Alors que je brandis fière comme un paon les premiers résultats de mes examens et les montre à mes parents, ma mère scrute chacune des lignes et énonce à voix haute toutes les notes tandis que mon père effectue des pirouettes de félicitations à chacune d’elles. Cela en est presque ridicule mais je les laisse faire tant je vois que cela leur procure de la joie. Il faut dire que mon cas était presque désespéré après deux ans d’errance et une véritable hésitation dans le choix de mon orientation. Après Poudlard, j’étais paumée. J’ai choisi d’aller en Droits Magiques parce qu’on me l’a conseillé. Mais il faut le dire, cela a été une catastrophe monumentale et il m’en a fallu du temps, des petits boulots et de nombreux stages pour trouver ma voie. La protection magique, en voilà un choix formidable. Je ne comprends même pas qu’il ne me soit pas apparu plus tôt comme étant LE CHOIX le plus sensé et le plus rationnel car maintenant que je suis dans cette filière, cela me paraît tellement évident. J’imagine qu’il me fallait quelques mois d’égarement pour en arriver à cette conclusion et lorsque je vois mes résultats, je ne peux qu’être gonflée d’orgueil. Ce ne sont que les résultats du premier semestre, mais cela m’autorise à croire que je pourrais réussir. Les encouragements du jury sont également une immense fierté. Il faut dire que j’avais tellement eu peur de me prendre une énorme claque en pleine figure. Alors voir ces appréciations élogieuses sur mon bulletin… On toque à la porte et sans que mes parents ne daignent aller ouvrir, une de mes cousines pénètre dans la maison sans s’annoncer ni attendre qu’on vienne l’ouvrir. « FELICITATIOOOOOOOOOOONS ! » Julia me saute dans les bras et j’accueille son étreinte avec grand plaisir. Mes parents la saluent et retournent dans la cuisine préparer le repas et elle me regarde avec ces yeux qui ne laissent présager rien de bon. « NON NON NON, c’est hors de question. J’ai cours demain. » Je connais ce regard et je la connais, je sais ce que ça veut dire et je m’y refuse. Je ne vais pas gâcher tout ce travail et ces encouragements en sortant dès le premier soir. « MAIS pourquoiiiiiiiii ? Promis, on rentre tôt. » Je dodeline de la tête en disant non : « Tu sais bien qu’on ne sait pas rentrer tôt. On ne va pas sortir un soir de semaine, c’est hors de question ! » dis-je, avec la volonté farouche de m’y tenir.

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Je monte sur le podium au milieu de la piste de danse. Ok je suis faible, et alors ? Ok je n’ai aucune volonté, et alors ? J’ai déjà bu de nombreux verres de cocktail et je commence déjà à avoir la tête qui tourne. La preuve, le fait que je vienne de grimper sur l’espèce d’estrade et commence à chanter avec mes cousines la nouvelle chanson de Dua Lipa : « All night, I'll riot with you. » je chante, tout en tournant autour d’un des poledance. Ma main accrochée à celui-ci, je tourne et chavire, mon verre toujours à la main en m’égosillant : « I know you got my back and you know I got you, so come on, come on, come on ! » Les filles me rejoignent et trinquent avec moi comme elles le font toutes les cinq minutes depuis que nous sommes entrées dans cet bar dansant. Qu’est-ce que je les aime… Je jette un coup d’œil au bar où je vois l’un de mes cousins se resservir joyeusement et je me réjouis d’avoir la chance d’incroyable d’avoir une famille sur qui compter. J’ai grandi dans cette ambiance plus que conviviale où l’on s'enchante d’un rien et où l’on reste uni. Julia attire mon regard vers elle et mes pensées sont de nouveau sur la piste de danse. « Baby, keeeep on danciiiiiiing ! » hurlons-nous comme des folles tandis que je termine mon verre. Dois-je en commander un nouveau ? Il est déjà deux heures et je n’ai pas envie de me coucher trop tard car j’ai cours à neuf heures demain matin mais je sens que c’est mal parti. Une fois que je commence à boire, il m’est difficile d’arrêter. Toutefois, ce soir, je suis heureuse, je me sens libre, je reste consciente de tout ce qu’il se passe et je me sens bien. Alors mes yeux se tournent à nouveau vers le bar et je cherche mon cousin du regard sans le trouver ; sans doute a-t-il décidé d’aller se griller une cigarette à l’extérieur comme il en a souvent l’habitude. La place qu’il a laissée n’est plus vide et je croise le regard d’un autre homme, plus âgé que moi de quelques années à ce que je vois et je continue de danser tout en le regardant. Je souris tandis qu’il continue de me scruter avec attention. J’ai l’habitude qu’on me regarde ainsi, je sais que je suis désirable et que je plais, ça ne m’a jamais posé problème de m’amuser quand il le faut. Je descends avec une grâce insoupçonnée du podium alors que j’ai clairement 2 grammes dans le sang et je m’avance vers le bar pour recommander un verre. Je me glisse aux côtés de l’homme sans lui adresser un seul coup d'œil. Je pose mon verre vide sur le bar et dis au serveur : « Un blue lagoon s’il vous plaît. » Et tandis que le barman me sert le cocktail bleu, empreint du curaso et de vodka, je me tourne vers l’homme et lui dis d’un air amusé : « Bonsoir. » Je sirote mon cocktail et le dévisage pour la première fois. Putain qu’il est beau. Souvent, quand j'ai bu, j'ai pas les yeux en face des trous et je vois pas très bien de loin : donc quand je m'approche, je pense souvent beau de loin mais loin d’être beau mais cela ne semble pas s’appliquer à cet homme. « Je m’appelle Kayla. » On va pas faire genre on est au collège et on va passer directement aux présentations, on gagnera du temps.

Je me maudis de ma propre faiblesse tandis que je me déhanche sur la piste de danse. Franchement, je ne suis jamais la dernière pour sortir et ma cousine savait très bien ce qu’elle faisait en venant directement chez mes parents pour me le proposer. Par texto, j’aurai facilement pu refuser mais lorsqu’elle m’a regardé avec ses yeux de merlan frit, franchement, qui aurait pu résister ? J’adore faire la fête depuis que j’ai l’âge d’aller dans un bar, ça commence à faire quelques années maintenant. Même à Poudlard, je n’étais pas la dernière pour faire la bringue et picoler dans la salle commune des Gryffondor, j’ai même fait perdre des points à ma maison pour avoir organiser une fiesta non autorisée, alalala, les profs et leurs besoins irrépressibles de nous emmerder… Tout ça pour dire que je n’en suis pas à ma première soirée et en plus de ça, j’adore vraiment danser. C’est presque une seconde nature chez moi, dès que j’entends la moindre musique légèrement entraînante, je ne peux m’en empêcher et cela peut durer toute la nuit.

Malheureusement pour moi, la danse, ça donne soif. Et même si je sais que ce n’est probablement pas raisonnable de boire autant, je cherche mon cousin des yeux car la dernière fois que je l'ai vu, il picolait au bar, mais c’est une autre paire d’yeux que je croise. Celle d’un homme qui m’attire aussitôt, du moins, assez pour que je daigne descendre du podium et que j’aille m’installer juste à ses côtés pour commander un nouveau verre. Et depuis que je suis accoudée au bar, mon verre de Blue Lagoon à la main, je l’avoue, je le mate tranquillement tout en le saluant. Lorsque je lui donne mon prénom, il se présente à son tour et dit s’appeler Lyam. C’est un prénom sympathique comme tout et je souris en l’entendant, je ne sais pas vraiment pourquoi peut-être parce que j’ai 2 grammes dans le sang, mais chut, faut rien dire ; peut-être aussi parce que je le trouve très séduisant et ce n’est pas si souvent qu’un gars me tape dans l’œil. Je ne suis pas vraiment une fille qu’on pourrait qualifier de volage ; j’ai eu des aventures, des histoires avec certains garçons à Poudlard et à l’Université, certains coups d’un soir mais pas tant que ça et jamais rien de bien sérieux. Non pas que je ne le voulais pas, c’est juste qu’à chaque fois, ça ne marchait pas. Il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas : parfois c’était lui, parfois c’était moi. Tout ça pour dire que lorsque j’aborde quelqu’un de la sorte, c’est qu’il me plaît vraiment. Physiquement du moins. Maintenant, faut vérifier qu’il est intéressant. Non pas que je veuille trouver l’amour ou quoi que ce soit, faut pas abuser, mais bon, quitte à lui parler autant que cela soit pertinent et que la conversation ne se résume pas à de simples banalités. Enfin bon, franchement, je chipote parce que je pense être trop ivre pour tenir une discussion intellectuelle.

