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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
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C'est meilleur et c'est moins long avec un peu d'ivresse || LORA III :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Luca Zabini
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Ven 25 Déc - 20:58

Levons nos verres sans raison,
il suffit de vivre c'est bon
mais c'est meilleur et c'est
moins long avec un peu d'ivresse

LORA III – 5 juin 2020


Tu te penches par-dessus le bar et d’un air amusé attrapes la bouteille de Vodka. Tu la débouchonnes avec tes dents et laisses lentement le liquide s’immiscer dans ton œsophage et l’alcool brûle les parois jusqu’à atteindre ton estomac. L’ivresse t’envahit tandis que tu te sens merveilleusement bien ; ton esprit embrumé divague loin tandis que tu te tournes vers Jaeden et lui tends la bouteille. Celui-ci avale à son tour une gorgée incroyablement longue qui vide une petite partie de la bouteille. « Putain de merde, ça déménage ! » Tu ris et lui dis : « Prends pas tout sale radin ! » En reprenant la bouteille de ses mains, tu bois à nouveau le tord-boyaux avec une facilité déconcertante. Ça fait un putain de bail que vous n’avez pas bu ensemble et que tu t’es mis une mine pareille. Tu crois même que c’est la première fois depuis ton retour. Putain ce que c’est bon d’oublier, ce que c’est bon de s’amuser et d’être avec les gens qu’on aime. Anjelica est un peu plus loin en compagnie d’Adèle. Ce n’est pas souvent que la jeune femme vient au White Thestral, c’est assez rare pour qu’on puisse le souligner. Tu les salues de la main et dis à ton meilleur ami : « Tout ça me rappelle ma jeunesse ! » ricanes-tu en te souvenant des premières soirées passées avec Jaeden aux courses automobiles et aux courses de bécane. C’était le bon temps où l’influence de la Cosa Nostra n’était pas aussi développée en Angleterre et où tout était plus simple. Depuis, de nombreuses choses ont changé et tu ne peux t’empêcher de penser que les soirées où tu laisses l’euphorie t’envahir sont celles où tu te sens le plus mal. Il faut dire que les responsabilités qui t’incombent en tant que dirigeant de la Cosa Nostra te sont revenues en pleine figure lorsque tu es revenu à Londres. Rien n’a changé depuis ton départ, au contraire. Certes, vos ennemis vous ont plus ou moins laissé tranquille durant les quelques mois où Anjelica était aux commandes et tu bénis le ciel pour qu’il ne se soit rien passé de grave durant ton absence. T’aurais pas supporté qu’il en soit autrement. Ton retour a rameuté les vipères, les nuisibles et les rivaux qui se sont empressés de s’engouffrer dans la brèche. La pression ressentie est encore supportable toutefois, la présence de ta sœur et Jaeden est soutenante ; ils savent maintenant ce que c’est. Ils comprennent davantage et t’épaulent tout autant. Tu as appris à déléguer également, ce que tu faisais peu auparavant. Tu as appris de tes erreurs du passé et tu sais que tu ne dois plus chercher à vouloir tout gérer seul.

Tandis que la musique emplit tes oreilles, tu sens la frénésie s’imprégner de ta conscience, tu sais que cela va être une bonne soirée. Jaeden se penche vers toi pour te dire qu’il va rejoindre Anjelica. Depuis ton retour, cela te fait toujours un petit quelque chose de les voir ensemble. Non pas que cela te dérange au contraire, t’es si heureux de les voir compter l’un sur l’autre. S’appuyer sur quelqu’un en toute circonstance, cela doit être grisant. Intéressant. Exaltant ? T’en sais rien. T’as toujours pu compter que sur toi-même. Malgré l’appui certain des deux amants dans chaque décision qui mérite leur concertation, tu sais que le choix du roi t’appartient et c’est parfois cette contradiction ultime qui te fait vriller. Tu avales une nouvelle lampée et tes yeux s’aventurent à travers la salle, le bar, la piste de danse. C’est vendredi soir et il y a du bon monde ici ; la plupart des gens qui s’amusent, tu les connais. Ce sont tes frères, tes sœurs, tes amis, les membres de la Cosa Nostra ; ce ne sont que des personnes qui pourraient donner leur vie pour votre cause, pour la famille, pour la Cosa Nostra. Ton regard s’accroche soudainement à une chevelure blonde et soudain tu ne vois plus qu’elle. Théodora Haig. Cette femme si mystérieuse, si… incompréhensible. Tu sens ton cœur faire des ratés dans ta poitrine tant tu sens l’énervement monter en toi. Tu sais que t’as parfois l’alcool mauvais mais il faut dire que Théodora n’a jamais rien fait qui mérite que tu laisses passer le moindre de ses frasques. Cette nana, tu ne la comprends pas, t’as envie de l’étrangler à chaque fois que tu la vois. Votre dernière entrevue dans son bureau t’a passablement échauffé pour que tu sentes de la rancœur et de la rancune à chaque fois que tu croises sa silhouette fine et élancée. Se servir de son charme puis ensuite chialer en disant que la vie est injuste, t’as trouvé ça tellement nul. Toutefois, entrevoir les failles de Théodora t’a tout de même suffisamment déconcerté pour que tu veuilles faire quelques efforts. Ces trois dernières semaines, vous vous êtes vus chaque lundi, toujours pour le boulot où ton attitude professionnelle de chef de la Cosa Nostra se ressentait et où tu transpirais l’assurance qui doit émaner d’un dirigeant. Tu as trouvé Théodora plus détendue, moins stressée, plus à l’aise avec le vouvoiement. Comme si vous repreniez une relation ordinaire de supérieur-subordonnée. Te concernant, cette nouvelle organisation ne te convient qu’à moitié.

Tes yeux glissent à nouveau vers Jaeden et Anjelica qui s’enlacent brièvement avant de rire à gorge déployée, Adèle semble avoir fait une blague. Tu te remémores soudainement les soirées qui ont précédé ton départ. Tu te souviens comment cela t’énervait qu’Anje et Jae ne se supportent pas, à quel point c’était difficile à vivre pour toi. Tu regardes Jaeden, et l’alcool faisant son chemin, tu te dis que tu dois faire un effort, un effort pour lui. Il a bien vu à quel point c’était compliqué entre vous. Tu te lèves et te diriges d’un pas décidé vers elle. Assise sur une des banquettes du bar, seule, tu t’assois sans rien dire à ses côtés. Tu restes là pendant de nombreuses minutes, réfléchissant à ce que tu vas dire. Tes premiers mots peuvent anéantir en une seconde le semblant de relation professionnelle que vous êtes en train de construire. Tu te penches vers elle pour qu’elle t’entende malgré la musique et dis : « J’ai réfléchi. » La bouteille de Vodka toujours à la main, tu la portes à ta bouche. Toi, réfléchir ? Toi qui prends toujours des décisions sur un coup de tête ? C’est peut-être à graver dans les annales. « J’ai réfléchi à ce que tu as dit l’autre fois. » Tu reprends le tutoiement, symbole que tu ne veux pas mélanger le privé et le professionnel. « T’as raison, on ne se connait pas. avoues-tu avec une simplicité déconcertante. Tu plonges ton regard dans ses yeux clairs, les tiens sont légèrement embués par la boisson mais tu te rends compte que c’est quasiment la même chose pour elle. « Salut, enchanté, j’m’appelle Luca Zabini. » Reprendre tout à zéro ? Tu lui tends la main pour qu’elle la serre. Tu sais que ce qu’elle va faire maintenant marquera probablement un tournant dans votre relation. Soit elle se barre, soit elle reste. Et ça changera tout.
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Sam 26 Déc - 1:05

C'est meilleur et c'est moins long avec un peu d'ivresse
Luca & Théodora
5 Juin 2020 | White Thestral | Soirée

Tout recommençait petit à petit à reprendre sa place. Depuis le retour de Luca, Théodora avait eu bien du mal à savoir sur quel pied danser dans la Cosa Nostra. Elle pensait s’être fait son petit nid, et bien sûr le Zabini avait shooté dedans sans vergogne ni considération aucune pour la jeune femme. Alors elle avait craqué. Juste un peu. Mais cela avait été suffisant pour rendre leurs rapports encore pires qu’avant. Au moins, ce qui en était ressorti avait étrangement satisfait Théodora. Luca semblait avoir accepté de l’écouter et de se plier un peu à ses propositions. Depuis trois semaines maintenant, leurs rendez-vous du lundi restaient calmes, professionnels et détachés. Dora présentait les chiffres et Luca posait quelques questions. Rien de personnel, juste ce qui était nécessaire pour faire tourner la boîte. Et qu’est-ce que ça faisait du bien ! Théodora avait même acheté dans une boutique pas loin du Chemin de Traverse, un cendrier Mangemégots qui se vidait tout seul. Un petit pas de paix vers son patron.

Seulement, il n’y avait pas que le boulot dans son existence mais Théodora se retrouvait souvent seule. Chacun vivait sa vie mais la jeune femme avait l’impression de n’être qu’un personnage secondaire dans celle des autres, oubliant par la même occasion sa propre destinée. Depuis qu’elle s’était engagée sur la voie de la Cosa Nostra, après maintenant un an, elle s’était jeté à corps perdue pour la famille, s’oubliant presque au passage. Peut-être avait-il fallu Luca pour lui rappeler qu’elle était aussi quelqu’un ? Car dans tous ses efforts pour lui montrer l’importance du tous ensemble, il n’avait qu’exacerbé son envie d’exister en tant qu’elle-même. Ainsi, Théodora avait décidé de sortir ce vendredi soir. Pas pour vérifier les ventes, pas pour superviser les chiffres, juste pour elle. Elle voulait profiter, pour elle.

Devant sa glace, Théodora essayait plusieurs tenues. Cela faisait longtemps qu’elle n’était pas sortie et elle voulait quelque chose de confortable mais qui bien sûr la mette en valeur, après tout on ne se refaisait pas ! Jean et t-shirt feraient l’affaire. Ses yeux cerclés de noir et une pointe de rouge à lèvre complétait le tableau. Elle se trouvait jolie. Et pour une fois, elle ne s’était pas préparée pour quelqu’un, mais juste pour elle. Et qu’est-ce que ça faisait du bien ! Théodora quitta son petit appartement pleine d’aplomb et de détermination. Ses pas la menèrent par réflexe devant le White Thestral et elle n’eut pas le cœur de ne pas y pénétrer. Après tout, c’était un peu sa deuxième maison, même si une certaine angoisse lui étreignait le cœur à l’idée de se mêler sur son temps libre à la Cosa Nostra. Gardant le sourire aux lèvres, elle salua plusieurs personnes présentes en entrant qui la reconnurent instantanément. Mas Dora n’était pas là pour les autres ce soir et elle continua sa route dans le bar ! Son regard détaillé la pièce. Elle aperçut Jaeden au loin et son appréhension disparut. Même si elle ne lui parlait pas, le savoir aux alentours la rassurait toujours. Anjelica jamais très loin non plus bien sûr ainsi qu’Adèle. Théodora se laissa quelques secondes de réflexion pour savoir si elle voulait les rejoindre. Elle aperçut Luca également et son sourire disparut. Non. Ce soir, elle restait en tête à tête avec elle-même. Cela lui ferait le plus grand bien.

Commandant un verre au bar, elle s’installa dans l’une des rares banquettes encore vides. Au moins, le business se portait à merveille. La jeune femme espérait juste que quelques-unes des personnes présentes payent effectivement leurs boissons. Un verre, puis un autre. Dora détaillait les gens et tenta de percer leurs secrets. C’était une grande première pour elle de ne pas aller parader et discuter avec qui que ce soit… Un autre verre. Elle gérait tellement bien sa solitude qu’elle fut presque agacée de voir s’approcher deux garçons, membres de la Famille. Elle releva ses yeux bleus sur eux avec malice alors qu’ils lui demandaient la permission de s’installer. Elle sourit et accepta. S’en suivit une discussion que Dora aurait facilement pu qualifier d’inutile. Mais elle les trouvait drôles ces deux gamins, ils devaient avoir à peine la vingtaine, qui essayaient de se démarquer l’un de l’autre en racontant leurs exploits. Finalement, les verres vides de la table poussèrent les deux jeunes à aller au bar recommander. Dora les regarda partir avec bienveillance avant de vider son verre. Enfin faire le mouvement et se rappeler que celui-ci était bien trop vide. Pesant le pour et le contre de savoir si elle devait se resservir, après tout elle avait assez bu mais en même temps cela faisait longtemps qu’elle en s’était pas autant amusée. Mais soudain, un mouvement attira son attention.

Une silhouette qu’elle n’aurait pas vraiment voulu voir dans ces conditions se glissa à ses côtés sur sa banquette. Théodora se crispa sans vraiment le vouloir. Quand Luca Zabini se décidait à venir la voir sans que cela soit prévu, ce n’était jamais une bonne nouvelle pour elle… Seulement voilà, il ne disait rien. Pas de petite manœuvre ridicule, pas d’insulte, pas même une petite parole calme, professionnelle ou détachée. Il avait simplement une bouteille d’alcool dans la main et le regard perdu au loin. Né désirant pas s’attirer les foudres du jeune homme, elle resta silencieuse, attendant de le laisser faire l’ouverture à leur probable discussion. Un certain malaise, quoiqu’atténué par l’alcool, commençait à s’installer quand finalement, Luca parla : « J’ai réfléchi. » Heureusement qu’il se penchait pour parler, car avec la musique et le brouhaha ambiant, il était difficile de s’entendre. « Ah ? » répondit-elle sur la défensive. Il but une gorgée d’alcool ce qui eut pour effet de rappeler son verre vide à la jeune femme. « J’ai réfléchi à ce que tu as dit l’autre fois. » Et merde, elle avait dit beaucoup de chose la dernière fois… Théodora se doutait qu’il ne parlait pas de la dernière réunion « Compta » pour la Cosa Nostra, mais bien le malheureux épisode de leur discussion houleuse. Allait-il la virer ? Il recommençait à la tutoyer… Pourtant il devait bien s‘être aperçu de tout le bon boulot qu’elle abattait non ?

« T’as raison, on ne se connait pas. » Ah bah ça… Théodora s’était attendu à beaucoup de chose de la part de Luca mais pas à ça. « Merci de le reconnaître… » Son regard plongea dans celui de Luca qui se tournait vers elle. Oh non, il était plutôt canon ce soir. Ce petit quelque chose de mystérieux, et cet étrange pas en avant en reconnaissant qu’elle avait eu raison. Pourquoi faisait-il ça pour elle ? « Salut, enchanté, j’m’appelle Luca Zabini. » Telle une poule ayant trouvé un couteau, Théodora fixa stupidement la main tendue sans vraiment savoir comment réagir. Que se passait-il ? Gardaient-ils leur côté professionnel qui était oublié en soirée pour redevenir les Dora et Luca qui avaient partagé des bières aux courses ? Serait-ce vraiment grave si c’était le cas ? La jeune femme était satisfaite de la situation actuelle et elle n’avait pas vraiment envie de la voir changer. Mais en même temps… Il était proche, trop proche. Elle en sentait son parfum. Il s’était bien trop rapproché pour lui parler et elle discernait dans la pénombre du bar chaque trait de son visage. Le cœur de Dora s’emballa, lui donnant sans qu’elle le veuille vraiment une indication sur la suite des évènements. Après tout, elle pourrait faire les deux, pas vrai ? Potes en soirée et collègues le reste du temps. Les barrières restaient claires et efficaces, il n’y avait aucune véritable appréhension à avoir au fond.

