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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Don't judge a book by its cover || ft. Eirian :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
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Dim 4 Oct - 0:55
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Londres, le 31 mars 2020.

Depuis quelque temps, j’avais des heures libres pour lire à l’aise chez moi, sans jamais être dérangé par personne… J’avais eu l’occasion de relire mes classiques, évidemment, les indémodables qui amenaient toujours une foule de questionnements existentiels ou non… Je m’étais aussi octroyé le luxe de relire quelques ouvrages en norvégien, que j’avais achetés chez Ingmar Bjørnson, le libraire de Bokverden, à la Galleri av magi og hekseri de Bergen… J’y passais chaque année, quand nous nous retrouvions en famille là-bas pour les fêtes… Chaque fois que je retournais dans cette librairie, cela me rappelait de bons souvenirs, en l’occurrence, ceux de ma première rencontre avec la belle Valentinia, évidemment… Cela me fit sourire, cette fille était géniale à plusieurs niveaux… bien sûr, nous nous éclations, elle et moi, et encore mieux quand nous pimentions un peu tout cela… Alors, oui, y repenser me mettait d’assez bonne humeur.

Mais au bout de plusieurs semaines à vivre seul, j’avais énormément lu, peut-être même que j’avais fait le tour de ma bibliothèque, pourtant déjà bien fournie… J’avais toujours aimé lire, depuis tout petit, alors, forcément, c’était la meilleure manière pour moi de passer les longues soirées de solitude…
Seulement voilà, au bout d’un moment, j’avais besoin de lire autre chose, des livres que je n’avais jamais lus… Alors, il était grand temps de me rendre chez Fleury & Bott, sur le Chemin de Traverse, pour regarnir un peu ma bibliothèque personnelle.
Je ne m’étais pas vraiment renseigné sur les dernières sorties littéraires, mais je savais bien que dans cette boutique, je pourrais être bien conseillé, à condition d’éviter la jeune femme blonde à l’air un peu niais qui avait tendance à noyer les clients par une interminable jactance au sujet de livres pas très intéressants à mes yeux… Cette petite pimbêche essayait de refourguer des romans à l’eau de rose à tous les clients un peu trop peureux pour lui dire clairement ce qu’ils pensaient de ses propositions de livres…

En entrant dans la boutique, je la repérai donc pour l’éviter plus facilement. Ce n’était pas que je sois un poltron ou que sais-je encore, mais je ne pensais pas que ce soit une judicieuse idée d’aller vers cette fille et de la laisser croire qu’elle pouvait m’embobiner alors que j’aurais juste profité un peu de la situation pour l’inviter à prendre un verre après son boulot… Nous aurions parlé littérature quelques minutes, puis je me serais un peu amusé avec elle, rien de bien compliqué, mais bizarrement, cela ne me tentait pas énormément… Ces derniers temps, je préférais passer du temps avec Meredith, pour la simple et bonne raison que j’aimais être avec elle, et de plus en plus… Mais je ne voulais pas vraiment reconnaître à quel point ma femme avait raison, au fond… elle qui avait toujours été jalouse de Mrs Carrow… peut-être qu’elle avait vu clair avant moi…

Bref. Je n’étais pas ici pour penser à ma belle amie, mais bien pour trouver de quoi passer les soirées sans elle. Il me fallait des bouquins dignes de ce nom et surtout dignes de mon intérêt. En termes de romans, je ne savais même pas ce qui se faisait actuellement, parce que je passais bien trop de temps au bureau pour m’octroyer des moments lecture… en tout cas, pour ce qui était de la lecture plaisir, ce n’était pas vraiment ça, ces derniers temps.
Dans le magasin, je n’avais pas cherché plus loin. Ne pas me trouver dans la zone de la blonde, c’était fait. Restait à voir un peu ce qu’il y avait de bien par ici… Je regardais les premières de couverture des nouveautés, lisais quelques résumés apéritifs, feuilletais parfois l’une ou l’autre monographie… Mais j’étais un peu las, en réalité. Certains de ces romans semblaient n’être qu’encore et toujours la même histoire, réécrite, encore et encore, en changeant juste quelques éléments : le cadre spatio-temporel, deux ou trois caractéristiques des personnages, des ennemis à vaincre… Il n’y avait rien de très original dans tout cela.
Quant aux essais philosophiques… je devais avouer que c’étaient là des ouvrages qui m’avaient toujours attiré, parce que j’aimais découvrir des points de vue un peu différents de ceux du quotidien, mais aussi parce que certaines théories philosophiques pouvaient réellement permettre un changement considérable dans la vie… Et je ne parlais pas d’idéologie, bien sûr.

