Sely, il fallait qu’il parle à Sélénya. Un coup d’œil à l’horloge du salon lui apprit que s’il écrivait une lettre maintenant, il serait en retard pour récupérer Alcyone. Il hésita deux secondes avant de filer rapidement de chez lui, claquant la porte. Tant pis pour faire venir Sely à la maison, il faudrait qu’ils se voient directement à Poudlard, il n’aurait pas le temps de la prévenir à temps pour qu’elle se bouge le cul pour faire ses devoirs et puis la faire transplaner de nuit, ça n’était pas une bonne idée.Voilà pourquoi Poudlard, parce que là-bas, ils ne feraient rien et que même si elle restait, elle pourrait travailler -mon cul -. En attendant il allait chercher sa sœur pour qu’elle puisse rentrer sereinement. Une fois les mises en garde faites du tu n’ouvres à personne, au s’il y a un truc suspect, tu transplanes poudre de cheminette jusqu’à chez moi sans oublier le fameux tu me préviens rapidement je viendrais, Théo pu la laisser tranquille tout en étant presque rassuré.
Une fois cela fait direction Poudlard, récupérer le hibou de Sely, lui demander de passer le voir quand elle pourrait dans ses appartements de Poudlard, pas de mots doux, rien toujours dans l’optique que si quelqu’un tombe sur la lettre par un pur hasard et une poisse énorme, les deux sorciers n’aient pas de problème. Non, Théo n’était pas disposé à ce que ça se sache durant les années d’études de Sélénya pour avoir le moins de problème possible, même si en soit, rien ne l’obligeait à rester infirmier à Poudlard, il pouvait toujours donner sa lettre de démission et aller … soit à sainte Mangouste – ce qui ne l’emballait pas des masses – soit retourner chez les aurors… même s’il n’était plus sûr de pouvoir travailler avec le même partenaire… pas certain de pouvoir faire confiance à Macmillan père. Oui, malgré ce qui s’était dit, il était évident que Théo étant loin d’être complètement débile, il était évident que les tensions ne s’apaiseraient pas de sitôt, qu’il était peu motivé à se prendre un coup dans le dos et que la seule raison pour laquelle papounet Lasérian était venu, c’est parce que Sely avait démontré son caractère de cochon et qu’elle ne changerait pas d’avis.

La nuit tomba sans qu’il n’ait eu de réponse, de ce fait tout non réponse était vu comme une réponse positive, si elle n’avait pas pu venir, elle aurait prévenu. Il avait bien essayé de s’asseoir en l’attendant, voir de se coucher mais ça c’était le risque à s’endormir et il voulait une discussion et puis il n’était pas ultra tard non plus enfin selon ses propres critères. Donc il faisait un peu les cent pas, trouvant qu’elle en mettait du temps. Pas une seule seconde il ne douta qu’elle se débrouillerait à merveille, ça n’était pas la première fois qu’elle faisait le trajet et Sélénya gérait comme une pro… Donc si elle était longue c’est sûrement que ses enquiquineurs de petits camarades ne dormaient pas.

Puis, tout d’un coup, il y eut un bruit ténu, comme un courant d’air. Théo tourna la tête vers la porte d’entrée, réflexe. Très rapidement la voix de Sélénya se fit entendre et, mademoiselle tête de mule qui ne comprend pas au bout d’un an que c’est mort pour les baisers à Poudlard, vint chercher les lèvres de Théo, qui se déroba comme à chaque fois. « Sely… » Peut être un jour elle voudrait bien comprendre qu’il n’était pas friand de ce genre de dérive à Poudlard, oui, ils étaient à l’abri mais sait on jamais et s’ils commençaient à s’embrasser ici, tôt ou tard ce serait dans les couloirs, à l’infirmerie ou n’importe quel endroit où ils seraient seuls, c’était donc hors de question. En revanche il accepta qu’elle vienne se caler entre ses bras. Il eut un sourire tandis qu’elle lui demandait pourquoi elle avait reçu une lettre « Je ne peux pas t’écrire pour le simple fait d’avoir envie de voir ta frimousse ? » Il lui adressa un sourire moqueur avant de plaider coupable pour la seconde question « Ah bah une nuit sans te voir et rien ne va plus. » Oui il se moquait un petit peu.

Il l’entraîna vers la chambre, endroit qu’elle connaissait très bien pour avoir passé quelques nuits ici même si en règle générale Théo préférait la voir en dehors de Poudlard, aujourd’hui ça s’était plutôt mal goupillé. Il s’installa dans le lit parce qu’il aurait été complètement crétin de rester debout comme deux imbéciles et attendit qu’elle fasse de même pour la prendre dans les bras et lui expliquer la vraie raison de sa lettre. « Non en vrai tu as raison, je t’ai bien contacté parce que j’avais quelque chose à t’annoncer, j’ai vu ton père aujourd’hui. » Bon dis comme ça, ça pouvait ne rien vouloir dire du tout après tout dans un monde de sorciers, ils pouvaient bien se croiser sans que ça vaille le coup d’en parler. Raison pour laquelle, il compléta afin que l’imagination de Sélénya ne la fasse pas se dire des choses totalement faux « Il est venu me voir chez moi. » Une rencontre non prévue, une chance d’ailleurs que Théo ait été chez lui et non à Poudlard mais bon, il suffisait aussi de savoir qu’il avait un chat et un Occamy à nourrir et il était logique de se dire que Théo passait chez lui pour les nourrir… Pour le fait d’aller chercher sa sœur, à moins de savoir ce qu’il s’était passé avec le gros débile de Dimitrov, peu de gens pouvait vraiment savoir que Théo n dérogeait pas à sa propre règle pour vérifier que rien ne lui arrivait. « Je pense que tu as bien fait d’y aller, tu leur as rappelé qu’ils n’avaient pas deux mais trois enfants et que du coup pour avoir trois enfants, ils avaient tout intérêt à faire attention à tes besoins à toi. » et encore franchement, ils n’avaient sûrement pas connaissance de la relation de leur aînée, parce que si Théo n’était pas assez bien, ah mais il avait hâte de voir la tronche qu’ils feraient en voyant le potentiel copain de Kiara… pas nette cette fille réellement, Théo ne comprenait pas. T