Et de toute manière, pour le moment, j’attends. Il s’est présenté mais il ne dit rien d’autres et je commence à me demander s’il ne va pas en rester là parce qu’il n’engage pas la conversation. Et si je ne lui plaisais pas ? Je passe une main dans mes cheveux d’un air nerveux mais j’espère qu’il ne l’interprétera pas ainsi. Je bois une nouvelle gorgée. Après un moment qui te semble interminable, il me demande si je viens souvent ici. Et puis… « Je ne t’y avais jamais vue avant aujourd’hui. » Un sourire s’étire sur mes lèvres et je réponds du tac au tac. « Moi non plus je ne t’ai jamais vu, je m’en serai souvenue. » Je mords doucement ma lèvre en me disant que j’aurais peut-être mieux fait de la fermer, bon c’est trop tard façon, c’est dit. C’est certain qu’un homme aussi beau, avec cette carrure et les muscles que je devine sous ses vêtements, cela m’aurait marqué. Putain, maintenant je suis en train de l’imaginer sans chemise… Je secoue la tête pour chasser cette idée de mon esprit, j’ai vraiment trop picolé. « Je ne dirai pas que je viens souvent. Plutôt de temps en temps, mais c’est rarement en semaine. Plutôt le week-end. » Il faut l’avouer, d’ordinaire, je suis plutôt sérieuse parce que je ne veux pas m’endormir en cours et je veux être en totale possession de tous mes moyens pour prendre des notes et comprendre l’enseignement du professeur. Mais c’est que je deviens raisonnable dis donc ! Je ne pensais pas comme ça lorsque j’étais plus jeune, comme quoi, choisir la bonne formation, choisir la bonne voie, cela change une femme.

Je sirote mon cocktail tranquillement et je lui demande : « Tu es venu avec des amis ? Ou avec quelqu’un ? » Façon détournée de demander s’il a une copine. Bah ouais, j’suis pas une fille qui parle avec un mec déjà en couple, encore moins si celui-ci me plaît, j’suis pas comme ça. Ma phrase n’est pas franchement subtile mais en fait, je m’en fiche totalement. « Moi je suis venue avec des cousins et cousines. » Hop, petit message subliminal, moi non plus je ne suis pas venue avec un gars… Je continue de l'examiner et plus je le regarde, plus ce gars me perturbe. Faudrait peut-être penser à regarder ailleurs, ce que je fais pour ne pas perdre la face et ne pas passer pour la fille reloue qui mâte salement et sans vergogne, je n’aimerais pas forcément qu’on me le fasse et qu’on me regarde uniquement comme un objet de convoitise. « On a un truc à fêter. » Pourquoi je lui dis ça ? Il doit en avoir rien à secouer en plus. Je me tais et j’attends de voir la suite. Faut vraiment que j’apprenne à ne pas tout dévoiler d’un coup. Mais je suis comme ça, je parle beaucoup, même avec les inconnus. Il faudrait peut-être perdre cette vilaine habitude.

Lorsque je commence à boire, je perds toutes mes inhibitions et je m’enhardis encore plus que d’ordinaire. Déjà, de base, je ne suis pas le genre de personne à rester seule dans son coin. Au contraire, mon caractère, ma façon de voir la vie et voir les choses, le fait de croire que le verre est toujours mieux à moitié plein qu’à moitié vide, tout cela fait que je n’ai jamais eu de mal à faire des rencontres ; que ce soit des rencontres amicales ou sentimentales d’ailleurs. Ma mère me dit souvent que j’apporte le soleil quand je rentre dans une pièce, il est vrai qu’il est rare que je me défasse de mon joli sourire. Ce joli sourire, il est aussi très utile en boîte de nuit ou ce soir comme au bar. Je ne sais pas si Lyam m’a remarqué grâce à ça ou parce que je suis sacrément bien foutue (bah quoi, faut le dire) et que je dansais comme une cinglée autour de la barre de pole dance. Peut-être les trois en même temps mais peu importe à vrai dire. Ce qui m’importe, c’est ce qu’il vient de dire. qu’il s’en serait souvenu aussi. Je souris en me rendant compte que je dois lui plaire tout autant qu’il me plaît et c’est vraiment grisant de l’entendre. Au moins, je ne suis pas la seule à ne pas savoir faire taire mes plus bats instincts. Même si je suis quelqu’un de solaire, je n’ai pas tellement l’habitude d’aborder des hommes comme ça, souvent, j’attends plutôt qu’on vienne à moi. Est-ce l’excitation de la réussite de mes examens, le fait que j’ai trop bu ou qu’il soit super canon qui m’a poussé à l’aborder ? Peut-être les trois en même temps mais peu importe à vrai dire. L’important, c’est d’avoir osé. En tout cas, lui comme moi semblons être des grands soiffards et de grands adeptes de ce bar, alors pourquoi nos routes ne se sont encore jamais croisées ? La réponse est rapidement trouvée parce que vous ne semblez pas venir les mêmes jours. Mon sourire faiblit légèrement lorsqu’il dit qu’il n’aime pas venir en week-end parce qu’on y retrouve que des jeuneots. Et là je me dis merde. C’est vrai qu’il a l’air plus vieux que moi, je lui donne facilement la trentaine alors que je viens à peine d’avoir vingt-deux ans. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai la désagréable impression qu’il va se désintéresser de moi si je lui avoue mon véritable âge alors je préfère ne pas relever. Mais je me retrouve encore une fois de plus coincée lorsqu’il me demande je travaille dans quoi. Putain, j’peux pas lui dire que je suis encore étudiante et que je sors de deux ans d’errance et que j’ai galéré pour trouver mon orientation… Contrairement à tout à l’heure, je décide de la jouer un peu plus finement. « Essaie de deviner. » Je me recule du bar, fais un tour sur moi-même et lui demande : « A ton avis, dans quelle branche je travaille ? » Hop, comme ça je détourne la question et je ne prends pas de risque. « Quand tu auras trouvé, je chercherai ce que toi tu fais. » Une carrure et une gueule comme il a… il doit être mannequin ou… médecin ? Omg j’aurais envie d’être plus souvent malade. Mais putain Kayla, mais arrête d’avoir des putains de pensées salaces ! Je n’arrive pas à comprendre ce qui m’arrive, ça devient vraiment n’importe quoi.

Je me reprends et me reconcentre. C’est plus facile de lui demander s’il est venu accompagné parce que cela m’intéresse beaucoup et que j’ai envie de savoir si je peux me lâcher ou non. Il me répond en disant qu’il est venu avec son frangin. Il pointe un homme plus loin et je plisse les yeux en l’apercevant et me retourne rapidement vers Lyam. Une copie conforme. « J’avais compris ! » dis-je en riant, lorsque Lyam me dit qu'ils sont jumeaux. « Tu ne peux pas vraiment le cacher. » Mon regard se tourne à nouveau vers son jumeau et je remarque qu’il est entouré d’un bon nombre de jeunes femmes et il rit à gorge déployée, sans doute après la blague d’une d’entre elles. « Il a du succès dis donc. » affirmé-je. C’est vrai qu’à première vue, il a l’air différent de Lyam. Plus… à l’aise ? Moins réservé ? Mais personnellement, je m'en fiche. Cela ne me dérange pas au contraire, je trouve ça mignon un gars moins rentre-dedans. Du moins… au début. Je me retourne à nouveau vers Lyam car ce soir, c’est bien lui qui m’intéresse. Il ne détourne plus le regard et je continue de sourire. J’espère que c’est pas un sourire qui a l’air niais ou idiot.