Je sélectionnais deux livres de penseurs sorciers contemporains. De quoi alimenter mes réflexions, peut-être aussi de quoi étayer quelques idées lors de nos réunions du Conseil. Ce n’était jamais mauvais d’exercer son esprit critique pour mieux argumenter ensuite.
Aurais-je envie de lire autre chose que de la philosophie moderne ? Sans doute que oui… Peut-être un recueil de nouvelles ? ou un roman psychologique ?

J’hésitais quelque peu, lorsque je le vis.
Le garçon était de profil, mais je n’aurais pas pu ne pas le reconnaître, nous avions partagé une mission il y avait moins d’un mois, lui et moi, avec le jeune O’Malley à nos côtés. J’avais pu constater que ce jeune homme était efficace sur le terrain, d’une manière qui m’avait quelque peu étonné, faut-il le dire, et j’en gardais un souvenir un peu intrigué. Ce fut ma motivation première pour m’approcher de lui, en dehors de toute considération politique ou de tout autre ressort.

« Mr Howl… » M’adresser à lui avec un minimum de politesse, c’était la moindre des choses. Sa jeunesse ne m’exemptait certainement pas de lui manifester le respect dû à tout sorcier. « Quel plaisir de vous voir. »

J’exagérais peut-être. Un peu.
Si je ne l’avais pas croisé, à vrai dire, cela n’aurait pas changé ma vie. Mais peut-être que j’avais tendance à manquer un peu trop de compagnie, alors, la moindre occasion de parler d’autre chose que du travail ou du Conseil d’Administration, je la saisissais. C’était une nécessité pour moi, car en dehors des sujets précités, je devais avouer que les conversations quotidiennes avaient tendance à tourner court. Je ne m’y intéressais pas suffisamment, sans aucun doute…
J’avais fini par dire la vérité à ma secrétaire, d’ailleurs, pour qu’elle arrête de me demander des nouvelles de ma femme. C’était plus simple pour couper court aux fausses inquiétudes d’Ariane. Et il n’avait pas fallu une semaine pour que tout le Ministère soit au courant, évidemment. Au moins, ça changeait un peu des rumeurs que vilipendaient certains, mais je n’aimais pas trop imaginer ce que ma situation pouvait inspirer comme sentiments et comme émotions autour de moi.

