non plus envie de savoir e qui se passait entre eux. Bien sûr, j’étais au courant depuis longtemps, et dans le fond ça m’était égal. Ils étaient majeurs et vaccinés, ils faisaient ce qu’ils voulaient, ce n’était pas pour autant que j’approuvais, surtout avec la situation familiale de William. C’était l’un de ces nombreux sujets de discordes entre nous. J’avais des principes différents.

- Et ça t’as fait du bien ?

Tirer un coup faisait toujours du bien, ma question n’était pas tournée en ce sens. Je savais que ça faisait des mois que ces deux-là se tournaient autour, à tel point que je me demandais s’il n’y avait pas des sentiments naissants entre eux. En lui jetant un coup d’œil complice à sa remarque, je laissais échapper un soupir amusé.

- Non franchement, je dors vraiment peu et mal en ce moment… des fois, j’hésite à m’assommer, mais même ça je n’ai ni le courage, ni la force. Dans le fond, je suis peut-être un peu lâche ? J’en sais rien… je me laisse juste aller sans chercher à lutter. Je n’ai juste… plus envie.


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Sam 6 Fév - 23:58
N’ayant jamais eu l’occasion de voir la jeune femme vêtue de façon un peu plus habillée que les tenues pratiques et confortables qu’elle arborait habituellement, je me demandais un peu ce qu’elle entendait par ces propos, mais je ne pouvais pas lui demander sérieusement de jouer le jeu du défilé. J’avais mieux à faire et elle aussi, sans nul doute.
Je ne savais pas ce que miss McFusty pouvait penser de moi, au fond, mais cela n’était pas forcément quelque chose que je devais nécessairement savoir. J’ignorais, aussi, qu’elle avait peut-être bien autre chose en tête, ou quelqu’un d’autre, plutôt. Je n’avais jamais révélé mon don de métamorphomage à la jeune femme, c’était quelque chose que je gardais précieusement pour moi-même, à l’instar de nombreuses informations dont je disposais au sujet de certaines personnes, au sujet de certains faits ou même par rapport à des choses plus ou moins importantes qui pourraient me servir un jour.
Depuis des années, je m’étais constitué une belle base de données, à vrai dire. Je récoltais des informations de toutes sortes et puis, le moment venu, je pouvais utiliser celles qui pouvaient s’avérer utiles. Jusqu’à présent, je collectais plus que ce que j’utilisais, mais cela pouvait être une bonne manière d’agir par la suite. Ce n’était jamais mauvais d’avoir des informations clefs sur les autres personnes.

Soit.
Avec Abigail, il n’était nullement question de tout cela. Je n’avais aucune raison de chercher à lui nuire en aucune manière. C’était même plutôt l’inverse. Depuis que je connaissais la jeune femme, j’avais plutôt eu envie de la protéger qu’autre chose, peut-être parce qu’elle était un petit bout de femme, pas bien grande, pas bien épaisse… Parfois, elle me faisait même penser à une jeune adolescente.
Mais bon, elle était d’accord pour me montrer cette tenue et moi, en véritable esthète que j’étais, j’avais tendance à apprécier voir des vêtements qui sortaient de l’ordinaire. J’aimais les tenues sophistiquées et rares, les pièces uniques et les tissus extraordinaires.
« Je n’insiste pas. » Si elle n’était pas d’humeur, je préférais éviter de la mettre dans une situation qui pouvait lui déplaire.

Je posai les yeux sur le tatouage de dragon qui se mouvait sur sa peau comme s’il avait eu une existence qui lui était propre. J’avais toujours trouvé qu’Abigail et les dragons, cela constituait un bel oxymore. Et cela fonctionnait pourtant aussi bien que le faisait la figure de style.
Je ne savais pas comment était la jeune femme comme enseignante, mais je l’avais vue à l’œuvre avec un dragon. Et quand vous assistez à un tel spectacle, croyez-moi, vous avez tendance à éprouver une forme d’admiration discrète et contenue pour la personne en question.
J’écoutais ses explications sans vraiment y voir plus clair. L’université disposait d’un directeur et d’une vice-rectrice, Poudlard avait toujours eu un directeur et un sous-directeur ou une sous-directrice. Mais maintenant que l’université avait ses quartiers dans les bâtiments du collège Poudlard, qu’en était-il de la hiérarchie exactement ? Les deux établissements étaient-ils séparés, sur le parchemin ? ou bien y avait-il eu une sorte de fusion ?
Visiblement, la jeune femme ne pouvait pas me répondre. Elle évoqua Thomas O’Malley, le fils aîné de Myrna… J’avais bien connu le jeune homme, des années plus tôt, quand son père était décédé. Il avait beaucoup pris sur lui pour aider sa mère, quitte à se mettre entre parenthèses pour cela… « Ah oui, Thomas… il a trouvé la voie parfaite pour lui, je pense. Tu aurais dû le voir il y a quelques années… » Je me souvenais bien de Thomas qui, plus jeune, avait une patience assez déconcertante avec son petit frère, Jimmy, et sa sœur, Leah. Il y avait juste avec Sean que ce n’était pas toujours facile, parce que le deuxième de la fratrie était bien moins réfléchi que son aîné, sans doute…

J’eus un haussement d’épaules face à cette idée de se faire ou non diriger par Mrs Carrow. J’aimais bien lui faire couler un bain de temps en temps, à Meredith. Mais cela ne signifiait pas que je lui mangeais dans le creux de la main, non, loin de là. Mais comme le soulignait Abigail, j’aurais, en effet, tout le loisir de poser mes questions à la vice-rectrice une fois que je l’aurais en face de moi. Enfin, si j’y pensais à ce moment-là, surtout, car quand nous nous voyions pour préparer des réunions du Conseil d’Administration, l’ordre du jour était assez serré et il était rare que nous puissions réfléchir à d’autres choses encore entre notre travail préparatoire et notre exutoire traditionnel.

Alors, est-ce que ça m’avait fait du bien de passer la soirée de la veille avec Meredith ? Évidemment. Cette femme avait beau avoir quelques années de plus que moi, il y avait une véritable alchimie qui opérait entre et moi, au lit. Ou partout ailleurs.
« Oui et non… » J’aimais passer du temps avec Mrs Carrow, mais ce n’était pas la même chose que ce que j’avais pu connaître avec ma femme. Elianor et Meredith étaient fort différentes et, entre les deux, j’étais bien incapable de déterminer laquelle était la plus importante dans ma vie. J’avais même l’impression de les aimer toutes les deux, même si ce n’était pas vraiment de la même façon. « Elianor me manque. Elle est omniprésente dans tout ce que je vois, dans tout ce que je fais… »

Je m’étais repassé tant de fois la soirée du Nouvel An en tête. Si Meredith n’avait pas eu ce malaise, ce soir-là, tout aurait été tellement différent… Ma belle amie avait eu besoin de moi et j’avais ainsi trahi ma parole auprès de ma femme. Je n’avais même pas eu le temps de m’expliquer. Mais Elianor avait raison… à sa place, il y avait bien longtemps que je me serais mis un ultimatum…sa patience était honorable, tout comme le reste, Elianor était une femme honorable. Désirable. Respectable… J’aimais la manière que nous avions d’être nous…
Quant à Meredith… j’avais beaucoup d’affection pour elle, j’aimais les moments que nous partagions et je me sentais important à ses yeux… mais était-ce suffisant ? Encore une question qui demeurerait sans réponse…

Alors, pour dévier la conversation et ménager un peu mon jardin secret (pas si secret que cela, d’ailleurs), j’avais évoqué l’air fatigué de mon interlocutrice.
« Tu n’as pas essayé une décoction de valériane et de verveine ? » Un remède simple et efficace pour trouver le sommeil, mais cela dépendait de la volonté, bien sûr… « Plus envie… tu m’expliques ? »
Je pouvais imaginer tant de scénarios différents en quelques secondes que, oui, des explications étaient nécessaires… et cela, Abigail le savait. Ce n’était pas de la curiosité malsaine, elle allait sans aucun doute le percevoir.