« Salut Luca. Moi c’est Dora. Enfin, Théodora Haig en entier. Ravie de te rencontrer. » Fit-elle finalement, un sourire amusé aux lèvres en serrant la main du Zabini. Cette scène était surréaliste. Mais cela la faisait rire. Ses appréhensions s’érodèrent alors qu’elle entrevoyait une piste neutre et vierge de toutes ses erreurs passées sur laquelle bâtir une nouvelle relation avec Luca. Et puis ce dernier avait aussi eu raison la dernière fois. Avant ça fonctionnait bien entre eux. Où est-ce que ça avait merdé ? « Tu viens souvent dans ce bar ? » Demanda-t-elle en tentant tant bien que mal de garder son sérieux. « Je connais plutôt bien les gens du coin si jamais tu as besoin. Tu veux boire quelque chose ou… Ta bouteille te suffit ? C’est ma tournée. »

- code by lilie -



We were searching for reasons
To play by the rules
But we quickly found
It was just for fools
But through all the sorrow
We were riding high
And the truth of the matter is
I never let you go, let you go
Your beauty never ever scared me
Mary on a, Mary on a cross

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Luca Zabini
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Lun 28 Déc - 22:09

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LORA III – 5 juin 2020

En venant t’enivrer au White Thestral ce soir, tu n’avais aucunement l’intention de faire ce que tu viens de faire. Aller voir Theodora, tu le sais, c’est probablement une belle connerie parce que vous risquez de détruire le semblant de relation que vous peinez à construire depuis quelques semaines. D’un côté comme de l’autre, vous vous êtes évertués à faire des efforts et cela s’est ressenti sur les rendez-vous de comptabilité qui en ont suivis. Te concernant, tu as fait ton possible et pris sur toi pour demeurer poli, aimable et professionnel. Dora en avait fait de même et avait même acheté un cendrier dans lequel tu t’étais empressé d’écraser plusieurs mégots. Bref, si votre relation professionnelle était devenue plus simple, tu n’arrives pas à te satisfaire de ça parce qu’au milieu de tout cela, il y a Jaeden. Et même si celui-ci ne se serait jamais permis de faire la moindre remarque sur vos rapports, tu ne peux qu’aisément comprendre ce qu’il ressent et ce qu’il pense de tout cela puisque tu as vécu exactement la même chose il y a deux ans lorsque vous vous êtes rapprochés et qu’Anjelica est arrivée en Angleterre. Cette animosité qu’ils ressentaient l’un envers l’autre était en plus de tout cela non justifiée ; tu te demandes maintenant, avec le recul que tu peux avoir aujourd’hui, si ce n’était pas là les signes et prémisses de leur inclination l’un pour l’autre. Quoi qu’il en soit, Jaeden devait ressentir en ce moment ce que toi-même tu as vécu. Et c’est pour lui que tu veux désormais faire des efforts. Plus pour que Theodora.

Alors te voilà assis auprès d’elle sur une banquette à chercher tes mots. Il faut dire que tu n’as jamais eu l’habitude de devoir faire la conversation avec qui que ce soit et encore moins avec une nana avec qui tu souhaites ‘’améliorer’’ votre relation et vos échanges. D’ordinaire, une meuf qui ne t’aime pas, bah c’est simple, tu la jettes et tu passes à autre chose, à quelqu’un d’autre. Théodora, c’est différent pour deux raisons : la première est la plus simple, tout le monde la connaît, c’est son lien avec Jaeden. La seconde, c’est qu’elle fait désormais partie de la Cosa Nostra et qu’en tant que membre à part entière de la famille, tu as envie qu’elle puisse entrevoir toutes les possibilités que cela lui offre car elle ne semble pas en être consciente. Mais maintenant que tu es auprès d’elle, que tu peux plonger ton regard dans le sien, tu ne sais plus trop quoi dire ni comment commencer. Ce n’est guère évident. Alors tu te lances en partant des faits : il est vrai que tu as un peu cogité depuis quelques semaines repensant à ce qu’il s’était passé et à quel point cet échange t’avait bouleversé à plusieurs niveaux. D’abord, tu t’es rendu compte que Théodora gardait encore une extrême rancune de ce qu’il s’est passé dans la salle de tatouage avant ton départ alors que toi, tu n’y avais pas tellement pensé depuis. Ensuite, il y avait ce stress, cette angoisse, le fait qu’elle se sente mal à l’aise avec toi en disant que tu la rabaissais ou que tu ne la respectais pas. Il y avait eu l’utilisation de son « pouvoir ». T’avais pas l’habitude de fréquenter des personnes avec du sang de Vélane et encore moins qu’on utilise le charme sur toi. C’était la première fois et perdre ton libre-arbitre, ne serait-ce que quelques secondes t’a chamboulé. Tu ne veux plus jamais revivre ça. Alors en soit, pour éviter que cela n’arrive à nouveau, il fallait peut-être faire de Théodora une alliée. Un peu comme lorsque tu as commencé à fréquenter Rose à l’époque ; tu étais intéressé par ces pouvoirs de métamorphe et tu savais quel intérêt cela pouvait avoir pour la famille. En soit, le pouvoir de la jeune comptable pourrait également être utile. Alors autant joindre l’utile à l’agréable, si tu peux t’exprimer ainsi.

Lorsque tu proposes à Dora ton marché en lui tendant la main, tu observes sa réaction avec intérêt. Que va-t-elle faire ? Que va-t-elle dire ? La balle est dans son camp. Pour le moment, elle fixe d’un air idiot la main que tu lui tends sans savoir comment réagir. Tu la comprends, t’aurais pas su quoi faire non plus. Il faut dire que ta proposition est soudaine, presque inattendue. Elle ne devait pas s’attendre à ce que tu fasses ça, ça n’est pas dans tes habitudes. En se présentant et en serrant ta main, tu lui offres un léger sourire. Tu n’iras pas jusqu’à dire que c’est le sourire de la réconciliation mais après tout, cela sonne tout de même comme un léger renouveau. « Enchanté de te rencontrer également. » dis-tu d’un air amusé. Ne sachant pas comment surenchérir, tu préfères te taire en souriant, laissant Théodora le soin d’entamer la conversation « apprendre à se connaître », après tout, de vous deux, c’est elle la pipelette. Tu n’as pas besoin d’attendre longtemps avant qu’elle ne te demande si tu viens souvent au bar, jouant le jeu. Son air sérieux accentue ton envie de rire ; cette situation est légèrement cocasse et tu sais que tu dois toi aussi tenter de rester impassible. « Si je viens souvent ? Plutôt régulièrement oui. » Tous les soirs en réalité, ou presque, et elle le sait parfaitement. Elle t’informe qu’elle connait bien les personnes qui fréquentent le bar. Tu ajoutes : « Ah ouais ? Tu connais le patron ? Entre nous, il paraît qu’il est un peu con. » Tu dis ça d’un air extrêmement décontracté et impénétrable. Il faut dire que tu souhaites lui faire comprendre que malgré ce qu’elle a pu faire et dire, toi aussi, tu peux faire amende honorable et savoir admettre tes torts. Enfin… Certains d’entre eux du moins, faut pas non plus déconner. Lorsqu’elle te propose de payer sa tournée, tu reprends : « Ah bah, si tu payes ta tournée, je ne dis pas non ! Je payerai la prochaine. » dis-tu en montrant ta bouteille. Tu fais ensuite signe à Amanda, une des serveuses qui travaille ici depuis longtemps. Elle se penche vers votre table en vous demandant ce que vous souhaitez. « Un double Whisky Pur Feu pour moi s’il-te-plaît. » Théodora commande à son tour et Amanda vous abandonne quelques instants avant de revenir très rapidement avec vos boissons. Tu attrapes ton verre et le lèves en sa direction : « A notre rencontre. » C’est vrai que ton idée allait peut-être vous entraîner vers tout à fait autre chose et tu as presque hâte de découvrir où. « Tu disais que tu connaissais bien les gens qui trainent ici. Ça veut dire que tu fréquentes ce bar régulièrement toi aussi ? » fai-tu mine de demander. Théodora ne vient pas aussi souvent que toi ici mais tout de même très régulièrement ; dans le cadre de son travail déjà (il faut qu’elle ait accès aux comptes et aux dépenses), mais aussi pour se détendre et profiter de l’ambiance du bar. Le White Thestral est un endroit où il est facile de s’amuser. « Est-ce que Théodora Haig aime autre chose que picoler dans les bars ? » Un léger sourire accompagne tes mots. Tes yeux encore plongés dans les siens, tu commences à réfléchir à ce que tu sais d’elle. En vérité, tu t’en rends compte, tu ne sais pas grande chose de ce qu’elle aime, de ses passions, de ses hobbies. Ok, tu sais qu’elle aime les chiffres. Mais en dehors de ça ? Qu’elle est chiante, maniaque sur les comptes, organisée. Mais le reste ? Ce que tu sais d’elle, tu l’as appris de la bouche de Jaeden jamais de la sienne. C’est peut-être pour cela aussi que tes connaissances à son sujet demeurent superficielles. Cette idée foireuse va peut-être avoir du bon finalement. En plus de tout ça, t’es légèrement ivre et quand tu l’es, tout peut arriver. Fallait juste pas que ça finisse comme la dernière fois. Enfin… La partie du baiser, tu n’es pas contre, tu as encore un souvenir assez impérissable de sa peau contre la tienne et ses lèvres accrochées aux tiennes. C’est après ça que ça a mal tourné. Il ne valait peut-être mieux pas s’y risquer à nouveau, au risque de raviver un mauvais souvenir.

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Luca & Théodora
Fin Mai 2020 | White Thestral | Soirée

S’il y avait bien une personne que Théodora s’était jurée d’éviter, c’était bien Luca Zabini. Leur relation était tellement en équilibre instable qu’un simple effleurement d’un côté ou de l’autre suffirait à tout envoyer valdinguer. Alors, Dora ne s’était pas approchée de Jaeden pour le saluer, ni d’Anje ou d’Adèle car Luca était dans le coin. Elle avait respecté les barrières qu’ils s’étaient tous les deux fixés avec une application qui l’étonnait elle-même. Mais sans l’arrivée des deux niais qui lui avaient fait la conversation, après tant de verres, elle aurait peut-être finalement brisé sa propre ligne de conduite si Luca ne l’avait pas fait avant elle. Au moins, elle pourrait rejeter la faute sur lui si quelque chose tournait mal. Les connaissant tous les deux, et plus encore avec l’alcool qui coulait dans son sang, la jeune femme savait que cela risquait très probablement de mal tourner.

Finalement, Dora décida de s’engouffrer avec Luca dans cette brèche, ce rembobinage de leur relation. Sa raison lui hurlait que c’était une mauvaise idée. Mais comme une mélodie maintes fois répétée, Dora en connaissait chacune des paroles mais pensait pouvoir y donner une fin différente. L’alcool exacerbait encore davantage ses inclinaisons : refaire toujours les mêmes choses en espérant un dénouement autre. N’était-ce pas la définition même de la folie ou du moins de l’idiotie ?

Le léger sourire de Luca la conforta dans le bienfondé de sa décision, rejetant aux oubliettes de son esprit cette raison bruyante. Leurs airs impassibles relatifs à tous les deux rendaient la situation encore plus comique qu’elle ne l’était déjà. « Si je viens souvent ? Plutôt régulièrement oui. »  Théodora prit un air faussement surpris tout en portant de nouveau le verre à ses lèvres. Ce ne fut qu’une nouvelle déception : en quelques minutes, personne ne l’avait rerempli magiquement. La déception fit place à la surprise alors que Luca s’adressait à elle. « Ah ouais ? Tu connais le patron ? Entre nous, il paraît qu’il est un peu con. »  Théodora ne sut pas vraiment comment réagir. Le visage de Luca était impénétrable et elle hésitait à le suivre dans cette voie de l’humour sans être bien sûre qu’il l’avait tracé exprès. Le choix devait être rapidement fait et elle choisit, pour une fois, d’avoir confiance dans le Zabini. « Ouai un peu, mais il a pas mal de choses à gérer alors on lui pardonne. »  Répondit simplement Théodora avec un petit sourire sincère. « Il parait que la comptable est pas mal non plus dans le genre reloue. Au moins pour le moment ils ne se sont pas entretués. »  Ajouta-t-elle le plus sérieusement dont elle était capable dans cette situation ubuesque. Luca avait fait un pas dans sa direction, elle se devait de faire de même.

La promesse d’une nouvelle rasade d’alcool sembla enchanter Luca autant que Théodora. La bouteille maintenant vide du Zabini trahissait son ivresse manifeste. Au moins ce soir ils étaient sur un pied d’égalité en matière de cuite. Amanda se rapprocha et Luca commanda. D’un air de défi, elle sourit à la commande de son partenaire de beuverie et ajouta. « La même chose pour moi, mais on the rocks s’il te plait. »  Elle était whisky mais pas sec. Sinon, elle aurait fini sur le sol dès la fin de ce verre et étrangement… Théodora avait très envie de savoir où cette soirée allait la mener. Elle n’attendait rien de Luca au point de vue « réjouissances de fin de soirée » : ils avaient essayé, cela avait été divinement bon un temps mais Luca avait préféré se barrer. Le coche était passé fin de l’histoire. Et puis cela n’aurait été nullement professionnel ou détaché que s’envoyer en l’air.

Il était l’heure de trinquer avec ces deux verres d’une couleur d’ambre. Avec les glaçons, le verre de Théodora semblait légèrement plus rempli que celui de Luca. Une petite victoire que la jeune femme apprécia silencieusement. « A notre rencontre. »  Répondit en écho Dora. C’était étrange de faire ainsi abstraction de tout ce qui avait pu se passer entre eux deux avant aujourd’hui. Une étrange excitation de voir les changements que cela allait opérer commençait à se propager chez la jeune femme. D’ailleurs, Luca relança la conversation. C’était déjà étrange en soi mais alors qu’il continue son petit manège, ce fut trop pour le sérieux de Théodora qui s’effaça au profit d’un nouveau sourire. « De temps en temps. J’aime bien l’ambiance familiale qui y règne même si j’ai parfois du mal à m’y faire. »  Ses yeux soutenaient le regard de l’Italien. Une autre forme de pénitence. « Tu as l’air de bien connaître les serveuses pour ta part. »  Le taquina-t-elle. Elle n’oubliait pas à qui elle s’adressait : Luca Zabini, patron et chef de la Cosa Nostra. Mais ce jeu entre eux lui faisait un peu oublier toutes les appréhensions qu’elle avait trainée avec elle depuis son entrée dans la famille. Ce faux sentiment de sécurité risquait de lui jouer des tours, elle le savait, mais qu’est-ce que ça faisait du bien.

« Est-ce que Théodora Haig aime autre chose que picoler dans les bars ? »  Légèrement surprise, Théodora but une gorgée de son verre pour gagner un peu de temps et réfléchir, le regard un peu dans le vague. Cela faisait bien longtemps qu’on ne lui avait pas posé ce genre de question. Et c’était une sensation désagréable de ne pas savoir quoi y répondre. La concentration se lut sur son visage alors que son coude se posait sur la table, son visage dans sa main et que ses doigts tapotaient sur la table. « J’aime bien picoler dans les bars mais pas que… »  Elle fixa Luca. « Le shopping. M’acheter de belles choses. Aller à l’égli… »  Elle s’arrêta dans sa phrase. Elle était tellement concentrée à trouver une réponse qu’elle n’avait pas réfléchie à si elle était prête ou non à partager ces informations avec Luca. C’était un peu tard maintenant. « Aller à l’église c’est aussi un joli passe-temps. Et cuisiner. J’aime bien cuisiner. »  Trois choses. C’était plutôt pas mal, elle trouvait… Surtout pour une fille qui avait passé sa vie à essayer de survivre plus qu’autre chose. Elle cherchait maintenant à discerner n’importe quelle réaction de la part de Luca. Ils ne s’étaient jamais vraiment parlés à ce point. « Et toi Luca ? Que fais-tu à tes heures perdues ? »  Elle était étrangement curieuse d’en connaître la réponse. Théodora l’avait déjà dit et répété : tous les deux ne se connaissaient pas. Et elle voulait savoir si elle apprécierait le vrai Luca, celui qui était pote avec Jaeden. Elle voulait faire cet effort pour ce dernier, mais aussi pour elle. Elle devait dépasser ses préjugés et ses peurs et commencer enfin à faire confiance, à s’intégrer. Elle avançait petit à petit avec le reste des membres de la Cosa Nostra mais Luca semblait être le plus difficile, le plus insaisissable.

La jeune femme repris une gorgée de son verre et se laissa aller sur le dossier de la banquette. Elle commençait à se détendre, un bras sur la table, l’autre à présent sur le dossier. Elle faisait face à Luca, avec une certaine lueur de défi, de savoir lequel serait le premier à craquer et retourner dans leurs travers respectifs.

