Là bas on sait tout le prix de la guerre

Soledad ☽ ☾ Théo ☽ ☾ Raphaël

Une fois n’était pas coutume, Raphaël était venu trouver Soledad avec des questions en tête. Si ça continuait ainsi, la mexicaine allait finir par s’y habituer. Mais ce n’était pas une mauvaise chose, elle avait toujours aimé aider les autres alors si elle pouvait aider Raphaël à naviguer dans le monde complexe des sorciers, elle le faisait avec plaisir. Et puis ça lui donnait confiance en elle aussi, ça lui prouvait que son rôle au sein de l’Ordre n’était pas simplement de tirer les cartes, elle endossait en quelque sorte un rôle de guide. Ce n’était pas forcément nouveau pour elle, c’était déjà ce qu’elle faisait à Neverland quand elle lisait l’avenir de ses clients, elle tentait de les guider au mieux pour les aider à atteindre un avenir meilleur, mais là elle agissait pour une cause du grande, c’était agréable. Ce qui avait changé cette fois, c’était que le jeune homme n’avait pas été jusqu’à se déplacer au Witches Bazaar pour poser ses questions. Il avait suffi qu’ils se trouvent au quartier général de l’Ordre au même moment pour une réunion post-offensive pour que Raphaël se saisisse de l’occasion. Contrairement à leurs discussions précédentes, celle-ci n’avait absolument pas portée sur la magie ou la divination, pourtant Soledad ne doutait pas que Raphaël ait encore plein de questions à poser sur ces sujets. Elles viendraient sûrement en temps et en heure, mais pour le moment, le jeune moldu l’avait interrogé sur les entrainements aux combats au corps à corps. Il se demandait comment cela se passait, si quelqu’un en particulier s’en chargeait et surtout s’il pouvait participer. Il voulait apprendre à se battre. L’espace de quelques instants, Soledad avait été tentée de le dissuader, de lui faire oublier cette idée qui ne pourrait que le mettre en danger. Mais ça aurait été particulièrement hypocrite de sa part. Les motivations de Raphaël, elle les comprenait, mieux, elle les partageait, alors s’il voulait apprendre à se battre, s’il en avait besoin, ce n’était pas elle qui allait lui mettre des bâtons dans les roues. Surtout que depuis la dernière offensive menée par l’Ordre contre le Blood Circle où elle avait dû se battre à la fois avec sa magie et à la moldue, elle savait combien c’était nécessaire.

Seulement, entre vouloir et pouvoir il y avait parfois tout un monde. Il fallait le reconnaitre, si sa démarche était louable, le moldu restait un novice en combat -ce que Soledad était encore il y avait peu de temps de ça- les entrainements organisés par l’Ordre n’étaient plus vraiment adaptés à ce genre de cas. Il allait lui falloir un entraineur bien particulier et la mexicaine connaissait la personne parfaite pour ça. Le sorcier qui avait eu la motivation et la patience de l’aider elle, alors qu’elle n’avait jamais mis un seul coup de poing de sa vie. Celui qui faisait tout ce qu’il fallait pour aider une certaine Poufsouffle à accepter les contacts tout en apprenant à se défendre. Théo. Sauf que voilà, de ce qu’avait compris Soledad, le Greengrass ne portait pas les moldus dans son cœur. Il n’était pas à souhaiter leur destruction comme les mangemorts, mais son aversion pour eux était bien ancrée en lui. Et vu comment les moldus se comportaient envers les sorciers ces derniers temps, Soledad ne pouvait pas lui en vouloir. Néanmoins, c’était vers lui qu’elle s’était tournée. Il lui avait fallu pas mal de patience et d’arguments mais son ami avait fini par accepter d’entrainer Raphaël. Ou du moins de faire une première tentative d’entrainement pour voir si ça pouvait marcher, il se gardait le droit de se rétracter de son engagement au moindre problème. La voyante ne demandait pas mieux alors elle avait accepté. En plus de ça, Théo avait demandé à choisir le lieu de rencontre. Encore une fois, Soledad n’avait rien vu à y redire, la salle qu’ils utilisaient au Witches Bazaar se situait dans la partie sorcière de la boutique, elle était donc inaccessible pour Raphaël et Théo jugeait le quartier général de l’Ordre pas assez tranquille. Après quelques jours de recherche, il avait fini par informer la voyante qu’il avait choisi un lieu quelque part en Irlande. Une fois qu’ils furent d’accord sur l’emplacement et le moment de ce premier rendez-vous, un portoloin avait été préparé pour que Soledad puisse y escorter Raphaël sans encombre.

Les préparatifs avaient pris un peu de temps -bon surtout convaincre Théo de participer, il fallait l’avouer- mais Soledad avait enfin pu informer Raphaël que tout était prêt. Puisque le Witches Bazaar semblait en bonne voie pour devenir leur lieu de rendez-vous habituel, ce fut là que la sorcière demanda au moldu de la retrouver. Une fois l’heure de fermeture arrivée, Raphaël se présenta comme prévu. Soledad le salua avec un grand sourire et une fois que toutes les précautions furent prises pour décourager les moldus curieux, elle lui expliqua qu’ils allaient prendre un portoloin pour rejoindre l’endroit prévu par Théo. En l’occurrence, le portoloin était un magazine moldu un peu écorné qui trainait sur le comptoir de la boutique. Soledad haussa un sourcil interrogatif lorsque Raphaël émit un léger rire, il commençait à être habitué au monde sorcier, il y avait sûrement quelque chose que la voyante ignorait pour provoquer une telle réaction. « Du coup… On est parti ? Tout est bon ? » Tout en enfilant un manteau épais, Soledad hocha la tête. Elle se doutait que Théo avait choisi un endroit sûr, où aucun moldu ne pourrait les surprendre, mais autant ne pas forcer sa chance en revêtant une cape. Elle jeta un dernier coup d’œil au Bazaar pour s’assurer que tout était en ordre, avant d’adresser un sourire au moldu. « Tout est bon. » Confirma-t-elle avant de se saisir doucement du bras de Raphaël pour qu’ils puissent utiliser le portoloin ensemble. Enfin, lorsque sa montre indiqua l’heure prévue, elle lui demanda de toucher le magazine. « Accroche toi, les portoloin ça secoue un peu quand on est pas habitué. » Conseilla-t-elle tout de même rapidement avant qu’il ne soit trop tard. Elle ignorait si le jeune homme avait déjà utilisé ce moyen de transport ou pas mais elle préférait prendre toutes ses précautions. Elle savait que les trajets par portoloins pouvaient être éprouvant quand on n’y était pas habitué. Pour sa part, ils ne lui faisaient plus grand-chose, l’avantage d’être née sorcière.

