Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
tomorrow is just another day and you won’t have to hide away. you'll be so proud, so proud, baby.
Cette musique ne l’avait pas quitté depuis le matin. Le casque vissé sur les oreilles, elle était apparue comme par enchantement dans sa playlist et s’était écoulée sous son crâne pour ne plus s’en déloger. Dreaming of waterfalls landing in my mouth. Remontant les rues endormies de Londres, il avait pressé le bouton repeat et les notes de Homesick for Space avaient accompagné ses pérégrinations habituelles. Boulangerie, acheter le journal, récupérer la cargaison de provisions fraîches pour le menu du midi, démarrer les machines. En quelques mouvements mécaniques, il s’était coulé dans sa journée de travail, robot consciencieux. when i awoke to watch you dress. Il ouvrit le bar et se servit un café en observant le ballet incessant des riverains qui allaient et venaient en cette heure matinale. Il savait qu’il se passerait encore une bonne heure avant que les premiers clients se présentent, les habitués du matin, les lève-tôt qui le suppliaient des yeux de les aider à bien commencer cette journée. Il ficherait alors son célèbre sourire sur ses lèvres et se lancerait dans des encouragements habituels mais bienvenus.
From the corner of my eye. La journée avançait simplement, sans anicroche mais la musique ne quittait pas sa tête. Il se surprenait à la chantonner, à la passer sur les hauts parleurs du bar lorsque celui-ci était presque vide. Il n’avait pas encore toutes les paroles en tête mais cela ne tarderait pas. Vers quinze heures, alors que les employés s’accordaient une pause déjeuner bien méritée, pestant contre la chanson que le boss leur diffusait en boucle, il s’empressa d’aller jeter les poubelles. morning sunlight silhouette. La ruelle qui longeait l’arrière du bar n’était pas l’endroit le plus rassurant de Londres et aux dealers occasionnels se mêlaient parfois les prostituées, en fin de nuit, quand il n’y a plus que la lune pour observer les vivants. Il fut surpris de constater que malgré l’heure encore jeune, la ruelle n’était pas déserte. Un homme négligemment appuyé contre un mur à une dizaine de mètres de lui le regardait sans animosité pendant qu’une jeune femme tournait le dos à Keith. Elle semblait chercher dans son manteau quelque chose et il détourna le regard pour se débarrasser de son chargement. Quand il regarda à nouveau, chacun avait repris sa route de son côté. Toxicos. Il lui sembla que son coeur manquait un battement lorsqu’il se prit à penser à Xander. Non, pas maintenant.
i can feel your heartbeat in the dead of the night. Il réintégra la chaleur du bar et se débarrassa de son manteau. Le bar était presque vide et une musique rock diffusée par les hauts parleurs. Un rayon de soleil perça les lourds nuages orageux de décembre et s’infiltra dans l’ambiance tamisée et reposante du pub. La sonnette de l’entrée teinta et Keith se tourna vers la nouvelle arrivée. Oh, how you shine. Il ne pouvait se tromper, c’était la jeune femme qu’il avait aperçue dans la ruelle un peu plus tôt. Il se tourna vers elle, derrière le comptoir, croisa les bras et attendit qu’elle s’approche de lui. Souriant, il se voulait engageant pour jurer légèrement avec les remontrances qu’il s’apprêtait à lui adresser.
- Avant que tu commandes quoi que se soit, je veux simplement te prévenir. Ce bar et ses clients se veulent respectables, j’espère que tu pourras aller faire ton petit trafic ailleurs. Si non, ce ne sera plus la peine de revenir.
Keith avait prononcé ses mots avec douceur et en parlant peu fort, pour ne pas alerter ses collègues. Il n’avait rien contre les personnes sous toxiques, lui même avait expérimenté certaines substances lors de soirées avec Xander. Il n’avait rien contre eux, mais il refusait que son bar se perde au milieu d’une plaque tournante de drogues. Il y perdrait sa clientèle, sa réputation et pourrait alors fermer. Il détailla un peu plus son vis-à-vis. Une cascade de cheveux retombant sur ses épaules, des yeux clairs et brillants, légèrement plus petite que lui, la jeune femme est très séduisante. Mais ce n’état pas ce qui l’intriguait le plus.. Il y avait ce il-ne-savait-quoi dans la façon dont elle se tenait très droite, dans son regard, dans son port de tête. Il avait cette sensation que la femme devant lui était une histoire à connaître, une histoire triste qu’il devait entendre. Brisée. Alors il radoucit encore un peu son sourire et ses traits, et se pencha vers elle.
- Je te sers quoi?
Oh, how you shine...
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Olivia V. Baring
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Jeu 2 Juil - 1:12
Keith Milton & Olivia V. Baring || London Bar || Janvier 2020
Oh, how you shine
Plus le mois avançait, plus Olivia voyait se rapprocher la date fatidique. Celle qui la renvoyait à ce jour maudit où sa vie avait basculée à ses dépens, aussi surement que le siège sur lequel elle avait vécu ses derniers instants de pilote de chasse. Les cauchemars allaient crescendo et plus les jours passaient, plus le bleu sous ses yeux se fonçait. Ses cachets lui devenaient ainsi indispensables pour pouvoir se reposer quelques heures. La jeune femme ne voulait pas être dépendante de médicaments. Avant son accident, à part quelques substances excitantes pour rester éveillée après des heures et des heures de pilotage, elle n’avait jamais rien pris. Son corps devait rester dans un état exemplaire qui lui permettait de continuer à voler. Son foie ne devait pas la lâcher à cause de molécules pharmaceutiques étrangères. Enfin, ça c’était avant.
Olivia avait commencé petit à petit. Lors de grosses crises ou d’insomnies interminables. « Cela vous fera du bien » Lui avait certifié le médecin militaire à sa sortie de l’hôpital. Elle avait tout d’abord refusé. Puis la fatigue, la tristesse et l’ennui l’y avaient jeté sans ménagement, la tête la première. Et elle n’avait jamais retrouvé la surface : elle ne faisait que sombrer encore et encore. Après un an, les ordonnances arrêtèrent progressivement d’arriver mais ses besoins ne se calmèrent pas, bien au contraire.
Alors comme les toxicos qu’elle voyait autrefois errer dans la rue et qu’elle jugeait sévèrement, au point de les mépriser sur leur manque cruel de contrôle d’eux-mêmes, elle se retrouvait à payer un gars louche dans une ruelle londonienne. Olivia n’avait pas peur pour sa vie, seule face à cet homme. Elle aurait été capable de le tuer avec la moitié des objets qui les entouraient au moindre mouvement louche. Non, le sentiment qu’elle éprouvait était tout autre. La Baring se sentait souillée par sa propre faiblesse et le dégoût qu’elle éprouvait s’étendait au dealer qui profitait de son mal-être. Un bruit. Un regard furtif. Un gars sortant ses poubelles, pas de quoi s’alarmer.
La police n’était jamais un problème. Comme elle portait toujours une arme, blanche ou à feu, sur elle, la vieille boîte de pilule qui semblait sortir de la pharmacie était souvent le cadet des soucis des forces de l’ordre lorsqu’elles procédaient à son contrôle ou dans les mauvais jours, son arrestation. Mais avec un Kane dans ses connaissances, elle s’en sortait toujours.
S’éloignant enfin avec son précieux et honteux trésor, Olivia tourna dans la grande rue adjacente. Elle passa devant un bar quelconque et hésita : les prix londonien n’étaient jamais donnés mais elle avait son livre dans sa poche. S’entourer d’êtres humains, même si elle ne comptait pas adresser la parole à qui que ce soit, était préférable à la solitude et la culpabilité que lui offrait son petit appartement entre deux travaux de tricot. L’après-midi était à peine entamée après tout.