Elle était sérieuse là ? Purée si au bout d’un an elle n’avait pas compris qu’il était tout bonnement hors de question qu’il l’embrasse ici, c’est que franchement, elle ne faisait aucun effort. Il se retint de l’envoyer bouler en disant que si elle voulait ne pas dormir ici parce que c’était trop dangereux, elle pouvait repartir. Sauf que se prendre la tête dès le début pour un bisou ça n’aurait pas non plus été très malin, Théo fit donc en sorte de ne pas la provoquer, se contentant de faire remarquer. « Je ne dérogerai pas à cette règle. » ça n’était pas négociable et ça ne le serait jamais, au bout d’un moment il fallait intégrer mais il notait une chose cependant, il allait devoir faire en sorte qu’ils ne se voient plus ici du tout… En même temps ce n’était pas vraiment prévu que le père de Sélénya vienne, il avait été un peu pris au dépourvu et n’avait pas beaucoup réfléchi se contentant de la contacter et de faire au plus simple.

Elle était pour le moins perspicace, bien sûr que si ça avait été simplement pour voir sa frimousse, il aurait été en mesure d’attendre. Il eut un sourire amusé avant d’admettre « Tu as raison, j’aurais attendu. » Après tout il était capable de patienter une journée ou deux, assez facilement en plus. Bien sûr qu’il plaisantait sur le fait d’être pas bien lorsqu’il passait une nuit loin d’elle. Déjà il était habitué, ça faisait un an que ça durait, ce n’est pas au bout d’un an que tout d’un coup ça l’embêterait et ensuite dormir seul n’avait jamais été totalement un problème. Il rigola cependant en entendant la demoiselle qui avait hâte de vivre avec lui, ce qui signifiait surtout avoir terminé ses études, il n’était donc pas étonnant qu’elle ait hâte « ça viendra ne t’en fais pas. » et ça chamboulerait sûrement leur vie à tout les deux en réalité, ce qui était certainement une bonne chose.

Il ne l’avait cependant pas fait venir pour parler de leur futur, ils en avaient parlé des dizaines de fois, ils savaient tout deux à quoi s’attendre. Non lui ce dont il devait lui parler c’était de son père ou plutôt de la visite de son père chez lui. Théo dû mettre un peu trop de temps à parler puisque ce fut Sélénya qui le relança en lui demandant s’il avait été correct. Oh il était normal qu’elle s’inquiète, disons que la dernière fois ça ne s’était pas ultra bien déroulé, Théo décida tout d’abord de régler le problème père incorrect « T’en fais pas, il a été correct. » Cela dit, lui aurait-il dit si ça n’avait pas été le cas, certainement que non. Non pas que ça ne la regardait pas, c’était son père bien sûr que ça la regardait mais Théo était un cachotier par nature oui c’est de famille et il avait tellement poussé Sélénya à reprendre contact avec ses parents qu’il ne se serait pas senti légitime de lui dire que ça c’était très mal passé avec son père. Il passa une main dans ses cheveux avant de souffler « De quoi veux tu qu’on aille parlé Sélénya si ce n’est de ce qu’il se passe actuellement entre toi et moi, ainsi que ce qu’il s’est passé il y a de cela quelques mois ? » Oui, il était carrément sur la défensive pour le coup, il est vrai, parce que ce moment n’avait pas été agréable à vivre et que même là lorsqu’il avait vu le père de Sélénya il n’avait pas vraiment été à l’aise. Certes il n’y avait eu aucune parole insultante mais en même temps, Théo n’était pas dupe non plus, la seule raison pour laquelle Lasérian était venu le voir, c’est parce qu’il s’était souvenu, oh miracle, qu’il avait une fille et que Sélénya n’avait pas changé en réalité au cours de ces deux ans et elle était toujours une têtue de première qui détestait qu’on lui dise quoi faire y compris dans ses relations. Après une hésitation, il reprit, le principal n’étant pas ce que lui pensait mais bien d’arranger les choses pour Sélénya peu importait les questions d’ego, il suffisait de réfléchir deux minutes pour savoir que Lasérian n’avait fait que son devoir de père en réalité « Il s’est excusé pour la dernière fois. Je pense pouvoir dire sans trop m’avancer qu’ils sont prêt à faire des efforts pour toi. Je ne pense pas que je sois réellement le bienvenue dans la famille Macmillan mais je ne suis plus forcément l’ennemi publique numéro un. » Il eut un sourire moqueur « A moins que l’on se sépare bien entendu. Là, j’aurais tout intérêt à me tirer dans un pays très éloigné d’ici. » Théo fit une pause faisant mine de réfléchir sérieusement à la question avant de lui demander « Tu n’as pas l’intention de me quitter rassure moi ? »

Après quelques minutes de réflexions où il se demandait s’il devait en dire plus au sujet de cette visite, même si en vrai il n’était pas certain qu’il y ait quelque chose de plus à dire, il décida de parler d’autres choses, ça restait en lien avec ce qu’il venait de se passer, bien entendu mais ça n’était pas centré sur lui « Je pense que le dimanche tu devrais aller faire un tour chez tes parents. » Etant donné qu’en plus Théo était régulièrement chez les siens et que depuis le fiasco Soledad avec maman Greengrass, il s’était dit que présenter Sélénya n’était clairement pas l’idée du siècle surtout si derrière il fallait expliquer que la famille de la demoiselle n’appréciait pas le copain de cette dernière, c'est-à-dire lui-même – faut suivre un peu – ça serait le risque que la mère de Théo fasse subir la même chose à Sélénya par principe ce qui n’était pas vraiment du goût de Théo. Il trouvait que proposer ce compromis au moins le temps que cela se tasse était une bonne chose. « Tu en penses quoi ? »