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il suffit de vivre c'est bon
mais c'est meilleur et c'est
moins long avec un peu d'ivresse

LORA III – 5 juin 2020


La vie n’est souvent qu’une succession de mauvais choix. Ce soir en est peut-être un, tu l’ignores encore mais c’est plus enivré que d’habitude que tu as envie de découvrir si aller t’asseoir auprès de ta comptable était une bonne idée ou non. Seule cette conversation te le dira et tu pourras enfin en avoir le cœur net et savoir comment t’adapter à tout cela. Il faut dire que les réactions ambivalentes et excessives de Théodora à chacune de vos rencontres t’ont questionnées. Tu n’as pas l’habitude d’être ainsi traité, qu’on te dise que tu n’es qu’un être horrible et irrespectueux. T’as jamais eu le sentiment d’être ce genre de personne, encore moins avec un des membres de ta famille.  Il fallait dire que la jeune femme n’était pas vraiment l’archétype des personnes qui composent la Cosa Nostra. Tu la trouves trop pleurnicharde et en laissant ouverte ses brèches, ses failles et ses faiblesses, elle ne tiendra pas le choc au moindre problème. Tu pensais qu’elle aurait eu le temps de s’affirmer durant ton séjour dans les terres italiennes, mais c’est presque la même personne que tu as retrouvé dans son bureau. Elle avait pris de l’assurance, certes elle était plus à l’aise avec son travail, mais pour le reste, elle n’en demeurait pas moins la même que celle que tu as abandonné dans la salle de tatouage. Néanmoins, tout cela mis à part, tu n’en ressens pas moins une once de curiosité ; elle avait laissé entrevoir ses faiblesses mais aussi une partie d’elle que tu ne connaissais pas ; son sang de vélane. Il faut dire que ce n’est pas forcément le genre de chose dont on évoque sans réfléchir mais tu aurais pensé que Jaeden l’aurait évoqué lorsqu’elle a rejoint la Cosa Nostra. Enfin, en tout cas, tout cela avait suffisamment piqué et aiguisé ta curiosité pour que tu veuilles en savoir davantage. Ça et le reste. Ok, tu aurais très bien pu te contenter de ce que vous êtes en train de construire en ce moment : ce semblant de relation professionnelle pour le moins atypique mais plus conventionnelle. Après tout, ça aurait été plus simple. Mais simple ne fait pas partie de ton vocabulaire parce qu’avec toi, avec la Cosa Nostra, tout est toujours plus complexe que cela en a l’air. Le lien qui t’unie à Jaeden est fort. Et celui qui unie Jaeden à Théodora l’est également. Est-ce que tu fais tout cela pour lui ? Une part de toi-même y croit dur comme fer ; une autre partie -plus petite- sait qu’elle le fait aussi pour toi.

Alors proposer un retour en arrière à Théodora, revenir aux sources et effacer les erreurs du passé, après tout, pourquoi pas ? L’alcool faisant son chemin, tu as trouvé que c’était une idée excellente, tu verras après cette entrevue si tu as eu raison ou pas mais pour le moment, de toute manière, tes sens sont en alerte et ton esprit est embué. Tu n’as plus les idées aussi claires qu’au début de la soirée, mais suffisamment pour être ravi de voir que ta camarade s’engouffre dans cette nouvelle porte de sortie, peut-être qu’elle aussi souhaite écrire une histoire différente de celle que vous avez commencé.

Et c’était partie pour un jeu d’acteur particulièrement mauvais où elle comme toi tentez de ne pas rire à chaque grosse connerie que vous sortez. Théodora prend l’air surprise lorsque tu dis que tu viens régulièrement mais ne réagit pas à ta blague sur le patron un peu con. Tu vois qu’elle ne sait pas trop si cette phrase est censée être drôle ou non, si elle est censée être ironique ou non. Pour toi, c’était surtout un moyen de montrer que tu savais reconnaître certaines de tes erreurs sur un ton détourné. Les mots durs qu’elle avait eus lors de vos ‘’retrouvailles’’ t’ont fait prendre légèrement conscience que tu pouvais effectivement être un peu con parfois. Soit. Son visage serré se détend en un sourire simple que tu interprètes comme étant sincère. Lorsqu’elle évoque que ce fameux patron a pas mal de chose à gérer, tu acquiesces en silence. Il est vrai que toutes ses responsabilités, les tâches que tu dois effectuer et qui t’incombent te submergent parfois car tu sais qu’au-delà des affaires, au-delà des magouilles, ce sont des vies que tu tiens entre tes mains. Celle de ta sœur, celle de Jaeden. Celles de tous les membres de la Cosa Nostra, Théodora y compris. Et la moindre erreur est fatale. La vie peut s’arrêter d’un claquement de doigts. Tu chasses cette idée de ta tête et tu ris en l’entendant parler d’elle de la plus drôle des manières. « Reloue ? Je confirme. Ultra-reloue même. » Tu ris de bon cœur et tu lui souris pour montrer que tu plaisantes. Quoi que… « Pas encore, tu as raison. » Lorsqu’elle dit qu’ils ne se sont pas encore entretués. Effectivement mais avec vous, rien n’est moins sûr… Vous êtes tellement… Idiots ? Susceptibles ? Fiers ? Peut-être les trois à fois.   « Espérons qu’ils n’en arrivent jamais jusque-là, ça m’embêterait beaucoup. » dis-tu, le plus sincèrement du monde. Sur cette parole pleine de bon sens, vous recommandez à boire.

L’alcool, c’est ce qu’il y a de mieux pour délier les langues. Surtout la tienne. Autant Théodora parle pour deux, mais te concernant, tu es plutôt quelqu’un qui mesure ses mots et ce qu’il dit. T’aimes pas spécialement faire de longs discours (sauf si c’est pour emmerder la jeune femme mais chut) et encore moins lorsque c’est pour faire ‘’connaissance’’. Mais bon, comme tu le lui as dit, tu es prêt à faire des efforts, donc t’en fais mais pour cela, il te faut de l’alcool. Et lorsque vos verres arrivent et que vous trinquez, tu te dis que c’est peut-être effectivement un renouveau, le début de quelque chose d’autre. D’ailleurs, c’est assez rare pour qu’on le souligne, c’est toi qui relances la conversation en lui demandant si elle vient souvent ici. Sa réponse ne te surprend qu’à moitié. Après tout, ce n’est pas la première fois qu’elle exprime à demi-mots avoir du mal à se faire à sa nouvelle affiliation à la famille. Tu lui dis : « Cela viendra sûrement avec le temps. Avoir confiance n’est pas aisé. » Tu fais bien entendu référence à l’enfer qu’elle a pu vivre avec Jaeden où justement, ils ne pouvaient faire confiance à personne à part l’un envers l’autre. Tu comprends aisément que cela soit difficile pour elle de comprendre que la Cosa Nostra, c’est une vraie famille et qu’elle en fait partie maintenant. T’as l’impression qu’elle ne se considère pas encore comme un membre à part entière. « J’espère qu’un jour tu t’y sentiras aussi à l’aise que moi. » Lorsqu’elle évoque les serveuses, un léger sourire apparaît sur tes lippes tandis que tes yeux balayent la salle et tu murmures d’un ton plutôt évasif : « Certaines mieux que d’autres effectivement. » N’oublions pas qui tu es. Luca Zabini, véritable épicurien et coureur de jupons. Certaines de tes employées sont effectivement passées entre tes bras et dans tes draps. Depuis ton retour, certaines en redemandaient déjà. Mais tu l’avoues, depuis que tu es rentré d’Italie, tu préfères choisir tes conquêtes ailleurs, en dehors de la Cosa Nostra. Tu sais pas trop pourquoi, c’est comme ça.

En revenant au pourquoi du comment tu es assis à ses côtés, tu lui demandes ce qu’elle aime faire. C’est con cette question mais c’est elle qui a osé dire que vous ne vous connaissiez pas et en y réfléchissant, tu sais qu’elle a raison. Alors tu attends sa réponse avec une grande impatience tandis qu’elle boit une gorgée de son verre comme pour se donner de la contenance. Le shopping, les belles choses. Ces deux premières réponses ne te surprennent pas vraiment. Lorsqu’on a jamais eu grand-chose et que soudainement on a un salaire, tu peux comprendre que l’argent nous brûle les doigts. Et c’est vrai que Théodora était toujours très bien habillée. Aller l’église ? Tu vois qu’elle s’en veut d’avoir dit ça et qu’elle s’est laissée aller un peu trop vite. Tu demandes : « Tu es croyante ? » Question un peu stupide, à moins qu’elle n’apprécie l’architecture des églises mais bon, cela t’étonnerait beaucoup. Tu te demandes si c’est pour expier ses péchés antérieurs mais tu ne poses pas la question, cela serait peut-être indiscret. Quoi que… Cuisiner. Tiens tiens. « Dis-moi quelles sont tes spécialités. » demandes-tu, t’as soudainement très envie de le savoir. T’as jamais été un véritable cordon bleu pour ta part même si tu sais préparer quelques spécialités italiennes typiques, cela te rappelle chez toi.

Étrangement, lorsqu’elle te retourne la question, tu réponds sans réfléchir. « Dessiner. » Il est vrai qu’elle ne le savait pas forcément. Ok, tu es connu pour faire les tatouages de la famille. Mais à la base, cette passion t’est venue du contact entre le crayon et le papier. T’as toujours eu un don pour ça alors quand il a fallu trouver quelqu’un pour effectuer les tatouages des nouveaux membres de la famille, tu t’y es essayé et tu n’as plus jamais voulu arrêter. Le contact entre le crayon et le papier s’est transformé en contact entre l’aiguille et la peau du tatoué et il n’y a rien qui te satisfait de plus que ça. D’un geste inconscient, tes doigts virevoltent sur ton propre tatouage. « T’as peut-être déjà vu les dessins qu’il y a dans la salle de tatouage. Ils sont quasiment tous de moi. » Tu ne sais pas si elle y a fait attention quand tu as apposé la marque de la famille sur sa peau. Mais il est vrai qu’ils sont accrochés partout au mur ; motifs psychédéliques pour la plupart, ce sont des esquisses pour des tatouages qu’on t’a demandé de faire. Tu t’essaies aussi aux paysages et ce sont souvent les panoramas de la ville de Tivoli qui te viennent à l’esprit. D’ailleurs en parlant de ça et de ce que tu aimes... « Tivoli. » dis-tu simplement. « La ville où l’on est né et où on a grandi Anjelica et moi. Je dessine beaucoup ces paysages. » Tu ajoutes : « Il y a cette cascade près de la longère de nos parents où j’adore aller quand on est là-bas. » dis-tu simplement. Qu’aimes-tu d’autres ? Dans un sourire légèrement entendu et carnassier, tu ajoutes : « L’alcool. Les femmes. » Après t’être mis plus ou moins à nu en parlant des dessins et de ton amour pour le pays qui t’a vu naître, tu préfères repartir sur quelque chose de plus sécurisant pour toi, quelque chose qu’elle sait déjà. C’est plus simple. Et sans oublier… « Le sport. » Oh oui, et puis ta carrure s’est beaucoup développé pendant les onze mois que tu as passé en Italie… T’en as eu besoin pour décrocher ; te trouver une autre forme d’addiction plus saine. D’ailleurs, en parlant d’addiction… « Et les vols en moto bien sûr. Ce qu’on ressent sur une bécane, putain, ça dépasse tous ce qu’on peut imaginer. Je suis totalement accro à cette sensation. Je ne peux pas m’en passer. » Tu as grandi au milieu de tout ça, au milieu des motos, des voitures, du cambouis. Mais c’est dans les airs que tu te sens le mieux ; tu en es totalement dépendant. T’as toujours aimé ça et t’es accro à l’adrénaline que tu ressens quand tu voles. C’est différent de sur un balai, il n’y a pas les mêmes sensations ; l’assise, la vitesse, le bruit du moteur débridé, putain, tellement jouissif. Tu lui demandes : « T’as déjà essayé ? » Tu ne te souviens pas de l’avoir déjà vue voler lorsqu’elle venait vous voir aux courses de rallye que tu organisais avec Jaeden avant ton départ. Il faut dire que cela reste dangereux pour les néophytes.

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Une mauvaise idée. C’était une mauvaise idée. Théodora se sentait glisser suivant une pente dangereuse qui risquait de faire valser tout le petit monde qu’elle s’était déjà construit. Mais ce dernier n’avait-il pas déjà été ébranlé par le retour de Luca ? Son existence même en avait été secouée si elle voulait être véritablement dramatique. Comment en était-elle arrivée là ? Pourtant avant son entrée dans la Cosa Nostra, ils arrivaient à se côtoyer tous les deux sans se sauter à la gorge. Ils buvaient des bières et rigolaient bien. Dora avait rangé Luca dans la catégorie « amis de Jaeden », ceux qu’il ne fallait pas séduire sous peine d’entrainer pleins de problèmes. Et elle s’y était tenue, malgré le physique plus qu’avantageux du Zabini. Elle pouvait en être fière, avec sa stupide manie de flirter avec tout ce qui bougeait pour se sentir désirée et donc puissante voire vivante. Seulement voilà, après être entrée dans la Cosa Nostra, avec ce foutu mensonge qui lui enserrait la gorge, elle avait paniquée. Théodora avait voulu protéger ses arrières en ayant Luca à ses côtés mais son idée stupide lui avait évidemment explosé à la figure en ne lui apportant que des soucis, voire pire, elle avait même maintenant l’exact inverse que ce qu’elle avait cherché à obtenir : Luca la méprisait. Ce n’était pas un sentiment qu’elle avait l’habitude de faire éprouver aux hommes et elle n’aimait pas cela.

Et puis ensuite Luca était simplement parti. Disparu, envolé presque de son existence. Et évidemment, la jeune femme en avait été soulagée. Elle avait commencé à se faire une place dans l’organisation sans la peur que Luca découvre son secret et ne cherche à la faire tomber par pur mépris. Et tout à son honneur, Théodora avait réussi. Les gars, même les plus carrés d’épaules, la laissaient passer quand elle entrait quelque part, elle rigolait bien avec certains et en avait d’ailleurs emmené quelques-uns dans son lit, pour le plaisir d’être dévorée du regard dans l’intimité. Et puis Luca était revenu. Miss Haig la comptable s’était effondrée comme un château de cartes devant le Zabini et elle le détestait terriblement pour ça. Elle s’était laissée avoir, laissée tentée par son pouvoir et Luca la méprisait encore plus. N’avait-elle donc pas tout essayé avec lui ? Théodora avait même essayé de poser des mots sur son mal-être, ce qu’elle faisait trop rarement et… Il avait accepté. Là, pour le coup elle ne l’avait pas vu venir. Luca s’était donc retrouvé dans une catégorie similaire à la première dans ses conditions de liens : « patron ». Et de nouveau, ils avaient réussi à s‘entendre, à se parler sans en venir au corps à corps. C’était peut-être donc la clé de leurs bons rapports : être détachés. Et Théodora était en train de tout envoyer valser à cause de l’alcool. Mais n’était-elle pas du genre à justement toujours faire les mauvais choix ? Alors pourquoi continuait-elle de jouer les surprises à chaque dénouement malheureux ?

Ainsi, elle se retrouvait, avec deux grammes d’alcool dans le sang, à faire semblant de rencontrer Luca pour la première fois. Et qu’est-ce qu’elle s’amusait. Ils avaient tous les deux laissé leurs problèmes à la porte du bar tout comme leur sobriété. Théodora se joignit au rire de Luca alors qu’il appuyait sa définition de reloue. Ça faisait du bien. Plus encore lorsqu’il n’excluait pas qu’ils s’entretuent. Le rire de Théodora se calma soudainement aux paroles suivantes. « Espérons qu’ils n’en arrivent jamais jusque-là, ça m’embêterait beaucoup. » Un sourire timide vint orner les lèvres de la jeune femme. C’était vrai, elle aussi cela l’aurait beaucoup embêté. Une sensation étrange s’empara d’elle mais elle ne sut dire s’il s’agissait de l’alcool ou d’autre chose. Quelques papillons dans le ventre et un hâle rosé sur les joues.

Luca semblait enclin à la conversation et cela ravissait Théodora. Elle ne connaissait pas d’autre moyen de connaître quelqu’un que de discuter avec lui. La comptable avait peur d’avoir été trop franche dans ses paroles concernant sa place dans la Cosa Nostra. Après tout, c’était un des grands reproches de Luca : qu’elle ne comprenait pas « l’esprit de famille ». Il n’avait pas tort mais rien de ce qu’elle semblait faire n’était assez. Elle n’avait eu aucun mode d’emploi et Luca espérait qu’elle s’y connaisse parfaitement ? Le Zabini était un peu hypocrite : tout le monde n’avait pas grandi entouré comme il l’avait été. Mais étrangement, aucun mot de reproches ne sortit de ses lèvres. Luca semblait… Compréhensif ? Est-ce l’alcool qui rendait Luca Zabini humain ? Quelle découverte… S’y sentir aussi à l’aise que lui ? « J’espère aussi. Vraiment. »

Changeant de sujets, voilà qu’un nouveau terrain glissant se dévoilaient devant leurs yeux : les conquêtes du Zabini. La réponse évasive du Zabini arracha un nouveau sourire à Théodora. Elle n’aurait pas pu le critiquer sur ce sujet. Il y avait plusieurs bonhommes dans le coin avec lesquels elle s’était retrouvée dans un lit, sur une table ou dans l’herbe… La réponse de Dora fut un petit mouvement de tête, avec un petit air moqueur. « Hmmm…. » .