Poussant la porte du bar, elle jeta un coup d’œil à la pièce. La déco était passable et amplement suffisante pour l’entourer pendant sa lecture. La jeune femme avait revêtu les habits les plus communs possibles : jean gris, boots noires, parka bleu marine et écharpe beige de sa propre production. L’hiver à Londres n’était pas des plus doux mais surtout elle ne voulait pas se faire remarquer.
L’échec cuisant de cette dernière envie se fit sentir lorsque le barman s’adressa à elle de but en blanc à son approche, un sourire aux lèvres. S’attendant à la liste des boissons servies, Olivia fut surprise de se faire réprimander sur ses choix de vie par un parfait inconnu. Prenant quelques secondes pour analyser la situation, elle fit finalement le lien entre l’homme aux poubelles et l’homme au bar. Hésitant à partir purement et simplement, elle se retint, plutôt par orgueil blessé qu’autre chose. Elle n’était pas une toxico ni un dealer. Elle avait juste besoin de médicaments plus longtemps que la normale et avait le contrôle sur sa consommation.
L’incohérence entre les paroles prononcées et la personne douce et avenante qui lui faisait face la laissa perplexe quant à l’attitude à adopter. Mimant son interlocuteur, elle lui rendit son sourire et d’une voix douce répondit.
« Je fais fonctionner l’économie locale, comme ce que je m’apprête à faire en buvant ici. » Au moins se rendrait-il compte de l’antipathie qu’Olivia éprouvait à son égar. Mais se doutant qu’il ne valait mieux pas se mettre l’homme à dos aussi tôt dans l’après-midi, elle fit un signe scout avec la main droite. « Cela ne se reproduira pas. Parole de scout ! » Ne sachant pas elle-même encore si elle parlait de rencontrer son dealer ou de revenir dans ce bar.
« Je te sers quoi ? »
Alors qu’il se rapprochait d’elle, Olivia put détailler avec plus de précision l’homme qui lui faisait face. De ses yeux clairs, elle scruta son interlocuteur. Un réflexe. Comme celui qu’elle avait de scanner la pièce en entrant à la recherches de potentiels ennemis et des sorties utilisables en cas de pépin. Le barman paraissait plutôt grand, brun avec une barbe de quelques jours. Pas dégoutant à regarder.
En plein milieu de l’après-midi, il était encore un peu tôt pour son cocktail favori, le Moscow Mule. Se sachant déjà assez jugée par le barman, elle opta pour une boisson non alcoolisée qui lui permettrait de rester sobre au cas où une mission de dernière minute se présenterait pour le Blood Circle. Et puis elle travaillait le lendemain : un groupe scolaire de primaire venait au musée.
« Un coca s’il vous plaît, monsieur le barman. » Répondit-elle avec un air innocent en se rapprochant à son tour de l’homme. Ce dernier l’avait vu trafiquer derrière son établissement. Personne n’était au courant de ses petites excursions dans ces ruelles et elle aurait bien aimé que cela reste ainsi. Hésitant entre disparaitre dans son livre et se faire oublier ou tenter d’en apprendre plus sur lui pour vérifier la dangerosité d’informations entre ses mains. Olivia opta pour la seconde option. Après tout, elle était connue pour aimer le challenge avec un soupçon de risque. Quel pilote ne l’aimait pas ? Il avait maintenant toute son attention.
« Vous pourrez faire une note au nom d’Olivia, monsieur le barman ? C’est plus simple pour payer tout d’un coup… » Lui sourit-elle. « Et la musique, elle change à un moment ? »
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Jeu 2 Juil - 14:44
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Si sa remontrance indigna la jeune femme, elle n'en montra rien et la balaya même lorsqu'elle lui fit un signe de la main en jurant de sa parole de "scout". Il ignorait si elle se moquait de lui ou si elle était sérieuse, il décida de croire en sa bonne foi et se dit, qu'au moins, le problème était réglé. Au crépuscule de leurs allées et venues, de nombreuses femmes avaient foulé sa route et, peut-être était-ce dû à son incorruptible hétérosexualité, mais Keith n'avait jamais trouvé plus triste que le visage d'une femme parcheminé et abîmé par des années d'abus de toxiques. La chandelle, brûlée par les deux bouts finissait toujours par s'éteindre, faute de matière à illuminer et il ne restait alors que les ténèbres. Combien de clients étaient passés, combien jonglant entre les excuses; "récréatif", "uniquement en week-end" pour finir par se présenter ivre et commander un bourbon à neuf heures du matin. C'était l'aspect triste de son travail, le seul qui le rebutait tout à fait; voir, sentir et être impuissant face à la profondeur de la détresse humaine dans son plus simple appareil.
« Un coca s’il vous plaît, monsieur le barman. »
Voilà une réponse à laquelle il en s'était pas attendu. Il aurait quasiment parié sur une bière et aurait même été certain de l'emporter. De solennelle, elle était devenue mutine et une ombre de sourire flottait sur ses lèvres. Il lui prépara son soda dans un grand verre qu'il déposa devant elle en l'écoutant parler. Elle avait l'impertinence assumée de la jeune femme de bonne famille, de celles qui ont toujours bien vécu et qui ont rarement eu besoin de quoi que se soit. De celles pour qui la famille n'est pas une douleur mais une source de confort et de fierté. Mais cette assurance tranchait délicieusement avec ce qu'il voyait encore dans ses yeux. Et la scène à laquelle il avait assisté dans la ruelle. Un sentiment étonnant monta en lui, mélange de curiosité et de l'envie de ne pas la laisser s'échapper avant d'en savoir plus.
« Vous pourrez faire une note au nom d’Olivia, monsieur le barman ? » « Tu peux m'appeler Keith. Monsieur, ça me vieillit, j'suis pas certain d'apprécier... »
Il avait eu raison pour sa famille, peut-être pas totalement, mais en partie. Olivia. Le prénom inventé par Shakespeare qui avait alors ajouté de l'anglais à un prénom français; nul doute qu'elle était cultivée et que sa famille ne l'était pas moins. D'un geste rapide, il ajouta son soda à une note de frais particulière qu'il nota après elle. Olivia... La belle Olivia, la comtesse de Shakespeare, trompée par les jumeaux Viola et Sebastien qui finit tout de même pas pardonner. Olivia la sage, la douce. Il se servait un soda à son tour quand elle attaqua la musique dans le bar. Encore ce sourire en coin, encore ce regard lumineux, même si caché derrière un voile... Éclatant d'un rire sonore qui fit lever la tête d'un de ses employés, il traîna ses baskets de l'autre côté du bar et vient se poser sur un tabouret à côté d'elle. De sa main libre, il déposa son téléphone à côté de lui sur le comptoir.
« Tu n'aimes pas ? Je l'ai entendue ce matin et impossible pour moi de la sortir de ma tête.. Alors, je me dis qu'en l'écoutant assez, je parviendrais peut-être à m'en dégoûter! Bon, je t'écoute. Donne moi une chanson et je la joue immédiatement. Je dois par contre t'avertir que je m'en servirais très certainement pour te juger, en bien ou non.. »
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Ven 3 Juil - 0:24
Keith Milton & Olivia V. Baring || London Bar || Janvier 2020
Oh, how you shine
Avait-elle réussi à capter son attention ? Alors qu’il préparait son verre, Olivia ne le quitta pas du regard pour tenter de le déterminer. Que faisait-il ici ? Quelle était sa vie ? Travaillait-il ici régulièrement ? D’où venait-il ? Était-il entouré d’ami ou plutôt du genre loup solitaire ? Si jamais elle devait venir protéger son secret à jamais, il était toujours intéressant d’en savoir un maximum sur sa cible et où celle-ci passait le plus clair de son temps. Olivia inspira et secoua légèrement la tête. Mais que lui arrivait-il ? La jeune femme se remit droite, honteuse de ses propres pensées. Envisageait-elle sérieusement d’éliminer un civil humain ? Mais qu’est-ce qui ne tournait pas rond dans sa tête ?!
