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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Savoir profiter [Luca] :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Abigail MacFusty
Abigail MacFusty
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Lun 28 Déc - 12:10

Fin avril


Ce mois d'avril avait été une période passablement tranquille pour moi, néanmoins, j'appréhendais le suivant, celui de juin. La tension montait inexorablement avec la venue des examens, et c'était quelque chose que je ressentais très fortement, et que du coup, je vivais mal. Bien sûr, je me démenais pour la réussite scolaire de mes élèves, mais, petite sorcière sensible que j'étais, j'avais bien souvent besoin de m'isoler pour retrouver un peu de calme et pour rassembler mes idées. Éponge qui absorbait sans mal le malheur des autres, je prenais l'ambiance électrique et la vivait alors qu'elle ne m'appartenait pas. C'était une sensation particulièrement désagréable pour moi qui me laissais facilement submerger par mes émotions.
D'ordinaire, et pour ceux qui ne me connaissaient pas totalement, j'étais davantage à rester seule, à adopter ma forme animagus et à courir, à me perdre, me désorienter, me plonger dans une explosion d'odeur florale. La nature avait ce pouvoir sur moi d'être capable de pleinement m'apaiser en très peu de temps. Pourtant ce soir, ce n'était pas dans forêt que je me trouvais, bien au contraire.

Ombre discrète qui oscille entre les passants sur les trottoirs, je faisais tout pour qu'on ne me remarque pas et qu'on ne me percute pas non plus. Du haut de mon mètre cinquante, j'étais facilement en dehors du champ de vision d'autrui. Mon but n'était pas non plus que je sois totalement ignorée, j'avais surtout envie d'avoir la paix. S'il y avait bien une chose que je n'appréciais pas, c'était d'être alpaguée en pleine rue et d'attirer l'attention. Petite sorcière réservée et discrète que j'étais, sans cesse à l'extérieur du centre d'attention, je le vivais bien ainsi et j'essayais de le reproduire dans mes gestes au quotidien.
Ce soir, j'avais besoin d'une autre ivresse que celle de me perdre dans mon élément premier. Ce soir, c'était mon autre moi qui avait envie de s'exprimer. Celle qui était toujours étouffée par la timide, celle qui voulait exploser, celle qui faisait de moi une personne complexe et difficile à cerner. Celle qui était joyeuse, ponctuelle, qui chantait et dansait, qui se lâchait, tout simplement.

Ce fut donc sans trop d'hésitation que je poussais la porte du bar dans lequel j'étais habituée à aller. Lieu magique, j'appréciais y venir non pas pour éviter les moldus, mais parce que j'avais une préférence pour les alcools sorciers qui étaient bien plus forts et énervés que ceux des moldus, bien que j'en savoure beaucoup chez ces derniers.
Une fois l'entrée passée, je retirais immédiatement cette veste de similicuir qui couvrait mes épaules jusque-là. Jean bleu troué aux jambes, T-shirt peut-être un brin trop large pour moi, blanc, il me tombait bas sur les hanches, lui aussi un peu déchiré. Style peut-être sensiblement relâché, le tout était en fait parfaitement harmonieux, je savais très bien bien m'habiller. Mes chaussures noires aux allures de motarde montaient mes chevilles comme pour les protéger.
D'un geste presque négligé, car habituel, je glissais ma main gauche dans ma chevelure pour écarter cette longue frange qui me tombait sur les yeux tout en marchant jusqu'au comptoir où ici, je commandais directement un whisky pur feu. Grand classique, certes, mais j'en appréciais le goût pour entamer une bonne soirée.

Une fois ma boisson demandée, je prenais place sur l'une des nombreuses chaises hautes encore vides, posant ma veste sur mes jambes. De là, je m'accoudais au bar pour y contempler la salle. Nous n'étions qu'en début de soirée, je savais que les clients allaient arriver les uns après les autres. Je n'étais qu'un chiffre parmi tant des centaines.
Observatrice de nature, et par défaut professionnel, je laissais mon regard sombre vagabonder dans l'entier de la pièce en considérant chaque personne présente, avec qui ils se trouvaient, dans quelle tenue, avec quel verre devant eux.
Joue lovée dans ma main gauche, je ne portais même plus attention à mon tatouage magique qui se mouvait sur ma peau. Encre animée, le dragon aux traits très abstrait se plaisait à pouvoir parcourir l'ensemble de mon avant-bras et s'entremêler à mes doigts comme bon lui semblait. Bien souvent, j'étais fascinée par cette grâce que le tatoueur avait su lui donner, et il m'arrivait de le regarder durant de longues minutes. Ce soir, il n'en était rien, j'appréciais simplement cette compagnie silencieuse, mais non pas moins invisible qui se promenait sur moi.

Quand mon whisky arriva enfin, je payais sans plus attendre le barman. Les bons comptes font les bons amis, je n'aimais guère commander sans régler la note directement. Portant le verre à mes lèvres, je ne fis que les tremper, comme si j'étais en train d'établir une véritable relation entre l'alcool et moi. C'est que, si tout se allait bien, nous allions passer du temps ensemble ce soir lui et moi. Je connaissais parfaitement ma constitution et surtout, je connaissais mes limites, il aurait été sot de ma part de foncer tête baissée dès mon arrivée.
C'était donc avec modération que j'étanchais ma soif et maintenant que l'observation visuelle était faite, j'en venais à tendre l'oreille. En dehors du brouhaha incessant des clients, j'écoutais les musiques sorcières qui étaient en train de défiler. Pas encore véritablement dansantes, je savais que ça allait changer, lorsque le temps sera venu et que les tenanciers du bar l'auraient estimé bon. Là alors, éventuellement, je me lèverai.


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Luca Zabini
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Mon allégeance : va à la Cosa Nostra, à ma famille
Jeu 31 Déc - 14:52

Vivre, c'est profiter de la vie chaque jour sans se poser la moindre question.

Luca & Abigail - Fin avril 2020


Le retour à la vie Londonienne n’est pas facile. Cela fait dix jours que tu es rentré en Angleterre. Tu es revenu et presque du jour au lendemain, tout était comme avant. La boulot, le travail avec les fournisseurs, les fêtes, les relations avec les autres membres de la Cosa Nostra. Revoir Rose. Tout ce qui était ta vie d’avant. Sans la drogue. Ou presque. Tu n’as jamais vraiment su arrêter même si tu as dit à ta sœur et à Jaeden que c’était le cas. C’est trop dur de se passer de ce qui t’aide à tenir même si tu sais que tu ne dois pas replonger dans une consommation trop excessive. Rester à la limite de ce qui est acceptable, voilà ton nouveau crédo. Mais même en gardant cette ligne de conduite, tu sais que cela ne sera pas suffisant donc assez rapidement, tu as ressenti le besoin de t’isoler, de sortir de l’ambiance de la famille que tu aimes pourtant et que tu apprécies. Mais tu le sais, si tu ne veux pas retomber dans les mêmes travers, dans les mêmes addictions, tu ne dois pas tout donner pour la Cosa Nostra, tu dois aussi prendre du temps pour toi. Du temps pour t’évader et t’amuser à être quelqu’un d’autre.

Donc, ce soir, t’as décidé que t’allais te bourrer la gueule dans un bar de Londres qui ne t’appartient pas. Au White Thestral, tu rencontres souvent les mêmes gens et ces gens sont ta famille, tes amis, tes proches. Mais ce soir, il est temps d’aller voir ce qui pouvait bien se passer ailleurs et tu n’en es pas mécontent. Après la rude journée au Thestral Motor à satisfaire des clients de plus en plus exigeants et insatisfaits, après avoir effectué et rempli de nombreuses paperasses, tu files te changer dans ton appartement. La proximité du garage avec celui-ci est tellement pratique. Une fois ta douche prise, tu enfiles un jean noir et un tee-shirt de la même couleur qui met en valeur ta carrure de grand sportif. Tu enfiles une veste en jean et te regardes dans le miroir. Nul besoin de te faire beau puisque tu es beau. Oh oui, c’est si dur d’être naturellement sublime. Tu transplannes dans le premier bar sorcier auquel tu penses. Et tu t’installes sur l’une des nombreuses chaises encore vides auprès du bar. La nuit n’est pas encore tombée et il y a encore peu de personnes ici. Tant mieux, comme ça, tu vas pouvoir te souler sans qu’on te fasse chier. La seule différence avec le White Thestral, c’est qu’ici, tu vas devoir payer, mais franchement, qui se fiche de ça ?

Tu fais signe au serveur mais il ne te voit pas, occupé à servir une fille à deux chaises de toi. Une fille qui prend un Whisky Pur Feu ? Intéressant… Tes yeux se posent sur elle et tu la dévisages un instant. Elle est jolie, avec cette mèche rebelle qui ne cesse de retomber devant ses yeux. Jean troué, tee-shirt blanc, bottes montantes, veste en simili cuir, style motarde quoi. Bref, le style qui te plaît. Ce n’est pas comme si tu gérais un garage de véhicules volants comprenant des voitures et des motos de luxe. Alors bon ce genre de nana, forcément, tu apprécies.

Et tandis que ton regard remonte de ses chaussures jusqu’à sa poitrine, un détail t’interpelle. Son tatouage. Un dragon aux traits abstraits mais délicats, un magnifique nuage d’encre noire. Le tatouage se met à bouger lorsqu’elle porte le verre à ses lèvres et tu sautes délicatement de ta chaise pour rejoindre celle située à côté de la jolie jeune femme. « Je vais prendre la même chose que la demoiselle s’il vous plaît. » dis-tu à l’intention du serveur. Tu poses à nouveau les yeux sur le tatouage et tu dis : « Ton tatouage est superbe. Tu l’as fait où ? » Le serveur dépose ton verre devant toi et tu te présentes : « Au fait, je m’appelle Luca. » Il faut dire que les tatouages, c’est une de tes passions. Tu te dessines depuis des années des modèles aux allures principalement psychédéliques, même si ton esquisse favorite demeure le tatouage de la Cosa Nostra. Le tien, situé sur ton avant-bras, déborde légèrement de sous ta veste où l’on peut à peine apercevoir le bout du poignard et la fin d’un serpent qui l’enserre. La marque de ta famille. Mais tu t’intéresses aussi aux autres tatouages, ceux des autres. Mais celui de la jeune femme est tellement différent que tu ne peux t’empêcher de le regarder encore et encore. Il t’attire comme un aimant.
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Sam 2 Jan - 17:42
Trop occupée à observer la salle devant moi et à analyser chaque personne présente, j'en venais à être totalement distraite. Voilà pourquoi je ne vis pas tout de suite le jeune homme qui était à quelques mètres de moi, et qui, en un instant, bondit presque sur moi, m'abordant d'une façon très peu cavalière. Ce fut avec un regard étonné que je le fixais alors qu'il était déjà en train de parler de mon tatouage tout en l'admirant. Dans d'autres circonstances, je me serais peut-être offusquée, puis cachée, de sa manière de m'aborder, moi qui étais si peu à l'aise avec mon prochain. Toutefois ce soir, j'étais justement venue pour penser à tout autre chose. Ainsi, ce ne fut qu'un sourire vaguement amusé qui étira mes lèvres tandis que je pivotais sur ma chaise pour me mettre face au garçon. Là, dénuée de gêne, je le fixais de haut en bas, comme si j'étais l'un de ces scanners moldus. Après tout, il n'y avait pas de mal à se faire du bien, et même si ce garçon n'était de prime abord pas tout à fait mon genre, je serais sotte de le repousser. Il n'était pas désagréable non plus, de loin pas, et un peu de compagnies plaisantes n'étaient jamais à refuser. Observatrice de nature, et ensuite part défaut professionnelle, je découvrais sans le moindre mal le tatouage un peu caché sous la veste de mon interlocuteur. De par ce fait, je croyais deviner la première raison qui l'avait poussé à venir me voir. C'était avant tout parce qu'il semblait passionner de ces dessins à l'encre sous la peau, ceux qui marquaient à vie, et qui démontraient notre appartenance, ou non, à un groupe quelconque.
Ce n'était pas mon cas, en dehors de mon clan bien évidemment, mais les dragons étaient à ce point ce qui me faisait vivre que je n'avais pas pu m'empêcher de m'en faire graver un pour être certaine de toujours être en leurs compagnies. C'est que, lorsque je ne travaillais plus avec eux, c'était comme s'il me manquait un poumon pour respirer.

- Enchantée Luca, je m'appelle Abigail.

Sans hésitation, ce qui pouvait être surprenant, je lui tendais la main après avoir posé mon verre devant moi, à côté du sien. Le choix de sa boisson ne m'avait guère surprise, pour bien des raisons. Je savais que ce whisky était apprécié de beaucoup de sorcier, aussi, c'était, il me semblait tout le moins, une technique facile pour aborder quelqu'un de prendre la même commande que lui. Je n'étais pas celle qui abordait les autres sans le moindre mal, mais je ne refusais jamais une discussion, surtout si celle-ci pouvait être intéressante. Les tatouages, je n'en étais pas experte, une simple détentrice. Néanmoins, j'en appréciais toute la symbolique et j'étais à chaque fois curieuse de la signification de ceux que pouvaient arborer les autres.
Une fois les politesses échangées, je tendais mon bras gauche en direction du sorcier pour qu'il puisse observer de plus près les traits fins qui constituaient mon tatouage. Véritable œuvre d'art, j'avais été très heureuse de connaître l'artiste qui m'avait dessiné ce modèle, il avait un talent hors du commun. En effet, la plupart des tatouages étaient dessinés de manière très symétrique, très coordonnée. Ici, le tatoueur avait un genre similaire aux peintres abstraits. L'encre semblait avoir été lancée au hasard pour donner des formes et un aspect brumeux et nuageux autour de l'œuvre principale : le dragon. De la race des Noirs des Hébrides, évidemment, la créature serpenta autour de mon bras pour aller slalomer entre mes doigts, comme s'il désirait se faire beau devant son admirateur.
Après avoir laissé le temps à Luca d'observer la magie faire son effet, je lui répondais, non sans me défaire de mon sourire goguenard.

- Je l'ai fait dans un quartier sorcier de Glasgow. Tranquille, je penchais un peu le visage sur le côté, mes cheveux lâchés venant se déposer gracieusement sur mon épaule. Je peux te donner le nom et l'adresse si tu veux. Yeux pétillants de malice (apparemment, j'étais de nature joviale ce soir), je regardais le sorcier sans crainte avant de reprendre la parole en désignant son bras du menton. Et le tien ? Il représente quoi, et tu l'as fait ou ?

Les tatouages avaient une origine propre à chaque personne qui en portait. D'ordinaire, j'avais ce respect pour autrui, et je ne posais pas ce genre de questions. Je respectais simplement d'admirer les formes en m'amusant à imaginer ce qu'ils pouvaient représenter, symboliquement parlant, au porteur. Ce soir, j'avais décidé d'être tout aussi indiscrète que l'avait été Luca en m'abordant sans hésitation. Qui n'essaie rien n'a rien après tout.
Ramenant mon bras sur ma cuisse, je reprenais une gorgée de mon verre sans jamais vraiment détourner le regard. Rapidement, je me permettais de balayer la salle, mais je revenais bien vite auprès du jeune homme.
À nouveau déposé sur le comptoir, je posais un index fin et presque fébrile et hésitant sur le rebord du verre, geste qui trahissait malgré moi ma nature profonde : gentille, douce, mais effacée. Néanmoins, je ne perdais en rien mon objectif de vue pour cette nuit : m'amuser.
Voilà pourquoi je relevais la tête tout en inspirant profondément, comme pour me donner du courage, avant de reposer à nouveau mes yeux d'un brun presque noir sur l'homme devant moi.

- Alors, Luca. Qu'est-ce qui t'amène ici ce soir ? En dehors d'une mystérieuse chasse au tatouage ?


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Luca Zabini
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Mon allégeance : va à la Cosa Nostra, à ma famille
Mar 5 Jan - 22:06

Vivre, c'est profiter de la vie chaque jour sans se poser la moindre question.

Luca & Abigail - Fin avril 2020


Une fois arrivé au bar, tu regardes chacune des personnes déjà arrivées. Tu ne reconnais personne ; tu n’en es pas vraiment habitué. Il faut dire que lorsque tu es au White Thestral, tu es connu comme le loup blanc et les filles se jettent dans tes bras. C’en est presque ennuyeux à force de ne pas avoir besoin de faire quoi que ce soit pour qu’une femme te tombe dans les bras. En tant que propriétaire du bar, tu es très sollicité. Mais parfois, aller dans un endroit où personne ne te connait, personne ne sait qui tu es et personne ne peut te juger, parfois cela fait du bien. Depuis que tu es arrivé à Londres, tu t’es construite une place au sein de la mafia mais les clans et familles déjà présentes ne l’ont pas entendu de cette manière ; tu joues sur leur territoire et les guerres entre familles rivales sont légions. La chance que tu as eu, c’est que lors de ta désintoxication en Italie, il ne s’est rien passé d’important le temps qu’Anjelica était aux commandes ; tu n’aurais pas supporté que cela se passe mal. Il faut dire que l’actualité sorcière avec l’émergence et le développement récent du Blood Circle avait bien occupé tout le monde. Néanmoins, les affaires étant ce qu’elles sont, tu n’as qu’une envie, c’est de t’amuser, voilà pourquoi tu es là ce soir. Tu veux prendre le temps de t’accorder des moments où tu redeviens juste Luca. Pas Luca Zabini, fils aîné de la famille Zabini, dirigeant de la branche anglaise de la Cosa Nostra et propriétaire du Thestral Motor et du White Thestral. Tu redeviens juste Luca, un trentenaire ordinaire et tu l’avoues, cela ne te déplaît pas. Tu penses même que si tu ne le fais pas, tu risques de sombrer encore plus vite. Tu ne te fais pas d’illusions, depuis que tu es revenu, tu as recommencé à te droguer, t’essaies de pas augmenter les doses mais tu sais que cela va durer longtemps.

Alors ce soir, tu as décidé d’aller à la rencontre de la boisson et de voir ce que cela va donner. Tu n’as pas forcément l’intention de faire une rencontre mais ton chemin croise celui de cette jeune femme au tatouage envoûtant et tu ne peux t’empêcher de le regarder. Les dessins, c’est ton dada depuis toujours mais cela ne fait pas si longtemps que cela que tu tatoues, environ 3 ans, donc tu n’es pas non plus un expert des encres qui se mouvent. Tu savais que cela existait mais tu ne l’avais encore jamais vu en vrai alors c’est avec un grand enthousiasme que tu sautes sur la chaise à ses côtés pour initier la conversation. Elle te tend la main pour que tu la serres, ce que tu fais sans la moindre hésitation. « Ravi Abigail. » C’est vrai que tu l’es. Une charmante compagnie comme elle, ce n’est pas déplaisant. Maintenant que tu es plus proche d’elle, tu peux admirer ces traits ingénues et délicats d’une part, et d’autres part, tu scrutes avec attention son tatouage. Elle te dit qu’elle l’a fait un quartier sorcier de Glasgow et tu l’écoutes avec attention. « Oui, je veux bien le nom, ça m’intéresse. » Tu ajoutes : « Je peux ? » montrant son bras. Tandis qu’elle acquiesce, tu attrapes son bras et regardes de plus près avec un intérêt nouveau. Tes yeux observent chaque ombre et chaque trait de cet œuvre d’art. « Un putain de chef d’œuvre si tu veux mon humble avis de professionnel. » dis-tu en riant. Ce mec ou cette nana a un talent fou, tu aimerais en faire autant même si tu sais que ton travail est également très apprécié de tes clients. Tes doigts effleurent d’une caresse le dragon animé et tu ne te rends même pas compte que cela pourrait être gênant. « Ah le mien ? » Tu souris, lâchant son bras et te renfonçant davantage dans le fauteuil. Un sourire mystérieux se lit sur tes lèvres tandis que tu la regardes en riant : « Je te le montrerai lorsqu’on se connaitra un peu mieux voyons. » Tu lui fais un clin d’œil, signe que tu plaisantes mais tu relèves pas la manche de ta veste pour révéler ton tatoo. En soit, le tatouage de la Cosa Nostra n’a jamais été un secret pour personne et tu le portes avec une fierté non dissimulée. Bien entendu, chaque tatouage a une origine, un symbole. Te concernant, ce serpent enroulant un poignard, c’est tout simplement la marque de la famille, de la mafia dont tu fais partie. C’est plus qu’un signe d’appartenance, c’est le symbole que la personne a fait ce qu’elle devait faire pour la mériter. Chez toi, ça veut dire beaucoup. « Je l’ai fait quand j’habitais encore en Italie. » dis-tu. Tu te demandes si elle a remarqué ton accent italien, en même temps, on ne peut pas vraiment le louper. « C’est ma grand-mère qui me l’a fait. » dis-tu en blaguant. Puis tu redeviens sérieux. « Ça compte beaucoup pour moi. » Tu n’en ajoutes pas plus, cherchant volontairement à entretenir un mystère. Tu l’avoues, tu sais que ça plait aux filles et qu’elles adorent ça. Tu sais pas si Abigail sera différente mais au final, peu importe.

Tu avales une gorgée de ton Whisky Pur Feu et tu continues de la regarder avec la même intensité mais être intrusif, t’es pas un gros lourd non plus. Lorsqu’elle te demande ce que tu viens faire dans ce bar ce soir, tu souris à nouveau et d’un air amusé, tu dis : « J’espère que c’est la même chose que toi qui m’amène ici. » On va pas faire comme si on était en maternelle non plus. « Je veux juste m’amuser. Me marrer. Penser à autre chose. » Tu ajoutes : « Oublier que la vie est parfois difficile. » te livres-tu sans pour autant en révéler davantage. T’es pas chez le psy non plus.



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Mer 6 Jan - 21:04
La poignée de main serrée, j'avais à présent un premier aperçu du caractère de mon interlocuteur, même si, je devais l'admettre, la manière dont il m'avait abordé m'avait déjà donné quelques indices. Une poignée de main ferme, assurée, sans pour autant me broyer les doigts (ce que je détestais). Avec les éléments que j'avais à présent récoltés, je pouvais dire sans trop de mal que le garçon devant moi était plutôt sûr de lui (peut-être même un peu trop ?). Cela dit, vu son allure, et la manière dont il était habillé, j'étais certaine qu'il faisait à peu près tout ce qu'il voulait à une grande majorité des femmes. Peut-être même des hommes, mais si ça se trouve, il ne mangeait pas de ce pain-là, chose que je pourrais regretter pour lui, car, les deux genres avaient de magnifiques atouts et avantages.
Cela dit, alors que je l'observais, penché sur mon bras pour admirer mon dragon qui se promenait sur ma peau, j'étais en train de me demander quel était son véritable but pour ce soir. Bien que je ne doute pas de la fascination qu'il avait pour les tatouages, puisqu'il en avait lui-même au moins un, et à observer son entrain j'étais certaine qu'il ne faisait pas semblant, j'en venais à m'interroger : était-ce sa technique de drague ? Voulait-il me rajouter à son palmarès ?
D'ordinaire peu soupçonneuse, tout le moins, pas pour ce genre de sujet, je réalisais à quel point ce soir je pouvais être…. Heum… disons, ouverte d'esprit. J'en serais presque venue à essayer de me remémorer ma dernière relation sexuelle lorsqu'il s'exclama, ce qui eut pour effet de m'arracher un petit rire sincère. Ce petit rire du bout des lèvres, mais qui pourtant chantait comme du cristal.

- Je ne le demandais pas, ton humble avis, je sais que mon tatouage est classe. Je le fixais droit dans les yeux avec un petit air aussi amusé que celui qui aime défier et taquiner. Mais je te remercie pour le compliment.