Lorsque je lui dis qu’on a quelque chose à fêter, je me sens bête. C’est sûr qu’il va me demander pourquoi je lui dis ça et maintenant que je sais qu’il n’apprécie pas sortir lorsque les étudiants viennent envahir les bars de nuit donc si j’en viens à lui dire que je fête la validation de mon premier semestre, franchement, ça fait gamine… Mais sa réponse est pire que ce que je m’attendais. Mon âge ? Putain de merde et pourquoi pas ma carte d’identité pendant qu’on y est ? Je ricane doucement en disant : « On ne demande pas son âge à une femme qui approche de la trentaine ! » Un premier mensonge glissé l’air de rien. « Pas du tout, mon anniversaire c’est en septembre. » Je ne peux pas lui dire pourquoi je suis là. Bon, deuxième mensonge. « Je fête mon nouveau boulot. » dis-je en lui faisant un clin d’œil. Comme ça, il allait peut-être avoir envie de trouver plus rapidement. Je me rends compte que je vais m’enfoncer dans mon mensonge donc je préfère tenter de changer de sujet rapidement. « Et toi ? Qu’est-ce que tu fais dans un bar un soir de semaine ? »

Je me sens incroyablement à l’aise alors que je sais pertinemment que j’ai trop bu. C’est probablement ce qui fait que je suis si… détendue ? Que tout me semble simple et facile ? Je suis une personne sociable, avenante et affable donc c’est assez facile pour moi de débuter une conversation avec un inconnu. Mais dans la situation présente, c’est un peu différent parce que Lyam me plaît et que j’ai envie de lui plaire également. C’est con mais je me dis que je pourrais raconter n’importe quoi pour qu’il s’intéresse à moi. Le coup des devinettes, c’est plus simple, plus facile. Si je ne suis pas inspirée, je pourrais écouter les réponses qu’il me propose et les utiliser pour lui donner un métier qui me rendra plus intéressante. Je le regarde sourire à ma proposition avant de boire une longue gorgée. J’attends avec impatience sa première idée et je rigole de bon cœur lorsqu’il m’imagine institutrice. « Et non ! Loupé ! C’est vrai que je n’y ai jamais pensé mais je ne pense pas avoir les compétences pour y arriver, ce sont des études difficiles. » Dans le monde sorcier comme dans le monde moldu d’ailleurs. C’est vrai que j’adore les enfants -enfin, surtout ceux des autres-, je l’avoue. Même si j’adore m’occuper de mes neveux et nièces, je sais que dans une classe avec une trentaine d’élèves, ça serait trop difficile à gérer et bien trop compliqué. Je ne sais pas si j’aurais la patience. Et je sais désormais que je suis une femme de terrain qui a besoin d’être à l’extérieur ; ce qui n’est donc pas compatible avec un travail dans une salle de classe. « C’était bien tenté mais ce n’est pas ça. Une autre idée ? » lui demandé-je. Je ris à sa seconde proposition mais pas pour les mêmes raisons. Je suis nerveuse. Putain c’est quoi déjà une hôtesse de l’air ? Je fouille dans un mémoire mais j’ai un doute. Mon esprit est légèrement embrûmé donc je ne suis pas du tout certaine alors je préfère rester vague et dire : « Encore raté. » Je fais une petite moue innocente, faisant semblant de montrer ma grande déception au fait qu’il ne trouve pas encore mon ‘’métier’’. Pendant ce temps, je réfléchis à ce que je pourrais lui dire de plus : « D’accord, magnanime, je vais t’en donner un, laisse-moi le temps de réfléchir. »

Et pendant que je réfléchis à cet indice, nous évoquons -ou plutôt je questionne- sur les personnes qui nous accompagnent ce soir. Il faut être honnête, c’est assez rare qu’une personne aille seul dans un bar à moins d’être asocial coucou Luca et me concernant, de toute manière, je n’y allais seule. J’étais souvent accompagnée par ma famille, par mes cousins et cousines ; et il faut le dire, qu’est-ce qu’on rit ensemble ! Qu’est-ce qu’on s’amuse ! Je jette un coup d’œil par-dessus l’épaule de Lyam pour regarder où ils sont. Mon cousin est en train de jouer aux fléchettes avec une inconnue tandis que mes cousines continuent de se déhancher sur la piste de danse ; je croise le regard de Julia pile au moment où mes yeux tombent sur elle. Comme d’habitude, elle me surveille. C’est ça qui est bien avec la famille, ça vous laisse jamais tomber. En tout cas, Lyam semble également s’y connaître rayon famille puisqu’il me dit qu’il est venu avec son frère. Son jumeau, pour être plus exact. « Ah oui ? N’ai-je pas un meilleur profil ? » Je regarde alternativement Lyam et son frère tout en sachant très bien que je ne verrais aucune différence physique, ce sont de vrais jumeaux donc bon. Sans réfléchir, je dis : « Fais voir ? » Je pose ma main sur sa mâchoire et force sa tête à se mettre de profil. Je fais mine de réfléchir et je me prononce : « T’as raison, ton profil est nettement plus beau. » Putain Kayla. Je fais outrageusement du rentre-dedans à cet homme sans que cela me pose aucun problème. J’ai vraiment trop picolé. Je l’écoute parler de son jumeau en disant qu’il est davantage à l’aise que lui pour parler aux femmes. Je souris, compatissante. Certains sont plus doués que d’autres, mais personnellement, je suis bien en compagnie de Lyam, je le trouve drôle même s’il m’a mis mal à l’aise tout à l’heure avec sa question de l’âge. Mais j’oublie ça et je ris encore lorsqu’il dit avoir hérité du cerveau. « Ah bah ça, c’est encore à démontrer ! On verra si tu trouves mon métier ! » Je le taquine tout autant qu’il le fait. Je pensais vraiment ce que je disais tout à l’heure, cet homme a beau dire qu’il est moins à l’aise que son frère avec les femmes, il n’en demeure pas moins amusant. En tout cas pour le moment.

Lorsqu’il me félicite pour l’obtention d’un boulot que je n’ai même pas, je préfère oublier mon mensonge et me concentrer sur la ‘’récompense’’. « Rien ne me ferait plus plaisir. » dis-je en avalant une autre gorgée de mon cocktail bleuté. La perspective de boire un autre verre en sa compagnie me fait légèrement rougir. On dirait une collégienne me dit la petite voix dans ma tête. Je suis peut-être légèrement ridicule mais bon, je n’arrive pas à refreiner mon inclination à son égard ; il y a un truc qui m’attire chez lui, même si je ne comprends pas encore quoi. Lorsqu’il me dit qu’il est en congé demain, j’ajoute : « Je payerai le suivant dans ce cas, tu es libre de rester ici jusqu’au bout de la nuit vu que tu n’as aucune obligation demain. » Enfin… bout de la nuit, c’est vite dit, il est deux heures passées et le bar ferme à trois heures. Enfin, ça me laisse encore une petite heure pour apprendre à mieux le connaître… « Il a bien fait, sinon on ne se serait pas rencontré… » dis-je un peu plus bas, sur un coup de tête, quand Lyam dit que c’est son frère qui l’a embarqué ici. Tu es niaise me dit la voix et pour une fois, je suis d’accord. Je me reprends et réponds à sa question. « La mode ? Tu trouves que je suis le genre de nana à faire la gueule en défilant sur un podium ? » Je ne peux m’empêcher de paraître outrée. C’est vrai que les visages inexpressifs des mannequins me font peur et puis le fait qu’elles n’aient que la peau sur les os aussi. Certes, je ne suis pas épaisse non plus mais au moins, depuis que je me suis mise au sport, j’ai un corps plus harmonieux et plus ferme ; plus agréable à regarder. En tout cas, ça n’a pas l’air de déranger Lyam…

Je repense à cet indice de tout à l’heure. « Bon alors… Un indice… » J’ai réfléchi et je me dis que pour éviter de me planter, de partir dans un délire où je ne pourrais pas répondre à ses questions s’il demande des détails, il vaut mieux que je parte de ce que je connais. C’est-à-dire la protection magique. Je n’ai qu’à dire que je suis gendarme, policière ou quelque chose d’approchant. Quel est l’équivalent de la police magique dans le monde moldu ? Probablement gardien de la paix. J’ai déjà entendu plein de fois ce mot à la télévision lorsqu’on parle de la police moldue. « J’exerce un métier où il faut être relativement sportif. » Je ris à nouveau. Je ne fais que de rire ce soir. Est-ce parce que j’ai trop bu ou parce que je suis nerveuse ? Peut-être les deux. Je montre mon bras droit et fais mine de contracter mon biceps qui est ferme mais un peu faiblard. « Tu veux qu’on fasse un bras de fer pour que je te montre à quel point j’ai de la force ? » Je plaisante, Lyam me mettrait au sol en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Ses muscles à lui, ce n’est pas de la gonflette. Je me dis que moi aussi je peux essayer de deviner son métier après tout. « J’ai une idée pour ton métier. » Je le regarde encore une fois de bas en haut et je propose : « Tu serai bien pompier. » Le fantasme du pompier, voilà où j’en suis ce soir ; je suis vraiment ridicule. « T’as la carrure. »