Ah les relations amoureuses parfois c’était une véritable galère. Ça n’était pas une question de mésentente entre eux ou encore que l’amour qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre s’effritait, certainement pas mais c’est juste que parfois, quand tout ne se passait exactement comme l’un ou l’autre le souhaitait et bien il pouvait y avoir des frictions. Rien d’insurmontable fort heureusement mais il n’empêche que la discussion ne débutait pas de la meilleure des façons et si Théo était un brin tendu, Sélénya ne le loupa pas en retour, lui rappelant les règles de bonnes conduites et au passage qu’elle avait toujours – en même temps pourquoi ne l’aurait-elle plus – son foutu caractère. Il faut quand même lui reconnaître une chose, c’est qu’autant sur le baiser, elle avait tort, autant sur le reste de la discussion, elle était parfaitement dans son droit lorsqu’elle râlait. Il fit la moue avant d’admettre “Tu as raison, laisse-moi juste un peu de temps et je t’explique tout.” Voilà qu’elle le laisse déjà faire le tri de ce qu’il disait et ce qu’il gardait pour lui, non pas qu’il veuille lui cacher des choses mais certains détails n’étaient pas non plus importants.

Il s’exprima donc de façon succincte il est vrai, donnant un résumé plutôt global de la chose. La chose à retenir étant que ça s’était bien passé et ça se serait sûrement mieux passé si Théo aurait été un peu moins stressé parce qu’au final, s’ils demandaient aux parents de Sélénya de faire un effort, c’est lui à présent qui était sur la réserve, peu décidé à faire confiance puisqu’il avait été le témoin direct de tout ce cirque et que lui aussi sa confiance avait été brisé ce jour-là. S’il plaisantait sur le fait qu’il serait en sécurité tant qu’ils ne se séparaient pas et fini par lui demander si elle avait l’intention de le quitter, réponse qu’il savait négative, la réactivité de Sélénya ne laissait pas le moindre doute à ce sujet. “Tant mieux, je suis bien avec toi.” A sa question, il fronça les sourcils, réfléchissant sérieusement à cette vision des choses et décida d’être honnête avec elle, à ce sujet “Probablement que si. Je pense qu’il a agi sous le coup de la colère avec la sensation de s’être fait entuber.” Il observa sa copine, poussant un soupir “Il y a toi aussi, certainement qu’ils songeaient que tu te raviserais et tu leur as montré que tu étais déterminée et que même dans l’hypothèse où ça serait une relation toxique, tu irais au bout de cette dernière sans te laisser influencer par tes parents. Tout ça est à prendre en compte et certainement qu’avec le recul il s’est aussi dit que je n’avais pas forcément que des mauvais côtés, que pour ce qu’il savait de moi, je n’étais pas le genre de personnes à vouloir faire souffrir les gens inutilement. Il doit s’en vouloir un peu et je ne vais pas te mentir Sely, je lui en veux aussi un peu.” Il fit la moue “C’est pas volontaire et je sais que je ne devrais pas réagir ainsi mais je t’avoue que je n’ai pas spécialement apprécié et je lui en veux un petit peu pour plusieurs raisons, déjà parce que c’est pas agréable de prendre un coup autant physiquement que moralement, mais alors de quelqu’un qu’on apprécie c’est encore moins évident. “ Il la désigna “Et toi, tu me sembles être une raison suffisante pour que je sois mécontent, on t’a pris pour une enfant, on t’a fait souffrir pour des raisons de choix que tu as fait et je n’aime pas trop ça.” En revanche il était plus que d’accord avec elle “Oui ça s’arrangera avec le temps, je ferais tout ce que je peux pour que tout se passe à merveille pour toi.”

Si pour le moment, il semblait évident pour Théo qu’il valait mieux qu’elle aille seule chez ses parents, au moins au début. Ça n’était pas vraiment pour plaire à mademoiselle Macmillan. Il la regarda comme si elle lui demandait l’impossible. Ce qui dû se voir puisqu’elle enchaina en précisant qu’ils ne risquaient pas de s’habituer si elle y allait sans lui. Il caressa doucement son bras pour lui montrer son soutien et son affection. Ça n’était pas parce qu’il n’assumait pas son  couple qu’il ne voulait pas y aller. Et bien sûr qu’elle avait raison sur le fait que passer les dimanche chacun chez ses parents – ou chez la sœur mais là Sely peut venir hein – et bien ça n’était pas l’idéal et pourtant… Théo faisait la moue. « Sely, je t’aime beaucoup, je veux finir ma vie avec toi mais je t’avoue que pour le moment il me paraît compliqué d’aller chez tes parents. J’ai parfaitement conscience que ça ne fait pas très couple de se séparer mais pour le moment, je ne me vois pas allez chez tes parents. » Pas plus qu’il ne la voyait venir chez les siens d’ailleurs. « Cela fait plusieurs mois qu’on ne leur a pas parlé… ou plutôt que tu ne leur as pas parlé. Je pense qu’il vaudrait mieux que pendant le mois qui vient tu ailles seule là bas. » Sauf que ça c’était son avis à lui parce qu’il n’était pas rassuré mais ils étaient deux et elle avait son mot à dire « Sauf si tu penses que j’ai tort et qu’il vaut mieux que je vienne avec toi ? » Après tout, c’était ses parents, c’était à elle de choisir puisqu’il choisissait pour ses parents… ce qu’il savait très bien, déplaisait fortement à Sélénya qui devait avoir très envie de rencontrer ses beaux-parents… ah il pressentait que ça allait être un grand moment. Pour en revenir au sujet repas chez les Macmillan, il marmonna de très mauvaise foi « Quoi que peut être que si le copain, c’est  son copain d’ailleurs ? de ta sœur égorgeait l’oiseau de tes parents juste avant qu’on arrive, là ça se passerait sûrement très bien. » Ah non mais rien que de songer à ça, il imagina pendant trois secondes devoir supporter un repas de famille avec… Ah bordel, une vision cauchemardesque.  Mais bon, il savait que de toute façon, à moins de vouloir faire de la peine à Sely, il n’aurait pas d’autres choix que de venir et que gratter du temps, ça n’était pas forcément la meilleure idée qu’il avait mais c’est ce qui lui paraissait, en cet instant, le plus facile à faire et celui où ils se prendraient le moins la tête.