Sans pour autant révéler l'adresse et le nom de l'artiste qui avait dessiné mon dragon, je fixais mon interlocuteur alors qu'il était en train d'effleurer le mien. Je ne pouvais pas dire que cela me rendait de marbre, car un touché délicat avait toujours un quelconque effet sur moi, petite sorcière sensible qui appréciait la douceur au détriment de la violence. C'était aussi un défaut professionnel. Maintenir une bête sauvage par la force ne servait à rien, puisque pour la plupart, soit ils avaient plus de force que moi, comme dans les pattes ou la mâchoire, soit ils avaient des pouvoirs magiques que je n'avais pas, du genre, cracher du feu. Il fallait savoir être doux avec les créatures, alors oui, je n'étais pas insensible aux caresses tendres, aussi involontaires soient-elles.
Une fois mon bras récupéré, je venais m'accouder au bar tandis que le sorcier jouait la carte du mystère. S'il pensait que ça allait me rendre ivre de curiosité, il se trompait. La seule chose qui pouvait me rendre ivre ce soir, c'était mon Whisky Pur Feu. En effet, même si j'étais de bonne humeur ce soir, un peu taquine et particulièrement joviale, je respectais encore la vie privée d'autrui, surtout celle d'une personne qui m'était totalement étrangère. Qui plus est, je respectais bien trop les personnes tatouées pour insister sur les raisons du tatouage, ainsi que ce qu'ils pouvaient signifier. Toutefois, à son clin d'œil, je ne pouvais m'empêcher de pouffer sensiblement tout en dodelinant de la tête de droite à gauche. Pourtant, ce fut avec respect que j'écoutais son récit, apprenant ainsi qu'il venait d'Italie, je comprenais maintenant d’où venait cet accent, et que sa mère tatouait également. Un héritage familial, ça comptait toujours, ça, je pouvais le comprendre. Il en allait de même pour moi avec le médaillon de ma famille qui était transmis de génération en génération. Qu'il me raconte des idioties ou non, je m'en fichais, il me donnait ce qu'il voulait me donner. Après tout, on n'avait pas élevé les Boursouff ensemble, il me confiait bien ce qu'il voulait.
Néanmoins goguenarde, je le fixais avec un sourire en coin avant de rétorquer.

- Donc… si je comprends bien, si tu me racontes tout ça, c'est pour faire connaissance avec moi c'est ça ? Je rebondissais plus ou moins habilement à sa chamaillerie de tantôt, avant de reprendre, un peu plus sérieusement. C'est une belle valeur, si c'est ta grand-mère qui l'a fait... et je ne suis jamais allée en Italie. Constatation simple et logique de la conversation que nous avions. J'appréciais quand les autres me parlaient de leurs pays. Je pouvais écouter mon cousin parler des heures du Japon, ça me fascinait. Dans ma vie, j'avais bien peu voyagé, trop occupée à mes affaires professionnelles, ce n'était pas pour autant que l'envie de m'échapper m'avait quitté. Cela dit, je devais reconnaître que j'étais bien trop attachée à ma terre natale pour pouvoir m'en éloigner trop longtemps. Ce fut donc tout simplement que je reprenais la parole, mon verre de whisky collé contre ma joue, comme si j'avais besoin des glaçons pour me rafraichir. Moi, je suis originaire d'Écosse. Je n'ai pas beaucoup voyagé pour mon plus grand malheur, mais ! Je levais mon index. J'ai vécu quelques années en Hongrie. Cela dit, je ne fais que baragouiner que quelques mots en hongrois, je suis plus à l'aise avec l'allemand, c'est dire.

Pour souligner le fait que le hongrois était pour moi une langue difficile à apprendre, alors que j'avais des rudiments en français, en allemand et aussi même en roumain, je haussais les épaules, puis noyais mon désarroi linguistique dans mon verre d'alcool.
Alors que mon regard quitta enfin le jeune homme pour se promener dans la salle du bar, je constatais, avec un certain soulagement, qu'elle se remplissait petit à petit. La musique n'allait pas tarder à être embrayée et je savais que la piste de danse allait bientôt être prise de tous les côtés. À chaque fois que je venais ici, je m'amusais à observer les autres personnes danser. Bien que je ne sois pas une danseuse émérite, de loin pas, il y avait des gens qui feraient mieux de s'abstenir. C'est comme nager : si on ne sait pas nager, on n'approche pas son cul de la flotte, c'était logique pourtant. Mais heureux étaient ceux qui savaient se libérer sans honte. J'aurais apprécié être davantage comme eux, moi qui pouvais facilement me gêner, et qui n'aimais guère me mettre au centre de l'attention. Pourtant, le sorcier qui était assis à côté de moi m'avait vu, lui.
D'une œillade entendue, je le fixais en coin.

- C'est ça. C'est un peu une période de merde en ce moment alors… des fois, se saouler et oublier dans la musique, c'est pas plus mal. Encore une fois, je haussais les épaules, comme si la situation était tout à fait normale, avant de sursauter, comme si je venais de penser à quelque chose. Fouillant dans la poche de mon veston, j'en ressortais un bout de papier et un crayon. Avec mon métier, il était important de toujours avoir quelque chose avec soi pour griffonner quelque chose. Là, j'y notais le nom et l'adresse de mon tatoueur. Arrachant la partie écrite pour la séparer du reste du bloc-notes, je rangeais mes affaires avant de tendre le billet au sorcier, tenu simplement entre mon index et mon majeur. Voilà pour toi ! Mais, juste avant qu'il ne se saisisse du précieux, je me ravisais et récupérais le papier, avant de le plier soigneusement et de l'enfourner dans la poche de mon pantalon. S'il le voulait, il faudra qu'il vienne le chercher.


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Mon allégeance : va à la Cosa Nostra, à ma famille
Sam 23 Jan - 20:06

Vivre, c'est profiter de la vie chaque jour sans se poser la moindre question.

Luca & Abigail - Fin avril 2020


Sortir, s’amuser, penser à autre chose ; ouais, c’était le crédo du nouveau Luca. Et tu le sais, ce n’est pas évident de rayer de sa vie des années d’errance, des années à fonctionner de la même façon. Mais il est peut-être temps de changer, de modifier tes habitudes et que tu apprennes à te ressourcer autrement que grâce à la Cosa Nostra. La famille, c’est facile, c’est simple, c’est presque réconfortant de savoir que tu peux continuer à faire ce que tu as toujours fait mais tu sais aussi que c’est se leurrer. Se leurrer sur ce que tu es, sur ce que tu ressens, sur tes addictions, c’est bien beau, mais cela ne t’aide pas. Tu dois aussi affronter la réalité du monde, sortir de ton cocon familial où tu es surprotégé pour te rendre compte qu’au-dehors, des gens veulent ta mort. La tienne, celle d’Anje, de Jae, et de tout ceux que tu aimes de manière générale. Tu as tendance à l’oublier et à te dire que rien ne peut t’atteindre même si tu sais désormais que ce n’est pas vrai. La charge qui t’incombe, l’obligation de résultats, la peur d’échouer, la crainte d’être attaqué, l’angoisse de perde des gens que tu aimes, la certitude qu’on ne te laissera jamais en paix, tout cela biaise ton rapport à la réalité. Tu as besoin de décompresser et ce soir, décompresser, c’est aller dans un endroit où tu ne connais personne et où personne ne te connaît. C’est con, mais en tant que patron du White Thestral, tu ne passes pas inaperçu lorsque tu traines dans ton propre bar où tous les clients te connaissent et où le moindre de tes faits et gestes sont épiés. La moindre de tes erreurs, la moindre incartade, on peut te la faire payer au centuple.  Alors être ici, dans un bar inconnu, assis à côté d’une totale inconnue, qui de surcroît est tout de même relativement mignonne et canon, cela te fait du bien. La jeune femme, encline à la discussion, ce qui ne gâche rien, continue la conversation malgré la manière peu cavalière dont tu l’as abordé. Il faut dire que tu n’es pas vraiment habitué à prendre des pincettes, encore moins avec les femmes. Tu es dans l’immédiateté. Tu trouves un tatouage superbe, tu t’approches, tu le dis, tu regardes. C’est aussi simple que ça en fait. Et puis, cette femme te plaît. En dehors de son physique attrayant, ce visage ingénu et cette peau magnifique, digne des publicités de crème hydratante, il y a autre chose qui t’attire chez elle ; son attitude. Cette façon d’être sûr d’elle lorsqu’elle te fixe droit dans les yeux en te disant qu’elle sait pertinemment que son tatouage est classe. Elle a raison de se la péter, puisque c’est vrai. T’es plutôt d’accord avec ça et une femme avec cette répartie, ça t’intéresse. Ça commence à devenir chiant les nanas qui tombent dans tes bras sans que tu ne fasses aucun effort. Il n’y a plus ni jeu de séduction, ni enjeu. Rien que de la facilité. Ça en devient lassant. Un sourire apparaît sur ton visage amusé et tu sais que la suite de la conversation risque d’être déconcertante. Au moins, le ton est donné. « Le tatouage aussi beau doit être porté par quelqu’un de caractère. » Faut l’avouer, un tatouage magnifique sur une silhouette qui ne le mérite pas, cela serait du gâchis. Il t’est déjà arrivé de tatouer des monstruosités sur certains clients et quand cela t’arrive, tu manques parfois de tact ; et tu t’en fous royalement. Mais ce n’est pas le cas d’Abigail. Au contraire. Elle le porte avec une prestance incroyable ; tu ne sais pas ce qu’elle fait dans la vie mais cela démontre sans doute un tempérament de feu. Peut-être que c’est ce qu’il te faut ce soir, pour changer de ces écervelées avec qui tu couches d’ordinaire.

Son sourire narquois te plaît. Encore plus lorsqu’elle te fixe en te demandant sans détour si tu lui racontes tout ça pour faire connaissance avec toi. Elle est trop sûre d’elle. On dirait toi au féminin. Tu laisses s’étirer sur ton visage un large sourire en disant : « Pas vraiment, je m’ennuyais, et tu étais là. » Tu dis ça en sous-entendant que ce brin de causette, tu aurais pu l’avoir avec n’importe qui ; ce qui en soit est vrai. C’est son tatouage qui t’a attiré vers elle et le fait qu’elle boive seule t’a indiqué qu’elle semblait avoir envie de décompresser, de penser à autre chose, peut-être de faire des rencontres. La raison t’importe peu en réalité du moment que tu te changes les idées. Lorsqu’elle parle de l’Italie puis de l’Ecosse, tu ajoutes simplement : « En tout cas, en Italie, la météo est plus clémente qu’en Ecosse et les gens plus chaleureux. C’est beau la Hongrie ? Je n’y suis jamais allé. » L’allemand ? Cette vieille langue dégueulasse ? Tu préfères de loin ta langue maternelle et le français que tu parles aussi couramment que l’anglais. Tu ricanes doucement en ajoutant : « J’ai fait mes études à Beauxbatons quant à moi mais on sortait beaucoup en douce à l’époque, la France a de si jolis coins à visiter. » Parfois, cela te manque. Mais pas autant que l’Italie et ses paysages à perdre de vue et qui te coupent le souffle. Retrouver les panoramas gris et ternes de l’Angleterre, ça a été difficile. C’est aussi l’une des raisons pour laquelle tu as tenu à venir ici ce soir. Retrouver un peu de chaleur autrement que par celle de l’âme ; boire un verre d’alcool et passer la nuit avec une femme, voilà ce dont tu as besoin ce soir. La question est la suivante : est-ce que cette femme sera Abigail ou une autre ? Au fond, peu t’importe.

Tu l’écoutes sortir son petit laïus de pleurnicheuse qui dit que la vie est trop pas juste. Ce laïus, tu le connais, tu viens de lui sortir il y a à peine quelques instants. Peut-être que c’est ce dont vous avez besoin ; deux âmes esseulées, fatiguées par le poids de la vie qui ne cherchent en l’autre qu’un peu de réconfort, même si celui-ci demeure temporaire. Tu lèves ton verre à ses belles paroles et tu lui dis : « Trinquons ensemble dans ce cas et continuons à nous souler. » Tu approches ton verre du sien jusqu’à ce qu’ils s’entrechoquent et tu avales une longue gorgée. Tandis que tu continues d’ingurgiter lentement le liquide ambré, Abigail sort un papier sur lequel elle griffonne quelques mots avant de te le donner. Tu devines que c’est l’adresse et le nom du tatoueur ; tu tends la main pour l’attraper mais elle se ravise et le glisse dans sa poche. Tu esquisses un mouvement pour venir le chercher toi-même. Cela ne te dérangerait pas. Mais tu te ravises, préférant entrer dans son jeu. « Je vois que tu aimes te faire désirer. » Tu souris d’un air équivoque. « Ça me plaît. » Tu termines ton verre et fais signe au serveur qui te le remplit à nouveau. « Alors dis-moi, que fais-tu dans la vie ? » Tu dis : « Pour ma part, je suis propriétaire d’un garage de véhicules de luxe. Je possède un bar aussi. » Officiellement en tout cas. Tu n’évoques pas le côté officieux ; le fait que tu diriges la branche mafieuse de la Cosa Nostra en Angleterre. « Qu’aimes-tu faire en dehors d’exhiber ton tatouage et te bourrer la gueule dans un bar ? » Tes yeux dans ses yeux, tu regardes, tu attends, tu projettes. Que va-t-elle faire, que va-t-elle dire ? Quelle genre de femme se cache derrière cet air si confiant ?

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Mar 26 Jan - 16:01
Nous avons tous nos démons, nos personnalités propres et diverses. La mienne était d'ordinaire drapée de timidité presque maladive, et pourtant il arrivait, comme ce soir, que le pantin sorte de sa boite, en sautillant presque littéralement, pour prendre le dessus sur tout le reste. Comme si la timidité étouffait quelque chose, comme si elle n'était pas naturelle. Pourtant, elle l'était, il y avait juste une complexité très grande dans cette petite tête qu'était la mienne. Mais, timide ou non, il n'empêchait que j'étais quelqu'un de taquin, mais surtout de franc et de direct. Par ailleurs, cela me menait bien souvent à des ennuis. Mes élèves pouvaient se vexer et les parents me tombaient souvent dessus, cela dit, lorsqu'on n'a aucun tact avec autrui et encore plus avec les animaux fantastiques, je ne me gêne pas de le dire. Voilà aussi pourquoi j'avais bien peu d'amis, parce que j'avais très peu de filtres. Non pas que j'ai été élevée chez les sauvages, mais c'était simplement parce que je ne savais pas faire autrement. Sans pour autant être une brute, soit je me confondais dans les mots qui se mélangeaient dans ma tête, car ils étaient bien trop nombreux, soit j'étais direct. Ce soir, petit pantin que j'étais de mon caractère jovial, j'étais davantage sans filtre, ma langue se déliant avec une certaine malice, mais aussi parce que, ce soir, je ne voulais pas me prendre la tête avec quelqu'un de fragile. Si je pouvais vexer la personne en face par une simple maladresse, et bien tant pis, qu'il parte.
Ce n'était pas pour autant le cas avec Luca qui restait là, à me dévisager et à sourire alors que je lui répondais le plus simplement du monde que je savais que mon tatouage était super. Évidemment, je l'avais choisi et surtout, à mes yeux, il me plaisait. Je me fichais de l'avis des autres, tant qu'il me plaisait à moi. Après tout, c'était mon corps. Bien sûr, le fait qu'il soit admiré par les autres était un peu un peu gratifiant, mais les honneurs revenaient surtout à l'artiste qui avait gravé l'encre sous ma peau, pas à moi qui ne faisais que le porter. Je n'étais qu'un genre de toile en réalité, mais je n'étais pas l'auteur.

Toutefois, c'était d'un regard entendu que je regardais l'homme devant moi. Il était vrai que certaines personnes pouvaient porter des tatouages qui ne concordaient pas avec leurs traits ou leurs caractères. Je ne pouvais même pas donner mon avis avec celui que portait mon interlocuteur puisque je ne pouvais en voir qu'une partie, mais ce n'était pas important. Dans le fond, ce n'était pas l'encre qui définissait le caractère du porteur, et, ce soir, je préférais entrer dans le jeu de l'homme et faire sa connaissance sans aide.
Enfin, ça aurait pu être à mon tour de me vexer par la franchise de Luca, pourtant, il n'en était rien. Il s'ennuyait, j'avais été là, tout comme moi j'avais besoin de sortir et prendre l'air et qu'il avait été là pour me donner ce renouveau dont j'avais besoin. Nous nous servions mutuellement, et n'était-ce pas là la base d'une entente cordiale ? La conversation qui avait d'abord tourné autour du tatouage évoluait naturellement sur nos origines, sur ce que nous étions, et je n'avais aucune raison de repousser le garçon alors que sa compagnie ne m'était pas désagréable.
Lèvres trempées dans mon verre, je l'écoutais me parler de l'Italie, plissant légèrement les yeux de plaisir en imaginant une météo plus clémente que celle de l'Écosse. À dire vrai, ce n'était pas quelque chose de difficile à concevoir, mais il était clair que cet homme serait bien désœuvré face aux conditions sévères des Hébrides.

- L'Italie plus clémente que l'Écosse, ça, je veux bien te croire, des fois c'est un peu pourri ici, mais j'imagine que tu n'as jamais posé une fesse dans les îles Hébrides. Je riais un peu en secouant la tête avant de reprendre. Ça décoiffe là-bas, pourtant, j'adore cet endroit. C'est un lieu sauvage, du genre… c'est l'un des rares endroits sur terre où de nombreuses espèces d'oiseaux se partagent une île entière pour nicher, se trouver un partenaire et avoir des petits. C'est aussi là-bas qu'il est possible de voir un phénomène rare : des cerfs qui traversent des immensités d'eau pour rejoindre une autre île. J'en parlais un peu le vague à l'âme. Mon île natale me manquait, et cette terre, je la transpirais par tous les pores. J'aimais mon pays. La Hongrie c'est mmh… avant tout très montagneux, mais c'est verdoyant, et plutôt mystérieux. J'ai bien aimé mon séjour là-bas. Cela dit, je rebondissais sur un point qu'il venait de me révéler. Beauxbâtons ? J'ai des contacts réguliers avec eux. Tu parles français du coup ? Là, je me mordais la lèvre inférieure d'envie. Bordel, j'ai trop envie d'apprendre cette langue… et ouais, je suis certaine qu'il y a des coins magnifiques. Glissant une main dans ma chevelure, je jetais un œil aux diverses bouteilles exposées derrière le bar, mais ce n'était clairement pas elles que je regardais. J'étais partie bien loin durant un court instant. Faut aussi que je visite cet endroit, les châteaux doivent être fous !

Voyager me manquait, même si je n'avais pas visité beaucoup d'endroits dans ma vie. La Hongrie, l'Amazonie et un peu le Japons, mais c'était tout. C'était surtout le parfum de l'inconnu et de la découverte qui me manquait. J'avais envie de m'échapper, d'oublier le temps qui passait, j'avais envie de m'asseoir sous un buisson et d'attendre, là, des heures durant, qu'un animal veuille bien se montrer. J'étais patiente, j'étais rêveuse. J'avais besoin de cette liberté, et j'avais besoin de sentir que j'appartenais à l'immensité de la liberté pour pouvoir vivre. Ma forme animagus n'avait jamais été un hasard.
Quand bien même ce soir je n'avais pas le cul posé dans la boue, j'avais besoin d'un autre genre d'escapade, et fort heureusement pour moi, Luca était arrivé à point nommé. Le laissant entrechoquer les deux verres, je souriais pour terminer le fond de ce qui me restait cul sec, avant d'en redemander moi aussi un autre.
Là, je m'amusais avec le papier où j'avais noté le nom du tatoueur. Comportement qui ne me ressemblait peu, voire absolument pas du tout, je prenais conscience que l'alcool était en train de me dévergonder plus que nécessaire. Est-ce que cela m'inquiétait ? Non pas du tout. J'étais majeure et vaccinée, ce ne serait pas la première fois que je vivrais une soirée étrange. Grand Merlin si mon père le savait…
Amusée, je lâchais un petit rire à l'observation de mon interlocuteur. J'aimais me faire désirer, moi ? En réalité, absolument pas. Je détestais être sur les devants de la scène, je détestais être celle qu'on regardait, je détestais attirer l'attention, donc par ce biais, je détestais être taquine au point de me faire désirer auprès des inconnus. Il n'y avait que mes proches, et mes ex-compagnons, pour qui j'avais joué ce genre de tours. Pas un Luca sorti tout droit de nulle part land. Toutefois, l'inconnu continuait à essayer de faire connaissance. Bientôt je trouverai ce comportement louche, mais pour l'instant, je me contentais de laisser-faire. Je n'étais pas ici pour me dégoter le mec de ma vie, mais… un ami, pourquoi pas ? Après tout j'étais l'une de ces sorcières esseulées et incomprises. Mais à sa biographie, je comprenais sans le moindre mal que Luca ne serait jamais la personne qui pourrait me soutenir et me comprendre totalement.
Quoique ?

- Alors déjà, je n’exhibe rien, j'ai mon bras à l'air parce que j'ai chaud. Ensuite, je me bourre la gueule mmh… Je levais mes prunelles au plafond pour accentuer le fait que je faisais semblant de réfléchir. Cinq fois l'an ? Reposant mon verre sur le bois lustré du bar, je pivotais pour à nouveau faire totalement face à Luca en le regardant droit dans les yeux. Véhicules de luxe ? Genre quoi ? Des limousines ? Je pouffais à ma question que je devinais un peu ridicule. Pardon j'y connais rien en mécanique je suis plus tournée hum… animaux. Là, comme si son regard était devenu trop difficile à supporter, je détournais le mien pour observer le contenu de mon verre. Je suis professeure de Soins Aux Créatures Magiques à l'école Poudlard, mais derrière ce titre très pompant, je suis surtout dragonologiste, spécialisée comportementaliste. Et la race de dragon que je connais le mieux et que je protège ben… Je haussais les épaules comme si c'était une évidence. C'est le Noir des Hébrides. Hé ouais, moi, minuscule sorcière de un mètre cinquante qui buvait des verres, aux allures menues et frêles, je faisais face non seulement à des ordres de gosses en rut, mais aussi, et surtout à des dragons dangereusement mortels. Je les aimais à ce point qu'ils étaient gravés dans ma peau. Ça n'avait rien d'un hasard. Je suis partie en Hongrie pour étudier le Magyar à Pointes à la fin de mes études. N'importe quel sorcier savait que cette race était la plus dangereuse de toutes, pourtant j'en parlais comme si je décrivais une journée canapé. Je continuais. Peut-être que le jour où je maitriserais assez bien le français j'irais plutôt étudier les chevaux qui vive en France ? Ça calmera les nerfs de mes proches. Là, du coin de l'œil j'osais à nouveau regarder le jeune homme, amusée. La petite sorcière qui aimait les bêtes avait le désire de se ranger et se draper des allures d'une princesse entourée de licornes ? Tableau ridicule. Il était clair que j'avais besoin de la dangerosité, du monstre, de la bête, des crocs et des griffes, de l'odeur de matières brûlées. Je n'étais pas entièrement vivante sinon, et rien que par le peu qu'il m'avait entendu parler de dragon, Luca pouvait aisément le deviner.
Sauvage petite Abigail.


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Mar 2 Fév - 21:51

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Luca & Abigail - Fin avril 2020


Lorsque tu es entré dans ce bar, tu ne t’attendais pas à tomber sur ce petit bout de femme qui se nomme Abigail. Tu espérais tomber sur une femme, il faut l’avouer, n’importe laquelle. Tu as l’habitude de flirter, de t’amuser, de draguer, de finir avec la première nana qui croise ton chemin dans le premier bar où tu oses t’attarder. Ce qui change de d’habitude, ce sont les réponses qu’Abigail t’apportent : d’ordinaire, les femmes que tu fréquentes sont faciles à convaincre. Il te suffit de les regarder avec un sourire sexy pour qu’elles se pâment toutes à tes bras ; le côté beau gosse italien, ça fait toujours cet effet. Mais Abigail ne semble pas manger de ce pain là et ce soir, tu te dis que c’est peut-être cela dont tu as besoin : un peu de challenge. Tu es sans arrêt en train de te plaindre que c’est toujours trop facile, trop simple avec les autres. Il était peut-être temps que tu te remettes en chasse en acceptant un défi à la hauteur de tes dons de séducteur. Et ce que tu comprends d’elle, c’est qu’elle n’aime pas non plus que les choses soient simples alors tu ne lui mens pas, tu ne le dis pas ce que les autres femmes souhaitent entendre, tu joues franc jeu. C’est vrai, tu ne cherches pas spécifiquement à la connaître ; c’est son tatouage qui t’a attiré et qui t’a sorti de ton ennui. Et pour le moment, tu l’avoues, tu ne regrettes pas d’avoir posé les yeux sur l’encre indélébile qui orne son bras parce que sans cela tu aurais loupé une bien belle conversation. Tu avales une gorgée du Whisky pur feu et le liquide te brûle l’œsophage mais tu en as l’habitude et la sensation s’apaise rapidement. Si rapidement que tu portes à nouveau le verre à ta bouche.