Au bout des quelques minutes d’infusion recommandées, je sortais le sachet de thé de ma tasse, à l’aide de la cuillère à thé, puis je le pressais un peu contre le rebord de la tasse avant de le poser sur la soucoupe. « Tu sais que je suis là, si tu as besoin… »
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Abigail MacFusty
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Mar 16 Fév - 20:27
Même si la présence de l'homme à mes côtés était inattendue, et qu'elle aurait pu être dérangeante, je devais reconnaître, maintenant que nous étions convenablement installés là, tous les deux, qu'il me faisait du bien. C'était globalement toujours le cas, j'avais confiance en William, même si je savais que tout ce que je disais était soigneusement analysé et enregistré. Je ne pouvais pas lui en vouloir, William connaissait tout le monde, et il était un véritable dictionnaire concernant les êtres vivants. Après tout, il en allait de même pour moi, mais concernant les créatures magiques et surtout les dragons. Tout le moins, je savais également que le sorcier assit dans ce canapé de seconde main n'était que bienveillance envers moi, et même si j'avais mes petits secrets, je lui faisais aussi pleinement confiance, tout comme j'avais la naïveté de croire que j'avais la sienne, de confiance.
Devant sa compréhension, et le fait qu'il n'insiste pas sur un sujet qui n'était pas en adéquation avec mon humeur, je lui souriais, soulagée, tout en le remerciant d'un petit murmure tranquille à l'instar d'un petit papillon qui viendrait silencieusement s'envoler vers lui pour se déposer sur sa joue. Baiser reconnaissant et tendre de celle qui se sentait protégée par ce roque qu'il représentait.
Néanmoins, il y avait ces différences entre lui et moi, et je déplorais qu'il ne puisse pas me comprendre dans mon entièreté. Mais qui le pouvait au fond ? Kyle… lui, il avait pu. À son simple souvenir, je baissais le visage en clignant nerveusement des paupières, me retenant de ne pas m'effondrer et de verser de larmes. Fort heureusement, ce fut à cet instant que mon invité en vint à nommer Thomas en réaction à mes mots. Mon cœur toussa, surpris de devoir pleurer puis se réjouir en un clin d'œil, en une fraction de seconde.
Jambes ramenées contre moi, je penchais légèrement la tête aux paroles presque douces heureuses de William.

Il y a quelques années, je ne l'avais pas vu, Thomas. Nous nous étions perdus de vue, à mon grand regret, pourtant, nos retrouvailles dataient de quelques mois puisque nous avions pris nos places de directeur la même année. Pourtant, nous nous étions véritablement rapprochés qu'il y a peu, et je ne pus empêcher mon regard de pétiller de joie en m'imaginant ce que le sorcier avait été, pour qu'il soit aujourd'hui l'homme qu'il était.

- Tu me le décris ? Comment était-il ?

Oui, j'étais curieuse, je voulais savoir, mais ce n'était pas un désir mal placé ou pervers. C'était davantage vouloir me renseigner sur l'homme que j'aimais aujourd'hui, savoir ce qu'il avait vécu, ce qu'il avait été, mais du point de vue d'une autre personne que lui-même. Je ne pouvais décemment pas en parler à Sean, l'auror ayant la relation avec son frère qu'il avait. En revanche, je ne connaissais pas très bien ce que William faisait là-dedans, mais cela dit, je n'étais pas étonnée qu'il connaisse les O'Malley : William connaissait tout le monde. J'étais néanmoins piquée au vif.

- Quels rapports tu entretiens avec les O'Malley ?

Venant de mon mentor, je pouvais tout imaginer, il connaissait pour ainsi dire tout le monde et pour ainsi dire encore une fois, toutes les raisons possibles et imaginables. Je préférais donc poser carrément la question plutôt que de me laisser aller à mes extravagances mentales, car je savais qu'elles pouvaient m'amener à certaines conclusions angoissantes pour moi. C'était pénible d'être aussi ouvert d'esprit des fois.

Je préférais davantage me concentrer sur les confidences du mangemort. Il n'était pas du genre à s'ouvrir, je le savais, et voilà pourquoi je ne faisais que poser des questions calmement et pour le moment peu curieuses. Je ne voulais pas me risquer à le brusquer et le braquer. Bien que cela ne puisse que très peu arriver, je savais que le terrain était glissant, et mon envie était de venir en aide à William, non pas de lui faire de mal d'une quelconque manière.
Bien que je n'aie jamais vécu sa situation, et que je ne la vivrais sûrement jamais, j'avais la prétention de croire que je pouvais le comprendre, grâce à ma profonde empathie. Je pouvais saisir l'étau qui serrait son cœur et qui le mettait dans cette situation si délicate. Je pouvais aussi comprendre à quel point sa femme lui manquait, Merlin oui, comme je pouvais le comprendre. Toutefois, j'enviais William aussi. Moi aussi j'aurais voulu connaître un tel amour, moi aussi j'aurais voulu vivre une si belle histoire que même lorsqu'elle semble finie, elle continue de faire vibrer. Sûrement que je m'imaginais mal la douleur que la séparation pouvait engendrer, ou alors, mon esprit naïf croyait que si je vivais un jour une telle histoire, elle ne se finirait jamais.
Dans le fond, je me sentais incapable d'aimer aussi fort, alors que j'en avais envie.

- Ça doit être… déroutant. Comme situation je veux dire… enfin… vis-à-vis de ta femme, de continuellement penser à elle. Mais, je trouve ça beau aussi, que tu l'aimes à ce point. Je baissais mon regard foncé sur le contenu de ma tasse fumante posée là, juste sur mes genoux. Pourquoi… pourquoi est-ce que tu n'essaies pas… simplement… de lui parler ?

Aussi facile à dire qu'à faire, je pouvais très bien me l'imaginer. Cela dit, je connaissais très peu Elianor, et si ça se trouvait, la sorcière ne désirait absolument plus adresser la parole à William, et dans un sens, je pouvais également la comprendre. Peut-être serais-je aussi extrémiste dans sa situation.
Aussi extrémiste et épuisée. Fatiguée du comportement des autres, fatiguée de se battre contre le vent, fatiguée de ce qu'est l'amour…
Ça, je l'étais déjà, et William l'avait bien remarqué, et à ses questionnements, je réalisais à quel point j'avais été évasive. C'était sans surprise puisque j'étais très maladroite pour m'expliquer, et d'autant plus lorsque j'étais épuisée. Tous les mots se bousculaient dans ma tête et il m'était très difficile de saisir ceux qui correspondaient vraiment à la situation, ceux qui étaient justes. Je m'exprimais souvent mal et maladroitement.
Lentement, je reposais ma tasse de thé sur la table basse, démontrant à quel point j'essayais de me concentrer pour lui répondre, le tout agrémenté de mes sourcils légèrement froncés. Avant de prendre la parole, je m'humectais les lèvres.

- Oui j'ai déjà essayé, les remèdes n'ont pas vraiment d'effets malheureusement. Dans d'autres périodes de l'année oui, mais pas à l'approche du mois d'août. Ces simples mots m'ayant déjà vidée, j'affaissais mes épaules tout en gardant un instant de silence pour rassembler mes esprits et continuer. Je ne parle pas là de me faire du mal… juste… de m'asseoir et de laisser le temps passer et les jours défiler. Je suis juste fatiguée et j'ai envie que ça s'arrête. Je ne parle pas de la mort ou quoi… juste… que ça s'arrête. Arrêter de ressentir ce que je ressens, toutes ces émotions et tous ces sentiments… j'ai l'impression d'être une marmite qui boue et qu'on ne veut obstinément pas retirer du feu, je n'arrive pas à vider mon esprit alors que j'excelle dans la méditation. Je me passais une main sur les yeux pour me masser les paupières tout en soupirant, le souffle tremblant par la tristesse qui commençait à m'envahir. Je… petit haussement d'épaules. Je suis juste fatiguée.