Ce jeu m’amuse drôlement, plus que je ne l’aurais cru. Passée l’angoisse du léger mensonge, je dois admettre que je me sens mieux maintenant que la tension est redescendue. Je souris, je ris, mes yeux pétillent sous l’excitation de la partie auquel nous jouons tous les deux. « Et si je trouve ? Qu’est-ce que je gagne ? » demande-t-il un sourire en coin. Sans réfléchir, je dis : « Moi bien sûr. » Putain, t’as pas dit ça Kayla ? la voix de la raison me rappelle à l’ordre. « Enfin je veux dire… » Qu’est-ce que je veux dire exactement ? J’ai trop bu et mon esprit est totalement désinhibé. Je dis les choses comme elles me viennent et ce n’est franchement pas une bonne idée. « Oublie. » Voilà, c’est plus simple comme ça, il vaut mieux qu’il oublie. Hop, un petit rembobinage de quelques secondes et voilà, mon cerveau a déjà effacé la séquence, c’est plus facile de tenter de s’en persuader. Mes défenses s’élèvent et je fais comme si cela n’est pas arrivé. Je regarde Lyam, son sourire en coin et son sourcil froncé, et je me fais la remarque qu’il est juste magnifique ainsi. Non pas que je ne m’en étais pas rendue compte avant mais lorsque ses lèvres s’étirent en un joli sourire, je ne peux que fondre. Et puis, au fond, peut-être que sa question n’était pas des plus innocentes… Je pense lui avoir déjà fait comprendre qu’il m’intéresse donc sa phrase était peut-être là pour me faire comprendre que je l’intéresse également ? J’avoue que d’ordinaire, je suis plus subtile que ça et je sais que l’alcool que j’ai ingurgité m’empêche de l’être.

Je laisse tomber cette histoire et me concentre sur la suite de ses propos. Il y travaille. Trouver mon métier n’est pas aisé tout simplement parce que je n’ai pas de métier ; du moins pas encore mais je suis vraiment impatiente de terminer mes études. C’est important pour moi de pouvoir défendre et aider les autres. La protection magique n’est pas une branche qui m’est venu naturellement mais pour autant, je suis ravie d’avoir enfin pu comprendre que c’était la voie qui me convenait le mieux. Et j’ai de la chance, j’ai de l’aide. L’entraide dans la promotion est importante et j’ai un tuteur de deuxième année qui me donne énormément de conseil ; j’ai de la chance d’être tombé sur Eirian Howl. Je me reconcentre sur Lyam qui me promet de me payer un verre pour me féliciter d’avoir obtenu un emploi auquel je n’ai pas postulé. Ma voix intérieure balaye cette information dans un coin de ma tête : en soi, mon mensonge, c’est un peu comme si je m’entraînais pour une mission infiltration non ? Je me mets dans la peau de mon personnage et cela soulage mon psychisme d’avoir menti. « Toute la nuit, je ne sais pas, mais au moins jusqu’à la fermeture. » dis-je d’un ton enjoué. La piste de danse me fait encore de l’œil et je ne peux m’empêcher de glisser mon regard sur celle-ci où mes cousins viennent de se réunir et continuent de se déchaîner. Mais pour l’instant, c’est Lyam qui m’intéresse et encore davantage que le dancefloor. Si je pouvais avoir les deux, cela serait merveilleux mais je ne sais pas s’il est ce genre d’homme ; de ceux qui aiment danser.

Lorsque Lyam propose le domaine de la mode comme métier, je me renferme. Je ne suis pas contente car pour moi ce n’est pas un compliment du tout, au contraire. Je fais la moue. Mais il se rattrape en disant que mon sourire ne peut qu’être parfait derrière un objectif. Ses mots ont pour effet immédiat de me faire sourire une fois de plus. Je replonge mes yeux dans les siens et je me rends compte qu’il me dévisage. Les mots qui sont sortis de sa bouche le gêne ; son attitude l’en témoigne. Il est trop mignon lorsqu’il se détend et qu’il laisse son inconscient aux commandes. « Dis comme ça, je comprends mieux… C’est gentil. » Ma réponse est idiote mais je ne sais pas quoi dire d’autres. Je ne vais quand même pas lui avouer que cela me fait plus que plaisir. J’ai l’habitude qu’on me dise que je suis solaire et que je suis jolie ; mais qu’on me dise que je suis parfaite… J’en suis loin mais cela m’est suffisant pour me sentir toute chose. Je fais mine de chercher un indice ensuite pour ne pas paraître trop troublée. Un métier où l’on a besoin d’être sportif. Cet indice ne l’aide pas vraiment, il est à côté de la plaque. Tandis qu’il fait plusieurs propositions, je me dis que ce jeu est amusant et je veux chercher moi aussi à quoi il occupe ses journées. Pompier, c’est ma première proposition, celle qui m’est venue vraiment naturellement. « Alors je pourrais presque dire que tu n’es pas loin. » Je me réjouis : « Ah ouais ! » Je suis prête à prendre mon air victorieux mais il reprend : « Tu t’es juste trompé de jumeau. Le pompier est là-bas. » Mon sourire s’efface et je me mets à rire sans pouvoir m’arrêter devant la situation que je trouve plus que cocasse. Les soubresauts soulèvent mon corps frêle et mon verre tremble. Je le pose sur le comptoir le temps que la crise se calme. « C’est que je commence à te connaître si j’arrive à trouver le métier de ton frère sans effort. » dis-je. « Franchement, ça doit être super d'avoir un jumeau ! Vous devez avoir une super complicité. » Je lui lance un clin d’œil et lui fais signe que c’est à son tour de faire une proposition. Ambulancière ? Pourquoi pas après tout mais ce n’est pas ça. Lorsqu’il te demande si je porte un uniforme, une lueur s’éclaire dans mes yeux. « Toi aussi tu as le fantasme de l’uniforme ? » Je ris encore une fois et je me précipite sur mon verre pour boire une autre gorgée pour ne pas qu’il voie mes joues rosir une fois de plus. « Mais oui c’est exact. Mon métier nécessite d’être reconnu en toutes circonstances. » Cela lui donne un indice important, je pense qu’il va trouver. En dehors du médical, des pompiers et de la police, il n'y a pas non plus trente-six milles solutions. « Et toi ? Aide-moi un peu ! » dis-je en faisant mine de le rabrouer. Reprenant ses propres mots, j’ajoute : « Et moi ? Qu’est-ce que je gagne si je trouve ? » Je vais fondre s'il répond que je le gagne lui. Je me sens en confiance mais si ça se trouve, je vais me prendre le plus grand râteau de ma vie.

Je suis totalement sous le charme de l’homme que je drague outrageusement depuis maintenant une bonne dizaine de minutes. Je sais que j’ai trop bu mais peut-être, je sais que cela serait exactement la même chose si j’étais sobre. Je ne saurai dire pourquoi mais je me suis sentie attirée par lui comme un papillon vers la lumière. Il faut dire qu’il est très plaisant à regarder et peu importe qu’il ait un frère jumeau ou non, me concernant, c’est lui qui m’intéresse, pas sa copie conforme qui rit plus loin avec d’autres femmes qui se pâment à ses bras. De ce que j’en perçois jusqu’à maintenant, le caractère de Lyam est différent, plus.. réservé ? Il semble l’être mais je me rends compte au fil de la conversation qu’il est de plus en plus à l’aise et je ne sais pas dire pourquoi mais j’ai l’impression que j’y suis pour quelque chose ; comme je n’ai jamais caché mes intentions et que j’ai rapidement montré (même inconsciemment) que Lyam me plaisait, cela semble l’avoir détendu. Il doit faire partie de ces hommes qui prennent garde de ne pas être de gros forceurs et je l’avoue, j’apprécie ça. En tout cas, le fait qu’il me plaît ne passe plus inaperçu. Encore moins maintenant que je viens d’avouer sans l’ombre d’une hésitation qu’il me gagnait moi s’il trouvait mon métier. Le gêne que je ressens est toujours présente et je ne sais pas comment la calmer, je ne veux pas qu’il me prenne pour une fille trop sûre d’elle, une fille prétentieuse car ce n’est pas ce que je suis. Au contraire. Alors je lui demande d’oublier, cela me semble plus simple pour moi, mais Lyam ne l’entend pas ainsi et répond qu’il n’est pas en mesure de pouvoir oublier. Son sourire amusé sur ses lèvres, je hausse doucement les épaules, soudainement timide, et je trempe mes propres lèvres dans mon verre que j’ai bientôt terminé en ajoutant doucement : « Tu feras comme si, s’il-te-plaît, ça m’arrange beaucoup. » Je laisse un léger rire nerveux s’échapper de ma bouche. Ce n’est pas dans mes habitudes d’agir ainsi, mais il faut bien reconnaître que l’alcool que j’ai ingurgité n’aide pas vraiment à garder les idées claires. Note pour moi : quand j’ai bu, je dis et je fais n’importe quoi. La petite voix dans ma tête s’éveille à nouveau : Comme si tu ne le savais pas déjà Kayla, me murmure-t-elle. Elle n’a pas totalement tort mais pour le moment, je choisis d’ignorer ces belles paroles, c’est plus facile comme ça.