Le verre arriva et Olivia s’en saisit sans se départir de son sourire. Malgré un chamboulement dans son esprit, elle devait rester concentrée. Elle allait juste récupérer des informations sur l’homme qui lui faisait face. Point. Il n’y aurait rien de plus. Pas de blessé, ni lui, ni elle-même. Juste de quoi le garder à l’œil. Oui, c’était cela : juste le garder à l’œil… Chose qui ne serait pas désagréable. Elle s’assit sur un tabouret en face du bar.
« Tu peux m'appeler Keith. Monsieur, ça me vieillit, j'suis pas certain d'apprécier... »
Olivia leva un sourcil et laissa échapper un petit rire. Keith ? Elle aimait bien ce prénom. Haring, Richards, Jarrett… Des hommes inspirés. Et vieux l’était-il vraiment ce Keith qui lui faisait face ? Il semblait avoir la trentaine à peine. Mais quelque chose dans sa personne laissait échapper une aura de lassitude extrême. Il s’agissait de petits riens, qui pouvaient paraître anodins. La manière qu’il avait de laisser trainer quelques secondes sa main sur le comptoir comme une vieille amie par exemple. Quelqu’un qui tenait profondément à quelque chose. Malheureusement, on ne connaissait la valeur des choses que lorsqu’on les avait un jour perdues. Olivia en savait quelque chose. Avait-il un jour eu un bar et se retrouvait-il alors coincé ici en tant qu’employé ? Ou à l’inverse redoutait-il de perdre ce bar-ci ? À creuser.
Elle sursauta presque en entendant son rire. Le bruit avait suivi sa remarque sur la musique et elle ne compris pas exactement ce qui avait pu déclencher une telle hilarité. Regardant autour d’elle, Olivia remarqua qu’elle n’était pas la seule à ne pas avoir anticipé cette réaction. Et voilà qu’il faisait le tour et venait le rejoindre. Que se passait-il exactement ? Cela avait-il été aussi rapide pour l’intéresser à ce point ?
La situation lui avait échappée. Avec le bar entre eux, Olivia se sentait toute puissante, que cela ait un rapport avec le contrôle du moment ou le petit flirt qu’elle tentait d’instaurer. Mais maintenant que la frontière était brisée, elle ne savait plus vraiment comme réagir.
« Tu n'aimes pas ? Je l'ai entendue ce matin et impossible pour moi de la sortir de ma tête. Alors, je me dis qu'en l'écoutant assez, je parviendrais peut-être à m'en dégoûter! Bon, je t'écoute. Donne-moi une chanson et je la joue immédiatement. Je dois par contre t'avertir que je m'en servirais très certainement pour te juger, en bien ou non.. »
L’appréhension disparut aussi vite qu’elle était arrivée. Elle dévisagea tour à tour Keith et le portable. Ses sourcils se froncèrent légèrement et un sourire circonspect s’afficha alors sur son visage. Finalement, même sans le bar entre eux, elle avait envie de continuer à jouer. Un peu comme une machine à sou : elle gagnait des informations, alors pourquoi s’arrêter ? Peut-être se moquait-il d’elle ? Devait-elle en faire de même ? Mais pour les moments, les sujets et références mutuelles ou personnelles n’étaient pas nombreuses. La jeune femme prit un air forcé d’intense réflexion.
« Bartender de James Blunt ? » Répondit-elle avec un petit air de défi. C’était mieux que ses premières idées : pas sûr qu’il aurait correctement prit qu’elle propose Sweet Morphine des Rolling Stones ou Drug Dealer de Macklemore… Peut-être un peu trop direct, même pour elle. Et puis voulait-elle vraiment remettre ce sujet sur le tapis ? Elle prit une gorgée de coca et se tourna vers lui. « Comment dit-il déjà ? Fill it up ! Fill it up ! Bartender can you pour some love ? » Chantonna-t-elle maladroitement en désignant son verre. Puis, Olivia tenta de camoufler son sourire moqueur en buvant une nouvelle fois du coca. Ses yeux ne quittaient cependant pas Keith. Elle ne pouvait pas s’en empêcher. De le fixer mais aussi de se moquer évidement. « N’oublie pas pourquoi tu t’intéresses à lui. » La rappela à l’ordre la petite voix de la raison. Cette garce ne la laissait jamais tranquille. Mais Olivia lui devait bien de l’écouter tout de même. Une garce peut-être mais elle lui avait sauvé la vie à plusieurs reprises.
Une musique fit cependant son petit bonhomme de chemin dans son esprit alors qu’elle bataillait avec elle-même. Une musique qu’écoutaient en boucle son père et Timothy… Donc elle aussi. Le titre la plongea dans un instant de nostalgie. Une petite touche qui la ramenait des années en arrière, lorsque tout était encore à écrire. Où elle ne s’imaginait pas des cachets dans la poche et sermonnée par un barman londonien inconnu. Elle reposa lentement son verre et son visage reprit un peu de sérieux.
« Non attends… Dream On d’Aerosmith » dit-elle en se redressant et tendant sa main libre vers Keith pour l’arrêter avant qu’il ne se décide pour son premier choix. Tentant de garder une certaine contenance, elle se sentit obligé d’ajouter d’un ton qu’elle voulait détaché : « Un classique. Non ? » Abandonnant l’attitude proche du piquet de jardin qu’elle avait quelques secondes plus tôt, elle se réfugia dans sa boisson. L’alcool n’aurait pas été de refus. Olivia devait restée concentrée et surtout maîtresse de la conversation.
« Alors ? Barman ici à plein temps ou tu as aussi une casquette de DJ ? » demanda-t-elle en détaillant la pièce comme si elle ne la découvrait qu’à l’instant. Un vieux truc qu’elle utilisait en tant que « jeune fille innocente » : faire semblant de découvrir le monde devant sa cible rendait celle-ci moins méfiante. Les gens étaient véritablement des idiots.