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Lun 1 Mar - 22:04
Il y avait des choses, parfois, qui semblaient pour le moins incompréhensibles. Je n’avais pas vraiment pour habitude d’apprécier les gens sans qu’ils aient réellement fait leurs preuves devant moi. Pourtant, Abigail avait fait ses preuves d’une façon qui n’était pas tout à fait le genre de situation où je me sentais à l’aise. D’ailleurs, il me semblait bien, ce jour-là, avoir plutôt agi et réagi en suivant l’exemple de mon épouse… Oui, Elianor m’avait inspiré. C’était comme cela que nous avions pu nous rapprocher, miss McFusty et moi. Grâce à ma chère et tendre, sans même qu’elle soit présente. Cette femme n’était-elle pas merveilleuse ?
Ce dont j’étais sûr, la concernant, c’était que je l’aimais. Je n’avais jamais cessé d’éprouver pour elle ces sentiments à nuls autres pareils et bien que je me fusse quelque peu égaré en chemin, je savais qu’Elianor Prince était et serait toujours la femme de ma vie. Les autres personnes me permettaient de passer de bons moments, d’évacuer un trop-plein d’énergie ou d’émotions, mais si je les appréciais, ce n’était pas du tout le même genre de sentiments que ceux que j’éprouvais pour mon épouse.

L’amour, c’est quelque chose de difficile à comprendre. Un matin, on se réveille amoureux, puis un autre, on se rend compte que les sentiments ont évolué. Dans un sens ou un autre. Rien n’est jamais écrit et rien n’est jamais certain…
Remarquez, l’amitié aussi, ça pouvait parfois prendre des chemins un peu étranges, mais malgré des écarts ou des moments un peu creux, les vrais amis restaient toujours. Pas comme ceux qui vous tournaient le dos pour des questions de détail.

« Comme oubliator ? Thomas était consciencieux et appliqué, comme dans tout ce qu’il a toujours entrepris. C’est le genre de personne sur qui on peut compter en toute circonstance. S’il était resté au Ministère, il aurait pu obtenir un poste à responsabilités rapidement. » En effet, le jeune homme – oui, bon, par rapport à moi, il était jeune – était ce genre de type qui faisait toujours ce qu’il fallait comme il le fallait. C’était un garçon sérieux dans son boulot, une façon, sans doute, de tenir la route après le décès de Colin. On avait eu une belle relation, à l’époque, c’était très enrichissant de discuter ensemble, parce que Thomas était curieux de beaucoup de choses, notamment de tout ce qui touchait aux voyages et à la culture. Forcément, on s’entendait bien sur ce genre de choses. « Myrna est une amie de longue date. » J’avais encore utilisé le présent, alors que, dans les faits… une fois que j’étais entré au Conseil d’Administration et que mon allégeance à l’Augurey avait été révélée au grand jour, Myrna avait eu du mal à ne pas me sauter au visage pour m’arracher les yeux.
Bon, l’image était un peu exagérée, mais c’était quelque chose qu’elle ne pouvait pas laisser passer, étant donné l’absence de pouvoir de sa propre fille. Sur le moment, je n’avais pas compris la virulence de sa réaction, mais à présent… J’avais eu tout le loisir d’essayer de me mettre à sa place. Et, clairement, si un ami pouvait un jour devenir un danger pour ma fille, je ferais tout pour l’éloigner d’elle. C’était un instinct de survie et de préservation des siens qui était purement animal, somme toute. Mais normal.
Je fixais la jeune femme d’un regard un peu flou. Parce que tout cela était des sujets pas très évidents à aborder, ça touchait à l’intimité, d’une certaine façon, mais je n’étais pas en présence de n’importe qui. Abigail était capable de comprendre et elle ne jugeait pas.
« J’ai pratiquement vu grandir Thomas et sa fratrie, tu sais, mais Thomas est sans doute bien mieux dans l’enseignement qu’au Ministère. Il a toujours eu beaucoup de patience et une bonne maîtrise de lui-même. »
Qualités indispensables pour enseigner quoi que ce soit aux jeunes.

Je ne voulais pas monopoliser la parole, non plus. Ce n’était pas dans mes habitudes de tenir le crachoir bien longtemps, j’avais toujours fait plutôt partie des gens discrets, plus aptes à écouter, en général, et je n’aimais pas parler pour ne rien dire. Ce n’était certes pas le cas avec Abigail, mais elle savait bien que je n’allais pas m’attarder sur des sujets qui ne nous concernaient pas plus que cela.
Surtout lorsque la conversation en venait à se diriger vers Elianor.
Et les propos que tint la jeune femme me firent l’effet d’un philtre de paix. Elle trouvait ça beau que je continue à aimer mon épouse après tout ce temps et après tout ce qui était arrivé. Mais ce qu’elle suggéra, cela me figeait sur place rien que d’y penser.
« Nous ne sommes pas en mauvais termes, mais c’est ma faute, tout ça. J’ai négligé une règle de base, en pensant bêtement que les circonstances pouvaient être atténuantes. » Je n’avais encore jamais expliqué cela en détails, mais peut-être que c’était l’occasion. Et peut-être que le regard d’une femme sur cette histoire pourrait aussi m’aider à y voir plus clair… « On avait un accord, Elianor et moi. Mais j’ai passé la nuit à veiller sur Mrs Carrow après un malaise qu’elle avait fait. Tu sais, je n’aurais pas pu la laisser comme ça. C’était impossible… mais si j’avais voulu que ma femme ne quitte pas le manoir, j’aurais dû rentrer la rejoindre et passer la nuit auprès d’elle et non auprès de Meredith. »
Abigail ne savait pas exactement ce qu’était notre deal, à Elianor et moi, mais ça faisait du bien de pouvoir verbaliser tout ça, de le sortir et de ne pas avoir à faire semblant. Mes enfants ignoraient l’histoire. Mais j’assumais pleinement ma bêtise. Cette nuit-là, aux yeux d’Elianor, j’avais fait un choix : celui de privilégier ma maîtresse à mon épouse.
Je m’en mordais les doigts, par moments, car, bien que Meredith et moi fussions d’excellents amis depuis de nombreuses années, l’amitié améliorée que nous avions n’était pas tout à fait comparable à ce que nous avions pu vivre, chacun de notre côté, dans nos vies de couple respectives.
« Tout ce que j’espère, à présent, c’est qu’Elianor pourra être heureuse. »
Tant pis pour moi. Si le bonheur devait m’être interdit à cause de cette nuit-là, eh bien soit, j’assumerais cela. Mais je ne pouvais pas me résigner, il fallait au moins que j’essaie.

Tout cela, finalement, ce n’était peut-être pas grand-chose, en comparaison avec ce que d’autres pouvaient vivre, mais pour l’instant, ma vie était tout de même bien envahie par tout ce qui découlait de cette affaire. Et je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même : il était inutile de blâmer ma femme, puisqu’elle n’avait fait que respecter à la lettre notre pacte, inutile de blâmer Meredith qui n’avait pas choisi de faire un malaise ce soir-là, pas plus qu’elle n’avait décidé que son fils soit en réalité également le mien… Non, décidément, il n’y avait que moi qui étais à blâmer dans tout cela.