La conversation passe d’une présentation banale à une discussion qui l’est tout autant : vous échangez sur vos origines. Les tiennes sont italiennes et cela peut aisément s’entendre dans ton accent chantant et tu l’écoutes à son tour évoquer l’Ecosse où la météo est bien moins clémente. Les îles Hébrides ? « Non effectivement je n’ai pas eu cette malchance ! » lui réponds-tu en plaisantant, il faut dire que tu n’as jamais entendu quelqu’un dire qu’il partait en vacances aux Iles Hébrides, c’est trop pluvieux, trop venteux. Tout ce qui ne t’intéresse pas. Tu l’écoutes néanmoins t’expliquer les richesses qu’abritent ces terres, des richesses que tu ne soupçonnais même pas. Cette femme est une passionnée, cela se voit, cela se sent. « Tout cela te manque ? Tu as l’air nostalgique. » C’est plus un constat qu’une question mais tu penses bon de lui faire remarquer que tu comprends ce qu’elle vit. « Mon pays aussi me manque parfois. » Souvent même alors que tu viens juste de revenir, tu penses déjà à quand tu retourneras au pays. Tu chasses cette idée de ta tête ; ta vie est désormais ici. Tu ne dois plus penser à ta ville natale.

Tu l’écoutes te parler de la Hongrie. Puis te poser des questions sur BeauxBâtons. « Oui bien évidemment, j’ai passé sept ans en ces murs, je parle français couramment. » Tu souris en repensant aux paysages magnifiques de France. Dans un français presque parfait, tu dis « Je connais un très bon professeur de langues. » Ta phrase est pleine de sous-entendus, tu ris tout en sachant qu’elle n’en comprendra pas un mot. Tu reprends : « Dis-donc, tu aimes voyager à ce que je vois ! » L’an dernier, lorsque tu es rentré en Italie pour ta désintox, tu as toi-même arpenté les plaines et les montagnes italiennes, cherchant dans tes voyages la sérénité et le calme qui te manquaient. Tu n’as que peu roulé ta bosse en dehors de la France et de l’Italie et au final, cela t’importe peu car tu as d’autres préoccupations dans la vie ; la Cosa Nostra prend beaucoup de place et tu n’as vraiment l’occasion de partir en vacances. « Si tu aimes les châteaux, faut que tu ailles voir celui de BeauxBâtons. Il est idéalement situé dans une chaine de montagne. Même sans aimer l’architecture, on ne peut que l’apprécier. »

Lorsqu’elle t’écrit sur un bout de papier le nom du tatoueur et qu’elle le place ensuite dans sa poche arrière, tu souris d’un air plus qu’amusé. Si elle a sincèrement cru que cela allait t’arrêter… Pour l’instant, tu le lui laisses, mais à un moment, il faudra bien que tu le récupères, reste à savoir quand. Tu sais très bien quand, quand cela sera opportun. Elle fait la maline et puis elle ose dire qu’elle n’exhibe rien ? Tu n’es pas d’accord. Chaud ? « C’est vrai qu’à Londres, les chaleurs sont franchement insupportables… » dis-tu, un air encore une fois amusé sur le visage mais tu ne répliques pas davantage. Elle parle de ses petits beuveries qui ne sont pas si fréquentes que ça. Cinq fois par an seulement ? « C’est tout ? Cinq fois ? Mais que ta vie est triste ! » Tu rigoles mais tu le penses. Ne sait-elle pas s’amuser ? Et puis tu réfléchis. Tu la regardes attentivement ; peut-être est-elle mariée et avec des chiards à s’occuper ? Peut-être qu’elle fait mine d’aimer les bars mais qu’au final, elle n’est rien d’autres qu’une petite joueuse ? Tu veux en savoir plus et c’est pour cela que tu lances la conversation sur un autre sujet banal lorsqu’on rencontre une inconnue : après le petit laïus sur les origines, voici le sujet des métiers ! YOUPI ! Tu te la pètes avec ton garage de luxe. Et sa question t’arrache un nouveau sourire. « De tout. Voitures, motos, 4X4 et limousines. Côté sorciers et côté moldus pour plus d’excitation. Passe quand tu veux, je te ferais une visite gratuite ahah ! » Un vol en moto, c’est exaltant, jouissif et excitant. Il n’y a aucune sensation que tu préfères en dehors de celle de l’orgasme. Tu rêves du moment où tu pourras baiser quelqu’un sur une moto, ça doit être fou.

Tu te reconcentres sur Abigail qui te dit qu’elle aime les animaux. Tu ouvres la bouche et tu la refermes aussitôt lorsqu’elle continue de parler. C’est une sacrée pipelette. Tu t’accoudes au bar et places ta joue dans le creux de ta main, regardant le profil de ton interlocutrice. D’ordinaire, la plupart des nanas que tu parles sont ennuyeuses. Pas elle. Elle dit travailler à Poudlard et être dragonologiste. Putain, tu ne l’aurais jamais cru. Tu veux intervenir mais elle continue en parlant successivement du Noir des Hébrides, du Magyar et des chevaux. Elle en a dans le gilet la petite. Après son long monologue, elle te regarde enfin et tu croises son regard. « Ah ! Je comprends mieux pourquoi tu disais avoir des contacts réguliers avec BeauxBâtons ? » En tant qu'enseignants, ils devaient échanger de temps à autre. Tu ajoutes : « Si j’avais eu une enseignante aussi passionnée que toi j’aurai peut-être davantage écouté en cours. » Autant d’un point de vue pédagogique d’une part (rien qu’en l’écoutant, tu as envie d’adopter un dragon) que d’un point de vue moins… protocolaire. Elle est sacrément bonne la prof de Soins aux créatures magiques… « Qu’est-ce qui t’a donné envie d’enseigner à des adolescents boutonneux qui pour la plupart n’en ont rien à foutre ? T’en as du courage. » T’as jamais été un étudiant modèle. « J’étais infect à l’école. » dis-tu en riant. Tu portes à nouveau le verre à tes lèvres. Tu ajoutes : « Tu viens décompresser au bar parce que les élèves et les collègues sont trop chiants c’est ça ? » Tu as toujours eu l’idée que les enseignants sont de vieux croûtons croulants bien trop âgés pour être encore dans le coup. Pourtant, alors que tu échanges avec Abigail, tu te rends compte que tu t’es peut-être trompé : les profs de Poudlard semblent être bien plus intéressants que ceux de l’école française où tu as passé sept ans. « Donc, à part picoler dans les bars et te battre avec des dragons, tu aimes autre chose dans la  vie ? » Tu ne sais pas pourquoi mais Abigail a un truc qui t’attire. Elle n’a pas froid aux yeux et tu l’avoues, le fait qu’elle bosse avec des dragons t’amuse. Cela ne doit pas être de tout repos. Comment fait-elle pour concilier tous les pans de sa vie ? Sans doute comme toi, en galérant.

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Ven 5 Fév - 12:30
Je manquais de renverser mon verre à la réflexion de Luca concernant les îles Hébrides. Grand sourire aux lèvres, je venais vite reposer le contenant avant de passer une main devant ma bouche pour cacher ce petit rire qui pointait. Évidemment, se rendre dans les archipels les plus reculées de l'Écosse, c'était forcément une malchance pour lui, italien drapé des allures d'un bon français. Là où le soleil avait manqué à ma peau, ce fut celle de Luca qui en avait profité, à nous comparer, j'étais presque cadavérique, car j'étais une fidèle native de mon pays et que, malheureusement, je ne voyageais pas beaucoup.
Regard fixé sur mon verre aux couleurs ambrées, je me laissais un instant voyager dans les îles Hébrides. Là-bas, tout me manquait. Le vent qui fouettait mon visage, la pluie, à ce point emportée que ses gouttes nous frappaient comme milles lance. Avec ma fragile santé,  c'était plutôt un lieu à fuir. Pourtant il y avait aussi ses paysages merveilleux, à perte de vue si la brume de l'océan se permettait de lever le voile, son herbe verte et salée, le chant incessant des oiseaux telle une cacophonie tropicale, mais sans les forêts qui vont avec. Tout un tableau peint qui peut-être ne pouvait pas être idéale pour tout le monde, mais voilà, c'était chez moi, c'était là où j'avais grandis, c'était là-bas que je voulais passer ma vie, c'était là-bas que je me sentais vivante et heureuse, c'était là-bas que je me sentais connectée au monde et à la nature, c'était là-bas que résidait mon héritage en les dragons, c'était là-bas qu'était le berceau du sang qui coulait dans mes veines, c'était là-bas que vivait ma famille… et c'était là-bas que le corps mis en terre de mon frère était.
En clignant sensiblement des paupières, je regardais Luca, un voile de regret au fond des prunelles.

- Oui… ça me manque terriblement. C'est con parce que, Poudlard n'est pas si loin finalement, ni Londres. Mais… Je m'interrompais pour chercher mes mots, et finalement, je haussais finalement les épaules pour conclure rapidement. C'est pas pareil. Puis je me redressais légèrement, mes cheveux glissant gracieusement sur mon épaule pour passer dans ma nuque. Fin sourire aux lèvres, je m'osais à une petite plaisanterie. Je ne vais pas te proposer une visite du coup. J'allais sûrement le faire mourir de froid, ou le noyer sous la pluie, si j'osais l'emmener une fois pour lui montrer les merveilles des Hébrides. Sans véritablement attendre, je levais mon verre dans sa direction. À nous, pauvres expatriés que nous sommes.

Là, je trempais mes lèvres dans mon whisky pur-feu et je le laissais m'embraser, m'amusant à m'imaginer que c'était peut-être vaguement ce que ressentais un dragon lorsqu'il s'apprêtait à cracher du feu. Seulement, c'était à l'envers. Moi, le feu liquide, je l'avalais, et à chaque fois j'avais la même mimique, je clignais des yeux, comme si tout cela était bien trop fort et acceptable pour un corps si menu que le mien.
Lorsque mon interlocuteur vint à me parler en français, je le regardais de travers, me questionnant sur ce qu'il venait de me dire. Devais-je en rire ou en pleurer ? Il avait l'air bien fier de lui cela dit, avec son air goguenard de vainqueur là. Intriguée, je plissais les yeux avant d'oser pouffer un peu tout en posant ma main sur son épaule pour le pousser avec légèreté.

- Hé, ne te moque pas de moi hein ! Apprends-moi plutôt ! Puis, je reposais ma main sur ma cuisse non sans perdre mon sourire. À ses mots, j'acquiesçais pour rétorquer. Je ne voyage pas autant que je le souhaiterais, j'ai pas mal de contraintes malheureusement. Mais Beauxbâtons je vais devoir y aller prochainement oui, pour les cours. Je ne donnais pas davantage de détails, ni sur lesdites contraintes ni sur les cours en question. Je n'étais pas vraiment certaine que cela l'intéresse véritablement, et même si je n'avais fait que survoler le sujet, j'avais pris bonne note de ses remarques concernant l'école française. J'avais d'autant plus hâte de m'y rendre.
Alors qu'il en vint à se moquer à nouveau de moi et de la température londonienne, je lui lançais un regard aussi amusé que jugeur. Évidemment que je ne parlais pas de Londres, mais bien du bar dans lequel nous nous trouvions. Si j'avais aussi chaud dans les rues, je n'aurais pas ma veste en cuir sur mes genoux à l'instant même où nous étions en train de parler. Cela dit, je pouffais une nouvelle fois à son exclamation.

- Ben ouais j'ai d'autres trucs à faire en général ! Pourquoi ? Toi c'est plus aux alentours de combien ? Cent ? Cinq cents ? Dans le fond, je me fichais pas mal de combien de fois il se mettait la tête à l'envers dans sa vie, peut-être même étais-je loin du compte, il faisait bien ce qu'il voulait. Moi, même si j'appréciais les divers goûts de l'alcool, ce n'était pas pour autant que j'étais dépendante de ces boissons ainsi que de la sensation d'ivresse que cela pouvait engendrer. Je me devais de faire un minimum attention à ce que j'infligeais à mon corps, et mon caractère ne coïncidait pas toujours avec l'ambiance alcoolisée. Ce soir était l'un de ces fameux moments d'exceptions. À son invitation, je levais légèrement mon verre dans sa direction avant de réfléchir rapidement.

- Je visiterais avec plaisir, j'y comprends rien en voiture ou en véhicule, mais certains ont de la gueule. Tiens par exemple, j'adore la nature, mais j'adore aussi les Ford Mustang, surtout la Shelby GT500. C'est con, ça pollue. Enfin, je suis con. Ironie dans la voix, encore une fois, je venais me noyer dans mon verre en prenant une grande gorgée. Oui, j'étais ce genre d'être humain contradictoire. J'aimais la nature, mais je mangeais de la viande. J'étais timide, mais je faisais face à des élèves. J'étais petite et menue, mais je faisais face à des dragons. Des fois, souvent même, je me fatiguais moi-même.
Cela ne m'empêcha pas de lui adresser un petit clin d'œil lorsqu'il comprit enfin mon lien avec Beauxbâtons. M'accoudant au bar, je plongeais mes doigts dans ma chevelure foncée, m'appuyant allégrement dessus, me donnant un air un peu négligé tandis que je l'écoutais me parler du garçon qu'il avait été durant sa scolarité. Lueur bienveillante dans le regard, mon sourire ne put se faire plus doux. Pour le peu que je connaissais de Luca présentement, je ne pouvais pas vraiment l'imaginer autrement que très vaporeux durant les cours. Pourtant, il était bien là, face à moi, homme accompli qui possédait un garage en rendant service aussi bien aux moldus qu'aux sorciers. La preuve que nous n'étions pas tous définis par notre succès à l'école. Pourtant, à un moment précis, encore une fois, un voile de tristesse et de mélancolie vint voiler mon regard brun foncé, à la limite du noir, avant qu'il ne se lève au plafond pour se perdre dans les méandres de ma propre imagination. Comme pour intégrer sa question, je la répétais en soufflant.

- Pourquoi suis-je devenue enseignante ? Il y avait une raison bien précise à cela, mais je la craignais, je ne voulais pas la reconnaître, alors, comme une gamine, je me voilais la face, comme une autruche, je mettais la tête dans le sable pour ne plus qu'on me voit alors que j'avais uniquement les yeux bandés, pas le reste du corps. Je laissais échapper un long et pénible soupir avant de me redresser pour faire face au bar, prunelles baissées sur mes doigts joints autour de mon verre. J'allais devoir m'en servir un autre si ça continuait comme ça. Oh je suis certaine que tu étais infecte, pourtant t'as réussi non ? T'as quand même réussi au moins dans les cours de langue avec le français. Sans le savoir, je rebondissais à sa phrase dans la langue de Molière qu'il m'avait adressée plus tôt. Je continuais. Bah j'en sais trop rien en fait. Dragonologiste ça a toujours été mon rêve, pas l'enseignement. Peut-être que… j'ai envie d'avoir espoir en les nouvelles générations ? Je voudrais leur apprendre… autre chose que les trucs traditionnels chiants. Montrer qu'on peut… un peu… sortir du cadre. Parce que pour ce qui était de sortir du cadre, moi, je savais très bien le faire. Luca ne le voyait peut-être pas, mais j'étais à ce moment même une personne bien différente de ce que je devrais être d'ordinaire. Peut-être que lui aussi en réalité. Quelle période de merde, fait chier. Détournant un instant le visage du sorcier, je prenais une grande inspiration avant de reprendre. Je décompresse aussi pour ces raisons, mais non, il y en a d'autres. C'est… pas une période facile pour moi, la venue de l'été. Malgré mon air maussade, je réussissais à relancer d'une voix sensiblement plus vive. Mais c'est pas à cause de ça que je ne bronze pas ok ? Je riais un peu. Et toi tu viens pour admirer un autre genre de carrosserie ? Voire même les toucher ? Je n'étais pas née de la dernière pluie (ça aurait été ironique avec mes origines), et je doutais que Luca soit présent ici dans ce bar uniquement pour boire un verre pour se décontracter en toute impunité. On ne me la fait pas à moi. Regard trainant sur son visage, je me pris, l'espace d'un instant, à m'imaginer un peu plus tard dans la soirée avec lui. S'en fut si déroutant que je clignais frénétiquement des paupières, instant qui coïncidait avec sa nouvelle demande. Décidément, il était bien curieux cet italien. C'était ça, la drague à l'italienne ?

- Pfff, je fais plein de trucs, mais je suis sûre que ça va te faire chier si j'énumère tout. Parle-moi de ton garage plutôt. Comment l'idée t'es venue ? C'est une passion pour toi la mécanique ?


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Dim 14 Fév - 22:48

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Luca & Abigail - Fin avril 2020

Tu regardes Abi qui manque de renverser son verre lorsque tu lui parles des îles Hébrides. Un sourire s’étire sur tes lèvres. Tu sens que tu as touché une corde sensible, cette terre a l’air aussi importante pour elle que l’Italie l’est pour toi. Il faut dire qu’on est attaché à sa terre natale, peu importe celle-ci, peu importe la météo, peu importe les paysages qu’on y trouve ; la terre où l’on grandit, elle nous reste dans la peau parce qu’elle détient des souvenirs qu’on aimerait revivre à nouveau. Te concernant, l’Italie te rappelle toutes ses fois où tu as vécu dans l’innocence, tout en sachant bien que lorsque tu grandiras, il faudra te défaire de tout cela. En tout cas, cela va sans dire, toutes les terres où il ne fait pas soleil plus de 300 jours par an ne méritent pas que tu t’y attardes plus qu’il ne le faut. Il a déjà été assez compliqué de s’acclimater à la vie en Angleterre, alors tu n’imagines même pas si tu vivais où Abigail a grandi. En tout cas, cela se voit qu’elle ferait bien de faire une cure en vitamine D. Sa peau blanche contraste clairement avec la tienne, bien plus hâlée. Bon certes, tu triches un peu, le métissage fait partie des gênes de la famille mais cela se sent que ton corps a été habitué aux bains de soleil. En tout cas, lorsqu’elle parle des îles, cela se sent qu’elle regrette, qu’elle est nostalgique. Tu peux comprendre cette sensation tout simplement parce que tu ressens la même chose. Exactement la même chose. « Non, je suis d’accord. Ce n’est pas pareil. » C’est con, mais peu de gens peuvent comprendre ce qui vous habite lorsqu’on est loin de sa patrie, loin de tout ce qu’on a connu, loin de ses repères, de ce qui fait qu’on est soi. Tu ris lorsqu’elle te propose une visite dans ses îles. « Ça dépend si tu me payes des coups pour pas que j’attrape froid. » dis-tu en ricanant doucement. « A nous ! » scandes-tu lorsqu’elle lève son verre en sa direction. « Mais toi tu pourrais venir en Italie, un léger teint hâlé t’irait à merveille. » dis-tu. Tu portes de nouveau ton verre à tes lèvres et lorsque la conversation dérive sur la France, tu ne peux t’empêcher de dire quelques mots en français. Cette langue te manquait un peu, ça ne te faisait pas de mal de t’exercer un peu ; Abi fronce les sourcils et ça te plaît de voir qu’elle n’a pas compris. Elle te demande de lui apprendre. Tu lui dis « Bonsoir. Comment allez-vous ? » dans un français presque parfait, seul ton accent chantant pourrait te trahir. Tu lui donnes la traduction en anglais. « C’est la base de toute conversation ! » Elle évoque BeauxBâtons. « J’avoue que je n’ai pas vraiment apprécié mes années d’étude parce que ce n’est pas mon truc, mais il faut quand même être honnête, le château envoie du lourd comme disent les jeunes. » Tu te surprends toi-même. C’est assez rare que tu sois aussi loquace avec des inconnus. C’est marrant, parler avec Abigail, cela te semble facile, elle amène les sujets de conversation de manière si évidentes, tu n’as pas besoin de beaucoup te forcer pour lui répondre. « Tu me diras ce que tu en as pensé quand tu y seras allée. » Cela suggérait que vous alliez devoir vous revoir et tu ignores si cela se fera un jour. Ce qui reste certain par contre, c’est que pour le moment, grâce à elle, tu passes une bonne première partie de soirée. Par ailleurs, Abigail n’a pas l’air d’avoir la même conception que toi de l’amusement parce que lorsqu’elle t’annonce le nombre de fois où elle se bourre la gueule dans l’année, cela te paraît tellement dérisoire. « Cinq cents ? J’suis pas dieu ! N’exagère pas non plus, j’ai une affaire à faire tourner ma petite dame ! Hum… » Je ricane à nouveau, puis je réfléchis. « Bah il y a environ 52 semaines dans une année donc je dirai… 52. Minimum. » Une cuite par week-end. Au moins. Voilà où tu en es. Tu sais que cela peut paraître puéril de se bourrer la gueule tous les samedis parce que tu as trente ans et que tu devrais déjà être en train de te marier et de fonder une famille. Mais fuck les normes sociétales. T’es pas ce genre de gars.

Tu évoques à nouveau ton atelier et elle répond qu’elle aimerait le visiter avec plaisir. Tu dis : « C’est le Thestral Motor sur le chemin de traverse. Passe quand tu veux. Je te ferai essayer un de nos modèles non polluants ! » dis-tu en riant. Abigail semble être une vivante contradiction et cela te plaît ; tu l’avoues, les modèles que vous proposez sont des modèles de luxe. Les gens riches s’en foutent de leur impact sur l’écologie, au contraire. Plus cela fait de bruit, plus cela fume, plus cela en jette et plus cela les intéresse. Te concernant, ce qui t’anime le plus, c’est les vols de moto, peu importe le modèle même si la bécane que tu chevauches depuis des années n’est plus toute jeune, tu la bichonnes parce que c’est ta moto. On s’attache à ce type d’objet. Mais quitte à parler de ton métier, tu veux aussi qu’elle parle du sien. L’enseignement ? C’est bien la seule branche au monde que tu n’aurais pas choisi de plein grès. Elle parle de son rêve d’être dragonologiste. Et tu l’avoues, ce métier est bien plus badass que celui d’être derrière un bureau. Enfin bon, en tant que professeur de Soins aux Créatures Magiques, elle ne doit pas souvent l’être, derrière un bureau. Peut-être préférais-tu qu’elle soit sur le bureau te lance sournoisement la voix dans ta tête. Elle est bien perverse aujourd’hui dis donc. Tu te reconcentres sur la demoiselle et tu lui réponds : « Oh que oui j’étais infect. Je ne voulais pas travailler. Tu sais comme les enseignants sont. ‘’A des capacités qu’il n’exploite pas’’ et patati et patata. Ils m’ont laissé tranquille au bout d’un moment je crois. » dis-tu en riant. Il faut l’avouer, les cours n’ont jamais été une priorité. « Pour draguer ouais, si tu comprends pas ce que la fille dit, c’est compliqué. Et puis sept ans dans ce bain de langage… N’importe qui devient bilingue même sans faire d’efforts. » Tu enchaînes : « Sortir du cadre ? Je comprends bien ce que tu veux dire. Quand je parlais de mécanique à l’école, on me riait au nez. » Encore plus dans cette putain d’école française de trou du cul raffinés… Anjelica et toi, vous sortiez du lot, avec votre dégaine de motards, vos blousons en cuir et votre caractère rentre-dedans.

