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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
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You know me, you know why || ft. Angus [Willingus ♥ ] :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
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Lun 1 Mar - 13:02
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You know me, you konw why



21 juillet 2020

L’été était déjà bien avancé et, comme d’habitude ces derniers temps, il ne me fallait pas grand-chose pour avoir l’impression d’être en sacré décalage avec la vie, avec le quotidien. C’était sans doute parce que la rupture avec Meredith était désormais effective, mais je ne me sentais pas du tout aussi abattu que lorsque ma femme m’avait quitté. Ce n’était d’ailleurs pas vraiment comparable, en réalité, et je le savais bien. Je le sentais bien.
C’était une affaire de sentiments, tout ça. On ne contrôlait pas ce genre de choses, c’était clair, mais il y avait une constante à garder toujours en tête et pour ça, qui de mieux que mon psychomage pouvait me ramener les pieds sur terre ?
C’était un peu grâce à lui, à son travail acharné sur mon cas, que j’avais ouvert les yeux. Je savais ce que je voulais, désormais. Et si les histoires de coucheries avaient toujours une belle place dans ma vie, je ne m’emmerderais plus à mélanger le sexe et les sentiments ou ce que je pensais être des sentiments. Amour et affection, cela n’avait rien à voir, après tout… Mais il m’avait fallu un peu de temps pour reprendre conscience de ça.

Une fois n’était pas coutume, la séance d’aujourd’hui devait avoir lieu chez moi. Angus avait parlé d’une façon un peu différente de bosser, il avait besoin de pouvoir s’imprégner de mon lieu de vie pour ça. Il était déjà venu, pourtant, mais à l’époque, ma femme vivait encore avec moi.
Cette fois, c’était donc différent.
Et je me sentais comme avant un rencard, alors que c’était une séance de psychothérapie magique. La preuve que c’était un peu le foutoir dans ma tête. Pour remettre de l’ordre dans tout cela, la présence d’un professionnel était importante.

Je n’avais pas prévu grand-chose pour recevoir mon psy. Généralement, il s’installait dans un fauteuil et moi dans un autre, que ce soit ici où dans son cabinet. Alors, le salon serait la pièce parfaite.
Je n’avais pas non plus changé quoi que ce soit au décor, puisqu’il voulait s’imprégner de mon lieu de vie, autant jouer le jeu, n’est-ce pas ?
Les elfes allaient préparer le thé. Septima passait la journée avec des amis, sur le Chemin de Traverse, pour une séance de shopping. Je voyais cela comme une bonne chose, que ma fille sorte avec ses amis durant les vacances, et qu’elle dépense des gallions pour renouveler ce qu’il fallait. Elle n’avait jamais été bien exigeante, mais j’aimais l’idée qu’elle ne manquait de rien et qu’elle ne manquerait jamais de rien.

Bref.
Quand l’homme se manifesta à la porte d’entrée, j’allais ouvrir moi-même la porte, vêtu plutôt sobrement, d’une chemise et d’un veston plutôt que de mon costume trois-pièces habituel. Après tout, c’était l’été et c’était un jour de congé, pour moi. Pas besoin d’en faire des tonnes. Mais il était clair que je gardais un air peut-être un peu coincé pour qui ne me connaissait pas beaucoup.

« Bonjour, Angus. » Je lui serrais la main, un geste que nous avions toujours l’un envers l’autre, depuis quinze ans à présent que nous nous connaissions. « J’ai fait préparer du thé. Nous pouvons nous installer au salon, je pense que c’est l’endroit idéal. » Je m’écartais pour le laisser entrer, mais j’ajoutais tout de même : « Mais on peut aussi imaginer marcher un peu. Le jardin est plutôt agréable en cette saison… »

Banalités. Il savait bien que je commençais toujours de ce genre de façon, que j’avais besoin de ce genre de rituel pour me sentir à l’aise par la suite. Même chez moi. Mais Angus était habitué, depuis le temps.
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Anonymous
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Sam 6 Mar - 18:29
You know me, you know why || ft. Angus [Willingus ♥ ] Wsyu

You know me, you know why



Qui aurait pensé, après les séances quelque peu catastrophiques que j’avais eu avec William au début où nous nous sommes connus, ces fameuses séances que lui avait imposé le Ministère, qui aurait pensé qu’il finirait par me choisir réellement en tant que psychomage ? Certainement pas moi et pourtant….Pourtant cela fait à présent quinze ans que je le connais. Bon il n’a pas été en thérapie pendant toutes ces années, mais cela lui arrivait parfois de revenir me voir à mon cabinet pour une envie de parler, un besoin de se confier à quelqu’un qui ne porterait aucun jugement sur ses actions, quelle qu’elles puissent être. Je devais avouer que j’avais été surpris la première fois qu’il était venu de lui-même à mon cabinet. J’avais d’ailleurs cru à une plaisanterie de sa part et je m’en étais excusé, mais il fallait me comprendre, il avait démontré avec tellement de verve qu’il n’avait jamais désiré les trois premières séances que nous avions eu ensemble, que je n’aurais jamais imaginé le revoir à ma porte.

Dès lors il y eut comme une sorte...d’amitié entre nous. Oui, je crois que l’on peut dire cela. Je me sens un peu plus proche de lui que de mes patients en règle générale. De plus, mes séances avec lui m’ont également beaucoup aidé, sans qu’il ne le sache d’ailleurs. Avec mon compagnon, ce n’est plus vraiment l’entente cordiale. Il...et bien déjà je ne sais pas vraiment où il est passé. Il est parti il y a de cela deux mois en me disant qu’il voulait mettre de la distance entre nous, qu’il voulait changer de pays, que je ne devais pas tenter de le retrouver. Je lui ai demandé ce que j’avais pu faire pour qu’il souhaite partir comme ça. Il me répondit que je n’avais rien fait, mais qu’il ne m’aimait plus comme avant, qu’il n’avait plus la même patience qu’avant avec moi. Je n’ai jamais forcé qui que ce soit, je n’ai jamais imposé ma présence à qui que ce soit, je l’ai donc laissé partir et je me suis de nouveau plongé à corps perdu dans le travail, cela m’aide à garder la tête hors de l’eau.