La conversation dérive ensuite sur le programme de l’after. Lorsque je sors le week-end, la soirée se termine la plupart du temps dans une boîte de nuit ou chez un de mes cousins. Mais ce soir, c’est différent, on est un soir de semaine et c’est la raison pour laquelle j’ai souhaité aller dans un bar de nuit afin de ne pas rentrer trop tard ; c’était ça le deal de départ. Mais alors que Lyam me demande en toute innocence ce que je compte faire après, je me mords la lèvre fortement pour ne pas lui avouer que je viens de m’imaginer passer la nuit avec lui. Les messages subliminaux de mon esprit me frappent un plein fouet et je me rends compte qu’effectivement, j’en aurai envie. Et puis, il ne travaille pas demain, est-ce pour m’indiquer qu’il souhaitait également ça qu’il me l’a dit ? Je ne sais pas encore mais je me dis que j’ai encore une bonne demi-heure pour le découvrir avant que le bar annonce sa fermeture. « Ensuite, j’irai où le vent m’emporte. » Cette phrase tout simple sous-entend bien entendu que je ne suis fermée à rien. Il faut dire que si je n’avais pas eu envie de poursuivre cette conversation en dehors du bar, j’aurai sans doute exprimé plus fermement mes intentions en disant que je rentrerai chez moi. « Peut-être que… » Je laisse ma phrase en suspens, cherchant les mots à employer. Je ne veux pas avoir l’air d’être une fille facile non plus… Je préfère avouer : « J’ai pas vraiment l’habitude de tout ça tu sais. » J’ai déjà eu de nombreux petits amis. Enfin nombreux… Quelques-uns. Mais je suis plutôt du genre relation sérieuse et on sépare si c’est trop la merde. Mais les relations d’un soir… Je n’en ai pas eu tant que ça. Bon il y a bien eu Owen mais je le connaissais déjà d’avant, c’est différent. Pour autant, ce soir, peut-être que je me sens différente parce que je me sens enfin à ma place : j’ai réussi mes examens et j’ai trouvé ma voie, peut-être que cela change tout. Je me sens plus sûre de moi, plus confiante. Plus belle ? C’est con, mais c’est vrai.

En tout cas, ce qu’il faut aussi souligner, c’est que Lyam n’est pas très doué pour deviner les métiers des autres. Je ne l’en blâme pas, mes propositions sont tout aussi stériles que les siennes. Lorsque je devine non pas son métier mais bien celui de son frère, je trouve ça à la fois drôle et dérangeant. Et Lyam appuie pile sur ce qui t’embête lorsqu’il demande si c’est lui que je commence à connaître ou son frère. « Tu n’as pas tout à fait tort, il faut que je fasse attention à ne pas me tromper. Vous vous ressemblez tellement que ce n’est pas évident. » Lyam m’explique à quel point lui et son frère sont proches. Il te dit même avoir une sœur. Je les envie un peu, j’aurai tant aimé avoir cette chance. Lorsqu’il me demande si j’ai des frères et sœurs, je lui réponds donc : « Non malheureusement, il n’y a que moi. Mais j’ai des supers cousins cousines ! » dis-je en jetant une fois de plus un coup d’œil à la piste de danse où Julia est encore en train de se déhancher tout en te gardant à l’œil ; vos regards se croisent et le sien en dit long. Elle me connaît trop bien ma cousine, elle a compris que Lyam me plait beaucoup. « J’aurai bien aimé mais on ne décide pas toujours. » Mes parents ont déjà eu du mal à m’avoir.. Les médecins ont ensuite déconseillé à ma mère de tenter une nouvelle grossesse. J’ai de la chance que le quartier était plein d’autres enfants et puis la famille de mon père est nombreuse ; il y avait toujours du monde pour jouer avec moi.

En ce qui concerne la recherche fastidieuse des métiers, je me frotte les mains, je cherche, je suppose. Un uniforme… C’est déjà un bel indice. Je souris lorsqu’il évoque à demi-mots que lui aussi aime les uniformes ; il faut dire que souvent, que ce soit les médecins, les infirmiers, les policiers, les pompiers, l’uniforme en impose. Le fantasme de la soumission peut-être. Je n’en sais rien mais il faut dire qu’un bel uniforme sur un bel homme… C’est excitant. Pendant que je réfléchis à tout ça, Lyam m’interpelle. « Tu travailles dans la police ? » Je me tourne vers lui brusquement et je regarde ses yeux, lui-même n’y croit pas. C’est vrai que physiquement, je ne suis pas franchement le genre de personne auquel on pense lorsqu’on imagine la police. Un sourire s’étale sur mes lèvres tandis que je me mets au garde à vous : « Exact. » Je vois qu’il est surpris. « Brigadier Kayla, pour vous servir. » J’ajoute : « Je sais ce que tu es en train de te dire, mais j’essaie vraiment d’y remédier ahaha ! Le sport n’est pas vraiment ma tasse de thé, mais je fais au mieux ! » Je termine mon verre pour faire redescendre la pression que je ressens au fond de mon cœur même si je commence à me complaire dans mon mensonge et que cela devient de plus en plus facile. Comme à l’entraînement, comme en infiltration, il faut paraître sûr de soi et cela ira. « Bon, faut que je m’active à trouver ton métier dans ce cas… » Je lui demande ensuite ce que je gagne si je trouve également à quoi il occupe ses journées. La réponse ne se fait pas attendre et je rougis beaucoup alors que c’était une réponse totalement évidente et vue d’avance. Je lui donne un petit coup d’épaule et je fais mine de me cacher derrière mon verre vide : « Hé ! Je t’avais demandé d’oublier ça ! Moqueur ! » Mais en réalité, je suis aussi flattée parce que si ma ‘’proposition’’ de tout à l’heure ne lui plaisait pas, il est peu probable qu’il la réutilise maintenant. Je me mords la lèvre puis je ris doucement. « Alors… » dis-je, l’air à mon tour taquine. Il m’embête ? Je vais en faire de même ! « Un uniforme d’accord. » murmuré-je lorsqu’il me donne un indice supplémentaire. Pendant que je réfléchis, Lyam fait signe au barman et me demande ce que je veux boire. J’ai terminé mon blue lagoon depuis quelques instants et j’en ai un peu marre du Curaçao. Je dis : « Je veux bien un Sex on the Beach s’il-te-plaît. » Je ne me rends pas compte des messages que m’envoient mon subconscient en choisissant ce cocktail car je suis trop occupée à chercher. Lyam passe commande et le serveur s’active à la réaliser tandis que je réfléchis à voix haute. « Tu as proposé ambulancière tout à l’heure donc je suppose que tu n’es pas dans le médical toi non plus. » Je souris : « Oui c’est une supposition tout à fait arbitraire ! » Je ris doucement tandis que le serveur dépose mon verre devant moi. « On élimine donc les pompiers, la police… Que reste-t-il donc ? » Mes doigts viennent effleurer mon menton et je prends la pause du penseur de Rodin. Quand j’ai pensé aux pompiers, c’était en rapport avec sa carrure et je pense que malgré tout, j’étais sur la bonne voie. Un métier exigeant physiquement, encore plus que le mien. Une lumière s’allume dans mon cerveau : « Mais oui ! Tu es dans l’armée ? » Je ne sais pas pourquoi, je sens que j’ai raison ou du moins que je me rapproche de la vérité. J’ajoute : « En tout cas, tu as trouvé en premier donc tu m’as… » Gagnée ? ça fait un peu pute non ? Je me mords la lèvre à nouveau et demande : « Que comptes-tu faire de ton gain ? » Pour mon gain, j’ai déjà une petite idée mais je ne sais pas s’il se laisserait tenter par la piste de danse. « Concernant le mien, j'ai déjà une petite idée. » dis-je amusée, en montrant d'un signe de tête le dancefloor. Je porte le cocktail payé par Lyam à mes lèvres et en avalant une gorgée, je nous imagine déjà sur la piste, nos corps encore plus proches qu'ils ne le sont déjà et je sens une vague chaleur s'insinuer dans tout mon être.