Lorsque le sujet dérive sur vos moyens de décompresser, tu sens un changement presque imperceptible dans sa voix lorsqu’elle évoque l’été. Cela n’a pas l’air d’être lié à la saison en elle-même. Tu n’es pas idiot. Tu te doutes qu’il a dû se passer quelque chose de terrible qu’elle veut éviter de ressasser mais ce n’est certainement pas maintenant que tu vas creuser le sujet. Même jamais d’ailleurs. T’es pas Mère Thérèsa, t’as bien assez de tes propres problèmes, tu n’as pas besoin de ceux des autres. Admirer un autre genre de carrosserie ? Putain, elle est drôle. Un sourire goguenard se glisse sur tes lèvres tandis que tu lui réponds : « Je vois que tu m’as bien cerné. » Ton regard vagabonde dans le bar qui se remplit de plus en plus au fur et à mesure et tes yeux errent sur chacune des femmes présentes. « Apparemment, la carrosserie la plus intéressante est à mes côtés. » dis-tu sans détour. Cette soirée s’annonce vraiment étrange, tu ne t’attendrais vraiment pas à ça en entrant ici. « Et toi alors ? Je te retourne la question ? Cela t’intéresse ? »

Lorsqu’elle te demande d’où te vient ta passion pour la mécanique, tu gardes le silence pendant quelques instants. Il faut dire que le garage, c’est surtout un moyen officiel de camoufler des activités officieuses. C’est comme ça dans la mafia. Tu es né pour ça. La tradition familiale est de présenter à l’enfant d’à peine un an deux objets : une plume ou le poison. Les enfants s’emparant de la plume sont voués aux métiers intellectuels, à exercer des métiers qui nécessitent de faire de longues études, droit, politique, médicomagie. Ceux qui s’emparent de la potion empoisonnée sont destinés à la branche mafieuse de la famille. Vous vous doutez quel objet tu as attrapé. Tu ne peux t’en souvenir, mais on t’a souvent raconté la fierté qui s’est lue sur le visage de ton père : son fils aîné allait ainsi diriger un jour la Cosa Nostra. La famille se cache depuis des années derrière leurs chaînes de garages spécialisées dans les véhicules motorisés volants, c’est vrai. L’image est belle. Mais pourtant, derrière cette belle devanture, cette belle affiche, on trouve des courses illégales et puis des transporteurs. À l’arrière d’un coffre d’une voiture ou d’une moto, peuvent se cacher bien des choses. Bien sûr, tout cela, tu ne peux pas en parler à Abigail. Alors tu lui sors la version édulcorée : « Le garage fait partie d’une chaîne de magasins que possède ma famille depuis des années. Mon grand-père et puis mon père après lui ont dirigé le business pendant des années avant qu’on décide d’implanter un des garages en Angleterre. » Voilà pour la version officielle. Mais il n’y a pas que ça… « En tant qu’aîné, j’ai toujours été destiné à ça. » Tu ajoutes : « Mais ne crois pas que je n’aime pas la mécanique, oh ça non. C’est vrai, depuis que je suis à la gérance, j’ai moins les mains dans le cambouis et je touche un peu moins aux véhicules mais putain qu’est-ce que j’aime cet endroit. » Tu coupes court à la conversation, tu ne veux pas qu’elle pose trop de questions sur ton activité professionnelle. « Je reviens à ce que tu as dit tout-à-l ’heure. Énumère-moi donc tes activités chiantes, c’est moi qui jugerais si cela l’est véritablement ou non. » Tu termines ton verre et fais signe au barman qui vient de planter devant vous. « Je te paye un verre ? La liste semble longue, on va avoir besoin de munitions. » Tu recommandes un Whisky Pur feu pour ta part puis le serveur se tourne vers Abi, attendant sa commande.

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Aussi loin que j'me souvienne

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Ven 26 Fév - 12:37
Même si ce soir je n'étais pas tout à fait moi-même puisque j'étais comme les autres, bien vivante, à vouloir profiter de l'existence et des gens, j'avais quand même toujours cet instinct qui me dictait au fond de faire attention. Pourtant, la timidité ne resurgissait pas, et dans le fond, je savais aussi bien me défendre. Pas physiquement, certes, j'étais ce genre petit insecte que l'on écrase d'un revers demain, mais ce n'était pas pour autant que je me laissais facilement faire. Pour cette fois, ce qui globalement était rare, j'avais envie de faire un peu confiance au destin. Si Luca m'avait abordée ce soir, c'était certes qu'il avait sûrement une idée en tête, mais peut-être pouvait-il y avoir plus entre nous ? Je ne parlais pas là d'amour, mais d'un tout autre genre de lien.
Merlin que j'étais esseulée et ennuyée pour penser cela.
Toutefois les faits étaient là : je me sentais bien en sa présence et la conversation que nous avions était tout ce qu'il y avait de plus agréable. Bien que mon regard se promène régulièrement dans la salle qui commençait à se remplir, personne ne m'avait tapé dans l'œil au point que j'en vienne à vouloir abandonner l'italien, que ce soit hommes ou femmes.
De plus, nous avions quelques points communs qui me plaisaient, comme ces terres natales respectives qui manquaient cruellement à nos cœurs.

- Froid ? Voyons ce n'est pas la Sibérie non plus, on frôle les vingt degrés à certains endroits quand même ! Je pouffais de rire, clairement, je me moquais de lui avec cette bienveillance qui m'était propre et qui luisait dans mes prunelles. Mais chiche, je te paye à boire là-bas pour te "réchauffer" (je simulais les guillemets avec mes doigts de part et d'autre de mon visage), mais tu es prévenu, le Whisky Pur-Feu d'ici c'est de la pisse de gobelin (j'avais baissé le ton pour ne pas offenser le tenancier du bar). Toi, je te suivrai en Italie, si tu m'offres de l'écran total. Je n'ai pas envie de me transformer en tomate farcie.

Ma peau réagissait plutôt bien aux rayons du soleil, contrairement à d'autres aux gênes davantage blond ou roux. Néanmoins, ma santé fragile ne me permettait pas de faire n'importe quoi, du coup, je préférais être prévoyante.
Lorsqu'il prononça les quelques mots en français, je fus soudainement catapultée de plusieurs kilomètres, en pensée. Passer de l'Italie à la France de cette manière venait de me déstabiliser (il m'en fallait peu), néanmoins, je souriais à mon interlocuteur avant de répondre en anglais la traduction que j'en avais déduite avec les indices qu'il venait de me donner.

- Bonsoir, comment allez-vous ? À son approbation, je levais les yeux au plafond sans vraiment y voir les spots lumineux avant de répéter avec un énorme accent anglais. Bonsoir comment allez-vous. C'était sans compter le fait que j'avais mâché des mots et que mon accent écossais, impitoyable, cassait cette belle langue qu'était le français. Par ailleurs, juste pour m'amuser, je répétais cette phrase, mais en gaélique. Feasgar math ciamar a tha thu. Amusée, je me permettais de rire un peu. J'adorais parler cette langue, inconnue et reculée pour bien des gens, pourtant, j'étais parfaitement bilingue puisque c'était une manière de parler qui était encore courante sur mon archipel natal.
Œillade amusée et complice en direction de l'italien, je hochais la tête pour lui signifier que je prendrai la peine de le contacter une fois revenue de Beauxbâtons afin que nous puissions parler architecture (bien sûr on y croit).
Pourtant, j'éclatais une nouvelle fois de rire lorsqu'il me précisa combien de fois il se bourrait la gueule par année. C'était un bon mathématicien visiblement, ce que je n'étais pas, et pour le coup, je trouvais ce calcul bien amusant, et d'une logique presque effrayante, alors, pour lui répondre, je haussais les épaules puis le sourcil droit, petit rictus de mon amusement.

- Hé bah ! Limite t'es alcoolique en fait. Réalisant que mes paroles pouvaient être mal prises, ce qui évidemment n'était pas le but, j'enchérissais tout de suite. Moi je suis bien dépendante des créatures fantastiques, chacun son truc.

Je pouffais encore une fois. Dépendante, le mot était bien faible, surtout s'agissant des dragons. Sans avoir mon temps d'observation par semaine, je ressentais de véritables symptômes de manque, comme un drogué n'ayant pas sa dose. En tous les cas, jamais je n'avais eu la pensée de le juger sur ces addictions et ses passe-temps. J'étais moi-même de ceux qui cassaient les codes, pourquoi lui en voudrais-je s'il ne rentrait pas dans les normes sociétales ? Moi-même j'avais la trentaine passée et je restais obstinément une célibataire endurcie qui ne songe pas un seul instant à fonder une famille. Ça épouvantait bien des gens qu'une femme ne pense pas à avoir un enfant, comme si c'était quelque chose de contre nature. Alors si c'était le cas, soit, j'étais contre nature. Nouvelle contradiction.
D'ailleurs, par contradiction, je haussais les sourcils lorsqu'il me signifiait avoir des modèles non polluants. Je n'y connaissais rien, et mon air en était bien la preuve, parce que j'étais totalement ignorante sur le sujet. C'est d'un ton intéressé que je rebondissais sur les informations qu'il avait bien voulu me partager.

- Ah ben ouais je viendrais avec plaisir, tu vois, je ne savais pas du tout qu'il existait des modèles non polluants. Comment ça fonctionne du coup ?

J'étais nulle en mécanique, mais ça ne m'empêchait pas d'être une personne très ouverte d'esprit et qui s'intéressait à une multitude de sujets. Même si je ne les maitrisais pas, j'étais curieuse d'apprendre. C'était d'ailleurs sûrement pour ça que j'avais brillé par mes résultats scolaires à l'école et à l'université. Non pas que je sois particulièrement intelligente, mais parce que je gardais mes objectifs en vue et que je ne les oubliais pas. Alors pour les réaliser, j'avais tout mis en œuvre, j'avais travaillé d'arrache-pied, même pour les matières où il valait mieux m'avoir en peinture qu'en vrai, comme les Potions. Je m'étais donnée les moyens d'y arriver, et j'étais fière de ce que j'avais pu réaliser. Encore aujourd'hui je gardais ce trait de caractère profondément marqué, et c'était peut-être ce qui m'avait poussée à être enseignante aujourd'hui, entre autres choses.
Ricanement un peu jaune lorsqu'il me signifiait avoir appris la langue à Beauxbâtons pour draguer, je comprenais bien les paroles sous-jacentes prétendant que de toute façon, baigné dans ce milieu on apprend. C'était d'ailleurs, à mon sens, la meilleure manière d'apprendre une langue : être plongé dans le pays en question. Puis, d'un soupir parfaitement audible, j'opinais alors que les souvenirs de l'époque me sautèrent au visage. Me rire au nez, cette sensation mêlée de honte, de tristesse et de colère lorsqu'on le vivait.

- Tu m'étonnes… J'ai un peu vécu pareil quand moi, gamine haute comme trois pommes, je disais que je voulais être dragonologue. Je buvais une gorgée du liquide contenu dans mon verre. Heureux les simples d'esprit ma fois.

Nouveau coup d'œil complice en direction du sorcier à côté de moi, je laissais mon regard trainer sur lui lorsqu'il en vint à observer l'ensemble du bar qui se remplissait à présent de manière significative. J'avais bon espoir que la musique commence à retentir un peu plus fort histoire de terminer de m'enivrer. Je me fichais de ce qui allait se passer plus tard, j'avais juste envie de profiter pleinement, de faire sauter les barrières, de me détendre. Pour que demain je puisse reprendre le contrôle.
Lèvres à mon verre, je manquais de m'étouffer lorsqu'il me partagea la conclusion de ses observations, allant dans le sens de la flatterie. Là, je reposais mon verre non sans avoir les yeux fermés et crispés par le Whisky qui me brûla littéralement la gorge alors que je venais d'avaler de travers. Le teint se colorant, je devenais rapidement rouge, petite sorcière émotive que j'étais. Il me fallut plusieurs secondes pour réussir à me ressaisir et à le regarder non sans un franc sourire amusé, mais un regard soudainement timide et gêné.

- Oh euh je ah… mmmh.... mmmerci ? Un gloussement s'échappa de mes lèvres, expression de mon léger embarras avant de regarder mon interlocuteur de haut en bas comme si je le scannais sans ses vêtements. Baheu. Je balayais la salle du regard, toujours sans y voir quiconque qui pouvait m'intéresser. Bah il y a de jolies demoiselles là-bas au fond, mais côté mec… je revenais sur lui pour le reluquer. Je crois que je suis plutôt bien tombée, donc… oui, ça m'intéresse.

J'étais franche. Au maximum dans ma vie j'essayais de le rester parce que j'abhorrais le mensonge. Initialement, j'étais venue ici pour m'amuser et me détendre, mais passer la soirée en bonne compagnie, c'était toujours le bonus qui allait bien. De plus, dire non à ça (à comprendre l'allure du sorcier), ce serait être complètement idiote, et j'étais loin d'être une idiote.
Sans parvenir à me dépêtrer de mes couleurs rosâtres sur mes joues, je l'écoutais me parler de son garage, de ses passions et de son métier, puis il me réitéra sa question tout en faisant signe au barman qui vint remplir son verre. À son invitation de me payer un verre, je hochais simplement la tête, toujours gênée. Il m'était difficile de me retirer de la tête ce que je venais d'imaginer, ce moment intime à deux, car même si ça m'arrivait de temps à autre, je n'étais pas non plus accoutumée à la chose. Je restais une solitaire endurcie et j'étais de loin pas une grande séductrice. J'étais bien trop différente du reste du genre humain pour cela.
Me raclant la gorge, je répondais tant bien que mal.

- Une affaire de famille oui, comme moi. Je suis aussi l'héritière, niveau dragonologie. On veille sur les Noirs des Hébrides depuis des générations, je crois que depuis ma naissance je vois des dragons, ça me parait donc normal de perpétuer la tradition tu vois. Évidemment, j'omettais le décès de mon frère, qui avait été, lui, le véritable héritier. Mais depuis l'accident, c'était à moi qu'incombaient certaines tâches, dont celle de garder le nom des MacFusty. Je vois très bien ce que tu veux dire, des fois l'administration m'emmerde, mais ça ne retire en rien la passion pour le reste. Là, je réussissais à me redresser puis fermer les paupières tout en inspirant à fond comme si je humais une autre odeur que celle du bar. Aah les effluves, c'est ce que je préfère. Genre toi ça doit être… l'huile à moteur et l'essence ? Un truc du genre ?

Ça y est, je retrouvais sensiblement le contrôle de moi-même, comme si parler de nos passions me permettait de me décoincer un peu. Puis, je m'accoudais au bar en prenant entre mes doigts fins et tatoués le verre transparent qui était à nouveau rempli, à l'instar du Saint Graal impossible à vider. Ainsi penchée, je regardais Luca dans les yeux d'un air calme, jovial, mais également pensif, comme si je triais les informations que j'allais lui donner. Il était certain que je n'allais pas tout lui dire, ce serait trop facile, et je voulais garder mon jardin secret, comme lui.

- Ne te moque pas de moi, je crois surtout que je suis un bon prétexte pour que tu puisses continuer à boire. Là, je souriais en coin, goguenarde avant de baisser mes prunelles foncées sur ses mains, comme si je les trouvais soudainement fascinantes. Mes activités chiantes aloors ehum… j'adore dormir ou flâner. J'élargissais mon sourire, certaine que Luca ne s'attendait pas à ce genre de réponse, mais je continuais. À côté des animaux et des dragons, j'adore lire, la botanique, et je joue de la musique aussi. Je ne spécifiais pas que j'étais animagus ni que je savais incroyablement bien chanter. J'adore boire du thé, voyager, découvrir de nouveaux trucs même si je ne les comprends pas. Je suis fascinée par ce qui m'est inconnu et mmh… à nouveau je le reluquais de haut en bas, intéressée, avant de reprendre, presque subtilement. Je suis fascinée par tous les genres de créatures, surtout les plus dangereuses et les plus énigmatiques. Est-ce que je parlais vraiment de créatures animales ?


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Lun 15 Mar - 19:39

Vivre, c'est profiter de la vie chaque jour sans se poser la moindre question.

Luca & Abigail - Fin avril 2020

Les occasions de sortir loin du White Thestral ou du Thestral Motor ne sont pas si fréquentes que ça. Il faut dire que ta vie tourne beaucoup autour tes activités pour la Cosa Nostra et que tu as appris au fil des ans à oublier tout ce qui ne s’y rapporte pas. Depuis ton retour en Angleterre, tu as pris conscience que c’était une erreur et que tu avais besoin de cloisonner, de prendre du temps pour toi en dehors de la famille, pour décompresser et penser à autre chose. Jouer à être quelqu’un d’autres ? Peut-être bien. Mais jamais trop longtemps car le retour à la réalité peut être fracassant et difficile à encaisser. Pour autant, n’allez pas vous méprendre, tu aimes cette vie que tu n’as pas choisie mais tu ne changerais pour rien au monde ; c’est ce que tu es, c’est ce que tu seras toujours. Mais cela n’empêche pas d’aller s’amuser de temps en temps. Étrangement, tu te surprends à apprécier la conversation initiée avec Abigail. Abigail la jeune dragonologue et professeure du soin aux créatures magiques à Poudlard. Sacré pedigree pour une jeune femme ayant la trentaine. Du moins, c’est l’âge que tu lui donnes. Elle ne doit pas être beaucoup plus âgée que toi.

Passées les banalités d’usage lorsqu’on rencontre une nouvelle personne, le sujet s’embarque assez rapidement sur vos origines. Tu ricanes, te fichant légèrement d’elle lorsqu’elle parle de la température des vingt degrés que ses îles natales peuvent parfois atteindre. Elle n’a jamais connu les étés italiens sous quarante degrés et tu acquiesces doucement lorsqu’elle évoque le Whisky-Pur-Feu et l’écran total. Ces deux mots dans la même phrase ne vont pas ensemble mais pourtant, tu trouves cela très amusant. « Malheureusement, tu vas avoir du mal à me convaincre que je ne gèlerai pas le cul là-bas ! Moi qui suis habitué à la chaleur italienne. Mais tu sais, je commence à me faire au climat anglais. Peut-être que d’ici un an ou deux, je pourrais m’aventurer dans des comtés plus reculées. Mais je retiens la proposition pour le Whiskey, ça m’intéresse grandement. » A sa dernière phrase, tu ajoutes : « Je suis certain que tu serais une très jolie tomate farcie. » Tu ris parce que tu le penses. Mais il est probable que sa peau ne résiste pas aux assauts du soleil italien.

Après le cours de géographie, vous voilà arrivé au cours de langue. Malheureusement, ce n’est pas ce cours de langue-là que tu préfères mais pour le moment, tu devras te contenter de ça. Parler français ? Cela faisait un petit bout de temps que tu n’avais pas pratiqué cette langue et tu te sens légèrement rouillé mais tu sais qu’elle ne s’en rendra pas compte, surtout si elle-même n’y connait rien. En tout cas, elle est assez maligne pour réussir à traduire sans difficulté ces simples mots et lorsqu’elle tente de répéter, un large sourire s’installe sur ton visage. « Il va falloir travailler ce vilain accent ! » dis-tu en riant. « Mais c’est un bon début ! » Sans que tu ne cries garde, elle commence à parler dans une langue que tu devines être le gaélique et le rire qui s’échappe de ses lèvres juste après t’amuse beaucoup. C’est idiot, tu ne pensais pas prendre autant de plaisir à cette simple conversation. Une conversation juste normale, qui n’est pas empreinte de mafia, cela fait du bien aussi. « Ah ouais, ce n’est quand même pas aussi doux que le français ! » Il est vrai qu’aucune langue n’est aussi chantante que celle de Molière, ni aussi chiante d’ailleurs. Tu te souviens sans mal des difficultés à acquérir les fondements grammaticaux de ce langage traitre.

Quand Abi et toi en venez à évoquer l’alcool, la jeune femme est surprise par tes performances en la matière. C’est étrange, à la voir ainsi assise au comptoir avec un verre à la main, tu as pensé qu’elle serait davantage penchée sur la boisson mais il faut l’avouer, la plupart des gens connaissent leurs limites et s’arrêtent avant de les franchir. Ce n’est pas ton cas. Tu les franchis sans arrêt. « Et j’assume ! » dis-tu lorsqu’elle te dit que t’es un alcoolique. Et oui, tu es probablement en mésusage d’alcool et t’en as rien à secouer. Elle parle ensuite de sa dépendance pour les créatures fantastiques et ta propre dépendance à la drogue te pète à la gueule. Tu détestes lorsqu’on prononce ce mot parce que ça te rappelle ta désintoxication qui a foiré, le fait que tu n’arrives pas à t’en passer et que tu mentes à tout le monde à ce propos. Tu décides donc de ne pas relever cette phrase. Il est plus simple pour toi de parler du garage et des différents modèles qu’on peut y trouver. Mais lorsqu’Abigail te demande davantage de détails, tu ne peux t’empêcher de lui dire : « Si ça t’intéresse, passe directement au garage, je me ferai un plaisir de te conseiller. » Ce soir, c’est détente, ce soir, tu n’as pas forcément envie de parler travail. Il y a bien d’autres sujets à explorer avec la jeune femme…

Tu préfères et de loin reparler de BeauxBâtons, de cette école qui n’a pas su apprécier tes talents et ta personnalité. L’école française est très belle d’un point de vue architectural, c’est vrai mais en ce qui concerne le reste, ils restent peu ouverts à l’originalité. Du moins lorsque tu y étudiais. Cela fait maintenant quelques années. « Je suis désolé que tu aies eu à subir ça. » Tu l’es véritablement. Parfois, tu te fous de la gueule des gens mais ce n’est pas le cas maintenant. « T’as bien fait de leur montrer qu’ils se trompaient. » Cette femme t’impressionne par son caractère de feu et tu dois l’avouer, elle est plus intéressante qu’elle en a l’air. L’habit ne fait pas le moine, c’est ce que les moldus disent et cela se vérifie ce soir. Comme elle le dit, ce n’est pas parce qu’elle fait 1m23 et demi qu’elle ne peut pas croire en ses rêves. C’est idiot, le fait que vous ayez vécu quasiment la même chose te touche, Abi te lance un regard complice. La jeune femme, au-delà de ce qu’elle dégage, semble t’avoir bien cernée. Autant sur l’alcool que sur les femmes. Mais tu es prêt à la prendre à son propre jeu ; lorsqu’elle te demande si tu viens ici pour admirer quelques carrosseries, elle ne s’attendait probablement pas à ce que tu parles d’elle. Tu lui signifies par ces mots qu’elle t’intéresse : sa réaction ne se fait pas attendre. Ses joues deviennent roses et elle se crispe sous le compliment avant de glousser nerveusement. Tu rigoles doucement, ravi de constater que malgré ce qu’elle pouvait laisser paraître au début de votre entrevue, elle est aussi sensible à ton charme rital que les autres femmes. Personne ne peut résister à cela. Elle a l’air gênée. Tiens tiens… elle qui te paraissait si forte… Elle a peut-être des fragilités qui ne paraissent pas au premier abord. Au bout d’un moment, elle se ressaisit, et te passes au rayon X, balayant son regard de haut en bas et tu la laisses faire. T’as l’habitude qu’on te matte de toute manière. Un sourire grognard s’installe à nouveau sur tes lèvres tandis qu’elle te dit elle-aussi, à demi-mots, qu’elle est intéressée. « Tu m’en diras tant. » Le vent tourne en ta faveur et peut-être que finalement, tu ne finiras pas seul ce soir.