Et elle, mon interlocutrice, qui se battait contre une fatigue chronique, qui ne pouvait s’en sortir sans aide, mais qui ne voulait pas d’aide… Le mois d’août approchait, comme elle le soulignait, ainsi que la date fatidique. Je connaissais ce sentiment. Je la laissais s’exprimer à son tour, espérant tout de même que notre entrevue allait pouvoir se centrer un peu plus sur elle que sur moi. Je pris ma tasse de thé pour en boire une petite gorgée avant de la reposer.
« Tu as besoin de pouvoir te reposer, Abi. Quitte à t’assommer avec des potions et des philtres pour pouvoir au moins reprendre un peu de forces… » La fatigue empêchait d’avoir les idées claires et, en outre, il n’était pas impossible qu’elle vienne aussi gâcher des moments du quotidien. « Tu sais, tu as le droit de te sentir comme ça… tu peux craquer, on ne te demande pas d’être toujours à 100% dans tout. Ce ne serait pas humain. »

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Dim 7 Mar - 11:50
Parler de choses et d'autres avec William m'avait toujours fait du bien sans trop que je sache pourquoi. Peut-être était-ce parce qu'il était plus âgé que moi, plus expérimenté et donc, dans un sens, plus sage. J'aimais apprendre à ses côtés, et j'aimais tout simplement être en sa présence. Il y avait chez lui quelque chose qui me rassurait, peut-être était-ce cette prestance qui était la sienne. Je ne le considérais ni comme un père, ni comme un grand-frère, ni comme un ami au sens propre du terme. Il était quelqu'un sur qui je pouvais compter, qui serait toujours présent pour moi, et il était toujours volontaire pour m'aider, qu'importe le sujet ou presque.
Dans le fond j'en venais à me demander si nos différences n'étaient pas la force de notre relation, dans un sens. Car même si nous avions des opinions qui divergeaient, nous avions toujours eu la sagesse soit d'éviter les sujets fâcheux, soit d'écouter l'autre avec attention et respect en accueillant son point de vue. Cela ne voulait pas dire que nous étions convertis à ce que disait l'autre, non. Juste que nous étions lui et moi assez intelligents pour apprendre et prendre ce que l'autre pouvait offrir et donner.

Alors oui, même s'il m'avait un peu dérangé dans cette bulle dans laquelle je m'étais enfermée aujourd'hui, la présence de William me faisait beaucoup de bien, je sentais les tumultes de mon esprit s'apaiser parce que j'absorbais ce qu'il me disait, je me laissais recroqueviller par son aura et je m'y lovais afin de pouvoir me ressourcer.
Tranquille, les prunelles brillant d'une lueur presque rêveuse, je le laissais me raconter ce qu'il savait de Thomas, et ce qu'il en pensait. Aussi pourquoi il connaissait cette famille. Tout cela était des choses que j'ignorais, et je ne pouvais m'empêcher de sourire, presque attendrie. Le monde était petit, surtout lorsque nous connaissions William Ombrage qui lui, connait tout le monde. Néanmoins, qu'il soit aussi proche de la famille O'Malley m'amusait sensiblement.
J'avais grandi en valsant entre Thomas et Sean lorsque nous étions tous les trois à l'école. Avec le premier j'y trouvais un ami de confiance, calme, avec qui je pouvais parler de nature et de créatures sans que je sois prise pour une dingue. Avec le second, la relation était un peu plus sportive, Sean était ce garçon sur qui je m'appuyais lorsque d'autres élèves m'embêtaient et que Kyle n'était pas dans les parages pour m'aider. Aujourd'hui, l'Aurore avait accepté de me venir en aide en me donnant des cours particuliers en duel magique. Il savait à quel point j'abhorrais la violence, mais, étant membre de l'Ordre du Phénix depuis des années, j'avais aussi conscience de mes lacunes en magie offensive, bien que j'excellais dans le domaine défensif.

Aujourd'hui, ma relation avec Thomas était ce qu'elle était. Nous étions devenus plus que des amis, mais j'avais du mal à définir si nous étions des amants. Je marchais sur un fil telle une funambule, car j'ignorais sur quel pied danser, je ne savais pas comment me comporter avec lui lorsque nous nous retrouvions que tous les deux. Je craignais de briser notre amitié en allant trop loin, pourtant, le sorcier m'avait toujours attirée.
Alors forcément, le discours de mon invité m'intéressait, et c'était les images qui fleurissaient en moi à ses paroles qui me faisaient sourire. J'avais aussi connu Thomas assez tôt lorsque nous étions des enfants, de là à dire que je l'avais vu grandir et que je le connaissais sur le bout des doigts, ce serait mentir. La vie c'était toujours amusée à nous rapprocher puis à nous éloigner. Peut-être était-ce aussi ce destin qui m'empêchait de sauter définitivement le pas avec lui. Un jour il allait bien falloir que je prenne une décision, seulement, je n'étais pas la seule à faire un choix dans cette équation.
Le regard flou, presque troublé que me lança le Mangemort, je l'avais perçu, et je devinais à quel point la relation avec les O'Malley était alors importante pour lui. Il en parlait aussi avec une douceur que je savais sincère.

- Je le reconnais bien là, Thomas. Je ne sais pas au juste comment il enseigne, mais je suis certaine qu'il est patient et à l'écoute, oui. Je marquais un instant de silence. J'imagine qu'il n'était pas très épanoui en travaillant comme Oubliator ? Je ne connaissais pas totalement son histoire, peut-être qu'un jour il me la racontera. Néanmoins je le voyais mal effacer les souvenirs des autres et y trouver pleinement satisfaction, ce n'était pas dans sa nature profonde. Cela dit, si mon mentor avait été un ami de longue date, je me doutais que son secret, une fois révélé au grand jour, dû faire quelque dégât. Ou peut-être pas. J'avais après tout moi-même été surprise qu'il soit un Mangemort, déçue même. Mais j'avais su voir au-delà de nos allégeances respectives. Je m'étais rappelée qui était véritablement William Ombrage avant de lui coller une étiquette sur le front. Et aujourd'hui ? Comment t'entends-tu avec eux ? Je veux dire… après qu'il ait appris que tu sois un Mangemort ?

Je ne voulais pas remuer le couteau dans la plaie et le sorcier assis sur mon canapé savait qu'il avait toute la liberté de me répondre librement ou non. Je n'étais pas du genre à forcer la confidence.
C'était ce qui me surprenait dans cette entrevue d'ailleurs. Non sans ignorer que William était peu du genre à faire confiance, et encore moins à se confier, je le voyais là me parler sans trop que je ai à creuser les sujets. Dans le fond, je savais aussi garder une certaine décence vis-à-vis de ce qu'il désirait me confier, car le respect était le fondement de notre relation.
Pourtant, il me parlait de son lien avec Meredith, il revenait, non sans peine, sur l'événement passé qui l'avait amené à se séparer de sa femme, et il me confiait ses sentiments, même si ce n'était qu'à demi-mots. Tout cela me touchait, mais faisait aussi extrêmement froid dans le dos. Même si dans un sens je trouvais ça beau d'aimer toujours à ce point quelqu'un, je le craignais aussi. Oui je craignais de le vivre, et de me retrouver dans une situation similaire parce qu'après tout, j'étais de ceux qui, lorsqu'ils avaient aimé sincèrement, ils avaient du mal à se détacher.

- Pardon, William, mais je ne vois pas très bien en quoi tout cela t'empêche d'aller la voir pour que vous discutiez ? Tu as brisé un accord, sûrement une grande partie de sa confiance, mais… tu sembles te flageller. Ne crois-tu pas que tu as déjà assez payé le prix fort ? D'un regard un peu arrondi, car je voulais être sincère envers lui, j'osais la fixer droit dans les yeux, sans crainte, car William était de ces rares personnes que j'osais observer sans me cacher. Puis, comme une adolescente un peu perdue, d'une voix presque éteinte, visiblement intéressée, je demandais péniblement. Comment… comment peux-tu être certain que ton choix est le bon, sur le moment ?

Je parlais là de sa décision d'être resté avec Miss Carrow plutôt que de rejoindre sa femme. Je parlais là de se retrouver coincer dans un étau, et de devoir mesurer le pour et le contre, de devoir en assumer les conséquences, aussi désastreuses soient-elles. Oui, j'avais peur de me retrouver dans un tel conflit. Même si William n'avait, apparemment, fait le bon choix, peut-être que cette expérience l'a fait ressortir plus sage qu'il ne l'était avant. Peut-être pourrait-il m'éviter de prendre une mauvaise décision.