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Mer 4 Nov - 21:36
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Il l'avait bien vu, Keith, qu'il l'avait mise mal à l'aise en s'agitant comme si elle lui avait offert la meilleure des blagues possibles mais il était comme ça. Il aimait les gens, les découvrir, il aimait se plonger dans les anecdotes de quelqu'un d'autre, comme un vieux marin cloué à terre par un terrible mal et qui ne vivait plus la mer qu'au travers les histoires d'autres pirates. Il s'abreuvait longuement de ces récits de gens plus vivants que lui, plus souriant qu'il ne l'avait jamais été et il y prenait même du plaisir. « Bartender de James Blunt ? » Celle-là, il ne l'avait pas vue arriver. Il ignorait même à quoi il s'attendait à dire vrai, peut-être un peu de P!nk, ou une autre variété chantée par une femme de caractère avec laquelle Olivia semblait pouvoir s'accorder. Même un métal sombre l'aurait moins étonné que Bartender de Blunt. Peut-être le côté chouineur de ce chanteur qu'il appréciait tout de même ne lui paraissait pas adapté à la jeune fille qu'il avait sous les yeux, mais il en vint à se rappeler les paroles alors qu'elle les lui offrait elle-même. « Comment dit-il déjà ? Fill it up ! Fill it up ! Bartender can you pour some love ? ». Elle n'avait pas fini sa phrase qu'il était déjà en train de chercher sur son téléphone la chanson en question, content de pouvoir faire s'écouler dans les enceintes du bar une nouvelle musique. Il y avait beaucoup de choses dans ce regard qu'il ne quittait pas, de la sagesse, de l'espièglerie alors qu'elle l'encourageait à remplir son verre de soda mais il y avait quelque chose sur lequel il ne parvenait pas à mettre de mot. Il fit semblant un instant de ne pas trouver la musique et de la chercher attentivement alors et alors qu'il allait lui faire remarquer combien elle venait de chanter faux et qu'il n'avait pu reconnaître le son, il s'aperçut qu'elle n'était plus réellement avec lui. Son regard fixait un point situé au dessus de l'épaule de Keith et elle avait le regard vitreux des gens qui s'évadent loin de leur esprit sans emporter leur corps, sans même s'en rendre compte. Il lui sembla qu'il s'approchait doucement, qu'il commençait à toucher du bout du doigt ce qu'il avait lu dans son regard mais il hésitait encore; nostalgie, détresse, tristesse. Il y avait quelque chose, rien n'était plus sûr que cela, cependant. Il n'avait pas achevé de trouver ce qu'il cherchait qu'elle revint à elle, à eux et ajouta « Non attends… Dream On d’Aerosmith ». Sa voix était plus douce, et il accéda vite à sa demande, car la chanson était déjà pré-enregistrée dans l'un de ses playlists. Ce n'était plus la réponse du jeu, celle de l'amusement, c'était la réponse du cœur, des souvenirs. C'était la réponse importante et elle lui plaisait beaucoup. Yeah, sing with me, sing for the year. « Un classique. Non ? » Et le moment s'évanouit dans un nuage de contenance feinte, de sourire forcé et de retenue. «Un des miens, en tous cas.» Un silence s'instaura entre eux, quelque peu gêné, sans qu'il puisse savoir ce qui avait gâté le moment qu'ils passaient à rire de manière totalement innocente. Il se tourna, dos au bar, les coude posé sur ce dernier et examina les clients qui étaient entrés à l'instant. Une serveuse vint prendre leur commande et bientôt, ils s'assirent à une table dans un box éloigné de l'entrée. Sing for the laughter, sing for the tear. « Alors ? Barman ici à plein temps ou tu as aussi une casquette de DJ ? ». Sourire, de nouveau. «Pas un très bon DJ, en tous cas, si je ne passe qu'une seule chanson par jour dans mon bar, je sais pas ce que tu en penses.. » Sing with me, if it's just for today. La musique s'égrenait tout autour d'eux, apportant jusqu'à leurs oreilles la voix torturée et abîmée de Steven Tyler. Abîmée. « Et toi? Tu fais quoi de beau dans la vie hormis prendre de mauvaises décisions dans les rues qui craignent de Londres? » Maybe tomorrow, the good Lord will take you away Il lui adressait un sourire sincère, et espérait qu'elle comprendrait la taquinerie plus qu'elle ne la prendrait mal.
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Jeu 5 Nov - 21:38
Keith Milton & Olivia V. Baring || London Bar || Janvier 2020 || Début d'après-midi
Oh, how you shine
Alors que la musique emplissait le bar et que la voix tremblante mais puissante de Steven Tyler entonnait le premier couplet, Olivia vécut un moment. Elle n’aurait su le définir, une sorte de connexion, d’apaisement. Elle regardait Keith et y voyait un gars simple, pas soldat, pas sorcier, normal. Un gars qui riait fort, avait des gens qui l’appréciaient et pour qui choisir des musiques pour son bar était le choix crucial de la journée. Qu’éprouvait Olivia ? Un peu de jalousie peut-être. «Un des miens, en tous cas.» Elle lui sourit bien qu’elle sentit poindre une certaine gêne alors qu’aucun sujet sur lequel rebondir ne lui venait en tête.
Peut-être un peu plus difficilement qu’elle n’aurait voulu l’admettre, Olivia détacha son regard de Keith pour se reconcentrer. L’objectif ici était simple. Certes, elle n’avait jamais vraiment réussi à s’intégrer et à interagir avec des civils. Après tout, elle était né, avait grandi et vécu dans le monde si particulier de l’armée. Le Blood Circle s’en rapprochait tout autant. Les petites conversations, comme cela, sans objectif ou arrière-pensée… Elle était perdue. Étrange. Jamais elle ne s’était rendue compte de ce soucis. Peut-être était-elle cassée sur quelques points ? Ou alors ces points étaient tellement rouillés par leur manque d’utilisation qu’elle était condamnée à ramer pour fonctionner correctement ?
Finalement la question qu’elle posa à Keith les sortit de ce moment de gêne. Il lui souriait. «Pas un très bon DJ, en tous cas, si je ne passe qu'une seule chanson par jour dans mon bar, je sais pas ce que tu en penses.. » Olivia ne put s’empêcher de laisser échapper un petit rire, le nez dans son verre. Effectivement. Après cela pouvait être un concept de bar. Un jour, une chanson, venez à vos risques et périls. Alors qu’elle allait lui proposer cette idée lumineuse, Keith la pris de vitesse. « Et toi? Tu fais quoi de beau dans la vie hormis prendre de mauvaises décisions dans les rues qui craignent de Londres? » Toutes les écoutilles se refermèrent d’un coup, dans un geste de protection répétés depuis si longtemps. Ô Keith… Pourquoi avait-il fallu qu’il s’intéresse à elle ? C’était un réflexe, dès qu’elle était hors du QG ou de sa famille, elle enfouissait profondément l’Olivia qu’elle pensait être et sortait la jeune femme sans histoire, inintéressante qui lui permettait d’éviter d’attirer l’attention et se protéger. Mais étrangement, avec Keith, elle n’avait pas envie de cela. Qu’il était difficile de se sortir de ses habitudes. Une autre fois.
Son regard se fit triste bien qu’elle tentait de feindre l’indifférence. Celui-ci se posa sur Keith et son si joli sourire. Il ne pensait pas à mal pas vrai ? Elle n’arrivait pas à savoir sur quel pied danser avec lui. « Quel intérêt ? C’est toi qui va le manipuler. Qu’est-ce que tu en as à faire qu’il t’apprécie ? »… La petite voix avait raison. Reprendre les rênes de la conversation. « Je ne suis pas DJ, je ne prends pas que de mauvaises décisions dans ma vie, Keith. » Lui renvoya-t-elle. « Je suis guide dans un musée. » Olivia se redressa, et commença à jouer avec un dessous de verre qui traînait. Elle avait toujours une attitude et une voix particulière quand elle parlait de sa passion. Les avions. Elle jeta un regard en coin à Keith. « C’est même le plus beau musée du monde… Je te ferai bien deviner mais tu risquerais de ne pas trouver ou pire, te tromper. Et après, je pourrais me vexer. » Un sourire moqueur s’arrêta sur ses lèvres. « Le Royal Air Force Museum, qui regroupe l’une des plus belles collections d’avions du monde… En toute impartialité bien sûr. » Ne pas trop s’étendre sur soi-même, en donner juste assez pour rassasier son interlocuteur. « C’est comme te demander quel est le plus beau bar de Londres… D’ailleurs ici c’est toi le proprio ? C’est pour ça que personne ne dit rien pour la musique ? » Un sourire est toujours présent sur ses lèvres. Retourner la conversation vers l’interlocuteur pour obtenir des informations. Les étapes principales d’un interrogatoire déguisé.