Voilà que maintenant Luca Zabini s’intéressait à ses passe-temps. Ainsi il l’avait écouté lors de leur dernière altercation ?! Et elle qui pensait qu’il n’avait rien retenu, quelle heureuse surprise. Théodora sentait la petite case dans laquelle elle avait sagement rangé Luca commencer à trembler. Les bords étaient sur le point de céder. Ils partageaient des informations personnelles, ils apprenaient à se connaître. Très mauvaise idée. « Tu es croyante ? » Et bah oui Dora, quand tu balances des trucs comme ça, fallait s’attendre à avoir des questions là-dessus. Les sorciers n’étaient pas du genre à croire en Dieu. Ils avaient les pouvoir que la divinité possédait supposément, alors quel intérêt ? Théodora le voyait elle plutôt comme un courant de pensée et un certain soutien plus qu’une véritable ligne de conduite à suivre. C’était un peu sa corde pour se maintenir chez les moldus avec les pieds sur terre. Ne pas oublier d’où elle venait, même si ce « d’où elle venait » ne voulait plus d’elle. Elle soutint le regard de Luca, parce qu’après tout elle avait décidé d’assumer, parce que merde. « Oui. C’est un réconfort comme un autre, p’t’être un peu rare chez les sorciers. » Son air défiait l’Italien de faire un quelconque commentaire moqueur à ce sujet. Elle n’était pas du genre extrémiste dans ses croyances, loin de là, mais elle aurait été extrêmement peinée de voir Luca se foutre de sa gueule sur ce sujet.

Théodora cuisinait mais n’avait pas vraiment de grandes compétences : elle était plutôt du genre à réussir à faire quelque chose de mangeable avec les restes ou ce qu’elle avait pu dégotter quand elle n’avait pas vraiment de moyens. Elle sourit à la question de Luca et but une gorgée de whisky. Ce dernier lui brula la langue, un petit piquant qui échauffait ses sens. « Je fais de très bons ragoûts, c’est pratique et pas compliqué. Sinon ma spécialité reste la tarte à la mélasse. Si on se recroise un jour, je te ferai goûter. » Revenir s’ancrer dans leur petit jeu d’inconnus pour ne pas se laisser trop happer. Mais étrangement, plus la conversation avançait, plus Théodora voulait se laisser glisser dans ces eaux sombres inconnues mais si réconfortantes. Peut-être était-ce l’ambiance feutrée du bar, le bruit et la musique qui rendaient ces instants si chaleureux. « Dessiner. » La voix calme, grave et posée de Luca participait à ce sentiment de sérénité. Dora aurait pu se douter de ce passe-temps mais cela la surpris tout de même. Le grand et intraitable Luca Zabini dessinait. La jeune femme n’avait jamais réussi à voir l’homme derrière la fonction. Les dessins dans la salle de tatouage ? Oh elle avait eu tout le loisir de les détailler pour éviter les regards fixés sur elle lors de son tatouage, et plus encore lorsque vexée, elle s’était murée dans un silence éloquent. Et elle pouvait, en oubliant sa mauvaise foi, acquiescer que Luca était un artiste. « Oui j’y suis allée à quelques reprises dans cette salle… C’est très beau Luca. Tu es très doué. » La marque visible sur son propre bras la brûlait à présent de tous les souvenirs et sentiments contraires mais entremêlés dans son esprit à l’évocation de cette salle. Du ton sec et hautain de Luca à son corps chaud contre le sien. À ses lèvres avides des siennes comme à ses menaces. Théodora se réfugia dans son verre d’alcool alors que ses pensées l’entrainaient dans un vertige qu’elle n’arrivait plus à maîtriser. Le frais des glaçons et les confidences de Luca semblaient ramenés Théodora à la raison. « Tivoli. » Les anecdotes font sourire Dora qui est presque déçue du trop peu d’informations qu’il daigne lui donner. Elle qui n’a jamais vraiment voyagé, elle pourrait écouter la description de paysages exotiques pendant des heures. « Ça a l’air magnifique. » Répondit-elle simplement, avec un soupçon d’envie, de jalousie et d’espoir. Un jour elle irait. C’était décidé. Avec ou sans Luca d’ailleurs. Quoiqu’étrangement, une intuition lui indiquait que ce serait plus sympa avec…

« L’alcool. Les femmes. » Et voilà, Théodora retrouvait le Luca qu’elle avait été presque ravie de perdre. Laissant échapper un petit rire de moquerie, elle se laissa de nouveau repartir en arrière contre la banquette. Ils avaient partagé un petit moment de complicité. Mais il avait raison d’y mettre un terme. C’était bien trop dangereux, trop une mauvaise idée. Peut-être qu’elle s’en sortirait ainsi : il fallait que quelqu’un prenne les décisions pour elle. « L’alcool, les femmes et le sport… C’est une belle Triade. J’ai le regret de n’en aimer que deux sur les trois. » Ajouta-t-elle en buvant un gorgée. Question sport, elle avait bien évidemment ses préférences…. Mais elle n’allait surement pas en faire part à Luca.

Les vols en moto. Qu’est-ce qu’elle avait peur de ces trucs-là. Enfin c’était avant de rencontrer et côtoyer Jaeden. Il passait sa vie là-dedans et n’arrêtait pas de parler de cela. Alors après une dizaine d’années à le côtoyer, elle était bien obligée d’admettre qu’elle en connaissait un véritable rayon sur ses bécanes. On aurait même pu dire qu’elle aurait été capable de nommer chacune des pièces ou de décrire les procédures tant qu’elle n’avait pas à y mettre les mains. Elle détestait se salir et le cambouis, ça partait mal sur des vêtements. D’ailleurs, elle avait réussir à tenir assez longtemps avant de se laisser embarquer sur un de ces engins du démon –pardonnez-la pour cette expression-. Seulement voilà, un jour Jaeden lui avait lancé le défi de monter derrière lui pour voler. Théodora étant Théodora, elle avait été obligée de le faire sans quoi elle aurait perdu la face. Le sourire triomphant de Jaeden… Elle avait eu envie de le frapper. Et puis elle avait tout à fait vécu ce dont parlait Luca, dans une moindre mesure évidemment. Elle ne conduisait pas, simplement le vent sur le visage, la sensation de ne rien peser. Comme une gamine, elle avait étendu les bras en riant une fois en l’air. Jaeden lui avait finalement appris quelques petits trucs sur la conduite de ces engins mais cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas monté sur une quelconque bécane.   «  T’as déjà essayé ? » Le verre à la main, Théodora détailla Luca par-dessus avec attention. Un haussement d’épaule et elle parla. « Je connais quelqu’un qui aime beaucoup ce genre de bécanes… Alors j’ai bien été obligée… Mais de là à dire que je sais conduire, c’est un grand mot. Toute seule là-dessus ? Ne pouvoir compter que sur moi-même ? Non je ne me fais pas suffisamment confiance sur ces sujets ! » Un sourire entendu. Et si… Oh non, elle se sentait sombrer de nouveau. « Il faudrait que je trouve quelqu’un de moins occupé pour m’apprendre un jour. » Son regard se fit plus pénétrant. Et merde. L’alcool venait de percer les défenses qu’elle pensait avoir réussi à maintenir jusqu’ici. Une vague de sensation l’assaillit, le parfum de Luca, ses yeux perçants d’une lueur inconnue, son sourire moqueur qui la faisait enrager. Elle se foutait de plus en plus de tout. Elle ne voulait pas penser aux conséquences du lendemain. Ils étaient des inconnus après tout pas vrai ? L’avantage des inconnus, c’était qu’on pouvait décider de ne jamais les revoir. Ce n’est pas un inconnu idiote. Ta gueule la voix. Le regard de la jeune femme quitta un temps Luca et balaya la pièce du regard. Elle y vit d’un côté les soiffards accoudés au bar, de l’autre les danseurs, et plus loin les joueurs de fléchettes. Les rires bruyants des tables de jeux aux accolades plus que prononcées de certains couples.

Théodora redonna son attention à Luca en se rapprochant dangereusement de lui. Voilà qu’elle recommençait la même chose en espérant une fin différente. De la folie pour sûr, ce n’était même plus de la bêtise à ce stade. « Et est-ce que Luca aime danser ? » Demanda-t-elle soudainement un peu plus sérieuse, moins moqueuse. Une simple question dont la réponse entrainerait pas mal de conséquences, elle le savait. Mais elle avait confiance en Luca pour lui éviter les conneries. Il était le responsable entre tous les deux. Il ne ferait pas l’erreur. Il l’avait déjà remise à sa place, il pourrait recommencer. Ils avaient assez partagé pour ne plus être des ennemis pas vrais ? Sa raison, écrasée sous les toxiques du whisky espérait qu’il ne sombrerait pas avec elle. Car alors, elle n’était plus sûre de pouvoir répondre de quoi que ce soit. « Parce que j’irai bien et que cela me peinerait de devoir escalader un presque inconnu pour y aller seule. »

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LORA III – 5 juin 2020


T’aimes ça, le risque. Parce que clairement, venir chatouiller Théodora ce soir après ce qu’il s’est passé entre vous, c’est clairement partir pour l’échafaud et se mettre soi-même la corde au cou. En vrai, tu le sais maintenant, elle peut te faire faire n’importe quoi si elle utilise son charme. Bon, là, vous êtes dans un lieu neutre, cela t’étonnerait beaucoup qu’elle en use mais bon vaut mieux être prudent. Sauf que tu te connais, prudent, tu ne l’es pas du tout, t’as toujours été un bourrin, un impulsif, une tête brûlée. Un idiot ? Il faut être con. Bon bah voilà, c’est dit, t’es con. Façon vous le saviez déjà, tu l’as énoncé tout à l’heure que le patron du White Thestral était un peu con et à ce que tu saches, le boss ici, c’est toi. Donc t’es con. Merci au revoir, ciao à demain. Bon non, faut pas exagérer, maintenant que t’es là, tu vas y rester et tu vas aller au bout de ton idée. Et ton idée, c’est de faire la paix avec elle : pour Jaeden. Et un peu pour toi (chut faut pas le dire). Et tu le sais, avec deux grammes et demi dans le sang, faire la paix avec Dora, ça semble presque facile. Repartir à zéro, c’est ton idée pourrie mais pour le moment, elle a le mérite de fonctionner puisque pour la première fois depuis qu’elle a intégré la Cosa Nostra, vous vous parlez normalement, vous échangez normalement. Comme deux personnes qui ne se connaissent pas et qui viennent de se rencontrer. C’est peut-être ce qu’il vous fallait finalement, un nouveau départ. Tu t’amuses à faire semblant de ne pas la connaître, à te critiquer toi-même et tu vois qu’elle s’amuse en en faisant tout autant. Un sourire nait sur ses lèvres et elle éclate même de rire. Tu ne sais pas pourquoi mais même par-dessus la musique qui tambourine dans tes oreilles, ce son cristallin résonne dans ta tête encore et encore c’est le début d’accord d’accord. Lorsqu’elle te précise qu’elle aussi espère que vous n’en arriverez jamais à de telles extrémités, tu la sens sincère et tu te dis qu’effectivement, c’est peut-être vraiment un renouveau. Tu verras bien si le jeu en valait la chandelle.

Lorsque vous en venez à parler de vous, ça te fait bizarre de parler de tout ça avec elle. Théodora, tu la connais pas et tu t’en rends compte, surtout lorsqu’elle parle de l’église. T’es étonné parce qu’il faut l’avouer, il y a peu de sorciers adeptes de la religion, quelle qu’elle soit. Croire en un Dieu, ou plusieurs d’ailleurs, tu trouves ça débile et surfait. S’il y avait un dieu au-dessus de vos têtes, ça ferait longtemps qu’il t’aurait supprimé de la surface de la terre pour tes péchés, ce qui montre bien par A+B que cela n’existe pas. Mais en regardant la tête de ta jeune camarade, tu ne préfères faire aucun commentaire parce que tu sens qu’elle n’apprécierait pas que tu te moques d’elle alors qu’elle vient de s’ouvrir à toi, te confiant quelque chose qui lui tient probablement à cœur mais surtout quelque chose d’ultra d’intime. « Je comprends. » Enfin qu’à moitié mais bon, c’est pas aujourd’hui qu’il faut lancer un débat existentiel auquel vous n’aurez aucune réponse ; donc non, tu laisses tomber. « Personnellement, le seul dieu dans lequel je crois c’est moi. » Tu lui fais un clin d’œil, laissant l’ancien Luca prendre le dessus l’espace d’un instant, le Luca qui a un égo démesuré, le Luca arrogant et qui croit en lui comme ce n’est pas permis. Mais tu redeviens très vite l’inconnu qui aborde une inconnue dans un bar et cette même inconnue lui explique ses compétences culinaires. Bon, tu lui diras pas sinon elle va encore chialer et dire que t’es chiant, mais sa cuisine ne semble pas valoir celle de mama Zabini. Mais chut, c’est parce qu’un inconnu dirait, donc tu lui réponds : « Avec plaisir ma chère. » Tu mets les formes, plus pour la faire rire que pour qu’elle y croit vraiment ; elle sait bien que jamais tu ne lui parlerais comme ça d’ordinaire. Et même si ce soir vous faites comme si vous étiez quelqu’un d’autre que ceux que vous connaissez déjà, tu ne peux pas qu’elle oublie qui tu es vraiment, au fond. Tu veux bien faire des efforts mais tu restes toi, et ça, ça ne changera pas.

Mais quand on en vient à parler de tes propres centres d’intérêt, tu te bloques un peu. T’as pas l’habitude de parler de toi. Les gens que tu aimes, que tu fréquentes, savent déjà tout ça et tu n’as plus l’habitude d’être gentil et de vouloir te faire des amis. Alors tu préfères faire simple et ne pas t’encombrer en parlant de ce qu’elle doit déjà plus ou moins savoir. Le dessin, c’est vrai que c’est ton petit jardin secret, c’est ce que tu aimes faire lorsque tu sens que ni la drogue ni le sport ne te fera décompresser. Quand t’as une feuille et un crayon entre les mains, tu deviendrais presque un autre homme, tu entres dans un monde qui n’appartient qu’à toi et tu t’évades. Rien n’a alors plus d’importance. Tu te perds dans le méandre de tes pensées et c’est Théodora qui te ramène à la réalité. « Tu es très doué. » dit-elle en parlant de tes dessins dans l’arrière salle du White Thestral, celle qui servait notamment à entreposer tes dessins et tout le matériel nécessaire pour faire un tatouage. Certes, c’est toi qui tatoue tous les nouveaux membres de la famille mais tu t’essaies aussi à d’autres motifs pour d’autres personnes qui sont tout aussi réussis et magnifiques. Cela te plaît de ne pas uniquement se cantonner à la marque de la Cosa Nostra. « Merci beaucoup. » dis-tu, un grand sourire aux lèvres. C’est con, mais t’es fier de ce que tu peux produire donc tu vas certainement pas te cacher de l’être. Tu ris en disant : « Si jamais t’as besoin d’un autre tatouage… tu sais où me trouver. » C’est vrai que tu ne serais pas contre découvrir encore une autre parcelle de sa peau… Putain de merde Luca ! te hurles ta petite voix dans ta tête, celle de la raison et tu chasses cette pensée de ton esprit tandis que l’autre petite voix, celle de la déraison te chuchote doucement que ça te plairait beaucoup. Mais tu fais taire les deux voix en évoquant avec elle la ville où tu as grandi. Tivoli, cette ville merveilleuse dans laquelle tu t’es toujours senti chez toi, contrairement à l’Angleterre et ses paysages froids, sa météo capricieuse et son manque d’originalité. Tu acquiesces lorsqu’elle te dit que cela a l’air magnifique. « Oui, ça l’est. » Un peu sur un coup de tête, tu lui dis : « On ira ensemble. » Tu te rends compte de ce que tu viens de dire et tu préfères annuler tes paroles. « Pour le mariage de Jae’ et Anje, j’veux dire. Quand toute cette merde sera terminée… » Ton regard glisse sur Jaeden et Anjelica qui sont à l’autre bout de la pièce, toujours en compagnie d’Adèle. T’as pas envie de t’épandre sur le sujet donc tu n’ajoutes rien d’autres mais tu dois l’avouer, cette histoire t’a pas mal retourné en Italie et tu as hâte que ton pote soit blanchi et que cette histoire soit vite derrière vous. Franchement, qu’est-ce que la famille peut bien trouver à lui reprocher à part d’être un mec qui s’est battu comme un lion pour s’en sortir ? Franchement ! Enfin bon, ce n’est pas le sujet du jour donc tu te reconcentres sur Théodora.