Lorsqu’ils réapparurent quelques secondes plus tard, ce fut sur une grande étendue d’herbe fouettée par le vent. Soledad pouvait distinguer le bruit des vagues mais il faisait déjà nuit aussi ne vit-elle par grand-chose de plus. Et puis son observation des environs fut rapidement stoppée lorsqu’elle sentit le bras de Raphaël lui échapper. Elle fit la grimace en le voyant tomber à quatre pattes. Aoutch, les portoloins ça ne pardonnaient vraiment pas. « Ça va ? » Demanda-t-elle, inquiète, en le voyant se relever un peu maladroitement. Elle remarqua qu’il tenait ses lunettes à la main. Mince, elles s’étaient cassées pendant le voyage. Avec tout ça, il allait bientôt falloir un miracle pour que Raphaël accepte de voyager de nouveau avec un sorcier. « Tiens, attends je vais te réparer ça. » Proposa-t-elle avec un petit regard désolé. Une fois l’accord du moldu obtenu, elle sorti sa baguette et récupéra les lunettes qu’elle remit en état grâce à un rapide reparo. Ceci fait, elle rendit son bien à Raphaël avec un sourire. Au moins comme ça le jeune homme se rappellerait que la magie avait quand même du bon. « Oh… Bonjour, je suis Raphaël, l’ami de Soledad. » La mexicaine se retourna vivement pour constater que Théo se trouvait déjà là, non loin, à les observer. Avec tout ça, elle ne s’était pas aperçue que son ami était déjà là. Soledad fit un pas dans sa direction, un grand sourire aux lèvres pour le saluer. « Raphaël, voici Théo Greengrass. Mon entraineur, et ami aussi. » Lança-t-elle, ses prunelles passant du moldu à l’infirmier de Poudlard. Oui, Théo était bel et bien un véritable ami pour elle, et elle n’était pas peu fière de pouvoir le présenter ainsi. La preuve, il avait accepté de laisser une chance à Raphaël malgré sa méfiance des moldus, tout ça parce que c’était elle qui le lui avait demandé, ce geste lui coutait, elle le savait et elle n’était pas près de l’oublier.

« On est où au fait ? » La question sorti Soledad de ses pensées. Elle croisa le regard du jeune moldu avant de regarder autour d’eux. Il était vrai qu’ils ne lui avaient pas vraiment dit où ils se rendaient alors tout devait être très flou. Mais au fond, la mexicaine n’en savait pas beaucoup plus non plus. Théo lui avait parlé d’un endroit en Irlande qu’il connaissait et où ils seraient tranquilles. Elle avait fait confiance à son ami et n’avait pas cherché plus loin. A quoi bon ? Ils étaient là parce que Théo avait donné son accord, ils pouvaient bien se plier à quelques-unes de ses demandes pour que tout se passe au mieux. Néanmoins, la sorcière regarda mieux autour d’elle pour tenter de se faire une idée. Une étendue d’herbe venteuse, bercée par le bruit des vagues et l’odeur agréable de l’embrun. Vu l’atmosphère qui les entourait, ils devaient certainement être près d’une falaise. Ils avaient bien fait de ne pas trop bouger. « Hum, quelque part en Irlande. » Répondit-elle en croisant les doigts pour qu’il ne panique pas à l’idée des quelques centaines de kilomètres qu’il venait de franchir en touchant un simple magazine. Les prunelles de la sorcière fouillèrent le paysage à la recherche d’une habitation ou d’un abri quelconque mais l’obscurité ne l’aidait pas à y voir clair, ne sachant pas si des moldus pouvaient arriver elle préféra s’abstenir de sortir sa baguette. A la place, elle se tourna vers Théo. « C’est un beau paysage, mais j’espère quand même que tu as prévu un lieu avec un toit, je veux pas dire mais il fait hyper froid. » Lança-t-elle avec un sourire tout en boutonnant un peu plus haut son manteau pour se protéger du vent mordant de février. Elle savait que l’ancien Gryffondor n’aimait pas les moldus, mais ce n’était peut-être pas une raison pour tenter de faire geler Raphaël sur place. Surtout que celui-ci faisait parti de l’Ordre et qu’il avait prouvé plusieurs fois qu’il était bien un allié des sorciers. D’accord, les entrainements ça donnait chaud, mais tout de même, autant ne pas trop en faire. « Apprendre le combat au corps à corps, c’est pas simple, c’est peut-être pas la peine de se rajouter une difficulté en plus. » Reprit-elle avec un sourire un peu plus taquin. Oui, comme apprendre le combat au corps à corps avec une pneumonie. Si Soledad attrapait un rhume par sa faute, Théo allait lui devoir un sacré stock de pimentine.