Toute cette situation vint me prendre d'assaut d'un seul coup, et comme assommée, je fermais les yeux pour m'enfoncer tout à fait dans mon canapé. Prendre et accepter les problèmes de William était une chose que je savais faire en me préservant sans le moindre effort, mais savoir me protéger moi d'hypothétiques situations, ça, je n'y arrivais pas.
Alors, être si soudainement assailli d'émotions si intenses me dérouta. Le tout accentué par ma fatigue, et me voilà à perdre pied à côté du Mangemort. Une nouvelle fois je passais mes mains sur mon visage comme si ce simple geste me permettait de retrouver un minimum de contenance tandis que le sang battait mes tempes. J'entendais à peine ce que me disait mon invité, j'avais l'impression d'être enfermée dans une cloche de verre qui filtre tous les sons. Cependant, je captais quand même l'essentiel. M'assommer. Me reposer. Ne pas être à fond tout le temps.
C'est en poussant un profond soupir que je parvenais à répondre à mon ami, non sans difficulté.

- Avec l'approche des examens de fin d'année, je ne peux pas faire ce que tu dis là… j'ai besoin de tenir, d'être présente pour mes élèves. Ils ont besoin de moi, encore quelques semaines. Ensuite, oui, je m'écroulerais. Mais là, je ne peux pas, ce n'est pas la bonne période. Dans tous les sens du terme. N'y tenant plus, et parce que ce cocon dans lequel je m'étais réfugiée de par sa simple présence, je me décalais sur le canapé pour réduire les quelques centimètres qui nous séparaient. Ainsi, je me collais tout à fait contre lui, mon bras contre le sien, je venais poser ma tête sur son épaule. Fatiguée, j'avais besoin de cet appui qu'il m'offrait malgré lui. Me permettant de fermer les paupières, je m'enfermais dans un noir complet tandis que je me concentrais sur le rythme de nos respirations respectives, parvenant à saisir à présent les battements de nos deux cœurs, à l'unisson. Soulagée, un nouveau soupir traversa mes narines. Wil… est-ce que tu as déjà perdu quelqu'un qui t'était cher ? Je veux dire… que cette personne soit décédée… Comme… comme pour Kyle et moi. Voix tremblante en prononçant ce simple prénom, mes yeux se permirent enfin à laisser perler deux silencieuses larmes.
Personne ne devrait avoir à vivre un tel déchirement.
Personne.


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Ven 19 Mar - 10:30

Je ne savais pas pourquoi le contact était toujours aussi facile avec Abigail. Peut-être parce qu’au fond nous avions des points communs que nous n’avions jamais vraiment abordés mais que nous pouvions tous les deux ressentir sans passer par les mots… A moins que ce ne fût ce genre de relation étrange où il n’était pas toujours nécessaire de parler pour échanger…
Je n’avais jamais eu envie de modifier notre relation, j’appréciais ce que nous partagions, en réalité. Il n’était nullement question d’attirance, de désir, de charme, de lien professionnel ou d’obligations. Les choses s’étaient faites d’elles-mêmes et il ne fallait pas chercher plus loin. C’était rafraîchissant, en quelque sorte.
Bien sûr, il était arrivé que nous passions un certain temps sans nous voir, sans même échanger le moindre hibou, mais les choses ne changeaient pas pour autant entre elle et moi. Nous étions dotés de cette force venue d’on ne savait où. Et c’était très bien comme cela.

N'étant pas legilimens, je ne pouvais pas deviner ce qui se passait dans la boîte crânienne de la jeune femme, mais il était évident, rien que par son langage non-verbal, que l’enseignante avait à faire face à des émotions peu enviables et sans doute incontrôlables. Je n’avais pas à juger, bien sûr, je ne savais que trop bien ce que c’était que de se battre contre ce genre de choses, mais il était important que la jeune femme sache que cela ne devait pas empêcher une possible irruption de moments plus heureux dans cette période difficile…

Était-ce une lueur d’intérêt dans son regard ? J’avais parlé un peu de Thomas O’Malley et j’avais perçu un changement chez elle. Bien sûr, elle le connaissait, puisqu’il était maintenant son collègue, mais elle m’interrogeait sur Thomas comme si elle cherchait à en savoir toujours un peu plus sur lui. Et je ne voyais pas en quoi il serait malvenu de ma part de répondre à ces questions-là.
« Pour ça, il faudra que tu lui poses la question. Je peux te dire qu’il a toujours très bien fait son job, consciencieusement, et qu’il était très lié avec ses collègues. Il passe encore de temps en temps au bureau. » Était-il épanoui comme oubliator ? Peut-être que ce n'était pas son choix de vie au départ, mais il n’avait pas l’air malheureux pour autant à son poste. Et quand il avait démissionné, il avait eu l’air d’avoir tout de même quelques difficultés à tourner cette page de sa vie.
Bien sûr, la nouvelle de mon allégeance avait causé des dégâts dans mes relations, notamment avec la famille O’Malley. Myrna, par exemple, avait eu beaucoup de mal avec cela, car elle considérait que j’aurais pu m’en prendre à sa fille moldue. Ou cracmolle. Je n’avais jamais trop bien su ce qu’elle était, puisque Leah avait du sang sorcier et moldu mais qu’elle n’avait pas de pouvoirs.
Depuis cette révélation, donc, une certaine distance s’était installée avec Myrna. Quant à ses enfants… je n’avais jamais été vraiment proche de Leah, même si je n’avais jamais essayé de la supprimer, Jimmy était un peu petit lorsque j’avais été le plus présent dans la famille O’Malley… C’était avec Thomas et Sean que j’avais eu les liens les plus forts, au fond. Sean me considérant presque comme un oncle providentiel lorsqu’il était jeune et Thomas, déjà bien grand lors du décès de son père, qui avait parfois eu besoin d’une épaule sur laquelle prendre appui. Mais tout cela faisait partie de nos histoires personnelles. Et rien n’était écrit, finalement… J’avais eu l’occasion de faire une mission avec Sean et son jeune stagiaire, où j’avais pu lui montrer que tout mangemort que je fusse, je n’allais pas lui planter un couteau dans le dos…
« Myrna a pris ça comme une trahison. C’est difficile à envisager pour elle… »

Je n’entrais pas dans les détails. L’éloignement de mon amie était assez difficile à vivre pour moi. Je ne voulais pas en parler pour l’instant. C’était une sorte de rupture qui me faisait sans doute au moins autant mal que celle avec mon épouse.
Par rapport à Elianor, d’ailleurs, Abigail me conseillait de la voir, de lui parler. Il était vrai que depuis le départ de ma femme, j’avais pris le parti de la laisser vivre sa vie, de ne pas chercher à interférer dans son quotidien, dans ses projets et ses rêves. Mais bon sang, c’était dingue ce qu’elle me manquait ! Et ce manque, je ne parvenais pas à le combler.

« Je voulais lui laisser un peu de temps, simplement… » Et aussi, accessoirement, je n’avais aucune idée de la meilleure façon d’aborder Elianor pour pouvoir discuter avec elle. Si au moins je pouvais connaître ses sentiments… mais cela m’était impossible. « On ne peut être sûr de rien, Abigail… Je passe de bons moments avec Meredith mais… ce n’est pas la même chose. » Il n’y avait pas la passion, je ne ressentais pas cet amour fou et incommensurable qui me donnait envie de décrocher la lune ou d’accomplir des exploits pour un seul sourire…

Quand on était ainsi en proie à des émotions et des sentiments très envahissants, il n’y avait pas trente-six solutions… il fallait pouvoir prendre du temps pour soi. Et c’était ce que j’avais suggéré à mon interlocutrice, mais, chose prévisible, elle se trouvait des excuses pour ne pas avoir à s’écouter.

