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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
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Wear your heart on your skin in this life ~ {Lora I}  :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Théodora Haig
Théodora Haig
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Lun 23 Nov - 19:57
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10 mai 2019 | White Thestral | Fin de journée
Cela faisait maintenant presque un mois que Jaeden avait tué ces brutes. Non pas que la vision de leurs corps sans vie aient traumatisés Théodora – après tout elle avait déjà vu un cadavre n’est-ce pas ? -, il s’agissait surtout de la rage qui avait habitée Evans à cet instant et le mensonge qui avait suivi. Elle n’était toujours pas sûre de vouloir continuer à tenir cette façade. Même après avoir accepté un emploi de comptable pour les Zabini, même après avoir reçu la marque de la Cosa Nostra sur le bras. La jeune femme était coincée, dos au mur.

Et puis il y avait eu cette demande de Luca. De repasser au White Thestral pour faire quelques retouches sur son tatouage. Évidemment qu’elle s’était méfiée. Il avait peut-être découvert le pot-au-rose ? Il l’attendait avec ses gorilles pour l’exécuter, comme un exemple pour ceux qui oseraient prendre les Zabini pour des idiots. Malgré cette angoisse grandissante, malgré cette perspective de mourir de la main même de son nouveau patron, Dora se retrouvait à marcher vers le bar. Elle avait quand même envoyé un hibou à Jaeden, histoire qu’il sache où elle avait rendez-vous et avec qui. Glissé dans un petit message anodin mais daté. Au cas où… Mais que pourrait bien y faire Evans s’il lui arrivait quoi que ce soit ? Leur lien était-il suffisant comparé à celui que le tatoué avait avec cette nouvelle famille ?

La gorge serrée, elle restait plantée maintenant depuis quelques minutes devant les portes du bar. Ses jambes refusaient d’avancer. L’heure avançait et elle ne voulait pas être en retard. Et pourtant elle n’arrivait pas à se décider à avancer. Tous ses choix l’avaient mené en cet instant. Serait-ce enfin la sanction définitive ? Après une prière muette, son pied avança, puis le second. Il était temps.

Poussant les portes de l’établissement, elle y remarqua quelques têtes connues, du genre à trainer pas loin de Jaeden ou Luca quand elle les avait côtoyés aux courses de motos ou au garage. Mais maintenant tout été différent, chacun la saluait, après tout elle était de la famille. Théodora leur rendit leur salut tout en sentant une désagréable sensation sur son bras, à l’emplacement du tatouage. Une marque indélébile qui venait avec son lot de devoir. La journée s’achevait. Un vendredi, cela annonçait l’arrivée prochaine de pas mal de monde. Cela voulait aussi dire de l’argent qui entrerait dans les caisses. Tant mieux. Secouant la tête, elle soupira. Déjà dans ses calculs alors qu’elle n’était même pas sûre de survivre à cette soirée.

Arrivant à l’arrière du bar, elle resta encore quelques secondes derrière la porte. Si quelque chose tournait mal, elle charmerait Luca avec ses grands yeux bleus et ses cheveux blonds négligemment lâchés sur ses épaules, comme elle le faisait à chaque fois que la situation le nécessitait avec qui il le fallait. Elle s’en sortait toujours. Pour le meilleur et pour le pire.

Poussant la porte, elle trouva Luca affairé à préparer tout le matériel de tatouage. Personne d’autre en vue. Les sourcils de la jeune femme se froncèrent. Peut-être que la raison de sa demande était exactement la demande en question. Presque étonnée de ce fait, Dora s’éclaircit la gorge. « Luca ? Bonsoir. Je suis là pour la retouche. Tu sais du tatouage que tu m’as fait la semaine dernière… » Un sourire gênée accompagna ses paroles. Il fallait qu’elle se calme. Théodora n’avait en face d’elle que Luca avec qui elle avait ri, bu des bières et parié sur des courses. Il s’avérait maintenant être aussi son patron et le gars qui pouvait la faire assassiner en un claquement de doigt mais… Cela ne semblait pas au programme. Enfin elle l’espérait.

C’était d’ailleurs peut-être la première fois qu’elle se retrouvait seule à seule avec lui. Pour se détendre, elle allait faire ce qu’elle savait faire de mieux : parler. « Je ne savais même pas qu’il y avait besoin de faire des retouches sur ce tatouage… Enfin je sais qu’il faut régulièrement faire des retouches sur des tatouages, je connais Jaeden depuis suffisamment longtemps mais… » Elle pointa son bras. «Enfin bref, j’espère que cela fera moins mal que la première fois… » Dit-elle toujours en souriant.

« Je… Pose mes affaires là » Joignant le geste à la parole, elle enleva son écharpe et la posa sur une chaise dans un coin de la pièce. S’en suivit sa veste en cuir noire et son pull gris en cashmere. Ce dernier était une petite folie avec l’avance qu’elle avait reçue. Restant présentable grâce à un jeans et un débardeur bordeaux, elle releva ses cheveux en chignon tout en se rapprochant de Luca. « Ta journée s’est bien passée ? J’ai commencé à regarder les livres de comptes du bar. Si tous les vendredis pouvaient être comme le dernier mois, ça serait parfait ! » . De la discussion sans grand intérêt pour détendre l’atmosphère. Garder Luca occupé et intéressé, c’était comme ça qu’elle survivrait. Se rendre indispensable tout en étant appréciée. Si Dora devenait un membre à part entière de cette famille, peut-être que Luca passerait l’éponge sur ses erreurs et ses mensonges ? « Et quoi Dora ? Tout se passerait bien dans le meilleur des mondes ? » Évidemment que non… Rien ne se passait jamais bien. L’univers semblait enclin à ne pas la laisser en paix… Oui c’était bien de blâmer l’univers.
Luca Zabini & Théodora Haig
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Luca Zabini
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Lun 23 Nov - 23:01

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Luca & Théodora - Début mai 2019


Une semaine après l’intronisation de Théodora dans la famille, tu lui as demandé de passé au White Thestral pour effectuer quelques retouches. Tu es quelqu’un de méticuleux, tu aimes le travail bien fait. Que ce soit dans les affaires de la Cosa Nostra ou pour les tatouages, tu ne laisses jamais rien au hasard. Installé dans la petite pièce à l’arrière du bar, tu prépares les aiguilles, les gants et le matériel nécessaire. Tu jettes un coup d’œil à l’horloge accrochée au mur et tu regardes le soleil décroître doucement par la fenêtre. On est vendredi, le bar devrait bientôt accueillir ses premiers clients et tu as hâte de pouvoir passer la soirée à te défoncer. Une fin de semaine comme une autre. Mais celles-ci sont de plus en plus difficiles, tout comme la pression qui repose sur tes épaules depuis des mois. Ton regard croise le petit miroir près de la porte et l’homme qui s’y reflète n’est plus vraiment le même que celui qui est arrivé à Londres il y a presque deux ans ; tes cernes s’accumulent, tes traits sont fatigués. C’est l’effet de la drogue et tu le sais mais tu chasses cette pensée de ton esprit, ce n’est pas le moment de se culpabiliser. Tu sais que tu es accro et même si personne n’est vraiment au courant -si ce n’est Rose- que tu n’es plus capable de gérer les doses que tu t’injectes. Mais malgré tout cela, ta carrure en impose toujours et tu essayes de garder la tête sur les épaules.

Tu retires ton pull et le déposes sur ton fauteuil. Ton tee-shirt noir bien cintré laisse entrevoir tes muscles saillants et le tatouage de la Cosa Nostra siège fièrement sur ton avant-bras, il est rare que tu le dévoiles ainsi. Tu te surprends parfois à l’admirer, à le redécouvrir à nouveau ; la lame du poignard entourant les écailles du serpent. Le symbole de la famille, à jamais tatoué sur ta peau à l’encre indélébile. Cette marque, tu en es fier, autant que le poids à porter en est lourd. Tu attrapes le paquet de cigarette coincé dans la poche arrière de ton jean et tu t’en grilles une. Assez rapidement, l’odeur de la clope emplit la pièce de son parfum que tu trouves rassurant. Tu t’assois sur ta chaise roulante tout en tirant à nouveau une latte sur ta cigarette. Tu vérifies que tout est bien préparé pour le tatouage lorsque la porte s’ouvre pour laisser entrevoir une jolie jeune femme. « Salut. » Il faut dire que tu as toujours trouvé Théodora très sexy mais tu n’as jamais rien tenté envers elle, tu ne voulais pas que cela mette Jaeden mal à l’aise même si tu sais que tu n’as nullement à lui demander la permission.

Tu relèves les yeux vers elle et tu fronces les sourcils en voyant son sourire gêné. « Luca ? Bonsoir. Je suis là pour la retouche. Tu sais du tatouage que tu m’as fait la semaine dernière… » Euh ouais ? Qu’est-ce qui lui prend de te dire ça comme ça ? C’est ce que tu lui avais dit dans ton hibou non ? « Bah putain, détends-toi Théodora, ça va bien se passer. » Franchise et simplicité, ce sont les mots qui te définissent. Tu ne fais pas dans la dentelle. Tu la regardes à nouveau avec tes yeux inquisiteurs qui n’hésitent pas à mater doucement au passage tandis qu’elle retire sa veste en cuir noir. Tu souris doucement. Il y a toujours ce stéréotype ridicule qui dit que les hommes aiment les femmes habillées en cuir ; tu dois avouer que c’est vrai. Encore plus quand l’homme en question est un grand amateur de course de moto parce qu’on sait bien que moto est égal à veste en cuir. Elle n’aura pas mis longtemps à s’accommoder du look de la maison.

Théodora s’approche de toi et elle bavasse sur les comptes du bar. Tu lèves les yeux au ciel. Il faut dire que les chiffres, c’est pas ton truc, tu n’as jamais été vraiment doué pour t’occuper de ça, surtout la double-comptabilité. Entre les affaires légales et les illicites, il y avait de quoi en perdre son italien. Tu préférais laisser ça aux professionnels. Et maintenant que la jeune femme faisait partie de la famille, à qui d’autres aurais-tu pu confier cette tâche ingrate ? Enfin ingrate… Pas pour tout le monde apparemment puisqu’elle a déjà mis son nez dans ces longues lignes de chiffre auxquels tu ne comprends pas grand-chose… Tu lui fais signe de s’installer sur le fauteuil de tatouage. « Assis-toi. » Tandis qu’elle s’installe, tu te rends compte que c’est la première fois que vous vous retrouvez seul tous les deux et cela t’amuse, encore plus maintenant que tu sens qu’elle est gênée. Tu te demandes pourquoi. Est-ce parce que tu es désormais son supérieur hiérarchique ? Cela fait super con dit comme ça. Est-ce parce que tu l’intimides ? Est-ce parce qu’elle te trouve incroyablement sexy ? Peut-être est-ce les trois à la fois. En tout cas, tu n’as pas envie de faire des retouches à une personne troublée, elle pourrait trembler et tu pourrais te foirer, il manquerait plus que ça. « T’es tendue Théodora. Va falloir te déstresser. J’tatoue pas quelqu’un qui pue la nervosité. Et puis, c’est vendredi soir alors on parle pas de boulot. Encore moins de comptabilité. » Voilà, ça plante le décor. T’as vraiment envie de tout, sauf d’entendre parler de chiffres ce soir. Tu préfères et de loin, passer directement à la partie la plus intéressante ; à savoir, l’aiguille sur la peau de Théodora. Tu lui souris : « Pour répondre à ta question de tout à l’heure, oui, ça fera moins mal que la semaine dernière. Ça sera bien plus court aussi. » Tu lèves les yeux vers la jeune femme et tu tends la main pour qu’elle te donne son avant-bras. Un bandage protège ton œuvre d’art, tu as hâte de voir ce que cela donne après une semaine. « T’as bien mis la crème cicatrisante que je t’avais donnée ? » Elle a plutôt intérêt, sinon, ça va chier.

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Mar 24 Nov - 0:53
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10 mai 2019 | White Thestral | Fin de journée
Luca semblait aussi surpris de voir Théodora gênée que Théodora l’était de voir que Luca ne voulait pas la tuer. L’ironie de la situation échappa quelque peu à la jeune femme qui sursauta presque aux paroles du Zabini. « Bah putain, détends-toi Théodora, ça va bien se passer. »  Effectivement, tout semblait bien se passer. Elle en fut presque étonnée. Étonnée de la situation et de se faire appeler Théodora. Elle aurait presque cru entendre son père qui allait la réprimander. Cela la fit sourire, sourire qui ne la quitta pas alors même qu’elle se déshabillait. Elle devina le regard de Luca sur elle. Oh, elle le connaissait parfaitement ce genre de regard. Elle l’avait expérimenté à de nombreuses reprises, menant à de bons et de mauvais souvenirs. Dans quelle catégorie tomberait Luca ?

Suivant les indications du tatoueur du jour, Théodora s’asseya sur le fauteuil, et tenta de calmement poser sa respiration. Pour détourner son esprit des stupides plans qu’elle avait échafaudé sur sa fin prochaine en venant ici, elle détailla Luca qui s’affairait. Peut-être était-ce les relents d’une pseudo-amitié avant son intronisation dans la Cosa Nostra, mais Dora appréciait Luca. Mais comme Jaeden, il avait une part d‘ombre qu’elle ne voulait définitivement pas réveiller aujourd’hui. Luca pouvait se montrer drôle et gentil et… Ce T-shirt ! « Reste concentrée Dora. » lui intima une voix dans sa tête. Oui mais quand même, il n’était vraiment pas laid à regarder le Zabini, même carrément can… « T’es tendue Théodora. Va falloir te déstresser. J’tatoue pas quelqu’un qui pue la nervosité. Et puis, c’est vendredi soir alors on parle pas de boulot. Encore moins de comptabilité. »  Dora faillit s’étouffer avec sa propre salive. Certes il était maintenant son boss mais il allait apprendre certaines manières le garçon. Oubliant presque qu’à peine quelques minutes plus tôt, elle pensait le voir l’assassiner, elle répondit avec franchise. « Je suis pas stressée. Je suis légèrement nerveuse et uniquement à cause des aiguilles, Luca. »  Théodora ne savait définitivement pas sur quel pied danser avec lui. Elle marmonna plutôt pour elle que pour véritablement son interlocuteur. « Et la comptabilité est une profession qui est putain d’intéressante… »   La phrase suivante calma quelque peu l’énervement que sentait poindre Dora. « Pour répondre à ta question de tout à l’heure, oui, ça fera moins mal que la semaine dernière. Ça sera bien plus court aussi. »  Au moins ça c’était une bonne nouvelle. « Tant mieux. Non pas que d’être scrutée pendant des heures ne m’emmerde mais dans le genre douleurs, y en a des beaucoup plus sympathiques.. »  Théodora avait parlé sans réfléchir et s’en mordit les joues. Elle jeta un regard en coin à Luca pour tenter de scruter sa réaction. Super, qu’allait-il penser d’elle maintenant ? Ses sous-entendus grivois, elle allait se les garder.

Alors que Dora continuait de fixer Luca –il pourrait totalement la tuer avec ces bras…Ces bras mais regardez-moi ces bras !-, ce dernier releva les yeux et il était évident qu’il l’avait vu le fixer. Ok la situation pouvait être quelque peu gênante, bien que vu les réactions de Luca, elle était véritablement la seule gênée ici… Ce qui était plutôt rare.

Bon, cela faisait quelques minutes qu’aucun gorille n’était entré et que Luca n’avait pas attrapé sa baguette. La thèse de l’assassinat pouvait être officiellement écartée. Cela voulait donc dire qu’il n’était au courant de rien… Intéressant. Soudain libérée du poids qu’elle trimballait depuis des heures, depuis le hibou de Luca en fait, elle respira de nouveau. Tout allait bien et tout allait aller pour le mieux ! À vrai dire, elle n’avait pas été aussi enthousiaste en son avenir depuis longtemps. Un nouveau job qui avait au moins un peu de légalité dedans, et une famille… Pas exactement celle à laquelle elle se serait attendue dans son enfance mais… Cette famille avait le mérite d’exister. Théodora donna son avant-bras à Luca avec beaucoup plus de confiance que quelques minutes plus tôt. « T’as bien mis la crème cicatrisante que je t’avais donnée ? »  Prenant un air outrée à peine surjoué, elle répondit. « Bien sûr Monsieur Zabini. Tous les jours comme ordonné. »   Elle ne put retenir un rire devant le ridicule de la situation. « C’est comme ça que tu parles aux subalternes ? »  Fit-elle avec une moue moqueuse. « Faut que je m’habitue c’est ça ? »   Encore et toujours cette situation étrange où elle ne savait comment se comporter avec Luca. « D’ailleurs, faut que je t’appelle « Patron » maintenant ? Ou « Boss » ? »  Théodora retrouva le courage de regarder Luca dans les yeux.