Là bas on sait tout le prix de la guerre

Soledad ☽ ☾ Théo ☽ ☾ Raphaël

Lorsqu’elle avait accepté d’aider Raphaël à s’entrainer au combat à main nue, Soledad n’avait pas vraiment su dans quoi elle s’engageait. Enfin, si, elle en avait eu une vague idée. Déjà elle ne s’était pas imaginée un seul instant être celle qui donnerait les leçons. Ohlala non. Elle avait beau s’entrainer aux côtés de Théo et Sélénya depuis plusieurs mois maintenant, ça ne la rendait pas capable pour autant d’entrainer quelqu’un à son tour. Oh non elle avait déjà assez de mal à assimiler tout ce que son ami lui inculquait, ce n’était pas pour tenter de le transmettre par elle-même. Elle ferait une bien piètre professeur de combat, elle le savait, alors autant éviter cette épreuve à Raphaël, comme à elle. Dans cette histoire la mexicaine s’était immédiatement donnée le rôle d’intermédiaire. Trouver quelqu’un capable d’aider le moldu, ça elle pouvait faire, surtout qu’elle avait déjà un entraineur parfaitement doué et digne de confiance sous la main. Hors de question de confier Raphaël au premier auror aux gros bras venu, c’était un coup à dégoûter le moldu. Ou à le retrouver en petits morceaux parce que certains combattants de l’Ordre n’étaient que des grosses brutes qui ne mesuraient pas leur force. Le choix de Théo avait donc été évident. Pour être son élève depuis plus d’un an, Soledad savait qu’il était parfaitement compétent dans ce rôle, il était pédagogue, patient et possédait assez d’humour pour détendre l’atmosphère quand un entrainement ne se passait pas bien sans pour autant froisser la susceptibilité de Soledad. Il était le choix parfait alors la mexicaine s’était tourné vers lui sans la moindre hésitation. Le seul petit, minuscule, détail qu’elle n’avait pas pris en compte lorsqu’elle avait été lui formuler sa demande, c’était que le sorcier était loin -en fait il était à des kilomètres même- de porter les moldus dans son cœur.

Tout de suite ça avait rendu la démarche de la mexicaine bien plus hasardeuse. Il lui avait fallu user de patience et d’arguments -et aussi de quelques petits battements de cils parfaitement maitrisés- pour convaincre son ami de l’aider. Théo avait été dur à convaincre, mais Soledad avait fini par avoir gain de cause -personne ne peut résister à ses battements de cils. Sans penser à mal, elle avait choisi de ne pas prévenir Raphaël que son futur professeur n’aimait pas les moldus. Elle s’était dit que Théo était assez mature pour passer au travers de ce détail, que le jeune homme avait déjà fait ses preuves auprès de l’Ordre et que le reste n’avait plus autant d’importance. Mais peut-être avait-elle eu tort. Aujourd’hui, alors qu’ils se trouvaient en haut d’une falaise quelque part en Irlande, elle se rendait compte que ce dans quoi elle entrainait le moldu était peut-être bien plus complexe que prévu. Il y avait plusieurs facteurs qui venaient expliquer son impression. Déjà Théo leur avait donné rendez-vous au beau milieu d’une falaise déserte sans la moindre lueur indiquant qu’une ville se trouvait à proximité. Déjà ça donnait clairement le ton et Soledad comprit vite que le but n’était pas seulement de se trouver en terrain neutre, mais surtout de se tenir éloigner de tout ce à quoi le sorcier pouvait tenir. Et puis son accueil, Soledad le trouva un brin distant malgré la lueur amusée dans ses prunelles. Elle hocha la tête lorsqu’il affirma être flatté de la manière dont elle l’avait présenté mais tiqua à la remarque qu’il lui adressa. Depuis quand il l’appelait par son nom de famille ? « Velasquez ? Fais pas genre tu m’appelles comme ça. » Lui lança-t-elle avec un sourire malicieux. Oups, s’il voulait se donner un genre c’était loupé. Inutile de se montrer aussi sérieux, son rôle du jour n’était pas d’impressionner qui que ce soit.  

Sauf qu’étrangement, Théo n’avait pas l’air de partager l’avis de la sorcière. Une fois tourné vers Raphaël, il lui signifia clairement que sa confiance n’était pas acquise. Non, en fait qu’il n’avait absolument aucune confiance en lui et que c’était pour ça qu’il avait choisi un endroit isolé. Soledad adressa un regard contrarié à l’infirmier. Elle aurait aimé qu’il se montre un peu plus indulgent et ouvert envers Raphaël, ce n’était pas un coléoptère tout de même, mais apparemment il ne fallait pas trop en demander d’un coup. Même si elle désapprouvait les paroles de son ami, la mexicaine garda le silence, elle savait que l’aversion que Théo avait envers les moldu avait une raison et elle s’efforçait de respecter ça. Le sorcier n’allait pas faire taire sa défiance juste pour elle. En revanche, elle fut plus de satisfaite de constater que Théo n’avait pas fait les choses à moitié, il ne s’était pas contenté de les envoyer au milieu de nulle part, à la merci des intempéries, il avait bel et bien prévu un toit au dessus de leurs têtes. « En voilà une bonne nouvelle, sinon sache que ça aurait été à toi de me soigner et ça n'aurait pas été une bonne nouvelle pour toi. » Lança Soledad d’un ton léger, insinuant qu'elle était une malade insupportable. Ce qui était TOTALEMENT faux d'ailleurs. Peut-être que si elle se montrait de bonne humeur pour eux trois, elle parviendrait à détendre l’atmosphère avant que l’un d’entre eux ne prononce un mot de travers. Elle adressa un sourire plein de gratitude à l’ancien Gryffondor en le voyant sortir sa baguette pour éclairer les alentours. Elle était consciente des efforts que tout ça lui demandait et elle lui était reconnaissante d’accepter de faire ça pour elle. Après s’être assurée que Raphaël les suivait, la mexicaine emboita le pas à Théo. Quelques minutes de marche leur suffire pour rejoindre l’endroit prévu par le sorcier. Il s’agissait d’un petit chalet où ils se hâtèrent d’entrer pour échapper au froid mordant.