La conversation bat son plein mais vos verres sont vides et après avoir offert une nouvelle tournée à Abigail, tu la regardes intensément et ses joues rosies par tes mots ne semblent pas revenir à leur teinte naturelle, symbole qu’elle n’est pas si à l’aise que cela avec les aventures éphémères. Tu décides de changer de sujet pour ne pas la brusquer davantage. Tu lui demandes de te parler d’elle, de ce qu’elle aime. Tu l’écoutes te raconter que la dragonologie est également de famille. « Oui, je comprends tout à fait, je vois des motos depuis que je suis né aussi, c’est dans les gênes ! » plaisantes-tu en répétant sa phrase en la mettant à ta sauce. « Tu as tout compris. L’huile à moteur, l’essence, l’odeur des pneus neufs sur le bitume aussi. Il n’y a rien qui me plaît plus que ça. » Et brusquement, l’odeur du champs des fleurs derrière la longère de tes parents te revient en mémoire et tu as presque l’impression de la sentir dans tes narines. Et puis l’odeur des myrtilles. T’as jamais pu te passer de ça.

Ce sujet, plus simple, moins dérangeant pour Abi, semble l’avoir détendue et elle te regarde d’un air pensif mais presque amical. Elle réfléchit, ne sachant sûrement pas quelles informations elle souhaite de dévoiler et celles qu’elle veut garder secrètes. Cela ne te dérange pas, tu ne demandes pas sa main, elle te dit ce qu’elle veut. En tout cas, tu ris en entendant toutes ses activités chiantes. Qui ne sont pas chiantes du tout d’ailleurs. « Je ne me moque pas, détrompe-toi. Cela s’appelle joindre l’utile à l’agréable. » Dormir, flâner, les dragons, la botanique, la musique, le thé, voyager et ainsi de suite. Mais comment peut-on dire que tout cela est ennuyeux ? Certes, il n’y a pas grand-chose dans tout cela qui t’intéresse en dehors de dormir mais chacun son truc, n’est-ce pas ? « Je suis fascinée par ce qui m'est inconnu et mmh… Je suis fascinée par tous les genres de créatures, surtout les plus dangereuses et les plus énigmatiques. » Tu fronces les sourcils. T’es pas idiot. Pas certain qu’elle ne parle que de ses créatures. Le sourire idiot de tout à l’heure réapparaît. Tu n’avais pas envie de la mettre mal à l’aise en la draguant plus lourdement mais c’est elle qui amène le sujet sur le tapis à chaque fois… pourquoi te priver ? Et puis, elle te reluque effrontément. « Tu sais Abi, si tu veux autre chose qu’une simple discussion, il suffit de le dire. » Tes yeux la regardent avec intensité, une intensité dévorante. Est-il déjà temps de passer aux choses sérieuses ? Tu n’en sais rien.

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Aussi loin que j'me souvienne

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Lumos
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Mar 23 Mar - 22:09
Il était amusant, ce garçon, à avoir l'air comme ça si fort, si sûr de lui, si bien bâti, mais craindre dans le fond un peu de vent et de pluie, craindre de se "geler le cul" comme il le dit si bien. Je ne pouvais m'empêcher de le regarder avec une certaine lueur brillante d'amusement et de malice dans les prunelles. Dans le fond, est-ce que la conversation de ce soir était-elle uniquement superficielle ? Étions-nous uniquement deux personnes esseulées en recherche d'un peu d'amusement et de compagnie ce soir ou alors étions-nous en train de partager plus ?
Car oui, de mon propre avis, lorsque l'on confie à autrui ses faiblesses, même les plus simples, il y a une certaine forme d'intimité respectueuse qui se met en place. Bien sûr, j'avais conscience que c'était là ma propre perception des choses, celle qui était si étrange, si fidèle, si hors-norme et si extrême. Néanmoins c'était la mienne, et donc, même si je souriais aux dires de Luca, je les respectais profondément aussi.
C'était un air un peu fier que j'adoptais alors qu'il me disait vouloir essayer le whisky de mes contrées, avant que je n'adopte un comportement un peu plus gêné à sa plaisanterie ne m'imaginant aussi rouge qu'une écrevisse.

- Jolie je ne sais pas, la dernière fois que ça m'était arrivé j'avais tellement mal qu’enfiler un vêtement était une torture, le frottement des tissus sur la peau à vif… euark.

Je frissonnais un peu théâtralement à ce souvenir. Pour le coup, je ne réalisais même pas que j'avais tendu une énorme perche à mon interlocuteur puisque j'avais explicitement dit que mettre des vêtements avait été difficile. Dans ce cas, pourquoi ne pas simplement rester nue ? La question pouvait légitimement se poser, et d'autant plus dans le cadre dans lequel nous étions ce soir, au fin fond d'un bar, un peu éméché à cause de l'alcool, en avouant être de bonne compagnie.
Mais peut-être que Luca ne relèverait pas, alors, je faisais mine de n'avoir pas réalisé ma propre connerie.

Aux échanges de nos diverses langues et de nos addictions, je remarquais que je m'étais peut-être trop aventurée sur un terrain qui ne me concernait pas tandis qu'il me renvoyait une nouvelle fois à un futur plus ou moins proche. À simplement venir dans ce garage si je voulais en apprendre plus. Il ne semblait pas vouloir s'étendre sur son travail davantage, et c'était quelque chose que je respectais. L'on pouvait être passionné, ce n'était pas pour autant qu'on souhaitait en parler sans arrêt. Dans le fond, moi, ça ne me dérangeait pas de parler toujours que de dragons, mais il était clair que de temps en temps, l'enseignement, j'aimais le garder derrière moi.
Toujours dans un but respectueux, je n'insistais donc pas et noyais mes interrogations non assouvies dans mon verre d'alcool. Je gardais toutes ces questions dans un coin de ma tête pour une prochaine fois. Cette prochaine fois où je me renseignerais innocemment sur la mécanique, là-bas, dans ce garage, là où je pratiquerai des cours de français.
Tout le moins, c'était ainsi que je le voyais, mais qui sait de quoi demain sera fait ? Attendons déjà ce qui allait arriver dans les heures à venir.

- Mon vilain accent il t'emmerde. Lueur malicieuse dans le regard. Je suis très fière de mon accent écossais que personne n'arrive à comprendre. Et c'était sans compter le gaélique écossais que je maitrisais comme je venais de lui montrer. Pour autant, je ne lui donnais pas tort. C'est vrai, le français semble plus mmh… poétique. C'est sûrement pour ça qu'on dit que c'est la langue de l'amour ? Je n'ai jamais très bien compris en fait.

Parce que j'étais aussi très étrangère aux choses de l'amour. Même si j'avais vécu une intense histoire d'amour, elle avait toujours été très compliquée. Le reste, ce n'était que des histoires sans lendemain, et ça avait été rare. Luca pouvait donc peut-être s'estimer chanceux de faire partie de cette "rareté".
Ce n'était pas dans ma nature de draguer, de plus, je n'estimais pas être une belle femme même si je savais bien m'habiller et me mettre en valeur lorsque j'en avais envie.
Harper, elle, elle était belle.
Putain oui c'est bien le moment de penser à elle bordel…
Je soupirais fortement à cette pensée, presque en réaction aux paroles de Luca tandis que je lui avais partagé avoir été raillée lorsque j'étais enfant. Un soupir qui allait donc être noyé et sans que je n'aie besoin de m'expliquer, heureusement.
En première réponse, je me contentais de hausser un peu les épaules pour montrer que ma fois, c'était ainsi. C'était aussi ces événements qui m'avait forgé et qui avait fait de moi ce que j'étais aujourd'hui.

- Des fois, le silence est la meilleure des réponses.

Souvent, je préférais ne pas nourrir le troll comme on dit. Autant ignorer les railleries, autant ignorer ceux qui se moquent et qui ne se fient qu'aux apparences. À force, ils finissent toujours par s'arrêter. Pourquoi est-ce que je m'abaisserais à leurs niveaux de simplicité ? Des fois oui, je ne comprenais pas les événements ou les choix d'autrui, ce n'était pas pour autant que je souhaitais les mettre plus bas que terre. Parfois, lorsqu'on est ridicule soi-même, quelqu'un d'encore plus ridicule est nécessaire.
Cela dit, Luca était loin d'être ridicule, et même s'il avait ses défauts (comme tout à chacun), il n'en semblait pas moins être un homme entier et intègre. C'était aussi ce qui m'attirait en lui présentement, au-delà de son physique attirant. J'étais avant tout une femme d'esprit, et lorsqu'on pouvait se montrer intéressant à mes yeux, forcément, j'y voyais de l'intérêt. Partager un peu de soi avec un inconnu qui, petit à petit, n'en était plus un, ça me plaisait. C'était tous ces liens sinueux des relations humaines. Lorsqu'elles restaient en surface comme ça, simple, je les appréciais. Lorsqu'elles devenaient plus profondes, plus intenses et donc plus douloureuses, souvent, je m'y perdais. Cela dit, je n'étais pas pour autant fermée à l'idée de me faire un ami. Celui dont je manque terriblement en ce moment, puisque j'ai le manque de mon frère disparu.
Et puisque je promène mon regard sur lui tandis que nous nous notons mutuellement en nous comparant aux autres individus dans le bar, je lui souris, en me contentant de garder mes lèvres fermées comme toute réponse. La meilleure des réponses, avec un regard entendu. À lui de l'interpréter comme il en avait envie.

Mais au lieu de solliciter nos oreilles, nous voilà en train de demander à un autre sens de s'éveiller, celui des odeurs. Bien qu'imaginaire, j'en restais très sensible. L'odorat, c'était un sens que j'utilisais énormément avec ma vue, sens exacerbé lorsque j'étais sous ma forme animale. Alors, lorsqu'il m'évoquait l'huile à moteur, l'essence et les pneus, tout ce mélange me sauta au visage comme un milieu de saveurs aux mille couleurs. J'en fus à ce point submergée que je plissais légèrement les paupières pour rester concentrée. Même si j'appréciais ces effluves, cela n'avait rien à voir avec celles que j'appréciais vraiment.

- Les fleurs, les arbres sous la pluie et… la roche brûlée.

Voilà, c'était ça mes odeurs. De nouvelles contradictions alors que j'appréciais autant les senteurs de l'orage que du feu fraichement craché par le dragon. Encore une fois, je nous trouvais là dans une conversation aux apparences anodines, et pourtant elle était presque intime, car n'étions-nous pas là sur le point de révéler ce que nous ressentions en reniflant de l'Amortencia ? Secret bien peu gardé me concernant, lui, il en allait peut-être de tout autre chose.
Pourtant, ce voyage olfactif eut le mérite de me faire voyager un instant, car j'avais oublié notre présence dans le bar. Ce fut la musique soudainement un peu plus forte qui me fit revenir sur terre. Clignant des yeux, démontrant alors ma petite surprise, je souriais à nouveau bien vite.

- Joindre l'utile à l'agréable, je suis presque une spécialiste, je crois. Pourquoi se faire chier quand on peut s'amuser, après tout ?

Et je lui fais part du reste de mes occupations, et ma nouvelle phrase à double sens ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd puisque sa réponse ne se fait pas attendre. Là, presque surprise, je cligne à nouveau des paupières, ne sachant d'abord pas comment réagir. Être vraiment surprise ? Non je l'avais cherché après tout. Ingénue ? Je ne l'étais pas, et encore moins ce soir. Amusée, ça oui, je l'étais, et je devais bien admettre que j'étais l'arroseur arrosé, toutefois, je n'étais pas de celles qui faisaient le premier pas. Déso, pas déso.

- Ouais, autre chose qu'une simple discussion, pourquoi pas. Du genre, je veux bien une licorne. Ça, c'est autre chose qu'une simple discussion non ?

Sourire goguenard et triomphant, je le fixais, l'air un peu idiote il fallait le dire, fière de ma connerie. Puis, je reprenais un peu de sérieux. Puisque nous étions sur ce terrain-là, autant y aller franchement. Parce que j'étais comme ça des fois : à aller droit au but. C'était chiant de tourner autour du pot, c'était fatigant. Oui, joignons l'utile à l'agréable, encore une fois.

- Je vais être franche : t'es pas mal, et tu le sais ça se voit, ça m'amuse même. J'aime bien notre discussion et je commence à t'apprécier. Mais je ne suis pas une bête de foire non plus alors… je balayais du regard la salle qui se remplissait petit à petit. Là, je commençais à me sentir oppressée, voilà pourquoi je retroussais sensiblement le nez. J'avais un peu le mal de la foule, alors, bien vite, je revenais sur Luca. Alors laissons les choses se faire, d'acc ? Je plissais un peu les yeux pour souligner mes paroles. Je ne cherchais pas à être provocatrice, mais je n'avais jamais dit aussi que j'étais facile à mettre dans un lit. Et t'as toujours un billet à récupérer non ?

Là, je me redressais en posant ma veste en cuir sur ma chaise. Maintenant debout, il était presque d'autant plus étonnant de voir que je n'étais pas bien grande. Ça ne m'empêchait pas de passer tranquillement dans le dos de Luca, profitant de ce passage pour humer son odeur. Depuis que nous en avions parlé tout à l'heure, j'avais été curieuse de connaître ce qu'il dégageait. Une odeur affriolante du mec qui veut plaire, mais aussi mêlée au savon d'une douche prise il y a peu. Rien de désagréable en somme, tandis que je soulevais derrière moi ce parfum floral (principalement des roses) que je confectionnais moi-même. A présent, j'attrapais un bol de cacahuète que le serveur venait de mettre à disposition sur le bar, et je le faisais glisser avec mon index entre Luca et moi. Décidant de rester debout un instant comme pour me dégourdir les jambes, je me servais de ses doigts peints et noircis par mon tatouage, ce coupable silencieux de cette étrange et amusante rencontre.

- Tu en as combien sur toi ? Des tatouages ? Je revenais à la base de cette nouvelle relation avant de sourire, amusée. Et donc, monsieur Luca-la-drague (je m'accoudais au bar en souriant, taquine), c'est quoi tes passe-temps à toi ? En dehors donc de l'alcool (Je levais l'index), la mécanique (Je levais le majeur) et draguer des inconnues tatouées un peu sympas ? (Je levais mon annulaire).

Continue de m'intéresser, on verra si tu peux vraiment faire partie du lot "rare".


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Savoir profiter [Luca] CBY7jAc
Savoir profiter [Luca] Banniz10

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Mar 30 Mar - 20:15

Vivre, c'est profiter de la vie chaque jour sans se poser la moindre question.

Luca & Abigail - Fin avril 2020


Tu n’es pas du genre à y aller par quatre chemins. Au contraire. La plupart du temps, ce n’est pas la subtilité qui t’étouffe et tu décides souvent d’aller droit au but. La plupart du temps, tes partenaires ne sont que des coquilles vides, des corps sans âme que tu peux facilement malléer à ta guise. Il est facile de plaire lorsqu’on a un sourire charmeur, une moto, une cigarette coincée dans le coin de ses lèvres et un séduisant blouson de motard. La plupart des femmes recherchent ce type d’homme pour se sentir un peu vivantes durant une nuit, pour avoir l’impression de toucher du doigt une vie qu’elles n’auront jamais. D’autres s’y intéressent et espèrent secrètement que tu les recontactes mais tu ne le fais jamais. Rares sont les femmes avec lesquelles tu couches plus d’une fois ; c’est une de tes règles à la con pour ne pas prendre le risque qu’une s’attache à toi. Non pas que tu ne croies pas qu’on puisse s’épanouir dans une relation de couple mais tu ne te risques pas à ses choses-là. Tu préfères de loin les aventures éphémères, moins prises de tête et moins sujettes à des revirements de situation grotesques. En dehors de ces relations-là où même la partie de drague n’est pas intéressante, tu l’avoues, il n’existe pas tellement de femmes avec lesquelles tu peux faire de l’esprit. Tu ne sais pas si c’est parce que tu attires les greluches ou si c’est parce que celles-ci pensent que tu as un QI de moineau. En tout cas, alors que tu es installé au bar, échangeant avec Abigail des informations aussi personnelles que sincères, tu te dis qu’elle est loin d’être de celles-là, au contraire. Elle doit être de celleS qui estiment qu’un homme se doit de les mériter et tu es typiquement le genre d’homme qui aime ce type de défi.

Tu l’écoutes évoquer sa peau cramoisie qui ne supporte guère le soleil, ce que tu peux comprendre vu sa peau laiteuse. Un sourire entendu s’installe sur ton visage lorsque tu l’imagines nue, marquée de rouge vermeille à divers endroits de son anatomie et ta bouche s’assèche quelques instants à cette idée mais tu ne relèves pas, ne voulant pas l’embarrasser avec tes pensées salaces. Tu préfères de loin boire une autre gorgée de ton verre que tu délaisses depuis tout à l’heure, trop pris dans la discussion avec la jeune Abigail. Après la discussion sur vos origines respectives, vous voilà à évoquer un autre sujet plus personnel, les langues. Le jeune italien que tu es est un adepte des langues étrangères, toutes les langues d’ailleurs… Comprenez-le comme vous le souhaitez. Un air amusé s’installe sur ton visage tandis qu’Abi te dit que son accent t’emmerde. « Il m’emmerde si il veut, n’empêche qu’il est vilain et puis c’est tout ! » répètes-tu juste pour l’embêter. Toutefois, tu ne peux pas le lui reprocher. Sans doute que si tu t’évertues à ton tour à tenter de parler en gaélique cela sera aussi laborieux que monstrueux. « La langue de l’amour ? Effectivement, on peut dire ça comme ça. » Tu n’as jamais eu autant de succès que lorsque tu étais à BeauxBatôns. Il faut dire qu’un beau gosse italien avec des airs de badboys au beau milieu d’un château rempli d’étudiants et d’étudiantes propres sous tout rapport, cela attire forcément l’œil. Pour le coup, les regards étaient bel et bien portés sur vous, sur Anje et toi. Le sang chaud des italiens, votre fougue, vos blousons de motards et votre impertinence, voilà ce qui plaisaient à vos partenaires à l’époque. Est-ce toujours ce qui plaît actuellement ? Tu n’en sais strictement rien. Enfin si tu le sais. La preuve, tu n’as pas de mal à trouver chaque week-end une nouvelle partenaire.

Le silence est la meilleure des réponses parfois. Ce sont les mots d’Abi, tu n’es pas certain d’être d’accord. Tu n’es même pas d’accord du tout. Tu es contre les injustices, quelles qu’elles soient d’ailleurs. Comme disait ta grand-mère qui ne dit mot consent, voilà pourquoi tu ne peux t’empêcher de lui répondre : « C’est faux. Se taire permet juste d’être tranquille mais cela ne dure jamais. » Les forts écrasent les faibles, cela a toujours été ainsi en réalité. Comment faire pour sortir de ce cercle vicieux ? Devenir un des forts. Mais certains préfèrent ne pas jeter de l’huile sur le feu et tu peux aisément les comprendre. Te concernant, tu es de ceux qui attisent les braises, qui attisent la flamme de la justice (lol), du moins, la justice qui t’arrange. Tu as toujours fonctionné ainsi de toute manière. Tu es du genre à voir le verre à moitié plein, c’est ainsi. Sinon tu meurs. T’es obligé d’être ce gars qui ne déroge à aucune de ses règles, ce gars qui ne peut pas accepter qu’on lui mente ou qu’on bafoue son autorité. Il le faut, c'est nécessaire à ta survie.

Après lui avoir signifié à quel point tu la trouves intéressante physiquement, tu regardes le sourire s’installer sur ses lèvres et tu en conclues qu’elle apprécie le compliment. Du moins c’est ainsi que tu l’interprètes, ce n’est peut-être pas tout à fait cela, mais peu importe en réalité, tu choisis de comprendre ce qui t’arrange, comme d’habitude. C’est plus simple et moins compliqué à gérer de faire ainsi. Comme lorsque vous évoquez les différentes senteurs et odeurs qui vous animent, tu choisis de penser que cette conversation n’est pas si impersonnelle qu’elle aurait pu l’être et que cela peut conduire à une situation que tu risques d’apprécier. Abi parle des fleurs, des arbres sous la pluie, la roche brûlée et de manière imperceptible, tu as presque l’impression de tout sentir dans tes narines, ton inconscient jouant le jeu et faisant le reste. Tes lèvres s’étirent en un large sourire. « C’est clairement ma devise. Et si on peut se détendre tout en s’amusant, il faut en profiter. » Cela fait référence à tellement de chose mais aussi à elle bien entendu, surtout lorsqu’elle te parle de créatures énigmatiques et lorsque tu as l’impression qu’elle parle de toi. Elle te répond qu’elle veut bien une licorne. Tu hausses le sourcil. Son propos est à côté de la plaque et des sous-entendus que vous échangez depuis maintenant plusieurs minutes. Son regard triomphant te fait réaliser qu’elle considère probablement que sa blague est drôle. Tu la scrutes, amusé de voir à quel point elle est ravie de pouvoir a minima maîtriser l’échange mais tu n’es pas dupe. Tu t’en fiches. Elle peut faire comme si elle te résiste mais tu sais qu’elle finira par te tomber dans les bras peu importe le temps que cela prendra. Si elle n’était pas intéressée, elle serait déjà partie et tu le sais. Tu l’écoutes avec sa franchise mais tu es surpris par la fin de sa phrase. Une bête de foire ? Tu ne sais quoi dire, ni comment répondre à ça. Elle a l’air soudainement étrange, comme si la foule qui commence à vous entourer l’oppressait. Elle te demande de laisser les choses se faire et te rappelle que tu as toujours un billet à récupérer. Tu ne réponds pas immédiatement. Tu réfléchis. Abigail semble être ce genre de nana qui veut montrer qu’elle n’est pas une fille facile et tu t’en fiches un peu en fait. Tu te plains sans arrêt que c’est trop simple avec les autres qui se tombent comme des mouches entre tes bras. Au moins, avec Abi, il y a un challenge même si tu ne doutes pas qu’elle craque à un moment.

Tu la regardes se lever, poser sa veste sur le dossier de sa chaise. Tu termines ton verre d’un cul sec et tu reportes ton attention sur elle. Même assis, tu restes plus grand qu’elle. Cette idée te fait doucement rire tandis qu’elle fait glisser un ramequin de cacahuète vers toi. Tu fouilles dans tes poches et sors ton paquet de cigarette avec une soudaine envie d’en fumer une. Mais avant que tu n’aies le temps de proposer à Abigail d’aller dehors, elle te demande le nombre de tes tatouages et tes passe-temps. Tu ne réponds pas et te lèves à ton tour, la surplombant de tout ton être. « J’vais aller me fumer une cigarette, ils ont une terrasse à l’arrière. Si tu veux m’accompagner, je répondrais à toutes tes petites questions. » dis-tu tout en sachant que c’est un de tes tests. Alors que tu commences à t’éloigner, tu vois Abigail te suivre et un sourire s’installe sur ton visage. T’avais raison, elle ne veut pas te laisser partir ; en même temps, comment laisser s’échapper cette chance inouïe de baiser avec un beau rital ? Une fois à l’extérieur, tu t’installes à une des tables hautes vides et allumes une cigarette. Tu tends le paquet à Abi lui laissant le choix d'en prendre une si elle le désire. Une bouffée de fumée s’échappe de ta bouche et tu te détends instantanément. Peut-être que ton corps en avait besoin et qu’il souhaitait décompresser de toute la pression accumulée dans la journée. Tu poses quelques instants ta cigarette dans le cendrier et remontes la manche de ta veste en jean pour laisser apparaître le tatouage qui orne ton bras. « C’est le seul que j’ai. » Tu lui tends ton bras pour qu’elle regarde de plus près si elle le souhaite. Elle y verra le poignard et le serpent qui l’enserre. Tu expliques : « C’est le symbole de ma famille. » Au sens large d’ailleurs puisqu’ils représentent les hommes de la Cosa Nostra. Pour les femmes, la rose remplace le poignard. Tandis qu’elle observe la marque sur ta peau, tu continues : « En tout cas, tu as bien résumé la plupart de mes passe-temps tout à l’heure. Tu as oublié le dessin. Je dessine depuis que je suis gamin, je suis un véritable passionné. C’est à cause du dessin que j’ai commencé à tatouer les gens. » Tu te recules et tires à nouveau sur ta cigarette. « Il y a les courses de moto aussi. Au-delà de la mécanique, j’aime la vitesse, le vent sur mon visage, la chaleur du soleil, l’odeur de l’huile de moteur et de l’essence qui se consume. » Et un sourire s’installe doucement sur ton visage tandis que tu te souviens de tes premières courses de moto en Italie et tu ne peux t’empêcher d’ajouter : « Et par-dessus tout ça, je suis très attachée à ma famille. Ma sœur en particulier. Je ne serai pas ce que je suis sans eux. » Ta vie, c’est la Cosa Nostra, tout ce tu fais, tout ce que tu veux, c’est pour eux. C’est ainsi que tu es fait, c’est ainsi que tu as grandi, la loyauté et la solidarité qui y règne.