S’allongeant confortablement dans le siège de tatouage, elle regarda le plafond pour tenter d’oublier qu’elle allait à nouveau se faire transpercer la peau par une aiguille. Se dissocier de son corps alors que celui-ci allait souffrir, un classique de Théodora Haig. « Tu fais quelque chose de particulier ce soir ? »  Très bonne question Dora et pourquoi ne pas également s’enquérir de son dernier repas ? Normalement elle était plutôt bonne pour ce genre de choses.  Les petites discussions anodines pour détendre l’atmosphère. Cet univers n’était vraiment pas son univers. Elle n’avait rien d’une motarde ou d’une mafieuse. À la limite serveuse elle connaissait. Qu’est-ce qu’elle foutait là vraiment ? Les trucs illégaux ou à la limite de la morale, elle avait donné. Elle leur avait donné son avenir, son corps et son éthique. Que lui restait-il finalement ? Sa passion des chiffres et Jaeden. Et les deux se retrouvaient dans la Cosa Nostra. Alors elle s’y retrouverait aussi. Même si elle devait appeler Luca « Boss » et même si elle devait supporter les aiguilles sur sa peau.   « Je comptais aller boire un verre ensuite pour voir si le service au White Thestral est si différent lorsqu’on fait partie de la maison… Surtout que maintenant je connais aussi le meilleur rapport qualité/prix des boissons du lieu. »  Ajouta-t-elle avec un sourire. Encore et toujours se distraire l’esprit en bavardant.
Luca Zabini & Théodora Haig
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Luca Zabini
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Mar 24 Nov - 22:51

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Luca & Théodora - Début mai 2019


Tu es plutôt étonné ; tu sens que quelque chose a changé. Ce n’est pas la jeune femme que tu as rencontré sur les courses de moto et voiture auxquels Jaeden l’a amenée il y a de ça quelques mois : elle est nerveuse, anxieuse, stressée. Cela n’est pas dans ses habitudes. Tu ne la connais pas depuis des années mais vous avez passé de nombreuses soirées ensemble, à picoler, s’amuser, à discuter un peu. Alors la voir dans un tel état de nervosité, cela t’interroge. Tu te demandes si c’est parce qu’elle se retrouve pour la première fois seule avec toi dans cette petite pièce ou si c’est parce qu’elle se sent intimidée d’être face à son nouveau patron. Et quel patron… Il faut dire que tu en imposes avec ta carrure et tes gros muscles tu pourrais l’éclater au sol en un instant. Mais bon, Jae te tuerait donc tu vas éviter. Pour l’instant, tu veux juste comprendre ce qu’il se passe dans sa jolie petite tête blonde. Tu notes dans un coin de ta tête de questionner ton meilleur pote à ce sujet pour savoir si elle avait pour habitude de réagir ainsi, d’être aussi dans la défensive. Tu lui intimes de se calmer, tu n’as pas envie de la tatouer si elle est dans cet état-là. Tu lèves les yeux vers la jeune femme qui s’étouffe presque en avalant sa salive. Un léger ricanement s’échappe de ta bouche que tu n’arrives pas à refreiner. Encore moins lorsqu’elle ose te dire qu’elle n’est pas stressée. Tu plonges ton regard vert emeraude dans ses yeux bleus et tu décides de t’amuser un peu : « Excuse-moi, Théodora… » Tu continues : « Mon anglais n’est pas très bon. » Alors que tu sais pertinemment qu’il est quasiment parfait, seul ton accent italien pourrait te trahir. Il faut dire que tu es bilingue depuis des années en anglais. Quant au français, tu l’as pratiqué pendant toutes tes années d’étude à Beauxbatons, donc tu penses sans te vanter que tu maîtrises. Alors elle ne va pas te faire croire que tu t’es trompé dans le choix des mots que tu as employés. « Dis-moi si je me trompe, mais le stress n’est-il pas le synonyme de la nervosité ? » Tu ricanes à nouveau, bien décidé à la faire marcher encore un peu. Encore plus lorsqu’elle t’affirme que les chiffres sont intéressants… Vous ne devez pas avoir la même définition du mot ‘’intéressant’’. Pour ta part, la seule chose que tu trouves intéressante en ce moment, c’est elle. Elle t’intrigue.

Tandis que tu t’affères à terminer de préparer tout le nécessaire aux retouches de son tatouage, tu l’écoutes bavasser encore et encore. Putain, t’avais oublié à quel point elle cause, à quel point elle ne peut jamais se la fermer. Alors comme ça, ça l’avait gêné que toute la famille la regarde pendant que tu la tatouais ? Que devrais-tu dire toi ? La concernant, elle n’avait rien eu à faire à part rester immobile alors que toi, tu avais dû rester concentré tout du long et ne pas faillir pour que son tatouage soit parfait. Si quelqu’un était à plaindre, c’était plutôt toi. Et vas-y qu’elle s’apitoie sur la douleur que le tatouage lui a procuré et patati et patata. Elle n’est pas croyable. Tu ne l’écoutes qu’à moitié. Juste au moment où certains de ses mots attirent ton attention : tu lèves rapidement les yeux vers elle lorsqu’elle affirme connaître des douleurs bien plus sympathiques et un sourire carnassier s’étire sur tes lèvres. Ton regard se fixe dans le sien et tu murmures : « Tu m’en diras tant… » Tu n’avais pas l’habitude qu’elle se livre à toi de manière si licencieuse -non pas que cela te dérange, au contraire, tu adores jouer à ce jeu de séduction avec les femmes-, c’est juste que tu ne pensais pas que tu aurais un jour ce genre de conversation avec elle. Ce n’est pas que tu ne la trouves pas jolie, au contraire, tu as toujours pensé qu’elle avait une morphologie idéale et des yeux qui mériteraient qu’on les regarde davantage. En soi, t’as toujours voulu la baiser. Mais bon, elle n’avait jamais laissé sous-entendre qu’elle avait envie de la même chose, alors par respect pour ce qu’elle représente pour Jaeden, tu n’avais jamais tenté quoi que ce soit. Après tout, les filles consentantes pour passer une nuit avec toi, tu en trouves à tous les coins de rue, alors tu n’allais pas commencer à vouloir coucher avec celles qui ne l’étaient pas. Ce n’est pas le genre de la maison.

Tu te reconcentres sur l’objectif premier de cette entrevue : les retouches. Et lorsqu’elle te tend son bras, tu retires avec délicatesse les pansements et observes avec une profonde satisfaction le travail d’orfèvre que tu as effectué ; les traits sont fins, les couleurs sont nuancées juste comme il faut, les ombrages, les dégradés, tout est parfait. La peau n’est pas abîmée. Tu la crois lorsqu’elle te dit qu’elle a suivi tes conseils à la lettre et mis la crème comme demandée. Monsieur Zabini ? Tu fronces un de tes sourcils en levant légèrement les yeux du tatouage pour la regarder. « C’est comme ça que tu parles aux subalternes ? Faut que je m’habitue c’est ça ? D’ailleurs, faut que je t’appelle « Patron » maintenant ? Ou « Boss » ? » Ce soir, elle te surprend de plus en plus. Chaque mot qu’elle prononce n’est que consternation et tu en viens presque à te demander si elle est shootée. Au moins, vous seriez deux comme ça. Son regard plongé dans le tien, tu ne laisseras pas passer un tel affront. Tu prends ton air le plus sérieux en reposant son avant-bras sur l’accoudoir, croises les bras autour de ta poitrine et lui dis : « Appelle-moi Maître, ça suffira. » Tu la fixes sans te détourner pendant plusieurs secondes avant qu’un léger sourire en quoi apparaissent sur ton visage, suivi de très prêt par un autre rictus. La soirée commençait plutôt bien dis donc.

Après avoir laissé un silence doucement s’installer, tu te dis que tu vas peut-être -enfin- pouvoir commencer à travailler. Tu te penches à nouveau sur le tatouage et tes doigts effleurent sa peau avec une douceur incroyable, tentant d’apprécier si la cicatrisation était assez avancée pour permettre les retouches aujourd’hui. Ton pouce effleure chaque parcelle du tatouage avec méticulosité et minutie, tu ne veux rien laisser au hasard. Alors que tu mets des gants pour commencer, elle ouvre de nouveau la bouche et encore une fois, tu es surpris. « Tu es bien curieuse ce soir, Mademoiselle Haig. » dis-tu en tentant de te concentrer sur l’aiguille que tu es en train de choisir pour les retouches. « Tu sais bien que je vais où le vent m’emporte. » A savoir, dans le lit d'une femme. Et peut-être que ce soir… « Et qui sait où est-ce qu’il m’emportera cette nuit... » dis-tu, entrant dans son jeu. « Rapport qualité/prix, tu parles. C’est gratuit maintenant pour toi. » Théodora ne sait peut-être pas qu’ici, elle ne payera rien désormais. Elle fait partie de la famille, on ne fait pas payer la famille. « Tout ça va pas faire plaisir à tes petits chiffres. » Oups, des trous dans la caisse.

Enfin, tu t’affaires sur le tatouage et tu espères qu’elle va arrêter de causer, tu dois te concentrer un minimum pour que cela soit parfait. Tu ajustes le siège à la bonne hauteur pour pouvoir mieux voir et installes la lumière juste au-dessus de la zone à tatouer. Tu souris lorsque ton regard dérive sans que tu ne le veuilles sur sa poitrine ; il faut dire qu’ainsi placé, tu as une bonne vue sur ses attributs féminins. Tu secoues la tête dans un mouvement presque imperceptible en t’ôtant de l’esprit les images libidineuses qui viennent obscurcir tes pensées. Le tatouage est un bon moyen de te recentrer : la vue de la rose enserrant le poignard à jamais marqué sur la peau de Théodora t’est d’un certain réconfort, surtout en ce moment alors que tu es empreint de doutes et que tu sais pertinemment que ta consommation de drogue t’entraîne sur un terrain glissant. La foi en la famille, la foi en la Cosa Nostra te semble plus importante que jamais. « T’es prête ? » lui demandes-tu alors que l’aiguille s’approche lentement de sa peau. Après avoir obtenu son consentement, tu t’actives et commences à travailler.


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10 mai 2019 | White Thestral | Fin de journée
Encore et toujours ce « Théodora ». Pourquoi ne pouvait-il pas l’appeler Dora comme tout le monde ? Peut-être faudrait-il lui dire plutôt que de ruminer quelque chose qu’il ne pouvait pas savoir, non ? Pourquoi cela la gênait-elle maintenant et pas toutes les fois précédentes ? Toutes ces soirées ? Parce qu’elle n’avait pas Jaeden à ses côtés ? Parce qu’elle était sobre ? « Dis-moi si je me trompe, mais le stress n’est-il pas le synonyme de la nervosité ? » Luca n’eut pour réponse qu’un regard noir de la part de Dora.  Il voulait jouer au plus malin hein ? C’était bien le genre du Zabini. Peut-être une déformation professionnelle de toujours avoir le bon mot et de toujours vouloir contrôler la conversation ? Vu comment Luca prenait son pied, cela devait être bien plus que cela : une manière d’être. Théodora était au-dessus de tout cela et ne se laisserait pas entrainer dans ce petit jeu. Le terrain était trop glissant pour s’y risquer.

« Tu m’en diras tant… »  Dora était mortifiée. Elle avait l’habitude de faire des allusions plus ou moins salaces, de s’amuser à rester sur la crête de la décence tout en effleurant de temps à autres l’indécence. Cela faisait partie de son charme paraissait-il. Oui mais voilà, il y avait des endroits et des moments pour ces incartades et seule avec son nouveau boss et seulement quelques jours après son embauche… Ni le lieu, ni l’instant.

Alors que la tension retombait et que ses craintes disparaissaient, Théodora s’apaisait. Elle se laissait aller entre les mains de Luca. Elle n’avait rien à faire. Juste attendre et ensuite ce serait terminé pour de bon.  « Appelle-moi Maître, ça suffira. » Sans savoir s’il était sérieux ou non, Dora se retint tout d’abord de rire. Le visage impassible de Luca ne l’aidait définitivement pas à déterminer le ton de ses paroles. Dora, sourcils froncés mais sourire sur les lèvres, éclata de rire alors qu’enfin le visage du jeune homme se déridait. Oh il voulait jouer à cela ? Soufflant  pour montrer sa désapprobation amicale à ce surnom, Théodora répondit. « Peut-être plus tard Luca. » Elle se rallongea et regarda le plafond. « J’aime pas donner des surnoms qui ne correspondent pas à la personne… » . Un sourire taquin ponctua sa phrase.

Dora sentait les doigts de Luca parcourir sa peau. Elle n’aurait su dire si c’était la peau meurtrie par les aiguilles ou autre chose mais des fourmillements se répandaient dans son bras. Était-ce un message de son subconscient ? Dora n’aimait pas le danger. Elle ne se battait pas, n’en avait surement pas les capacités et ses connaissances en sortilèges étaient relativement moyennes. Après tout, elle n’avait pas eu vraiment l’opportunité de faire de grandes études… Oui mais voilà, Luca représentait à la perfection la notion de danger et pourtant elle avait une furieuse envie de s’y plonger. Oh bien sûr ce ne serait pas l’homme de sa vie, ce genre n’existait pas pour Théodora. Mais de pouvoir toucher du doigt l’interdit, il y avait quelque chose d’excitant. Un défi dont toutes les fibres de son corps hurlaient à la mauvaise idée. Se rapprocher de Luca était une mauvaise idée. Oui mais Théodora adorait les mauvaises idées. Elle devait voir ça comme un jeu. C’était définitivement Luca qui avait commencé ce numéro ridicule de charme. Elle était obligée d’y répondre. Oui, un simple jeu : à celui qui lâcherait en premier. Ils étaient des adultes responsables qui ne mélangeraient évidemment pas vie professionnelle et personnelle. Alors il n’y avait aucun risque de conséquences…

« Tu es bien curieuse ce soir, Mademoiselle Haig. » Et voilà, elle tentait de faire la conversation et elle se prenait des reproches. Plus le temps passait entre eux deux, plus elle avait envie de battre Luca à son propre jeu. Il voulait faire la personne détachée, charmante et un brin dragueuse ? Oh, elle pouvait aussi.  « Tu sais bien que je vais où le vent m’emporte. Et qui sait où est-ce qu’il m’emportera cette nuit... » Théodora ne put retenir un petit rire moqueur. « Et elle s’appelle comment ce vent ? J’espère au moins qu’elle est au courant de son programme de la soirée… » Répondit Dora avec un petit air suffisant. Elle avait un peu de peine pour la pauvre fille qui se laisserait aller dans les bras de Luca en espérant plus qu’une bonne partie de jambe en l’air… « Faudra la prévenir, ce fauteuil n’est pas très confortable… »

Les histoires de dépenses et de gratuité ramenèrent Théodora rapidement sur terre. Sérieusement ?! « Tout ça va pas faire plaisir à tes petits chiffres. » Théodora se sentit outrée et carrément trahie. Ils venaient de là tous ces écarts entre le nombre d’achats et nombre de ventes… Elle se mordit les joues. Elle n’allait pas s’énerver ou argumenter. Elle ne ferrait pas ce plaisir à Luca.