Ainsi, elle était bien avec lui de son côté. Est-ce que c’était réellement étonnant ? Non, elle ne serait pas là si elle n’était pas bien avec lui ou alors c’était la fille la plus étrange qu’il ait jamais rencontré. Non on ne pouvait pas dire que leur relation était en danger à ce sujet, ils s’entendaient bien, avaient conscience que tout ne se déroulait pas spécialement bien mais eux deux ça allait. Enfin aujourd’hui, il n'était pas question de leur couple en lui-même, enfin c’était comme un fil conducteur mais cela s’arrêtait là. Il s’agissait plutôt de la famille de la demoiselle. Et si Théo avait tendance à penser par moment qu’ils étaient quand même sacrément chiant, il se souvenait fort bien qu’il n’avait pas parlé de Sélénya aux siens et que ça n’allait pas non plus être un moment de joie, il le savait déjà. Différence d’âge ou non, leurs familles respectives étaient par moment franchement détestables pour le couple. Il s’exprimait donc quant à la visite du père de Sélénya à la maison. Si les visites des Macmillan avaient toujours été fort bien accueilli par le sorcier, en ce moment excepté sa copine et la sœur de cette dernière – encore que vu les fréquentations de Kiara, Théo n’était pas certain de l’adorer- les autres n’étaient ni attendus, ni franchement désirés. Il reconnut même qu’il avait quelques griefs envers le père de Sélénya. Cependant, s’il lui en voulait, il était prêt à faire des efforts pour Sélénya, il éprouvait de réels sentiments pour elle et même indirectement, il ne voulait pas être cause, une fois de plus de sa tristesse.

La réponse de Sélénya eut le mérite de le faire rire. Il ne s’attendait pas vraiment à ça et elle avait le chic pour le prendre au dépourvu. « Tu m’en vois désolé, la prochaine fois, promis on se voit à la maison, pas ici… ou alors tu veux que j’arrête de dire des choses adorables ? C’est toi qui choisi, je crois que je suis très doué pour embêter ma copine aussi. » Ah ça, l’embêter, la vexer aussi, parfois Théo ça n’était pas vraiment un cadeau. Aussi rapidement que ce moment plein d’humour eut lieu, Sélénya redevint sérieuse. C’était ça qui était magique avec elle, c’est cette aisance avec laquelle elle arrivait à mélanger humour et sérieux. Il savait bien que c’était normal qu’il lui en veuille et certainement que si ça n’avait pas été le père de Sélénya, la moindre personne le touchant se serait retrouvé au sol en moins de deux secondes et aurait pris un coup aussi. Mais voilà, c’était le père de Sélénya avant toute chose et elle n’aurait sûrement pas apprécié cela, aurait eu des griefs et ça n’était pas le but de Théo que sa copine lui en veuille. Il y a certaines fois où il valait mieux ne rien faire. « Tu sais que le fait que tu sois sa fille a joué tout de même ? » Son ego le prendrait pas spécialement bien qu’elle s’imagine qu’il se faisait dégommer, oui même par son père. Il avait bien conscience que souvent les filles voyaient leur père comme le plus grand, le plus fort tout ça tout ça. Petite aparté pour dire qu’Alcyone, elle dès le départ elle avait compris que c’était une illusion, fin de l’aparté. Mais Théo tenait à rétablir la vérité, non il ne se faisait pas coucher par le père de Sélénya, c’est juste qu’il avait laissé faire par respect… et un peu parce que s’il se défendait ça aurait pu être vite dangereux et aussi, il faut l’admettre, qu’il avait été pris au dépourvu.

Au moins, il pouvait se rassurer, sa copine semblait comprendre qu’il ne l’ait pas vraiment bien pris. Pour le reste par contre, elle avait de l’espoir. Non pas qu’il ne la trouvait pas intelligente, ça c’était vraiment faux mais il savait aussi qu’elle n’aurait rien voulu savoir, qu’elle était amoureuse et qu’elle ne se serait rendu compte de rien. Il lui lança un regard plein de compassion en entendant dire qu’à la base elle aurait dû leur faire confiance, c’est juste qu’ils avaient mal réagi. « Je ne juge pas entièrement, je crois que je peux presque comprendre. » Presque parce que lui il la voyait pratiquement tous les jours, qu’il se rendait bien compte qu’il y avait eu un changement énorme depuis qu’elle était avec lui et bien sûr que c’était aussi dû au fait qu’il la touchait pour faire l’amour, bien entendu qu’il y avait de cela. Oui, elle n’avait pas tenue tête parce qu’elle était têtue et dans une période de rébellion, ce n’est pas ce qu’il avait voulu dire, enfin aussi mais ça n’était pas le principal. Il n’eut pas le temps d’argumenté qu’elle lui déclara une chose trop mignonne qui eut raison de tout propos qu’il aurait voulu lui dire, il se contenta donc d’un tendre « Moi aussi »