Une fois à l'intérieur, Soledad laissa échapper un soupir de soulagement. Elle avait grandi sous le soleil du Mexique et chaque hiver en Angleterre lui donnait l'impression de frissonner un peu plus. L'intérieur du chalet n'était pas encore à une température idéale pour la voyante, mais elle ne comptait pas trop en demander. Déjà, Théo avait accédé à sa requête et il leur avait trouvé un toit, le reste elle n'allait pas s'en plaindre. Tandis que l'infirmier allumait les lumières, Soledad en profita pour examiner le lieu qu'il leur avait trouvé, la décoration était un peu vieillotte et les meubles rustiques mais ça ferait l'affaire. A son tour, la sorcière se débarrassa de son manteau, elle n'avait pas prévu de rester, à moins que l'un des deux ne le lui demande, mais autant se mettre à l'aise. Sauf qu'apparemment Théo n'avait pas reçu le mémo lui expliquant que pour mettre les autres à l'aise il fallait éviter de les agresser. En fait, il fit tout le contraire en sautant directement à la gorge de Raphaël. Soledad ne put retenir une grimace en l'entendant. Face au sourire de son ami, la brune resta de marbre, se contentant de lui adresser un regard vaguement réprobateur. Au fond, elle savait qu'il n'avait pas tort, faire confiance à un moldu inconnu en ces temps sombres ce n'était vraiment pas simple, elle pouvait comprendre sa réticence et il avait raison de se montrer prudent. En ce moment c'était plus que nécessaire, c'était vital. Mais il aurait pu dire les choses autrement au lieu de se la jouer tout de suite accusateur. Elle avait espéré que les choses se passent sans trop de turbulences mais apparemment Théo en avait décidé autrement alors autant braver la tempête. Lèvres pincées et pointe d'inquiétude dans la gorge, Soledad échangea un regard avec Raphaël. Elle était tout à fait prête à la défendre s'il en ressentait le besoin mais elle voulait lui laisser la chance de parler en son nom et de montrer qu'il ne dépendait pas entièrement d'elle. Après tout, c'était lui qui était visé, autant qu'il ait l'opportunité de se défendre.

Raphaël ne manqua pas à la tâche, provoquant la fierté de Soledad et aussi un petit sourire attendrit lorsqu'il avoua agir pour pouvoir protéger la sorcière qu'il aimait. Ses raisons étaient louables, la mexicaine ignorait si elles allaient faire mouche auprès de Théo, mais au moins elles étaient logiques. Et elles étaient sincères, il suffisait d’entendre le timbre de voix du moldu pour le comprendre. Et, oh mais c’était qu’il était au bord des larmes en fait ! Bon, cette réaction aussi elle pouvait la comprendre, le jeune homme entrait dans un monde inconnu, il était convaincu par sa démarche faisait ce qu’il fallait pour y parvenir et il se prenait une douche froide par le sorcier censé l’aider. A sa place Soledad aussi serait toute retournée. D’ailleurs quand elle avait demandé l’aide de Théo pour la première fois et qu’elle avait dû faire face à ses questions, elle n’avait pas jouée la fière non plus. Et elle, elle évoluait dans son propre monde. Là, Raphaël se prenait une soufflante par un sorcier expérimenté à la fois en magie et en combat, comme sil était un vulgaire fifrelin, il y avait de quoi être impressionné. Mais si Soledad se disait qu’au moins l’engagement et la volonté du moldu étaient claires, elle se doutait aussi que Théo n’allait peut-être pas s’émouvoir de ses larmes. Bref, il était grand temps d’intervenir avant que cette rencontre ne tourne définitivement à la catastrophe. Soledad soupira, pas d’un soupir discret et élégant, non d’un soupir qui montrait clairement que toute cette situation commençait à lui déplaire. « Ohlala pas besoin d’être aussi dramatiques vous deux. » Lâcha-t-elle en laissant ses prunelles passer de Théo à Raphaël. Entre l’un qui criait tout de suite à la trahison et qui proférait des menaces de mort alors qu’il avait certainement déjà oublié le prénom du moldu. Et l’autre qui se défendait comme il pouvait mais se laissait submerger par ses émotions, ils n’étaient vraiment pas rendus.

Soledad s’était doutée que ces entrainements ne seraient pas simples à mettre en place, elle était bien consciente que Théo avait accepté pour elle et non pas pour aider le jeune moldu. Elle lui en était reconnaissante mais elle aurait aimé qu’il fasse un peu plus d’efforts, ou du moins qu’il camoufle un peu mieux son animosité. D’ailleurs, la mexicaine se tourna en premier vers son ami sorcier, pour une fois son regard n’était pas pétillant de joie, mais plutôt déterminé. « Toi, tu vas te calmer un peu s’il te plait. Je sais choisir mes amis à ce que je sache, et si Raphaël décide de nous trahir un jour ou l’autre, crois-moi, tu ne seras pas le seul à lui tomber dessus. » D’ailleurs si un tel jour arrivait, elle aurait bien l’intention de lui tomber dessus la première, Théo n’aurait pas grand-chose à faire après ça. Mais elle doutait qu’ils en arrivent là un jour, elle connaissait Raphaël et elle savait qu’ils pouvaient compter. Ce qui lui posait problème en revanche, c’était de voir Théo douter d’elle de la sorte, comme si elle était trop gentille ou trop idiote pour savoir quand on profitait d’elle. N’avait-il donc pas confiance en elle et en son jugement ? Voilà qui était décevant. Elle pensait avoir dépassé ce stade avec son ami mais s’il lui fallait une piqure de rappel eh bien, ainsi soit-il. Quelques secondes, elle soutint le regard de Théo avant de se tourner vers Raphaël. « Et toi, pas la peine de te mettre dans des états pareils. » Reprit-elle d’une voix un peu plus calme. Elle voulait bien le défendre autant que nécessaire mais ce n’était pas en se montrant trop émotif qu’il parviendrait à prouver sa bonne foi. Elle comprenait sa frustration mais elle savait qu’elle ne le mènerait nulle part. Encore moins face à Théo.