« T’es prête ? » La jeune femme acquiesça tout en ruminant sa désapprobation de la gestion du bar. N’y tenant finalement plus, elle parla, jetant à la poubelle ses bonnes résolutions de quelques secondes plus tôt. La douleur lui fit faire quelques grimaces : « Et tous les membres de la Cosa Nostra boivent à l’œil ? C’est… C’est pas vraiment la meilleure façon de faire tenir un bar à flot en ne chargeant pas les boissons... On pourrait peut-être tabler sur des soirées open-bar plutôt que… » Théodora s’arrêta de parler. Elle n’était là que depuis une semaine et elle voulait déjà refaire le monde. Ce bar n’avait aucune intention d’être rentable, il servait de quartier général et de devanture jolie et respectable, alors elle allait devoir lâcher du lest. « Bref, c’est bien de le savoir. Me mettre une mine ce soir me reviendra moins cher que prévu finalement. Oui car je compte bien me saouler pour ma soirée vu que tu as gentiment retourné la question… Question que je n’avais pas posée par curiosité, pour ta gouverne, mais bien par politesse. »

Théodore jeta un coup d’œil à Luca occupé sur son bras. Concentré ainsi, elle pouvait le détailler et le déshabiller du regard à loisir. Quelque chose dans son être était attirant. Bien sûr, le jeune homme était beau, canon même et elle ne rechignerait pas à voir ce que peinait à cacher ce T-shirt. Mais ce sentiment d’interdit et de menace ne la quittait pas. Et sa plus grande stupeur, cela l’excitait bien plus que cela n’aurait dû pour son propre bien. Coucher avec lui devait certes être quelque chose. Mais tout ce qui précédait était encore plus intéressant. Ce n’était pas vraiment une cour, ils n’étaient ni des animaux, ni au 18ème siècle, mais cela restait un moment d’incertitude, et de sensations si agréables. « Au fait, maintenant qu’on est de la même famille, tu peux m’appeler Dora. Avec Théodora, j’ai l’impression d’avoir cinq ans et de me faire réprimander par le prêtre. » Un silence. Non elle n’allait pas oser ?! Oh que si. « A moins que je doive être réprimandée pour quelque chose… Maître ? » Théodora tenta de rester sérieuse et immobile alors qu’un fou-rire commençait à s’emparer de son corps. Luca n’allait définitivement pas être content de cette crise de rire qui la faisait tressauter comme une adolescente.
Luca Zabini & Théodora Haig



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Tu t’amuses comme un fou. Tu ne sais pas pourquoi Théodora agit ainsi envers toi, elle a peut-être quelque chose à te demander. Elle veut déjà négocier son salaire ou quoi ? Elle pense qu’elle peut avoir une promotion-canapé ? Parce que le canapé, elle peut facilement l’obtenir mais le reste… Tu veux la voir à l’œuvre et elle devra faire ses preuves si elle veut monter en grade. C’est déjà une chance qu’elle fasse partie de la maison après avoir tuée un seul des ennemis de la famille. Tu n’accordes pas ce passe-droit souvent. Effectivement, il n’y avait eu que Jaeden qui avait pu en bénéficier et c’était bien parce que la personne qu’il a sauvée compte plus que tout au monde à tes yeux. Sauver la vie d’Anjelica, c’est obtenir ta reconnaissance éternelle. Alors lorsque Jaeden avait demandé à ce que Théo intègre la famille, tu as rapidement accepté ; tu as senti que c’était important pour lui, qu’il voulait qu’elle puisse compter sur quelqu’un, sur une famille. Tu pouvais comprendre ça, en sachant l’enfer qu’ils ont pu vivre tous les deux. Alors assurer sa protection t’avait paru normal et c’était aussi le moyen de montrer à Jaeden à quel point tu avais confiance en son jugement.

Te reconcentrant sur la jeune femme, tu décides de la charrier. Lui dire de t’appeler Maître c’était marrant. Et puis, ça lui montrait qui était le patron. Dans les deux sens du terme. Tu n’apprécies guère qu’on te contredise mais tu aimes les jeux de séduction, ne pas savoir où cette conversation vous mène te rend dingue. Alors tu accueilles son rire avec légèreté lorsqu’elle laisse sous-entendre qu’elle n’appelle pas Maître n’importe qui sans être persuadé que cela corresponde à la personne. « Alors il me tarde d’être à plus tard. » rentrant dans son jeu. Mais ce plus tard n’arrivera pas tout de suite et tu le sais car ton esprit est déjà ailleurs, prêt à apposer sur sa peau la marque de la famille à l’encre indélébile. C’est votre signe de ralliement, tout un symbole, ta fierté. Mais tu te rends compte que tu n’arriveras jamais à commencer les retouches si elle t’interrompt à chaque seconde. Putain, comment peut-elle être amie avec Jaeden ? Lui au moins, il sait quand il doit se la boucler. Et puis, au-delà d’être une sacrée pipelette, voilà qu’elle faisait sa commère. Il n’est de secret pour personne que tu passes tes week-ends à te cuiter et à enchaîner les conquêtes. Tu avais tes régulières comme on dit, des filles qui font partie de la famille ou non, peu importe au final. Ce qui compte, c’est de s’amuser, de se détendre, d’évacuer toutes les tensions accumulées durant la semaine. Tu es un épicurien, tu profites de la vie et de tous ses avantages et tu joues de tes charmes pour obtenir ce que tu veux. Tu n’as jamais besoin de forcer vraiment d’ailleurs pour qu’une jolie femme tombe entre tes bras.  

« Et elle s’appelle comment ce vent ? J’espère au moins qu’elle est au courant de son programme de la soirée… » Lorsqu’un rire moqueur s’échappe de la bouche de la belle comptable, tu relèves doucement les yeux vers elle et son air suffisant sur le visage ne laisse peu de place à l’interprétation. Encore plus lorsqu’elle ose dire que ce fauteuil n’est pas confortable. « Tu désapprouves ? » Tu ajoutes : « En plus tu mens, il est super confortable ce fauteuil. » Un sourire carnassier sur les lèvres, tu ricanes doucement, laissant sous-entendre que tu n’en étais pas à ton coup d’essai. « Dis-moi si tu veux t’en assurer, je te ferai un plaisir de te faire une démonstration. » Elle voulait jouer, vous alliez jouer. Tu n’es pas le genre d’homme à se répandre en mots, tu préfères de loin passer directement aux actes. Tu estimes que les expressions corporelles en disent parfois très longs et sont plus parlants que des paroles des paroles et toujours des paroles. Tu appuies légèrement sur son bras pour lui faire passer le message, à son contact, tu sens tout ton corps se tendre comme à chaque fois que tu es proche d’une femme que tu trouves désirable. Mais tu gardes tes envies pour le moment, encore une fois, tu te dois de rester imperturbable si tu veux finir la tâche pour laquelle elle est venue, à l’origine.

Après avoir enfilé les gants, les aiguilles prêtes à tatouer sont enfin opérationnelles. Quelques secondes plus tard, celles-ci commencent à marteler avec précision la peau douce et délicate de Théodora. Tu t’attelles en premier lieu sur la rose qui a perdu de sa superbe. C’est souvent le cas lorsque la peau cicatrise et avale une quantité d’encre phénoménale. Une réponse immunitaire de l’organisme qui tente de rejeter un corps étranger. Un tatouage, ce n’est pas rien en même temps ; c’est une marque à vie, il fait partie de votre identité. L’appartenance à un groupe, à une famille, à un clan ; la Cosa Nostra. C’est toute ta vie et tu espères que cela deviendra la même chose pour Théodora. Qu’elle comprenne réellement ce que cela veut dire, elle qui n’a pas eu de chance dans son enfance.

Tu sens qu’elle grommelle et lorsqu’elle reparle de la gestion du bar, tu soupires tout en continuant de tatouer à nouveau les contours de la rose, n’écoutant qu’à moitié le flot de paroles qui sortent de sa si jolie petite bouche et tu te surprends à l’imaginer en train de… Tu secoues la tête et chasses cette idée saugrenue et obscène de ta tête. Bar blabla, soirées blabla, mine blabla politesse et patati et patata. Tu demandes : « Pourquoi tu veux te bourrer la gueule ? T’as un truc à fêter ? » Tu la regardes en coin et murmures : « Ou à oublier ? Si t’as besoin d’oublier j’suis dispo toute la nuit. » Allez hop, c’est dit, c’est plié, c’est emballé. Fallait arrêter de jouer au con au bout d’un moment, tu n’es jamais contre boire jusqu’au trop plein et t’évader dans un monde qui n’appartient qu’à toi, c’est une autre forme d’absolution que la boisson t’aide à obtenir, plus acceptable que celle de la drogue et qui entraînait moins de dépendance. Du moins, pour l’instant.

Trop occupé à graver l'encre sur la peau de Théodora, tu ne remarques pas son regard qui te lorgne bien comme il faut. Heureusement que tu ne t’en rends pas compte, sinon tu serais le premier à la charrier et à bavasser en faisant les éloges de ta sublissime beauté, de la perfection de tes attraits, de la magnificence de tes charmes. « Au fait, maintenant qu’on est de la même famille, tu peux m’appeler Dora. Avec Théodora, j’ai l’impression d’avoir cinq ans et de me faire réprimander par le prêtre. À moins que je doive être réprimandée pour quelque chose… Maître ? » Elle rit et tu t’arrêtes puis te redresses, reposant avec une brusquerie l’appareil à aiguille sur la petite table située juste à côté du fauteuil de tatouage. Cela suffit. Tu en as marre d’être pris pour un couillon et tu ne sais pas vraiment à quel jeu elle joue et pour combien de temps elle veut jouer, cela t’énerve de ne pas contrôler la situation et tu es bien décidé à mettre un terme à cette histoire ridicule. « Écoute bien, Théodora. » appuyant bien sur son prénom alors qu’elle vient de t’intimer de t’appeler autrement. Depuis le début, tu fais exprès de l’appeler ainsi, tu sais pas pourquoi, ça te fait tripper. Et si cela l'énerve, tu ne vas sûrement pas te gêner. « Soit tu fermes ta gueule jusqu’à ce que je finisse de te tatouer correctement, soit on baise maintenant et dans ce cas t’arrêtes de me faire chier. Choisis, et choisis vite. » Tu retires un de tes gants et tu laisses glisser ta main de son cou jusqu’à ses hanches, accentuant la tension qui existe déjà depuis qu’elle a pénétré dans la pièce. T’en as assez, tu veux la pousser dans ses retranchements. Tes doigts se perdent en dessous de son débardeur et atteignent son ventre plat puis tu remontes vers sa poitrine, effleurant ses sous-vêtements sans pour autant aller plus loin. Pas encore. « Dépêche-toi, le maître attend. » Tu plantes ton regard dans ses yeux clairs, tu ne bouges plus, tu es dans l’expectative. Ta gorge est sèche, tu guettes la moindre réaction de sa part.

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10 mai 2019 | White Thestral | Fin de journée
« Alors il me tarde d’être à plus tard. » Une moue joueuse habilla le visage de Théodora. Ainsi les pions commençaient à être posés sur le plateau. Ils discutaient enfin. Le véritable jeu allait pouvoir commencer. Quelques coups d’échauffement et puis Luca et elle engageraient les pièces plus importantes pour tenter d’abattre l’adversaire. Un déroulé que Dora aimait particulièrement, qui maniait adresse, habileté et patience.

« Tu désapprouves ? En plus tu mens, il est super confortable ce fauteuil. » Dora capta le regard de Luca. « Pas du tout ! Tu fais bien ce que tu veux. Mais oui, il est bien ton fauteuil… » Il n’y avait aucun jugement dans ses propos. Elle était en effet mal placée pour parler du nombre d’hommes –et quelques femmes- qui avaient croisés son corps. Quant au fauteuil… Dora n’était pas étonnée qu’il ait été le théâtre de rapprochements. Il pouvait effectivement être confortable en fonction des positions. Ne voulant cependant pas imaginer toutes les possibilités offertes par le mobilier, Dora évita d’y penser tout court. « Dis-moi si tu veux t’en assurer, je te ferai un plaisir de te faire une démonstration. » Un petit rire fut la réponse de Dora. Oh oui avec plaisir. Mais cela aurait été trop facile, trop direct. Ils venaient à peine de commencer. Savourer la récompense maintenant en serait presque terne. Elle ne serait qu’une énième conquête pour Luca et Luca un énième homme dans son lit. Quel aurait été l’intérêt de tout cela ? Le Zabini n’était pas n’importe qui et Théodora ne méritait certainement pas une quelconque baise sur un fauteuil usé de tatoueur. Elle avait suffisamment donné, et avait même été payée pour le faire. Il fallait comprendre que la jeune femme ne voulait pas un lit avec des pétales de rose et une demande en mariage à la fin, non, cela aurait l’angoisse… Elle voulait simplement… Un instant qu’elle ne regretterait pas. Et avec Luca, son patron et meilleur ami de Jaeden, il fallait être particulièrement prudent car le regret était au détour du chemin.

Les pressions qu’exerçait ledit Luca sur son bras firent basculer Dora dans le vert de ses yeux. Elle commençait à cerner le garçon. Certes ils se connaissaient tous les deux depuis un certain temps mais les situations n’avaient jamais été propices à véritablement se découvrir. Toujours en soirée ou dans des contextes de détente, ils avaient échangés quelques paroles mais ce n’était jamais allé plus loin. Maintenant qu’ils étaient seuls, en huit-clos et si proches, leurs véritables natures se révélaient. Des hommes comme lui, Théodora en avait vu quelques-uns au bordel. Des gars sûr d’eux par nécessité plus que par véritable caractère, qui n’aimaient pas être contredit et à qui on ne tenait pas tête sans conséquence. Théodora pensait pouvoir continuer le même jeu qu’elle avait eu avec ces clients pour cette rencontre avec Luca. Mais une différence de taille lui sautait maintenant aux yeux : d’un côté, ils étaient le client et elle, en tant que prostituée, devaient se plier le plus souvent à leur désir. Ils savaient avoir un certain pouvoir sur elle moyennant rétribution. De l’autre côté, Luca et elle était à l’inverse sur un pied d’égalité en cet instant. Et cela ne semblait pas être au goût du Zabini. Peut-être était-elle allée trop vite et trop loin… Trop de sang avait été versé et le requin était à présent trop excité pour se contrôler.

« Pourquoi tu veux te bourrer la gueule ? T’as un truc à fêter ? Ou à oublier ? Si t’as besoin d’oublier j’suis dispo toute la nuit. » Luca… Trop direct, du genre qui n’avait jamais vraiment eu de refus dans sa vie. Cela en devenait presque trop facile. « Je veux fêter ma nouvelle vie et une putain de renaissance que j’attendais depuis longtemps. Pas sûre que tu puisses comprendre… » Un sourire « On verra bien le moment venu…. »

Alors que Luca continuait de la tatouer, Théodora fut prise d’un fou rire qui fut stoppé net par les gestes brusques de Luca et les signes visibles d’agacement qui transparaissaient sur ses traits. « Écoute bien, Théodora. » Le sourire disparut du visage de Théodora alors que son cœur commençait à s’emporter. « Soit tu fermes ta gueule jusqu’à ce que je finisse de te tatouer correctement, soit on baise maintenant et dans ce cas t’arrêtes de me faire chier. Choisis, et choisis vite. » La jeune femme sentit alors la main de Luca descendre lentement et parcourir son corps avant de se trouver une place au chaud sous son débardeur. Le regard de Théodora descendit lentement vers la main de Luca avant de revenir sur son visage, à présent bien proche du sien. Qu’essayait-il de faire au juste ? La rendre mal à l’aise ? Pour qui la prenait-il ? Une de ces petites poulettes effarouchées qui commençaient à arriver dans la pièce d’à côté, et qui minaudaient à la simple mention de son prénom ? Il ne le savait peut-être pas, mais elle avait été envoyée à Gryffondor pour une raison. Il aurait été mentir de dire qu’une part d’elle-même ne voulait pas se jeter dans ces bras et se laisser aller aux plaisirs de la chair sur ce foutu fauteuil. Mais pas comme ça. « Dépêche-toi, le maître attend. » Le visage de Théodora se fit plus dur alors qu’elle passait un doigt sur la mâchoire de Luca. « Je ne t’ai pas donné une quelconque autorisation pour venir explorer mon débardeur Luca. » De la même main, elle attrapa le bras du jeune homme et le repoussa sur la jambe de son propriétaire, avec gentillesse mais fermeté. Théodora se redressa et se tourna vers lui. C’était peut-être une erreur. C’est carrément une erreur Dora. Elle n’écouta pas la petite voix de la raison qui avait maintenant l’habitude d’être ignorée. Cet idiot de Zabini avait truqué le jeu, il avait envoyé valsé le plateau par impatience sans leur laisser le temps de terminer la partie. Le cœur de Théodora continuait de battre bien trop fort dans ses oreilles, la tension qu’elle ressentait dans chaque fibre de son corps n’aspirait qu’à être libérée. Cela la rendait folle. « OK. Je vais fermer ma gueule comme tu l’as si joliment formulé. Juste après ça. Et juste ça» Alors Théodora attrapa le T-shirt de Luca et l’attira vers elle. Leurs lèvres se rencontrèrent et Théodora se perdit dans ce baiser. Les yeux clos, elle laissa cette sensation de satisfaction extrême l’envahir. Sa main, toujours crispée sur le T-shirt du Zabini, elle oublia une seconde le reste. Et qu’est-ce que ça faisait du bien. Plus de passé, plus d’avenir, plus de mafia, plus de chiffres. Juste un instant. Elle le concédait, Luca embrassait bien. Très bien, trop bien même. Avant de se laisser aller à plus, à suivre ses plus bas instincts et oublier ses principes et promesses, elle brisa ce moment en se reculant et relâchant ce t-shirt maintenant froissé.