Tu ne dis rien lorsqu’elle te dit n’aimer que deux de tes centres d’intérêt entre l’alcool, les femmes et le sport et tu n’as pas de doute sur celui qu’elle laisse de côté… Tu n’es pas un sain, tu ne l’as jamais été et tu ne t’en caches pas. Théodora non plus. En dehors du fait qu’elle a du voir passer un nombre incalculable d’hommes sur elle au bordel, tu sais qu’elle se fait bien plaisir aussi ici avec certains membres de la Cosa Nostra et putain, elle a bien raison. Ce n’est pas toi qui vas l’en blâmer. Elle doit aussi avoir besoin de décompresser et le sexe est un putain moyen de décompresser. Et la petite voix de déraison dans ta tête qui te dit que… ta gueule lui réponds-tu avant que celle-ci n’aille trop loin et que des pensées lubriques et indécentes fassent leur bonhomme de chemin dans ta tête.

Lorsque vous évoquez les motos, tu sens ton esprit s’envoler en même temps que tes pensées salaces. Il faut dire que de tous tes passe-temps, c’est probablement celui que tu préfères, celui qui te permet réellement de sortir de celui que tu dois être la plupart du temps. Dans les airs, tu redeviens juste Luca, pas Luca Zabini, l’héritier d’une grand héritage mafieux et qui doit porter ce poids sur ces frêles épaules. Bon ok, elles ne sont pas frêles tes épaules, mais c’est tout de même de grandes responsabilités qui t’incombent et tu sais que la tâche n’est pas aisée et que la moindre de tes erreurs se répercutent sur toute la famille, donc c’est dur. Tu ris encore une fois lorsqu’elle te dit connaître quelqu’un qui aime les motos. Ton regard se porte encore une fois sur Jaeden pour lui montrer que tu sais de qui elle parle. Jaeden est aussi mordu que toi, c’est même comme ça que tu l’as connu. Cela te paraît normal qu’il lui ait fait goûter aux joies des vols en moto. Mais de ce qu’elle semble te dire, elle n’a toujours été que passagère. C’est quand même pas la même chose qu’être conducteur et de diriger soi-même. Lorsque tu es prêt à le lui dire, elle dit qu’elle aurait trop peur toute seule et qu’elle aurait besoin d’un professeur. Son regard est profondément ancré dans le tien et tu crois lire entre les lignes de ses mots. Encore une fois, sans réfléchir, ton esprit embué par l’alcool te fait dire : « Il se trouve que tu as devant toi le meilleur dans le domaine, si jamais t’as besoin… » Si jamais t’as besoin d’un tatouage et si jamais t’as besoin d’un prof de moto ? Mais putain, Luca Zabini, qu’est-ce qu’il te prend ? T’es complètement fait, tu commences vraiment à dire n’importe quoi. Mais en même temps, la perspective de monter un jour sur une moto avec elle te parait tout à fait satisfaisante alors que cela devrait t’énerver plus que tout compte tenu de vos différents passés.

Vous en restez là sur le sujet jusqu’à ce qu’elle te pose la question fatidique. « Est-ce que Luca aime danser ? » Tu hausses un de tes sourcils et ricanes d’un air si franc que tu ne peux garder plus longtemps ton sérieux. « Tu sais bien que non. » T’aimes pas danser, t’aimes pas du tout. Sauf si c’est pour choper une nana et que t’as pas le choix. Mais sinon, tu danses jamais. Tu préfères picoler. « Parce que j’irai bien et que cela me peinerait de devoir escalader un presque inconnu pour y aller seule. » Ta mâchoire se décroche à nouveau et pour une fois, t’es sur le cul, t’es bouche bée. Elle a osé. Tu décides de rentrer dans son jeu. Après tout, vous êtes des inconnus, et des inconnus, ça flirte non ? Tu réponds : « Tu vas devoir me grimper dessus si tu veux passer et danser. Quand j’aurais vu ton cul sur la piste de danse, peut-être que je reconsidérerais ta proposition. » Oh oui, danse pour moi Théodora hurle à nouveau la petite voix que tu n’arrêtes pas de faire taire.

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Aussi loin que j'me souvienne

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Mer 6 Jan - 20:28

C'est meilleur et c'est moins long avec un peu d'ivresse
Luca & Théodora
Fin Mai 2020 | White Thestral | Soirée

Parler de religion, Théodora n’aimait pas vraiment ça. Avec les moldus, elle ne pouvait jamais être totalement elle-même. Entre le Diable, les bûchers et autres miracles, chaque manifestation inexpliquée était une curiosité à vénérer ou à éradiquer. Quant aux sorciers, personne ne partageait véritablement son point de vue sur Dieu et les implications d’une telle croyance. Elle ne pouvait pas leur en vouloir. Ils n’avaient pas ce besoin, comme les moldus, de tout expliquer. Après tout, la magie cela expliquait à peu près tout, qu’importe si l’on ne comprenait pas véritablement son fonctionnement. Et au milieu de tout cela, il y avait Théodora, avec cette envie de croire que quelqu’un, Là-Haut, écoutait ses prières tout en faisant disparaître ses problèmes d’un coup de baguette magique. L’ironie de sa vie.

Alors quand Luca ne fit pas de commentaires, qu’il la gratifia de ce « Je comprends. » . Et bien Théodora lui en fut reconnaissante. Elle avait donné une part d’elle qu’elle gardait normalement cachée et il ne l’avait pas piétinée. Pourquoi ? Pourquoi Luca continuait de jouer ces deux personnalités, celui du connard fini et du copain sympa ? Était-ce simplement cette stupide et cocasse comédie d’inconnu à inconnu qui le rendait sympathique ? Un rôle comme un autre qu’il jouait pour le plaisir de pouvoir se foutre de sa gueule plus tard ? Dora ne comprenait plus très bien. Malgré cette possibilité, Théodora devait bien avoué que cette idée  d’ainsi apprendre à se connaître semblait porter ses fruits. « Personnellement, le seul dieu dans lequel je crois c’est moi. » Théodora soupira malgré un sourire qui ne voulait pas partir. Elle leva les yeux au ciel pour lui faire comprendre qu’elle n’avalait pas ses blagues idiotes. Mais s’il y croyait en lui-même, qui était-elle pour juger ?

« Avec plaisir ma chère. » Prise par surprise, Théodora gloussa à cette tournure de phrase. Il se croyait chez la Reine ou quoi ? À quoi jouait Luca ? Que voulait-il atteindre avec toute cette histoire ? De plus en plus perdue sur les raisons et les motivations du Zabini, la jeune femme se réfugiait dans son verre de whisky, ce qui n’était peut-être pas l’idée la plus lumineuse au vu de son état d’ébriété déjà bien avancé.

Le sujet dériva sur les centres d’intérêt de Luca et la comptable ne pouvait s’empêcher d’être intéressée par toutes les bribes d’informations qu’il voulait bien lâcher sur lui. Elle en avait besoin pour le comprendre, pour savoir comment il fonctionnait. Et pour à son tour adapter son comportement sur ce qu’elle aurait appris. Théodora devait protéger Jaeden et… Encore ce mensonge ? Ne s’était-elle pas déjà avouée à elle-même que cela faisait quelques temps qu’elle s’intéressait à Luca pour d’autres raisons ? Mais lesquelles ? Car elle l’aimait bien au fond. Derrière ce connard arrogant, il était intelligent, intéressant, parfois drôle… Mais il restait Luca Zabini. Alors qu’elle le complimentait sur ses travaux, il répondit d’une étonnante et humble manière. « Si jamais t’as besoin d’un autre tatouage… tu sais où me trouver. » Le souvenir de son précédent ouvrage sur sa peau fit de nouveau rosir les joues de la jeune femme. Elle ne lui répondit que par un sourire poli. C’était un inconnu on avait dit. Un inconnu oui mais Luca mais un inconnu mais…. Oui oui, ben on verra hein pour le prochain tatouage… Et de nouveau quand Tivoli arriva sur la table. « On ira ensemble. » La surprise fut véritable. Dora ne faisait pas l’innocente, bien sûr qu’elle y avait pensé. Mais le penser et le dire à voix haute étaient deux choses bien différentes. La pirouette qu’effectua Luca pour se rattraper fut tout à son honneur. « Pour le mariage de Jae’ et Anje, j’veux dire. Quand toute cette merde sera terminée… » Elle acquiesça bien trop vite à son goût, trahissant la pointe de gêne qu’elle ressentait. « Oui bien sûr. Pour le mariage, évidemment. Je ne manquerais ça pour rien au monde ! » Théodora suivit le regard de Luca vers Jaeden. Toute cette merde ? Il parlait forcément de cette putain d’enquête. Elle en avait voulu à Evans d’ainsi les mettre en danger tous les deux pour cette fichue histoire de mariage… Mais plus le temps passait, plus elle se calmait. Après tout, si ces foutus mafieux avaient trouvé quelque chose, cela serait sorti depuis bien longtemps et Dora ne serait pas là à parader devant Luca…

Le sujet de la moto volante arriva sur la table. « Il se trouve que tu as devant toi le meilleur dans le domaine, si jamais t’as besoin… » Merde merde merde, il répondait sur le même ton. Et de nouveau la surprise. Mais qu’est-ce que faisait Luca ? Encore une proposition ? Il s’était transformé en Mère Theresa après son dernier verre ou quoi ? Et maintenant, elle faisait quoi Théodora ? Elle allait surement pas… Oh si elle allait oser. « Oh vraiment ? J’en prends bonne note, car quelqu’un m’a dit un jour qu’il fallait que je commence un peu à m’endurcir et diriger ma vie. Je pourrais commencer par une moto non ? Surtout avec quelqu’un d’aussi expérimenté. » Et merde. Ça comptait comme du flirt un peu ça non ? Non pas du tout, elle gardait ses possibilités ouvertes, et comme elle l’avait dit, faire de la moto pourrait très bien lui permettre de retrouver confiance en ses capacités. Voilà tout. Point final. Ah bah non. Ce ne fut que la dégringolade.

Le ricanement de Luca en réponse à sa proposition eut raison de son masque d’inconnu. « Tu sais bien que non. » Ainsi, bien trop proche de Luca et bien trop saoule, elle fut soulagée. Il n’avait pas abandonné toutes ses barrières. Elle était sauvée. Était-ce ce soudain regain de confiance en l’avenir et aux erreurs qu’elle allait éviter grâce à lui qui la poussèrent à laisser échapper sa phrase idiote ? Elle n’aurait su le dire. Mais elle le fit. Et la surprise qu’elle lut sur le visage de Luca la rassura sur le refus qu’il allait lui renvoyer. « Tu vas devoir me grimper dessus si tu veux passer et danser. Quand j’aurais vu ton cul sur la piste de danse, peut-être que je reconsidérerais ta proposition. » Ce fut à son tour d’être étonnée. Pourquoi tant de surprise alors qu’elle l’espérait ardemment ? C’était une manière détournée quoiqu’un peu directe de lui dire d’aller se faire foutre, et c’était tant mieux.

Théodora rassembla ses pensées et lança un air de défi à Luca. Il avait raison, il était temps d’arrêter ce jeu et de partir sur des chemins différents. N’ayant aucune once de remords à faire exactement ce qu’elle avait annoncé, elle vida son verre d’une traite et s’appuya d’une main sur la table et de l’autre sur le dossier de la banquette pour passer une jambe au-dessus de Luca. « Comme tu voudras. Moi j’y vais. A plus tard cher inconnu. » Mais l’alcool est traitre, surtout après être restée si longtemps assise. La jeune femme se sentit tanguer et se raccrocha à ce qu’elle avait maintenant en face d’elle, les épaules de Luca. Cela faisait un certain temps qu’elle ne l’avait pas ainsi touché. Depuis… Au moins un an non ? Son torse était bien plus large, son regard bien plus perçant et ses lèvres ne demandaient qu’à être rencontrées… Tentant de retrouver son sérieux, elle pointa un doigt accusateur sur le Zabini. « C’te situation, c’est uniquement parce que t’es un inconnu et que j’suis saoule, ok ? » . Il lui fallait fuir. Se contorsionnant pour amener sa deuxième jambe vers la sortie, Théodora réussit à se remettre d’aplomb et brisa enfin cette bien trop grande proximité entre eux deux. Ils s’étaient rapprochés, s’étaient séparés et ils avaient survécu. Et rien ne s’était passé. Putain, elle s’améliorait !

La démarche que Théodora tenta devait être bien loin de celle assurée qu’elle s’imaginait. Dans son esprit embrumé d’alcool, l’objectif était à présent la piste de danse. Vu le flou qui commençait à gagner sa vision, elle allait douiller le lendemain. Mais avec la magie de l’alcool…Elle n’en avait rien à foutre. Arrivant sur la piste de danse, un classique des Bizarr Sisters empli le bar. Théodora était obligée de se joindre à la foule sur ces paroles hurlées au micro qui lui rappelait son adolescence dans les dortoirs de Gryffondor. Les yeux mi-clos, elle se laissait aller au rythme de la musique, les bras en l’air, sautillant comme si elle avait quinze ans. Putain, la vie était pas si mal. Elle avait un boulot qu’elle aimait, Jaeden pas loin qui était tout aussi heureux et une famille immense pour qui elle comptait. Plus de dettes ni d’activités qui la répugnaient et enfin, enfin, elle était en relativement bons termes avec Luca Zabini. Rien ne pouvait plus l’atteindre : elle était imprenable et flamboyante. Théodora Haig voyait la lumière au bout du tunnel. Les corps autour d’elle suivaient le même rythme. Elle riait. Deux filles se retrouvèrent devant elle et toutes les trois hurlèrent le refrain en sautant sur place. Tournoyant de nouveau, elle se retrouva face à le blond qui avait squatté sa table un peu plus tôt. Elle lui sourit et reçut un sourire en retour. Plus les lumières tournoyaient, plus il se rapprochait. Théodora ne le connaissait pas vraiment, mais il était plutôt mignon. Et puis pour une raison qui lui échappait, elle avait très envie de s’envoyer en l’air. L’alcool très probablement. Alors elle le laissa s’approcher, lui attraper une main et la faire tourner. Elle riait. Après deux tours, pendant lesquelles Théodora réussit l’exploit de rester debout et de ne pas vomir, elle se retrouva dans ses bras. Lui c’était un inconnu. Un vrai de vrai. Elle pouvait faire toutes les bêtises qu’il ne fallait pas qu’elle fasse avec Luca. Oui c’était très bien comme ça…. Et puis de toute façon, avec l’alcool tout était flou alors elle pourrait facilement imaginer quelqu’un d’autre à la place du blondinet. Les yeux clos, elle se laissait envahir par toutes ces sensations exacerbées par la boisson : la musique, les vibrations des danseurs et ce corps contre le sien.