Maintenant que ça c’était sorti, Soledad pris quelques secondes pour retrouver son calme. Elle passa une main dans ses cheveux et observa ses deux comparses avant de reprendre. « Ce n’est pas parce que le Blood Circle cherche à nous diviser que nous devons entrer dans leur jeu. Ne leur donnons pas raison. Tous les moldus ne sont pas acquis à leur cause et tous les sorciers ne souhaitent pas la mort des moldus. » Plaida-t-elle. Elle savait que là aussi elle présentait des évidences, mais parfois ça faisait du bien de le redire. Pour montrer à Théo que tous les moldus n’étaient pas mauvais et à Raphaël que malgré le manque de confiance tout n’était pas forcément perdu. Finalement, elle fit un pas vers l’ancien Gryffondor et s’appliqua à croiser son regard. « On a déjà la moitié de la population qui veut notre mort, on ne peut pas commencer à repousser tous ceux qui veulent nous aider. Est-ce que tu peux au moins lui laisser le bénéfice du doute ? S’il te plait ? » Lui demanda-t-elle doucement. Elle ne lui demandait pas un miracle, juste un pas en avant. Il pouvait se montrer aussi méfiant qu’il voulait, tant qu’il laissait une chance à Raphaël de prouver sa bonne foi Soledad ne demandait rien de plus. D’ailleurs le moldu avait déjà montré qu’il était de leur côté, il avait rejoint l’Ordre depuis des mois et même participé à des missions et aucune information n’avait fuité jusqu’au Blood Circle. Tout ça Soledad l’aurait bien souligné à Théo mais elle savait qu’il le savait déjà alors elle se doutait que ça ne devait pas peser beaucoup selon lui. De nouveau, la mexicaine recula d’un pas. Tout ça était bien plus compliqué que prévu. Elle adressa un regard radoucit à Théo et Raphaël. « Bon, vous pensez que vous allez réussir à vous comporter bien tous les deux ou je vais devoir rester pour jouer les baby-sitters ? »

Là bas on sait tout le prix de la guerre

Soledad ☽ ☾ Théo ☽ ☾ Raphaël

A quoi s’était-elle attendue exactement ? En toute honnêteté, Soledad ne le savait pas trop. Lorsqu’elle avait accepté de répondre à la requête de Raphaël, elle ne s’était pas attendue à devoir faire face à autant de difficultés. Le moldu avait formulé une demande plutôt simple : apprendre à se battre. En tant que membre de l’Ordre du Phénix, la mexicaine côtoyait de nombreuses personnes qui avaient les qualifications nécessaires dans ce domaine, elle connaissait assez de sorciers vers qui se tourner pour répondre à cette demande sans trop de difficulté. Trouver un futur entraineur n’avait pas été bien compliqué, pour cela il lui avait suffit de se tourner vers celui qui se chargeait de ses propres entrainements depuis plus d’un an maintenant. On aurait pu croire qu’à ce rythme là, bientôt Théo allait entrainer tout l’Ordre à lui tout seul, mais Soledad avait su se montrer convaincante -et battre des cils - jusqu’à ce qu’il accepte au moins une première rencontre afin de se faire un avis. Et c’était à partir de là que les difficultés, les vraies, avaient commencées. Oh, elle était au courant de l’avis que Théo avait sur les moldus, mais peut-être avait-elle été trop naïve et l’avait-elle sous estimée. Cette animosité, elle n’avait pas cherché à en connaitre les raisons, ni même la force, elle estimait que c’était trop personnel et que ça ne la regardait pas. Si Théo avait voulu lui en dire plus, il l’aurait fait sans qu’elle ait besoin de l’y pousser. Elle s’était dit qu’en agissant ainsi elle respectait les raisons de son ami, mais peut-être avait-elle eu tort sur toute la ligne, peut-être aurait-elle dû insister. Parce maintenant elle se retrouvait avec un sorcier qui sortait les griffes avant même d’en savoir plus sur la situation pour accuser Raphaël de toutes les mauvaises intentions du monde. Et d’un moldu qui semblait passablement traumatisé par cette rencontre qui tentait de faire face mais paraissait aussi prêt à se rouler en boule par terre. C’était que ça promettait tout ça.

Si elle avait été dans un premier temps bien décidée à ne pas intervenir, Soledad avait dû revoir rapidement son avis sur la question. Elle pouvait comprendre les doutes, craintes même, de Théo mais elle était loin d’adhérer à sa manière d’interroger Raphaël. Le mettre en garde était une chose, l’accuser alors qu’il avait déjà fait ses preuves était contre productif. Et surtout, ça montrait à Soledad que son propre meilleur ami n’avait pas beaucoup foi en son jugement. Et ça, ça ne plaisait pas beaucoup à la mexicaine. Elle sortit donc de son silence pour remettre les pendules à l’heure, Théo en faisait trop, beaucoup trop et il était grand temps qu’il se calme. Quant à Raphaël, lui aussi devait se calmer, mais pour le coup il s’agissait plutôt de ses nerfs dont il devait retrouver le contrôle. Lorsque l’infirmier planta son regard dans celui de la voyante, elle ne cilla pas. Elle le soutint sans hésiter, Théo avait beau être son ami ce n’était pas pour autant qu’elle allait tout accepter de sa part. Quelque part elle se disait que c’était son rôle en tant qu’amie que de lui dire quand il exagérait, et là c’était le cas. Elle soupira à la remarque de l’ancien Gryffondor. Allons bon, maintenant il lui prêtait des propos qu’elle n’avait pas eu. « Je ne te demande pas d’être hypocrite, je dis simplement que tu n’as pas besoin d’agresser tout le monde sans raison. » Répondit-elle sans se laisser démonter. Il avait le droit d’être sceptique, bien sûr, il avait le droit d’émettre ses doutes et de demander au moldu de montrer patte blanche. Mais il y avait une manière de le faire, et lui sauter directement à la gorge n’était pas ce que Théo pouvait faire de mieux. Elle ne lui demandait pas de devenir un grand ami du moldu, elle doutait que ça arrive un jour, mais au moins de ne pas le menacer de mort dès leur première rencontre. Les sorciers étaient déjà dans une position particulièrement délicate avec tous ces moldus qui voulaient leur mort, pourquoi risquer de se mettre à dos les rares qui ne souhaitaient pas les voir brûler sur un bûcher ? Agir ainsi ce serait jouer le jeu du Blood Circle, ce serait signer leur défaite.