Il y a quelques temps de cela, j’ai tenté une nouvelle forme de thérapie avec William et pour ce faire, j’ai besoin d’aller chez lui, voir où il vit, quel est son environnement. Je me souviens qu’il fut assez surpris la première fois que je le lui demandais, mais il ne le refusa pas. Ce fut ainsi que nous commencions une alternance de lieu de rendez-vous pour nos séances. Parfois c’était à mon cabinet et parfois, c’était chez lui. Aujourd’hui, c’était chez lui. Nous étions en été, mais je ne pouvais pas me permettre de venir en vêtements trop « décontractés », j’avais donc mis une chemisette à manches courtes et un pantalon de toile blanc avec des mocassins. Une fois arrivé, je ne perdis pas de temps avant d’appuyer sur le bouton de la sonnette. Le temps que l’on vienne m’ouvrir, je promenais mon regard sur le paysage devant moi. La porte s’ouvrit et je me tournais vers mon interlocuteur, affichant un sourire sincère.

- Bonjour, William.

Je lui serrais la main à mon tour et entrais dans sa demeure.

- Et bien pourquoi ne pas faire les deux ? Pour commencer je prendrai volontiers un peu de thé que nous pourrions boire dans le salon et ensuite nous pourrions continuer notre entretien dehors en nous promenant, qu’en pensez-vous ?

J’aimais vraiment venir chez lui, sa maison était décorée avec goût et que dire du jardin ? Il était vraiment magnifique. Je n’avais, pour ma part, qu’une modeste demeure sur le Chemin de Traverse, mais si je m’étais écouté, j’aurais carrément vécu dans mon cabinet si cela avait été possible. Depuis que mon compagnon est parti, je passe la plupart de mes nuits dans une auberge de Pré-au-Lard. Je n’arrive plus à retourner chez moi, je ne le peux tout simplement pas, c’est trop difficile.

J’avançais donc avec William jusqu’à son salon dans lequel nous nous étions installés. Je m’asseyais dans un des deux fauteuils sur invitation de sa part à le faire et je plongeais mon regard dans le sien.

- Alors, dites-moi….question somme toute assez banale, mais néanmoins nécessaire. Comment allez-vous en ce moment ?
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Anonymous
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Dim 7 Mar - 20:07
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21 juillet 2020


La relation avec mon psychomage avait débuté de façon que l’on pouvait qualifier de chaotique. Trois séances imposées par le ministère de la Magie, voici déjà une quinzaine d’années, et je m’y étais rendu avec des pieds de plomb, vu qu’il s’agissait d’une obligation. Et il me semblait qu’après la première séance, nous aurions pu en arriver à nous arracher mutuellement les cheveux, vu comme le premier contact s’était passé. Mais les trois séances s’étaient passées, le temps faisant son office et nous avions discuté de livres, d’abord. Puis de tout et de rien. Nous avions eu l’occasion d’apprendre à nous connaître, un peu à la fois.

Nous étions très différents sur de nombreux points, bien sûr et il n’était pas rare que nous ne puissions pas nous mettre d’accord sur certains sujets, mais si nous parvenions à mettre de côté ces différences, principalement idéologiques, et si je mettais de côté cette façon de chercher à l’énerver comme je l’avais fait lors de notre première séance, nous pouvions même nous entendre plutôt bien. Tout dépendait des circonstances, à vrai dire, mais nous avions des hauts et des bas. Comme tout le monde, au fond.
Avec tout cela, donc, cela faisait quinze ans maintenant que nous nous connaissions. Angus avait réussi le tour de force de me supporter tout ce temps et d’éveiller chez moi une curiosité qui me poussait parfois à accepter qu’il essaie différentes techniques de psychomagie sur moi. Quinze ans plus tôt, je lui aurais claqué la porte de mon manoir à la figure, mais à présent, la relation qui existait entre lui et moi était différente. Il avait réussi à me faire baisser ma garde et à me voir, parfois, tel que j’étais vraiment, alors que j’évitais soigneusement que la plupart des gens puissent percevoir certains aspects de moi-même.

Sa présence chez moi n’était plus aussi inhabituelle qu’avant, puisqu’il était déjà venu ici auparavant. Et, d’une certaine façon, nous avions créé un lien qui, s’il n’avait été mon psychomage, j’aurais sans doute pu devenir ami avec lui. A moins que nous ne le fussions ? Difficile de savoir où se trouvait la frontière entre sa profession et son amitié, en réalité.