Je ne suis pas le genre de fille à ramener un inconnu différent dans mon lit chaque semaine. Au contraire. Même si je suis quelqu’un de sexuellement libérée et qui n’a pas honte d’avoir une vie sentimentale, je confie rarement mon corps à quelqu’un que je ne connais pas. C’est con, mais la plupart des personnes avec qui j’ai eu des histoires d’une nuit, je les connaissais déjà. Comme des gars de ma promotion, des potes à mes cousins, des personnes étudiant à Poudlard avec moi. Bref, que des gens en qui j’avais plus ou moins confiance et dont je savais qu’ils n’étaient pas un psychopathe. La drague dans les bars, oui, je connais et j’en apprécie chaque instant mais cela termine rarement chez l’autre. Déjà, cela ne se termine jamais chez moi puisque j’habite encore chez mes parents et que je ne me permettrais jamais ça, je trouve ça trop gênant. J’ai beau avoir 22 ans et toutes mes dents mais cela m’embarrasse alors je préfère autant les laisser à la porte du bar. Certains ont déjà pris mon numéro et ne m’ont jamais rappelé, ça montre bien à quel point ils s’en foutaient. Je ne sais pas si Lyam sera différent d’eux et je ne sais pas si je vais l’abandonner à la sortie du bar et rentrer avec ma famille. Seul l’avenir pourra nous le dire même si j’ai très envie que tout cela aille plus loin. Je ne sais pas, il y a quelque chose entre nous, quelque chose qui m’attire, je ne saurai pas dire pourquoi. Lyam n’est pas le premier homme séduisant qui me tape dans l’œil, mais peut-être que son attitude un peu gauche et le fait qu’il soit si pudique m’a interpellé. Même s’il se lâche à présent, je le trouve beaucoup plus détendu qu’au début de la conversation et il se permet même quelques petites taquineries qui me font rosir, quoi de plus claire que cela pour marquer mes intentions mais aussi le fait que moi non plus, malgré mon côté un peu plus… rentre-dedans que lui, je veux lui signifier que non, ce n’est pas dans mes habitudes d’ordinaire. Il sourit et je me demande pourquoi avant qu’il n’ajoute que lui non plus, je suis rassurée même si une petite voix dans ma tête me dit qu’il peut me mentir. Certains hommes font ça pour gagner plus facilement la confiance de leur victime. Mais je ne pense pas que ce soit le cas de Lyam. C’est bête, il a l’air d’être ‘’un vrai gentil’’.

En tout cas, en dehors du fait que Lyam soit particulièrement attirant, il ne semble pas posséder un petit pois en guise de cerveau ; la preuve en est, il a trouvé mon soit-disant métier en quelques questions seulement. Je vois qu’il n’est pas très convaincu lorsque je lui dis qu’il a visé juste. Je sens son regard me dévisager de la tête au pied et je me demande pourquoi il fait ça même si j’en ai une petite idée. Je suis petite, menue, avec quelques petits muscles durement gagnés en six mois d’entraînements physiques intensifs à l’Université. Ces entraînements, couplés aux séances hebdomadaires de footing dans le parc de Poudlard avec Eirian m’ont aidée à devenir plus endurante et à ne plus cracher mes poumons au moindre effort. Mais il n’empêche que je n’ai pas la carrure pour le métier. Je peux comprendre qu’il soit surpris. Il me dit qu’il trouve que je suis tout de même musclée. Je me sens flattée que cela se voit, je n’ai pas l’impression d’avoir tant changée que ça depuis le début des entraînements et cela me désespérait un peu. « C’est juste que… Tu es… » Je suis suspendue à ses lèvres. Je suis quoi ? Gringalette ? Fluette ? Maigrichonne ? Il ne trouve pas que le mot pour qualifier ton physique rachitique. Non il a raison, les femmes dans la police n’ont pas mon physique, elles sont plus musclées, plus charpentées, souvent plus grandes aussi. C’est qu’il en faut de la force pour appréhender un suspect. Mais cela vaut surtout dans la police moldue. Dans la police sorcière, la suprématie de la magie prime sur tout, on peut être faible physiquement et l’emporter lors d’un duel magique. Dans la police du côté sorcier, les profils ‘’physiques’’ semblent plus éclectiques. Puis la sentence tombe et ma bouche s’ouvre et se referme plusieurs fois jusqu’à ce que mon cerveau assimile cette nouvelle information. Trop jolie. Je souris doucement, pour le coup, je ne suis pas gênée du tout de son compliment mais cela me fait drôlement plaisir de l’entendre. J’ai l’habitude qu’on me trouve belle, mais dans la bouche de Lyam, ses mots résonnent différemment. Je ne peux m’empêcher de plaisanter : « T’es pas dégueu non plus tu sais. » Je ris doucement tout en ajoutant : « T’es même le moins dégueu ici, si tu veux mon avis… » Dans ma bouche, c’est un sacré aveux. J’observe à nouveaux les traits de son visage, chaque ligne et je m’attarde sur ses lèvres. Dieu que j’aurais envie de les embrasser… Je me reprends, ce n’est pas encore le moment.

Ce n’est pas le moment parce que maintenant, je meure d’envie de trouver son métier. Pas parce que cela m’intéresse vraiment. Mais plutôt parce qu’il m’a promis que je le gagnerai le cas échéant, en réponse à ma propre proposition, celle qui est sortie sans filtre. Et en plus de cela, il se moque de moi en disant que c’était trop tentant et je ris à nouveau, secouant ma chevelure en arrière. Il a raison, j’aurais probablement fait la même chose que lui si j’avais été à sa place. En tout cas, à mon tour, les indices qu’il m’a fournis m’ont permise de trouver son métier. L’armée, je n’y ai pas pensé au premier abord mais c’est vrai que cela lui va bien, physiquement parlant. Lorsqu’il me confirme que j’ai bien trouvé, son sourire m’emporte sur un petit nuage tandis que je sirote mon cocktail. Putain, le jus de fruit camoufle le goût de la vodka, j’avais oublié que ce genre de cocktail se boit comme du petit lait. « C’est marrant, on bosse presque dans la même branche finalement. Au service des autres, pour leur sécurité. » je conclue. Pour terminer sur cette conversation. Vient l’heure de penser aux récompenses. Nous en avons chacun gagné une et j’ai déjà une idée bien précise de la mienne. Depuis tout à l’heure, j’ai envie d’être plus proche de lui, que nos corps se frôlent et se rencontrent. Quoi de mieux que ça qu’une piste de danse ? Je lui sous-entends que j’ai déjà trouvé ma récompense et le laisse réfléchir à la sienne tandis que j’arrive déjà à la fin de mon verre. Punaise, il va me prendre pour une alcoolique, j’ai ingurgité le verre qu’il m’a offert en trois minutes chrono. Il me demande s’il peut penser plus longuement à son gain et je dis d’un air amusé : « Permission accordée. » Il reprend aussitôt en disant que nous allions nous occuper du mien pendant ce temps. Sans crier garde, il m’attrape la main, je lâche mon verre presque terminé sur le comptoir et le suis sans hésiter. Sa paume contre la mienne est chaude. Il m’entraîne au milieu de la piste, au milieu de tous ces gens, dont son frère et mes cousins d’ailleurs, mais je ne vois plus que lui, je suis comme dans ma bulle, tandis que la musique commence doucement à habiter mon corps. Je regarde Lyam danser, cela se voit qu’il n’a pas trop l’habitude, contrairement à moi, je trouve ça trop mignon. Je le laisse faire, je laisse nos corps se rapprocher, puis s’éloigner à nouveau, je me laisse emporter par les mouvements qu’il m’impose. Ses mains sur mes hanches laissent une traînée de feu et je me demande quand il va m’embrasser. Je le regarde intensément mais cela ne vient pas. Puis à un moment, la musique accélère et il me fait tourner sur moi-même et j’atterris contre son torse. Ma respiration s’accélère et je bouge mes hanches contre les siennes au rythme de la mélodie. Je sens sa main parcourir mon ventre, mes cotes et je me sens bien tout contre lui. Je ferme les yeux tandis que je le sens se pencher, d’abord sur mes cheveux puis sa bouche dépose un léger baiser dans le creux de mon cou, juste au niveau de mes omoplates et je sens le désir s’insinuer en moi avec l’envie de ne plus attendre. Je profite pendant quelques instants des sensations qui m’animent avant de me retourner et sans hésiter une seule seconde, je me mets sur la pointe de pieds et dépose mes lèvres sur les tiennes. Mes bras trouvent leur chemin seuls jusqu’autour de son cou et je me colle davantage à lui tandis que le monde semble s’arrêter autour de moi. Nos bouches se fouillent, mon corps s’embrase et ce baiser dure, dure et dure. Au bout d’un moment, je le romps et me détache légèrement de lui. Mes yeux trouvent les siens tandis que nous nous regardons sans rien dire. Mon regard se trouble, une flemme ardente brûle dans mes yeux. Je murmure : « Lyam je… J’ai… » Je quoi Kayla ? J’ai envie de toi ? Putain non. Mais si tu en as envie. me dit la voix de la déraison, celle qui me pousse à faire des conneries la plupart du temps. Je ne sais pas s’il entend ce que je lui dis mais je demande quand même : « T’as réfléchi ? » Je parle du gain bien sûr. Je suis sûre qu’il a compris. Je me sens comme une gamine.