« Comment allez-vous, Eirian ? Je pensais voir passer plus de rapports de débriefings de missions auxquelles vous auriez pu participer ces derniers temps… » Un bon élément comme lui… l’Ordre du Phénix avait là un jeune homme tout à fait capable de faire preuve à la fois d’esprit d’initiative et de compétences de terrain. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il était excellent dans tout cela, mais il avait au moins fait ses preuves… et quand c’était le cas, l’Ordre avait habituellement tendance à envoyer régulièrement ces bons éléments en mission. C’était un peu comme Tobias, chez nous… excellent élément de terrain, mon ancien apprenti cumulait les missions, parfois même des missions vraiment périlleuses… mais c’était son choix, en réalité… et j’avais beau m’inquiéter pour lui, Tobias était tout à fait en âge de faire ses choix et, comme il me l’avait si bien dit début janvier, il m’avait plus besoin que je le protège…
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Eirian Howl
Eirian Howl
Serdaigle OP
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Lumos
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Mon allégeance : Ordre du Phénix
Lun 5 Oct - 16:32
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« 31 mars 2020 »
Les mots calligraphiés à la plume se brouillent et dansent sous tes yeux. Tu bats des paupières, te concentres sur le paragraphe. Les auteurs avaient-ils vraiment besoin de tordre autant leurs lettres ? Tu reviens sur tes notes. La dissertation de droit magique commence à prendre forme, mais tu manques encore un peu de recul sur le sujet. Dans un crissement d’agonie, ta plume macule ton parchemin d’une magnifique tache tandis que la bibliothécaire te jette un regard outré par-dessus le grimoire qu’elle est en train de ranger. Pour un peu, elle te retirerait des points pour maltraitance plumitive. Tu l’ignores, mais le fait est que ta plume est sur le point de rendre l’âme. Il va falloir reconstituer ton stock. Reprendre de l’encre aussi. Et tant qu’à faire, passer chez Fleury et Bott récupérer ce manuel qui commence vraiment à te manquer. L’exemplaire de Poudlard est beaucoup trop emprunté pour t’être utile – et dans un sale état également, de ce que tu as vu les quelques fois où tu l’as consulté. Tu ne retiens pas une grimace, mais tu ne peux pas faire l’économie de ces dépenses plus longtemps.
Tu reviens sur ton parchemin. Tu as beau t’être rendormi une heure dans la matinée après ta nuit d’insomnie, lorsque tes condisciples ont quitté le dortoir, ça ne suffit pas à combler ton déficit en sommeil, loin de là. Il te faudrait au moins une semaine non-stop pour effacer un peu les cernes qui te mangent le visage et chasser cette maudite fatigue qui te pèse. Mais évidemment, ça n’arrivera pas. Tant pis. Tu as l’habitude.
Tes affaires de cours rangées dans ton sac, tu gagnes la tour de Serdaigle pour t’équiper. Sortir t’éclaircira un peu les idées. Ton portefeuille comme ta bourse de monnaie sorcière font grise mine lorsque tu les récupères. Forcément, ce qui devait arriver est arrivé. Ton boss a profité de la fin de ton contrat pour ne pas le renouveler. Trop de retards ces derniers temps, trop de changements de planning, et ces retards que tu ne comprends pas – comme des absences ? Tu pars à l’heure pourtant, mais… Est-ce que la fatigue peut expliquer ces décalages ? Et si ce n’est pas ça, quoi d’autre ? Pour autant que tu le saches, Towsen ne s’amuse pas à trafiquer ta mémoire, tu te souviens de vos conversations. Alors quoi ? Tu te secoues. C’est sans doute seulement ta paranoïa latente qui revient et ton épuisement qui te fait enchaîner erreur sur erreur. Il faut que tu te reprennes. Que tu retrouves quelque chose aussi. Déjà que l’été ne s’annonçait pas brillant, ça risque d’être encore pire. Une part de toi ne s’en désespère pas complètement : cela te redonne au moins des week-ends normaux, sans devoir courir partout. Mais ce n’est pas ça qui te nourrira dans quelques mois. Reprends-toi, bon sang. Tu vas t’en sortir. La porte du dortoir s’ouvre derrière toi, tu te rends compte que tu es toujours planté devant tes affaires. Allez.

Tu gagnes les cheminées qui permettent de rejoindre Londres. Autant commencer par le Chemin de Traverse et sa papeterie. La boutique est calme, il n’y a qu’un autre sorcier qui explore les rayons, penché sur des carnets. Tu gagnes le coin des plumes, complètes avec des bouteilles d’encre avant de passer à la caisse. Tu en profites pour demander à la tenancière si elle cherche quelqu’un pour l’aider – ou si certains commerçants du Chemin de Traverse ont quelque chose à offrir. En général, tu préfères travailler côté moldu pour ne pas perdre le lien avec ce monde-là, mais ce sont souvent les bars et autres pubs qui sont en recherche et tu n’en peux plus de travailler dans ces espaces-là – trop de bruit, trop de monde, trop de frôlements, trop de trop qui aiguisent ton hypervigilance et achèvent de t’épuiser. Tu serres les dents. Ce genre de ressenti n’entre pas en ligne de compte. Tu prendras ce que tu trouveras, peu importe ce que c’est, tu n’as pas le luxe de faire la fine bouche. Avec un sourire désolé, elle te répond doublement par la négative. Tant pis. Tu la remercies.
L’air extérieur est frais mais pas désagréable pour une fin de mars et le soleil pointe le bout de ses rayons. Tu traînes un peu dans la rue, t’arrêtes devant l’animalerie. Les friandises de Nox commencent à s’épuiser elles aussi. Bon. Ce n'est pas lui qui paiera le prix de tes soucis. Un arrêt supplémentaire, des sachets glissés dans ton sac, et cette fois, tu files jusqu’à Fleury et Bott. Tu as toujours aimé ces vieux rayonnages remplis de grimoires – l’un de tes premiers et meilleurs souvenirs de ta découverte du Chemin de Traverse. Les couvertures de maroquin ou de cuir, plus ou moins patinées, aux dos gravés d’or, attendent sagement qu’on vienne les ouvrir. Tu pourrais y passer des heures. Là aussi, la librairie est presque vide. Heureusement.
Tu aperçois la sorcière blonde, mais vous vous évitez mutuellement, à votre grand soulagement. La première fois, elle t’est tombée dessus comme la famine sur le monde pour te vendre à peu près tout ce qui lui passait par la tête. Sa jactance t’a assommé quelques secondes avant que tu ne trouves la ressource de décliner toutes ses propositions. Depuis qu’elle t’a vu acheter tes manuels d’occasion, et surtout revendre ceux des années précédentes, elle te laisse tranquille.
En hâte, sans laisser ton regard traîner à droite ou à gauche, tu files vers le rayon dédié aux sortilèges et à la défense contre les forces du mal. L’avantage, c’est qu’il ne s’agira pas d’un achat seulement pour les cours, il te servira largement au-delà. Tu as bien l’intention d’augmenter ton panel de sorts de défense et d’attaque – tu crois certes que l’efficacité réside dans la simplicité, mais ça ne coûte rien (façon de parler) d’avoir quelques atouts supplémentaires dans la manche, tant face au Blood Circle qu’aux Mangemorts. Tu ne tardes pas à trouver ce que tu cherches. Ils l’ont bien d’occasion. Tu le feuillettes pour t’assurer qu’il est complet et en bon état – pas de ratures, c’est rare. Parfait. Évidemment, tu ne résistes pas au plaisir de t’attarder dans le rayon, parcours les noms et les titres. Les grimoires viennent de tous les continents, tu repères le nom d’un marabout sénégalais que tu as déjà croisé ailleurs. La bibliothèque de Poudlard a toujours été très européano-centré, tu n’aurais pas été contre découvrir les pratiques magiques d’autres pays. Un jour, peut-être…