« Parfait. » J’aimais l’idée de ne pas rester sur place, mais de commencer par un thé partagé. Nous pourrions évidemment poursuivre par une petite balade dans les jardins, ce serait sans doute très agréable, par ce temps. « Faisons cela. »

Passant donc au salon pour déguster le thé, Angus engagea la conversation en prenant de mes nouvelles, comme à l’accoutumée. Il m’arrivait parfois de lui répondre directement, parfois j’éludais sa question et il insistait alors… mais aujourd’hui, je ne voyais pas de raison de chercher à fuir la question.
« Je pense que je peux dire que… ça va. J’ai connu mieux, mais j’ai connu pire. »  

Angus savait très bien ce qui s’était passé avec ma femme. Cela faisait quinze ans que je lui parlais d’elle, de ce que je ressentais pour elle, de ce que je vivais avec elle et, puis récemment, de comment je vivais sans elle, alors que je l’aimais toujours. Il avait eu droit à toute l’histoire, dans les moindres détails, avec même les choses que je n’avais dites à personne d’autre… mais il était sous le couvert du secret professionnel, n’est-ce pas ? Sa déontologie lui interdisait de répéter tout cela à qui que ce soit…
« Et vous, Angus ? Vous avez l’air d’être d’assez bonne humeur... sans doute la perspective d’un thé savamment préparé ? »

Je lançais cela comme ça, à vrai dire. Bien sûr, les elfes de maison étaient capable de faire infuser le thé à la perfection, sans quoi ils étaient durement rabroués et punis, mais ce ne devait pas être la réelle raison de cette humeur chez mon psychomage.

« Il doit y avoir quelques cookies aux pépites de chocolat et aux éclats de noisette, si vous voulez. Ce sont les préférés de ma fille, mais elle ne verra aucun inconvénient si nous en grignotons l’un ou l’autre... »

Et puis, de toute façon, Septima n’était pas là et ces cookies, les elfes les préparaient plutôt rapidement. Septy pourrait même en avoir de tout chauds à son retour du chemin de Traverse.  Nous avions quelques heures devant nous avant son retour et je comptais bien en profiter : après tout, ce n’était pas tous les jours que je recevais mon psychomage à mon domicile.


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Sam 17 Avr - 15:45
You know me, you know why || ft. Angus [Willingus ♥ ] Wsyu

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Avoir demandé à William s’il allait bien n’était pas anodin, bien que j’eusse pu laisser penser le contraire. Je savais que la période qu’il traversait en ce moment n’était pas facile. Depuis que j’avais gagné sa confiance, il s’était ouvert à moi sur ce qu’il se passait avec sa femme, enfin son ex-femme à présent, souvent il m’en parlait pendant nos séances et lors de nos dernières séances, c’était presque devenu son sujet unique de discussion. Pourtant, je ne le lançais jamais dessus, j’attendais toujours qu’il commence de lui-même à en parler. Je savais bien que c’était un sujet quelque peu délicat pour lui en ce moment, alors je préférais commencer par des banalités, pour le laisser venir de lui-même au sujet de conversation qu’il souhaitait. Je me doutais bien que j’allais devoir parler un peu de moi aussi, cela se passait souvent ainsi. Le fait que l’on soit chez lui au lieu de mon cabinet ne changeait pas grand-chose à la donne.

Nous étions donc passé au salon pour pouvoir boire notre thé et deviser tranquillement de tout ce qui lui plaira d’aborder comme sujet. Je lui avais demandé s’il cela allait et il m’avait répondu que bien que cela pourrait aller mieux, il allait bien.  J’avais esquissé un petit sourire.

- Oui, j’imagine.

J’eus un petit rire amusé face à la fin de sa question. Ma tasse de thé fumante entre les mains, je soufflais dessus avant de lui répondre.

- On peut dire cela oui, il est vrai que la perspective d’un délicieux thé a de quoi mettre en joie, vous ne trouvez pas ?

Je pris une gorgée, laissant le liquide chaud couler le long de ma gorge, je pouvais sentir sa chaleur bienfaitrice parcourir l’intérieur de ma gorge, cela faisait toujours une sensation bizarre, mais agréable.  Je reposais doucement la tasse sur sa soucoupe avant de me réinstaller dans le fauteuil que j’occupais.

- Toutefois, c’est vrai que je suis plutôt de bonne humeur, cela fait deux mois que je n’ai plus besoin de chercher d’excuse si je veux rester plus tard à mon cabinet ou même carrément ne plus rentrer de la nuit, et cela me fait un bien immense.

J’avais déjà parlé de mon compagnon à William bien sûr, il savait les efforts que j’avais dû faire pour me conformer aux attentes de mon homme, mais il ne savait pas que j’étais célibataire depuis deux mois, il ne savait pas que j’avais été « abandonné » par celui qui disait m’aimer. Je n’ai sans doute pas un caractère facile à vivre, mais j’avais accepté tellement de choses, apporté tellement de changements dans mon style de vie pour lui plaire que j’avais vécu son départ comme une trahison et il est vrai que pendant quelques semaines j’avais pu sembler quelque peu changé, de moins meilleure humeur.

- A ce propos, je voulais m’excuser auprès de vous, si jamais j’ai pu vous sembler un peu plus…agressif qu’à l’accoutumé, je traversais une période de turbulences personnelles et j’ai eu un peu de mal à m’en remettre je l’avoue, mais cela va mieux maintenant.

J’observais le tableau accroché sur le mur en face de moi et reportais ensuite mon attention sur William. J’esquissais un petit sourire.

- Je ne voudrais pas enlever le pain de la bouche de Septima, mais si vous me dites que cela ne lui poserait pas de problème, alors je veux bien en goûter un, merci.

Je penchais un peu la tête sur le côté.

- Je trouve ce tableau fascinant. Qui représente-t-il ?

L’homme qui était sur cette peinture dégageait une aura de puissance, il semblait être le genre d’homme à qui on ne disait jamais non, sans le regretter amèrement. Je devais avouer que cette peinture m’interpellait sans que je n’en sache vraiment la raison.  Je repris une gorgée de mon thé, plongeant mon regard dans celui de William, je sais que je ne devrais pas faire cela, non pas que ce soit inconvenant ou quoi que ce soit, mais c’est simplement pour mon propre salut que je ne devrais pas le faire. J’ai remarqué depuis peu que le regard de William avait...je ne sais pas comment le définir, mais il avait une certaine influence sur moi, je me sentais vraiment étrange quand nos regards se croisaient. Pas dans un sens négatif bien sûr, mais tout de même. Je toussotais un peu pour m’éclaircir la gorge.