« Peut-être est-ce un signe ? Nous étions peut-être destinés à nous rencontrer dans ce bar ? » Je souris bêtement. Je ne crois pas au destin, je ne crois pas vraiment en la chance non plus mais il faut dire que le hasard a bien fait les choses ce soir. Certes, je camoufle mon léger mensonge par mon beau sourire, mais il est vrai que nous exerçons (ou allons exercer pour ma part) tous les deux dans des secteurs similaires. Protéger, secourir, être au service des autres, c’est une vocation que j’ai découvert il y a encore peu de temps mais j’en suis persuadée maintenant, c’est exactement ce que je veux faire de ma vie et je sais que c’est un métier où je vais pouvoir m’épanouir. « Peut-être bien. Qui sait après tout ? » Je ne peux m’empêcher de penser que peut-être qu’une puissance divine dans laquelle je ne crois absolument pas a mis Lyam sur ma route et je me surprends à imaginer que ce ne soit effectivement pas une coïncidence. C’est idiot de penser cela mais j’ai tout de suite ressenti une attraction irrésistible. Il faut dire que comme je lui ai si bien fait remarquer il y a quelques instants, Lyam n’est vraiment pas dégueu envers lui. Mais au-delà de son physique plus qu’attirant, en échangeant avec lui, je trouve sa personnalité intéressante. Du moins si c’est celle qu’il montre tous les jours et non pas uniquement les soirs où il veut choper une nana. Et dernier point, cette connivence qui existe presque imperceptiblement entre nous et qui nous a attiré l’un vers l’autre. Je commence peut-être à commencer à croire aux signes.

Lorsque Lyam m’entraîne sur la piste de danse, je me laisse aller. J’adore danser mais d’habitude, je me déhanche en compagnie de mes cousins et de mes cousines, je n’ai pas forcément l’habitude d’être aussi proche d’un homme, pas de cette manière-là en tout cas. J’apprends à apprécier chacun de nos mouvements, nos corps s’attirent, se repoussent, s’éloignent et se rapprochent à nouveau jusqu’au moment inattendu où je me retrouve dans ses bras, où ses lèvres parcourent mon cou et où mon cœur fait des ratés dans ma poitrine. Je ne peux m’empêcher de me retourner et de lui voler ce baiser, celui-là même qui me tente depuis maintenant une bonne dizaine de minutes. Mon corps réagit de la meilleure des manières à ce contact bienvenue. Ma langue fouille sa bouche, son corps se ressert contre le mien et je m’abandonne dans cette étreinte. J’ai la tête qui tourne et je ne suis pas certaine que cela soit à cause de l’alcool. Au contraire. Je me sens incroyablement bien et je ne veux pas lâcher Lyam. La musique me tambourine dans les oreilles mais je n’entends plus rien sauf les battements de mon cœur qui tambourinent à tout rompre dans mes tympans, il s’emballe sous le flot de désir qui m’anime soudainement tandis que je romps presque à contre cœur ce baiser dans lequel je me suis complètement laissé aller. Je me recule doucement mais Lyam ne me lâche pas. De toute manière, je n’ai pas envie d’aller bien loin, je suis bien dans ses bras. Sa chaleur m’enveloppe comme un linceul et ses yeux me regardent comme si j’étais la plus belle chose au monde ; son désir est ardent tout comme le mien. Je ne sais plus vraiment où j’en suis, je me sens comme une adolescente idiote. Ce n’est quand même pas la première fois que j’embrasse un garçon, pourquoi c’est différent des autres ? Je n’en sais rien. En tout cas, je n’arrive pas à exprimer ce que je veux à Lyam, j’ai peur qu’il le prenne mal où qu’il ne me comprenne pas bien. C’est plus simple de lui demander ce qu’il compte faire lui.

Nous reprenons un rythme lent de danse tandis que je vois ses lèvres s’approcher à nouveau de moi. Mais cette fois elles ne se dirigent pas vers ma bouche mais vers mon oreille dans laquelle il prononce les mots que j’avais envie d’entendre mais que je n’aurais pas osé prononcer moi-même. Je frisonne à ses mots et ma déesse intérieure s’enflamme. Je me penche vers lui à mon tour et lui murmures : « Cette superbe fille en a très envie aussi. » Putain Kayla, t’es un adulte merde, détends-toi ! me dit la voix de la déraison et je décide de l’écouter ce soir. J’ai l’impression que je fonds sous son regard tandis que je lui vole un second baiser, tout aussi délicieux que le premier. Mes yeux brillent d’une lueur qui ne faiblit pas tandis que je me détache à nouveau. Je lui dis : « Accorde-moi quelques minutes. » Je me sépare de lui et cherche du regard ma cousine. Je fais le tour de la piste de danse plusieurs fois et le tour de la salle également avant de retrouver Julia plantée par très loin du coin fumeur. Elle me regarde arriver et mes joues prennent immédiatement une teinte rosée. « Dis donc Kayla, tu t’amuses bien ce soir ! Il est canon ! » me dit-elle en me faisant un clin d’œil et je me doute qu’elle n’a absolument rien loupé de ce qu’il vient de se passer sur la piste de danse. Je me mords les lèvres et je lui dis : « Il vient de me proposer d’aller chez lui. » Je suis majeur et vaccinée, c’est con, mais j’ai besoin qu’elle me rassure, qu’elle me dise que j’en ai le droit. Elle me sourit et me dit : « Va t’amuser ! Active ton partage de localisation sur Whatsapp, on sait jamais si c’est un psychopathe. » Elle le dit sur le ton de la plaisanterie mais je sais qu’elle est sérieuse et je m’exécute immédiatement. Elle me serre dans ses bras et me dit : « Je t’appelle demain. Hésite pas si tu as un soucis. » J’acquiesce et me retourne vers la piste de danse. Putain, Lyam est plus là. Mais il est où ? Mon regard scrute la foule dense qui se trémousse au rythme de la musique mais aucun signe de lui.

Mes yeux se tournent instinctivement vers le bar où nous étions installés il y a encore peu de temps et je le rejoins, soulagée. Soulagée de quoi ? Qu’il ne soit pas parti ? Je me sens vraiment comme une collégienne, ça en devient ridicule. Il est en train de terminer son verre. Je sors mon téléphone et je demande : « Je commande un Uber ? J’ai trop bu pour conduire façon. » Conduire quoi ? J’ai même pas mon permis moldu, je dis vraiment n’importe quoi. En tout cas, il approuve mon idée et je lui tends mon téléphone pour qu’il rentre son adresse. Une fois que c’est fait, l’application me dit que le chauffeur sera là dans 7 minutes. Largement le temps qu’il finisse son verre. Je lui dis : « Je vais chercher ma veste au vestiaire, on se retrouve devant l’entrée ? » Il acquiesce à nouveau et je me dirige rapidement vers l’endroit où j’ai déposé mon sac à main et ma veste. Une fois que je les ai récupérés, je m’emmitoufle dans ma doudoune et j’enfile mon bonnet et mon écharpe. Je sors dehors et le froid vivifiant de janvier me gèle sur place. Je regrette de ne pas avoir pris de gants. Lyam m’attend et mes joues rosissent à nouveau tandis que j’attrape son bras pour partager sa chaleur corporelle. « Oh mon dieu, qu’est-ce qu’il fait froid ! » Je me sens soudainement un peu nerveuse et tendue. Sur la piste de danse, cela me paraissait naturel mais maintenant que je suis seule avec lui dehors, je me sens quand même un peu bizarre. Le Uber arrive et je reconnais la voiture à la description qu’il y avait sur l’application. Je fais signe à Lyam et nous montons dans celui-ci. Ma main s’approche timidement de la sienne et mes doigts s’agrippent au sien. La sienne est chaude alors que la mienne est complètement gelée. Je me sens timide et je n’ose plus trop le regarder tandis que je lui murmure : « Tu habites loin ? » Je n’ai même pas pensé à regarder la longueur du trajet quand j’ai validé.