Après quelques propos, tout à fait sérieux, Théo fit de l’humour. Ce qui eut pour résultat de faire lever au ciel les yeux de Sélénya. C’est fou, elle savait exactement de qui il parlait hein. Déjà première bonne nouvelle, ça n’était pas son copain « Kiara serait-elle sensée ? » Oui c’était petit mais en même temps on parlait de Kiara hein, la fille elle faisait des études de médicomagie, ce qui prouvait qu’elle en avait dans la caboche mais alors là franchement, niveau fréquentation il y avait du level. « Quelle bonne idée, on fera des paris pour savoir combien de temps tes parents tiennent avant de craquer parce qu’il se comportera mal. Comme quoi tu vois quand on disait à ta sœur de choisir un vieux pas franchement gentil, elle a pris au mot et a décidé de faire pire. » Si si c’était possible, il n’aurait jamais cru.
Alors faire l’effort de venir, que l’on s’entende, pas une seule seconde il n’envisageait de participer à un repas de famille où il y aurait l’autre barge dans la pièce. Ah non, c’est bon autant Dimka était un Dimitrov adorable, Théo était ravi de l’avoir dans la famille, autant son frère pas du tout.  Sélénya devait s’en douter puisqu’elle parlait uniquement du sujet sérieux. Il la dévisagea tandis qu’elle lui avouait avoir pensé être séparé à chaque repas de famille. « Oui alors Sélénya, si nous faisions ça tu serais une amante, alors je ne dis pas le côté couchons ensemble des amants me conviendrait mais ça s’arrête là, bien sûr que je veux aller chez tes parents. » Il eut un petit moment de crispation avant d’admettre « et chez les miens même si je sens que ça va être la même galère qu’avec tes parents. » Heureusement qu’ils n’avaient pas fait ça en même temps, ça aurait été un raz de marée pour le moral des deux. « Je viendrais avec toi ne t’en fais pas. » Oui ces dimanches n’étaient pas assez chargés entre ses parents et sa soeurette, il fallait rajouter les parents de la copine, tout va bien.

A son je t’aime, il la détesta, parce qu’il est vrai que lui aussi fut tenté par l’embrasser et qu’il eut un léger grognement de frustration en écartant son visage à quelques millimètres de ses lèvres. Et puis la seconde phrase n’aida en rien et pourtant c’est plein d’humour qu’il répondit « Je n’en attendais pas moins de toi. C’est un peu le but que tu viennes vivre avec moi cet été d’ailleurs. » Ils seraient fixés aussi, est ce qu’ils se supportaient sur le long terme ou est ce que ça allait péter ? Il regarda sa copine, persuadé que tout irait bien et qu’au contraire, le retour à Poudlard serait compliqué.

Certes, ça ne se faisait normalement pas d’embêter sa copine. Néanmoins, Théo lui adressa un regard tout sauf attristé suite à ses paroles avant de répondre « Alors tu vois, je pense pouvoir dire sans me tromper que nous nous connaissons depuis des années, que tu as une très bonne mémoire et donc qu’avant même d’être ma copine et de devoir me supporter en tant que copain, tu savais très bien que j’aimais t’embêter. Donc que ça ne te pose pas tant de problème que ça. Je vais donc continuer. » Il avait beau avoir essayé d’être sérieux, il rigolait lorsqu’il rajouta « Ne me remercie pas, c’est cadeau. » Il n’empêche que la prochaine fois, il valait mieux se voir en dehors de Poudlard, ça éviterait des débuts de tensions tout bête, parce que ça n’était pas le but.

La discussion, ça n’était pas vraiment une discussion agréable, il n’y avait pas de mots désagréables, ça ne ressemblait pas à une dispute et pour cause ça n’en était pas une. Il n’empêche que c’était forcément des remises en question, de soi, des autres aussi et des efforts à faire. Pas uniquement pour Théo d’ailleurs, non parce qu’il se rendait bien compte que tout le monde allait devoir en faire sauf Sélénya en fait parce qu’elle n’avait pas grand-chose à se reprocher, il était naturel qu’elle veuille être entourée des gens qu’elle aime. Et pourtant, si elle n’avait rien à se reprocher, ce fut elle qui s’excusa sous le regard un peu étonné de Théo « Tu es désolée de quoi Sely au juste ? » Il ne lui laissa pas vraiment le temps de répondre, préférant lui dire ce qu’il pensait avant qu’elle ne lui fasse une liste longue comme le bras de trucs complètement tordu. « Parce que ce que moi j’ai vu, c’est une fille qui ne se plaignait pas, qui avait conscience que la situation était merdique mais qui ne se plaignait pas. Qui a eu des moments de blues, mais c’est normal, parce qu’elle n’avait pas sa famille au complet. Tu es désolé parce que tes parents ne comprennent pas tout ? Tu n’es pas responsable d’eux. De la même façon que tu fais tes choix, ils font les leurs et je fais les miens et on ne va pas s’en vouloir toute notre vie de s’aimer si ? » Pour une fois que c’est lui qui poussait son couple, ça c’était un jour à marquer d’une pierre blanche.

Pour ce qui était de considérer les gens comme des bébés qui ne grandissaient pas, Théo n’avait rien à dire, il s’était d’ailleurs un peu râclé la gorge puisque ces mots pouvaient carrément lui être adressé, étant donné qu’il couvait sa sœur et qu’à ses yeux, oui elle était un bébé.  Alors, bien sûr, il en avait déjà parlé avec Sélénya et oui, il est vrai qu’il n’aurait pas entièrement réagi comme les parents de Sélénya mais c’était ultra simple de se dire ça sans le vivre. Sa sœur avait trouvé un garçon de son âge presque parfait, si on oubliait qu’il avait une famille laisse tomber tellement c’est de la merde, donc en soi Théo ne pouvait rien dire parce qu’il n’avait rien à dire. Sans oublier le fait qu’étant donné que lui sortait avec une fille bien plus jeune, ah ça aurait été compliqué de critiquer les choix d’Alcyone alors que de son côté il n’était pas mieux. « Ils auraient pu, mais ils ont vu leur petite fille, ils ont cru que tu étais en danger c’était foutu. Je ne peux pas leur jeter la pierre, je suis pareil avec ma sœur. » En un peu moins virulent parce que se mettre à dos sa sœur n’emballait pas vraiment Théo – c’est fou hein -.