Toutefois, il fallait peut-être rajouter quelque chose… « Tu te trompes sur un point par contre. Je ne drague pas les inconnues tatouées un peu sympas. » Tu te rapproches d’elle et tu murmures dans son oreille : « Uniquement celles qui méritent mon attention. » Tu t’éloignes à nouveau tandis qu’une des phrases d'Abi te revient en tête. Tu termines : « Par contre, clarifions un point si tu le veux bien. » C’est important pour toi. « T’es pas une bête de foire et je comprends pas que tu te considères comme telle. C’est pas ce que je vois. Ce n'est pas ce que je perçois de toi non plus. » Ce que tu vois, c’est une femme intelligente, belle, séduisante et qui n’a pas froid aux yeux. Pour le reste, tu le découvriras peut-être plus tard.

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Dim 4 Avr - 23:30
Un éclat de rire sincère s'échappait de ma gorge alors qu'il répondait sur mon accent et sur la langue française. Il était vrai que pour les oreilles peu habituées, le gaélique écossais semblait sûrement barbare, mais pour moi il était l'une des langues les plus chantées. Sûrement était-ce un peu similaire pour ceux qui n'appréciaient pas l'allemand, car les clichés (et les guerres mondiales) avaient diabolisé un peu ce beau dialecte. Je n'en tenais donc pas rancune à Luca, ça aurait été présomptueux de ma part, et dans un sens j'étais aussi rassérénée : je pouvais garder mes secrets en sa présence, il me suffisait simplement de les prononcer dans ma langue natale. Cela dit, j'étais persuadé que le garçon en face de moi n'était pas du jour mal avisé, ou tout le moins, pas curieux à vouloir fouiller dans la vie privée d'autrui, tout le moins, pas la mienne. Grand bien lui en faisait en plus, car fouiller dans mon intimité revenait à fouiller une caisse vide. J'étais un véritable livre ouvert et je n'avais rien à cacher. J'avais bien sûr un jardin secret, comme tout a chacun, mais je ne faisais pas partie d'une bande, je ne vendais pas de drogue et je ne faisais rien de bien illégal. J'étais tout ce qui était de plus réglementaire, même ma forme animagus était déclarée au Ministère comme tout sorcier devrait le faire. Il y avait certes des sujets que je ne souhaitais pas aborder, comme le décès de mon frère, ce n'était pas pour autant que c'était confidentiel.

En revanche, lorsqu'il me fit part de son avis sur le silence, je ne pouvais m'empêcher de continuer à sourire avec un regard brillant de malice et de joie. Le sorcier devant moi était-il ce genre d'homme à foncer, à ne pas se laisser marcher sur les pieds et à répondre de ses poings s'il le fallait ? J'étais persuadée que oui, de plus, il me l'avait déjà avoué à demi-mot un peu plus tôt.
Ainsi, je pouvais bien m'imaginer son point de vue. Moi, j'étais plus timide, plus retranchée, moins combattive. Cela ne me rendait toutefois pas plus faible. Les prunelles brunes plongées dans la couleur luisante de mon whisky je prenais le temps de répondre, réfléchissant à mes termes.

- "Lorsque quelqu'un est stupide, quelqu'un d'encore plus stupide est nécessaire." Citais-je en levant mes yeux sur l'italien. Pourquoi répondrais-je à ceux qui viennent m'emmerder en se fiant simplement à mon apparence ou à mes idées sans chercher à les comprendre ? Je n'ai pas spécialement envie de m'abaisser à leurs niveaux, s'ils ne veulent pas comprendre, éh bien, que leurs volontés soient faites, qu'ils restent dans leurs merdes. Moi, je préfère m'élever. Un peu gênée, je souriais timidement avant de revenir sur mon verre en le serrant de mes deux mains, comme si j'étais nerveuse. Je ne suis pas de ceux qui aiment hausser le ton ou qui vont se battre pour asseoir une quelconque autorité. Je suis patiente. Je fais les choses, puis je sors de nulle part en surprenant tout le monde.

C'était ce qui était arrivé lorsque j'avais sorti ma première thèse dans un journal spécialisé en dragonologie. Tous les bien pensants que j'avais rencontrés jusqu'alors, qui me pensaient débutante (je l'étais à l'époque je dois le reconnaître), naïve et ignorante, s'en étaient mordu les doigts. Mais après tout, j'avais conscience que j'apportais des méthodes nouvelles dans le monde de la magizoologie, là où les sorciers étaient si habitués à dominer et à être supérieurs. Ce que je n'aimais pas en somme, car c'était le propre de la race humaine de vouloir s'élever par la force. Un comportement qui m'était pour ainsi dire étranger, tout simplement parce que j'avais une vie simple. Je pouvais donc me le permettre, et je devais avouer que voir la tête de certains de mes collègues en magizoologie, l'étonnement et la jalousie lisibles sur leurs faciès de souris, ça avait été absolument délicieux pour moi.
Ma passivité pouvait aussi se traduire par la flemme, d’où le fait que j'appréciais joindre l'utile à l'agréable. La manière dont il rebondit sur ce fait me fit une nouvelle fois glousser. Évidemment, qui n'aimait pas faire les choses tout en faisant en sorte que ça soit agréable ? À mes yeux, il n'y avait aucun intérêt à se faire volontairement du mal, mais là, mes pensées se déviaient un peu trop.
Je clignais donc des paupières, ayant tout à fait saisi le double sens dans les paroles de mon interlocuteur. D'une œillade entendue, j'osais le regarder avant de rétorquer.

- Et qu'est-ce que tu fais pour te détendre et t'amuser en même temps dis moi ?

Je n'étais pas sotte, je me doutais bien de sa réponse, mais qui sait, je jouais moi-même à l'idiote, à répondre totalement à côté de la plaque simplement pour le plaisir de me faire passer pour ce que je n'étais pas. Alors peut-être que Luca avait lui aussi un minimum d'autodérision ? Quoique je n'étais pas certaine que ce trait de caractère existait dans le code génétique italien.
Tandis que je me levais, rappelée par ma gourmandise, l'homme était quant à lui rappeler par l'appel de la nicotine. Hochant de la tête, je me saisissais de mon manteau avant de le suivre jusqu'à l'extérieur après avoir terminé mon verre cul sec à mon tour. Là, je prenais une grande inspiration salvatrice, réalisant à quel point la musique était assourdissante, mais, habituée, je ne m'en étais pas rendue compte. L'air frais s'engouffra dans mes cheveux, me faisant instantanément frissonner. Il n'en fallait pas plus pour que j'enfile ma veste en cuir et que je vienne m'appuyer légèrement sur la table haute.
Là, il retroussa une manche pour enfin me révéler l'ensemble de son tatouage alors que le mien était à présent caché, sauf lorsque le dessin décidait de venir valser entre mes doigts. Sans jugement, d'une œillade intéressée, je contemplais le dessin dans son ensemble, puis ensuite les formes et sa texture, sans toutefois me risquer à toucher sa peau, comme il l'avait fait pour moi un peu plus tôt. J'étais bien plus pudique. Symbole familial, je me sentais soudainement humble, me remémorant la conversation que nous avions eue un peu plus tôt quant à nos rôles dans nos familles respectives. Moi, je n'avais pas de tatouage la représentant, mais à l'instar de ce petit hobbit dans cette merveilleuse histoire humaine, je portais son symbole autour du cou. Ce médaillon que mon frère avait porté jusqu'à son dernier souffle et qui aujourd'hui me revenait de droit, avec toutes les responsabilités qui allaient avec.
Osant regarder Luca dans les yeux, je me permettais de commenter d'une voix douce.

- Il évoque une belle défense, ta famille doit en avoir vécu.

Dans le fond je ne faisais que supposer grossièrement, mais le poignard et le serpent étaient deux symboles très forts. Le poignard pouvait symboliser celui qu'on ne planterait pas dans le dos du porteur du tatouage, tout comme le fait qu'il savait se défendre, éventuellement jusqu'à l'assassinat. C'était un peu comme une mise en garde. Attention je sais me défendre, n'entrez pas sur mon territoire. Le serpent quant à lui était cet animal silencieux, souple et venimeux, symbole de l'énergie vitale qu'il possède puisqu'il peut changer de peau. Alors, il démontre aussi à quel point le porteur peut s'adapter, pour davantage se défendre ou attaquer.
Tandis que je me perdais dans la contemplation du tatouage, Luca avait repris la parole en me décrivant l'une de ses passions. Là, je souriais avec bienveillance et répondais, toujours calme et posée.

- Évidemment, pourquoi n'y avais-je pas pensé ? Et tu dessines de tout ? Ou uniquement des croquis destinés à terminer sur des peaux ? Genre des tribales, ce genre de trucs ? Tapotant mon index sur la table, je ricanais. Moi je ne sais dessiner que des bonhommes bâtons, j'excelle là-dedans, ils sont beaux comme personne ne les fait ! Cela dit, je sais dessiner précisément les créatures magiques, sans surprise. Car oui, avant que je ne possède un téléphone portable moldu ou un appareil photo, j'avais appris à dessiner ce que je voyais, exacerbant mon sens de l'observation. Mes dessins m'avaient permis de comprendre certains détails anatomiques des animaux fantastiques, d'autant plus une fois mes études entamées ou avec les explications et précisions de ma famille. Je l'observais tirer sur sa cigarette tout en me parlant encore une fois avec son cœur, ce qui ne fit qu'élargir ce sourire déjà peint à la commissure de mes lèvres. La vitesse, une nouvelle évidence puisque Luca semblait être le genre d'homme à profiter de la vie à fond, ce genre de personne qui ne s'arrêtait pour ainsi dire jamais ou rarement, là où moi je faisais des pauses et du silence ma religion. Ça doit être une sensation tout à fait exquise, je ressens un peu la même chose lorsque je vole sur un hippogriffe, un Abraxan ou un Sombral. Mais pas un balai. Je détestais poser mon cul sur ces trucs, un balai, c'était fait pour faire le ménage. Point.

La sensation du vent me fouettant le visage et le sifflement dans mes oreilles allaient presque m'envahir lorsqu'il vint à m'évoquer sa sœur. L'attache qu'il en avait, aussi avec sa famille. Je me prenais un piano sur le coin de la figure qui lui-même avait un paquebot dans les cordes.
Sourire s'effaçant comme neige au soleil, je baissais mon regard pour fixer mes doigts, bien incapable de cacher mon malaise. Fort heureusement que la période estivale n'était pas encore entamée, c'était tout à fait le genre de conversation qui aurait pu me faire pleurer comme une femme enceinte victime de ses hormones. Mais je n’étais ni enceinte ni victime de mes hormones. J'étais cette petite sœur endeuillée qui refusait de lâcher prise sur cette terrible disparition. Il me fallut alors quelques courtes secondes avant de retrouver sourire et paroles.

- Oui, la famille c'est tellement important. Ils sont ce phare dans la nuit, ce soutien indéfectible. J'avalais ma salive avec une certaine difficulté. Ceux qui seront toujours là.

Mensonge. Ils peuvent disparaître.

Prunelles sombres obstinément baissées sur mes doigts qui s'entremêlaient avec une nervosité palpable, les paroles de Luca résonnèrent en moi à tel point que j'en vins à le fixer, un sourcil légèrement haussé. À la fin de sa tirade, je ne pouvais m'empêcher de sourire, un peu gênée, avant de revenir sur mes mains pour croiser définitivement mes doigts, les serrant entre eux avant de prendre une grande inspiration.

- Dans ce cas, je suis honorée d'avoir retenu toute ton attention. Sourire maladroit, j'osais lui jeter un œil à ma plaisanterie avant de continuer avec plus de sérieux. Je ne voulais pas avoir l'air de me dénigrer en disant ça, ou de te dénigrer toi, excuse-moi si je t'ai fait du tort. Ce que je voulais dire par là… c'est que je ne suis pas du genre à me mettre sur les devants de la scène ni à draguer tout et n'importe quoi. On peut même dire que jusque-là mes histoires d'amour avoisinent le zéro absolu. Je sors très peu, tu me vois là ce soir dans une situation rare. Je haussais les épaules en résumant la situation avec un simple mot. Carriériste. Vérité à moitié avouée, puisque ma timidité et mon côté solitaire ne me permettaient pas de me faire aisément des amis, et donc des aventures ou des amoureux (amoureuses). Et si la relation devait venir à évoluer, mes étrangetés finissaient toujours pas rebuter. Là, je réalisais le double sens de mes paroles et j'écarquillais les yeux avant d'agiter nerveusement les mains devant moi. Oh euh ! non pas que je cherche une relation sérieuse avec toi hein ! Enfin, pas que je sois fermée à la possibilité, mais tu vois ce n'est pas non plus… je m'enfonce. Réalisant que je parlais de plus en plus vite et que je me perdais dans des explications foireuses, je venais me mordre les lèvres en grommelant un peu. Là, je prenais une nouvelle inspiration en fermant les paupières un instant. Calme retrouvé, je regardais à nouveau Luca, toujours un peu gênée. Merde, désolée. Petit instant de silence avant que je m'accoude à nouveau sur la table haute. Je devrais sûrement te demander ce que tu vois en me regardant, mais… je plissais les yeux. Je ne sais pas si ça se fait de demander ce genre de chose.

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Luca & Abigail - Fin avril 2020


Abigail et toi avez des points de vue qui divergent sur certains sujets comme celui sur lequel vous penchez depuis quelques minutes. Tu n’as jamais été pour la suprématie de la race, du sexe ou du sang. Bien au contraire. À ton sens, n’importe qui peut devenir quelqu’un s’il le veut réellement. Mais tu peux comprendre également que certaines personnes comme Abi ont préféré s’effacer, s’éteindre plutôt que de partir au front. Tu as toujours été de ceux qui foncent dans le tas sans réfléchir aux conséquences à long terme, surtout lorsque tu étais gamin. Maintenant que les responsabilités de chef de la Cosa Nostra t’incombent, bien évidemment, tu es bien plus réfléchi, plus posé. Chaque acte peut avoir des répercussions qui peuvent amener une personne de la famille à perdre la vie ; vous n’êtes plus en train de vous chamailler à BeauxBatôns pour savoir qui a la plus grosse ; des vies sont en jeu. Les vies des membres de la famille t’importent ; au-delà du fait que les gens sont une ressource essentielle pour faire tourner la mafia que tu diriges, la raison pour laquelle tu te bas pour eux dépasse largement cela. La Cosa Nostra, c’est une famille. Les règles qui la régissent sont connues de tous pas de Jaeden apparemment et les valeurs véhiculées permettent la cohésion du groupe : loyauté, dévouement, solidarité. Chacun de membres pourraient mourir pour les autres. C’est ainsi que cela fonctionne. « J’imagine effectivement qu’il y a des degrés dans la stupidité. » conclues-tu sans pour autant être d’accord avec tout ce qu’elle venait de dire. Mais il y avait un point sur lequel vos idées convergent. « Tu as eu raison de leur montrer qu’ils avaient torts. Tu l’as fait de la meilleure des manières. Ce n’est pas sûr que j’aurai pu faire preuve d’autant de retenue. » Bien sûr que tu aurais d’abord cassé la gueule à ces mecs avant de leur faire comprendre que tu étais au-dessus d’eux. « En quelque sort, tu es l’outsider qu’on attend pas mais qui s’impose quand même. » dis-tu pour terminer. Et puis quand l’outsider finit par devenir le leader, on peut l’avouer, ceux qui ont critiqué viennent chercher votre approbation et se sentent bien ridicules.

Lorsqu’Abigail te demande ce que tu aimes faire pour te détendre et t’amuser en même temps, un sourire s’installe sur tes lèvres rapidement. Le fait-elle exprès ? Tu commences à te demander si elle est aussi prude qu’elle semble l’être ; elle s’engouffre dans quasiment toutes les brèches et les sous-entendus que tu fais tout en prétendant ne pas comprendre. Tu décides d’essayer de la prendre à son propre jeu et tu réponds : « Je te laisse deviner. » Tu secoues la tête, amusé. Elle n’est pas si bête qu’elle en a l’air mais semble prendre plaisir à se faire passer comme telle. Tu ris et demandes : « Tout à l’heure tu disais que tu ne voulais pas t’abaisser à leur niveau mais plutôt à t’élever. Je t’en prie, fais-le aussi avec moi sinon je vais commencer à penser que tu me prends pour un imbécile. » dis-tu, incisif, avec un brin d’autodérision. En tout cas, toute cette discussion t’épuise et nécessite une dose de nicotine, à défaut d’une dose de cocaïne.

Tu proposes à la jeune femme de te suivre à l’extérieur et tu sens qu’elle concède une petite bataille. Tu te sens presque victorieux qu’elle t’accompagne. Bien évidemment qu’elle est intéressée. Qui ne le serait pas ? Qui n’est pas séduit par ce physique d’Apollon, cet accent rital, cette peau hâlée, cet intellect et cet humour ? Au-delà de tout cela, les femmes apprécient ta perspicacité, ta manière d’aller droit au but. Étrangement, avec Abigail, tu n’étais pas allé droit au but directement puisque tu as compris dès les premiers échanges qu’elle ne céderait pas aussi facilement et qu’il fallait être davantage subtil. Bien sûr, Abi est une femme à la carrière prestigieuse, au passé probablement tourmenté. Elle a dû se battre pour obtenir ce qu’elle a, alors elle est fière et elle sait ce qu’elle veut, c’est tout à son honneur. En tout cas, le fait d’être dehors te donne soudainement envie de te dévoiler un peu ; lâcher un peu de lest pour avoir ce que tu recherches… Cela sera peut-être plus simple ainsi maintenant que vous êtes à l’air libre et que la musique ne tambourine pas vos oreilles, que l’on se sent moins oppressé par la foule. Les mots d’Abi sur ton tatouage te font hausser les épaules. « Une belle défense oui, peut-être. » Peu en connaissent la véritable signification. Ce n’est pas que le symbole de la famille Zabini, c’est le symbole de la famille de la Cosa Nostra, regroupant des centaines de gens dans deux pays. L’Italie en comprend pour le moment plus mais le but est que la filiale anglaise devienne de plus en plus puissante. « Ma famille est ancienne mais ce symbole nous rappelle qui nous sommes. Le poignard pour les hommes, la rose pour les femmes. Mes ancêtres avaient une vision bien sexiste et patriarcale j’imagine. » Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Tu es le dirigeant de la Famille parce que tu es le premier né, pas parce que tu es le premier garçon. Anjelica dirigerait si elle était née avant. Rien à voir avec une quelconque histoire de genre. Et tu ne dirigerais pas si tu avais attrapé la plume et non pas le poison à l’âge d’un an. C’est ainsi que cela marche chez vous : on présente au bambin de quelques mois deux objets. Ceux qui se saisissent de la potion travailleront dans la branche mafieuse de la famille ; comme Anje, comme toi. Ceux qui se saisissent de la plume auront un métier davantage intellectuel -médecine, droit, politique entre autres- ; Alessia s’est alors dirigée vers la médicomagie, toujours dans l’intérêt de la Famille, bien sûr. Tout cela pour dire que les compétences sont ce qui importent le plus, bien au-delà du reste.

Les compétences des uns et des autres dans la famille sont complémentaires. Et puis il y avait les compétences plus… artistiques disons. Te concernant, ta passion pour le dessin t’a progressivement amené à tatouer les nouveaux membres de la famille. Lorsqu’Abigail te pose davantage de questions, tu réponds : « De tout non. Principalement des paysages. Quelques portraits. Des dessins du mouvement psychédélique quand je ne veux pas réfléchir. Cela dépend vraiment. Et puis des croquis pour les tatouages bien entendu. On ne m’a jamais demandé un tatouage tribal, Dieu soit loué. » réponds-tu d’un air amusé. Ce type de tatouage est d’un autre temps. Tu ris doucement lorsqu’elle dit être très mauvaises pour dessiner. « C’est comme tout, ça s’apprend. Si tu sais dessiner des animaux fantastiques, tu sais tout dessiner. Faut juste qu’on t’aiguille sur la technique. » conclues-tu avant de surenchérir sur une autre de tes passions : la moto. Oh oui la moto c’est formidable, cette sensation de liberté et d’être seul au monde. Comment pourrait-il en être autrement ? Comment pourrais-tu te passer de ça ? Tu as pour ainsi dire su monter à moto avant de savoir utiliser ta baguette magique. Ce sont ce genre de chose également qu’on apprend au sein de la Cosa Nostra, c’est une de vos marques de fabrique. Les motos, les blousons en cuir, le tatouage. Alors que tu expliques à Abi qu’au-delà de ces passe-temps, tu voues tout à ta famille, tu crois remarquer quelque chose de pas normal. Tu sais plutôt bien décrypter les autres et tu comprends que tu as touché un point sensible, un point sur lequel il ne faudra sans doute pas appuyer davantage. Un silence s’installe pendant quelques secondes et tu lui laisses le soin de changer de sujet si elle le veut. Elle balance une phrase évasive et tu décides bien sûr de ne pas relancer le sujet. « Effectivement. » dis-tu sans conviction. C’est faux. Les gens peuvent mourir. Anjelica a failli mourir deux fois ces deux dernières années et tu sais que tu n’aurais jamais pu t’en relever. Pourquoi tu as sombré dans la drogue ? La conviction que tu ne pourrais pas toujours la protéger ; qu’il y aura toujours un ennemi, quelqu’un, un membre d’une famille rivale, qui pourra t’enlever ce que tu as le plus cher au monde. Cette vérité douloureuse t’a transpercé et tu as eu du mal à refaire surface, toi qui te croyais invincible.