- J’aime également beaucoup votre jardin. J’ai eu l’occasion d’admirer quelques plantes en venant jusqu’à votre porte d’entrée. Est-ce vous qui l’entretenez ?

Ce n’était pas une question stupide, après tout, ce n’était pas parce que William avait des elfes de maison qu’il ne pouvait pas jardiner si l’envie lui prenait.
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Mer 21 Avr - 22:41
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21 juillet 2020


La présence d’un psychomage, c’était toujours assez particulier. Il fallait garder à l’esprit qu’il pouvait tout interpréter et tout analyser. Que rien n’était laissé au hasard et que, mine de rien, Worthington était bien plus observateur que de nombreuses personnes de ma connaissance.
Bien sûr, Angus savait ce que je vivais. Il avait été au courant d’à peu près tout. Je lui avais parlé de la nuit du nouvel an, passée au chevet de Mrs Carrow, du départ de ma femme le lendemain, de cet accord que je n’avais pas respecté… Il avait suivi, aussi, les péripéties de mes relations avec Mrs Carrow, justement, cette relation amoureuse qui n’avait pas duré plus de trois mois, pour la simple et bonne raison que je n’aimais pas Meredith de cette façon-là. Angus savait beaucoup de choses. Je taisais juste ce qu’il n’avait pas besoin de savoir et qui ne m’impactait pas directement, au fond.
Mon psychomage savait à quel point ma vie était un bordel complet ces derniers temps. Il savait que j’avais cédé à des pulsions juste pour m’éviter de penser. Il savait aussi quelles étaient les difficultés que nous traversions, ma fille et moi, dans les relations avec ma femme et mon fils… oui, « ma femme », car si nous étions séparés, nous n’étions pas divorcés pour autant et je m’octroyais encore le plaisir de penser à Elianor comme étant celle à qui je m’étais uni pour le meilleur et pour le pire…

Partager un moment chez moi avec Worthington, c’était sans doute moins conventionnel que dans son cabinet, mais cela ne changeait pas grand-chose pour nous deux. Nous n’avions plus besoin d’un lieu précis pour nous rencontrer et ce n’était peut-être pas plus mal.
« J’ai reçu un excellent thé noir d’Inde, la récolte du printemps… » A huit gallions d’or* le sachet de cent grammes, ce thé était l’un des plus chers que je m’étais achetés récemment. « Je n’ai pas encore eu l’occasion de le goûter, mais il est décrit comme un tourbillon de parfums printaniers… Un grand cru aux notes végétales et florales. »

Je fis signe à Marianne, la petite elfe de maison, de nous préparer cela. Elle qui grognait souvent quand je recevais des invités et que je lui demandais des pâtisseries ne voyait rien à redire concernant ce thé. Elle avait sans doute une préférence pour tout ce qui lui évitait de devoir préparer une tarte au citron meringué pour Septima qui, d’après Marianne, méritait bien peu cela. Mais c’était une autre histoire.
Angus m’annonça alors qu’il était… célibataire. Le psy et moi avions quinze ans de conversations derrière nous alors, forcément, je connaissais Darren, au moins de nom et de ce qu’Angus avait pu m’en dire. Entre eux, cela n’avait pas toujours été très joyeux et il était clair que, des deux, Angus semblait être celui qui avait fait le plus de sacrifices pour sauver leur relation.
« Par Merlin, vous auriez dû le dire avant que je vous propose du thé… J’ai une cave avec d’excellents champagnes pour fêter dignement les bonnes nouvelles ! » Je prenais la tangente, bien évidemment, mais il savait très bien comment je fonctionnais. « Vous voyez cela comme une possibilité de vivre libre, c’est ce qu’il faut… » C’était aussi ce que je n’avais pas été foutu de faire quand Elianor était partie, soit dit en passant. « Ne vous en faites pas, Angus… Si vous allez mieux, c’est tout ce qui compte. Je pense être assez bien placé pour comprendre comment vous avez pu vous sentir… »  

Je ris légèrement à sa remarque au sujet de Septima. S’il n’y avait plus de cookies, je savais très bien ce que ferait ma fille, au grand dam de notre chère elfe de maison responsable des cuisines…
« Angus, voyons… Vous pensez vraiment que j’affamerais ma propre fille ? Si elle me le demandait en battant des cils, je la laisserais se nourrir exclusivement de son dessert préféré… » Je n’avais jamais rien été capable de lui refuser, alors, forcément… mais la voix de la raison me poussait tout de même à éviter d’engraisser ma fille. Elle était si jolie, il aurait été dommage d’en faire un boudin.

En attendant que Marianne revienne avec le thé, je m’approchais du psychomage, en pleine observation du tableau trônant dans le salon. « Tibérius Selwyn, mon arrière-grand-père paternel. C’est lui qui a fait bâtir ce manoir, en 1869. C’était un excellent sorcier, très doué pour la métamorphose… » C’était de lui que je tenais mon don de métamorphomage, d’après ma grand-mère. Mais je ne l’avais pas vraiment connu. « Ma grand-mère me parlais parfois de lui, quand j’étais jeune. Je pense que j’aurais aimé le connaître. »  
Aurait-il aimé ce que nous avions fait du manoir, plus de cent cinquante ans plus tard ? Les lieux avaient été modernisés et je n’avais jamais hésité à débourser ce qu’il fallait de gallions pour assurer un confort et une esthétique à mon goût et à celui d’Elianor.
« Oh non, je n’ai jamais été très intéressé par la botanique. Je laisse cela au jardinier et à Hector, l’autre elfe de maison. Ils travaillent selon les plans que ma femme avait dessinés. »  