En revanche, il y a quelqu’un qui en avait visiblement rien à faire de se mettre Théo à dos, c’était Kiara. Non mais alors elle, Théo n’aurait sûrement pas assez d’une vie pour comprendre ce qui lui passait par la tête. Elle le savait pourtant que le type avec qui elle traînait n’était pas recommandable. La vraie question était d’ailleurs à quel point se détestait elle pour supporter Grigori. Alors oui, tout pareil que Sélénya, il aimait beaucoup Kiara pour n’avoir pas jugé mais de là dire félicitation à sa pseudo romance qui n’en était pas une d’après Sélénya, donc de l’amitié… Elle était amie avec un type qui haïssait les filles et qui les demandait en mariage sans même les connaître. Enfin, un peu de jugeotte tout de même, c’est après un bref soupir que Théo rétorqua « Non mais personne ne peut comprendre. Je suis sûre que même elle ne comprend pas ou alors elle est forcée physiquement ? » Il ne voyait que ça, une emprise physique et des menaces. Peut être qu’il devrait jeter un coup d’œil là-dessus pour vérifier qu’il se trompait et qu’elle était juste folle… qu’est ce qui était le pire d’ailleurs, il se le demandait. Pour les avoir pris aux mots les deux amoureux, on pouvait dire qu’elle n’avait pas lésiné sur les efforts « Tu crois qu’on devrait lui dire qu’on plaisantait. »

Ils revinrent aux parents et Théo rappela que sa famille n’était pas non plus un exemple. Ah non mais si elle ne le croyait pas, qu’elle demande à Soledad ce qu’elle pensait de la mère de Théo, ça ne serait sûrement pas des propos adorables. Il s’étrangla néanmoins en entendant les propos de sa petite amie, ne s’attendant pas vraiment à ça. « Oulah, il n’a pas intérêt, je défendrais ton honneur. » Il lui fit un sourire, même sans parler d’honneur, il ne laisserait certainement pas son père emmerder Sélénya. D’ailleurs s’il était sincère deux secondes, ce n’était pas son père qui poserait problème… Sélénya étant sang pure, il trouverait l’idée bonne et ça s’arrêtait là… Non le problème c’était comme Soledad l’avait si bien souligné il y a des mois, qu’aucune fille ne serait assez bien pour Théo aux yeux de sa mère. Ce qui est dommage parce que Théo trouvait Sely parfaite pour lui.

Elle marquait un point lorsqu’elle donnait ses espérances, lui aussi voulait que ça dure plus d’un été. Il était tout à fait d’accord avec elle, il voulait vieillir à ses côtés, sans problème. Pour les créatures, bon déjà, un peu moins, une multitude ça faisait beaucoup et Théo ne se voyait pas non plus faire un zoo chez lui. Il avait déjà vécu avec un père qui adorait ses Occamys, alors surtout parce que ça permettait de se faire du fric mais il n’empêche qu’il les aimait et que c’était chiant à vivre, alors refaire la même chose chez lui, très peu pour Théo. Certainement qu’il aurait relevé ça s’il n’y avait pas eu la suite. Il resta à cligner des yeux pendant un bon moment, abasourdi. Des petits enfants ? Elle avait bien dit des petits enfants ? Non ça n’était pas possible ça, il n’avait pas bien entendu voilà tout. Sa gorge s’assécha, bien sûr que si, elle voulait des enfants… Il ne s’était jamais vraiment posé la question de ce qu’elle voulait parce qu’il était évident que lui n’en voulait pas. Et le fait qu’elle s’imagine avoir des petits enfants était déroutant. « Sélénya, je ne veux pas d’enfants. » Il n’y avait pas trente six manières de dire, les choses, il n’allait pas tourner autour du pot ni rien, il lui annonçait qu’il n’en voulait pas, comme ça elle savait. Y avait il autre chose à rajouter… sûrement que non.

« Je suis toujours gentil avec ma copine. » S’il la cherchait régulièrement, ça n’était pas pour autant qu’il était désagréable avec elle, en tout cas ce n’était pas l’effet recherché. Il voulait cependant bien faire des efforts pour elle et la chercher un peu moins, même si c’est certain que le naturel reviendrait rapidement au galop et qu’il la chercherait un peu. Pourtant, il pouvait certainement s’avérer sympathique, preuve en est, lorsqu’il s’agissait de lui démontrer qu’elle n’avait pas à être désolée de quoi que ce soit, enfin elle avait le droit bien entendu d’être désolée mais pas quand il s’agissait des problèmes qu’avait Théo et Sélénya parce qu’il ne fallait pas oublier qu’elle était la première à ne pas avoir bien vécu les choses donc il ne voulait pas qu’elle culpabilise à ce sujet. Ils s’étaient mis d’accord non, ils ne faisaient rien de mal, enfin si certainement pour un regard extérieur, ils faisaient n’importe quoi mais eux savaient ce qu’il en était et il ne voulait pas qu’elle passe sa vie à être désolée. Oh bien sûr il y aurait des moments de haut et de bas, bien entendu mais ils savaient ce qu’ils voulaient, être ensemble, sinon ils n’en auraient pas parlé aux parents de la demoiselle.