Il valait mieux parler d’autre chose. Tu reviens sur les quelques mots qu’elle a eu tout à l’heure. Bête de foire. Non, ce n’est pas ce qu’elle est, c’est une conviction. Elle semble flattée que tu la remarques ainsi. Draguer tout et n’importe quoi. Tu lèves un sourcil, encore une fois amusé. Luca Zabini, n’importe quoi ? Cela blesse ton ego (tu parles lol). Cela n’est donc pas si souvent qu’elle traîne ainsi dans les bras, tu comprends mieux sa pseudo-résistance à ton égard. « Je n’ai rien contre les femmes de caractère. » dis-tu lorsqu’elle t’avoue être carriériste. Au contraire, ce sont les plus amusantes. Bien loin des poupées et coquilles vides que tu te tapes d’ordinaire. Tu éclates de rire lorsqu’elle dit ne pas chercher une relation sérieuse. « Parce que tu crois que c’est ce que je cherche moi ? » Tu penses avoir laisser suffisamment d’indice pour lui montrer que tu n’es pas le genre de gars qui s’amourache. « C’est trop compliqué. » dis-tu sans détour. Abigail s’enfonce dans ses explications et tu comprends qu’elle ne supporte pas la pression, qu’elle n’a vraiment pas l’habitude de la drague et qu’elle ne sait donc pas comment réagir face à un homme qui lui témoigne un peu d’attention. Elle s’accoude à la table, comme pour se donner une contenance et tu la scrutes attentivement. Mais qu’attends-t-elle exactement ? Tu l’as compris depuis longtemps, tu vas devoir faire le premier pas. « Ce que je pense de toi ? Je pensais que tu l’avais compris. » Un ricanement s’échappe de tes lèvres tandis que tu t’approches d’elle lentement, lui donnant largement le temps de te repousser ou te montrer qu’elle ne veut pas que tu brises les quelques centimètres qui vous séparent. Tu attrapes sa main et l’attires tout contre toi. Vos corps s’épousent enfin et tu remarques à nouveau à quel point elle semble petite et chétive. Ce qu’elle n’est pas, la discussion que vous venez d'avoir t'en a convaincu. « Ce que je vois, c’est une femme intelligente, indépendante, drôle. Probablement chiante à ses heures. Et sexy. » Ta main vient caresser ses cheveux puis s’aventurent doucement plus bas, frôlant son cou, son buste, ses hanches. Tu te penches et déposes un baiser sur ses lèvres, sans chercher à franchir d'autres barrières pour le moment. Le tout est de savoir jusqu'où elle peut alelr. Sans gêne aucune, tes doigts fouillent dans la poche arrière de son jean pour récupérer l’adresse du tatoueur. Tu romps ce baiser simple et souris tandis que tu glisses le morceau de papier dans la poche intérieure de ta veste en cuir. « C'est pour moi ça. »

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Mon allégeance : Ordre du Phénix
Mer 21 Avr - 11:59
Nous avions des avis différents sur bien des points, et encore heureux. Je ne m'aimais pas au point de vouloir trouver mon double en tout détail. C'était ce que j'appréciais avec Luca, il me donnait l'impression de pouvoir parler de maints sujets sans que cela ne le froisse trop, évidemment, comme pour tout le monde, il fallait y mettre les formes (une difficulté pour moi qui était maladroite). Pour le coup, je ne regrettais vraiment pas d'être sortie ce soir et de m'être posée là, sur ce tabouret en attendant simplement que les heures défilent. Comme quoi, se laisser porter des fois, ça avait du bon, car il y avait toujours les événements qui devaient se passer qui intervenait. Cela pouvait être agaçant au quotidien, mais rétrospectivement, lorsqu'on accepte ce mouvement, simplement se laisser emporter et bercer par les vagues de nos vies, il y avait une délicatesse presque succulente. J'ignorais évidemment de quoi demain sera fait, et j'ignorais ce qu'il adviendrait de Luca et moi, tout le moins de notre relation, et même si je fuyais les relations amoureuses comme un Scrout à pétard lâche des caisses enflammées, je n'en restais pas moins agréablement surprise de cette rencontre.
Nous avions des vécus différents, et pourtant, j'y voyais des chemins, le sien et le mien, qui se croisaient, des fois avançaient en parallèle pour s'éloigner puis revenir, à l'instar de patineurs artistiques danseraient les deux sans pour autant entrechoquer leurs patins.
Sans doute que l'alcool commençait à s'estomper puisque je me mettais à penser d'une manière aussi poétique, alors je décidais de reprendre une gorgée, plissant les yeux tout en écoutant les paroles de l'italien. Ses paroles me touchaient, mais au-delà de ça, je croyais également saisir cet homme responsable, qui reconnaissait le potentiel de  quelqu'un en le voyant agir ainsi par surprise comme je le faisais. C'était un peu étrange, de me sentir scannée de la sorte, comme s'il pouvait lire en moi comme un livre ouvert alors que j'étais d'ordinaire quelqu'un de si réservé. La faute à mon état psychologique sensiblement instable ce soir, alors, je me permettais de me mettre un peu à découvert avec Luca. Après tout, je n'avais pas la sensation qu'il me veuille du mal, tout le moins, pas ce soir, et s'il décidait, pour une raison ou une autre, de se retourner contre moi, il serait bien déçu sur bien des aspects. Déjà, je ne pourrais lui opposer aucune résistance physique (avec l'âge je m'étais fait une raison : j'étais quelqu'un dépourvu d'une quelconque force), et enfin, je n'avais aucun secret puisque ma vie était très tranquille (tranquillité que je recherchais et que j'entretenais).

- Bah, on agit tous d'une manière différente, et c'est heureux, sinon ce serait chiant… Je pense qu'il faut agir en son âme et conscience et si toi ton truc c'est cogner mais que ça ne te pose pas de problèmes, ben… ben voilà. Je souriais. Il n'avait pas fait mention de frapper qui que ce soit, mais je n'étais pas dupe, je doutais que Luca ne soit composer que de paix et d'amour lorsqu'on lui rentrait dans le lard (ou dans celui de sa famille). Le fait qu'il utilise aussi le mot "retenue" me mettait sur la voie, mais peut-être me trompais-je. Penchant sensiblement la tête sur le côté j'observais les traits de son visage (à défaut de soutenir son regard), et je souriais légèrement. Je suis une personne pleine de surprise. On ne m'attend pas et paf, coucou !

J'étendais un peu les bras de part et d'autre de mon corps pour souligner un peu la surprise, sans pour autant faire de geste brusque, restant encore et toujours sur la retenue, puisque j'étais ainsi faite. Peut-être devrais-je simplement essayer d'être moi-même avec l'italien, mais je ne voulais pas non plus qu'il me prenne pour une hystérique (ce dont je pouvais passer très rapidement). Ce n'était pas trop le moment de casser tout ce que nous venions de construire jusque-là… mais qu'avions-nous construit au juste ? Après tout peut-être que demain matin je me retrouverais seule et que ça n'aurait été qu'une rencontre banale comme une autre.
Merlin… voilà que je prenais conscience de tout le poids de la solitude qui pesait sur mes épaules. Lorsque j'essayais de chercher la compagnie de quelqu'un, je savais que c'était un peu pour bousculer mon quotidien esseulé. Soupirant un peu, je venais me gratter nerveusement une tempe tandis que ses paroles concordaient avec mon comportement un peu gêné. Alors, je me permis de rire à sa remarque avant d'enchérir.

- Pardon, non je ne te prends pas pour un idiot. C'est juste que…. Je me dis que je peux encore être surprise. Je posais mon verre sur le bar avant de hausser les épaules. Je crois avoir deviné que tu aimes marier détente et amusement par le sexe, n'est-ce pas ? C'est quelque chose que je ne peux qu'approuver, mais peut-être qu'il y avait autre chose. Je sais pas genre mmh… je le regardais de haut en bas. Tu dis aimer la moto et vu ta carrure, peut-être que tu aimes aussi faire du moto-cross. Ça peut détendre et amuser… enfin… j'imagine ? Je fronçais les sourcils, bien peu certaine de ce que j'avançais, avant de balayer dans les airs devant mon visage comme si je chassais une mouche. Euarf laisse tomber je dis des conneries.

Comme d'habitude lorsque j'essayais de clarifier mes pensées, j'en venais souvent à me perdre dans des explications foireuses et du coup de m'enliser davantage dans une situation encore plus ridicule. Cela dit, Luca avait pu là avoir un aperçu de qui j'étais vraiment : une Abigail franche qui peut parler sans détour ni filtre. À un moment donné à force de tourner autour du pot, il faut bien se lancer, n'est-ce pas ?
C'était pour ça que j'osais le suivre jusqu'à l'extérieur, en plus de ma solitude qui me criait de continuer à chercher sa compagnie. Si suite il devait y avoir, et bien pourquoi pas, je n'étais pas en train de calculer quoique ce soit ni de le draguer. J'étais juste moi dans toute ma déconcertante complexe simplicité. J'avais envie d'en apprendre plus sur lui et de continuer à passer une bonne soirée, car jusque-là, elle était très bonne. Contrairement à lui, je ne pouvais pas me vanter de passer autant d'instants aussi simple et détendu, alors j'essayais de tirer en longueur l'instant, jusqu'à ce que nos devoirs respectifs nous rappellent et nous séparent.
Et par devoir, il me montra son tatouage tout en parlant un peu de sa famille. Ceci me touchait, car même s'il fallait que j'écoute entre les mots, je croyais deviner à quel point la famille était importante pour lui. Tout comme pour moi. Je restais proche de mes parents, l'absence de mon frère laissait un gouffre violent dans mon cœur que personne ne saurait combler un tant soit peu. Je voyais régulièrement mes cousins et cousines et j'étais prête à les défendre quoiqu'il arrive. Même par allégeance pour ma famille, j'avais rejoint l'Ordre du Phénix alors que j'étais sûrement l'une des pires combattantes qu'il y ait dans leurs rangs. Mais voilà, je voulais me rendre utile, un peu à ma manière, même si tout cela n'était qu'une espèce d'illusion.
Alors que je relevais les yeux de son tatouage, je levais mes mains pour écarter le col de mon haut. Si Luca se dévoilait un peu, j'allais en faire de même. De sous les tissus, collé contre ma peau, je sortais un pendentif que je gardais précieusement caché. La chainette argentée autour de mon cou était fine, mais semblait particulièrement solide. La médaille, elle, était forgée dans un mélange métallique donnant un aspect presque hypnotique au cercle, comme s'il était parcouru de nombreuses veines allant de la couleur dorée à bronze. En son centre était frappé un dragon aux ailes relevées, un peu déployées, comme prêt à s'envoler. Un connaisseur reconnaitrait sans mal un Noir des Hébrides. Entre ses pattes et sa gueule, les lettres "M" et "F" étaient aisément lisibles. Lui laissant l'occasion de le contempler, je le remettais ensuite sous mes vêtements comme s'il s'agissait de la prunelle de mes yeux.

- On a un peu la même chose chez nous, sauf que c'est ça. C'est transmis de génération en génération, et maintenant ben… c'est mon tour. J'omettais volontairement l'existence de Kyle, ne voulant pas remuer le couteau dans la plaie. Héritière, voilà ce que j'étais aujourd'hui, et qu'importe que je sois un homme ou une femme, l'héritage se transmettait de la même manière chez nous. Cela dit ce n'avait peut-être pas été le cas il y a des centaines d'années. Alors, dans un petit sourire entendu je rétorquais. Oh bah les miens doivent aussi avoir leurs lots de sexisme, ça faisait partie de leurs temps, je crois. Puis, je relevais mes prunelles dans sa direction d'un air entendu. Pardon, ce que je vais dire va être cliché, mais… venant d'un italien comme toi je pensais que tu en serais aussi, mais tes paroles semblent prétendre le contraire.

Pour le coup, je ne mettais même pas le fait qu'il aime s'amuser avec les femmes, car ça aussi c'était très cliché italien. Ma curiosité, bien que peut-être déplacée, était tout à fait sincère : j'étais étonnée qu'un garçon comme lui puisse considérer les femmes comme son égal. Encore une fois, l'habit ne faisait pas le moine, et j'étais davantage curieuse d'en apprendre plus sur Luca, non pas de manière déplacée, mais tout simplement parce qu'il m'intriguait et que, encore une fois, je me sentais de plus en plus à l'aise avec lui.
D'ailleurs, parler de dessin était quelque chose de presque intime. Dessiner, comme écrire, c'était comme hurler en silence. C'était se vider la tête en se laissant aller à une forme d'expression qui nous était propre. Le fait que mon interlocuteur dessine des paysages surtout me montrait qu'il était au fond quelqu'un de sensible et censé, qu'il pouvait s'émerveiller d'une beauté simple comme celle de la nature. Celles des mouvements anarchiques pour simplement se vider la tête, je le comprenais d'autant plus puisque des fois j'usais de l'écriture automatique pour écrire des pensées sans réfléchir, laissant ma main totalement libre de sortir de ma tête ce qui devait être sorti. Intéressée, les yeux sensiblement plissés, je réfléchissais avant de répondre.

- C'est vrai que le tribal semble dépassé, mais tu vois où j'en suis dans ma culture du tatouage. Je ricanais avant de reprendre. Je serais curieuse de voir tes paysages… Moi j'écris beaucoup, je fais énormément d'écriture automatique lorsque j'en ressens le besoin et que je n'ai pas envie de réfléchir, un peu comme tes dessins, j'imagine. Quant à m'entrainer… bah… sûrement que oui, j'y arriverais bien un jour, mais… en fait… je ne vois aucun intérêt à dessiner autre chose que des créatures ou des animaux moldus. Je remuais les épaules, presque un peu gênée par ce que j'allais dévoiler. Les humains… il y en a déjà trop et on en voit déjà partout alors… J'ai pas en plus envie de les dessiner. Je préfère une autre forme de beauté.

La simplicité d'une fleur dans toute sa beauté. La complexité d'un mouvement de pattes. L'agilité d'un muscle rassemblé, prêt à fondre sur une proie. Tout cela je savais parfaitement le rendre avec un crayon, par ailleurs je me servais beaucoup de mes illustrations, et aussi de mes écrits, pour mes cours. Il était rare que j'écrive quelque chose de personnel, ou plutôt, il était rare que je le garde. La plupart du temps, mes écritures automatiques, qui n'appartenaient donc qu'à mes pensées et par extension donc à moi, je terminais toujours par les brûler. Non pas que ce soit de lourds secrets, mais c'était une manière pour moi de véritablement me détacher de ce qui pesait dans ma tête jusqu'alors.
En parlant de poids, je n'eus pas la force de camoufler un quelconque désarroi alors que le sujet familial revenait sur le tapis. Luca du le remarquer sans le moindre mal puisqu'il n'insistait pas sur ce point, et grâce au ciel, je l'en remerciais comme jamais je n'avais remercié quelqu'un. Nous n'étions que fin avril, je ne voulais pas me monter la tête si tôt, la dépression viendrait en temps et en heure avec l'été. Pour l'instant, je voulais simplement profiter, et pour le coup, j'appréciais la délicatesse dont avait fait preuve l'italien envers moi.
Un peu décontenancée et déboussolée, j'essayais de rassembler mes idées pour m'expliquer, mais la situation était, bien évidemment, pire qu'au départ. Pourtant, cela ne semblait pas déranger mon interlocuteur qui venait jusqu'à en rire. Soulagée que lui non plus ne cherche pas de relations sérieuses, mes épaules s'affaissèrent, sans chercher à lui expliquer ce que j'entendais par "carriériste". Je ne me voyais pas comme une femme de caractère, mais plutôt pleinement concentrée sur son travail, mais se consacrer à son travail et avoir du caractère pouvait être synonyme alors je passais outre.

D'une nouvelle œillade amusée et entendue, je m'accoudais à la table comme si soudainement tout était devenu trop pesant, alors que je demandais à Luca de m'expliquer ce qu'il voyait. Son comportement changea alors et j'en venais à me demander si j'avais véritablement bien fait de le questionner. Me redressant tandis qu'il s'approchait de moi, je le laissais me toucher non sans sentir un frisson me parcourir. Pas que le toucher était ce que j'avais ardemment désiré, et non pas que ce soit une sensation désagréable, juste que je n'étais que trop peu habituée au contact humain. J'aurais eu mille occasions de le repousser, mais je me laissais faire, ne donnant qu'une légère résistance (savoir se faire désirer) lorsqu'il m'attira tout contre lui. Encore une fois, je savais que je ne faisais pas le poids, et je ressentais bien toute la force dont il pouvait faire preuve alors que je me retrouvais collée contre lui. Instantanément mes joues devinrent rouges tandis qu'il me gratifiait de quelques compliments et que ses doigts s'enfoncèrent dans ma chevelure brune. Presque paralysée, je le laissais m'embrasser, ne lui répondant que timidement puisque prise un peu par surprise. Qui plus est, sa main devint presque outrageusement baladeuse, alors j'allais lui attraper le poignet pour qu'il cesse, mais ce fut à cet instant qu'il vint fouiller la poche arrière de mon pantalon et qu'il mit fin au baiser. Comme soudainement réveillée par une gifle, je le regardais faire avec amusement.

- Hey voleur !

Libérant mes mains de son emprise, je les posais sur ses épaules tout en me dressant sur la pointe des pieds puisque j'étais petite. Là, en équilibre, je rapprochais mon visage du sien comme si je voulais reprendre un baiser, et, attendant la dernière fraction de seconde, ce court instant où il baisserait sa garde, je glissais mes doigts entre sa veste en cuir et son haut pour lui retirer sa veste de ses épaules et la laisser lui glisser le long des bras et du dos. Tel un serpent bien malhabile, je venais rapidement enfourner mes doigts dans cette fameuse poche intérieure, ne prenant pas garde aux objets que je croisais, seul le bout de papier m'intéressait. Une fois à nouveau saisi, j'eus un sourire victorieux, pourtant, je ne me reculais pas. Non, je me contentais de relever le visage dans sa direction pour le regarder.

- Ta maman ne t'a jamais appris à traiter convenablement une dame ?

Avant qu'il n'ait eu l'occasion de répondre, je retournais l'embrasser, enivrée de ce contact physique dont je pouvais pleinement profiter. Néanmoins, je récupérais mon bout de papier en le serrant dans mon poing fermé avant de poser ce dernier sur le torse de l'homme. J'en vins même à accentuer l'intensité de mon baiser, un petit instant, histoire de rattraper le premier auquel j'avais que trop peu répondu et de lui donner un petit avant-goût de ce dont j'étais capable. Je terminais cependant par rompre l'instant délicieux en reculant mon visage et en reprenant ma hauteur normale, mes doigts de pieds étant peu habitués à se hisser à ce point. Là, d'un geste rapide, le poing fermé qui tenait le papier venait s'engouffrer sous mon haut par le col. Comme si je venais de déposer le précieux billet entre mes seins, je ressortais ma main alors vide en la présentant à Luca avec un immense sourire enjôleur.

- Tada, disparuuuu


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Lumos
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Mon allégeance : va à la Cosa Nostra, à ma famille
Sam 8 Mai - 18:17

Vivre, c'est profiter de la vie chaque jour sans se poser la moindre question.

Luca & Abigail - Fin avril 2020


Bien sûr qu’Abi et toi êtes différents. En dehors de ce fameux tatouage que vous portez, vous ne semblez pas avoir les mêmes centres d’intérêt ni même les mêmes opinons. Cela ne te dérange pas, au contraire, tu apprécies de pouvoir sortir des sentiers battus que tu empruntes trop souvent au point que cela en devienne lassant. L’avantage avec Abigail, c’est qu’elle ne ressemble en rien aux greluches sans cervelles avec qui tu baises d’ordinaire et cela rajoute un peu de piment, un peu de piquant, un peu d’intellect au flirt et tu mentirais si tu disais que cela ne te plait pas. Un peu de challenge de temps à autre, c’est sympa et cela ne mange pas de pain. Cela te fait plaisir d’également te rendre compte qu’en dehors de la Cosa Nostra et du White Thestral, les filles continuent tout de même à te tomber dans les bras. Même si Abigail joue aux prudes, tu vois bien qu’elle est intéressée alors que tu n’as pas spécialement fait d’efforts pour. Comme quoi, il est facile de draguer lorsqu’on a tous les atouts pour. Lorsque la conversation dérive sur ce qu’Abigail a pu subir lors de son enfance et de son adolescence à Poudlard, tu es plutôt en désaccord avec elle. Qui fait ça ? Qui laisse les choses couler ? Certainement pas toi. Bien sûr que tu préfères en venir aux mains lorsqu’il le faut et que la situation le nécessite ; jamais tu ne laisserais une telle horreur impunie. Mais chacun réagit différemment et selon sa personnalité et son vécu ; il est bien probable que le fait que tu sois né avec des gants de boxe entre les mains facilite les choses. C’est l’un de tes modes d’expression et de communication : avec Anja, quand cela ne va pas et même quand cela va d’ailleurs, vous vous retrouvez sur le Ring et faites taire vos émotions pour ne ressentir que les poings sur vos corps endoloris sans pour autant que cela ne blesse vos cœurs. La plupart du temps du moins. Vous êtes ainsi. Tu regardes Abigail et tu ne réponds rien lorsqu’elle dit que tu préfères sans doute rentrer dans le lard. Elle a raison mais tu ne veux pas lui faire peur. Tu n’es pas le genre de gars qui frappent sans raison ou qui va cogner sa petite amie pour satisfaire un besoin de bestialité ou faire taire un complexe d’infériorité. Quand tu te bas, c’est pour une cause, pour une raison : défendre ta sœur, défendre ta vie, défendre l’honneur d’un proche. Bref, toujours pour de bonnes raisons on a dit, peu importe si ces raisons ne conviennent pas aux autres. Tu te contentes d’hausser les épaules à ses propos pour ne pas surenchérir sur ce sujet qui pourrait mal tourner.

Tu préfères davantage t’enquérir de comprendre ses propres contradictions. Cette volonté farouche de paraître être une femme distante et pourtant chacun de ses mots montrent à quel point elle a envie que vous vous rapprochiez. C’est ton interprétation, peut-être n’est-elle pas la bonne mais tu lui fais remarquer que tu ne la comprends pas toujours et que tu as l’impression qu’elle te prend pour un demeuré. Tu l’avoues, tu n’aimes pas ça donc tu préfères de loin en avoir le cœur net et clôturer cet échange si jamais c’est vraiment le cas. Il faut aussi qu’elle assume, qu’elle assume ce qu’elle dit au lieu de toujours s’en sortir par une courbette ridicule. Elle parle de marier détente et amusement par le sexe ; bon c’est déjà un bon début, elle commence à parler plus librement. Elle évoque ensuite le moto-cross. Tu es médusé, cette fille est incroyable. Peut-elle encore être surprise ? Tu lui réponds de manière totalement assumée : « En ce qui concerne les surprises, je pense que tu en sais déjà bien trop sur moi pour une fille que je connais depuis 3 min et demi. » Il est vrai que tu t’es déjà beaucoup livré et que tu en as dit peut-être un peu trop mais ce n’est pas grave, cela change un peu. Et tu as aussi envie de changer d’air donc tu proposes de poursuivre la discussion à l’extérieur et Abigail te suit sans poser de question, t’apportant encore la preuve que malgré tout, tu demeures une proie désirable pour la gente féminine.

Ce que tu ne sais pas, c’est qu’une fois dehors, tu continues néanmoins sans t’en rendre compte à en dire un peu plus sur toi ; tu parles de ta famille, du tatouage. Et ce sont des discussions qui sont pourtant simples mais qui veulent dire beaucoup à tes yeux. Ce tatouage bien entendu qu’il est tout pour toi, il représente ce que tu es, qui tu es. Certains pourraient y voir là la simple marque d’une organisation mafieuse qui enrôle des gamins dans un destin qui pourrait s’avérer funeste mais tu n’y vois que la loyauté, la dévotion et la solidarité qui unit ses membres. C’est un symbole fort. En parlant de symbole, Abigail te montre le sien et tu découvres un pendentif soigneusement dissimulé que tu n’avais pas remarqué jusque-là. Pendant qu’Abi explique en quoi ce pendentif lui est cher, tu t’approches d’elle pour mieux le regarder et tu découvres une médaille vraiment jolie avec un dragon frappé dessus. « De ce que je vois, les dragons sont vraiment une histoire de famille chez vous ! Nous on se transmet des motos, vous des dragons. Deux moyens de locomotion bien différents. » dis-tu en blaguant tandis qu’elle camoufle à nouveau le pendentif sous ses vêtements comme si elle avait peur qu’on le lui vole. Elle doit beaucoup y tenir pour réagir ainsi et tu te dis que tu dois être privilégié de l’avoir vu, ne serait-ce que quelques instants.