Finalement, Théo soupira et concéda qu’il pouvait au moins laisser les bénéfices du doute à Raphaël. Soledad se détendit légèrement. Elle n’avait aucune envie de se disputer avec l’infirmier, surtout au sujet des moldus alors que ceux-ci leur rendaient déjà la vie assez difficile comme ça, mais elle ne pouvait pas non plus le laisser s’en prendre gratuitement au jeune homme. Le bénéfice du doute, c’était tout ce qu’elle lui demandait, elle n’exigeait rien de plus que lui. « Merci. » Souffla-t-elle dans un sourire. Soledad vit bien le regard en coin que Théo lui jeta avant de prévenir Raphaël qu’ils n’étaient pas ennemis tant qu’il n’agissait pas contre eux. La menace était à peine voilà mais la mexicaine décida de laisser couler. Au moins cette fois l’ancien auror affirmait qu’ils n’étaient pas ennemis d’office alors autant prendre ça pour un pas en avant. Tout progrès était bon à prendre alors Soledad n’allait pas s’en plaindre. La méfiance de Théo, ils pouvaient faire avec. Et puis, il n’avait pas tort. Simplement ça concernait plus que les moldus, ça concernait tout le monde. Et habituellement on ne balançait pas ça en pleine première rencontre. Pour le coup, la sorcière jugea plus simple de laisser Raphaël répondre seul, il n’avait pas besoin d’elle pour se défendre -du moins pas tout le temps- et elle ne voulait pas risquer par finir de se mettre Théo à dos. Soledad était prête à beaucoup de choses pour aider ceux qu’elle considérait comme ses amis, mais risquer d’autres amitiés n’en faisait peut-être pas parti, et elle n’avait pas envie de le découvrir. Raphaël se chargea donc de défendre sa cause seul et ce fut très bien ainsi. Il n’avait pas grand-chose à avancer de plus que sa bonne foi -en même temps que pourrait-il faire de plus ?- mais Soledad trouvait qu’il s’en sortait plutôt bien, surtout qu’il ne fallait pas oublier qu’il avait déjà effectué quelques missions pour l’Ordre.

La sorcière jeta un coup d’œil à Théo pour voir ce qu’il pensait de tout ça. Elle n’espérait pas le faire changer d’avis, elle n’était pas là pour ça mais au moins il paraissait un peu plus ouvert à la présence du moldu. Tout n’était pas perdu. Puisque les choses semblaient engagées sur une meilleure voie, Soledad envisagea de les laisser seuls et de repartir de son côté. Du moins s’ils parvenaient à se comporter comme des adultes responsables -des adultes responsables, où ça ?. A la remarque de Théo, la voyante roula des yeux avant de rétorquer « N’exagère pas. » Ah non, il n’allait pas se la jouer vexé alors que quelques instants plus tôt c’était lui qui sautait sans raison à la gorge de Raphaël. Rapidement, Soledad se désintéressa de Théo pour se tourner vers Raphaël, elle savait qu’avec le sorcier quand ils commençaient à se tirer -amicalement- dans les pattes, ça pouvait durer un moment. Sauf qu’apparemment, elle allait avoir tout le temps du monde pour embêter son meilleur ami puisque Raphaël affirma qu’il votait pour qu’elle reste. Au fond elle n’était pas vraiment surprise, à sa place elle aurait sûrement demandé la même chose. Après tout, vu le jugement de Théo, elle était un peu son seul soutient dans la pièce. Alors clairement se retrouver seul avec quelqu’un qui vous agressait à moitié dès le départ, ça n’avait rien de motivant. Et c’était encore plus compréhensible lorsqu’il s’agissait d’apprendre à se battre. Soledad passa une main dans ses cheveux, elle devait bien l’avouer ça n’avait pas été dans ses plans d’assister au premier entrainement de ces deux là. Mais en même temps elle se voyait mal planter là Raphaël alors qu’il lui demandait de rester. Elle aurait été une bien piètre amie d’agir ainsi.

Soledad croisa le regard de Théo avant de se décider. Elle se demanda ce qu’il pensait de tout ça. Enfin, de toute façon sa décision était prise, elle ne pouvait quand même pas abandonner Raphaël de la sorte. Elle allait rester assister à la toute première séance du moldu, aussi bien pour qu’il se sente un peu plus à l’aise face à Théo mais aussi pour marquer le coup. Elle pouvait bien faire ça. Par contre pour les entrainements suivants, le jeune homme allait devoir apprendre à faire sans elle, à moins qu’ils ne décident de se faire une séance en commun, elle n’avait pas l’intention de se rajouter plus d’entrainements. Elle en faisait déjà bien assez à son goût. Et puis au bout d’un moment elle n’aurait plus de place pour de nouveaux bleus. Finalement, elle sortit sa baguette et, d’un geste, fit approcher un fauteuil un peu vieillot mais à l’air confortablement moelleux. « Bien, je vais rester, mais ne vous attendez pas à ce que je participe à votre entrainement. J’ai déjà eu ma dose pour la semaine. » Lança-t-elle en se laissant tomber dans le siège. Elle remua un peu pour se mettre à l’aise avant de reporter ses prunelles sur ses deux comparses. Aujourd’hui elle comptait être spectatrice et rien d’autre. S’il fallait donner quelques conseils à Raphaël, elle n’hésiterait pas à intervenir mais elle trouvait que c’était déjà assez bien comme participation. « Je compte sur vous pour rendre le spectacle intéressant. » Reprit-elle avec un sourire. Au moins ça promettait de lui rappeler quelques souvenirs. Même si elle suspectait que Théo n’allait peut-être pas être aussi indulgent avec Raphaël qu’il ne l’avait été avec elle lors de leur première séance.