Robin se serait tant moqué de la voir ainsi galérer à obtenir des informations tout en faisant semblant de ne pas être touchée par ce garçon. Olivia n’arrivait pas à comprendre pourquoi cela était si différent des coups d’un soir qu’elle avait pu avoir. Même lieu, un bar, même situation, une discussion autour d’un verre, même genre de gars…. Même genre de gars ? Vraiment ? Elle ne pouvait pas savoir puisque cela faisait exactement dix minutes qu’ils s’étaient rencontrés et que dans cet intervalle il l’avait quasiment traitée de camée devant l’ensemble des client et la jugeait à présent sur ses boissons et ses choix musicaux. Exactement, il s’était montré extrêmement discourtois et n’avait pour lui qu’une belle gueule et un sourire communicatif. Point final. Travaillant sur son souffle, elle arrêta de jouer avec son dessous de verre et fit glisser délicatement son verre maintenant vide en direction de Keith. « Barman, un autre je vous prie. »
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Alors qu'ils avaient échangé un rire léger qui s'était envolé dans l'atmosphère feutrée du pub, Keith vit ses yeux se remplir d'une douce nostalgie, presque de la tristesse. Il crut un instant l'avoir vexée, ou dérangée et il s'en voulut presque instantanément d'avoir posé sa question. Il n'était pas mal intentionné, non, il voulait juste lui faire comprendre qu'il ne lui tenait pas rigueur de ce qu'il avait vu. « Je ne suis pas DJ, je ne prends pas que de mauvaises décisions dans ma vie, Keith. Je suis guide dans un musée. » Celle-là, il ne l'avait pas vue venir. Il savait qu'il ne fallait pas juger les gens sur l'apparence et ce qu'ils renvoyaient, il en était même le parfait exemple mais il s'était mise à imaginer Olivia dans une branche plus physique, un métier plus sportif que guide de musée. Il ignorait pour quelle raison mais il avait du mal à la voir guider un groupe d'étudiants dans un musée silencieux, calme et leur demander en chuchotant de ne pas traîner devant les œuvres. Il retint à grand peine un rire en la voyant reprendre la parole. « C’est même le plus beau musée du monde… Je te ferai bien deviner mais tu risquerais de ne pas trouver ou pire, te tromper. Et après, je pourrais me vexer. Le Royal Air Force Museum, qui regroupe l’une des plus belles collections d’avions du monde… En toute impartialité bien sûr. » Peut-être ne s'était-il trompé qu'à moitié après tout? Il devait y avoir en elle, ou en quelqu'un de sa famille un membre de l'armée qui n'était plus, ou alors était-ce une passion qu'elle n'avait jamais pu mener à terme? On ne devenait pas guide d'un musée de la royal air force par hasard, ou sans être passionné. Il y avait une histoire là-dessous, lui qui en était persuadé depuis le début n'en voyait que sa résolution renforcée. L'attrait était devenu très fort, si fort, il n'arrivait pas réellement à la quitter des yeux. Les employés du bar qui étaient présents autour d'eux s'activaient sans jamais venir percer la bulle dans laquelle ils s'étaient enfermés et il leur en était reconnaissant pour cela. Il voulait savoir, comprendre ce qui se trouvait derrière ce regard mais elle détourna la conversation, d'une habileté quasi naturelle qui lui arracha un sourire. « C’est comme te demander quel est le plus beau bar de Londres… D’ailleurs ici c’est toi le proprio ? C’est pour ça que personne ne dit rien pour la musique ? » Elle ignorait tout de lui, de ce qu'il cachait lui-même et si elle pensait s'en sortir aussi facilement, elle se trompait. « Je ne sais pas si c'est le plus beau bar de Londres, j'aurais pas la prétention de dire ça, mais c'est en tous cas celui où je me sens le mieux. C'est ce qui compte au final, non? » C'est à ce moment-là qu'il comprit ce qui différenciait la discussion qu'il avait avec Olivia de celles qu'il partageait chaque jour avec ses clients. Ses réponses lui importait réellement, il avait vraiment besoin et envie de connaître son avis. Son regard passa de ses mains fines qui jouaient avec le dessous de verre qu'il lui avait apporté à ses yeux dans lequel il voyait passer tout un tas d'émotions indéchiffrables. "Seigneur, Keith, t'es en train de flirter là?" Elle se chargea de le ramener à la réalité. « Barman, un autre je vous prie. » Souriant, il retourna derrière le bar pour lui servir un nouveau verre mais cette fois, il resta de ce côté-là. Il connaissait les camés, il en avait côtoyé un, il avait même vécu avec lui. Il connaissait cette manie qu'ils ont de vous manipuler pour obtenir ce qu'il désirent, ce dont ils ont besoin. Pourquoi alors, ne parvenait-il pas à décrocher? « Madame est servie ! J'ai visité le Royal air force Museum, mais je ne me rappelle pas t'avoir croisée, ça fait longtemps que tu y bosses? »
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Jeu 26 Nov - 0:32
Keith Milton & Olivia V. Baring || London Bar || Janvier 2020 || Début d'après-midi
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« Je ne sais pas si c'est le plus beau bar de Londres, j'aurais pas la prétention de dire ça, mais c'est en tous cas celui où je me sens le mieux. C'est ce qui compte au final, non? » Olivia ne put qu’hausser les épaules. « Oui, probablement. » Elle ne savait quoi répondre d’autre à cette question : ce n’était pas son monde et ce n’était pas sa vie. Malgré tout, sa curiosité restait piquée à vif. Elle voulait en savoir plus sur le barman souriant et chaleureux du… Comment s’appelait le bar déjà ? Little elle-ne-savait-plus-quoi… Olivia en était persuadée, il y avait quelque chose derrière ce sourire, il y avait toujours quelque chose.
Ses yeux dans les siens, la jeune femme dut briser ce moment qu’elle ne maitrisait plus du tout. Elle risquait de se noyer dans ce regard. Elle avait déjà à peine la tête hors de l’eau en temps normal, elle ne pouvait pas… Olivia avait tout simplement peur d’entrainer Keith dans le fond avec elle. Il était un gars lambda qui n’avait pas besoin d’elle et ses problèmes dans la vie. Elle ne voulait rien à avoir à faire avec lui.
Mais, alors que le barman passait de l’autre côté du bar, Olivia en fut triste. Leurs corps n’étaient plus à s’effleurer presque, il y avait de nouveau cette barrière entre eux. Et étonnement, elle était en colère contre ce stupide bar, alors que quelques instants plus tôt elle pensait l’inverse. Keith la faisait vraiment tourner en bourrique. Pourquoi ne revenait-il pas de l’autre côté ? Qu’avait-elle fait de mal ? Arrête de faire ton adolescente ! . Cette petite voix avait raison. Elle faisait sa petite minette devant le quaterback du lycée. Ridicule.
Et avec tout ça elle n’était pas plus avancée. Il n’avait répondu qu’évasivement à ses questions et rien de personnel. D’où venait-il ? Pourquoi ouvrir un bar ? Quelles étaient ses envies ? Ses passions ? Ses peurs ? Ses peines ? Olivia avait devant elle un homme dont la toile était encore bien vide. Elle voulait la remplir pour avoir plus qu’un croquis du personnage… Pour mener à bien sa mission personnelle évidemment. Et juste pour cette mission. Elle ne s’intéressait pas du tout à Keith pour lui. Elle voulait simplement vérifier que ce qu’il avait vu resterait dans sa tête et ne dépasserait jamais ses si jolies lèvres. Et pourtant… Pour la combientième fois se répétait-elle ceci ? Un bien trop grand nombre pour que cela soit anodin. Little Hopes Pub ! C’était ça le nom du bar. Un peu d’espoir ? Cela la tuait d’en avoir. Et pourtant…
Les gestes du barman étaient sûrs et rapides. Keith connaissait son métier au moins elle lui concédait cela. Depuis combien de temps le faisait-il ? Avait-il eu une autre vie avant ? Encore des questions qui pour le moment étaient sans réponse. Son nouveau verre fut servi et elle remercia Keith d’un signe de la tête lorsqu’il lui tendit. « Madame est servie ! J'ai visité le Royal air force Museum, mais je ne me rappelle pas t'avoir croisée, ça fait longtemps que tu y bosses? » Tiens… Des questions sur elle ? Mais non, elle venait d’envoyer la conversation sur lui ! Il n’avait pas le droit d’ainsi lui renvoyer la balle ! Ce n’était pas juste. Les hommes dans les bars étaient toujours ravis de parler d’eux-mêmes pendant des heures. Pourquoi Keith serait-il différent ? Un peu méfiante, elle but une gorgée de son verre avant de répondre. Devait-elle aller vers la vérité ? Pour sa vie de façade il valait mieux. Mais il allait alors s’intéresser à sa vie d’avant… Et Olivia ne voulait pas parler de sa vie d’avant. Car alors elle verrait probablement de la pitié dans ce regard qu’elle commençait à tant apprécier. Mais n’était-elle pas allée trop loin pour reculer maintenant ? Concentre-toi Olivia.