Marianne vint bientôt apporter le thé qu’elle posa sur la table basse du salon. « Je vous en prie, Angus, prenez place. Nous pourrons marcher un peu par après, si vous le souhaitez. »

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Anonymous
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Dim 23 Mai - 18:32
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Être chez William n’était pas vraiment quelque chose d’anodin, ni de nouveau. Quand vous invitiez votre psychomage chez vous, une certaine crainte pouvait se saisir de vous, la déformation professionnelle pouvait me faire analyser certaines choses d’une manière qui ne plairait pas forcément, mais je savais William assez intelligent pour avoir prévu ce cas de figure et avoir pris ses dispositions pour éviter le plus de désagréments possibles. Ces derniers temps je n’avais pas été au top de ma forme, pour tout dire, j’avais presque eu envie de prendre quelques jours de congés, pour la première fois en quinze ans, mais je ne l’avais finalement pas fait, parce que travailler m’évitait de penser de trop. Durant toutes ces années où William et moi nous étions peu à peu rapprochés, je lui avais parlé plusieurs fois de Darren, mais je ne les avais jamais mis en présence l’un de l’autre. Pourquoi ? Je n’en avais pas la moindre idée, mais quelque chose me disait qu’ils ne se seraient pas forcément appréciés, et je n’avais absolument pas envie de faire le tampon de choc entre eux. En venant chez William, je savais bien que j’aurais des produits de qualité, même si je ne me rendais pas chez lui pour cela.

Il me décrivit le genre de thé que j’allais avoir l’occasion de goûter. J’esquissais un petit sourire.

- Et bien...tout un programme dites-moi. Il me tarde d’y goûter.

J’avais dans l’idée que ce produit avait dû coûter assez cher, mais nous étions entre gens civilisés et parler d’argent n’était pas convenable. Tandis que William avait fait signe à son elfe de maison de préparer le thé, il m’avait demandé comment j’allais. Je n’avais pas répondu par une phrase directe bien sûr, mais je lui avais fait comprendre à mots couverts que j’étais à présent célibataire et étant donné sa réflexion, quelque chose me disait que le message était bien passé. Je ne pus m’empêcher de rire.

- Oh, mais vous savez, il n’est jamais trop tard pour déboucher une bonne bouteille. Plus sérieusement...en effet, c’est ainsi que je vois la chose, mais cela ne s’est pas fait en un jour, croyez-moi. J’avais fait tellement d’efforts pour lui, je croyais que...enfin bref, nous ne sommes pas ici pour que je me répande en plaintes et gémissements, de toute façon ce qui est fait, est fait. Il ne veut plus de moi et bien qu’il s’en aille, je suis persuadé que je trouverais bien mieux ailleurs.

J’eus un petit sourire.

- Vous êtes gentil, je vous remercie, mais il n’empêche que j’ai bien cru que cela allait me...dépasser. Heureusement, j’ai réussi à reprendre pieds, c’est le principal.

William m’avait ensuite proposé des cookies aux pépites de chocolat. J’eus un sourire et secouais négativement la tête.

- Non, bien sûr que non vous ne l’affameriez pas. Il est vrai qu’elle sait très bien comment vous...parler.

De ce que William m’en avait raconté, Septima n’était pas une enfant capricieuse, mais elle savait comment faire pour obtenir ce qu’elle voulait de son père. William m’expliqua qui était l’homme sur le tableau. Je hochais la tête.

- Je vois. Je trouve que vous lui ressemblez beaucoup...physiquement parlant. Je vais vous poser une question qui va vous paraître incongrue, mais...avez-vous déjà essayé de le contacter...tout du moins, de contacter son esprit ? Je vous demande cela parce que j’ai un de mes patients qui a fait cela pour un de ses ancêtres et il en est ressorti profondément traumatisé.

J’avais parlé de son jardin, lui demandant si c’était lui qui s’en occupait. Cela aurait pu être le cas, mais il semblerait que non.

- Oh...et bien ils font du bon travail, le rendu est vraiment superbe.

Je m’installais à nouveau dans le fauteuil.

- Merci.

Je pris ensuite la tasse qui était pour moi et commençais à la porter à mes lèvres, le parfum du thé emplissait déjà mes narines et je ne pus retenir un petit son appréciateur.

- Humm...il sent très bon en tous cas.
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Anonymous
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Lun 14 Juin - 22:45
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21 juillet 2020

A quel moment la relation avec mon psychomage avait-elle dérivé vers une forme d’amitié ? Je n’en savais rien. Tout cela aurait pu ne rester qu’au stade d’une relation entre un thérapeute et son patient… mais dès notre première séance, nous avions franchi cette barrière. Je n’avais jamais regretté, à vrai dire, parce que c’était sans doute grâce à cela que nous avions poursuivi les rendez-vous… en les agrémentant assez régulièrement de nos moments un peu moins conventionnels…
C’était l’une de ces amitiés qui me tenaient vraiment à cœur, bien que nous ne fussions guère sur la même longueur d’ondes pour certaines choses, il allait de soi que pour d’autres, nous étions vraiment faits pour nous entendre.

Cela faisait une bonne quinzaine d’années maintenant que nous nous connaissions et que nous nous retrouvions plus ou moins régulièrement. Angus était très certainement la personne qui en savait le plus sur moi, en dehors de mon meilleur ami et de mon épouse, et il était celui vers lequel je savais que je pourrais toujours me tourner si j’avais besoin de conseils pour des situations qui m’échappaient. Ainsi, il avait été le confident privilégié de toutes mes débâcles avec les femmes, ces derniers mois, car entre ma femme, que j’aimais profondément, Meredith, qui me semblait de plus en plus n’avoir été qu’une passade comme une autre, et Valentinia, pour ne citer qu’elles, je m’étais plusieurs fois senti tiraillé. Et dans ces cas-là, eh bien, la parole me tranquillisait et me permettait, après coup, de prendre un peu de recul pour pouvoir mieux envisager les choses.