Là bas on sait tout le prix de la guerre

Soledad ☽ ☾ Théo ☽ ☾ Raphaël

Alors comme ça Théo estimait qu’ils se comportait bien ? Ah oui, c’est sûr que leur rencontre s’était passée à merveille dès les premiers instants. Ca n’avait été que grands sourires et partie de rigolade. Ils allaient passer un excellent moment, ils l’avaient compris tout de suite. D’ailleurs, Soledad en était sûre, Théo et Raphaël allaient devenir de grands amis. Il suffisait de les regarder discuter, la mexicaine pouvait parier que dans quelques minutes ils allaient commencer à se raconter leurs vies respectives en se tapant dans le dos comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Peut-être même qu’ils allaient laisser tomber cette histoire d’entrainement au combat pour sortir du thé et des petits gâteaux afin de continuer tranquillement leur discussion. Après tout, le jeune moldu n’avait pas eu à faire face à la méfiance du sorcier, ni à promettre sa bonne foi de son mieux. Et Soledad n’avait absolument pas eu besoin d’intervenir, c’est sûr, ces deux là s’étaient montrés parfaitement calmes et raisonnables pour une première rencontre, pas un mot au dessus de l’autre, pas l’ombre d’une menace, ça avait été parfait de bout en bout. Oh, mais attendez, non, ça avait été exactement tout l’inverse. Ahlala c’est qu’il avait de l’humour ce Théo, ils se comportaient bien… A d’autres. Soledad n’était pas dupe et elle savait très bien que l’ambiance n’allait pas soudainement s’améliorer avec son départ. Elle avait tout de même évoqué cette éventualité, mais franchement elle n’y avait pas cru un seul instant. Après la façon dont son meilleur ami avait sauté à la gorge du moldu -à raison ou pas, là n’était pas la question- elle s’était mal vue rentrer tranquillement chez elle et les laisser seuls. Elle ne fut donc pas surprise quand Raphaël lui demanda si elle pouvait rester. A sa place elle aurait sûrement fait pareil, mais elle trouvait ça dommage que la méfiance soit telle que sa présence en soit nécessaire. Ils avaient beau avoir un ennemi commun, ça ne rendait pas la situation plus aisée pour autant.

Soit, puisque le moldu était plus rassuré avec elle dans les parages, et que Théo ne trouvait rien à y redire, elle resterait. Oui, elle avait bien vu les yeux de l’infirmier se lever au ciel, mais ça ne comptait pas vraiment comme une protestation c’est pas lui qui a peur de se faire démonter. Une fois que ce fut décidée, la mexicaine fit venir un fauteuil à elle pour s’y installer. Elle voulait bien rester et soutenir Raphaël, mais elle ne comptait pas participer à l’entrainement, il ne fallait pas exagérer. En revanche, s’ils pouvaient rendre tout ça un minimum intéressant ça ne serait pas plus mal. Si Soledad avait su qu’elle finirait par rester elle se serait prévue un peu de lecture pour faire passer le temps. Ce fut à son tour de rouler des yeux en entendant Théo dire qu’elle exagérait. Ah c’est sûr que pour se moquer d’elle, il arrivait parfaitement à discuter avec le moldu. Bravo l’amitié. Néanmoins, elle ne perdit pas son sourire, elle avait assez d’humour pour accepter les piques de son ami. « Vous avez tort tous les deux. » Lança-t-elle d’une voix légère, à la fois pour embêter Théo et pour ne pas laisser Raphaël se traiter tout seul de minable. S’entrainer avec un novice ne la dérangerait pas, même si elle doutait que ce soit la meilleure des idées. Pas qu’elle ne voyait pas, mais simplement elle était plus habituée à être celle qu’on entrainait, que celle qui entrainait. Tout ce qu’elle savait, elle le devait à Théo, autant que ce soit lui qui transmette tout ça à son élève du jour. Bon l’infirmier n’avait pas totalement tort, elle avait eu déjà plusieurs entrainements dans la semaine alors elle avait un peu la flemme d’en faire un de plus. Même si pour celui là elle se doutait qu’elle aurait eu le dessus. Mais elle n’allait pas l’avouer, ça lui aurait fait trop plaisir. Elle se contenta donc d’une œillade amusée.