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We were searching for reasons
To play by the rules
But we quickly found
It was just for fools
But through all the sorrow
We were riding high
And the truth of the matter is
I never let you go, let you go
Your beauty never ever scared me
Mary on a, Mary on a cross

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Jeu 7 Jan - 0:40

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LORA III – 5 juin 2020

Elle précise qu’elle ne manquerait pour rien au monde le mariage Evans/Zabini. En même temps, en tant que meilleure amie de Jaeden, et toi en tant que frère de la mariée et meilleur ami du futur marié, vous aurez une place de choix dans ce mariage. « Jaeden t’a dit qu’il m’avait demandé d’être le témoin ? » Tu ne sais pas pourquoi tu dis ça, mais tu le dis. C’est con, t’as jamais aimé les mariages mais tu as hâte d’être à celui-là, sans doute parce que les deux personnes que t’aiment le plus au monde vont s’unir pour la vie. Putain c’est vraiment niais et con. Tu pouffes de rire en pensant à Anjelica en robe de mariée, tu l’imagines tellement pas. Peut-être qu’elle va choisir une robe non conventionnelle et mettre par-dessus un veston de cuir et des bottes de motarde. Ça lui correspondrait plus. Putain de merde. T’es tellement bourré que tu commences à réfléchir à ce que ta sœur va porter le jour de la cérémonie. Au moins, tu sais ce qu’elle portera le jour de sa nuit de noce (ou plutôt ce u’elle ne portera pas lol). Putain de merde (oui encore chut), Anje et Jaeden vont bientôt s’enchaîner à la dernière forme d’esclavage légale au monde. Franchement, faut le vouloir. Mais bref, c’est un autre débat. Tu écoutes Théodora ‘’prendre bonne note’’ que tu te proposes pour les cours de moto ; mais sérieux, dans quoi tu t’embarques là ? Ok, ça va mal finir. « Surtout avec quelqu’un d’aussi expérimenté. » Elle parle du cul là ou de la moto ? T’es pas sûr. Allez Luca Zabini, arrête de voir des sous-entendus là où il n’y en a pas. Vous êtes des inconnus. C’est ça le deal non. Alors on flirte pas avec un inconnu. C’est toi qui pervertis chacun de ses mots, c’est sûr. « Ok, c’est noté, quand tu veux. Je bosse dans un garage, ça peut aider pour trouver une moto. » T’arrives plus trop à faire semblant de tout recommencer à zéro. Ce qu’elle sait déjà et ce qu’elle n’est pas sensée savoir, tout se mélange dans ta tête. Et ça s’embrouille encore plus tandis que tu trempes tes lèvres dans ton verre et bois une autre gorgée de ton Whisky Pur Feu. Alors tu ne joues plus le jeu lorsqu’elle te demande si Luca Zabini aime danser et tu ne peux t’empêcher de laisser le véritable toi refaire surface. Tu oublies tous les sujets que vous venez d’évoquer. Le dessin, la religion, le tatouage. Tivoli. Putain tu oublies tout. Tu oublies tout parce qu’elle veut danser. T’iras pas danser avec elle, c’est mort. C’est mort parce que petit 1 t’aimes pas danser, petit 2 t’aimes pas danser, petit 3 t’aimes pas danser. Et peut-être petit 4 aussi parce que la voix de la raison te dit que ça va mal finir si tu t’abandonnes dans les bras de la jeune comptable. Tu sais ce que ça a donné les deux fois où vous avez tenté un rapprochement disons plus… physique ? Tes mains sur sa peau lors des retouches sur son tatouage qui a débouché à une caresse de trop sous son tee-shirt, l’alcool qui a désinhibé vos sens lorsque vos lèvres se sont rencontrées, le fait que tu la surplombes dans son bureau avait également apporté son lot de malheur. Bref, à chaque fois que vous avez essayé, ça a foiré. Tu sais même pas pourquoi d’ailleurs. Peut-être parce qu’il y a cette barrière de Jaeden qui vous bloque ? La voix dans ta tête t’intime que ce n’est pas tout à fait ça mais tu n’es décidément pas du tout près à l’entendre. Tu essaies de te convaincre : non, jamais t’ira danser. Tu l’as déjà dit et tu le répètes. Par contre, t’es pas contre l’idée de mater Théodora se déhancher et bouger au rythme de la musique. Mais pour ça, si elle veut parvenir jusqu’à la piste, elle va devoir t’enjamber. Effectivement, l’espèce d’alcôve dans laquelle vous vous trouvez est bloquée par une table et par toi-même lorsque tu as décidé de s’installer auprès d’elle. Tu sais qu’elle serait capable de grimper sur la banquette et monter sur la table pour l’escalader. Mais elle est bourrée. Donc comme elle est bourrée, elle peut faire n’importe quoi. La dernière fois où elle l’a été, c’est toi qui as dû mettre des holà parce que sinon elle t’aurait violé dans la salle de tatouage. Bon ok, t’aurais été plus que consentant et t’aurais aimé que ça se fasse mais bon, t’avais voulu l’emmerder. Clairement, il n’y a pas d’autres raisons. Parce que putain, Théodora, qu’est-ce qu’elle est bandante… La preuve, après lui avoir refusé de tirer un coup, t’avais eu une putain de trique pendant plusieurs minutes et tu avais dû t’éclipser aux toilettes pour te calmer.

Bref, tout ça pour dire que tu la regardes intensément lorsque tu lui dis que t’aimerais mater son cul danser. Tu la fixes attraper son verre et le vider d’une traite. Merde, elle va le faire, te dit la petite voix. Ton cœur s’emballe et ta gorge s’assèche mais tu fais pas le moindre mouvement qui pourrait lui faciliter la tâche. Si elle veut passer, elle va en chier. Elle appuie sa main sur la table et pose l’autre sur la banquette. Une de ses jambes s’élève et se glisse au-dessus de toi. « Comme tu voudras. Moi j’y vais. A plus tard cher inconnu. » Elle peine de fou pour t’escalader, il faut dire qu’elle est ivre et qu’en plus de ça, elle doit avoir la tête qui tourne. Elle se raccroche à toi et lorsque son corps tangue tu poses tes mains sur ses fesses en disant : « Oups, désolé. » T’allais pas la laisser tomber quand même… Ce simple contact t’électrise tandis que tu scrutes son visage avec attention. Elle pointe son doigt sur toi et tente de se dédouaner, de dire qu’elle est saoule et que t’es qu’un inconnu donc voilà t’as rien à dire et patati et patata. « Ok, ok. Allez donc danser, chère inconnue. » Putain, elle en met du temps à bouger et tu sens ton bas ventre s’animer et t’as envie de rapprocher vos deux corps encore plus près mais elle arrive enfin à s’extirper de la banquette. Elle s’éloigne de toi avec tellement de rapidité que t’as pas le temps de sentir le manque. Le manque de la chaleur de son corps et de l’odeur de son parfum. Mais mec, qu’est-ce qui t’arrive ? Tu fais un signe à Amanda et elle vient aussitôt remplir ton verre que tu avales d’une traite. Elle te ressert encore une fois et tes yeux cherchent la silhouette de la jeune femme à travers la foule. Sa chevelure blonde paraît blanche dans la pénombre du bar et tu souris de manière carnassière lorsque tu la vois se déhancher avec une grâce insoupçonnée surtout sachant l’alcool qu’elle a ingurgité. Comment ça t’énerve de la voir ainsi. Pourquoi est-ce que cela t’énerve ? Peut-être parce que t’aurais préféré qu’elle reste à côté de toi ? te chuchotes naïvement la petite voix. Non, tais-toi s’il te plaît, ce n’est pas ça la raison. Peut-être parce que t’aurais préféré aller avec elle ? Alors là, toujours pas. Plutôt crever. Et t’es bien là, à la mater de loin tandis qu’elle se dandine avec deux poules qui ne lui arrivent pas à la cheville. Tu plisses les yeux quand un mec l’approche et des éclairs passent dans tes yeux. T’aurais pu le buter sur place si t’avais eu une baguette à la place du regard. Elle lui sourit, il lui sourit et d’un coup, sans que tu ne le comprennes, elle est dans ses bras à tourner et tournoyer. Tu sais pas ce que ça te fait, sauf que ça te donne soif. T’avales encore une fois le Whiskey Pur Feu quasiment cul sec et te diriges vers le bar, quittant des yeux la piste de danse pour ne pas admirer le spectacle. Tu te penches à nouveau à travers le comptoir et attrapes une bouteille de Rhum et tu la débouches pour en avaler une grande rasée. Tes yeux cherchent Jaeden et Anjelica et une fois que tu les as trouvés, tu te diriges vers eux pour continuer la soirée en leur compagnie. Elle sera sans doute meilleure que celle d’une comptable blonde et chiante qui danse avec le premier naze qu’elle rencontre sur la piste de danse. D’ailleurs… Sans le vouloir, ta tête se tourne vers la piste de danse et le mec danse un putain de collé-serré avec elle. Tu comprends pas ce que tu fais, ni pourquoi mais tu t’avances vers la piste, tu postes la bouteille à peine entamée sur une table et t’attrapes le mec par l’épaule et le décolles de Théodora. « Dégage. » C’est ce qui est bien quand on est patron, c’est que tout le monde t’obéit ; le mec se casse sans demander son reste. Enfin… il regarde Théodora comme si elle allait le choisir plutôt que toi. Ouais c’est ça tu rêves mon gars. Tu lui fais signe de sortir de ton champ de vision et tu te reconcentres sur… sur qui ? Sur Théodora ? Non, pas sur Théodora. Sur une inconnue. Voilà, c’est plus raisonnable de penser comme ça. Avec une inconnue, tu peux te permettre de faire ce que tu ferais sans vergogne et sans l’ombre d’une hésitation. Tu glisses ta main dans le creux de ses reins et l’attire tout contre toi. Ton souffle se coupe tandis que tu la regardes dans les yeux. « Ouais bah j’ai changé d’avis. J’veux danser. » tu lui dis alors que vos lèvres sont proches, beaucoup trop proches. Elle doit sentir ton haleine chargée d’alcool et si elle n’est pas bête, si elle est raisonnable, elle va te repousser. Putain, dieu fasse qu’elle te repousse. Et pourtant, tu le sais, tu crois pas un dieu. Bon, bah n’importe qui d’autres alors. Peu importe en fait.

Mais elle ne te repousse pas et une autre musique lascive et entraînante débute et tes hanches bougent au rythme de celles de ta partenaire et tu n’arrives pas à décrocher ton regard du sien. Faut que tu dises un truc. N’importe quoi. « Des inconnus on a dit non ? » T’es foutu et tu viens de le comprendre. Ce jeu merdique se retourne contre toi. C’est une inconnue. Et qu’est-ce que tu fais avec des inconnues ? Tu baises. Et t’as envie de baiser là tout de suite. Et c’est d’elle dont tu as envie. Elle l’inconnue ou elle Théodora ? Tu fais plus trop la différence, ton esprit est trop embrumé, trop perdu. Tes mains lâchent le bas de son dos pour s’aventurer le long de ses hanches puis remontent le long de son corps que t’as envie de découvrir encore plus. Ton front vient rencontrer le sien et t’as une envie folle de l’embrasser. Non non non. Faut pas. Tu te penches et déposes une myriade de baiser dans le creux de son cou pour tenter de calmer les envies salaces qui te viennent en tête. Tes mains se font plus insistantes sur sa peau, plus pressées. « Bon, on arrête d’avoir cinq ans ? » T’as envie d’elle et façon tu pourras pas t’arrêter tant qu’elle ne t’aura pas arrêté. Ce n’est pas à toi d’avoir toujours le rôle du relou qui stoppe tout. Tu passes une de tes mains dans ses cheveux et sans que tu te rendes compte de quoi que ce soit, tes lèvres sont sur les siennes, ton corps accroché au tien tu oublies toutes les résolutions que tu as prises. Ta langue fouille sa bouche avec une ardeur insoupçonnée, tu te convaincs que c’est à cause de l’alcool et que tu n’es pas dans ton état normal. Mais peut-être fallait-il que tu sois pas dans ton état normal pour t’abandonner à ce point. T’es totalement perdu mon con te dit la petite voix.

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Aussi loin que j'me souvienne

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Jeu 7 Jan - 23:13

C'est meilleur et c'est moins long avec un peu d'ivresse
Luca & Théodora
Fin Mai 2020 | White Thestral | Soirée

« Jaeden t’a dit qu’il m’avait demandé d’être le témoin ? » Théodora sourit en tentant de garder son sérieux. En vrai c’était mignon qu’il en soit ainsi si fier. « Oui il m’a dit. T’es son meilleur pote. C’est normal que t'ais une place particulière ! » Ah bah super pour jouer les inconnus dis donc… Bon, Dora devait bien se rendre à l’évidence que c’était un peu quand ça les arrangeait cette histoire d’inconnus. Mais ce n’était pas plus mal, ça leur évitait de s’entretuer comme à chaque fois qu’ils se voyaient… Qu’est-ce qu’elle s’en voulait de ça d’ailleurs. Oh, bien sûr Luca avait sa part de responsabilités mais elle avait l’impression de tout faire de travers avec lui. Quoiqu’elle fasse, cela ne convenait jamais. Elle ne comprenait pas ses humeurs et bien sûr s’était toujours elle qui était fautive… L’alcool n’aidant pas aux réflexions, ces dernières se mélangèrent en un bourbier sans nom. La conclusion lui arriva cependant d’elle-même : Luca allait la rendre chèvre !

Théodora prit un air faussement surpris. Luca ? Travailler dans un garage ? Vraiment ? Pas possible ! Elle acquiesça de la tête avec intérêt, intérêt qu’elle trouvait d’ailleurs plus comique qu’autre chose. Oui c’était un inconnu mais heureusement pour elle, il restait malgré tout Luca. La comptable ne pouvait pas dire qu’elle aimait tout chez lui, cela aurait été mentir honteusement. Encore et toujours ces deux personnalités qu’il lui renvoyait… Peut-être était-ce cela le prix à payer pour gouverner ? Enfouir la personne que l’on était pour la protéger, gardée par une âme plus noire, plus agressive et surtout imprenable ? Car si cette dernière tombait aux mains de l’ennemi, alors la seconde serait condamnée. Et soudain, Théodora en eut marre d’être la méchante. Elle n’en pouvait plus de se faire envoyer balader ou de se faire menacer par un Luca qui lui répétait pourtant de s’intégrer. Alors lorsqu’en tant qu’inconnue il ne semblait pas la voir comme une menace… Et bien elle serait une inconnue qui passera dans sa vie peut être vite mais y brûlerait intensément. Théodora proposa à Luca de danser. Il refusa. Il avait raison. C’était une mauvaise idée de tout brouiller quand tout fonctionnait si bien. Rester des inconnus lointains et inatteignables sonnait comme une solution intéressante. Et puis Luca fit tout foiré.

Il ne s’était pas décalé. Alors Théodora fit tout ce que personne saoule et décidée ferait, elle était allée tout droit. Même si cela voulait dire enjamber Luca cet inconnu. En trébuchant elle se rattrapa comme elle pouvait à l’Italien et se retrouva beaucoup trop proche. Ses mains sur ses épaules elle en sentait les muscles et la chaleur. Et Luca « la rattrapa » en empoignant ses fesses. Son cœur s’emballa. Il tambourinait tellement ce traitre qu’elle n’entendait plus vraiment le reste. Elle ne voyait que Luca. Elle n’avait qu’à se pencher pour cueillir le fruit défendu. C’était si facile : avec son taux d’alcoolémie, la gravité le ferait pour elle. On s’en va ! Dans un ultime sursaut, sa raison toute entière se sacrifia pour l’arracher à ce désir, pour lui rappeler qui elle était et ce qu’elle risquait. Théodora remit alors les choses au clair : elle saoule et lui inconnu. « Ok, ok. Allez donc danser, chère inconnue. » Théodora galéra encore quelques longues secondes de plus pour s’extirper d’un Luca qui n’y mettait aucune bonne volonté. Elle l’aurait fait… Évidemment qu’elle l’aurait fait : se laisser tomber sur les genoux de Luca, et l’embrasser à n’en plus finir, perdue dans son étreinte, la chaleur de son cœur contre le sien et alors ils pourraient… Aucune voix ne lui hurla de s’arrêter. Elle en était presque étonnée. Où était donc passé cette raison ? Déjà bien faible d’ordinaire, elle était maintenant carrément inexistante. Oh merde. Marchant difficilement droit vers la piste de danse,  Théodora se sentit comme lancée à la mer sans bouée de sauvetage. Pour le moment tout était calme et elle flottait d’elle-même. Mais aux premières intempéries, elle était sûre de couler. Mieux valait donc prier pour que le temps reste clément.