Parfois, il s’était aussi confié, ce cher Worthington. Peut-être l’y avais-je quelque peu poussé, mais je ne lui avais jamais forcé la main. C’était ainsi que j’avais pu, à travers ses mots, apprendre à connaître un peu son compagnon, il ne m’avait jamais parlé des détails, mais j’avais pu deviner certaines choses, notamment parce qu’Angus n’était pas tout à fait heureux.
Je n’avais pas le pouvoir de faire son bonheur, mais nous pouvions passer de bons moments, lui et moi, et c’était sans doute bien plus important que le reste. Il ne servait à rien de se focaliser sur ce qui n’allait pas, c’était un point essentiel qu’Angus me rappelait régulièrement, parce que j’avais, effectivement, bel et bien tendance à garder le négatif en tête, à me laisser ronger par ces choses-là, jusqu’à, parfois, me retrouver au trente-sixième dessous par simple absorption du négatif des autres.
Oui, Angus m’aidait beaucoup. Et il le savait, à mon avis, sinon, il ne serait pas mon psychomage depuis tant d’années.

« Un grand cru comme celui-là, je suis heureux de pouvoir le partager avec vous, Angus. » Il comptait beaucoup pour moi, même s’il m’arrivait, parfois, d’être un peu plus distant ou moins réactif. Mais j’avais encore et toujours cette tendance incontrôlable à me renfermer sur moi-même quand je faisais face à des situations trop prenantes émotionnellement.
Au moins, Worthington, contrairement à moi, ne vivait pas sa rupture comme un échec insurmontable. Et il était normal, pensais-je, après tout ce qu’il avait fait pour essayer de sauver son couple, que les choses aient fini par le lasser. « Vous n’aimez pas parler de vous, mais gardez bien à l’esprit que je serai là pour vous, comme vous l’avez toujours été pour moi. Même en dehors de nos séances. »
Nous n’étions pas censés être amis, évidemment, mais je me sentais proche de Mr Worthington. Nous avions suffisamment de choses en commun pour qu’il soit toujours agréable de converser tous les deux.
Je ne renchéris pas sur cette rupture. Il ne semblait pas vouloir en parler plus, mais, au fond de moi, je ne pouvais m’empêcher d’avoir un sentiment de culpabilité. J’espérais que ce n’était pas par ma faute que son couple s’était mis à battre de l’aile. Parce que c’était un peu parce que nous nous éclations bien, sur le plan charnel, Angus et moi, que nous nous étions rapprochés. Du moins, c’était sans doute la raison première qui m’avait fait poursuivre mes séances bien au-delà des trois séances de thérapie psychomagique imposées par le Ministère de la Magie.

Je souris à mon psy. Il savait précisément comment j’étais avec les enfants en général et avec ma fille en particulier. J’avais toujours eu l’impression que si j’avais pu, j’aurais eu six ou sept gosses. C’était tellement bon et intense de les concevoir mais aussi, une fois nés, de s’en occuper, de les voir grandir et progresser… Je n’avais jamais eu de peur ou de dégoût pour tout ce qui pouvait sortir d’un bébé, peu importait par où ça devait sortir. Même le vomi, alors que cela me soulevait le cœur, quand il s’agissait d’un tout jeune enfant, j’étais tout à fait capable de faire ce qu’il fallait, parce que l’enfant passait avant tout.
Je levais les yeux vers mon aïeul qui se lissait la moustache en nous regardant d’un œil circonspect.
« Je discute parfois avec son portrait… Nous parlons beaucoup de métamorphose, mais je n’ai pas vraiment essayé autre chose. Je sais que certains sorciers font appel à des médiums ou à des intermédiaires quelconques pour entrer en contact avec les morts, mais… j’estime que les morts sont là où ils doivent être. Ils peuvent nous manquer, bien sûr, on peut souffrir de leur absence, mais c’est un cheminement nécessaire… Le deuil, c’est important, non ? »
Il était bien placé pour le savoir, les psychomages avaient régulièrement des patients qui venaient leur demander de l’aide pour gérer la perte d’un proche. Et c’était une démarche qui n’avait rien de ridicule. On ne réglait pas tout d’un coup de baguette ou avec une potion.
« Il va sans doute ne pas apprécier ce que je vais dire, mais Tibérius Selwyn était un homme bien rétrograde. S’il en avait eu l’occasion, il aurait essayé de remonter le temps pour faire reculer la société. Il ne m’aurait pas apprécié parce que je n’ai pas le sang pur qu’il avait. Il m’aurait détesté pour mes tendances libertines et m’aurait sans doute renié pour mon orientation sexuelle. Par contre, il aurait peut-être aimé le manoir tel qu’il est maintenant, avec ce jardin soigné qui vous plait tant… »

Parce que, oui, cela me plaisait de vivre dans un endroit où chaque chose avait sa place, où tous les éléments étaient agencés avec goût et où l’harmonie faisait clairement partie du cadre. J’aimais cela. Je me sentais bien dans le manoir familial.

Je tendis sa tasse à Angus quand il se fut installé, et je m’en servis une, avant de le regarder savourer le parfum du thé.
« Vous ne voulez pas un peu de miel ou de sucre ? Du sucre de canne, peut-être ? Ou un peu de lait ? » Marianne avait tout apporté, mais chaque buveur de thé agrémentait sa boisson chaude comme il l’entendait, aussi, l’elfe de maison avait tout laissé avant de retourner ailleurs, s’occuper de quelque tâche qu’elle faisait sans que je n’aie même à lui en souffler l’idée.