Battant des cils pour revenir à la réalité, s’humidifiant les lèvres et soupirant à moitié, elle s’éclaircit la gorge. « Bon… Ce tatouage va pas se finir tout seul. On a pas toute la soirée. » Théodora remit en place son débardeur quelque peu dérangé et réarrangea son chignon. « Voilà, maintenant j’aurai quelque chose à oublier ce soir… » Dit-elle avant de prendre un air innocent. Elle mima de fermer à clé sa bouche avant de se rallonger sur le fauteuil et tendre son bras. Son regard évita scrupuleusement Luca mais un sourire -le fourbe !- trahissait la pointe de satisfaction qu’elle éprouvait.
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« Je veux fêter ma nouvelle vie et une putain de renaissance que j’attendais depuis longtemps. Pas sûre que tu puisses comprendre. » Tu hausses les épaules, ne sachant pas trop quoi répondre. Tu comprends que Théodora a dû en baver. Toutes ces années au bordel, à subir les assauts des clients, des déséquilibrés qui ne se sentent puissants qu’en payant des femmes et des hommes pour assouvir tu ne sais quels désirs et fantasmes… Tu n’as jamais pu te rendre dans un tel endroit, tu préfères de loin les conquêtes consentantes, c’est plus excitant, plus amusant. Tu ne comprendras jamais le plaisir qu’on peut ressentir en couchant avec une personne qui n’en a pas vraiment envie, tu n’as jamais dépassé cette limite, par principe. T’es un serial baiseur, ouais, un violeur ou un abuseur non. Jamais. C’est pas ton trip et ça ne le sera jamais. « J’sais pas si je peux comprendre mais une renaissance, c’est tout ce que je peux te souhaiter Théodora. » Tu es sincère. Tu ne connais pas bien Théodora mais pour autant, tu penses que tout comme Jaeden, elle mérite mieux que ce qu’elle a eu jusqu’à présent. Si la Cosa Nostra pouvait lui apporter de la sécurité et une nouvelle vie, tu ne peux que t’en réjouir. Et cette nouvelle vie a commencé il y a sept jours lorsque vous vous êtes retrouvés dans cette même salle, même s’il y a une semaine, elle était bien plus bondée. L’intronisation d’un nouveau membre dans la famille est toujours un rite de passage important ; tu espères que ce souvenir restera à jamais gravé dans la mémoire de Théodora.

La compassion que tu ressens pour elle en ce moment s’évanouit en une fraction de seconde alors qu’elle te provoque à nouveau, te poussant dans tes retranchements. En tant que maniaque du contrôle, tu n’aimes pas trop ce qui est en train de se passer. Tu as toujours voulu tout maîtriser. Depuis ton enfance, depuis que tu as su que tu prendrais la tête de la Cosa Nostra. Ta personnalité, ton caractère tout entier s’est forgé sur l’idée même que tu serais un dirigeant, un chef, un guide pour les autres membres de la famille. Alors, tout contrôler te permet de te défendre de tes propres vulnérabilités intérieures, de combattre tes angoisses. Tu sais que perdre le contrôle de la situation -quelle qu’elle soit- c’est prendre le risque de se confronter au vide, à l’impuissance. Alors il est hors de question que cela t’arrive. Encore moins avec Théodora, encore moins avec elle, alors qu’elle est censée être sous tes ordres, elle va devoir apprendre à rentrer dans le rang. Mais elle n’a pas l’air d’être le genre de personne qui aime se soumettre et tu t’en rends compte à tes dépends ; parce qu’elle tente de jouer elle aussi mais que tu n’apprécies pas vraiment la partie. Pas parce que tu ne peux pas la contrôler mais plutôt parce que tu trouves que les dés sont pipés. Elle triche. Elle joue sur ce qu’elle sait de toi et en abuses ; il est connu de tous que tu apprécies les relations charnelles, le sexe, le cul. Tu ne t’en es jamais caché, tu n’as jamais joué aux princes charmants, ce n’est pas ton genre. Tu ne sais pas ce que c’est d’aimer, du moins pas de cette manière. Ce que tu ressens pour Anjelica et Jaeden, tu sais que ça en est, tu pourrais mourir pour eux sans hésiter mais tu n’as jamais pu ressentir ce genre de sentiment pour quelqu’un d’autres jusqu’à présent. Et Théodora le sait bien alors tu dois avouer que tu ne comprends pas vraiment ce qu’elle veut, ni ce qu’elle souhaite. S’amuser ? Baiser ? Se taper son patron ? Se sentir puissante ? Se sentir désirée ? Tu attends, tu veux savoir, tu veux comprendre.

Sa main glisse sur ta mâchoire et tu ne bouges pas d’un poil, scrutant la moindre de ses réactions. Tu veux voir ce qu’elle va faire. Tu te doutes qu’elle va te repousser et tu attends ce moment avec impatience. Comme ça, tu pourras lui cracher ton venin à la figure. Et cela commence lorsqu’elle retire ta main de son ventre que tu apprenais à apprécier de toucher. Alors que tu t’apprêtes à lui lancer une remarque bien cinglante pour la remettre à sa place, elle attrape ton tee-shirt et sans que tu ne comprennes comment ses lèvres s’écrasent contre les tiennes et tu t’abandonnes dans ce baiser ridicule qui n’a aucun sens. Théodora s’accroche à toi comme à une bouée de sauvetage alors que tu ne ressembles en rien à un sauveur. Tu la fixes encore plus intensément alors qu’elle se rallonge dans le fauteuil un sourire satisfait sur le visage. Tu te lèves et t’assoit soudainement à califourchon sur elle. Le poids de ton corps l'empêche de bouger. Ton regard est flamboyant mais amer alors que tu rapproches vos deux visages. Tu n’es plus qu’à quelques centimètres de ses lèvres. Tu ne dis rien avant de murmurer : « C’est bien ce qu’il me semblait… » Une de tes mains lâche son poignet pour venir effleurer ses cheveux, une caresse délicate qui ne veut rien dire. « Tu fais la belle mais t’as que de la gueule. » Tu te rapproches encore plus de son visage et tu chuchotes une fois de plus : « Tu parles beaucoup mais t’oses rien. Tu prends pas de risque. Alors reste dans ta petite vie tranquille si ça te chante. Moi, je n'ai pas que ça à faire... » Il est vrai qu'elle n'a pas pris de risque. Enfin si, un baiser. Waouh quelle folie ; mon dieu quelle prise de risque. Tu descends du siège et te renfonces dans ta chaise. Tu remets ton gant. Tu rattrapes l’appareil à tatouer et reprends le travail sur la belle rose qui est quasiment terminée. Tu sers fermement son bras, bien résigné à terminer le travail pour lequel elle est venue. Le silence s’installe et tu sais fort bien que ce n’est pas toi qui vas le briser. Sûrement pas. La fierté ? Non, ce n’est pas vraiment ça. C’est juste que tu es persuadé qu’il n’y a plus d’enjeu, que la partie est terminée parce qu’elle a voulu jouer mais elle n’a pas voulu aller jusqu’au bout. Quelle lâche. Tu te dis quelle a de la chance, elle a de la chance qu’elle fasse désormais partie de la famille, de la chance qu’elle soit la meilleure amie de Jaeden. Tu te demandes soudainement ce qu’il lui trouve. Soudainement, tu relèves les yeux vers elle et tu dis : « T’étais plus marrante avant d’avoir ce putain de tatouage. Crois pas qu’il te protège de quoi que ce soit. » Ce n’est pas une menace, éventuellement un avertissement ? Tu ne sais pas vraiment. Tu es troublé, plus que tu ne le devrais. Tu ne comprends pas pourquoi tu es si énervé. Ce n’est pas parce qu’elle s’est refusée à toi, tu te doutais dès le début qu’elle n’oserait pas transformer ses paroles en actes. Après tout, le jeu du chat et la souris, ça t'allait plutôt bien mais tu ne pensais pas qu’elle voudrait en maîtriser toutes les règles ; c’est ça qui t’agace, au fond. « Il te protégera peut-être des autres, jamais de moi. »

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10 mai 2019 | White Thestral | Fin de journée
Théodora se sentait un peu stupide de trouver un certain réconfort dans son arrivée dans la Cosa Nostra alors qu’elle avait cette peur viscérale de ne pas en être digne et que le reste du monde le découvre. « J’sais pas si je peux comprendre mais une renaissance, c’est tout ce que je peux te souhaiter Théodora. » Un petit sourire reconnaissant passa sur son visage. Luca pouvait être un connard – nous le verrons plus tard -, mais parfois il était vraiment un gars bien. Le plus souvent en fait. Avec ses capacités proches du Billywig boiteux en matière de compétences physiques, Théodora était souvent bien contente d’avoir un Jaeden ou un Luca dans les parages quand un gros lourd ne la lâchait pas. Et maintenant qu’elle était un membre à part entière de la famille, elle serait protégée par tous ses membres et son devoir serait de les protéger en retour. De la manière dont elle était la meilleure : avec des chiffres et deux trois sourires enjôleurs.

Oui mais voilà, parfois, trop souvent même, elle oubliait les chiffres et ne pensait compter que sur ces sourires enjôleurs. En ayant été une bonne partie de sa vie à ne pouvoir se reposer que sur Jaeden et elle-même, se retrouver tout d’un coup sans n’avoir plus rien à gérer pour sa survie, l’amenait à être carrément perdue et sans repère. Et avec cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête, cette possibilité d’être foutue dehors au moindre orage car l’on n’aurait plus besoin d’elle ou car Dieu aurait dit qu’elle était à brûler, Dora s’était accroché à ce qui pourrait la sauver en cas de naufrage. Et ce quelque chose, c’était Luca Zabini.

Dora était fière, si fière d’avoir réussi à intéresser ainsi Luca. Il allait avoir besoin d’elle et elle serait épargnée le moment venu. La jeune femme ne faisait que couvrir ses arrières au cas où. Cela faisait bien longtemps qu’elle avait compris et accepté le pouvoir du sexe sur le genre humain. Alors elle s’était sentie en confiance. Des conneries, Théodora en faisait tout le temps. C’était même un peu sa marque de fabrique. Elle connaissait par cœur le regard dépité de Jaeden quand elle lui racontait ses malheurs. Oui mais voilà, le problème de ces conneries, c’était que sur le moment, Dora trouvait que ce n’était pas de si mauvaises idées que cela… Et le futur lui prouvait toujours le contraire. En quoi aujourd’hui aurait été différent ?

Son sourire satisfait disparut à l’instant où Luca monta sur le siège. Il n’était pas censé faire ça. Il devait être dérouté et continuer sa vie. Il devait se demander quoi faire d’elle. Il ne pouvait pas ainsi… Il ne pouvait pas quoi Théodora ? Il était le patron, le chef d’une mafia et un homme baraqué. Dis-moi Dora, qu’est-ce qu’il ne pouvait pas te faire ? Le regard fixé sur Luca, à quelques centimètres de son visage, Théodora était pétrifiée. La tension qui marquait ses traits l’empêchait de se mouvoir, en plus du poids du Zabini. La peur commençait à l’envahir. « C’est bien ce qu’il me semblait… » Théodora n’arrivait pas à faire ou dire quoique ce soit. Elle ne fit que déglutir alors que la main de Luca passait dans ses cheveux. Sa respiration était saccadée. « Tu fais la belle mais t’as que de la gueule. » Le regard de Dora était accroché à celui de Luca alors qu’il se rapprocha encore davantage. « Tu parles beaucoup mais t’oses rien. Tu prends pas de risque. Alors reste dans ta petite vie tranquille si ça te chante. Moi, je n'ai pas que ça à faire... » Ces mots lui firent bien plus mal que son poignet verrouillé par la poigne de Luca. Une colère grondait en elle, mêlée de honte et tristesse. Honte de s’être ainsi abaissée à flirter, honte d’avoir échouée et honte de se faire réprimander comme une gamine. Et tristesse d’être ainsi mise en face de ses propres faiblesses. Luca ne connaissait rien de sa vie. Rien du tout. Ses yeux se mouillèrent de cette colère qu’elle faisait tout pour contenir. Elle serra les dents alors qu’il descendait et se rasseyait. Elle serra les dents alors qu’il reprenait fermement son bras pour continuer son travail. Et elle serra les dents alors que le silence s’installa.

« T’étais plus marrante avant d’avoir ce putain de tatouage. Crois pas qu’il te protège de quoi que ce soit. » Les yeux de la jeune femme ne quittait pas le plafond. Elle ne lui ferait pas ce plaisir de voir ces yeux rougis par des larmes qui ne tombaient pas sur ses joues, ou ce rouge maquillant ses joues. « Il te protégera peut-être des autres, jamais de moi. » Théodora n’en puit plus. Elle devait dire quelque chose. Elle ne pouvait pas laisser croire à Luca qu’il avait ainsi gagné si facilement. Une personne plus calme et posé aurait peut-être pensé que de ne pas s’attirer davantage les foudres du patron en faisant profil bas aurait été préférable. Mais Dora avait trop longtemps dû se taire sur tout et n’avait jamais réussi à trouver sa voix. « Va te faire foutre Luca. » Ce ne fut qu’un murmure mais elle se décida finalement à regarder le Zabini. Les larmes piégées dans ses yeux en profitèrent pour filer sur son visage. « Ma petite vie tranquille je l’ai putain de gagnée. Toi t’as hérité. Alors il est hors de question que tu ne me donnes ne serait-ce qu’une leçon sur comment la gérer. » Elle se remit à regarder vers le ciel et essuya rageusement de sa main libre ses joues. Un silence. Peut-être eu-t-elle une once de lucidité lorsqu’elle prononça la suite de sa tirade ? Peut-être se rappela-t-elle que Luca pouvait faire disparaître son corps avec une facilité déconcertante ? Ou tout simplement reconnu-t-elle avoir été malgré tout trop loin ? Dans tous les cas, sa raison souffla un peu de soulagement. « Excuse-moi pour ce comportement totalement non professionnel. Cela ne se reproduira plus. » Son cerveau pouvait à présent décrire parfaitement le plafond tant elle le fixait. Ces excuses coûtaient beaucoup à la jeune femme mais elles restaient nécessaires. «Finissons-en avec ce putain de tatouage qui ne me protégera jamais de toi. » Pour cette fois, elle reconnaissait un certain pouvoir à Luca.
Luca Zabini & Théodora Haig



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Luca & Théodora - Début mai 2019

Tu n’as jamais eu besoin de faire asseoir ton autorité auprès des tiens. Les autres membres de la Cosa Nostra savaient ce qui était négociable ou non, ils connaissaient tes limites et celles qu’il ne fallait pas franchir. Les règles étaient claires depuis le début. Ils te font confiance pour gérer les détails. Mais Théodora non. Elle fait partie de la famille depuis trop peu de temps, elle ne semble pas encore savoir ce qu’elle avait le droit de faire et ce qu’elle ne pouvait pas. Tu la sens perdue. De toute manière, dès l’instant où elle a franchi la porte, tu as senti que quelque chose avait changé ; est-ce parce qu’elle se tenait désormais face à son patron et non plus face à une vague connaissance avec laquelle elle avait l’habitude d’aller à des courses de rallye et boire des bières ? Tu n’en sais rien. Mais tu l’avoues, maintenant que tu as grimpé sur elle et que tu la maintiens en position de vulnérabilité, tu te sens puissant. Tu avais envie qu’elle comprenne que c’est toi qui es aux commandes et que tu ne la laisseras pas croire qu’elle peut se foutre de ta gueule comme ça en tout impunité. Tu sens qu’elle commence à avoir les boules, qu’elle commence à se demander ce que tu vas faire. La crainte que tu lis dans ses yeux te fait plaisir mais tu ne laisses rien paraître. La colère gronde en elle, tu sens qu’elle pourrait te frapper si seulement elle pouvait bouger.

Une fois descendu du fauteuil, tu reprends les retouches du tatouage. Tu as gagné et tu le sais. Le silence s’installe entre vous et tu n’en es pas mécontent. Jusqu’au moment où tu lui dis qu’elle n’était plus elle-même depuis qu’elle faisait partie de la famille. Elle n’était pas comme ça avant. Tu ne peux pas dire que tu saches grand-chose de Théodora ; à part qu’elle a vécu l’enfer avec Jaeden dans un bordel, tu avoues que vous n’aviez jamais vraiment parlé du reste. Jaeden l’avait présenté comme étant une femme formidable à qui il devait beaucoup et grâce à qui il avait pu survire durant toutes ces années de calvaire. Cela t’avait suffi pour l’accepter et l’inviter aux courses, aux fêtes organisées par la famille. Même si à l’époque elle n’en faisait pas partie, tu avais appris à l’apprécier, non pas à sa juste valeur car tu n’as jamais pu avoir de véritables discussions profondes et sincères avec elle, mais simplement avec ce qu’elle renvoyait. Ce n’est pas que cela ne t’intéresse pas, c’est surtout que tu n’es pas le genre de gars à apprécier les longues conversations, pas avec les femmes du moins, encore moins si elles ne s’appellent pas Anjelica.