Ceci fait, l’entrainement pu commencer. Depuis son fauteuil, Soledad observa d’un regard intéressé ses deux camarades se faire face. A part un hé de protestation lorsque Théo affirma qu’elle allait dégouter le moldu des combats, elle garda le silence. Elle savait ce que c’était qu’un premier entrainement, l’excitation, l’appréhension et surtout la concentration que ça demandait. Elle voulait que ça se passe bien pour Raphaël, ou du moins que ça se passe au mieux, alors elle ne dit mot et laissa son meilleur ami prendre les rênes. Théo savait ce qu’il faisait, Raphaël comme elle auraient des choses à apprendre de lui alors malgré ses déclarations précédentes, elle se concentra aussi. Elle avait beau être confortablement installée, ça ne l’empêchait pas d’observer et de retenir. En premier exercice, l’infirmier demanda au moldu de le faire tomber. C’était un grand classique mais sûrement le plus efficace pour déterminer du niveau du jeune homme. Niveau qui n’était pas bien haut à première vue, puisqu’il se retrouva à terre en moins de deux secondes. Oups, ça faisait mal à l’égo ça. Soledad lui adressa un sourire encourageant lorsqu’il s’excusa de sa nullité auprès de Théo. La mexicaine se souvenait encore de son premier entrainement avec le sorcier et le moins qu’on pouvait dire c’était qu’elle n’avait pas fait beaucoup mieux que Raphaël. Il avait beaucoup à apprendre, mais c’était pour ça qu’ils étaient là après tout. Puisque cet exercice n’était pas une réussite, Théo décida d’échanger leurs rôles pour que le moldu essaye de le faire tomber. Soledad se redressa lorsque son ami lui demanda de le guider verbalement, elle hocha la tête prête à accomplir sa tâche lorsque Raphaël beugla un objection carrément dramatique qui lui fit hausser un sourcil. Le moldu leur expliqua qu’il préférait d’abord tenter sa chance sans les indications de la sorcière, afin qu’ils puissent l’évaluer. Soledad eut un sourire entendu lorsque Raphaël réaffirma sa motivation. Bien, il était déjà sur la bonne voie. « Bonne idée. » Admit-elle avec un hochement de tête. Et pour prouver qu’elle était prête à ne pas intervenir et à lui laisser le champ libre, elle se renfonça dans son fauteuil.

Malheureusement pour Raphaël, sa tentative ne fut pas vraiment un succès et Théo bougea à peine d’un millimètre. La mexicaine eut un sourire compatissant lorsque le moldu demanda à quel point il était nul ainsi que ce qui allait ou pas dans son essai. « Tu n’es pas nul, tu débutes, c’est normal. » Affirma-t-elle doucement pour le rassurer. Pour le moment elle était là pour remplir ce rôle mais le moldu allait devoir gagner en confiance en soi. Certes, il n’était vraiment pas doué, personne n’allait prétendre le contraire, mais ça n’avait rien d’étonnant, il commençait tout juste. A son niveau personne ne commençait par des victoires. Et Soledad n’avait pas fait exception. « Je n’étais pas beaucoup plus douée quand j’ai commencé. Pas la peine de commenter, Théo. » Ajouta-t-elle en dardant un regard faussement menaçant sur son meilleur ami. Oh l’infirmier en avait des choses à raconter sur leurs premiers entrainements mais ils n’étaient pas là pour ça. Non, pour le moment elle devait rassurer et guider Raphaël. Ou du moins faire de son mieux. Bon, il fallait qu’elle reprenne dans l’ordre, elle reporta ses prunelles sur le moldu. « Ce qui va ? Tu as la volonté, on ne dirait pas comme ça mais ça fait beaucoup. » Affirma-t-elle. Elle était consciente que ça faisait un peu bateau dit comme ça mais elle savait aussi que les encouragements n’étaient pas à sous estimer. Si Raphaël se sentait soutenu, il avait toutes les chances de persévérer et Soledad avait bien l’intention que ça se passe ainsi. Malheureusement elle n’avait pas grand-chose à dire de plus sur ce qui allait, oups. « Pour le reste… Tu manques de force, mais ça c’est normal, ça va venir. » Reprit-elle avec un hochement de tête. Elle savait que le moldu n’était pas vraiment un habitué du sport alors c’était logique. Inutile de s’attarder là-dessus, chaque chose en son temps.

Bon, le positif, le négatif, c’était fait, maintenant il s’agissait de donner quelques conseils à Raphaël. L’objectif était qu’il s’améliore alors autant mettre toutes les chances de son côté. De nouveau, Soledad se redressa et vint poser ses coudes sur ses genoux, bien plus concentrée qu’elle ne l’avait escompté l’être. Elle observa un instant Théo avant de se tourner vers Raphaël. « Pour la technique, regarde comment Theo se tient, son centre de gravité est parfaitement centré. Il doit être au niveau de son nombril ou un peu en dessous vu sa taille. Ça veut dire que si tu l'attaque de face pour le faire tomber, tu as peu de chance de réussir. » Expliqua-t-elle en tentant de rassembler tout ce qu’elle avait pu apprendre de ses propres mois d’entrainement. Ce n’était pas forcément évident, pour sa part elle trouvait qu’il y avait une grande part d’instinct dans le combat, mais elle était décidée à trouver des pistes pour le moldu et il y avait quelques points essentiels à mentionner. « L'objectif pour toi ce sera de déséquilibrer ce point de gravité. En lui enlevant un appui par exemple. Là tu pourras utiliser son poids à ton avantage pour le faire basculer. » Reprit-elle en montrant les jambes de Théo et notamment le pied qu’il avait placé en arrière. Ce n’était pas son pied d’appui principal, mais si on l’en privait alors son équilibre serait mis à mal. Ca ne durerait sûrement qu’une seconde mais ça pouvait suffire. Soledad prit une seconde pour réfléchir, se repassant le moment où Raphaël avait attaqué l’infirmier. « Quand tu attaques quelqu'un, ne laisse rien paraître et n'hésite surtout pas. » Elle se souvint d’un bref instant d’hésitation du moldu. « Tu vois, là tu as eu un moment d'hésitation et si moi je l'ai vu alors Theo l'a vu aussi et il a pu se préparer. » Une preuve de plus que parfois il ne fallait pas trop réfléchir dans ce genre de situation, tout se jouait en quelques secondes. Bien sûr, il fallait coupler tout ça avec de la force et de la technique, mais encore une fois ça viendrait avec le temps. Ce n’était que le premier entrainement de Raphaël, il ne fallait pas trop lui en demander dès le début. Soledad espérait tout de même que ces quelques indications pourraient l’aider. Ne voyant plus trop quoi dire, elle se tourna vers Théo. « Ca va, je ne dis pas trop de bêtises ? » Demanda-t-elle avec un sourire en coin. Après tout, dans cette pièce, ce n’était pas elle l’experte.