« Je savais que tu me dirais cela. Mais tu dois bien choisir tes priorités. Les élèves seraient bien contents que tu prennes quelques jours pour te reposer avant les examens. Te connaissant, tu as bouclé ta matière depuis un moment et tu es plutôt dans une période de révisions, non ? » Mais je pouvais comprendre qu’elle eût besoin d’être active pour s’éviter de penser. Comme pour combler un vide. Et comme elle se collait contre moi, je passais un bras par-dessus son épaule pour la serrer contre moi, geste purement innocent et sans la moindre arrière-pensée, fallait-il le préciser ? « Ne force pas trop, Abi… On n’a qu’une vie et ton bien-être est important… »  
A l’écoute des mots qui suivirent, je resserrais mon étreinte.
« J’avais huit ans quand Torjus est décédé. » Je parlais très peu de mon grand frère. Son prénom n’avait pas franchi mes lèvres depuis un bon moment. Même à mon psychomage, je n’en parlais qu’à mots couverts. La blessure était toujours là et je savais bien que la perte de mon grand frère avait fait de moi l’homme que j’étais aujourd’hui, sensible et dur à la fois.
« J’ai aussi perdu des proches lors de la guerre…»
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Ven 26 Mar - 8:17
La discussion avait naturellement glissé de Meredith et Elianor à Thomas, comme si les affaires de cœur, ou en tout cas parler des autres, étaient une habitude entre William et moi. Pourtant, ce n'était pas tant que ça la vérité, d'ordinaire, nous parlions davantage de choses et d'autres, de la vie dans sa globalité et d'événements plus ou moins importants. Je savais que mon mentor connaissait énormément de monde, et j'étais tout l'inverse. Je n'avais donc pas grand-chose à partager dans ce cas-là, sauf aujourd'hui. Je connaissais Meredith pour lui avoir un peu parlé, et je connaissais Thomas pour m'être grandement rapprochée de lui dernièrement. Elianor en revanche, c'était une autre histoire, voilà pourquoi je ne me permettais pas de donner mon avis, simplement de mieux le conseiller. Dans tous les cas, la communication était la base de tout, et j'étais malheureuse de voir William aussi mal, néanmoins, il avait fauté et il fallait bien qu'il assume pleinement ses actes. Je savais que c'était déjà ce qu'il faisait, ce n'était toutefois pas une raison pour qu'il se mette plus bas que terre.
Intéressée sans vraiment le cacher, j'écoutais ce que me disait mon invité à propos du garçon dont j'étais en train de tomber amoureuse (tout le moins d'assumer mes sentiments). En apprendre plus sur Thomas me faisait plaisir, car même si nous étions séparés, ça me donnait la sensation d'être tout de même à ses côtés.
Dangereuse dépendance. Dangereux sentiments.

- Je lui demanderai alors oui, même si je ne sais pas comment je vais pouvoir introduire le sujet naturellement. Petit sourire amusé. Je n'étais pas la personne la plus à l'aise dans les conversations humaines, j'étais même très maladroite, et je craignais toujours un peu de faire un faux pas ou de blesser. Quoiqu'avec Thomas le risque était amoindri un peu plus chaque jour. Nous nous voyons régulièrement alors… enfin… je détournais un peu le regard, comme gênée ou craignant d'en dire trop. Je verrai. C'est une partie de sa vie que je ne connais trop, je ne sais pas s'il voudra la partager avec moi… et je ne sais pas si c'est très pertinent.

Dans le fond, nous avions tous nos passés à nous, et il n'était pas toujours important de le partager. Oui, sûrement que je laisserai les choses se faire, comme je l'avais fait avec William lorsque j'avais appris qu'il était un Mangemort. Sûrement que beaucoup attachaient de l'importance à cela, comme Myrna apparemment. Moi, j'étais membre de l'Ordre du Phénix par allégeance par ma famille, qui faisait partie de cet ordre depuis des générations. Cela ne m'empêchait pourtant pas de détester toujours les combats et de souhaiter les éviter au maximum. Même si je menais à bien mes missions tant bien que mal, j'y participais le moins possible, et j'étais de ces membres qui agissaient dans l'ombre. Je préférais éduquer les créatures magiques qui pouvaient nous venir en aide, comme les hippogriffes ou les chevaux ailés, de précieux transporteurs. Alors certes, j'étais peut-être moins attachée que d'autres de savoir comment se plaçait un individu, j'essayais de regarder au-delà. Néanmoins, je devais avouer que je craignais de me lier d'amitié avec un membre du Blood Circle. Tant qu'à faire se peut, je préférerais éviter un mélodrame à la Roméo et Juliette (sans l'amour qui va avec heureusement).

- Je peux la comprendre… mais sûrement lui faut-il le temps de comprendre que… que le fait que tu sois un Mangemort ne fait pas ce que tu es, ni qui tu es.

Nous avions tous des croyances et des convictions qui nous appartenaient, ça ne faisait pas de nous pour autant des "gentils" ou des "méchants".
Cela étant, je pouvais aisément saisir que quelqu'un ait du mal à passer outre, surtout avec des années de relation. J'avais moi-même du mal avec des trahisons, et davantage avec des abandons tandis que d'autres vivaient très bien avec (ou sans, c'était selon).
Oui, mais voilà, les relations humaines étaient ce qu'elles étaient, toutes en complexité. Sinueuses, belles, mais aussi douloureuses. Un capharnaüm tout aussi merveilleux que cauchemardesque. Dans le fond, je comprenais très bien ce que voulait me dire mon mentor, et j'estimais aussi comprendre son point de vue. Il était normal qu'il ait pris du recul et il était normal qu'il ne s'estimait plus totalement légitime. Je comprenais aussi qu'une relation n'était pas tout à fait la même qu'une autre. Ce que j'avais vécu avec Harper avait été si intense lorsque nous étions jeunes adolescentes puis jeunes adultes… que oui, aujourd'hui je pensais qu'aucune autre de mes relations n’allait pouvoir lui ressembler, et heureusement d'ailleurs ! Je voulais maintenant quelque chose de différent, parce qu’avec Harper, tout était trop intense, tout était trop fort, tout était trop beau, tout était trop douloureux, tout était trop… simplement trop. Voilà pourquoi j'étais bien heureuse de m'être rapprochée de Thomas, avec lui je me sentais plus sereine, plus calme, plus apaisée. Il avait ce pouvoir sur moi de me détendre et de m'envahir de bien-être.
Lentement, je hochais la tête.

- C'est normal que ce ne soit pas la même chose et… enfin… je pense, que quand on a vécu quelque chose de fort, le reste semble forcément un peu plus… fade. Mais ce n'est pas pour autant que c'est moins attrayant ou moins bien. Mais… je haussais un peu les épaules sans trop savoir comment exprimer mon avis. Tu la connais mieux que moi et je n'ai pas envie d'avoir l'air de donner des leçons, mais… dans tous les cas, la communication est la meilleure chose pour apaiser les situations. Si chacun est capable de prendre ses responsabilités et de rester calme et ouvert d'esprit et bien… j'ai la naïveté de croire que les choses peuvent s'arranger.

Douce petite sorcière simple et naïve que j'étais. Lorsque je sentais ce poids dans mon cœur, je préférais aller discuter pour m'en libérer, mettre les choses au clair. Mais ce n'était pas toujours facile ou possible. Mais cela dit, il y avait une nuance entre essayer de faire quelque chose et rester complètement passif. Le tout était de vouloir le faire dans les meilleures intentions possible.
C'était un peu comme mon devoir d'enseignante, je faisais le mieux possible, quitte à me négliger. Cela dit, même si j'entendais ce que me disait mon mentor, je devais aussi admettre qu'il avait raison, ma matière était bouclée, mes élèves étaient en révision, je leur faisais passer des examens blancs, je leur posais des questions bien plus spécifiques que demandé. J'étais toujours aux aguets pour eux. Je savais que je pouvais relâcher la pression, j'en avais parfaitement conscience, seulement, je me l'interdisais, parce que j'avais peur de tomber dans la panique des scénarios mentaux que je parvenais à me faire. J'avais peur d'angoisser, j'avais peur de penser.
Fort heureusement pour moi, parler simplement à quelqu'un m'était aussi salutaire, surtout lorsque je faisais confiance à ladite personne, et William, présentement, était un parfait réceptacle. Ainsi posée contre lui, à entendre les battements de son cœur et son souffle sur mes cheveux, je réussissais à retrouver un certain calme, comme si le rythme de mon propre corps se calquait au sien, bien plus expérimenté. Ses bras autour de mes épaules, je ressentais ce petit cocon de confort et de réconfort que j'étais en train de former autour nous, bien que la conversation était douloureuse et intense.

