Sweet Sacrifice

Crystal & Livia

19 septembre 2018

Je n’avais pas beaucoup dormi cette nuit. L'esprit trop occupé pour espérer fermer l’œil quelques heures après de derniers travaux nocturnes, j’avais passer la nuit à me tourner dans un sens et dans un autre, dans mon lit pourtant confortable mais peut être un peu trop grand et froid pour ce qui occupait ma tête. En réalité, ces insomnies duraient depuis quelques semaines maintenant, et cela devait sans aucun doute se ressentir dans mon humeur massacrante qui devait en étonner plus d'un, moi de nature si souriante habituellement. Et même si je ne me l'admettais pas, je savais au fond de moi ce qui en était responsable, puisque c’était aussi ce qui occupait toutes mes pensées, jours et nuits, au détriment de mes pauvres clients et de Lukasz, qui devaient me poser au moins trois fois la même question avant que je ne daigne leur répondre. Et puisque je n'avais pas fermé l’œil de la nuit, et que j’avais du temps à tuer, j’abandonnais à présent toute idée de repos et rapidement, me rhabillai, me coiffai, et quittai  ma boutique pour me promener dans les rues de Pré-Au-Lard.

Sans surprise, les ruelles étaient calmes, à cette heure matinale. Tant mieux, je pouvais déjà mettre de côté l’éventualité de croiser une personne indésirable, autant éviter de faire un meurtre. Enfin, ça, c'était avant de faire mon entrée dans la petite chaumière qu'était La Tête de Sanglier, de m'avancer jusqu'au bar, de commander un café bien noir puis de tourner la tête un peu par hasard vers la personne assise à une table, à l’autre bout du bar. Personne indésirable, justement. Je l’observai, nauséeuse, faire la cour à cette jeune femme qui ne savait visiblement pas dans quoi elle mettait les pieds, à voir son sourire naïf quand elle le dévorait des yeux. Qu’est ce que ça pouvait me dégoûter … Lui et ses manières pathétiques me filaient la gerbe comme il ne pouvait pas l’imaginer.

Exaspérée de son petit numéro, je me tournai vers mon café pour y boire une autre gorgée, puis, en reportant mon regard vers les deux tourtereaux, j’eus la surprise de constater qu’Etienne venait de quitter la table, laissant seule la demoiselle. C’est alors qu’un sourire se dessina peu à peu sur mon visage, alors qu’une idée vengeresse me traversa l’esprit. Aussitôt, je quittai mon tabouret pour venir rejoindre la jolie blonde, veillant toutefois que son compagnon n'apparaissait pas dans les parages, puis dans une légèreté digne d’un fauve, je me glissai sur la chaise de celui ci, adressant un grand sourire à la jeune femme. « Bonjour, ça fait un petit moment que je vous observe depuis le bar et … Non, ce n’était en aucun cas une méthode drague … et il se trouve que je connais bien l’homme qui vous accompagne, assez pour vous conseiller de vous en méfier … »

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Crystal & Livia

19 septembre 2018

Le regard pétillant de vengeance, je fixai la jolie blonde que j’avais visiblement surpris en engageant la conversation sans même avoir pris la peine de me présenter. Je ne perdais pas une seconde mon sourire ravie en annonçant d’entrée le thème, et cela m’innondait intérieurement de plaisir. Oh, bien sûr, je n’avais rien contre elle, toute ma rancoeur était destinée à Etienne, et l’offensive que je préparais n’avait but que de le nuire lui, pas elle. Elle, j’étais même certaine que mon intervention lui rendrait service en n’évitant cette connerie que j’avais faite moi-même. Du moins, je l'espérais. Et si elle serait trop idiote pour prendre à la légère ce que je lui dirai, et bien tant pis pour elle, au moins j’aurai tout de même pu exprimer ouvertement ce que je pensais de ce salopard. En tout cas, de la façon qu’elle me répondit, je compris rapidement que la partie n’allait pas être gagnée, mais en même temps, j’aurai été naïve de penser le contraire. Bien-sûr qu’elle se braquait, c’était tout à fait prévisible, mais je n’en perdais pas ma niaque … « Eh bien … parce que je suis une ancienne amante de ce cher Etienne voyez vous … Commençai-je, un grand sourire toujours aux lèvres. Et quelque chose me dit que ça sera bientôt votre cas aussi, mademoiselle … ou peut-être que ça l’est déjà ? Je pris un air faussement outrée. Dans ce cas ma mise en garde ne servira à rien, c’est très regrettable ... Attendez vous à ne plus jamais avoir de nouvelles de lui … Il est comme ça, Etienne, de belles qualités, mais un gros défaut, celui de prendre les femmes pour des objets à usage unique … » Terminai-je, la mine boudeuse.

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Crystal & Livia

19 septembre 2018

Oui, cela me tuait de l’avouer, mais Etienne Delacour avait bien des qualités qui m’avaient justement attirée, à l’époque. Il était un bel homme, doté d’un immense charisme qu’il savait parfaitement utiliser. Mais Etienne était aussi un homme intelligent, un homme cultivé dont on buvait les paroles sans en perdre un seul mot. J’avais succombée, à l’époque. J’avais été extrêmement faible face à lui et je m’en voulais. Mais je lui en voulais bien plus d’avoir agi aussi lâchement avec moi, et si je pouvais lui faire louper son coup avec cette nana, cela n’en sera que jubilation. Seulement, si le rire de la jeune femme ne m’étonna pas tant que ça, ce qu’elle me lança me fit hausser un sourcil. Que voulait-elle dire par J’utilise Etienne bien plus qu’il ne m’utilise ? Ca paraissait si clair, et justement, cela suffisait à me faire perdre mon petit air satisfait et à me laisser sans voix pendant qu’elle continuait, jusqu’à sa question … « Je viens de vous le dire, répondis-je d’une voix sèche, un peu malgré moi, Etienne semble avoir la fâcheuse tendance d’utiliser les femmes pour les jeter ensuite. Il y a trois ans, notre ami m’a séduite, sans difficulté je l’avoue, puis tout a cessé quand je suis tombée dans ses bras. Je ne remue pas le passé, je sais que c’est de l’histoire ancienne, menteuse, il n’y avait qu’à voir ce que je faisais là pour savoir que je n’oubliais pas, mais vous voir ainsi avec lui m’a poussé à venir vous mettre en garde contre lui car l’idée qu’il fasse la même chose à une autre femme me dérangeait fortement … Ca en revanche, c’était la pure vérité. Mais à vous entendre, ça n’a pas vraiment l’air d’être votre cas, et j’en suis donc ravie pour vous … Quoiqu’on ne va peut-être exagérer … Sur ce je m’excuse de vous avoir ennuyée … » Je me levais de ma chaise, plus l’ombre d’un sourire sur mes lèvres, le regard sombre. « Bonne journée … » Je tournais les talons, entamant mon chemin vers la porte, puis je me retournais une dernière fois vers elle pour ajouter : « Faites attention à vous quand même … » avant de quitter le bar pour de bon.