Tu es tellement agacé que tu ne remarques même pas les prémisses des larmes qui s’accumulent sur les yeux de la jolie blonde. Quant à toi, les aiguilles continuent de marteler sa peau avec une précision incroyable alors que ton corps entier a envie de hurler. Jusqu’au moment où… « Va te faire foutre Luca. » L’aiguille s’arrête sur la dernière pétale de la rose. Suspendue en l’air, l’aiguille que tu tiens fermement ne bouge plus. Ta tête se relève doucement, tu es prêt à riposter, mais les larmes qui coulent sur ses joues t’en empêchent. Putain. Si Jaeden sait que tu l’as faite pleurer, cela va le décevoir. Tu es presque ennuyé de la voir comme ça mais elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même ; elle a voulu jouée mais n’a pas accepté d’être confronté à plus fort qu’elle. Tu peux comprendre sa réaction, tu l’aurais eu mauvaise toi aussi si on t’avait fait ce coup-là donc tu comprends sa frustration. Tu as presque une once de remord en la voyant d’abandonner ainsi à ses larmes. Elle tente de se justifier en disant qu’elle a mérité sa petite vie tranquille. Alors que toi, au contraire… « Toi t’as hérité. » Ces mots te vont vriller et tu foires ton trait sur la dernière pétale. Héritage ? Elle pense que tout t’est dû parce que tu portes un nom célèbre ? « Excuse-moi pour ce comportement totalement non professionnel. Cela ne se reproduira plus. » Tu n’arrives même pas à réagir. Sa dernière phrase résonne en toi alors que la colère bouillonne pour s’échapper de toi. Ses yeux fixent le plafond et tu amorces un geste pour la forcer à te regarder mais ta main retombe faiblement sur ta cuisse. « Tu te trompes totalement. Crois ce que tu veux Théodora. J’ai dû me battre pour survire à partir du jour où je suis né. J’ai peut-être eu une enfance plus heureuse que la tienne mais tu n’as aucune idée de ce que j’ai vécu et de ce que je vis actuellement. » La peur, la culpabilité, la responsabilité de tout un clan, de toute une famille. Les souvenirs de la séquestration que vous avez vécu Anjelica et toi il y a quatre mois refont surface tout comme l’angoisse que tu as ressenti ce jour-là. Tu te rappelles de ton souffle coupé, des côtés cassées. Et malgré tout cela, tu ne ressentais aucune douleur physique. Seule la douleur de l’âme comptait alors que vos ennemis tabassaient ta sœur, tu revois les coups qui pleuvent sur son corps meurtri. Ta main gauche, celle qui ne tient pas l’appareil à tatouer vient presque sans le vouloir caresser la cicatrice située sur ton bas-ventre, symbole de cette attaque qui t’a plus chamboulé que tu ne veux l’admettre. C’est à partir de là que tu as augmenté les doses de drogue. Ce n’est pas vraiment le coup de couteau qui t’a fait peur. Non. Tu n’as pas supporté de ne pas avoir pu protéger ce qui compte le plus pour toi. Cette sombre pensée ne te quitte plus depuis ; cela a sonné le début de la décadence. « Mon héritage n’est qu’une bombe à retardement. » Et tu devras en porter le poids jusqu’à ta mort. Tu souffles, tu respires et inspires doucement. Reprenant le tatouage, rattrapant la bourde de tout à l’heure, tu murmures : « J’aurai peut-être préféré… » Tu ne finis pas ta phrase. Tu ne la finiras jamais de peur d’aller trop loin. Tu ne sais pas ce que tu aurais voulu, ta vie est ce qu’elle est. Si tu devais tout recommencer, tu ne sais pas si tu oserais retraverser les mêmes épreuves mais tu ignores si tu aurais le courage de tout changer.

Tu repenses aux excuses formulées tout à l’heure. « C’est bon. Tu n’as pas à… » T’excuser ? Encore une fois tu ne finis pas ta phrase. Elle a mérité que tu la remettes à sa place mais tu te demandes si tu n’as pas légèrement exagéré. D’ordinaire, tu ne te poses jamais ce genre de question parce que tu ne t’excuses jamais de rien. Mais là c’est différent. C’est différent parce que Théodora, c’est quelqu’un qui compte dans la vie de Jaeden et tu respectes ça. Tu te dis qu’il faudrait peut-être faire un effort. « On oublie. Ce n’est pas ça qui m’a dérangé Théodora » Tu te penches à nouveau sur le tatouage et le reste des retouches se font dans un calme olympien et imperturbable. Avec minutie, méticulosité, tu t’attaques aux écailles du serpent et repasses sur chacune d’entre elles. Le silence qui règne dans la salle contraste avec le jeu ridicule auquel vous vous êtes prêtés depuis que vous vous êtes retrouvés dans la même pièce. Tu travailles encore pendant de nombreuses minutes et une fois les derniers traits achevés, tu retires ton gant avant de désinfecter le matériel. « J’ai terminé. » La peau a rougi à nouveau à cause des aiguilles mais tu es satisfait de ton travail. Tu te penches et vérifies chacun des traits mais c’est tout simplement parfait, juste sublime. Tu attrapes la crème et du bout des doigts, tu effleures sa peau et recouvre le tatouage de l’onguent puis d’un pansement. Tu te redresses et tu lui dis : « Tu peux partir. Continue de mettre la crème. » Tu la fixes de ton regard perçant et tu ne sais pas vraiment quoi dire d’autres. Tu ne pensais pas en arrivant tout à l’heure qu’elle ressortirait d’ici avec les yeux rougis. T’aurais préféré qu’elle reparte ravie après une bonne partie de jambes en l’air.

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Sam 28 Nov - 16:31
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10 mai 2019 | White Thestral | Fin de journée
  Pour Théodora, la discussion était close et il n’y avait rien à ajouter. Luca n’aimait pas discuter ? Bien, elle se tairait et attendrait avec impatience la fin de cette foutue séance de tatouage qu'elle considérait déjà comme inutile. Elle refit une grimace alors que l’aiguille retrouvait le chemin de sa peau. Elle sentit bien que ses paroles avaient fait mouche, mais peut-être pas comme elle l’aurait pensé. La jeune femme voulait concéder ce round mais partir la tête haute.

« Tu te trompes totalement. » Bien que surprise et légèrement intriguée, elle resta bornée à ne pas accorder un regard à Luca. Qu’allait-il encore lui sortir hein ? Que cela avait été difficile de survivre en suivant précisément le chemin tracé pour lui ? Elle aurait presque eu envie de rire. « […] mais tu n’as aucune idée de ce que j’ai vécu et de ce que je vis actuellement. » Ah vraiment ? On en était là ? Elle allait devoir le plaindre maintenant ? Mais quel hypocrite ! Il faisait son mec, à la menacer de "elle ne savait quoi" et maintenant, il fallait qu’elle lui tapote la tête en lui disant que sa vie était effectivement extrêmement compliqué ? C’était trop facile, beaucoup trop facile et comme elle l’avait si bien dit avant, il pouvait toujours aller se faire foutre.

« Mon héritage n’est qu’une bombe à retardement. » Théodora entendit les longues respirations de Luca. Oui et bien… Si par bombe à retardement il entendait des gallions en grand nombre et des titres de propriétés, alors oui Dora était d’accord, elle avait vu les chiffres. Mais elle ne répondit rien. Toutes les idées qui lui traversaient l’esprit risquaient de réenvenimer les choses et elle ne voulait pas s’en prendre une.
 
 « J’aurai peut-être préféré… » Les derniers mots prononcés par Luca eurent raison de sa forte tête et lui firent quitter des yeux le plafond quelques secondes. La colère de l’affront fait par Luca était encore présente mais contenue par la curiosité nouvelle. À chaque fois qu’elle le voyait, il était cordial, autoritaire, joyeux ou sous le joug de diverses substances alcooliques. Dans son passé de comptable, Théodora avait côtoyé des malfrats et chacun se devait de porter un masque pour survivre. Car montrer ne serait-ce qu’une faiblesse dans ce milieu signifiait souvent de voir ses ennemis s’y engouffrer avec ardeur. Cela devait être la même chose pour Luca : toujours paraître sûr de lui et assumer chacune de ses décisions même lorsqu’il se trompait. Alors qu'aurait peut-être préféré Luca Zabini ? Elle fut presque déçue de ne pas avoir de réponse. Cela aurait montré que malgré tout il restait humain. Malheureusement, elle restait son employée et il ne devait sûrement pas vouloir ainsi se dévoiler.

« C’est bon. Tu n’as pas à… » Encore une phrase inachevée. Théodora détailla Luca mais cette fois-ci, elle ne portant pas son attention sur sa plastique. Elle se décida, comme elle aurait peut-être dû le faire dès le départ si son esprit n'avait pas été embrumé par la peur et l'envie,  à voir un gars balotté par la vie qui avait remis à sa place une fille un peu trop sûre d'elle. Il était vrai qu’elle ne connaissait pas grand-chose de sa vie : Theodora avait fait exactement ce qu’elle venait quelques secondes plus tôt de lui reprocher.

« On oublie. Ce n’est pas ça qui m’a dérangé Théodora » La question de ce qui l'avait véritablement dérangé lui brûla les lèvres mais elle de retint de la poser. Il s'agissait exactement de ce qu'il lui avait précédemment dit. Elle avait joué sans être véritablement sûre de vouloir aller jusqu'à la ligne d'arrivée. Et pourquoi cela Théodora ? Coucher ne l'avait jamais vraiment arrêtée. Alors quoi ? Juste parce que c'était Luca Zabini ? Elle n'arrivait pas se l'expliquer et cela la mettait encore plus en colère. L'enchaînement des événements n'avait juste pas été le bon. Luca l'avait surprise et elle avait alors perdu tous ses moyens.

Dans tous les cas, Théodora ne décrocha plus un mot de la séance. Luca pouvait bien se complaire dans ses propres paroles et déclarations, elle n'en avait que faire. Son objectif à présent était de goûter chacune des bouteilles qu'avait le bar et peut être même en finir certaines.

« J’ai terminé. » Grâce au ciel ! Sa peau la tirait mais Luca n'avait pas menti. Cela avait été moins douloureux et bien plus rapide que la première fois. Même avec cette rapidité, Théodora avait quand même réussit à se ridiculiser. Bien joué ! Elle se pencha quand même pour regarder son tatouage terminé en laissant tout de même la place à Luca pour l'examiner. Un sourire apparut sur ses lèvres bien malgré elle. Ça y est, cette marque resterait à jamais sur sa peau et elle resterait à jamais un membre de la Cosa Nostra. Quoiqu'il advienne. « Tu peux partir. Continue de mettre la crème. »Théodora ne se fit pas prier. Elle se releva sans accorder un regard à Luca.

« Merci pour ton travail. » Elle se dirigea vers ses affaires et entreprit de se rhabiller. Pull, veste et sac. Elle défit son élastique et laissa de nouveau tomber ses cheveux sur ses épaules. Toujours de dos, elle ajouta un simple : « Bonne soirée » avant de sortir de la pièce.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Mais quelle idiote. Quelle stupide fille. Elle n’aurait tout simplement pas pu se taire et juste se laisser faire ce foutu tatouage sans tout faire foirer ?! Mais non parce qu’elle, madame Théodora Haig, aimait toujours tout rendre compliqué !

Dora était à une table du White Thestral avec plusieurs verres vides à ses côtés à ruminer les événements récents. Comme elle se l’était promis à elle-même, elle voulait essayer chacun des alcools à la carte pour être sûr de ne se souvenir de rien le lendemain. Elle se maudirait probablement car tout le monde savait que les mélanges ne faisaient pas bon ménage mais à cet instant, un verre de whisky pur-feu cola dans la main, elle s’en foutait. Elle n’aurait su dire depuis combien de temps elle ressassait cette histoire de tatouage en insultant tour à tour Luca et sa propre personne. Au moins la soirée.

D’ailleurs, en parlant de Luca, Dora l’aperçut au fond de la pièce. Il n’était pas seul évidemment mais la comptable se refusa alors à aller le voir. Bien que l’envie de lui dire ses quatre vérités lui échauffait l’esprit, elle n'irait pas à nouveau se ridiculiser devant lui.

Plus la soirée avançait, plus les images du monde extérieur que lui renvoyait ses yeux étaient floues, tout comme le temps qui s’écoulait. Et puis les compagnons de beuveries de Luca se levèrent pour se diriger vers le bar. Un nouveau débat intérieur se produisit. Devait-elle véritablement aller voir le Zabini, le confronter dans ses erreurs et ses contradictions ? Ou devait-elle plutôt se faire oublier car elle en avait déjà assez fait ?

L'image de Luca sur elle dans une tentative stupide de maîtriser la situation et la peur qu'elle avait ressenti d'etre ainsi vulnérable firent pencher la balance. Le sang de Dora ne fit qu’un tour. Elle attrapa son verre et fonça, déterminée, vers Luca. Il avait gagné un round, il était temps de commencer le deuxième. Et elle ne se ferait pas avoir deux fois. La démarche de la jeune femme était assurée quoiqu’un peu tanguante.

« Luca ? Je voulais simplement te signaler que tu avais eu tout faux sur moi. » Elle s’humidifia un peu les lèvres.« J’étais parfaitement prête à aller jusqu’au bout, parce que j’suis pas que d’la gueule ok ?! » Elle posa son verre sur la table comme pour appuyer ses propos.« Mais comme ça là, ça aurait rien donné de bon. J'aurai juste été une meuf quelconque dans ton lit et toi juste un gars de plus dans mes statistiques. Ça aurait été juste une baise un peu moyenne sans grand intérêt. Et d'ailleurs, t’as triché sur toute la ligne ! » Les idées se mélangeaient dans sa tête. Elle tenta d'y mettre un peu d'ordre.« Je sais pas ce qui a changé entre nous et pourquoi t'as besoin d'avoir toujours le contrôle sur tout. » Elle but une gorgée de son verre. « Et je trouve ça presque triste que tu ne puisse pas être dans le moment. Et que tu te sentes le besoin de rabaisser comme ça les gens. Je vais me démener pour tes foutus comptes, ceux de la famille, que je t'apprécie ou pas. Parce que c'est mon taf et que je le fais bien... Que je le fais... Excellement même » Plus les minutes avançaient, moins Théodora arrivait à correctement exprimer ce qui la rendait hystérique venant de Luca. Et puis elle revoyait cette lassitude qu'il avait laissé entrevoir à la fin de leur précédent entretien, ajouté à ça l'alcool qui commençait à embrumer et apaiser ses colères passées. « Voilà... Y avait d'autre trucs mais je suis trop saoule pour m'en rappeler. Alors... Voilà... T'es pas un connard mais tu sais très bien faire semblant» termina-t-elle de dire juste avant de terminer son verre cul-sec.
Luca Zabini & Théodora Haig



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Dim 29 Nov - 14:25

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Luca & Théodora - Début mai 2019


Lorsque tu as demandé à Dora de venir au White Thestral pour effectuer les retouches de son tatouage, tu n’aurais jamais cru que cela allait se passer comme ça. Tu imaginais un moment sympathique et tranquille mais elle est rentrée dans la pièce en paradant et en jouant à qui a la plus grosse. Malheureusement, la discussion et les échanges que vous avez eu semblent montrer que tu as gagné. Pourtant, tu ne t’attendais pas à ça, tu aurais préféré rester encore sur le fil du rasoir et voir ce qu’elle avait dans le ventre mais les dés du jeu étaient pipés dès le début et tu n’as pas pu le supporter. C’est dans le silence que tu termines la besogne initiée il y a une dizaine de minutes et c’est avec précision et minutie qu’elle s’achève. Théodora se penche pour admirer la marque à l’encre indélébile qui habille désormais son avant-bras. Tu es satisfait de ce que tu as produit même si tu regrettes la façon dont cela s’est terminé. Toutefois, tu ne l’avoueras jamais, tu ne veux pas qu’elle croit que tu as envie de revenir en arrière. De toute manière, ce n’est pas le cas. Enfin… tu crois. La jeune femme se lève et ne met pas bien longtemps à se rhabiller. Elle te remercie pour ton travail et te souhaite une bonne soirée. « Toi aussi. » dis-tu alors qu’elle sort de la pièce sans demander son reste.