Un mouvement un peu plus loin attire ton attention, et tu redresses la tête. William Ombrage se tient à quelques mètres et s’avance vers toi. C’est la première fois que tu l’aperçois depuis la mission faite ensemble. En général, tu te tiens aussi éloigné des Mangemorts que possible, d’autant qu’on ne devient sans doute pas membre du triumvirat sans se salir les mains. Mais si ta méfiance ne te quitte pas, tu ne comptes pas non plus te les mettre à dos. Tu as bien assez d’ennuis avec Towsen sans en rajouter. Profil bas, air neutre, et en général ça suffit.

Il te salue poliment, hypocritement aussi. Tu doutes qu’il se réjouisse particulièrement de ta présence.

— Mr. Ombrage, cela faisait longtemps.

Tu n’as pas le sentiment qu’il participe à tant de missions que cela. En même temps, ce n’est pas vraiment sa place non plus. Le mensonge sort avec l’aisance de l’habitude.

— Je vais bien, merci. Et vous ?

Il s’étonne de ne pas voir davantage de rapports de mission avec ton nom. Qu’est-ce qu’il voudrait ? Les journées n’ont que vingt-quatre heures et tu as beau passer la majeure partie de tes nuits à attendre que les heures défilent, tu ne peux pas toutes les consacrer à l’Ordre. Mais tu participes régulièrement aux missions, souvent difficiles, bourres ton emploi du temps parce que c’est la chose à faire, parce que tu auras besoin de leur protection le jour où ça se passera mal. Et aussi parce que l’attrait du danger se fait toujours plus fort dans ces moments-là. Enfin, ton hypervigilance se rend un tant soit peu utile au lieu de te bloquer ; enfin, tu as l’impression de respirer, de revenir à la surface ; enfin, le tourbillon dans ta tête se calme ; enfin, tu te sens de nouveau lucide, capable d’agir, secoué par cette décharge d’adrénaline – tant que le danger ne vient pas au contact. En sus, tu as eu de la chance jusqu’à présent, tu ne connaissais pas les membres du Blood Circle que tu as croisés, même si tu redoutes toujours le moment où tu te trouveras face à ton père ou ton frère – et leurs armes, surtout. Tu modifies un peu ton apparence avec la métamorphose, mais tu n’es pas sûr que ça suffise.

— J’en fais régulièrement, mais je suis encore étudiant et les emplois du temps ne sont pas compressibles. L’Ordre en tient compte. Et je n’ai pas non plus les compétences de membres plus âgés. Selon vous, je devrais en faire davantage ?
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Mer 7 Oct - 11:41