Puis, je fixais le psychomage avec un sourire en coin. « Vous aussi vous sentez très bon, Angus. Vous savez comme j’apprécie ce parfum que vous portez… Il est bien loin de l’eau de toilette que j’avais pu sentir sur vous la première fois que je vous ai vu… » Il savait, aussi, à quel point j’étais sensible aux odeurs. Alors ce parfum musqué et boisé, c’était bien différent de ce qu’il portait avant. Quand il avait changé de parfum, je le lui avais dit, parce que j’avais tout de suite remarqué… et il m’avait alors dit que Darren n’avait même pas capté la différence.

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Dim 20 Juin - 12:29
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Il est des amitiés qui étonnent par leur seule existence et celle que nous partagions William et moi en faisait partie parce que oui, nous pouvions aisément dire que nous étions amis. Cela faisait quinze ans que nous nous connaissions et pendant toutes ces années nous nous étions peu à peu ouverts l’un à l’autre. Oui, si William me parlait beaucoup plus facilement qu’avant, il en était de même pour moi. Je n’étais vraiment pas le genre de personne à me confier à qui que ce soit, même Phobos, qui est pourtant mon meilleur ami, ne me connaît pas autant que William. Je vous assure que je suis le premier surpris par cet état de fait. Je veux dire, quand on se rappelle de notre première entrevue à William et moi...si à l’époque on m’avait dit qu’il deviendrait aussi important pour moi, je ne l’aurais absolument pas cru, au début j’avais même imaginé que William ne reviendrait plus après avoir effectué ses trois séances, même si celles-ci s’étaient déroulées de manière peu conventionnelle, il me fallait en convenir.

Le rendez-vous d’aujourd’hui était censé être professionnel, mais cela faisait quelques séances déjà que William et moi avions dépassé ce stade, il parlait, je l’écoutais et souvent il me demandait comment j’allais, me faisant parler à mon tour et l’heure tournait. Oh bien sûr, lorsque c’était une séance où William avait vraiment besoin d’aide, toute la séance était concentrée sur lui, mais parfois cela arrivait que nous nous partagions les bénéfices psychologiques de ce moment. William avait comme un don pour ça. C’était assez étrange, considérant nos personnalités et nos goûts diamétralement opposés, que nous nous entendions aussi bien. Certes parfois il y avait des bas, des moments où William se renfermait, devenait froid, même avec moi, à la limite de l’impolitesse, mais en général, lorsque cela arrivait, je disparaissais de son environnement pendant quelques jours jusqu’à ce qu’il revienne de lui-même. J’adressais un sourire à William.

- Le plaisir est partagé, William, croyez-le bien.

Oui, j’aimais beaucoup le thé et je devais avouer que je n’avais pas vraiment l’occasion d’en goûter d’aussi « racés ». Je fus touché par ses paroles, je hochais la tête, un timide sourire sur les lèvres.

- Je vous remercie, c’est vraiment très aimable à vous. Je sais que je peux compter sur vous.

Est-ce que Darren m’avait déjà reproché de passer beaucoup de temps en compagnie de William ? Absolument pas, il n’était même pas au courant de son existence, je ne lui avais jamais parlé de William tout simplement parce que Darren ne voulait rien savoir du travail que je faisais. Il savait que j’étais psychomage et pour lui c’était déjà bien assez. La première fois que je me suis laissé aller dans les bras de William et que nous avons couché ensemble, j’avais crains que Darren ne s’en rende compte. Ce ne fut jamais le cas, ni la première fois, ni les fois suivantes d’ailleurs. Il ne remarqua aucun changement chez moi. Cela me fit me rendre compte qu’au final, il ne faisait pas spécialement attention à moi, je finissais par me demander si, à ses yeux, je n’étais pas un trophée qu’il exhibait lorsque nous étions en soirée. Au moins avec William, j’avais de l’écoute, de l’attention, je me sentais désiré. Avec Darren, il y avait bien longtemps que je ne ressentais plus cela. C’est sans doute ce qui me poussa dans les bras de William.

Observant le portrait de l’aïeul de William, je n’avais pas pu m’empêcher de lui demander s’il avait cherché à entrer en contact avec lui depuis son décès. Certaines personnes faisaient cela, mais je n’étais pas adepte de ce genre de chose, à partir du moment où quelqu’un était mort, j’estimais qu’il avait le droit au repos.

- Bien sûr c’est important et je partage votre avis quant au fait de laisser les morts tranquilles. Sans compter que même si les intentions de ceux qui appellent leurs défunts sont louables, ils ne sont jamais vraiment certains que la personne qu’ils appellent est bien celle qui se présente. Je trouve cette pratique vraiment très dangereuse et qui souffrir plus qu’autre chose.

Je l’écoutais ensuite parler de son aïeul et étant donné le portrait qu’il en brossait, je doutais sincèrement que j’aurais pu m’entendre avec lui.

- Je vois….la ressemblance entre vous n’est donc que purement physique.

Le thé avait été apporté et William m’en avait tendu une tasse que je pris volontiers. Je secouais négativement la tête en souriant.

- Non, merci je le prends nature.

Une légère rougeur fit son apparition sur mes joues lorsque William me fit la remarque sur mon changement de parfum. Oui, j’avais mis le meilleur parfum que je possédais chez moi pour aller le voir, celui que je mettais dans les grandes occasions. Je savais que William avait le nez fin et que mon eau de toilette bon marché lui était quelque peu insupportable. Encore une différence que Darren n’avait pas noté.