Tu fixes la porte pendant de nombreuses secondes avant de bouger à nouveau. Tu te lèves soudainement et allumes rapidement une cigarette, espérant que la nicotine puisse éteindre la tension qui s’est accumulée dans tes épaules. Tu la fumes rapidement et presque instantanément, tu en grilles une seconde que tu termines en une fraction de seconde. Tu écrases la clope dans le cendrier présent sur le bureau et tu te rends compte que cela ne t’a absolument pas calmé. Alors, tu te lances dans un long processus de désinfection du matériel utilisé lors du tatouage. Cela te prend du temps pour nettoyer chacune des aiguilles et tu t’acharnes dessus en espérant que ton agacement s’éteigne. Mais après dix minutes à frotter, frotter et encore frotter, tu te rends compte que cette stratégie d’évitement ne sera nullement suffisante. Il te faut autre chose. De l’alcool ? Pas encore. Tes mains se mettent à trembler et tu as soudainement besoin d’une dose. Tu te diriges vers la latte du parquet qui grince et où tu planques toutes tes merdes. Accroupi face à tes démons, tu attrapes un sachet de poudre déjà entamé et tu t’affales sur ton siège. L’approchant du bureau, tu déposes l’or blanc sur les bons de livraison du bar en te fichant royalement. Tu attrapes une feuille de papier que tu plies en quatre ; tu alignes deux rangées parfaites de poudreuse et tes mains tremblent mais plus à cause du manque, elles tremblent d’excitation. Tu as l’impression que tes pupilles sont déjà en train de se dilater alors que tu n’as pas encore aspiré la poudre. Une fois que c’est fait, tu t’allonges pendant quelques minutes sur le fauteuil de tatouage où Théodora se trouvait il y a encore quelques dizaines de minutes. Tu planes totalement ; un réel sentiment d’impunité t’envahit, tu te sens fort, tu te sens puissant, tes pensées filent à mille à l’heure et tu restes là pendant ce qui te semble des heures.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

La nuit est tombée sur Londres lorsque tu te relèves du fauteuil, tes yeux sont encore légèrement rougis par la drogue que tu viens d’ingérer. Tu as envie de boire. Tu as la gorge sèche après la coke et puis les quelques joins que tu as fumés juste après. Tu sors de la pièce et tu es ravi de voir que l’endroit s’est bien rempli depuis que tu es arrivé tout à l’heure. La musique emplit tes oreilles et tu te sens dans ton élément. Ce bar, il fait vraiment partie de ta vie et tu y passes quasiment tous tes week-ends. Tu jettes un coup d’œil circulaire dans toute la pièce à la recherche d’un visage familier mais ni Anjelica ni Jaeden ne sont présents. Pas encore du moins, tu espères qu’ils vont bientôt venir te rejoindre. Par contre, une chevelure dorée attire ton regard et tu es surpris de voir que Théodora est encore là ; après votre semi-altercation, tu pensais qu’elle irait se bourrer la gueule ailleurs. Mais peut-être que la perspective de boire à l’œil l’avait finalement séduite. Bizarrement, cela ne semble plus la déranger que cela fasse des trous dans la caisse lorsque tu la vois ingurgiter son verre à une vitesse incroyable.

Tu décides d’ignorer sa présence. Elle a tout à fait le droit d’être là, elle fait partie de la famille après tout. Tu t’installes à une table assez éloignée et des gars de la Cosa Nostra viennent presque instantanément t’y rejoindre. Et vous commencez à vous bourrer la gueule, à trinquer en vous félicitant du formidable coup de filet que vous avez réalisé il y a deux jours. Plusieurs membres d’une famille rivale avaient bien morflé et l’influence de la Cosa Nostra commençait doucement à grandir dans la mafia londonienne. Tu n’en étais pas mécontent, mais cela implique forcément que nos ennemis deviennent aussi plus nombreux et ça, c’est plus difficile à entendre. Alors pour oublier qu’ils vont demander justice à un moment ou à un autre, tu enchaînes les whiskey pur feu et les shooters accompagnés de tes compagnons d’infortune, ceux avec qui tu te bats chaque jour, ceux pour qui tu pourrais tuer sans hésiter. « On va au bar ? Et fumer dehors ? » demandes Marco, montrant son verre vide. Tu pointes ton verre encore plein et tu secoues la tête en lui signifiant que tu préfères rester là. Le mélange drogue et alcool commence à faire effet et pour le moment tu n’as pas vraiment envie de te lever. Tu es lucide et bien conscient de tout ce qui se passe autour de toi mais tu sens que le flou embrume ton cerveau petit à petit. Tu le sais parce que tu vois le fantôme de Théodora s’approcher de la table et tu sais que cela ne peut-être qu’une hallucination car elle ne viendrait jamais te défier une seconde fois. Pas déjà... Tu vois déjà double ? Punaise mais il est pas encore 11 heures…

Lorsqu’elle se plante devant toi et pose son verre comme une cinglée sur la table tu te rends compte que ce n’est pas une illusion mais bien la véritable Dora devant toi. « J’suis pas que d’la gueule ok ?! » dit-elle et tu murmures, presque amusé : « Ah bon ? T’es sûre ? » Elle se lance alors dans un monologue si long que tu aurais presque pu t’endormir en plein milieu. Tes yeux légèrement rougis par la drogue et l’alcool ingéré, tu écoutes pourtant chacun de ses mots et tu secoues la tête lorsqu’elle affirme qu’elle n’aurait été qu’un nom sur ton tableau de chasse et le tien n’aurait été qu’un gars de plus dans ses statistiques. Il n’avait été nullement question de ça. « Ça aurait été juste une baise un peu moyenne sans grand intérêt. Et d'ailleurs, t’as triché sur toute la ligne ! » Une baise moyenne ? Une baise moyenne ????? Elle est sérieuse ? Alors là, tu es blessé dans ton égo de mâle alpha. Jusque maintenant, personne ne s’était jamais plaint, mieux encore, la plupart des nanas en redemandaient donc l’entendre dire que tu ne pouvais lui accorder qu’une baise moyenne t’insurge. Alors que tu es sur le point de rétorquer, elle continue son infatigable laïus et tu préfères la laisser terminer et puis répondre une fois qu’elle aura fini de tout balancer. Tu n'en étais pas certain lorsqu’elle s’est installée à ta table mais tu en es persuadé maintenant ; elle a bu à n’en plus finir et a dû vider de nombreuses bouteilles pour oser venir te voir après ce qu’il s’est passé en début de soirée. Elle termine son verre cul-sec et elle te regarde avec ses yeux inquisiteurs ; tu le sens, elle a envie de jouer un deuxième round, de recommencer à se battre. Tu fronces les sourcils mais décides de rentrer dans ton jeu. « Alors, déjà, ma belle, petit 1 : tu ne peux pas dire baise moyenne avant d’avoir pu essayer. C’est pas correct. Un enfant ne peut pas dire ‘’j’aime pas’’ avant d’avoir goûté. Pour toi, c’est pareil. T’auras le droit d’avoir un jugement quand tu auras goûté. » C’était le premier point d’une longue liste. « Petit 2 : J’ai pas triché, tu l’as fait. Tu savais très bien que je n’irais pas par quatre chemins. Puis tu t’es dégonflée. » Oulalala, les idées commencent à se mélanger dans ta tête et tu ne sais plus trop comment prendre les choses. « Petit 3 : J’ai rien changé moi. C’est toi qui as eu ce comportement totalement bizarre tout à l’heure. J’comprends toujours pas pourquoi d’ailleurs. Rien n’a changé. Je suis ton patron, et alors ? T’as pas à me rendre des comptes, sauf sur ceux de la boîte. » Tu continues : « Petit 4 : Ouais, avoir le contrôle sur tout, c’est mon job, sans ça, j’suis mort. Par contre, je t’interdis de dire que je rabaisse les gens. C’est faux. J’ai jamais fait ça. » Tu essayes de te souvenir de votre conversation de tout à l’heure mais tu ne vois pas un seul moment où tu as pu lui faire croire que tu la dépréciais. Était-ce parce que tu as sous-entendu que tu trouvais son métier peu attrayant ? Ok c’est ce que tu penses mais les goûts et les couleurs… « Petit 5 :  Je n’ai aucun doute sur tes compétences. Sinon tu ne serais pas là. » C’est vrai. Si tu avais pensé qu’elle ne méritait pas de s’occuper de la double comptabilité de l’affaire familiale, elle n’occuperait pas ce poste. On pouvait faire partie de la famille sans pour autant travailler au Thestral Motor ou au White Thestral. C’était rare, mais cela pouvait arriver même si tu préférais mettre à profit les talents de chacun pour que tous les membres de la Cosa Nostra puissent servir votre cause. Et il faut l’avouer, Théodora avait un don pour les chiffres. « Petit 6 : Moi j’suis pas un connard ? Et qu’est-ce qui te fait dire ça ? J’suis le plus gros con de la terre. » Tu es probablement le plus grand connard de Londres. Du moins, tu tentes de t’en convaincre. Tu sais pertinemment que c’est aussi un masque que tu portes tous les jours : montrer sa faiblesse, c’est donner du grain à moudre à vos ennemis. C’est pour cette raison que tu préférais rester le plus souvent impassible. Ne jamais rien montrer, c’est plus facile. Tu avales ton verre cul-sec toi aussi et fais signe au barman qui vient instantaménet vous resservir. Vos deux verres à nouveau remplis, tu toises Théodora et te demandes à quel jeu elle va bien vouloir jouer maintenant. Celui de la franchise ? Au secours ; tu espères que non. T'es trop shooté pour ça.

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10 mai 2019 | White Thestral | Fin de journée
L’alcool commençait à s’insinuer dans ses veines. Tel un nectar, il se diffusait dans son corps et à chaque gorgée, le monde semblait un peu plus beau, un peu plus drôle et les conséquences un peu moins conséquentes. L’inhibition prenait Théodora aux tripes, lui donnait la force, le courage et l’oubli de la honte qui l’avait étreinte, celle qui l’avait presque rendue muette seulement quelques heures plus tôt. Elle se sentait puissante, ô si puissante, qu’elle aurait pu rentrer dans le bureau de Luca pour lui demander une promotion après seulement une semaine de travail. Seulement voilà, Luca n’était pas dans son bureau mais à une table du bar et elle ne venait pas pour des gallions mais bien pour demander des comptes. Avec sa gueule parfaite et sa moue dédaigneuse, il lui donnait envie de vomir. Ou peut-être était-ce ce dernier verre de whisky ?

« Ah bon ? T’es sûre ? » Théodora ne releva pas alors que Luca se foutait encore et toujours de sa gueule. Mais que fallait-il faire pour qu’il la respecte un tant soit peu ? Une Théodora sobre aurait peut-être suggéré d’arrêter de le draguer ouvertement ou de l’engueuler avec cinq grammes dans le sang. Mais cette Théodora-ci ne savait rien de la vie… Et n’était surtout pas aux commandes de l’animal lorsque les breuvages du White Thestral coulaient dans ses veines.

Théodora n’était véritablement plus en état de cacher ses émotions. C’est ainsi que le « petit 1 » de Luca lui arracha un visage absolument outré. Avait-il véritablement amené la comparaison à un enfant dans cette historie de coucherie ? Bref, ce n’était pas le sujet. Et il était vraiment énervé par le terme « baise moyenne » ?! Il était si imbu de lui-même. Le « petit 2 » fit faire un non de la tête énergique à Théodora alors qu’elle refusait d’admettre ses propres torts sur ce sujet. Elle ne s’était nullement dégonflée ! Il avait failli la molester, là était la différence ! Ce n’était pas vraiment le bon moyen pour voir Dora dans son lit ! Le « petit 3 » fit baisser les yeux de honte à la jeune femme. Sur ce coup là, elle était bien incapable de justifier ses propres actions, même sobres, alors saoule comme un satyre en orgie... Le « petit 4 » lui fit hausser les épaules comme pour réfuter ces arguments qu’elle trouvait totalement fallacieux. «Le « petit 5 » lui arracha un sourire satisfait. Quant au « petit 6 »… Un simple regard interrogateur.

Le signe de Luca au barman et son verre à nouveau rempli eurent raison de la mémoire maintenant défaillante de Dora. Cette dernière s’assit sur la banquette laissée vide par les potes de Luca pour se trouver une certaine contenance tout en lui donnant quelques précieuses secondes pour réfléchir à ses prochaines paroles. Elle sentit le regard de Luca sur elle. Maintenant qu’elle s’était jetée dans l’arène, il était un peu trop tard pour reculer.

Bon, de quoi ils parlaient déjà ?! Ah oui Luca et son pseudo-masque de connard. Elle se rapprocha un peu de lui, comme pour lui confier un secret. « Je peux te dire que t’es un con si ça te fait plaisir. Mais t’es définitivement pas un connard. J’en ai rencontré et je sais définitivement les reconnaître. » Elle le pointa du doigt, le verre dans la main. « Mais t’inquiète, ton secret est bien gardé avec moi… Je dirai à personne que c’est que de la gueule. » Elle se recula finalement en buvant une gorgée de son verre. Un point lui vint en tête. Était-ce celui juste d’avant ?! Elle n’en était vraiment plus sûre. « OK, j’avoue il faut que tu contrôles pour le boulot. J’admets que c’est même mieux. Mais des fois, juste des fois faut que t’apprennes à juste… » Elle regarda un point dans le lointain. « A te laisser aller. A penser un peu à toi…. Pas beaucoup mais juste un peu ! » Son esprit se laissa un peu à divaguer. Voulait-elle dire, comme elle-même qui pensait un peu trop souvent à sa propre personne ? Mais comment était-elle censée faire autrement ? À part Jaeden, personne n’avait suffisamment cru en elle pour quoi que ce soit. Alors elle avait été bien obligée de faire avec la seule personne qui la suivrait jusqu’à sa mort : Théodora Haig.

« Et je peux très bien juger car je connais les gars comme toi Luca ! Mais ok, je jugerai sur marchandise quand il faudra. Et j’ai pas triché non plus ! T’as juste besoin de tout avoir de suite ! Tu sais pas attendre et profiter des frissons de l’attente ou de la possibilité de l’échec ! Est-ce que quelqu’un t’as déjà refusé quoi que ce soit dans ta vie ?! Hein ? » Théodora avait un peu monté le ton, emportée par ses propres paroles. Elle remarqua quelques regards interrogateurs des autres clients, les plus proches de leur table et se décida de baisser le volume de sa voix. Après tout, elle s’adressait quand même à Luca Zabini… Qui était le boss ici. C’était sûr, il allait la tuer, la trucider sur place et personne ne dirait quoique ce soit car… Ils étaient une famille. Et elle se retrouverait encore toute seule parce que c’était ce qu’elle faisait. Même Jaeden s’était ouvert au monde. Il avait Anjelica et Luca. Elle… Elle avait quelques ami.e.s bien sûr mais…

Sur son visage passa un voile de tristesse. Oh non, elle allait être honnête. Les mots sortirent de sa bouche avant qu’elle ne puisse y faire quoique ce soit. Saloperie de troisième verre de gin de mandragore. « Et j’ai pas changé ! C’est juste… Je ne sais pas comment fonctionner avec des gens qui veulent bien de moi… Je pense pas comme tout le monde. Je vois pas tout ce que je pourrai faire avec la Cosa Nostra. Je vois juste le jour où cette Cosa Nostra… Où tu n’auras plus besoin de moi. Et du coup… Je panique. » Théodora haussa les épaules, fataliste. Et puis son cerveau analysa les paroles qu’elle venait de prononcer. Elle secoua alors la tête tandis que ses yeux s’agrandissaient. Et bah oui, elle avait voulu être honnête aussi… Elle eut envie de se frapper : heureusement qu’elle n’avait pas été encore plus honnête dis donc ! Sinon elle aurait presque pu carrément lui avouer son mensonge comme ça c’était plié ! Bien joué Théodora. « Oh non. Oh non je viens pas juste de dire ça à voix haute hein ? Pas à toi quand même ? » La détresse se lut sur son visage alors qu’elle opta pour son verre comme refuge. Une vaine tentative pour se taire. « Et en plus, maintenant je suis perdue dans tes « petit quelque chose » alors…. Je vais… Je vais juste continuer de boire… Je veux dire encore plus, pour oublier cette discussion aussi. » Elle se leva et tangua un peu mais réussit à rester debout. « J’te jure, d’être aussi conne et bornée, c’est qu’avec toi que je le fais. Enfin non, mais Jaeden à l’habitude. » Un faible sourire s’apposa sur ses lèvres.
Luca Zabini & Théodora Haig




We were searching for reasons
To play by the rules
But we quickly found
It was just for fools
But through all the sorrow
We were riding high
And the truth of the matter is
I never let you go, let you go
Your beauty never ever scared me
Mary on a, Mary on a cross

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Luca & Théodora - Début mai 2019


Boire quand tu es le dirigeant de la branche mafieuse d’une grosse entreprise familiale, c’est la base. L’alcool, c’est ce qui te permet de tenir quand tu sens que tu pourrais flancher. Et en ce moment, cela arrive quasiment tous les soirs. Ce qui arrive encore plus souvent, c’est les mélanges alcools et drogues. Tu as du mal à concilier les deux mais tu n’as pas vraiment le choix si tu veux tenir la route : alors tous les soirs, tu te bourres la gueule au White Thestral et tu tentes de noyer tes soucis dans les verres de Whisky Pur feu. Et le matin, quand t’as dessoulé et que l’euphorie est passée, tu t’abandonnes à une autre sorte d’addiction ; la drogue, au début, c’était juste le week-end pour décompresser, pour planer et pour se marrer. Puis, c’est devenu un besoin maladif, une nécessité, une obligation. Tu as compris que tu étais fichu lorsqu’il te fallait ta dose pour sortir du lit. Tu sais que t’es foutu, que tu vas avoir du mal à t’en sortir mais pour l’instant, comme chaque soir, tu préfères boire tes émotions. Et baiser, baiser et encore baiser. T’as putain d’envie, surtout maintenant que tu as picolé comme un trou… Mais pour l’instant, personne à te mettre sous la dent…

Lorsque les gars partent au bar, tu jettes un coup d’œil autour de toi pour chercher une proie. Mais il faut croire que cela devra attendre. En effet, lorsque Théodora s’approche de la table et décide de faire un petit laïus qui dure six pieds de long, tu sais que cela risque de durer longtemps. D’ailleurs, toi-même, tu réponds dans un énorme monologue. Pourtant, tu n’es d’ordinaire pas très causant ; d’habitude, tu n’aimes pas trop les gens. Mais elle t’avait énervé tout à l’heure et tu avais envie de savoir pourquoi elle est prête à revenir à la charge.  Tu te dis que pour supporter la suite de la conversation, tu vas devoir boire à nouveau et tu attaques déjà le nouveau verre que vient de te servir le barman. Les glaçons rafraichissent le doux nectar dont le goût te ravit et t’arrache l’œsophage, tout cela en même temps. Théodora s’assoit sur la banquette où Marco était installé il y a encore quelques minutes et tu la toises, tu es dans l’attente, dans l’expectative. Va-t-elle enfin fermer sa grande bouche ? Cela te ferait grand plaisir mais tu le sais fort bien (et la discussion de tout à l’heure te l’a bien fait comprendre), elle ne semble pas être le genre de femme qui se laisse marcher sur les pieds. Au contraire, ce qu’elle a vécu dans le passé lui a permis de devenir plus sûre d’elle, plus indépendante, plus chiante en soi. Plus chiante car tu ne peux pas la contrôler et encore moins maîtriser ce qu’elle fait et ce qu’elle dit. En plus de ça, elle est complètement torchée et tu sens que l’alcool pourrait lui faire dire n’importe quoi.  Tu espères presque qu’elle s’excuse : après tout ce qu’elle t’a dit tout à l’heure, ça serait mérité.