- Wil je… je ne peux pas me reposer, je ne peux pas m'arrêter c'est trop… je me perds. Je me perds dans mes pensées, dans mes souvenirs, j'imagine des choses, ce que j'aurai pu faire, ce que j'aurai faire. Et si j'avais su le défendre ? Et si je ne l'avais pas entrainé dans cette mission ? Et si nous nous étions occupés d'autres créatures ? Et si nous étions allés dans une autre réserve ? Le simple fait de poser des mots sur ces quelques questions que je me posais (il y en avait des milliers d'autres) me fit paniquer. Ma respiration se saccadait, mon corps fut saisi de tremblements, et je commençais à pleurer de plus belle. Presque assourdie par le sang qui battait dans mes tempes alors, je posais mon visage contre lui comme pour me cacher, creuser mon trou de désespoir et ne plus en ressortir. Comment as-tu… est-ce que… tes deuils. Tu as pu les faire ? Parce que faire son deuil, c'était dire au revoir à jamais. Et je ne voulais pas perdre le peu qu'il me restait de mon frère.


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Lun 19 Avr - 20:05
Sans être adepte des moments privilégiés qui poussaient aux confidences, je devais bien reconnaître que là, pour le moment, il y avait quelque chose d’assez agréable dans ces instants partagés. Peut-être parce que nous étions vrais, Abigail et moi, que nous n’avions pas à nous cacher derrières des masques et que nous étions juste nous-mêmes… Parce qu’on avait un lien qui faisait que nous n’avions jamais essayé de paraître ce que nous n’étions pas, au fond.
J’avais toujours eu un peu de mal à me confier, étant plutôt du genre à écouter, à la base, mais d’un côté, il était bon de pouvoir mettre des mots sur ce que je vivais ces derniers temps. Et je savais que s’il y avait bien une personne en ce monde qui ne porterait pas de jugement, c’était bien Abigail McFusty. Bien sûr, je faisais toujours attention à ma façon de choisir les mots que j’utilisais, par souci de ne pas choquer et de ne pas non plus me montrer trop concret. Mais je supposais qu’Abi avait bien compris que j’avais trompé ma femme. Peut-être même qu’elle avait deviné que c’était avec Meredith. Une fois de plus. La fois de trop… même si ce soir-là, il ne s’était rien passé de tel…
Au fond, cela nous changeait de parler ainsi des relations. Que ce soient les miennes ou celles de la jeune femme, ce n’était pas un sujet de prédilection pour nous, mais peut-être justement que cela nous était naturel parce que nous pouvions parler de tout, elle et moi. Y compris des autres, visiblement. Même si ce n’était pas dans nos habitudes à l’un ni à l’autre.

« Il ne faut pas chercher la meilleure manière d’aborder le sujet, ça peut aussi venir naturellement. » Sinon, il y avait moyen de lancer la discussion en partant d’un sujet passé quelconque. « Plus vous passez du temps ensemble, plus vous aurez l’occasion de vous livrer. Ce serait dommage de ne rien avoir à découvrir sur les autres, tu ne trouves pas ?»

En tout cas, pour ma part, j’aimais assez bien l’idée de devoir passer du temps avec les gens pour en apprendre plus sur eux.
Peut-être que nous aurions dû aborder un peu plus de sujets personnels, avec Myrna O’Malley... là, mon amie s’était éloignée de moi, parce que, oui, le sentiment de trahison était compréhensible. Mais les sujets délicats n’avaient juste jamais eu l’occasion d’être abordés. Je ne savais pas trop si je devais m’en vouloir pour cela. J’aurais peut-être dû lui dire dès le départ ? mais pour moi, les choix idéologiques que l’on faisait n’influençaient pas forcément qui nous étions au fond de nous… il suffisait de ne pas aborder les sujets qui fâchaient, non ? politique, argent, croyances… c’était le tiercé gagnant des sujets à éviter pour ne pas se mettre des gens à dos.
J’eus un haussement d’épaules, parce que je n’avais rien à répondre à cela, finalement. Nous étions tous différents, nous avions tous des idées différentes et j’avais un peu l’impression que certaines personnes se donnaient bonne conscience en affichant une volonté d’acceptation des non-mages… mais ces personnes oubliaient d’accepter ceux qui pouvaient penser différemment. Enfin, ce genre de débat pourrait durer des heures, des jours, des semaines ou même pire. Ce n’était pas un sujet sur lequel il était possible de mettre tout le monde d’accord. En ce sens, je trouvais que le principe d’avoir remplacé le Ministre de la Magie par un Conseil d’Administration était une très bonne chose, puisque chacun pouvait faire entendre sa voix, ce qui était bien plus démocratique, quand on y pensait.

Quant à comparer la relation que j’avais – que j’avais eue ? – avec Elianor et celle que j’avais actuellement avec Meredith, eh bien, pour moi, c’était très différent. Il n’y avait aucune comparaison possible… et comme le disait Abigail, au fond, l’intensité et la passion de mon amour pour mon épouse ne trouverait sans doute jamais d’égal en ce monde. Oui, en regard de notre histoire, tout le reste était fade, sans saveur.
« Tu as peut-être raison… J’essaierai. Si elle me laisse m’expliquer. »
Je ne pouvais pas en être sûr, mais je pouvais toujours essayer, effectivement.

S’ensuivit le sujet plus délicat encore du bien-être de la jeune femme. La période était compliquée et difficile, ce qui était tout à fait normal, étant donné les circonstances… et je ne pouvais que comprendre le sentiment de culpabilité que ressentait Abigail… Tous ces questionnements, tous ces « et si »… c’était tellement normal de s’interroger comme ça…
Je me souvenais avoir eu ce genre d’interrogations aussi... même si à 8 ans ou à 30 ans, on ne réagissait pas exactement de la même façon...

« Je comprends, tu as besoin de continuer, de te sentir utile et d’entré active... mais quand ce seront les vacances, tu vas faire comment ? » Je ne savais pas comment elle allait gérer ça, mais il fallait qu’elle puisse penser un peu à elle et ne pas s’enfermer dans des obligations professionnelles pour s’évader de ses pensées... « Abi, tu ne dois pas penser comme ça. Tu n’es pas responsable. Mais ton frère aimerait sûrement te voir avancer. »

C’était difficile de ne pas se sentir coupable, mais il fallait garder à l’esprit que l’on ne pouvait pas changer le passé.
« Faire mes deuils... ça a pris du temps, vraiment… Mais tu verras que cesser d’avancer dans le noir, regarder la situation en face, reconnaître les choses, les accepter… tout ça va te permettre un peu à la fois de retrouver l’envie d’avoir des projets… et tu pourras reprendre peu à peu le contrôle de ta vie… Mais chacun son rythme, Abi, on est tous différents et on n’a pas les mêmes besoins pour se mettre à mobiliser nos ressources… Mais il faut que tu puisses trouver un moyen de ne pas t’enfermer dans ta souffrance. C’est important. »

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Abigail MacFusty
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Mar 20 Avr - 16:59
Ce moment était pour le moins inédit puisqu'avec William nous n'avions pas pris l'habitude de nous confier. Certes, nous passions du bon temps ensemble, en tout bien tout honneur, mais jamais à parler de nos états d'âme ou de nos relations. C'était quelque chose de riche et de nouveau pour moi, même si nos deux situations divergeaient totalement, ça n'en restait pas moins intéressant. Dans le fond, n'étions-nous pas un peu tous les deux aux désarrois des aléas de nos sentiments ? Moi en les découvrant envers Thomas, et lui envers les fautes qu'il avait commises.
La conversation restait toutefois simple et en surface, et ce n'était franchement pas aujourd'hui que j'avais envie de creuser quoique ce soit. Je ne voulais ni soulever les pierres à son cœur, ni les miennes. Non pas que je ne lui fasse pas confiance, tout simplement parce qu'en ce moment je n'avais plus la force de rien. Avec les jours me rapprochant du premier août, je sentais mes forces m'abandonner petit à petit, mes barrières flancher les unes après les autres. Grâce au ciel nous n'étions encore qu'en juin, mais je savais qu'une fois juillet arrivée je n'allais plus être qu'une ombre. Un fantôme qui se trainera péniblement dans la vie, car repoussé au fond du gouffre qu'avait laissé l'absence de mon frère. C'était une fatalité et je n'y pouvais rien. Fort heureusement ma famille serait présente et non loin, mais peut-être que si je demandais davantage d'aide à mes proches, l'été pourra être un peu moins pire ? Mes pensées concordaient avec les paroles que mon mentor me confiait à ce moment, pourtant, je n'en étais pas totalement persuadée. Je me contentais donc d'un sensible haussement d'épaules peu enjoué avant de répondre.