J’avais toujours aimé la lecture, aussi loin que je pouvais remonter dans mes souvenirs, les livres m’avaient accompagné dès que j’avais été capable de tourner moi-même les pages. Enfant, bien sûr, ce n’était pas des ouvrages très évolués, mais j’avais toujours reçu des livres adaptés à chaque stade de mon développement… De tout temps, j’avais été confronté aux bouquins. Je n’avais cependant, pas manifesté beaucoup d’intérêt pour les livres moldus que vendait mon grand-père maternel. Je préférais nos bons vieux ouvrages sorciers, il y en avait tant et tant… Depuis que j’étais tout petit, l’un de mes grands rêves était de pouvoir lire tous les livres du monde sorcier. Seulement, cela n’était possible que si l’on était un excellent polyglotte… Et s’il était indéniable que j’aimais les langues, j’avais plus de facilité à apprendre les langues scandinaves et germaniques… le latin était une langue très intéressante, mais je la maîtrisais moins bien… alors, forcément, les langues qui étaient issues du latin n’étaient pas parmi celles que je connaissais le mieux.
J’avais une certaine connaissance des différentes collections qui étaient présentées chez Fleury & Bott. C’était tout de même la meilleure librairie présente sur le Chemin de Traverse et il était possible d’y faire arriver toutes sortes de livres venant d’un peu partout dans le monde. Et parfois, ce n’était pas évident de se débarrasser de la vendeuse rousse responsable des commandes internationales. Je ne savais pas si elle était comme cela avec tout le monde, mais, en tout cas, elle était toujours un peu trop disponible pour moi depuis qu’on avait… enfin, bref. Quand je n’avais pas beaucoup de temps devant moi et que je venais ici, je le savais, il me fallait éviter la blonde et la rousse. L’une bavardait trop, l’autre ignorait ce que signifiait l’expression « Juste une fois ». Enfin, au moins, si un jour j’en avais envie, je pouvais être sûr d’avoir ici une femme disponible et tout à fait disposée à ce que nous remettions cela.

Mais aujourd’hui, tout cela n’avait pas vraiment d’importance. Je ne cherchais pas à passer le temps de façon aussi insipide qu’en accueillant la rouquine dans mes bras. Les livres étaient bien moins décevants, à vrai dire. J’avais envie, en outre, de pouvoir mettre la main sur quelques ouvrages qui pourraient faire plaisir à ma fille… Septima adorait les potions et les métamorphoses, mais elle était très friande de romans d’aventures et tout ce qui pouvait la faire sourire, eh bien, j’étais prêt à le lui offrir. Nul besoin de le préciser, le coût de tout cela n’avait pas vraiment d’impact sur la manière dont je pouvais choisir les cadeaux pour ma petite princesse… si elle m’avait demandé la lune, je me serais arrangé pour la combler. C’était d’ailleurs la seule femme au monde pour qui je l’aurais fait… même pour mon épouse ou pour Meredith, j’avais tendance à garder l’une ou l’autre petite réticence pour les grands exploits et les coups d’éclat, même s'il m'arrivait, face à ces grandes dames, de me sentir aussi insignifiant qu'un misérable petit coléoptère en face d'une étoile.
Il y avait quelque chose de bizarre dans ce sentiment, je ne pouvais dire laquelle des deux femmes m'inspirait le plus d'amour, en réalité, mais nos relations étaient assurément en train d'évoluer. Le problème serait sans aucun doute le statut de mon sang... car Mrs Carrow faisait indéniablement partie de l'élite au sang pur, là où je n'étais qu'un sang mêlé... La barrière du sang s'imposerait tôt ou tard et ma belle amie et moi allions sans nul doute devoir continuer à garder notre histoire cachée, bien que pour nos proches, ce ne soit qu'un vague secret de polichinelle, surtout depuis la soirée de la Nouvelle Année... mais je n’aurais pas pu laisser Meredith seule dans ces conditions - même si, dans les faits, c’était surtout elle qui m’avait rattrapé alors que j’avais besoin de quitter cette salle pleine d’hypocrites et de personnes passées maîtresses dans l’art du faux semblant. Les gens parlaient sans savoir, ils jugeaient sans connaître et n’avaient même pas la décence d’assumer leurs propos en face. Bande de lâches.