Toutefois, en continuant d’échanger, tu te rends compte que sa famille ne dispose peut-être pas des mêmes valeurs que la tienne. C’est dommage. Elle te dit également qu’elle est tombée dans le cliché du rital de base. « Je ne conçois pas qu’on puisse penser ainsi. Dans ma famille, on réfléchit davantage en termes de compétences que de genre ou même d’âge. C’est aussi ce que je fais dans mon travail. » Il est vrai qu’au sein de la Cosa Nostra, peu importe le sexe, ce qui compte, ce sont les aptitudes de chacun. Anjelica est probablement la meilleure mécano du garage, meilleure que toi-même et pour autant, elle évolue dans ce milieu qu’on qualifie souvent de milieu d’homme. De la même manière, Rose joue aux agents doubles et permet de récolter de nombreuses informations pour la famille ; pourtant lorsqu’on la voit, sa beauté peut laisser penser qu’elle n’a pas un sou de bon sens mais bien mal en est celui qui réfléchit ainsi. C’est aussi pour cela que la Cosa Nostra est forte ; elle exploite les dons et les points forts de chacun. « Comme quoi les apparences peuvent être trompeuses. Ce n’est pas parce que je suis italien et que je suis volage que je ne respecte pas mes partenaires. » dis-tu pour conclure sur le sujet. La discussion s’éloigne du sujet de base et vous en revenez à parler des dessins. Tu n’en parles pas souvent d’habitude. C’est ton petit secret, ce que tu fais quand tu as besoin de prendre du recul, de te vider la tête et de ne rien penser. Elle dit être curieuse de voir tes dessins et tu réponds : « Ce n’est pas quelque chose que j’ai l’habitude de montrer tu sais. En tout cas, c’est étrange, je ne trouverai moi aucun intérêt à dessiner des créatures ou des animaux. Comme quoi, les sensibilités des uns et des autres... »

La discussion suit son cours et divers autres sujets sont ainsi évoqués : famille, carrière, personnalité. Tout y passe mais tu te dis qu’il serait peut-être temps de passer à l’attaque. Bien sûr que cette discussion t’a intéressé mais tu aimerais maintenant savoir ce qu’elle a dans le ventre, ce dont elle est vraiment capable alors tu lui dis ce qu’elle veut probablement entendre sur elle. Mais le pire dans tout cela ? Ce que tu dis, tu le penses réellement, c’est réellement ce que tu penses d’elle et ce que tu as perçu d’elle. Bon tu n’ajoutes pas qu’elle a l’air d’être une sacrée trouillarde, tu préfères garder ça pour toi. Tu te rapproches d’elle et l’attires tout contre toi, cherchant ce contact que tu désires depuis quelques minutes. Ses joues deviennent roses et un sourire narquois se glisse sur ton visage avant de lui voler ce baiser. En soi, ce baiser était aussi là pour lui détourner l’attention pendant que tu t’évertues à attraper ce fameux bout de papier ; bien sûr que son tatouage t’intrigue, bien sûr que tu as envie d’en apprendre davantage sur cette technique. Le baiser rompu, elle te traite de voleur et tu la regardes user d’une manigance pas tellement subtile pour récupérer ce papier, s’approchant de toi comme pour poser à nouveau ses lèvres sur les tiennes ; tu la laisses fouiller dans ta poche alors que tu aurais pu la repousser mille fois. En soi peu importe, tu auras d’autres occasions de le reprendre. Tu veux lui répondre mais tu n’en as pas l’occasion parce qu’elle s’approche de toi et t’embrasses à nouveau. Tu acceptes ce contact sans hésiter et tu places sans réfléchir tes mains sur ses hanches. Ce baiser est différent du premier, plus intense, moins dans la retenue. Elle a dû être surprise que tu brises la barrière aussi rapidement mais tu n’avais plus envie de jouer si longtemps au jeu du chat et de la souris. Vous n’avez plus 15 ans. À un moment, il faut de l’action. Ce baiser se termine alors que tu en voudrais encore. Tu réponds à sa phrase de toute à l’heure : « Une dame ? Tu t’es cru au Moyen-Âge ou quoi ? » dis-tu d’un ton railleur. Ton regard suit ensuite le bout de papier qu’elle tenait encore fermement dans sa main trouver un chemin entre sa poitrine. Tu éclates de rire et tu demandes : « Parce que tu crois sincèrement que cette simple barrière va m’arrêter ? » Tu plonges soudainement ton regard dans le sien ; la flamme s’est attisée dans tes yeux et tu ignores si elle le verra. « Que dirais-tu de continuer cette conversation ailleurs ? » lui murmures-tu à l’oreille. Tu continues sans détour pour que les choses soient bien claires : « Une fois que je t’aurais ôté tes vêtements, je pourrais alors récupérer comme par magie ce petit bout de papier. » Une fois le consentement de la jeune femme obtenu, tu laisses quelques pièces sur la table pour les boissons et attrapes sa main. Sans réfléchir, tu transplanes avec elle dans l’un de ses hôtels où tu es déjà allé quelques fois avec d’autres conquêtes. Pas très glamour mais il est hors de questions de ramener qui que ce soit dans ton appartement. C’est ton jardin secret, jamais aucune femme ne le foulera en dehors des femmes de la famille. Une fois les clés récupérées auprès du réceptionniste, tu tires Abigail vers toi et vous pénétrez en silence dans la chambre qu’on vous a attribué. Une fois la porte refermée, tu te retournes vers Abigail et la plaques doucement contre un des murs. Vos corps se touchent et tu places tes mains de chaque côté de sa tête. Tu la regardes avec une lueur dans le regard qui laisse entrevoir toutes tes intentions. Tes lèvres s’accrochent furieusement aux siennes et tes mains s’activent à découvrir son corps tandis qu’une douce chaleur s’insinue doucement en toi, attisant tout ton désir. Tes doigts s’attardent sur sa veste que tu lui retires, puis sur son tee-shirt blanc que tu passes par-dessus sa tête. Un sourire s’installe sur ton visage tandis que le bout de papier s’échappe et tombe au sol mais pour l’instant, il est loin d’être ta préoccupation principale. Tu retires à ton tour ta veste en jean et ton tee-shirt noir, laissant apparaître ton buste si merveilleusement bien taillé. « Alors ? La marchandise te plait ? » demandes-tu après que tes lèvres aient quitté les siennes.

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Aussi loin que j'me souvienne

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Mar 11 Mai - 19:14
Aurai-je touché un point sensible alors que je le croyais voir médusé tandis que j'évoquais les moto-cross ? Ben quoi ? C'était une passion qui aurait bien pu lui coller à la peau, qu'est-ce que j'avais dit encore comme connerie ? Je levais les yeux au plafond pour me remémorer mes paroles et essayer de comprendre ce qui aurait pu engendrer à ce point une réaction chez lui, mais je n'y arrivais pas. Décidément, je n'étais vraiment pas douée pour les relations humaines, à moi la peur. Quoiqu'il en soit, lorsqu'il rétorqua qu'il en avait déjà trop dit sur lui, je pris la chose de manière très sérieuse. Une autre personne aurait pu en rire, et peut-être que si je l'avais mieux connu, j'aurais ri, mais là, je considérais que c'était quelque chose de trop important. Alors d'un air subitement sérieux, je passais mon index et mon pouce sur mes lèvres en les glissant de part et d'autre de mes commissures, paupières fermées, avant de revenir sur lui.

- Promis j'emporterais tout ce que je sais dans la tombe.

J'évitais une plaisanterie sur lesdites trois minutes et demie. Il n'avait pas une excellente notion du temps, à moins que ce soit moi (ou l'alcool peut-être) ? Me concernant, ça avait été trois minutes et demie très plaisantes, et je ne regrettais pas d'avoir pu converser avec lui, et quand bien même nous étions en train de chercher à nous détendre (et plus si affinité), je n'étais pas assez bourrée pour oublier ce qu'il m'avait confié, mais aussi pour aller les dire à n'importe qui. J'étais une personne de paroles, et dans un sens, il avait eu de la chance d'être tombé sur moi. Quelqu'un d'autre aurait peut-être été moins attentionné, et c'était peut-être ce qui allait m'arriver. Car si moi je savais comment j'étais et me comportais, je ne pouvais pas jurer que ce soit la même chose le concernant. Mais qu'importe, j'avais pris des risques, je devais les assumer maintenant, ce n'était pas non plus la première fois que ça m'arrivait, et enfin, je n'avais pas réellement de secrets. J'étais un livre ouvert, j'étais une sorcière simple et bien peu digne d'intérêt. Vouloir me soumettre à la légilimencie reviendrait à voir un millier d'images et de pensées pour les dragons et ma famille, mais sans plus. Je ne connaissais rien des messes basses de l'Ordre du phénix, et je ne connaissais pas encore les résultats d'examen des élèves, c'était dire à quel point il n'y avait rien à savoir sur moi. Peut-être était-ce pour ça que je pouvais être si intrigante : parce que justement il n'y avait rien à apprendre.
Même le médaillon de ma famille n'était pas à ce point un secret, c'était davantage un héritage. Notre allégeance n'était pas non plus un mystère ni nos devoirs dans les Hébrides. Le collier était d'ailleurs un bijou de famille qui n'avait pas énormément de valeur financière. Certes, il était unique et ancien, mais il n'était pas non plus en or massif, d'une utilité quelconque ou magique. J'y tenais simplement comme à la prunelle de mes yeux, car la famille était importante pour moi. À la plaisanterie de Luca, je pouffais avant de lui répondre sur un ton léger, glissant une main dans mes cheveux, comme un tic nerveux.

- Putain, et quel moyen de locomotion ! Je le regardais en baissant le menton. Pardon, je parle bien sûr les dragons, les motos je ne connais vraiment pas assez pour pouvoir le dire. Je remuais les épaules. Je crois que j'ai toujours rêvé de pouvoir en chevaucher un, mais c'est de l'ordre du rarissime. M'enfin, les approcher et les observer c'est déjà monstrueux. Puis j'écarquillais les yeux avant d'accentuer une conclusion sur le ton de la plaisanterie. En ressortir vivant à chaque fois c'est assez dingue aussi, quand on y songe.

De fil en aiguille, la conversation dériva sur la famille et le comportement de l'italien. Je n'avais pas voulu être désobligeante et je me mordais la lèvre un peu nerveusement, de crainte qu'il prenne mal mes paroles. Après tout, j'étais moi-même un cliché en étant petite et timide, mais je cassais également mon image en m'approchant des dragons tous les jours et en étant fascinée par toutes les bêtes existantes dans le monde. Le regard porté sur mon verre, je répondais, un peu pensive.

- Maintenant, ma famille pense plus comme la tienne et chacun est libre de faire ce qu'il veut et quand il le veut. Même ceux qui n'ont pas suivi la voie de la dragonologie ou de la magizoologie sont encouragés, on veut juste que tout le monde soit heureux. Nous sommes une famille simple. Ce que je disais concerne plutôt mes ancêtres, de ce qu'on m'en a rapporté. Tu sais, mon arrière-grand-mère qui me regardait en levant l'index (je levais l'index) et qui me disait (j'imitais une vieille voix enrouée) "Tu sais moi de mon temps ce n'était pas comme ça !". Puis je pouffais un peu. Sacrée arrière-grand-mère. Je m'étais toujours très bien entendue avec les membres de ma famille, et surtout avec mes anciens. Leurs histoires m'avaient toujours fascinée, celles d'un autre temps et d'un autre âge. Reposant mon regard sur mon interlocuteur, je lui souriais de manière entendue. Je suis certaine que tu es quelqu'un de très respectueux, je ne voulais pas avoir l'air de penser le contraire, excuse-moi. Je voulais justement dire que je suis surprise en bien.

Inutile de m'enfoncer davantage, car quoi que je dise, c'était très souvent maladroit, alors je préférais m'arrêter là, et apparemment Luca pensait de même (ouf) puisque nous en venions à davantage parler de dessin. Bien sûr, ma demande était très privée, et j'en avais conscience, néanmoins, je n'avais pas eu envie de paraître indiscrète, et c'était pour ça que j'acceptais totalement le refus de mon interlocuteur. Dans le fond, je ne pouvais que le comprendre puisque j'avais la même réaction quand il s'agissait de mon talent musical. Au grand damne de ma famille, je gardais mon don pour moi, surtout celui du chant. Peut-être aurais-je même pu faire carrière là-dedans, mais je n'avais jamais eu l'envie de me lancer, puisque je n'étais pas quelqu'un qui appréciait se mettre en avant. Rester couchée dans la boue et cachée sous un buisson me convenait mieux, étrangement. Malgré le fait que j'ai étudié au conservatoire et que la guitare et le piano n'avaient plus aucun secret pour moi, ce n'était pas pour autant que j'avais apprécié mes auditions et mes examens avec un public. Je pouvais même certifier que j'avais détesté ça. Enfin, j'étais présentement certaine que, au stade de notre relation actuelle, je n'allais pas chanter la sérénade à Luca.

- Bien sûr, c'est normal. Pardon. Je souriais. Disons que, dessiner les créatures est une autre façon pour moi de travailler. C'est ça que je trouve fascinant.

Je m'abstenais de lui demander ce que ça lui apportait de dessiner quelqu'un, de faire des portraits. Je tenais absolument à éviter un nouveau malentendu entre nous, et j'avais bien conscience que je marchais sur ses plates-bandes. Pourtant, la réponse m'aurait sûrement fascinée. J'avais beaucoup de mal à me sentir à l'aise avec les gens et j'étais si observatrice que je voyais rapidement les caractéristiques physiques de mes interlocuteurs. Je ne comprenais donc pas l'intérêt, pour moi, de les dessiner, surtout si c'était pour affronter leurs regards dessinés ensuite. L'horreur quoi. Mais oui, une chose était indéniable, les sensibilités changeaient à chaque individu, et c'était une chose très heureuse. C'était ce qui rendait les relations aussi fascinantes que compliquées, mais ça avait quelque chose de flatteur de se sentir unique. Je me ferais grandement chier avec des gens qui me ressembleraient trop (les pauvres).
C'était aussi parce qu'il était très différent de moi que je suivais le sorcier alors qu'il m'indiquait vouloir aller dehors pour s'enfumer les poumons. Je n'étais pas en mal de relation ni en train de mendier quelque chose. Je passais simplement du bon temps avec lui, et je voulais que cela continue.  

Le jeu du chat et de la souris s'intensifia dehors et je le laissais me voler un baiser, non sans renchérir derrière, car à un moment donné, nous sommes des adultes, et y aller franchement, c'était quand même la meilleure solution. Tourner autour du pot pendant cent ans ça me fatiguait énormément, moi qui n'étais pas à l'aise dans les relations sociales, j'appréciais quand on était franc avec moi, et Luca l'était. Alors je le serai aussi en retour. Ce contact, être contre lui, me rassérénait un peu, dans un sens, et j'appréciais sa carrure, moi qui étais si petite et menue, j'avouais apprécier me retrouver dans des bras qui pouvaient m'envelopper et me donner l'illusion d'être en sécurité. Deuxième baiser rompu, je plongeais mon regard sombre dans le sien, yeux pétillants de malice avant d'éclater de rire à sa remarque. Secouant légèrement la tête, taquine, je répondais avec un air enjôleur.  

- Nooon, je suis même certaine que ça ne va pas t'arrêter! Mais justement, c'est ce qui est intéressant. Et tandis qu'il murmurait à mon oreille, je penchais sensiblement le visage dans sa direction pour que nos joues se frôlent en un léger contact électrique. Allons ailleurs, et nous verrons.

Bien sûr que ce bout de papier j'allais le lui donner, je lui avais dit que je lui donnerais. Il pourrait même l'emporter en me laissant là, ça ne me ferait pas grand-chose en dehors de me décevoir sensiblement (mais je savais aussi m'amuser seule). Cependant, je le laissais m'emporter ailleurs après avoir payé (dette dont je m'étais acquittée également). Sans être surprise de me retrouver dans un hôtel, je regardais autour de moi par réflexe, prenant déjà des points de repère, le temps qu'il nous prenne une chambre. Je ne m'attendais pas à ce qu'il m'emmène chez lui et c'était tant mieux. Je voulais qu'il garde son jardin secret pour lui, tout comme moi je voulais garder le mien, tout le moins, dans ces conditions. Pour boire un Whisky pur feu des Hébrides en tout bien tout honneur, c'était autre chose.
Entraînée dans la chambre, une fois la porte fermée, je reculais jusqu'à ce que mon dos bute contre un mur et que je me retrouve ainsi plaquée, les mains de l'italien de part et d'autre de mon visage. Sans chercher à fuir, sans crainte, je le laisse prendre mes lèvres d'assaut en lui répondant avec le même désir que j'avais lu dans ses yeux. Je le laissais entreprendre de faire tomber nos vêtements les uns après les autres, et alors que le billet tombait à mes pieds, je laissais échapper un petit rire, surtout en voyant son sourire. Mais pour l'heure, j'étais davantage préoccupée par ce que je pouvais contempler, et, faisant théâtralement couler mon regard sur son torse nu, je penchais la tête, comme si j'hésitais, avant de venir plaquer mon corps contre le sien, mes mains sur ses hanches. Lèvres proches des siennes, je lui murmurais avec sincérité.

- Si je ne suis pas une bête de foire, t'es pas une marchandise.



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Luca Zabini
Luca Zabini
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Lumos
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Mon allégeance : va à la Cosa Nostra, à ma famille
Sam 15 Mai - 19:42

Vivre, c'est profiter de la vie chaque jour sans se poser la moindre question.

Luca & Abigail - Fin avril 2020
L’air frais te vivifie et tu sens les effluves des quelques verres d’alcool avalés en vitesse s’effacer doucement. Il faut aussi l’avouer, tu es loin d’être éméché, il t’en faut bien plus que cela pour avoir la tête qui te tourne. Ce n’est pas quelques verres de Whiskey-pur-Feu qui vont t’étourdir. Mais quoi qu’il en soit, cela te fait du bien de sortir de l’atmosphère un peu lourde et pesante du bar ; la musique trop forte et les bavardages des autres t’épuisent. À vrai dire, il n’y a qu’un seul bar dans lequel tu peux supporter cette ambiance incroyable qui peut y régner et c’est le tien. Le White Thestral c’est l’un des endroits que tu chéris le plus au monde et les autres te semblent bien fades en comparaison. La seule différence, c’est que dans les autres bars, tu peux y rencontrer d’autres personnes : une clientèle différente, cela va sans dire. Abigail est là pour en attester en réalité. Tu ne pensais pas aborder autant de sujets différents lorsque tu t’es installé à ses côtés : tu imaginais aisément la conversation se restreindre à votre intérêt commun c’est-à-dire les tatouages. Tu n’aurais jamais pensé que vous puissiez finalement dériver vers des sujets disons plus personnels : la famille, les passions, vos origines. Actuellement, c’est la comparaison dragon/moto qui vous intéresse. Tu ricanes doucement à sa réponse et tu enchaînes : « Je pense avoir davantage de chance de dompter ma moto que toi de dompter ta bête. » Qui oserait grimper sur un dragon en réalité ? Tu ne préfères même pas y penser, t’aimes vivre dangereusement mais tu apprécies ta vie et tu préfères autant la garder. « Effectivement, ce sont des créatures imprévisibles. » dis-tu, comme pour conclure sur le sujet. Tu n’y connais rien de toute manière et tu ne pourras jamais rivaliser avec les tonnes de connaissances qu’elle doit posséder sur le sujet.

Vous passez à une conversation plus légère quoi qu’un brin sexiste. Abigail a des a priori tenaces et récurrents concernant les italiens et tu hausses les épaules, légèrement amusé. Tu ne peux même pas lui en vouloir parce que tu es persuadé que si ces stéréotypes ne te concernent pas, ils concernent encore 80% des italiens, si ce n’est davantage. Il faut dire que toi, tu ne réfléchis pas comme ça parce que tu as rapidement compris étant enfant que les compétences n’étaient pas dépendantes du genre, de l’âge ou même des croyances. Abigail semble surprise au prime abord mais finit par t’avouer que sa propre famille pense la même chose. « Oui, je suis d’accord. Les miens ne devaient pas être géniaux non plus tu sais. La pureté du sang tout ça. » Tu soupires lourdement comme pour signifier que cela t’est totalement égal. Anje et toi allaient sûrement déroger à tout cela et c’est taaaaaaaaant mieux. Jaeden était loin d’être pur -à tout point de vue oups- et te concernant, il était déjà hors de question que tu te maries mais si un jour tu devais t’enchaîner à la dernière forme d’esclavage légal, c’est certain que tu ne choisiras pas en fonction de cela. Tu es ouvert sur tous ces sujets-là et la Cosa Nostra a son influence à la fois dans le monde sorcier et dans le monde moldu, donc cela aide à garder l’esprit plus tolérant. « Les vieux aussi… A mon époque, à ton âge on était marié avec 5 enfants à charge. » dis-tu en imitant à ton tour grand-mère Zabini. Tu ricanes à nouveau lorsqu’elle s’excuse d’avoir pensé que tu étais irrespectueux. « Je suppose que cela dépend de la définition du respect de chacun. » Un sourire grognard s’installe sur tes lèvres. Après tout, même si tu n’as jamais manqué de respect envers les femmes en les blessant physiquement ou autre, tu n’en restes pas moins un gros salop qui couche avec tout ce qui bouge et qui jette les nanas comme de vulgaires chaussettes. Et t’assumes. À aucun moment tu n’essaies de faire croire le contraire et tu n’essaies pas non plus de faire croire que tu cherches autre chose : il faut être clair. Bien sûr, Abigail ne te connait pas donc ce n’est pas forcément évident pour elle, mais au White Thestral, toutes les femmes savent que tu es sans attache mais cela ne les empêche pas d’essayer en tentant d’obtenir tes faveurs. Il n’est pas encore venu le moment où Luca Zabini se casera.

Lorsqu’Abigail explique qu’elle trouve cela fascinant de dessiner des créatures, tu lèves les yeux au ciel. Tu es loin d’être d’accord. Quoi de plus fascinant que de coucher les courbes d’une femme sur papier ? D’ailleurs en parlant de courbe… Celles de la jeune femme t’intéresse soudainement et tu débutes le rapprochement physique en lui volant un baiser. Les signaux que t’envoient Abigail te montrent qu’elle est prête à tout cela lorsqu’elle s’agrippe à toi en te volant à nouveau un baiser. Il était temps d’arrêter de jouer aux jeunes adolescents effarouchés, autant aller directement dans le vif du sujet. Le désir s’insinue en toi tandis que le contact avec elle éveille tes sens. « Entendu. » Lorsqu’elle accepte d’aller ailleurs, tu attrapes sa main et sans y penser, vous vous retrouvez dans une chambre d’hôtel. Vous n’en êtes plus aux œillades de vigueur au début d’une relation sexuelle, vos lèvres se cherchent et se trouvent sans aucune difficulté tandis que tu t’appliques à lui retirer quelques couches de vêtements. Tu enlèves toi aussi ce qui camoufle ton buste et le contraste est saisissant entre sa peau blanche et laiteuse et la tienne beaucoup plus hâlée, plus habituée aux rayons du soleil qui ravivent les joies du métissage. Abigail prend les choses en main et se plaque contre toi en te murmurant quelques mots qui te font sourire et tu chuchotes : « Cela ne me gêne en rien de l’être. » C’est la stricte vérité, tu t’en fous totalement. Les mots deviennent inutiles alors qu’elle s’accapare tes lèvres et ses mains débutent une tâche ardue : t’ôter ton pantalon. Tu souris bêtement contre ses lèvres sans arrêter le baiser ; elle n’est pas farouche et cela te plait. Elle te pousse jusqu’au lit et tu la laisses faire, en proie aux flammes qui s’éveillent de plus en plus dans ton bas ventre. Vous vous séparez quelques instants le temps d’enlever les vêtements qui empêchent encore vos corps de complètement rentrer en communion. Tu t’assois sur le bord du lit et lui attrapes la main pour l’attirer tout contre toi. Elle s’installe à califourchon sur toi et tes doigts parcourent son corps que tu vois marqué par la vie. Une brûlure par-ci, une griffure par-là. Les risques du métier, tu connais. Si elle prend garde, les stigmates de ton propre travail au sein de la Cosa Nostra sont également visibles sur ta peau comme cette cicatrice sur le bas ventre, stigmate de la séquestration subie avec Anjelica et d’un joli coup de couteau dans l’estomac. Tu prends plaisir à découvrir chaque parcelle de son corps sans faire aucune remarque sur ces blessures : elles font parties d’elle. Tu repenses rapidement à la description que tu as faite de la jeune femme tout à l’heure au bar et tu es ravi alors que vos corps se lient de te rendre compte que tu n’es pas loin de la réalité. Tu t’abandonnes dans ce moment hors du temps, loin des soucis et des responsabilités qui t’incombent.
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