« Parce que tu penses que tu te souviendrais de moi si c’était le cas ? » Répondit-elle avec une mine moqueuse. Pourquoi espérait-elle tant qu’il lui réponde par l’affirmative ? Du flirt adolescent et ridicule. Voilà tout ce qu’elle était en train de faire. De la pratique, Olivia en manquait cruellement. Ses seuls flirts récents étaient avec des gars aussi saouls qu’elle ou des vieux libidineux qu’elle utilisait pour le Blood Circle… Pas franchement des situations dont elle pouvait s’inspirer ici : Keith n’étant ni saoul, ni un vieux libidineux. « Tu as une passion cachée pour les avions ? C’est pas commun d’aller dans ce musée de son plein gré autrement… » Remarqua-t-elle d’un air qu’elle essayait de garder sérieux, sans grand succès. « Je suis arrivée… » Elle réfléchit quelques secondes, le regard au ciel. « Vers janvier 2019 je crois bien… Oui parce que ça faisait un an que j’avais été rapatriée en Angleterre » . Oh… Trop d’informations d’un coup Olivia ! Pourquoi venait-elle de lâcher cette histoire à laquelle il allait s’accrocher à coup sûr… Tout le monde s’y serait accroché. Mais quelle idiote ! Elle se l’était pourtant répété de ne pas parler de sa vie d’avant. Alors quoi ? Tu lui fais confiance c’est ça ? Non bien sûr que non. Olivia était jute stupide. Et elle allait devoir faire avec maintenant que tout cela était sorti. Son sourire disparut alors que l’appréhension pointait le bout de son nez. Devait-elle fuir ? Battre en retraire ? Non, elle devait détourner la conversation, encore une fois. Elle reporta son attention sur Keith. « Et toi, tu es barman depuis combien de temps ? Je veux dire, tu as toujours fais ça ou il y a eu un autre Keith avant tout… Ça ? » . Demanda-t-elle en tapotant le bois du bar.
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Jeu 26 Nov - 11:35
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Keith profita de s'être éloigné d'Olivia pour se refaire une contenance. Il ne comprenait pas non plus pourquoi cette discussion était différente des autres, pourquoi cette fille était différente des autres. Il avait de tous temps était avenant avec les femmes, séducteur, il n'avait que rarement échoué dans ses tentatives pour en ramener une chez lui, mais là, ce n'était pas la même chose. Peut-être le fait de la voir trafiquer dans la ruelle? Peut-être qu'il se trompait et que ce n'était simplement que de l'intérêt pour l'histoire derrière tout cela... « Parce que tu penses que tu te souviendrais de moi si c’était le cas ? » Et voilà que le jeu était lancé et il n'y avait plus de doute possible. Ils étaient en train de flirter et il connaissait sans jamais l'avoir regretté ce qu'il se trouvait au bout du chemin. Il s'y engagea cependant avec plaisir et en lui offrant un sourire en coin. « Je n'en doute pas. » Elle se dégagea de la difficile tâche de répondre à cela en rebondissant sur son métier. « Tu as une passion cachée pour les avions ? C’est pas commun d’aller dans ce musée de son plein gré autrement… » Il se rappelait parfaitement de ce jour-là. Il goûtait tout juste à la liberté de ses premiers salaires, des dépenses pour le plaisir et ayant vécu brièvement dans la rue ou dans les foyers de l'aide sociale il avait connu une période faste. Restaurants, musées, boîtes de nuit, cinémas, théâtres. Le Grand Brouillard était une ville culturelle épanouie et il s'était lancé à corps perdu dans sa découverte. Il avait visité le Royal air Force museum mais s'était rapidement aperçu qu'un œil novice et étranger n'y comprenait pas grand chose. Il avait lu les notices explicatives, s'était émerveillé face à la dextérité de l'être humain mais cela s'était arrêté là. Ce souvenir ne lui était pas remonté en tête depuis, contrairement au Tate modern dont il gardait en tête un sentiment d'étonnement. « Je découvrais simplement la ville ! » Il se lança dans la vaisselle complète des deux pauvres verres traînant dans l'évier pour tenter de se dégager du regard d'Olivia, qui, il se l'admettait enfin, le perturbait un peu trop. « Je suis arrivée… Vers janvier 2019 je crois bien… Oui parce que ça faisait un an que j’avais été rapatriée en Angleterre. » Il stoppa son geste, un verre ruisselant d'eau dans la main et leva brusquement la tête vers elle. Son cerveau se mit à vibrer de réflexion, il était certain qu'elle-même devait l'entendre. Rapatriée? Elle voyageait? Et elle était tombée malade? Non, c'était autre chose. Royal Air Force Museum. Militaire. Militaire et blessée, elle avait été rapatriée dans son pays. Sûrement réformée. Cachée dans un bureau, oubliée, laissée pour compte. Et puis guide de musée. Pour ne rien oublier de sa passion. Et les excès, les drogues dans l'arrière rue. Le sourire d'Olivia avait fondu, pour ne plus laisser sur ses doux traits qu'une expression de ... Qu'est-ce que c'était? De la stupeur d'en avoir trop dit? De la peur? Il reporta son attention sur sa vaisselle et lui laissa le temps de reprendre contenance. Il n'allait pas relancer le sujet dans l'immédiat, elle en avait beaucoup dévoilé et, sa façon de détourner la conversation assura à Keith qu'elle ne l'avait peut-être pas souhaité. « Et toi, tu es barman depuis combien de temps ? Je veux dire, tu as toujours fais ça ou il y a eu un autre Keith avant tout… Ça ? » Achevant sa tâche, il attrapa deux verres et les remplit d'une bière blonde qu'il servait énormément dans son bar. Elle était douce, fraîche, parfaite pour les amitiés naissantes et les moments de gêne à effacer. Maintenant qu'il avait cerné un peu plus Olivia, il lui était hors de question de la laisser fuir. « Moi? Oh, c'est une bien longue histoire, je ne sais pas si tu as assez de temps devant toi. » Il posa les deux verres face à elle et retourna s'asseoir sur un tabouret, auprès d'elle. Le coude sur le bar, il était tourné de sorte de lui faire face, et il reprit. « J'ai pas eu trop de chance dans la vie, je crois, mais je m'en sors pas si mal maintenant. Je tiens Little Hopes depuis huit ans maintenant, et avant ça, je travaillais dans un autre bar également.. J'ai eu ma période d'errance, celle qu'on connaît tous à un moment donné, et j'ai réussi à me sortir de ça. » Il attrapa son verre et vint le faire tinter doucement contre celui d'Olivia avant d'avaler une petite gorgée de sa bière.
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Jeu 26 Nov - 17:33
Keith Milton & Olivia V. Baring || London Bar || Janvier 2020 || Début d'après-midi
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Un nouveau sourire en coin. Olivia commençait à être accro. Et c’était très mauvais signe. Car elle se savait incapable de gérer davantage dans sa vie. Car elle ne pourrait jamais raconter toute la vérité à Keith. S’ils allaient plus loin, qu’ils se revoyaient, il saurait que quelque chose clochait. Et il risquerait trop de chose en apprenant la vérité. « Je n'en doute pas. » Le cœur de la lycéenne qu’elle redevenait manqua un battement. Bien que la guide n’en laisse rien paraître – elle étouffa avec difficulté un rire sot-, la joie l’emplissait, accompagnée d’un soupçon d’ego et d’estime de soi nouvellement retrouvés, perdus entre une ruelle louche londonienne et la traque d’un ado innocent. Olivia se mordit les lèvres pour éviter de sourire trop ouvertement.