Après, il valait mieux ne pas s’appesantir outre mesure sur cette discussion enfin, rien était réglé mais discuter de cela pendant vingt ans ne ferait que plomber un peu plus le moral de Sélénya et ça n’était pas le but. Enfin après est ce que parler de la sœur de cette dernière et de cette soudaine affection pour les causes perdues étaient une bonne idée, pas sûr. Non mais après Kiara elle en tenait une couche, franchement si elle aimait les causes perdues, ils pouvaient lui trouver un machin tout droit sorti d’un refuge qui grognerait sur tout ce qui bouge, Théo jugerait beaucoup moins. Oh et puis qu’on dise pas juger c’est mal, vu la personne qu’elle fréquentait, c’était  impossible de ne pas juger.  A moins qu’il la contraigne physiquement et mentalement, ce dont il essaya de se rassurer – même si ça serait pas très rassurant en vrai – auprès de Sélénya qui décida de réduire ses espoirs un peu malsain c’est vrai, à néant. « Je suis consterné, ça te viendrait à l’idée toi de fréquenter le type qui a demandé ta sœur en mariage ? » Il lui fit un sourire « Je te rassure, ça n’est pas arrivé, je sais très bien de quelle Macmillan je suis amoureux. » et avec laquelle il était partant pour le mariage mais ça il n’avait pas spécialement envie de le dire à voix haute, non pas qu’il trouvait que ça soit une bonne idée, juste que ça n’était pas forcément le moment. Non le truc c’est qu’il cherchait un truc rationnel à quelque chose qu’il savait pourtant irrationnel, terminant la discussion sur le fait qu’ils devraient peut-être dire à la l’ainée de Sélénya qu’ils plaisantaient lorsqu’il lui avait décrit le mec imparfait… d’ailleurs qui aux yeux de Théo était moins imparfait que le type qu’elle fréquentait actuellement mais il semblerait que ça soit un détail.

Ce qui n’était pas un détail en revanche, ce serait les problèmes que poserait la famille Greengrass, d’accord pas la famille, uniquement les parents, voire uniquement la mère de Théo mais bon étant donné que c’était la personne importante pour Théo dans la famille -outre Alcyone bien entendu – et bien c’était vite problématique. Si Sélénya plaisantait sur le fait que le père du jeune homme puisse lui mettre un coup, Théo décida quand même de préciser qu’il n’avait pas intérêt. Non mais personne ne taperait sa copine, c’est quoi ça. Il eut un sourire en entendant la réponse de sa copine et la laissa se blottir contre lui « ça n’arrivera pas je te le promets. » qu’elle ne se mette pas la pression sur ça, autant que ça se passe mal, c’était probable, autant qu’elle se fasse frapper, non il ne voyait pas son père faire cela, ni même sa mère d’ailleurs. Comment ils en vinrent à parler enfants ? Théo n’en avait pas la moindre idée et très franchement s’il avait su que la conversation les mènerait à ça, il se serait abstenu de l’ouvrir. C’était ce genre de conversation qu’il n’aimait pas parce qu’il ne savait pas comment réagir au juste, il se bloquait directement, pour le coup. Non, il ne voulait pas d’enfant. Il se rendit bien compte que Sélénya eut un moment d’absence, un peu comme lui une minute avant démontrant au passage qu’ils avaient une vision totalement différente de la chose, ce qui était un problème pour le coup. Il se rendait compte qu’il la blessait mais … pas facile de gérer cette situation, il était perplexe.

Le silence enveloppa quelques instants la question ou plutôt les questions de la demoiselle Macmillan. S’il comprenait le point de vue de Sélénya, il ne pouvait accéder à sa requête. « Je peux comprendre que ça soit un peu déstabilisant et que probablement que nous aurions dû aborder ce sujet bien avant. » avant quoi bonne question puisque du point de vue de Théo, ça n’aurait rien changé. « Ce n’est pas une décision prise sur un coup de tête ou par pur égoïsme. Ce n’est pas non plus une crainte de ne pas être à la hauteur comme père. » Non ça serait hypocrite de prétendre cela alors qu’il y avait eu parfois une frontière très peu définissable entre son rôle de frère et le rôle de père qu’il avait pu jouer pour sa sœur. Non ça n’était pas cette angoisse de ne pas être capable d’assumer ce rôle. « Je vis dans un monde en crise, nous sommes en guerre contre des non sorciers et même si ça s’arrête demain par chance, il y aura une autre bataille et encore une autre parfois pour de la pureté de sang, parfois pour des divergences politiques, qu’importe. Je refuse de mettre au monde un enfant si c’est pour vivre dans la crainte non pas qu’il soit en échec scolaire mais qu’on prenne sa vie. Cette crainte je la vis déjà perpétuellement avec Alcyone, je ne veux pas le vivre pour quelqu’un d’autres. Je suis désolé Sélénya mais c’est un sacrifice que je ne peux pas faire, tu as vu ton père, sa vie s’est mise en suspens tout le temps que tu as été enfermé et ça peu importe qu’il ait un ou plusieurs enfants, ça n’a eu aucun impact, il ne s’est pas raccroché aux autres enfants. Et là ça s’est bien fini, tu es là. Combien de parents n’ont pas eu ce bonheur de retrouver leurs enfants. Je ne veux pas vivre cela. » Il comprenait qu’elle soit déçue et craignait un peu la suite, c’est pourquoi il demanda « ça change quelque chose pour nous deux? »