Mais les premiers mots qu’elle prononce ne laissent guère place à l’interprétation ; elle n’est pas là pour se repentir mais bien pour te casser les couilles. Une fois de plus. En osant dire que tu n’es pas un connard car elle sait les reconnaître. T’es pas certain que ça soit vrai ; elle a du connaître de sacrés gros pervers et des cinglés en manque et ayant besoin d’asseoir leur domination sur des femmes désespérées. « Mais t’inquiète, ton secret est bien gardé avec moi… Je dirai à personne que c’est que de la gueule. » Tu ricanes doucement en l’entendant reprendre tes propres mots. Tu hésites à répondre immédiatement mais Théodora semble tellement bien partie dans ses petites explications et remontrances que tu préfères la laisser finir ; surtout qu’à ton avis, ça doit bien se bousculer dans sa tête. L’alcool qu’elle a ingurgité ne doit pas l’aider à avoir les idées claires et à organiser son discours, discours que tu trouves totalement décousu d’ailleurs. En plus, elle te répond dans le désordre, franchement, elle abuse : toi qui t’es évertué à élaborer ton propos point par point… « Mais des fois, juste des fois faut que t’apprennes à juste… À te laisser aller. À penser un peu à toi…. Pas beaucoup mais juste un peu ! » Tu secoues la tête. Elle se fout de ta gueule là où c’est l’alcool qui parle ? Et patati et patata elle continue et blablabla et ‘’j’ai pas triché’’, et ‘’tu veux tout tout de suite’’ et ça continue et bibidibobidibou ! « Tu sais pas attendre et profiter des frissons de l’attente ou de la possibilité de l’échec ! Est-ce que quelqu’un t’a déjà refusé quoi que ce soit dans ta vie ?! Hein ? » Et voilà qu’elle hausse le ton, certains clients se retournent vers vous mais tu ne leur prêtes pas la moindre attention, te contentant de toiser la jolie blonde qui est en face de toi d’un regard noir qui suffirait à lui faire regretter d’être née. « Alors déjà, tu vas me parler sur un meilleur ton parce que sinon je te promets que tu vas t’en souvenir. Et j’pense sincèrement que tu te fous bien de moi là. T’es une putain de meuf ambivalente. Tu me dis de me laisser aller et de penser à moi. J’ai pensé à moi quand j’ai voulu te baiser et après tu me dis que c’est mal parce que je sais pas attendre ? Quand j’ai envie d’un truc, que ce soit une femme ou autre chose d’ailleurs, je le prends. Parce qu’on ne sait pas quelle donne on aura le coup suivant. Parce que demain, j’peux être mort. » Tu secoues la tête, tu souris mais c’est un sourire narquois qui orne ton visage. « J’ai pas besoin de l’échec, l’échec, c’est pour les autres. Ceux qui n’ont pas à gérer ce que je dois gérer. » Il est vrai que la Cosa Nostra, c’est une charge lourde qui t’incombe et auquel tu ne peux te soustraire. Tu ne dois pas flancher, si tu flanches c’est ceux que tu aimes qui payeront. Ça, tu ne le supporteras jamais.

Sans que tu comprennes pourquoi ni comment, le visage de Dora change tout à coup et tu lis dans ses yeux embués d’alcool de la tristesse. « Et j’ai pas changé ! C’est juste… Je ne sais pas comment fonctionner avec des gens qui veulent bien de moi… Je pense pas comme tout le monde. » Alors c’est ça ? Elle se trouve trop nulle pour faire partie des vôtres ? « Je vois pas tout ce que je pourrai faire avec la Cosa Nostra. Je vois juste le jour où cette Cosa Nostra… Où tu n’auras plus besoin de moi. Et du coup… Je panique. » Tu  hausses les sourcils, surpris. Surpris qu’elle se dénigre à ce point, surpris surtout par ses derniers mots. Elle se rend elle-même compte qu’elle vient de se livrer sans doute un peu trop sous l’emprise de la sombre boisson qu’elle a passé la soirée à avaler. Un sourire mauvais naît sur tes lèvres même si tu n’as nullement envie de t’en prendre à elle maintenant alors qu’elle vient d’avouer à demi-mots qu’elle avait peur. T’es un sale con mais pas au point de faire ça. Elle tente maladroitement de faire passer la pilule en noyant le poisson mais ça ne marche pas et lorsqu’elle te dit « J’te jure, d’être aussi conne et bornée, c’est qu’avec toi que je le fais. Enfin non, mais Jaeden à l’habitude. » Tu réponds : « Ouais, j’sais pas comment il fait d’ailleurs. » Pendant que tu parles, Théodora se lève pour s’en aller. Mais tu te redresses à ton tour, tu attrapes son poignet et la forces à se rassoir. Mais cette fois, tu lui fais contourner la table et tu lui fais signe de s’installer à tes côtés. Votre conversation devient un peu trop privée pour qu’elle puisse tomber entre des oreilles indiscrètes. Tu soupires en ravalant une gorgée de ton verre. « Alors, d’abord, les membres de la Cosa Nostra sont forts Théodora. Endurcis-toi. Rends-toi indispensable. Parce que si un jour je n’ai plus besoin de toi, tu seras morte. » Tu ne veux pas la faire flipper, mais c’est la vérité. Il n’y a pas de place pour le personnel non essentiel dans la mafia.   « Mais on est une famille maintenant Théodora. Fais tes preuves, prends ta place auprès de nous et tu verras que tu n’auras plus aucune raison de paniquer. Tu as déjà ta place auprès de Jaeden. Pour les autres, cela viendra au fur et à mesure. Ils voudront tous te protéger parce que c’est comme ça que ça fonctionne ici. Et peut-être que ça sera pareil pour moi aussi si tu arrêtes de me casser les couilles. » Tu te penches vers elle et lui murmures : « Pourquoi tu veux oublier cette conversation ? T’assumes pas d’avouer que tu as peur que je te remplace ? » La remplacer par qui d’ailleurs ? Et pour faire quoi ? Des tonnes de zones d’ombres dans ses mots. « Et si t’as changé. » Elle ne te fera pas croire qu’elle reste la même que celle qu’elle était avant d’être dans la Cosa Nostra. Ou alors elle cachait drôlement bien son jeu auparavant et tu n’y avais vu que du feu.

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10 mai 2019 | White Thestral | Soirée
La partie la plus casse-gueule du début de discours de Théodora ne sembla pas attirer les foudres de Luca. Il en ricana presque lorsqu’elle osa sous-entendre qu’il n’était que de la gueule du moins quand cela touchait à la connard-attitude. Encore une fois, la jeune femme sentit la confiance l’envahir, exacerbée par l’alcool. Elle commença à parler et à lâcher tout ce qu’elle pensait de Luca, au risque de de nouveau dépasser la ligne rouge ou d’ameuter la moitié du bar en spectateurs de leur échange. Et comme la première fois, Luca fut prompt à la rappeler à l’ordre. Peut-être était-ce pour ça qu’il arrivait à mener sa barque en tant que chef. Il savait se détendre avec ses ouailles mais garder les barrières nécessaires au bon fonctionnement de toute l’organisation. Le regard noir qu’il lui lança fit taire Dora quelques secondes. Il était véritablement inquiétant et Théodora était à deux doigts de fuir pour s’en sortir. « Alors déjà, tu vas me parler sur un meilleur ton parce que sinon je te promets que tu vas t’en souvenir. » Effectivement, les bornes et les limites, Dora avait encore un peu de mal à s’y positionner. Elle baissa quelques secondes les yeux, comme une gamine grondée par un parent mécontent. Un petit sourire, symbole d’une confiance en soi légèrement pansée, fit son apparition alors que Luca lui disait de but en blanc l’avoir voulu dans son lit. Mais être mise ainsi face à ses contradictions n’était pas au goût de la jeune femme. Certes, présenté comme cela, c’était un peu compliqué ! Mais il rendait tout si compliqué aussi !

« Parce que demain, j’peux être mort. » Le regard de Théodora se replongea dans celui de Luca. Ils n’avaient définitivement pas la même vision du monde. Dora ne pensait jamais à la mort, c’était bien trop triste ou effrayant. Elle pensait simplement à survivre un jour après l’autre. Bien plus rassurant. Et encore, depuis qu’elle avait un poste stable, elle commençait enfin timidement à imaginer l’avenir. Alors voir ainsi Luca ramener bien trop frontalement cette vérité immuable de la nature humaine, alors qu’elle commençait juste à s’en détacher, lui arracha une moue bougonne. Moue qui fut accentuée par le sourire narquois du Zabini. « J’ai pas besoin de l’échec, l’échec, c’est pour les autres. Ceux qui n’ont pas à gérer ce que je dois gérer. » Théodora ne répondit pas, mais de nouveau une pièce du puzzle Luca Zabini venait de s’emboîter. Que ressentait-elle en cet instant ? De la pitié ? Non, plutôt de la compassion de voir ainsi un homme écrasé par ses responsabilités. Elle remercia silencieusement Dieu de ne pas lui avoir offert un chemin similaire, empli de responsabilités.

Était-ce parce qu’elle avait senti que le moment était opportun ? Ou était-ce ce foutu alcool qui entrainait un flot de paroles ininterrompu à travers ses douces lèvres ? Dans tous les cas, le mal était fait. Le visage de Luca en était témoin, elle venait de lui donner la baguette pointée sur sa propre tête blonde. Comment pouvait-elle espérer qu’il ne s’en serve pas ? Et puis, comme ultime solution, elle ramena Jaeden dans la conversation, comme pour rappeler qu’elle avait un dernier rempart qu’elle savait inébranlable, du moins par Luca. « Ouais, j’sais pas comment il fait d’ailleurs. » Théodora répondit par un soufflement et un sourire maintenant forcé. « Ouai, moi non plus. »

Alors qu’elle commençait à s’en aller, jugeant qu’elle en avait suffisamment fait, ce qui était un miracle en soi compte tenu des litres de boissons alcoolisées dans son organisme, Luca la retint. Tout le corps de Théodora se raidit alors que ses yeux se fixèrent sur la main qui lui enserrait le poignet. De l’incompréhension, de la peur aussi s’invitèrent dans sa tête. Ainsi qu’un sentiment de déjà vu qui ne renvoyait pas à des souvenirs heureux. Elle fixait maintenant Luca avec appréhension, cherchant désespérément des réponses alors que son esprit s’emballait. Qu’avait-elle encore dit ? Elle ne se souvenait déjà plus exactement. Qu’allait-il lui faire ? Elle devrait peut-être le charmer véritablement pour survivre finalement, alors qu’elle s’y était refusée. Théodora se laissa faire, contourna la table et s’assit à côté de Luca, sans cesser de le fixer, telle une chouette prise dans les phares d’une voiture volante.

« Alors, d’abord, les membres de la Cosa Nostra sont forts Théodora. Endurcis-toi. Rends-toi indispensable. Parce que si un jour je n’ai plus besoin de toi, tu seras morte. » La main de Dora était serrée sur son verre. Elle ne savait plus quoi faire. La proximité de Luca, la dureté de ses paroles ou l’engourdissement des membres de la jeune femme ne l’aidaient définitivement pas à se décider pour la suite des évènements. Elle se tut, Luca semblait vouloir ajouter quelque chose. Et alors, il prit la peine de lui expliquer, de poser des mots sur cette chose qu’elle n’arrivait pas à comprendre : la loyauté. À lui faire imprimer qu’elle devait effectivement se rendre indispensable mais seulement dans son boulot, pas juste désirable. Bien sûr, elle en avait discuté avec Jaeden, bien sûr qu’il avait pris le temps de lui expliquer la Cosa Nostra, comment tout fonctionnait, un petit écosystème en soit. Oui mais il y avait les explications et le vécu. Et Dora l’avait vécu deux semaines en s’y noyant totalement. Elle avait paniqué et avait oublié comment nager. Elle avait alors espéré que quelqu’un la repêche, lui lance une bouée et la sorte de là. Mais ce dont Dora eut véritablement besoin fut ce quelqu’un qui lui hurla de se calmer et de commencer à putain de nager. Et ce quelqu’un fut Luca Zabini. L’anxiété était toujours apposée sur ses traits mais au moins maintenant elle commençait à s’y faire. Son cœur manqua un battement alors que Luca se rapprochait dangereusement d’elle.

« Pourquoi tu veux oublier cette conversation ? T’assumes pas d’avouer que tu as peur que je te remplace ? » Théodora serra les dents tout en prenant un air suffisant et neutre, du moins autant qu’elle le pouvait dans son état. Les précédentes paroles, qu’elle aurait pu qualifier de sympathiques de la part de quelqu’un comme Luca, résonnaient encore en elle. Effectivement, elle devait s’endurcir. Elle prouverait au Zabini sa valeur par les chiffres. Et son endurcissement par le fait de tenir ses engagements et ses paris, même passés. Prouver qu’elle n’était pas juste de la gueule. « J’ai déjà dit que je regrettais. Alors arrête de remuer le couteau dans la plaie Luca. Et pour ton information, je vais être tellement indispensable que… Que… » Son esprit embrumé lui refusait une comparaison à présenter. « Que tu me trouveras indispensable. » Ah bah ça c’était de la répartie dis donc… Théodora se maudit intérieurement devant son manque flagrant de facultés mentales, passée une dizaines de verres. Elle but une gorgée tout en fixant Luca, qui était très –trop- proche d’elle.

« Et si t’as changé. » Le regard de Théodora se fit interrogateur. La répartie vint toute seule cette fois-ci. « Toi aussi. » Le visage de Luca n’était pas très net. Mais il n’avait pas l’air sobre ou détaché, pas comme tout à l’heure. Il avait changé et Dora n’était pas sûre du pourquoi ou si c’était une bonne chose. Ils n’étaient pas particulièrement amis, juste de vagues connaissances. Ce n’était pas à elle de s’inquiéter de son état… Pas vrai ?