« Je découvrais simplement la ville ! » Qu’entendait-il par cela ? Qu’il n’était pas londonien de naissance ? D’où pouvait-il bien venir ? De l’ensemble du Royaume-Uni Olivia. Elle se sentait si stupide. S’il ne la regardait pas à cet instant, elle se serait probablement cognée le front sur le bar par dépit.
Alors que la jeune femme en disait trop, beaucoup trop, elle sentit le regard de Keith sur elle. Il avait arrêté ses gestes. Il s’était accroché à l’information comme elle le craignait. Mais à son plus grand étonnement, le barman ne rebondit pas sur ses révélations. Il reprit carrément sa vaisselle. Olivia le fixa sans comprendre. Pourquoi ne cherchait-il pas à creuser ? Il devait forcément sentir que quelque chose clochait et pourtant…
Et pourtant, il leur servait des bières. Olivia se dérida un peu de ne pas le voir fuir. Pour elle, cette bière signifiait que Keith en avait compris suffisamment. Et étrangement un poids s’enleva de sa poitrine. Aucune pitié dans son regard, juste cette gentillesse et cette pointe de séduction qui la changeait agréablement des regards qu’elle récoltait habituellement. « Moi? Oh, c'est une bien longue histoire, je ne sais pas si tu as assez de temps devant toi. » Olivia attrapa sa bière. « Jour de congé. J’ai au moins jusqu’à ce que tu en ais marre de moi. » Dit-elle avec bien plus d’honnêteté qu’elle s’y attendait. « Enfin je veux dire… J’ai du temps quoi. » Elle se serait mis un deux pour l’exécution désastreuse de cette pirouette de dialogue.
Et il revint s’asseoir à ses côtés. Se tournant sur son tabouret elle se mit également face à lui. Ils étaient si proches. Elle se fit la remarque stupide qu’elle ne l’avait jamais touché. « J'ai pas eu trop de chance dans la vie, je crois, mais je m'en sors pas si mal maintenant. Je tiens Little Hopes depuis dix ans maintenant, et avant ça, je travaillais dans un autre bar également.. J'ai eu ma période d'errance, celle qu'on connaît tous à un moment donné, et j'ai réussi à me sortir de ça. » La jeune femme ne s’attendait pas autant de franchise et ne sut que répondre. Elle n’arrivait pas à se faire une opinion de lui. Il la troublait.
Olivia trinqua doucement avec Keith. « À ceux qui s’en sortent pas si mal alors. » Elle but une gorgée à son tour. Un nouveau silence. Mais ce n’était plus le genre de silence gênant qu’elle avait ressenti précédemment. Plutôt un silence qui entourait deux personnes comprenant un peu les galères de l’autre. Ils n’avaient pas été cabossés de la même manière par la vie mais se comprenaient tout de même. Enfin… Olivia espérait comprendre cet homme qui lui faisait face. Tiens… Aucune allusion à sa mission ? À quoi bon se le répéter encore et encore, autant assumer, ce n’était plus pour la mission depuis longtemps qu’elle restait dans ce bar. Elle voulait passer des heures à discuter et boire des bières avec Keith. Elle voulait jouer avec ses cheveux. Elle voulait dormir dans ses bras protégée du monde extérieur.
Olivia secoua imperceptiblement la tête. Elle s’emballait beaucoup trop. La fille Baring partait totalement en roue libre et sa conscience tirait la sonnette d’alarme. Cela faisait pourtant si longtemps qu’elle ne s’était pas accordée un moment de répit. Ne pouvait-elle pas dire qu’elle était à présent guérie et pouvait reprendre une vie banale ? Entre deux missions et deux sorciers à éliminer, c’est ça ? Saloperie de raison. Elle rebut une gorgée. Il fallait qu’elle calme ses pensées et l’alcool pouvait être une solution.
« Je suis sincèrement heureuse pour toi Keith. C’est pas donné à tout le monde de se dépêtrer de ce monde. Certains y arrivent jamais vraiment… » Un sourire un peu trop forcé. Le sachet de médicaments dans sa poche semblait à présent peser une tonne. « En tout cas, bien joué pour ce bar. Il entre directement dans mon top trois des bars londoniens. Et sache que c’est quelque chose car j’en connais un certain nombre ! » Quelque chose qu’elle aurait voulu faire sonner comme une blague la peignait maintenant comme une alcoolique notoire. Super… Bien joué Olivia. Rebondir sur un autre sujet pour éviter la gêne. « Et qu’est-ce qu’un barman avec plus de dix ans de métier aime faire de ses journées ? » Olivia prit soudain un air embarrassé. « Enfin je parle mais… Je ne veux pas t’empêcher de travailler tu sais ! » Une phrase banale qu’elle voulait polie. Mais pourquoi continuait-elle de dire des paroles où elle redoutait tant la réaction de Keith. Pour se rassurer ? Pour être bien sûr qu’il ne faisait pas semblant ? Pour continuer de lui laisser une porte ouverte s’il comptait s’enfuir ?
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Mar 29 Déc - 19:16
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« À ceux qui s’en sortent pas si mal alors. » Il y avait tant de choses dans cette phrase, tant de sous-entendus blessés que la gorgée de bière fut douloureuse à Keith. Il mourrait d'envie d'entendre son histoire, du début à la fin, de la jeunesse dorée qu'il lui imaginait avoir eue à cette soirée, dans un bar, après avoir acheté sa dose de toxiques. Il voulait l'entendre, se pendre à ses lèvres, l'écouter déblatérer et lui conter ce qui l'avait poussée à le rencontrer. Quels pas l'avaient menée jusqu'à lui? Et où iraient ses prochains s'ils l'éloignaient de lui? Il lui emprunta sa phrase et lui offrit en retour ses mêmes mots qu'il para d'un sourire de plus. Combien avaient fondus sur ses lèvres depuis le début de la soirée en sa compagnie ? « À ceux qui s’en sortent pas si mal. » La musique avait continué à défiler alors qu'ils parlaient et il entendit l'harmonica de Bruce Springsteen prendre le relai des mains de Roger Waters, dont la guitare avait une nouvelle fois accompagné les hauts espoirs. " I come from down in the valley..." Loin en arrière, il avait été transpercé par cette chanson, comme si des milliers de minuscules aiguilles avaient pointé sous sa peau et il n'avait jamais plus pu se détacher de cette voix suave de baryton qui contait à qui mieux mieux les désastres amoureux et les vies des petites gens. The River était sa plus belle balade et elle se déversait dans le bar comme un baume qui venait guérir les maux des clients. Il y avait dans cet instant précis une douceur qu'il n'aurait su décrire et qui, il s'en doutait, avait beaucoup à voir avec celle qui l'accompagnait. Le piano rejoignit l'harmonica et la voix s'éleva, lui décrochant presque un frisson. « Je suis sincèrement heureuse pour toi Keith. C’est pas donné à tout le monde de se dépêtrer de ce monde. Certains y arrivent jamais vraiment… » Sans le savoir, les pensées de Keith rejoignirent celles qui s'était échappées de la tête d'Olivia quand elle s'était secouée, brièvement, et il s'imagina un instant la serrer contre lui, en lui chuchotant doucement que tout irait bien. Il avait envie de serrer cette main qui s'était crispée sur le verre de bière. Mais il souhaitais plus que tout qu'elle lui sourit à nouveau, et que s'échappe de son front ce pli soucieux qui venait de s'y former. "We'd go down to the river And into the river we'd dive". Il ignorait comment répondre à ce qu'elle venait de lui avouer, il ne savait même pas si elle attendait une réponse mais elle reprit la parole avant qu'il ait pu s'y risquer. « En tout cas, bien joué pour ce bar. Il entre directement dans mon top trois des bars londoniens. Et sache que c’est quelque chose car j’en connais un certain nombre ! » Il n'avait aucun mal à imaginer que des gens puissent se sentir bien en passant la porte de Little Hopes, car lui-même faisait tout pour que l'ambiance y soit reposante et apaisée. De là à dire qu'il était à ce point bon d'y être, il y avait exagération et il sentait bien qu'il y avait entre eux, un quelque chose qui pointait le bout de son nez. « Et qu’est-ce qu’un barman avec plus de dix ans de métier aime faire de ses journées ? Enfin je parle mais… Je ne veux pas t’empêcher de travailler tu sais ! » Il était de retour, cet air gêné, ce courant d'air froid qui revenait s'insinuer entre eux, érodant un peu ce qu'ils avaient mis de longues minutes à établir. Comme un mur qu'elle rebâtissait inlassablement sitôt qu'une brique s'en écroulait. « Un barman comme moi aime faire beaucoup de choses, mais je ne vais plus pouvoir ignorer les regards de mes employés qui nous zyeutent depuis la cuisine... Je dois commencer à tout clôturer s'ils veulent partir à l'heure. » Il termina en une gorgée sa bière et se redressa sur son tabouret. «Par contre... J'aimerais beaucoup te revoir. Je pourrais te raconter mes journées désœuvrées dans Londres et toi, tu esquiverais mes questions sur ton passé. » Il se releva, laissant à sa phrase le temps de s'insinuer sous le crâne d'Olivia. « Je ne sais pas ce que tu en penses.. Mais demain le bar ferme tôt alors, si ça te dit, rejoins moi ici pour dix-neuf heures.» Sa main s'était élevée jusqu'au visage de la jeune femme dont il avait brièvement caressé la joue de ses doigts. Il lui avait adressé un sourire en attendant sa réponse. Il y avait sur ce visage un air dont il souhaitait connaître tout, une douceur qu'il voulait effleurer, il n'avait pas envie de la voir s'enfuir.