Est-ce que dans certains cas de figures, à savoir un reproche qu’il ne percevait d’ailleurs pas comme parfaitement sérieux, il n’était pas autorisé de faire la sourde oreille ? Bien entendu que si. Il l’embêtait si peu en plus. Le sujet de conversation aujourd’hui était vraisemblablement axé sur les Macmillan, le père en premier lieu puis ensuite, ça avait un peu dévié sur la sœur. Au moins, Théo était rassuré d’apprendre que sa copine ne comprenait pas plus que lui quelle bête avait piqué Kiara pour qu’elle ait si peu de jugeotte en matière de fréquentation masculine. Après les parents pouvaient parler de Théo mais alors elle, c’était une championne toute catégorie. Il précisa, même si Sélénya était parfaitement au courant, qu’il n’avait pas demandé en mariage Kiara avant de fréquenter Sélénya.  Elle était rassurée, il lui jeta un regard amusé, tu parles qu’elle avait l’air inquiète avant ça. Il hocha la tête en l’entendant dire que le plus important c’est que l’un comme l’autre sache de qui il était amoureux. Pour le coup, ça n’était pas ultra dur de s’en souvenir et tant mieux quelque part, au moins ils savaient pourquoi ils voulaient vivre leur histoire et que personne n’arriverait à les détourner l’un de l’autre, pas après tout ce temps. Même si elle plaisantait sur le fait qu’au moins le père de Théo ne taperait pas Sélénya, il précisa que si ça arrivait, il la défendrait. Personne n’avait le droit de toucher à sa copine sous prétexte qu’elle ne convenait pas à des idées que de toute façon, il ne partageait et quand bien même ça aurait été sa manière de penser, s’il était avec c’est qu’il l’aimait, qu’elle acceptait ce qu’il était et c’était amplement suffisant. Il la laissa se blottir contre lui, refermant ses bras sur elle, savourant cette proximité.

La situation dérapa sans que ça ne soit attendu. Une surprise, loin d’être agréable, ni pour l’un, ni pour l’autre mais ça ne laissait pas un Théo sans voix. Ce sujet, il le connaissait, son avis sur la question était fait depuis bien longtemps et il savait l’exprimer. De toute façon, partant du principe que Sélénya, il comptait passer sa vie avec elle, c’était une conversation qu’il devait avoir avec elle, il l’avait toujours su. Pour lui démontrer que c’était vraiment pas quelque chose à prendre à la légère, il lui parlait de quelque chose qu’elle avait vécu elle personnellement, ou presque. Ça concernait sa famille, c’était donc quelque chose proche d’elle et à partir de là, elle ne pouvait que constater que c’était la meilleure solution pour souffrir le moins possible.
Il n’était pas habitué aux silences de Sélénya, c’était donc qu’elle était réellement affectée. A quel point ? Assez pour qu’elle remette tout en cause ? Il n’avait pas du tout envie de faire une croix sur elle. Sur la multitude de sujets qui pouvaient les mettre en froid. Il n’aurait jamais cru que le sujet enfant pourrait la rendre silencieuse. Il finit par poser la question et elle mit encore un temps avant de prendre la parole. Bien sûr qu’elle n’avait jamais réfléchi à la question, peu de gens réfléchissaient à ça mais souvent ils apprenaient aussi bien trop tard la douleur que ça provoquait de perdre un être cher. Théo avait eu la chance et la malchance à la fois d’être le témoin par deux fois de ce genre de douleurs, une première fois lorsqu’il était jeune très jeune et une seconde fois bien plus tard.

Il entendait ses arguments, bien entendu qu’il les entendait et que pour peu qu’elle veuille des enfants, il y aurait forcément un déçu. Il entendait aussi ses interrogations mais elle répondait elle-même à ses propres questions, ayant parfaitement saisi qu’il n’y aurait pas de retour arrière de son côté. Il n’en voulait pas et il n’en aurait pas. Oui, il savait qu’il y avait déjà eu des guerres et qu’il y en aurait toujours et que ça ne changerait pas la face de l’humanité de faire un enfant. Preuve en est, bon nombre de gens avaient envie de faire des enfants malgré tout. Il l’observa intrigué à sa question, est ce qu’il trouvait ça égoïste d’en vouloir. « Absolument pas, chacun est libre de faire ce qu’il veut. » Bon pas tout le monde, il est vrai, s’ils restaient ensemble, ce qu’il espérait bien, elle ne faisait pas ce qu’elle voulait, elle subirait un peu mais bon, ils n’avaient pas besoin d’enfants pour être heureux, ils seraient ensemble, c’est tout ce qui comptait. « Le problème, ça n’est pas ce que les gens veulent, c’est moi qui n’en veut pas, moi qui suis terrifié à l’idée d’avoir un enfant et de craindre pour sa vie perpétuellement. Je ne me sens capable, c’est pas une vie. » et elle ne s’en rendait pas forcément compte mais pour elle aussi ce serait invivable, parce qu’il serait tendu continuellement, il n’avait aucun doute sur le fait qu’il serait le genre de personne incapable d’être tranquille si son enfant n’était pas dans son champ de vision, ce serait invivable pour lui déjà, certes mais pour Sélénya aussi qui serait obligée de composer avec.

Pour ce qui était de leur futur, si un jour elle décidait qu’elle avait envie d’un enfant. Comment réagirait-il lui ? Elle avait peur qu’il la foute à la porte ? Elle n’avait pas vraiment confiance en lui. Il attrapa le menton de la demoiselle pour lui remonter la tête et la regarder dans les yeux « Tu crois pas que ça serait hyper malvenu de ma part de te mettre à la porte parce que tes idées diffèrent des miennes ? Tu es ma copine, dans le futur tu seras toujours ma copine, peu importe que nos idées diffèrent. Je ne te demande pas de partager ma façon de voir le monde Sélénya. Tu as le droit d’en vouloir, tu as le droit d’avoir ton propre avis sur la question. Mais il faut que tu saches que si tu as envie de fonder une famille, ça ne sera pas avec moi. J’en suis incapable, je suis désolé Sélénya mais je ne peux pas aller contre mes convictions. » Rien que l’idée en réalité, ça le terrifiait. Cependant, il comprenait bien que leur relation avait une échéance de fin tout d’un coup, qu’un jour viendrait où leurs objectifs différents et que si c’était trop dur à vivre pour l’un, ou pour l’autre, ils seraient bien obligés de faire une croix sur leur couple. Posant son front contre le sien, il murmura « Je suis sincèrement désolé Sely. » D’ici là, ils devaient profiter tout deux de la présence de l’autre.