Et puis son cerveau vrilla un peu. Si proches, son propre corps la trahit en lui rappelant ses plus bas instincts et la proie tout à fait acceptable qu’elle avait face à elle. Ne lui avait-il pas dit à un moment d’être plus forte ? Était-ce ses mots ou se souvenait-elle simplement de l’idée générale ? Son corps était maintenant en train de lentement tomber dans l’agonie du moment, lui hurlant de se jeter sur cette cible à portée. « Je vais être forte. » Sa respiration s’accéléra imperceptiblement. « Et je vais commencer par t’embrasser, puis je passera ma main sous ton t-shirt, une simple remise à niveau des compteurs histoire de savoir moi aussi ce que j’ai en face. Ensuite je te tirerai vers cette foutue arrière-boutique, je t’arracherai tes vêtements et je te baiserai sur ton stupide fauteuil, que tu m’as promis être confortable. »

Le temps sembla ralentir alors que Dora attendait une réaction de la part de Luca. Il voulait le contrôle ? Elle venait de lui énoncer clairement ses actions, il aurait ainsi tout le loisir de les anticiper et de s’y adapter. En tout cas, elle, s’y tiendrait à la lettre. Le regard de Dora n’était plus aussi brillant et vivace que d’ordinaire, mais sa détermination semblait intacte. Elle allait s’endurcir. Elle allait prouver à Luca qu’elle était capable de tout pour la Cosa Nostra. Même si cela voulait dire oublier un instant cette envie de jeu, du chat et de la souris qu’elle affectionnait tant. Elle pourrait le faire avec d’autres. Ici, maintenant c’était une question d’honneur. Et de montrer à son patron qu’elle était décidée à changer. Et accessoirement passer du bon temps. Pour un peu relâcher la pression. D’après quelques filles du bar, Luca semblait être parfait pour cela.
Luca Zabini & Théodora Haig




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Luca & Théodora - Début mai 2019


Théodora peine à trouver sa place et ne semble pas vraiment savoir à qui elle s’adresse. Le nombre de fois où elle t’a défié aujourd’hui frise l’intolérable et tu sais que tu laisses couler uniquement parce qu’elle représente pour Jaeden est trop important pour te risquer à faire quoi que ce soit. Et puis, ce n’est pas non plus un réel affront, tu comprends simplement qu’elle ne sait plus comment se positionner et ce qu’elle a le droit de faire ou de pas faire. En même temps, tu peux comprendre que se retrouver en face d’un homme aussi impressionnant que toi devait faire peur ; il faut dire que tu en imposes et que tu ne laisses personne te marcher sur les pieds. Le passe-droit que tu accordes à Théodora sera de courte durée et tu te promets de faire en sorte qu’elle rentre dans le rang et que tu n’aies plus à lui faire comprendre qu’elle dépasse les bornes. Ta mauvaise foi dans cette situation serait flagrante pour n’importe qui mais tu restes aveugle à tout bon sens et préfères te dire que c’est toi qui as raison, c’est plus simple à assumer. Lorsque vous en venez à évoquer Jaeden, tu te surprends même à penser qu’il n’a pas de chance de s’être coltinée cette effrontée durant toutes ces années de calvaire. Parfois, tu ne comprends pas d’ailleurs ce qu’il a pu lui trouver et comment il a pu obtenir du réconfort auprès d’elle. Tu la trouves détestable. Est-ce parce que tu la trouves baisable ? Tu sens que tes pensées continuent de s’embrouiller et tu ne sais plus trop où tu en es, tu haïs cette sensation de vulnérabilité auquel tu ne veux pas te résoudre. Tu te persuades que malgré son lien fort avec ton meilleur ami, tu dois la traiter comme les autres. Elle ne mérite aucun traitement de faveur tant qu’elle n’a pas fait ses preuves. C’est ta nouvelle ligne de conduite et tu te promets que tu vas la suivre. « On lui demandera la prochaine fois, peut-être que lui-même ne saura pas répondre. » Cela ne serait pas très étonnant en réalité.

La discussion bat son plein et lorsque Théodora fait mine de s’en aller, tu ne peux te résoudre à la laisser partir. Encore une fois, tu veux la pousser dans ses retranchements, tu veux voir ce qu’elle a vraiment dans le ventre et tu le sais, alcoolisée, elle pourrait faire et dire n’importe quoi. Tu n’es pas le genre de gars qui apprécie les confidences, encore moins lorsque tu as l’esprit embrumé par la boisson (même les confidences tout court d’ailleurs). Tu n’es pas trop porté sur la discussion mais tu as envie aussi de donner quelques conseils de survie à la nouvelle membre de la famille ; si elle veut survivre ici, si elle veut survivre dans ce milieu, elle va devoir s’adapter et arrêter de faire l’enfant. Certes, son appartenance à la Cosa Nostra la protégeait d’un certain nombre d’ennemis mais comme tu lui avais fait remarquer tout à l’heure, cela lui offrait une protection face aux autres, mais jamais face à toi. Tu es le dernier rempart, le seul maître et juge de ce qui se fait et de ce qui ne peut pas se faire au sein de ta famille. Ton jugement prévaut sur tous les autres et tu n’accepteras jamais qu’on s’y soustraie. Une fois assise auprès de toi, ton petit discours moralisateur te semble pourtant plus que nécessaire. Tu vois bien que cela ne lui fait pas plaisir, tu remarques à quel point elle serre son verre comme si elle tentait de se contenir. Mais tu sais qu’elle a besoin de savoir à quoi s’attendre, qu’elle a besoin de comprendre comment cela fonctionne ici. Certes, Jaeden le lui avait sûrement déjà dit, mais il y avait un gouffre énorme entre la théorie et la pratique. Et Théodora allait devoir pratiquer.

« Pour ton information, je vais être tellement indispensable que… Que… Que tu me trouveras indispensable. » Ton rire raisonne dans tout le bar tandis que tu te moques de son argumentation à chier. Sa belle répartie s’est-elle envolée en même temps que sa dignité ? « On verra ça ma jolie. » dis-tu dans un murmure chuchoté à son oreille. Tu as hâte de voir comment elle compte parvenir à ses fins simplement en manipulant les chiffres et les comptes de l’entreprise ; elle va devoir se surpasser. Tu la fixes sans bouger tandis qu’elle s’alcoolise encore un peu. Lorsqu’elle ose dire que toi aussi tu as changé, tu fronces les sourcils. T’as rien changé toi, c’est elle qui est devenue si étrange, si bizarre, si différente. Tu ne sais toujours pas pourquoi ni comment. Et tu en as la preuve une fois de plus lorsqu’elle te promet d’être forte. Tu continues de la regarder sans vriller mais tu vois que sa poitrine semble se soulever un peu plus rapidement. « Et je vais commencer par t’embrasser, puis je passera ma main sous ton t-shirt, une simple remise à niveau des compteurs histoire de savoir moi aussi ce que j’ai en face. Ensuite je te tirerai vers cette foutue arrière-boutique, je t’arracherai tes vêtements et je te baiserai sur ton stupide fauteuil, que tu m’as promis être confortable. » Tu es tellement surpris que tu restes pantois. Tu ne dis rien pendant plusieurs secondes avant de laisser un sourire carnassier s’installer sur ton visage.

Théodora attend. Elle est dans l’expectative, dans l’attente de savoir ce que tu vas dire, de savoir ce que tu vas faire. Dans ses yeux, tu lis de la détermination, une envie vivace et intense de te prouver qu’elle peut être indispensable. Et pas uniquement dans son rôle de comptable. Tu lèves et tu lui dis : « Viens. » Tu lui attrapes la main et vous traversez le bar. Vous atteignez rapidement la salle de la discorde, la salle où vous étiez il y a encore quelques heures. La salle de l’affront. Une fois entrés, tu fermes la porte derrière vous et plaques Théodora contre le mur. Vos corps se touchent et se cherchent rapidement tandis que tes yeux se plantent dans ceux de la jolie blonde. Sans attendre, tes lèvres se scellent à celle de Théodora dans une ardeur et ferveur bien différente de celle de toute à l’heure. Tout à l’heure, tu as été surpris par son geste inattendu. Mais là, tu gères cette rencontre, tu domines l’échange ; tu fourres ta langue dans sa bouche et tu approfondis le baiser. Ton corps frissonne tandis que comme elle l’avait annoncé, ses mains s’aventurent sous ton tee-shirt et à son contact tu sens tous tes sens qui s’éveillent. Sa bouche a le goût de l’alcool qu’elle a ingurgité plus tôt dans la soirée et tu trouves cela délicieux. Tu n’arrives pas à la lâcher pour passer à la deuxième partie de ton plan ; parce que oui, il y a une seconde partie mais pour le moment tu n’arrives pas à t’y résoudre. Tes mains s’aventurent également le long de ses fesses que tu plotes allégrement avant de passer à son buste et à sa poitrine. Chaque parcelle de ton corps explose tandis que tu sens le désir s’amplifier et te rendre fou. Ton sexe se durcit et tu sais que tu vas devoir t’arrêter maintenant ; Dora est si pressante que tu as peur de ne pas y arriver sinon. Tu stoppes le baiser et places tes mains de chaque côté de sa tête. Ses yeux dans les siens, tu reprends doucement ta respiration. C’est à ton tour de piper les dés. « Tu avais raison tout à l’heure. » lui murmures-tu, tes lèvres encore si proches des siennes. Tu lui voles un nouveau baiser et tu chuchotes à nouveau : « J’sais pas attendre. » Tu déposes une myriade de baisers dans le creux de son cou tout en intensifiant tes caresses, découvrant son corps pas dessus ses vêtements, parfois en dessous mais sans aller trop loin. « Mais j’ai bien envie d’apprendre. » Tu te recules soudainement, un sourire machiavélique sur les lèvres. La tension sexuelle est à son maximum mais tu vas tout faire retomber comme un soufflet. « Passe une bonne soirée Théodora. » Tu sors de la pièce en vitesse, une trique de dingue dans le pantalon mais le plaisir ce soir est ailleurs. Le plaisir d’avoir pu lui refuser ce qu’elle t’a refusé tout à l’heure. Tu te sens comme un gros con mais tu en as strictement rien à foutre.

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10 mai 2019 | White Thestral | Soirée
« On lui demandera la prochaine fois, peut-être que lui-même ne saura pas répondre. » Théodora ne releva pas la pique. Elle connaissait Jaeden par cœur. Il ne la trahirait jamais. Une petite voix insidieuse se fit une petite place dans son esprit. Bien sûr que Jaeden ne la trahirait jamais comme ça. Mais s’il avait un choix à faire ? S’il devait montrer sa loyauté à la Cosa Nostra plutôt qu’à Théodora Haig ? Le ferait-il ? Et entre Anjelica et elle ? Et entre Luca et elle ? Qui choisirait Jaeden ? Cette saloperie de petite voix lui soufflait la réponse que Dora refusait d’entendre : celle-ci ne lui plaisait pas du tout. Mais elle n’étalerait pas –davantage- ses problèmes de confiance en elle face à un Luca qui aurait été bien trop heureux d’avoir encore davantage à lui arracher. Théodora ne fit qu’hausser les épaules face au Zabini. Il était si imbu de lui-même, il n’y avait pas vraiment quelque chose qu’elle aurait pu lui rétorquer qui l’aurait fait vaciller.

Et puis la soirée prit un tour inattendu alors que Luca semblait lui expliquer les quelques règles immuables du bien vivre chez les Zabini. Et alors qu’elle tentait de se racheter un peu de dignité et de détachement, son propre intellect la laissa tomber. Le rire tonitruant de Luca la fit presque sursauter. Mais quel abruti parfois. Il se moquait ouvertement d’elle. N’était-il pas aussi saoul qu’elle ? Ne pouvait-il pas être aussi perdu ? « On verra ça ma jolie. » Ma jolie par-ci, ma jolie par là. Théodora n’était pas à l’aise avec ces chuchotements dans son oreille et ces surnoms. Trop de souvenirs qu’elle ne voulait définitivement pas voir remonter à la surface alors qu’elle était saoule dans un bar rempli de mafieux face à son boss. Mais là encore, elle ne répondit rien. Cela aurait été une perte de temps. Elle ne pouvait pas éternellement se laisser aller. Elle allait devoir prendre les choses en main (sans mauvais jeu de mot).

Et elle le fit. Théodora se jeta à l’eau, le souffle court. Et cela eut pour effet de laisser Luca sans voix quelques secondes. Dora eut la satisfaction d’avoir fait vaciller quelques secondes le grand Luca Zabini, de l’avoir surpris. Il ne le laissa évidemment que peu paraître et bientôt un sourire, qu’un lion aurait très bien pu offrir à une gazelle, s’apposa sur ses lèvres. Le jeu était lancé. « Viens. » Il se leva et la tira à sa suite. Théodora laissa son verre presque à regret. Se relever ainsi aussi rapidement eut pour effet de lui donner une sensation de se déplacer dans du coton. Le monde autour d’elle était un peu flou, tous ses sens avaient du mal à s’acclimater à ces changements, ralentis par l’alcool qui lui empoisonnait le cerveau.

Son cœur s’accéléra et bientôt elle reconnut le fauteuil, celui sur lequel elle allait faire s’allonger Luca Zabini. La porte se ferma et bientôt, elle se retrouva contre un des murs de la pièce. Tous ses sens lui revinrent soudain, bien plus puissants, comme rappelé à l’ordre par la soudaine proximité de Luca. Ses yeux mi-clos captaient des images de ce visage parfait, sa peau frissonnait des caresses incessantes, le parfum de Luca lui emplissait les narines et sa bouche ne semblait pas rassasiée de ces lèvres. Le jeune homme semblait vouloir prendre le dessus, comme une énième stupide lutte de pouvoir. Ils comptaient toujours les points mais même éméchée, Dora n’allait pas lui accorder la victoire si facilement. Alors que leurs baisers se montraient de plus en plus passionnés, la jeune femme tint ses promesses. Ses mains, expertes, naviguèrent en terrain inconnu, gardé bien trop longtemps à l’abri des regards par ce voile qu’elle avait tant voulu écarter. Elle sentait les muscles tendus de son partenaire, cette fougue et cette envie, envie qui la gagnait également à mesure que les mains de Luca descendaient sur ses fesses et remontaient sur ses seins. Elle n’arrêta nullement ses caresses, cette terre se devait d’être explorée. Son propre bas-ventre fut le théâtre de sensations qu’elle connaissait et affectionnait particulièrement. Son corps hurlait d’un désir à assouvir alors qu’elle s’apprêtait à pousser lentement Luca vers ce foutu fauteuil.

Soudain, il s’arrêta. Le souffle court, les joues en feu, Théodora rouvrit les yeux. Il la surplombait de toute sa stature, de ce corps qui l’emmènerait à l’extase. « Tu avais raison tout à l’heure. » Dora ne comprenait pas où il voulait en venir. Ne lui avait-il pas répété qu’elle ne comprenait rien à rien ? Ce n’était pas le moment d’y penser. La jeune femme accueillit un nouveau baiser et s’en détacha difficilement alors que Luca reprenait la parole. « J’sais pas attendre. » Théodora laissa échapper un rire devant cette franchise dans l’instant. « Sans blague… » Répondit-elle dans un murmure alors que son cou s’enflammait des assauts de Luca. Quelques gémissements lui échappèrent alors qu’elle tentait de se rappeler la suite de ce qu’elle avait prévu. La tension qui l’animait lui faisait tout oublier, elle ne voulait en cet instant que Luca et les caresses de ce dernier semblait indiquer un objectif partagé. Il reprit de nouveau la parole. Quoi encore ? Et après c’était-elle qui ne pouvait pas la fermer ? « Mais j’ai bien envie d’apprendre. » Luca se recula alors soudain, brisant leur étreinte. Dora n’arriva pas à comprendre ce qui se passait. Il voulait se décaler du mur ? Elle se foutait bien qu’il ait envie d’apprendre la patience. « Quoi ? » Il n’allait quand même pas... « Passe une bonne soirée Théodora. » Et il la planta là. Essoufflée, les muscles tendus, Théodora resta ahurie quelques secondes, secondes qui lui furent nécessaires pour appréhender la situation. Luca ne reviendrait pas.

La jeune femme se laissa doucement glisser contre le mur alors que son corps entier lui exprimait clairement son mécontentement qu’en à la tournure des évènements. Cet abruti de première ne reviendrait pas. Mais quel connard. L’euphorie du désir qui l’animait quelques instants plus tôt la fit éclater de rire. Cela ne lui était jamais arrivé. Et cela n’était pas du tout agréable. Cette euphorie laissa bien vite place à la frustration et à la colère. Cet idiot était si borné qu’il avait préféré se barrer plutôt que de céder à ses désirs, parce qu’il ne voulait pas perdre. L’alcool semblait soudain avoir quitté l’organisme de la miss Haig. Tentant de reprendre une respiration normale, elle s’essuya la bouche, comme pour se prouver que tout cela avait bien existé. Le froid du sol l’aida à se calmer. Trop de pensées se mêlaient dans son esprit. Elle laissa sa tête aller en arrière, reposer contre le mur.

« Mais quel connard… » Murmura-t-elle, alors que bien malgré elle un sourire en coin se dessinait sur son visage. Après quelques minutes d’inspirations et d’expirations appuyées, Théodora se releva, les jambes encore flageolantes. Elle se rhabilla rapidement, bien trop rapidement comparé à ce qu’elle avait espéré de la soirée, son débardeur était à peine relevé. Elle se passa une main dans les cheveux avant de ressortir de la pièce. Luca Zabini était doué. Mais maintenant, Théodora en était informée, et elle ne le prendrait plus à la légère. Il voulait jouer dans la cour des grands ? Très bien, mais il allait devoir l’assumer.
Luca Zabini & Théodora Haig



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