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Tic Tac. Une inspiration, des yeux fermés. Tic Tac. Une expiration, des yeux ouverts.
Assise devant la cheminée, je prend conscience que le monde change et que la vie continue d’avancer. Je suis Ailsa, et aujourd’hui j’ai un entretien. Un entretien pas comme les autres, un entretien qui pourrait changer ma vie.

Longtemps j’ai attendu ce moment, même si je ne m’en rendais pas réellement compte. Je suis née à Fort William en Ecosse. Mon pays, mes gênes, mes amours. Je suis une sang-mêlée, mon père est un sorcier, alors que ma mère est une moldue. Ils se sont rencontrés sur le chemin de traverse, alors que Maman accompagnait son frère acheter sa première baguette pour se rendre à Poudlard. Ils ont eu un véritable coup de foudre. Papa avait toujours habité à Londres, si bien que quand ils ont terminé leurs études, ils ont décidé d’aller vivre dans la ville de Maman pour changer un peu d’environnement. Pendant des années, dès qu’il pouvait aller la voir il y allait, durant les week-end ou les vacances scolaires. C’était le seul moment où ils pouvaient se voir, Papa étant en internat à Poudlard. Mais ils ont tenu bon, leur amour semblait plus fort que tout. J’ai donc grandi en Ecosse, gagné les origines de Maman, d’ailleurs, elle m’a même donné un prénom bien de là-bas. Ailsa. C’est un prénom écossais avec des origines Vikings qui fait référence à une île. J’ai toujours aimé l’histoire de ce prénom, et le fait que ma mère l’ait choisi pour moi. Je trouve qu’il me correspond bien. Il me rappelle mon chez-moi.
Quand j’étais petite, Papa est parti durant des semaines, voir plus longtemps. Je ne me souviens pas trop, je n’avais que quatre ans, mais maman m’a raconté qu’une grande guerre avait vu le jour dans le monde magique, et que Papa n’avait pas pu rester les bras croisés. Il voulait défendre ses valeurs, il voulait défendre Poudlard, qui avait été sa deuxième maison durant toute sa vie. Je connais l’histoire, je l’ai entendue un paquet de fois. Harry Potter, l’élu, celui qui a permis de vaincre Voldemort…. L’avoir entendue si souvent a sans doute amené ma décision aujourd’hui, à savoir quel camp choisir. Et le fait qu’il soit à mes côtés encore plus. C’était tout simplement normal.

En grandissant à Fort William, je m’étais fait pas mal d’amis, et en particulier un que j’appréciais beaucoup. Nous étions voisins, il avait un an de plus que moi et il venait souvent jouer à la maison. Nous n’avons jamais été dans la même école puisque dès que j’ai eu onze ans, j’ai pu intégrer Poudlard à mon tour. Je suivais les dignes traces de mon père, au grand damne de ma mère qui avait espéré un jour avoir une fille moldue. Pour ne pas que les gens ne se posent de questions, Maman disait que j’allais dans une école privée en pensionnat.