- Je pense en effet que si ça vient naturellement c'est le mieux… et c'est bien de se laisser le temps de se découvrir oui… mais cela dit… je ne crois pas être quelqu'un d'assez intéressant pour qu'on ait envie de creuser quoique ce soit. Enfin tu vois… je n'ai pas grand-chose à dire sur moi… je suis une solitaire, ma vie est calme… il n'y a… rien à découvrir.

En prononçant ses mots, ça n'avait pas une connotation dégradante, c'était, à mes yeux, la pure vérité. J'en venais souvent à me dire que si le Blood Circle me mettait la main dessus, il serait bien déçu. J'étais sûrement la sorcière la moins intéressante de tout le continent européen. Je n'avais pas de secret, je n'étais pas en connaissance de ce qui se tramait dans les hautes sphères, je n'étais pas une sorcière particulièrement douée pour quelque chose sauf d'avoir un don ave les créatures magiques comme un moldu pourrait avoir plus d'aisance avec les animaux. Je n'étais pas douée en potion, je n'avais pas le sang bleu et même si je venais d'une longue lignée de par ma famille, nous n'étions pas des sangs purs puisque beaucoup de mes proches étaient soit des moldus, soit des sang-mêlé. Je n'avais pas non plus beaucoup voyagé et j'étais anéantie par la perte d'un frère comme le serait n'importe qui. Alors que me restait-il ? Le fait que je sois enseignante ? Bien qu'appartenant au corps professoral de Poudlard, j'ignorais ce que cogitait le directeur. Membre de l'Ordre du Phénix ? Je n'étais pas le membre le plus assidu, au contraire je me sentais bien souvent inutile. Mon animagie ? Ce serait là bien le seul point qui pourrait les intéresser chez moi.
Alors en somme, qu'aurais-je à révéler de moi à Thomas sinon rien ? Juste simplement moi, qui je suis au naturel, c’est-à-dire une femme timide, mais pleine de passion et d'entrain une fois la barrière de la gêne dépassée. Cela dit, j'ignorais si Thomas allait avoir la patience d'attendre jusque-là, après tout, il était un bon vivant lorsque moi, je préférais de loin être assise au fond de mon canapé avec une tasse de thé à la main.

Cela dit, la communication était toujours le meilleur remède, tout le moins, j'avais la naïveté de croire en ça. Alors, lorsque William obtempéra et se décida à aller parler à Elianor, j'en fus quelque peu soulagée. Je n'étais pas certaine que le problème soit résolu si aisément, surtout si la sorcière avait effectivement le caractère que le Mangemort aimait me décrire. Toutefois, il aura fait le premier pas, et dans le fond, c'était ce qui importait. Cela dit, je trouvais quelque peu ironique que moi, fébrile sorcière, je conseillais à un guerrier émérite comme William de faire quelque chose alors que moi-même avais du mal à soutenir le regard d'un élève de première année. Rapidement, je trouvais mes réflexions alors déplacées et peut-être même un peu osées, mais pourtant j'avais donné mon avis avec la meilleure bienveillance au monde. J'étais à peu près certaine que mon interlocuteur ne me tiendrait pas rigueur de ma manière peut-être un peu osée d'aborder les choses. Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais.

Alors, la conversation s'en vint sur un sujet plus glissant, plus touchant, plus difficile. Sans pouvoir retenir mes larmes, je me réfugiais dans les bras du sorcier en profitant de sa chaleur et de son corps si calme, qui par extension, apaisait le mien. Voilà les premières larmes d'une longue série qui n'allait s'arrêter que durant le mois d'août. J'étais déjà éprouvée rien que d'y penser. Tout comme ressasser l'accident. Je savais par avance que ça allait mettre mes nerfs à rudes épreuves, pourtant j'avais beau me faire violence pour ne pas tout me repasser dans la tête encore et encore, il y avait forcément un moment donné où les images venaient d'elles-mêmes sans que je puisse empêcher quoique ce soit. Ainsi, pour repousser l'échéance au maximum, je m'occupais l'esprit, et je m'évitais de dormir, puisque le repos, même assommé, m'apportait son lot de cauchemars et de souffrance. Aux diverses réflexions de l'Ombrage, je ne pouvais m'empêcher de sensiblement frissonner. Sanglots que j'essayais d'étouffer tant bien que mal qui secouaient mes épaules, je répondais d'une voix étranglée.

- Je… je pense que je vais dépérir durant les vacances… je… vais essayer de m'entourer, mais… je ne suis pas sûre…

Déjà que d'ordinaire je ne voulais imposer ma présence à personne, alors en plus en période de deuil, je devais vraiment être d'une compagnie terrible. Cela dit, j'avais osé demander à Thomas de m'accompagner quelques jours, qui sait peut-être que cela me permettrait de relativiser un tant soit peu. Ce fut une douche froide qui me tomba sur la tête alors que William prononçait ce que mon frère aurait voulu. Me voir avancer. Dans d'autres circonstances, j'aurais pu m'énerver. De quel droit pouvait-il savoir ce que Kyle aimerait ? Il ne le connaissait même pas. Moi je le connaissais, moi je savais ce qu'il désirait, moi j'étais aux secrets ! Mais voilà, je savais aussi que William n'avait pas la démarche de m'énerver, ni même de prétendre quoique ce soit. Enfin, il y avait un fond de vérité dans ses mots, et c'était peut-être ce qu'il y avait de plus douloureux. Bien sûr que Kyle aurait voulu que j'avance sans lui, il l'avait toujours désiré dans le fond. Mais j'avais été sa petite sœur, la petite fragile de la famille, la petite bizarre, celle qu'il fallait protéger, alors, il m'était toujours venu en aide. Cela dit, jamais je n'avais abusé de sa présence, ou tout le moins, j'avais évité au maximum.
Tandis que je m'accrochais un peu aux vêtements de mon mentor comme s'il était un peu ma bouée de sauvetage, j'écoutais son témoignage, non sans trembler de crainte de ce deuil. C'était pourtant la solution je le savais, mais je le refusais. Dire au revoir définitivement, je ne pouvais pas le faire, c'était hors de question même si effectivement cela me permettrait de reprendre ma vie en main. Au jour d'aujourd'hui, je ne m'en sentais absolument pas capable.

- Je ne peux pas… je ne peux pas…

Seule et unique litanie qui semblait pouvoir sortir de mes lèvres, en plus de ses larmes de mes yeux. Je restais là serrée contre William, à parler de ce sujet sensible et difficile pour nous deux jusqu'à ce que les sanglots s'apaisent et que l'esprit retrouve sensiblement son chemin. Alors, une fois ce thé chaud (un peu refroidi néanmoins) consumé, je le laissais prendre congé.
Et comme si je n'avais rien retenu de ses conseils, comme si je les avais enfermés dans une petite boite, je reprenais mon travail avec frénésie, incapable de m'arrêter. Trop apeurée.

RP terminé


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