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Dim 3 Jan - 23:22
Keith Milton & Olivia V. Baring || London Bar || Janvier 2020 || Début d'après-midi
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« À ceux qui s’en sortent pas si mal. » Olivia offrit à Keith son plus beau sourire alors que leurs verres s’entrechoquaient. C’était étrange cette impression de connaître quelqu’un depuis fort longtemps alors qu’elle ne l’avait rencontré que quelques heures plus tôt. Et la fille irascible, volontaire et acariâtre qu’elle avait l’habitude d’être semblait être mise dehors et remplacée par une demoiselle joyeuse, joueuse et déroutée. Comment Keith faisait-il ça ? Était-il un sorcier ? Le cœur d’Olivia rata un battement. Elle n’avait même pas réfléchi cette possibilité alors qu’il s’agissait d’une de ses appréhensions les plus grandes. L’avait-il ensorcelée ? Elle ne trouvait pas vraiment d’autres raisons pour qu’elle se soit ainsi attachée, si vite. Mais non c’était ridicule, que ferait un sorcier dans un bar humain où il n’y avait pas une once de magie ? Olivia aurait vu quelque chose d’étrange c’était sûr.
La musique continuait de changer et d’emplir la pièce. La jeune femme avait bien remarqué les quelques coups d’œil qu’on jetait à leur étrange couple. Mais elle s’en fichait. Elle lâchait des informations, trop d’informations même. Mais ça faisait tant de bien. Avoir une oreille attentive, qui ne la jugeait pas, qui lui souriait et s’en amusait. Un instant, elle eut envie de claquer la porte de sa vie, de ses obligations et de se cacher ici dans ce pub jusqu’à la fin des temps avec Keith. Une perspective alléchante. Mais Olivia n’était pas du genre à s’enfuir. Qui protégeraient ces gens qu’elle croisait dans la rue, incapables de se protéger eux-mêmes ? Non, elle était un soldat avant d’être une femme. Et aussi séduisante que cette idée pouvait être, Olivia ne reviendrait jamais sur son serment. Foutue ligne de conduite.
Ils continuaient de discuter et Olivia craqua. Elle lui lança le fameux « Oh mais je veux pas de te déranger ». Cette phrase qui cherchait à sonder l’autre pour savoir sur quel pied danser et permettre de fuir si nécessaire. Et Keith sembla attraper avec avidité la perche que lui tendait Olivia. Le cœur de cette dernière sombra un peu. « Un barman comme moi aime faire beaucoup de choses, mais je ne vais plus pouvoir ignorer les regards de mes employés qui nous zyeutent depuis la cuisine... Je dois commencer à tout clôturer s'ils veulent partir à l'heure. » Le sourire d’Olivia disparut quelque peu, terrassé par la déception. Évidemment, qu’attendait-elle exactement de différent ? Rester dans ce bar toute la nuit à discuter ? Ridicule. Chacun avait une vie et un parfait étranger n’allait pas la foutre en l’air pour une fille aperçue le jour même dans une ruelle sombre. Ça t’apprendra Olivia, à te bercer d’illusions. Elle ne savait pas faire ça. Draguer ou charmer s’en se laisser couler. C’était soit tout soit rien… Olivia imita Keith et finit sa bière. « Oui je comprends. Je dois filer aussi de toute façon. » Répondit-elle mécaniquement. Alors qu’elle détachait son regard de Keith pour attraper son porte-monnaie et payer –elle n’était pas une assistée-, les paroles du barman ramenèrent son regard sur lui. «Par contre... J'aimerais beaucoup te revoir. Je pourrais te raconter mes journées désœuvrées dans Londres et toi, tu esquiverais mes questions sur ton passé. » Les yeux d’Olivia suivirent l’homme qui se relevait et sa bouche entrouverte trahissait sa surprise. Elle n’osait plus bouger, de peur de faire quelque chose de travers et de le faire fuir. Se revoir ? Il était vraiment sérieux ? Son cœur s’accéléra et du rouge lui monta aux joues. Foutu corps ! « Je ne sais pas ce que tu en penses.. Mais demain le bar ferme tôt alors, si ça te dit, rejoins moi ici pour dix-neuf heures.» Olivia le fixait et amorça un mouvement de recul alors qu’il effleurait sa joue de sa main. Elle retint un stupide reflexe de lui briser les doigts et savoura simplement les frissons que l’effleurement de leurs peaux l’une contre l’autre créa. Finalement, ils s’étaient touchés après tout. Le sourire qu’elle lui rendit fit écho à la propre expression de Keith. Tentant de rester digne et de ne pas s’effondrer comme une collégienne, elle toussota en faisant disparaitre ce sourire stupide. « Demain ? Je… Oui probablement. Je ne fais pas la fermeture du musée donc c’est tout à fait possible. Demain, dix-neuf heure ici. C’est noté. »
Jetant un coup d’œil à la carte, affiché derrière le bar, elle sortit un billet qui couvrait sa consommation et même un peu plus. Elle le déposa sur le comptoir et se releva en se rhabillant et rassemblant ses affaires. Ces automatismes lui permirent de redevenir maitresse de ses pensées et de ses mouvements. Ses yeux verts se déposèrent une dernière fois sur Keith, accompagnés d’un petit sourire. « Merci pour… La discussion et la bière, Keith… Et… À demain du coup. Garde la monnaie. » Elle le salua d’un signe de la tête et recula de quelques pas avant de se retourner et de marcher d’un pas mécanique vers la sortie.
L’air frais lui fouetta le visage. Elle resserra son écharpe autour de son coup alors qu’un sourire béat ornait ses lèvres. Olivia Viviane Baring avait un rencart avec un barman canon. Une gamine. Elle était une vraie gamine. Mais elle n’en avait rien à faire.
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