Quand j’ai eu quatorze ans, Papa et moi faisions un gâteau, mais pas vraiment de façon habituelle. Papa me montrait sa maitrise de la magie en lévitation d’objet, et je riais de le voir chanter en même temps. C’était un de ces rares moments où il se rendait disponible et où il semblait heureux. Imaginez l’horreur quand une inspiration de surprise a surgi dans mon dos…. Il était là, il nous regardait avec des yeux pleins de dégout ou bien de fascination, c’était étrange car cela semblait réellement être un mélange des deux. Est-ce que nous lui faisions peur ? Je n’avais pas prévu qu’il vienne à la fenêtre, j’imagine qu’il voulait que nous sortions jouer comme nous le faisions souvent. Il s’est mis à courir, et je n’ai pas pu m’empêcher de le suivre. Au début, il ne voulait pas que je l’approche, je croyais réellement que c’était la peur qui parlait. Et puis il s’est retourné, et il m’a regardé avec un regard triste.
« Toi aussi ? »
Je n’ai pu qu’acquiescer, incapable de sortir le moindre mot face à son regard indéchiffrable.
« Ma famille ne doit jamais le savoir ! Jamais tu m’entends ? »
J’ai acquiescé de nouveau, et il m’a tout avoué. Il n’avait pas peur de ma magie, pas peur de ce que je pourrais lui faire, mais plutôt de ce que les autres pourraient me faire. Il connaissait l’existence de Poudlard, du monde magique mais il n’avait pas de pouvoir. Il avait eu une sœur, née quelques années avant lui, qui avait rapidement montré ses capacités… magiques. Sa famille avait réellement eu du mal avec ça, d’avoir une enfant aussi monstrueuse, et surtout, différente d’eux. Ils avaient déclaré sa mort par noyade quelques mois après l’avoir découvert, répétant à tout le monde que c’était un accident. C’est son frère qui lui avait une fois dit la vérité, alors qu’il cherchait à savoir si son petit frère avait lui aussi des pouvoirs hors normes. Heureusement, il était plus humains que jamais. Mais il ne voulait pas prendre le risque que quelqu’un découvre qu’elle était une sorcière, il tenait trop à elle pour ça. Même s’il n’avait pas les mêmes idéaux que sa famille, il savait que si un jour ils lui ordonnaient de lui faire du mal, il ne pourrait pas refuser. Il n’en aurait pas le droit.

Quelques années plus tard, alors que nous étions à une fête d’anniversaire d’un autre voisin, j’ai reçu ce qu’on appelle un premier baiser. Et ça été un chamboulement en moi. Je suis vite tombée amoureuse, et j’imaginais déjà ce qu’était ma vie plus tard. C’est là que j’ai commencé à dessiner et inventer des histoires. Au début des histoires d’amour, et très vite, j’ai changé pour faire des histoires pour Alina. J’adorai lui raconter la vie des animaux magiques, à travers mes dessins et mes écrits. Mes parents étaient très fiers de moi.
Une fois diplômée du collège, il a donc été naturel pour moi de continuer à l’université de Poudlard, étant donné qu’il était désormais possible de rester là-bas. J’aimais cette école, j’aimais ces professeurs et c’était devenue à moi aussi, ma deuxième maison. J’ai choisi le cursus Art magiques, afin de m’améliorer dans mes dessins. Je savais désormais ce que je voulais faire de ma vie, et je voulais tout faire pour y arriver. Je voulais devenir auteure de livres pour enfants, afin de voir la joie dans les yeux de ceux, qui comme Alina, avaient la possibilité de voir mes dessins et entendre mes histoires. Je crois pouvoir dire que c’était les années les plus belle de ma vie, à cette époque, le monde tournait rond et ma vie se dessinait peu à peu devant moi dans une palette de couleurs vives et chaudes.

Malheureusement, la noirceur a vite pris le dessus et tout a dégringolé. A la sortie de l’université, l’amour de ma vie travaillait déjà dans une usine de Londres. Il concevait des objets multimédia comme des ordinateurs et des téléphones. Il était en apprentissage et finissait son école d’ingénieur. Nous avons décidé d’emménager ensemble pour que je puisse essayer de me faire connaitre sur Londres et lui pouvoir terminer ses études. Nous étions heureux, et amoureux. Nous ne nous doutions de rien. Son grand frère faisait partie d’un groupe de moldus qui partageaient les mêmes idées que sa famille. J’étais choquée, je n’avais jamais eu à imaginer une chose pareille étant née d’une mère tout à fait ordinaire, et j’avais espérée qu’il changerait d’avis. Je ne sais pas comment ils ont su pour mes pouvoirs, et j’ai été très peinée de voir que même s’ils me connaissaient depuis ma plus tendre enfance, à leurs yeux je n’étais qu’une menace. Quoi que, j’aurai du m’en douter, ses parents avaient tuée sa propre sœur, la pensant être une abomination, le diable en personne. Ils avaient débarqué à la maison, pour moi, pour m’attraper et me faire du mal, comme à tous ceux qu’ils avaient eu avant moi. Je ne m’y attendais pas ce jour-là. J’ai regardé ma moitié, les larmes aux yeux, il m’a ordonné de fuir. Il savait….. Il savait ce que son frère faisait et ce qu’il allait me faire s’il m’attrapait. Il m’a ordonné de lui lancer un sort, pour faire croire que j’avais pris la fuite et non qu’il m’avait aidé à le faire. Je pense qu’il savait que son frère lui aurait fait du mal s’il le pensait être un traitre. Je lui ai demandé de venir avec moi, mais il n’a pas voulu. Je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi, ce dont il avait peur s’il venait dans mon monde.