La musique envahit tout son esprit. Cela faisait taire toutes ses interrogations, elle se laissait aller, ne pensant à rien. A rien, vraiment ? Alors pourquoi ne pouvait-elle s’empêcher de laisser son regard divaguer aux alentours pour tenter d’apercevoir le Zabini ? Pourquoi ferma-t-elle les yeux alors que ce blond l’approchait ? Peut-être pour se convaincre que c’était Luca. Ces bras autour de son corps. Ce souffle près de son cou. « Dégage. » Cette voix qui… Cette voix qui ressemblait quand même beaucoup à Luca. Théodora ouvrit les yeux alors que le blond s’écartait d’elle précipitamment. Clignant des paupières, elle mit quelques secondes à comprendre ce qui se passait. Un Luca visiblement aussi rond qu’elle venait de faire irruption sur la piste de danse. Le blond la regardait mais Luca ne lui laissa pas vraiment le choix de la fuite. Qu’est-ce que ce foutu Italien lui voulait exactement ? Il avait été parfaitement clair sur le fait qu’il ne dansait pas alors qu’est-ce qu’il venait la faire chier ? Parce que franchement, elle avait tout fait comme il fallait : il avait mis une limite et elle aussi. A deux ils avaient réussi à tenir le château branlant de leur relation relativement intact et ce n’était vraiment pas maintenant qu’il allait s’énerver pour un truc qui franchement… Mais aucune véhémence ne lui fut renvoyée. Luca ne monta pas sur ses grands chevaux en l’accusant d’elle ne savait quoi. Il ne fit pas son abruti. Il l’attira juste contre lui. Alors même que ses mains s’aménageaient une place dans son dos, Théodora écarquilla les yeux en fixant Luca, surprise. « Ouais bah j’ai changé d’avis. J’veux danser. » La tête relevée, le corps de la jeune femme fut parcouru d’étincelles et de frissons d’excitation, comme s’il savait déjà, avant elle, ce qui l’attendait. Elle pouvait encore partir. Luca avait mis un holà, elle avait mis un holà. C’était à lui maintenant d’arrêter ce petit jeu qui ne finirait pas bien. Qu’est-ce qu’il foutait ?! L’odeur d’alcool, qui se mélangeait très probablement avec la sienne, lui donna un faible indice. Tout reposait sur elle alors non ? Pourtant elle avait tout fait pour que cela n’arrive pas… Tant pis, il lui restait en dernier recours sa raison qui… S’était envolée en fumée. Plus de barrière, plus de bouée, plus rien. « Ok. »

Son regard se perdait dans celui de Luca alors qu’elle glissa ses bras autour du Zabini, ses mains remontant lentement sur son torse pour venir se joindre derrière son cou. La musique sembla s’accorder à leurs projets. Le corps de ce faux inconnu était beaucoup trop proche, elle sentait son parfum mêlé à l’alcool et son bassin se mouvoir avec le sien. Elle sentait son bas-ventre fourmiller de milliers de sensations, renforcées encore et encore par cet homme qu’elle savait n’allait pas la lâcher. Ils étaient faits comme des rats. Tant mieux, car putain qu’est-ce qu’elle en avait envie de Luca. Comme une malédiction qu’on lui aurait infligée, elle voulait Luca pour elle, sur elle, en elle. « Des inconnus on a dit non ? » Sa gorge était si sèche alors que son visage était si proche. Et elle savait qu’elle n’était qu’à un baiser de l’oasis. « Des putains d’inconnus ouai. » Sa respiration se fit saccadée alors que leurs fronts se rencontraient. Enfin, Luca allait la délivrer de ce foutu sortilège. Leurs lippes se frôlèrent mais Luca ne lui déposa qu’une myriade de baisers dans le cou. Ses jambes chancelèrent presque sous cette attaque traitresse. La désorganisation fut totale. Son cœur, son souffle, ses pensées, plus rien ne fonctionnait correctement. Il n’y avait que lui, ce besoin animal de s’unir à lui. Luca fit écho à aux plus bas instincts de la demoiselle alors que ses caresses devenaient insistantes. « Bon, on arrête d’avoir cinq ans ? » Alors que leurs yeux se rencontrèrent, le temps sembla s’arrêter un instant. Que lui disaient les yeux de Luca ? Qu’espérait-il avec sa question ? Qu’elle le repousse ? Il devait le savoir pourtant. Il ne pouvait pas compter sur elle. Elle était dans une chute libre la plus totale. « T’es qu’un con. » Arriva-t-elle a murmurer alors que cette main dans ses cheveux sonnait le glas de son combat. Elle rendit les armes et chercha sa récompense. Ses lèvres rencontrèrent celles de Luca dans ce baiser qu’elle avait tant attendu. Et il n’y avait plus de place pour la déception. Son corps se tendit, ses bras rapprochant encore davantage Luca d’elle, dans une tentative désespérée de l’empêcher de s’en aller, comme la dernière fois. L’idée fugace de lui faire le même coup lui vint en tête mais les insistantes caresses eurent raison de sa vengeance. Plus rien n’existait autour d’eux. De nouveau, comme une noyée sur un radeau, elle se cramponnait à Luca pour s’empêcher de sombrer. Tour à tour ses mains caressaient son dos  et s’emparaient de son visage. Ses lèvres couvraient de baisers cet homme qui l’horripilait. Sa poitrine contre son torse, elle aurait juré que leurs battements de cœur s’étaient accordés.

Théodora se recula soudain en reprenant son souffle, regardant avec appréhension Luca qui lui faisait. « On va coucher ensemble Luca si tu fais rien là. Et ça va être la merde… » Une pulsion la prit et à son tour, elle l’embrassa fougueusement, comme s’il était l’oxygène qui lui permettait de survivre hors de ses bras. De nouveau, elle se détacha de lui. « Tu sais quoi ? Viens on s’en fout et on fout la merde ? » Lui demanda-t-elle, essoufflée, pendue à ses lèvres. Ses yeux le suppliaient d’acquiescer. Mais il fallait lui renvoyer la responsabilité encore et toujours. Comme deux gamins ou aucun des deux n’assumait la responsabilité des conneries dont ils étaient tous les deux les instigateurs. Théodora s’empara d’une des mains de Luca et le tira, presque timidement vers la sortie du bar. Elle s’attendait à tout moment à ce qu’il l’arrête, lui dise violemment de le lâcher et que jamais rien n’arriverait entre eux. Mais le coton qui les entourait ne semblait pas vouloir se dissiper. Elle ne voyait que lui dans cette foule massée dans le bar entre laquelle elle zigzaguait. Elle ne voulait que lui. Son corps contre le sien pour un temps infini ou à défaut une partie de la nuit.

Ils débouchèrent sur le parking où était garé ces foutus motos volantes. L’air estival quoique frais de la nuit lui donna un soupçon de vitalité. Un sourire se déposa sur son visage alors qu’elle leva les yeux au ciel pour admirer les étoiles. Puis son regard dériva sur Luca. Peut-être était-ce tout cet alcool qui lui exacerbait les sens car l’air frais ne semblait pas avoir eu raison de ses projets de la nuit. Putain qu’est-ce qu’il était canon cet abruti. Et en cet instant, il était à elle. Et bien que cela la faisait chier, en ce même instant elle était à lui. « Demain, on aura juste à dire que rien s’est passé. » Elle se rapprochait, ses yeux plongés dans ceux de Luca. « Tu t’es vanté d’être expérimenté. Prouve-le. » Une dernière once de défi dans la voix, juste pour la forme. Vraiment juste pour la forme.

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We were searching for reasons
To play by the rules
But we quickly found
It was just for fools
But through all the sorrow
We were riding high
And the truth of the matter is
I never let you go, let you go
Your beauty never ever scared me
Mary on a, Mary on a cross

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Levons nos verres sans raison,
il suffit de vivre c'est bon
mais c'est meilleur et c'est
moins long avec un peu d'ivresse

LORA III – 5 juin 2020

Avant même d’aller sur la piste de danse, tu savais bien que si tu y allais, tu étais mort. L’alcool t’a embrumé l’esprit, t’a embrumé la tête et tu ne réponds plus de rien. Tu ne sais pas pourquoi mais tu n’apprécies pas de voir ce mec, ce vieux blondinet coller Théodora de la sorte, c’est peut-être parce que… parce que quoi Luca ? te demandes encore une fois la petite voix que tu ne cherches presque plus à faire taire car au final, elle est de bon conseil non ? Tantôt elle te dit de la merde, tantôt elle te dit ce que tu veux entendre et tu choisis ce que tu préfères, ce qu’il te semble plus facile. Et ce soir, elle te dit que tu es jaloux parce que… parce que tu es jaloux te dit la petite voix, pour éviter de penser parce que ça serait trop difficile de mentaliser autre chose. Elle semble surprise que tu l’aies rejointe. Mais putain, mais pourquoi elle fait genre ? Elle a tout fait pour que tu viennes : ses mots, ses gestes, son regard. La manière dont elle t’a enjambé… Son parfum, tes mains sur son cul, ses yeux qui osent dire qu’elle te tombe dessus uniquement parce qu’elle est saoule. Franchement qui y croit ? « Ok. » C’est quoi ce petit ok de merde ? Tu zappes. Elle est reloue. Dis-le si je te fais chier sinon ? Au moins, tu serais tranquille. Mais en vérité, tu n’as pas l’air de la faire si chier que ça puisqu’elle te regarde avec ses yeux écarquillés. Comme la plupart des gens autour de la piste d’ailleurs mais tu es trop bourré pour le voir ; il faut dire que Luca Zabini qui finit sur une piste de danse, c’est assez rare pour être souligné. Mais Luca qui danse avec Théodora, ça l’est encore davantage pour ceux qui savent à quel point vous vous évitez depuis ton retour. À part pour le boulot et encore, le strict minimum. T’es presque déçu qu’elle ne remarque pas l’effort démesuré que tu daignes faire pour son joli petit cul moulé dans ce pantalon foutrement serré qui se déhanche sur la piste de danse. Tandis que tu commences à bouger toi aussi, au rythme de la musique, entraînant Théodora dans ton sillage, tu te perds dans les émotions que tu ressens et tes yeux s’oublient dans son regard. Ses mains s’accrochent à ton cou et vos corps se rapprochent encore davantage. Putain de merde. « T’es qu’un con. » Tu réponds du tac au tac en reprenant les mots de tout à l’heure : « Et toi t’es une putain de reloue. » La chaleur qui se dégage de son enveloppe charnelle t’attire comme un aimant et ta respiration s’accélère tandis que tu te penches vers elle pour lui voler un baiser passionné dans lequel tu t’abandonnes. Théodora te serre si fort que tu as l’impression que ton corps est collé au sien dans une étreinte désespérée témoignant du désir qu’elle a pour toi. Ton ego de mâle alpha est ravi de savoir à quel point tu l’attires et à quel point elle ne peut te résister. Ton sex appeal est démesuré et peu peuvent le combattre, hommes comme femmes d’ailleurs et Théodora vient de tomber dans ton filet que tu t’étais pourtant évertué à ne pas lancer. L’excuse de Jaeden ne pèse plus dans la balance ce soir et tu fais semblant que c’est une inconnue tout en sachant très bien que tu fais probablement une grosse connerie. C’est pas une inconnue, c’est Théodora te dit la petite voix de la raison, c’est ta putain de comptable qui t’emmerde depuis qu’elle travaille pour toi. Mais tu n’as pas envie de l’écouter alors tu profites juste du baiser que vous échangez.

Théodora rompt le baiser et ta bouche s’assèche, avide d’elle. Tu regardes ses lèvres et tu ne comprends pas pourquoi elle vous sépare ; ton souffle est toujours aussi court lorsque tu l’écoutes te dire : « On va coucher ensemble Luca si tu fais rien là. Et ça va être la merde… » Tu la scrutes de ton regard perçant, si intensément qu’elle pourrait bien fondre sur place. Tu réponds : « Ok. » en écho avec son Ok tout pourri de tout à l’heure. Ça lui apprendra. C’est mort, tu ne reculeras pas. « On fait comment ? Je te prends là sur la piste de danse ? » Perso, ça ne te dérangerait même pas. Tu sais que si tu n’étais pas si bourré, tu n’aurais jamais fait ça. Mais tu t’es trop pris au jeu dangereux auquel tu t’es adonné depuis le moment où tu t’es installé à ses côtés. T’as pas le temps de réfléchir davantage car les lèvres de la comptable s’écrasent à nouveau sur les tiennes d’une manière si fougueuse que t’en es presque déboussolé. Ça va plus loin que le simple désir ou tu ne t’y connais pas. Elle se détache à nouveau et tu te demandes pourquoi elle t’inflige tout ça. Lorsqu’elle t’affirme ce que tu penses déjà -à savoir que ça va foutre la merde-, tu acquiesces et tu ajoutes : « Une merde monumentale. » Mais t’assumes. Clairement. En fait, il faut le dire, t’en as rien à foutre. Rien à foutre de ce que les autres penses, rien à foutre que tu changes tes habitudes, rien à foutre car tu sais que tu te souviendras de rien demain. Du moins, une petite part de toi-même l’espère, cela sera plus facile à assumer ainsi et tu pourras plus facilement faire comme si cela n’avait pas existé. Mais pour le moment, tu laisses Théodora t’attraper la main et te tirer vers la porte. Elle prend son temps et tu te dis que c’est parce qu’elle s’attend à ce que tu la stoppes à tout moment. Mais cette fois, tu sais qu’il n’y aura pas de retour en arrière car tu ne l’arrêteras pas, c’est plutôt elle qui devrait faire machine arrière. Ce n’est pas toujours à toi d’avoir le rôle du mec raisonnable. Elle t’entraîne sur le parking des motos qui sont garées bien sagement et n’attendent que leur propriétaire pour s’envoler dans les airs.

Mais te concernant, ce soir, c’est un autre envol que tu souhaites prendre. Celui qui va t’emmener vers le septième ciel. Avec ta conquête du soir. Et peut-être c’est ça qui change de d’habitude, c’est que pour la première fois, la conquête en question, ce n’est pas un visage étranger. Au contraire, c’est une personne que tu croiseras tous les jours et tu te demandes, compte tenu de vos antécédents, s’il ne faut mieux pas… Non, t’as pas envie d’arrêter et Théodora te fournit l’excuse parfaite : « Demain, on aura juste à dire que rien s’est passé. » Allez hop, emballé, c’est plié. « Tu t’es vanté d’être expérimenté. Prouve-le. » Cet air de défi qui s’entend dans sa voix ne te semble presque pas réaliste. Tu souris et pour la première fois, tes yeux la dévisagent avec obscénité. Putain, en plus, elle veut une preuve ? Elle va l’avoir. Sans demander l’autorisation, sans douceur, tu l’attrapes et ta langue fouille sa bouche avec une ferveur incroyable. Tandis que vos bouches sont scellées, tu plies les genoux et tes mains se posent sur ses fesses pour la soulever. Ses jambes entourent alors tes hanches et tu quittes ce parking pour une pièce plus à l’écart, là où tu gares ta propre bécane. Une fois derrière cette porte, tu déposes Théodora sur le siège de ta moto et tes mains explorent enfin sa peau, sur toutes ses coutures. Ton regard déshabille ta partenaire, littéralement et métaphoriquement. Tu ôtes ton tee-shirt et ton pantalon. Les vêtements de Théodora viennent rejoindre le petit tas formé par les tiens. Tes doigts effleurent chaque parcelle de son corps et tu deviens totalement fou. Tu as une trique incroyable depuis que tu l’as rejointe sur la piste de danse. T’as qu’une envie, c’est enfin la sentir, t’introduire en elle et putain jouir et te faire plaisir. Mais t’as aussi envie qu’elle s’amuse elle aussi. Elle t’a chauffé depuis le début ; et tu ne parles pas seulement de ce soir. Tu parles du moment où elle est entrée dans la Cosa Nostra et où tu lui as demandé de venir pour les retouches de ton tatouage. Dès lors, elle est devenue différente, elle a changé. Son comportement a changé, ton regard sur elle a changé, elle a changé. Tu as changé ? C’est certain que oui. Depuis que tu es revenu d’Angleterre, tu n’es plus vraiment le même, même si tu fais souvent comme si tout était comme avant. Mais rien n’est comme avant putain, t’es en train de baiser avec Théodora sur ta putain de moto sur laquelle t’a emmené tant de nanas voler. Mais t’as jamais baisé de nana dessus et faut l’avouer, c’est beaucoup moins pratique que ce qu’on peut croire. T’es en elle, mais t’aimerais pouvoir l’être davantage, être plus à l’aise, tenter d’autres choses. Sans réfléchir, tes bras entourent son dos et tu transplanes. Vous atterrissez nus comme deux vers dans ton lit. Tu oublies même que t’es ivre et que t’aurais pu être désartibulé et Théodora aussi. Tu ne penses même plus, tu ressens juste. Simplement. Vos corps s’enfoncent dans le matelas. « Putain Dora… » Pour la première fois depuis… quoi depuis toujours ? Tu l’appelles pas son surnom. Tu sais pas pourquoi. T’as toujours aimé l’appeler par son prénom entier, tu sais que ça la fait chier. Elle continue de t’embrasser avec un tel engouement, une telle flamme que tu n’arrives toi-même pas à éteindre tandis que vos ébats se poursuivent jusqu’à tard dans la nuit, débordant d’imagination et de position jusqu’à ce que la fatigue vous emporte dans les bras de morphée.

▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽

Tu te réveilles la gueule enfarinée, la bouche sèche. T’as soif, t’as l’impression d’être encore sous l’emprise de l’alcool. Tes yeux sont lourds mais même les paupières fermées, tu devines que le soleil s’est déjà engouffré par la fenêtre de ta chambre. Tu sens un poids sur ta poitrine. Hein ? Tu ouvres doucement un œil et la chevelure blonde de Théodora est éparpillée sur ton buste incroyablement musclé. Tu refermes cet œil. Putain de merde. T’as jamais fait ça. T’as jamais emmené qui que ce soit ici, dans ton antre, ton appartement, ta chambre, ton repère. Faire une entorse à tes règles, à ton règlement, tu sais que cela va te conduire aux enfers.
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Dim 17 Jan - 17:27

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Luca & Théodora
Fin Mai 2020 | White Thestral | Soirée

Là, sur cette piste de danse, une Puissance Supérieure devait s’être amusée comme une petite folle à placer ses pions pour cet instant. Théodora ne comprenait toujours pas comment Luca et elle avaient pu en arriver là. Non parce qu’honnêtement, ils ne s’appréciaient pas particulièrement et puis surtout ils bossaient ensemble. Alors l’un comme l’autre auraient dû comprendre que s’embrasser en plein milieu du bar qui rassemblait l’ensemble de la Cosa Nostra après s’être respectivement traité de « con » et de « putain de reloue », n’apporterait rien de bon. Dora ne pouvait d’ailleurs toujours pas prendre la responsabilité seule de cet évènement. Elle relança la balle sans ménagement au Zabini, luttant contre chacune des fibres de son être qui ne voulait qu’embrasser encore et encore l’homme qui l’entourait de ses bras. Mais tous les espoirs qu’elle avait placé en Luca fondèrent comme neige au Feudeymon alors qu’il répondait, sarcastique : « On fait comment ? Je te prends là sur la piste de danse ? » L’esprit embrumé de la jolie comptable ne sut pas déterminer le caractère comique de la réplique. A ce stade de toute façon, elle était foutue, alors ici ou ailleurs…  Dora haussa les épaules avant de goûter de nouveau à ces lèvres qu’elle n’avait plus vraiment envie de quitter. Enfin jusqu’à ce qu’elle ne retente une dernière fois de mettre un terme à leur étreinte. Ce fut comme mettre un parchemin pour stopper une avalanche : inutile et terriblement frustrant. A la réponse de Luca, elle sut qu’il pensait comme elle : qu’ils étaient deux abrutis qui regretteraient cela dans quelques heures. Mais la magie de l’alcool fit que, malgré toutes ces informations bien présentes dans sa tête, elle s’en foutait totalement. Dans un sursaut de dignité, elle se décida tout de même à s’éloigner des regards interrogateurs et lubriques des personnes présentes, même si, de toute façon, à cette heure-ci il n’y avait quasiment plus personne de sobre.

Alors qu’ils étaient tous les deux dehors, sous le ciel foncé de la nuit, un frisson parcouru son corps. Pas à cause du vent, juste à cause de l’expectative de quelque chose qui approchait. Théodora commençait à comprendre Luca. Tout n’était pour lui qu’un concours auquel il devait exceller encore et toujours. Alors, elle lui donna ce qu’il voulait. Juste la pointe de défi nécessaire, l’étincelle pour allumer l’incendie. Telle une pyromane admirant son œuvre rougeoyante, Dora détailla les traits de l’Italien alors que celui-ci réagissait à ses paroles : son regard, sa poigne et ce baiser soudain. Il l’attrapa sans ménagement et l’embarqua avec lui vers une destination qu’elle savait inconnue. De toute façon, elle l’avait déjà dit : elle s’en foutait. Elle voulait juste s’envoyer en l’air avec Luca. Sa peau était en feu, parcouru de piquotements, comme si elle abritait un buisson ardent. Théodora sentait ces bras qui la tenait fermement, ces hanches qui avançaient presque mécaniquement et cette virilité qui, avec ces baisers passionnés, ne laissaient pas de doute sur le désir qu’éprouvait Luca. Flattée et encore plus excitée ? Totalement.

Les yeux mi-clos, Dora remarqua à peine qu’ils n’étaient plus à l’extérieur. Elle se retrouva à califourchon sur une selle, mais elle n’eut pas vraiment le temps de juger le mobilier ou la décoration alors que Luca se désapait devant elle. Il n’était plus le même qu’il y avait un an. Plus de carrure et plus de nervosité ? Son torse se rapprocha de nouveau. Le souffle de la jeune femme s’accéléra à nouveau alors que ses mains parcouraient cette toile qui n’était plus si vierge de ses caresses. Elle dut finalement rendre les armes et se détacher de Luca, quelques secondes seulement pour également faire voler ces vêtements qui devenaient bien encombrants.

Voilà à quoi elle en était réduite : coucher avec son patron sur une vulgaire moto volante. En même temps, qu’aurait voulu l’Univers ?! Elle avait accepté les mises en garde de Dieu. Elle avait tenu un an. Mais n’était-elle pas que mortelle ? Lorsque la tentation se présentait sous la forme de Luca Zabini… Quoi ? Elle n’allait quand même pas faire croire au monde qu’elle était amoureuse de cet Italien imbu de lui-même ? Non, Théodora ne versait pas dans cela. Elle laissa échapper un gémissement alors que Luca s’appliquait dans ses mouvements de va-et-vient. Oh, cela n’était évidemment que le début, il n’allait clairement pas être le seul acteur de cette pièce. Elle allait le faire tout autant appeler son prénom que le sien lui brûlait les lèvres. Et soudain, il l’enserra et ils transplanèrent. Sobre, elle l’aurait probablement insulté de les mettre ainsi en danger de mort pour…. Ils s’effondrèrent dans un matelas… Pour plus de confort ? Mais saoule comme elle l’était, elle ne fit qu’éclater de rire en continuant de l’embrasser. Il avait finalement eu une relative bonne idée se dit-elle alors qu’elle le faisait basculer pour se mettre sur lui avec bien plus de facilités que précédemment dans le bar. « Putain Dora… » La bouche entrouverte, cherchant son souffle, Théodora fixa Luca. Il ne l’avait jamais appelé comme ça. Était-ce un reproche ? Un compliment ? Un appel à l’aide ? L’entendre ainsi murmurer son nom ne fit qu’accroitre son désir. Elle sourit devant ce qu’elle considérait comme une certaine forme de reddition de la part de l’Italien. Elle avait gagné. « Luca… » Réussit-elle difficilement à murmurer avant de laisser le plaisir l’envahir. La satisfaction se mêla à toutes ces autres sensations qui l’entrainèrent dans un tourbillon de corps, de draps et de baisers pour une bonne partie de la nuit.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~


Son oreiller bougeait. À moins que cela ne soit son mal de crâne qui lui donnait cette sensation de tanguer. Elle souffla tout en bataillant avec ses paupières pour les ouvrir. Théodora savait comment se finissait ses soirées au White Thestral : en gueule de bois avec un gars dans son lit. Cela en était presque habituel. À chaque fois, la surprise au réveil était plutôt le lieu dans lequel elle se trouvait. Elle tenta de réveiller ses souvenirs enfouis sous deux bouteilles de whisky pur-feu sans véritablement arriver à un résultat satisfaisant. Sa main parcourut mécaniquement le torse sur lequel reposait sa tête, car celui-ci était bien à un être humain, se soulevant au rythme d’une respiration. Muscles impeccablement dessinés, elle se serait presque donné un high-five pour la conquête.

Il était temps de s’éclipser avant qu’une quelconque parole ne soit échangée. Théodora n’était pas du genre à rester le matin. Ça créait des liens et franchement, les liens ce n’était absolument pas ce qu’elle recherchait puisque cela menait le plus souvent à des ennuis. Se relevant lentement pour éviter de vomir bêtement sur son coup d’un soir, elle écarta ses cheveux emmêlés par la nuit pour se retrouver nez à nez avec Luca Zabini, yeux clos, dormant comme un nouveau-né. Et merde. Merde, merde, merde. Des flashs de la soirée lui revinrent et le temps de l’autocongratulation fut déjà loin. Merde, merde, merde.  Dora se releva précipitamment, un peu trop pour son pauvre corps encore en proie aux litres d’alcools ingurgités. La jeune femme se rattrapa à une commode proche du lit et respira calmement pour évacuer le début de nausée qui l’assaillissait. Elle détailla rapidement le lieu des yeux et celui-ci était sobre mais surtout inconnu. Elle se souvenait vaguement d’une moto puis d’un truc plus moelleux. Oui définitivement plus moelleux car quand ils avaient fait… Enfin elle avait été bien contente de pouvoir rebondir sur ces ressorts.

Nue, elle scruta le sol de la pièce par reflexe à la recherche de ses vêtements. Mais rien. Aucune trace de son jean, de son T-shirt et encore moins de ses sous-vêtements. Merde, merde, merde. Elle ne voulait définitivement pas attendre que Luca se réveille pour lui demander ce qu’il avait bien pu en foutre. Ce qui venait de se passer se devait d’être gardé sous silence. Un putain de silence qui sous-entendait de ne pas avoir de petites discussions amicales après s’être envoyés en l’air aussi métaphoriquement et que physiquement parlant. Théodora se déplaça sur la pointe des pieds jusqu’à une armoire qui trônait dans un coin de la pièce. Elle était relativement à l’aise avec son corps mais il y avait une limite à se balader à poil pour une distance indéterminée dans un coin qui l’était tout autant. Elle ouvrit le premier tiroir le plus silencieusement possible et tomba sur une collection de caleçon. L’un portait la mention « Made in Italy » ce qui la fit soupirer. Elle en attrapa un qu’elle espérait propre et tenta sa chance dans les autres tiroirs pour un haut convenable. Ses prières furent entendues alors qu’elle s’emparait d’un t-shirt noir classique qui lui faisait une robe relativement courte. Bon au moins elle était présentable. Se disant qu’un jour elle devrait peut-être lui rendre ces vêtements, elle soupira. Il ne saurait avec un peu de chance jamais qu’elle lui avait piqué des fringues et elle pourrait bruler toutes les preuves… De toute façon, qui planquait les affaires de son coup d’un soir franchement ?! Il voulait la voir rester ou quoi ?! Elle enfila sa tenue de fortune à la hâte.

Théodora visa la porte, tentant tant bien que mal de garder son équilibre en évitant les affaires éparpillées sur le sol, clairement pas les siennes. Son regard s’arrêta sur un chevalet et des papiers sur lesquels étaient griffonnés des paysages. Une petite voix lui souffla la réponse à la question à laquelle elle pensait tout bas. Tivoli. Ils avaient dû en discuter. Ses souvenirs étaient flous. « On ira ensemble. » Elle fit volte-face. Luca était toujours étendu nu dans les draps, les yeux clos. Étrangement, elle aurait eu presque envie de se blottir dans ces bras encore un peu… C’est sûr que c’est quand même mieux que d’aller se peler le cul dehors à moitié à poil Dora… Pas faux. Au moins sa conscience était de retour, la bouche aussi pâteuse que la sienne.

Se détournant de son prix de la nuit, elle se glissant sans un bruit par la porte, disparaissant de la pièce. Ce n’était pas plus mal qu’elle ne connaisse pas ce lieu. Cela lui serait d’autant plus facile d’oublier cette nuit si elle n’avait rien pour le lui rappeler. Bon… Elle avait eu ce qu’elle voulait non ? Non, pas exactement. Elle voulait Luca dans de bonnes dispositions avec elle. Prétendre être des inconnus pour un coup d’un soir ne servait pas vraiment ses intérêts. Théodora soupira en repoussant toutes ces pensées. Elle ne voulait qu’une bouteille d’eau et dormir encore douze heures, loin, bien loin de toute ces erreurs.

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We were searching for reasons
To play by the rules
But we quickly found
It was just for fools
But through all the sorrow
We were riding high
And the truth of the matter is
I never let you go, let you go
Your beauty never ever scared me
Mary on a, Mary on a cross

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Levons nos verres sans raison,
il suffit de vivre c'est bon
mais c'est meilleur et c'est
moins long avec un peu d'ivresse

LORA III – 5 juin 2020

Tes yeux et tes paupières sont incroyablement lourds et tu n’as aucune envie de les ouvrir. Putain, ce que c’est dur. T’as trop bu, t’as trop picolé et tu le sais. Tu as repoussé tes limites, encore une fois. Et la soirée semble s’être terminée comme les autres ; dans l’alcool. Tu as la gueule de bois et tu as la bouche extrêmement sèche. Tu essayes de refaire le tri dans ta tête, de te souvenir de ce qu’il s’est passé. Des flashs font leur chemin dans ton esprit mais tu t’autocensures en te disant que cela ne peut pas être possible. Jusqu’à ce que tu sentes un poids sur ta poitrine. Mais qu’est-ce que ce corps fout là ? Les cheveux de Théodora sont disséminés sur ta poitrine, sur ton buste et tu ne peux t’empêcher de penser à nouveau à son corps nu sur le tien tout au long de la nuit. C’est clair à présent : tu te souviens. De cette rencontre agréable avec cette inconnue au White Thestral. Les verres ingurgités. Le mec blond qui dansait collé-serré avec Théodora. La… quoi ? Jalousie que tu as ressenti ? Tu n’as pas aimé qu’il danse avec ton inconnue, c’est tout, te rassures-tu. Ce n’était pas de la jalousie du tout (tu essayes de t’en persuader lol). T’avais juste envie de danser en fait (lol). Voilà, t’avais envie de danser. Tu te mens à toi-même Luca te dit la voix de la raison. Putain mais elle est réveillée quand il faut pas celle-là. Ta gueule voilà, tu lui réponds. Tu déroules la suite de la soirée dans ta tête : le corps de Théodora près du tien au rythme de la musique, le baiser sur la piste de danse, sa main t’entraînant au dehors, vos corps se retrouvant sur ta moto puis dans ton lit. Putain dans ton lit. T’as jamais fait ça Luca. te dit la voix. Mais ferme ta gueule toi dit la voix de la déraison qui se rappelle avec délice les délicieuses acrobaties de la nuit.

Ton corps te semble endolori mais tu ne bouges pas encore. La chaleur de Théodora te convient pour le moment, t’as besoin de ça pour rassembler tes idées. Tu ne sais pas ce que tu dois faire. Comme l’a dit la voix, tu n’as jamais amené quelqu’un dans ton lit ; pourquoi tu as fait une entorse à ton règlement ? Pourquoi faire ce choix pour elle ? Tu tentes de te convaincre que tu as pris cette décision sous l’emprise de l’alcool. Bon, et maintenant ? Tu la jartes ? Avant que tu ne prennes une décision, la jeune femme bouge contre toi et sa main caresse ton torse. Elle s’éloigne de toi et un sentiment étrange que tu n’arrives pas à définir t’envahit. Elle se redresse et tu l’entends s’accrocher à la commode. Elle fout quoi là ? Tu ne peux t’empêcher d’ouvrir un œil et un sourire amusé se loge sur ton visage tandis que son corps nu de tout artifice déambule à travers ta chambre. Elle cherche ses affaires. Putain, mais elle était si arrachée sur ça hier soir ? Te concernant, t’as pas un black out total, tu te souviens avoir abandonné tes vêtements dans le petit garage attenant au bar où sont entreposées ta moto et celle de Jaeden.

Ton œil toujours à semi-ouvert, tu es en train de te demander si tu dois intervenir, si tu dois lui dire où sont ses fringues, si tu dois lui demander ce que cette nuit peut bien signifier. Tu décides que non, tu ne diras rien. Son attitude montre bien qu’elle préfère oublier. Elle se casse sans dire un mot ; c’est ce que tu aurais fait toi aussi si vous aviez atterri ailleurs que dans ton appartement. Tu la regardes fouiller dans ton armoire en tentant d’être la plus discrète possible mais même un éléphant ferait moins de bruit ; sans doute les conséquences les frasques de la nuit. Elle passe un de tes caleçons -tu ne peux t’empêcher de penser que ça lui fait un beau cul- puis un de tes tee-shirts noir qui coûte un bras. Tu refermes les yeux tandis qu’elle se dirige vers la porte, prête à s’échapper. Quelques minutes plus tard, la pièce est vide de sa présence et tu n’arrives pas à savoir si c’est bien ou si c’est mal. Si tu le sais. dit la voix de la déraison et elle a raison. Elle a bien fait de se barrer. Elle a bien fait de partir sans rien dire. Tu n’as pas envie de compromettre ce que vous avez mis des semaines à construire. Cette nuit, c’était une nuit entre deux inconnus. Voilà. Ça ne changera rien. Du moins, tu tentes de t’en persuader. Ça sera plus simple comme ça.

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