Chaque geste, chaque mot prononcé par Lyam me rend dingue. Je sais que je suis probablement encore sous l’emprise de l’alcool et que c’est probablement pour ça que je fais n’importe quoi. Peut-être que je me mens à moi-même également en pensant que j’ai agi ainsi parce que j’ai bu. Cela a dû aider, c’est certain, mais pas uniquement. La raison pour laquelle j’ai couché avec Lyam, je ne la connais pas. Il est beau, il est sexy, je le trouve drôle avec son air réservé. Je sais pas, il y a un truc qui s’est passé entre nous et qui m’a plu. Et puis je dois l’avouer, je suis adulte, faut que j’arrêter de me prendre la tête avec ce que j’ai le droit ou non de faire. Et depuis le début de la soirée, j’avais envie de Lyam donc pourquoi m’en priver ?

Mon cœur bat à tout rompre. Alors que je suis installée contre son torse, je repense à ce qu’il vient de se passer. Je sens mon bas-ventre s’agiter lorsque je repense à ce qu’il a dit il y a quelques minutes. Parce que je veux être en toi. C’est super con comme phrase mais cela m’a mis dans un état que je ne saurais expliquer. La passion qui nous a animé, je la connais, j’y ai déjà longuement goûté avec mes anciens petits amis mais avec Lyam, c’est différent puisque rien de tout cela n’était prévu, je n’ai vraiment rien vu venir. Je souris doucement tandis que je fais tournoyer mes doigts contre sa poitrine, me perdant dans sa chaleur corporelle. J’adore être comme ça, j’adore être proche de mes amants, quels qu’ils soient. Et si je n’étais au début pas certaine que Lyam apprécie, je suis rassurée lorsqu’il dépose un baiser dans la cime de mes cheveux. Son bras me rapproche encore plus de lui et j’affectionne cette marque de tendresse à mon égard. Coucher avec un inconnu, ça m’a toujours fait flipper parce que j’ai toujours eu peur qu’on ne me respecte pas, qu’on ne respecte pas mes envies, mes désirs et mon sens de la moralité. C’est idiot, mais lorsque je me donne à quelqu’un, savoir que je ne suis pas qu’un vulgaire bout de viande, c’est appréciable. Il rit lorsque je lui demande si ça va. Il a raison, je pense que je serai partie s’il avait osé dire que ça n’allait pas. Je ne suis pas le genre de personne à vouloir avoir un retour sur mes performances, à vrai dire, je m’en fiche un peu. Mais je suis le genre de femme qui se soucie des autres, ça oui. Et en toutes circonstances. « J’avoue. » dis-je dans un murmure, plus pour moi-même que pour lui.

Lorsque je me dissimule sous les couvertures après ma taquinerie à peine dissimulée et je sens les mains de Lyam me chercher sous les draps, je ne comprends pas tout de suite ce qu’il cherche à faire avant que ses doigts s’égarent sur mes jambes et particulièrement sur mes chevilles. C’est étrange d’être si chatouilleuse à cet endroit-là mais il l’a bien compris et s’en sert comme une arme délicieuse contre toi. Je me tortille à nouveau pour tenter de me dérober mais Lyam est trop fort pour moi et je ne peux pas faire grand-chose d’autre que subir. Mais c’est une douce torture auquel j'accepte sans mal à me soumettre. Sans que je ne comprenne pourquoi ni comment, Lyam est à nouveau sur moi et embrasse quelques parcelles de mon corps. Je ferme les yeux, profitant de cette caresse inattendue et ses lèvres terminent sur les miennes. Les mots qu’il prononce par la suite me font sourire. Ai-je eu raison de prendre sa main? « Je sais pas, je suis encore en train de réfléchir. » dis-je en riant doucement pour bien lui faire comprendre que je plaisante. Alors que je m’apprête à retourner dans ses bras, mes yeux dérivent sur le radio réveil et je soupire. Punaise, il est tard. Sans dire un mot, je me lève et sors de la chambre pour retourner dans l’entrée. Je sens le regard de Lyam sur moi mais comme je sors nue, il doit se douter que je ne vais pas me barrer comme ça. Je fouille dans mon sac à main et en sors mon téléphone. Sur le chemin du retour jusqu’à la chambre, je vérifie mes messages et j’en ai un qui me fait sourire. Je commence à tapoter une réponse tandis que je rejoins à nouveau Lyam dans le lit. J’explique : « Ma cousine me demande si je suis encore en vie ou si tu es un psychopathe. Qu’est-ce que je réponds ? » Je ris doucement. Je me blottis tout contre lui en envoyant le SMS pour dire que tout va bien et que je l’appelle demain. Juste avant de reposer mon téléphone, j’active une alarme pour 8h tapante. J’ai cours à 9h, ça me laisse largement le temps de transplaner, de prendre une douche rapide chez mes parents et de me pointer devant la grille de Poudlard. Je ne vais pas beaucoup dormir cette nuit, c’est certain. Déjà parce qu’il est déjà 3h du matin et que d’ordinaire, je dors 10h pour bien récupérer. Mais je ne vais pas beaucoup dormir surtout parce que je ne compte pas laisser Lyam à si bon compte… Façon il bosse pas demain lui, alors il peut bien passer la moitié de ce qui reste de la nuit à… Je souris effrontément à cette idée qui me plaît plus que de raison. Je sais que ce n’est pas sérieux et que demain, j’aurais drôlement besoin d’un thermos de caféine mais j’ai décidé que je m’amusais ce soir donc autant aller jusqu’au bout et que je me souvienne de cette nuit mémorable. Je me tourne vers Lyam et je dis : « Non, je ne regrette pas du tout. » Je me penche vers lui et presse mes lèvres contre les siennes d’une manière non-équivoque. Sans réfléchir, mon corps bascule à nouveau sur le sien et je lui fais comprendre que j’ai envie d’un deuxième round. Nous nous perdons à nouveau dans une multitude de sensations qui nous emporte bien loin de la réalité. Plus rien n’existe si ce n’est nous.

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Endormie dans les bras de Lyam, je me réveille en sursaut. Je mets quelques secondes à émerger et me demande où je suis. Le corps chaud de Lyam me rappelle où j'ai passé la nuit. J'attrape mon portable, angoissée que celui-ci n'ait pas sonné et je me rends compte qu'il est 7h58. Je pousse un léger soupire de soulagement et m'éloigne de l'homme avec qui j'ai dormi. Lorsque je sors du lit, je sens Lyam qui grommelle dans son sommeil et qui bouge légèrement sans se réveiller vraiment. J’allume la lampe torche et récupère ma culotte, mon collant et ma robe que j’enfile assez rapidement. Je sors de la chambre et referme la porte doucement pour ne pas réveiller mon hôte de la nuit. La lumière du jour traverse toute la pièce et je pose véritablement mes yeux sur l’environnement dans lequel vit Lyam. Mon regard se pose sur une photographie encadrée dans l’entrée. Lyam sourit, une petite fille blonde dans ses bras. Putain. Il est papa ? T’as couché avec un daron me dit une petite voix dans ma tête qui trouve cela drôle. Je suis un peu surprise. Choquée ? Je ne sais pas ce que je ressens, je ne veux pas regarder ailleurs, j’ai peur de trouver les photos d’une femme et me rendre compte que j’ai couché avec un homme marié ou je ne sais pas quoi. Je suis perdue lorsque j’enfile ma veste, mon bonnet et mon sac. J’en oublie mon écharpe. Je regarde la porte de la chambre bien fermée et sans réfléchir, je transplane.