J’ai donc transplané avant d’atterrir dans la maison de mes parents. Elle était complètement vide. Mes parents avaient fui, de la même manière que moi, pour aller je ne sais où. J’essayais de me souvenir, s’il y avait un lieu qui aurait pu être le refuge de ma famille. Je me suis alors souvenue d’une arrière grande-tante du côté de mon père qui habitait Godric’s Hollow. Alors je m’y suis rendue. Cela a été un soulagement de retrouver ma famille, mes parents, ma sœur, et surtout de les savoir en sureté. Maman avait beau être une moldue, elle avait sa place dans notre monde, elle était chez elle. Car même si elle n’avait pas de pouvoir, son cœur respirait la magie.
Mes parents ont emménagé dans la grande maison de la tante, et j’ai récupéré le petit appartement situé à l’étage. J’avais mon indépendance comme ça. Ne pouvant rester sans rien faire, j’ai trouvé un petit job de serveuse dans un bar sorcier sur le chemin de traverse, mais très vite, ce milieu alcoolisé et de débauche a commencé à me faire prendre conscience que ma vie avait été complètement chamboulée. Je suis tombée dans une légère dépression, j’ai commencé à boire un peu tous les jours, pas étonnant en travaillant là-dedans, et à moins manger. Chaque jour, je changeais la couleur de mes cheveux, du bleu, du rouge, du rose…. Je n’étais plus moi-même. J’avais perdu l’amour de ma vie, j’avais perdu ma maison, et mon rêve. Il m’a fallu un moment avant de me remettre sur pieds.

Quelques mois après, Alina m’a demandé une nouvelle histoire, que je n’osais pas lui écrire. Je me sentais nulle, je ne voulais pas écrire car ce que je faisais ne me plaisait pas. Papa avait repris du service dans l’Ordre du Phoenix et me tenait au courant de ce qu’il s’y disait. Il pensait que ça allait me faire reprendre conscience de qui j’étais. Une battante. Je crois que le combo des deux a été un déclencheur en moi, et j’ai très vite arrêté de colorer mes cheveux, et que l’alcool est devenu occasionnel. Cela ne me donnait même plus envie. J’avais de nouveau envie de profiter, j’avais des rêves, des devoirs. Je me devais de faire retourner le monde correctement, pour Alina, pour lui assurer un avenir. Je voulais recommencer à écrire, à dessiner et à aimer. Je me disais qu’un jour, je pourrais le retrouver et l’amener ici, avec moi.
J’ai très vite décroché un entretien avec une maison d’édition sorcière, qui faisait des livres pour enfants animés. Ils avaient aimé mon travail, même si aucun de mes dessins ne semblaient bouger. Ils voulaient que je travaille sur ce point, mais il aimait réellement mon style.

C’est comme ça qu’aujourd’hui, je continue de travailler au bar car je ne suis pas assez connue dans le monde du livre pour que cela me permette de vivre, et j’aspire à ce que cette stupide guerre, cesse un jour pour que tout le monde, puisse redevenir heureux.