- Je vous remercie. Vous savez...peut-être que le choix de ce parfum n’est pas anodin.

Lui dis-je en plongeant mes lèvres dans ma tasse, un air mystérieux sur le visage. Je posais ensuite ma tasse sur la table basse et m’installais correctement sur le fauteuil, croisant élégamment les jambes.

- Sachant que vous avez un odorat assez développé, je ne pouvais décemment pas vous imposer cette eau de toilette bon marché qui ne semblait pas vous plaire, je ne voulais pas être déplaisant...en quoi que ce soit.

Etait-ce une tentative de séduction ? Honnêtement je l’ignorais, j’agissais juste le plus naturellement du monde.
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Mar 3 Aoû - 0:13
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21 juillet 2020


La présence de mon psychomage dans ma vie m’avait beaucoup apporté ces quinze dernières années. Il avait été là dans les bons moments, mais aussi dans les moins bons. Il avait partagé quasiment tout ce que je vivais, au fur et à mesure, et m’avait accompagné dans chaque moment. Cet homme, qu’au départ je ne voulais pas vraiment consulter, était devenu une figure importante dans mon existence.
Il était clair que j’avais appris à apprécier le sorcier, alors que c’était plutôt mal barré au départ. Notre relation avait évolué et je devais reconnaître que j’appréciais passer du temps avec Mr Worthington. Peut-être bien plus que ce qui était légitime ou conventionnel. La déontologie n’était pas quelque chose qui nous mettait sous pression, nous savions, l’un comme l’autre, que nous n’avions pas besoin de nous plier à cela. Nous étions tous deux adultes, nous étions tous deux parfaitement conscients des choses et nous nous sentions bien comme cela.
Angus était devenu un ami, un confident, et il me plaisait de croire que j’étais cela pour lui aussi. Nous n’étions pas un thérapeute et un patient lors de chacune de nos rencontres, cela avait évolué. En bien. J’aimais vraiment cela.

Je luis souris. « Je ferais toujours mon possible pour cela, vous le savez bien, Angus. » Nous avions partagé bien plus ensemble ces derniers mois que lui et son homme en je ne savais combien de temps. Et j’avais partagé plus avec lui depuis le départ de ma femme qu’avec n’importe qui d’autre. Il m’avait écouté, il m’avait épaulé… En tant qu’ami, osais-je croire, et non en tant que psychomage… « Je vous dois bien ça. »

Nous nous vouvoyions toujours et je trouvais que cela donnait une certaine dimension à notre relation. J’avais toujours aimé le vouvoiement, même avec les personnes dont j’étais proche. Même avec ma femme, ça nous arrivait parfois. Enfin, avant.

En discutant devant le portrait de mon aïeul, je me sentais de nouveau jugé par cet ancêtre qui n’avait jamais eu de tact avec moi. Tant que nous discutions de métamorphose, cela allait, mais si nous devions creuser d’autres sujets avec ce portrait, on avait vite fait le tour de la conversation. Je préférais le silence de la peinture à ses propos rédhibitoires.
Jamais je n’aurais cherché à déranger mon aïeul dans son sommeil éternel. Les médiums et autres sorciers dotés du pouvoir de communiquer avec les morts, ça ne m’inspirait pas forcément confiance. Et puis, je devais avouer que je préférais laisser les morts là où ils étaient, pour ne pas avoir à remettre ensuite de l’ordre dans tout un bordel qui ne pouvait rien amener de bon.

Le temps passant, nous consommions notre thé sans avoir à nous inquiéter de rien d’autre que de la saveur puissante de ce grand cru. Et puis, comme j’évoquais son parfum, je me rappelais bien de ce qu’il portait comme fragrance quinze années plus tôt. Et ses propos au sujet de ce parfum, dont le choix n’était pas innocent d’après ses dires, me firent quelque chose, comme s’il avait fait ce commentaire expressément pour me tester. Je suivis ses lèvres des yeux, les regardant se poser sur la porcelaine de sa tasse… Puis il s’installa autrement, dans une position qui ne me laissait pas insensible.

« J’apprécie beaucoup ce genre d’attention, Angus, vous le savez bien… » Je posais ma tasse de thé pour m’approcher de lui. « Avec ce genre de parfum sur votre peau, vous êtes plus enivrant qu’un whisky pur feu… »  

Je fermais les yeux un instant, pour respirer encore son odeur. Les notes d’ambre feutré et de vétiver, la petite touche boisée et musquée… Oh oui, c’était un parfum enivrant, clairement.
« Je reconnaîtrais ce parfum entre tous… » Et je vins m’asseoir à côté de lui, jusqu’à poser une main sur son genou. « Vous n’avez jamais été déplaisant avec moi, Angus, que du contraire… »  

C’était un euphémisme, bien évidemment. Il me plaisait déjà lors de notre première séance. Il y avait quelque chose dans son apparence, dans son physique qui m’avait attiré directement. Je ne pouvais pas ignorer cela. Quant à son caractère, il y avait eu un tas de choses que j’avais découvertes au fur et à mesure, des éléments qui me poussaient à tenir encore plus à lui. Je le voyais comme ces fameux friends with benefits mais nous gardions véritablement l’aspect amical au premier plan, comme l’élément de base et le plus important de notre lien.
« Vous vouliez visiter les jardins, n’est-ce pas ? Je pense que marcher un peu nous fera du bien… »
Parce que si nous restions là, comme ça, il y avait de fortes chances que je ne parvienne pas à garder le contrôle. Ce n’était pas un problème en soi, mais nous devions parler un peu, aussi valait-il mieux éviter de nous engaillardir ici, dans le salon.

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