J’étais tout à fait conscient que le fait de sortir de l’ombre pour accéder au Conseil d’Administration avait fait clairement chuter ma cote de popularité, le meilleur exemple étant Myrna O’Malley qui, après une amitié de plus de trente-cinq ans, avait choisi de me tourner le dos à cause de mes opinions politiques.
Elle m’avait toutefois poussé à me poser une question essentielle. Comment aurais-je agi et réagi si l’un de mes enfants avait été dénué de pouvoirs ? Comment une famille sorcière pouvait-elle gérer un enfant cracmol ? Sans doute de la même manière qu’une famille moldue devait composer avec un enfant sorcier lorsque cela arrivait... le cas des enfants sang-de-bourbe était particulier puisque c’était un sujet sensible pour lequel la représentante de l’Ordre du Phénix, au Conseil d’Administration, avait soulevé la problématique du Blood Circle.
Alors que mes grands-parents paternels avaient frôlé la crise cardiaque lorsque mon père leur avait finalement avoué la nature du sang de ma génitrice, je me retrouvais dans une situation un peu similaire, en devant prendre des décisions sur un sujet plutôt tangent. Et si tout le monde savait que j’avais le sang mêlé, seules quelques personnes - on pouvait les compter sur les doigts d’une main - savaient que ma mère était une née moldue...
Je voulais quelques livres n’abordant pas ce thème. Quand j’avais besoin de me changer les idées, c’était jusqu’au bout, qu’il s’agisse de littérature, évidemment, mais aussi d’art et de culture en général...

Le jeune homme vers qui j’étais allé était un sorcier prometteur. Sur le terrain, j’avais pu le voir neutraliser quelques ennemis de différentes manières, à l’aide tantôt de sortilèges, tantôt sans faire usage de la magie. Il était impressionnant, dans le feu de l’action et, en plus de ne pas être désagréable à regarder, ce garçon ne manquait pas de ressources.
Hormis cela, je connaissais son identité et son allégeance à l’Ordre du Phénix. C’était peu. Il devait avoir à peu près l’âge de mon fils, un peu plus peut-être, il était étudiant et, à en juger par le rayon où il se trouvait, il ne devait pas rouler sur l’or.

« Quelques semaines, en effet. » Évidemment, malgré ma relation avec Meredith Carrow, je ne pouvais pas venir à l’université quand je voulais, ce qui limitait les interactions possibles avec les jeunes, étudiants de l’université comme élèves de Poudlard. « Plutôt bien, merci... »

Je n’étais pas du genre à raconter ma vie privée, déjà à mes amis proches, alors pour éviter toute question personnelle, j’avais pour habitude de toujours répondre que j’allais bien, surtout quand ce n’était pas le cas. De toute manière, il était évident que les gens ne prenaient des nouvelles que par politesse, au fond, ils se fichaient pas mal de comment vous alliez vraiment... d’ailleurs qui répondait sincèrement à cette question, de nos jours ? De même, qui, en posant la question, était vraiment intéressé par la réponse ?
Ce jeune homme ne me connaissait que bien peu, aussi pris-je sa question comme une marque de politesse plus qu’autre chose.

Devait-il participer à plus de missions que ce qu’il faisait déjà ? Je voyais son nom passer dans les rapports et je voyais ainsi qu’il s’investissait... ce qui n’était pas le cas de tous les jeunes étudiants, la plupart préférant rester neutres, en général. C’était déjà une preuve d’une certaine force de caractère ou d’une volonté de faire quelque chose de sa vie, à vrai dire, et je ne pouvais que l’encourager à continuer, même si, à mes yeux, il était clair que ce ne serait jamais l’Ordre du Phénix qui ferait vraiment changer les choses un jour.

« Qui suis-je pour en juger ? » Mon avis avait-il vraiment un quelconque intérêt ? Je n’en étais pas sûr. « Vous êtes impressionnant sur le terrain, j’ai pu le constater moi-même. J’aurais eu tendance à croire que vous auriez pu être le genre d’étudiant à préférer l’action...»

Mais s’il privilégiait ses études pour les concilier avec son activité de terrain... il me semblait que le jeune homme pouvait être du genre un peu sérieux tout de même. « Mais je déduis de vos propos que vous ne devez donc pas être à Gryffondor. Dites-moi, dans quelle maison avez-vous été réparti ?»

Je ne l’imaginais pas à Serpentard non plus. Cela limitait les possibilités à Poufsouffle et Serdaigle, donc. Entre les deux, il était difficile de deviner, ces deux maisons rassemblaient des personnalités plus discrètes, généralement, et j’avais beau être assez observateur, je n’étais pas spécialiste dans l’art d’analyser les gens.

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Eirian Howl
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Jeu 8 Oct - 17:38
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« 31 mars 2020 »
Tu as toujours aimé les livres, aussi loin que remontent tes souvenirs, et tu attendais avec impatience de pouvoir les lire par toi-même plutôt que de courir après ta mère ou ton cousin, généralement plus enclins à accepter que ton père ou ton frère. Cela ne s’est pas démenti avec les années, au contraire. Tu aimes toujours autant apprendre à travers eux et il faut dire que ta mère avait la tâche facile lorsqu’il s’agissait de te trouver des cadeaux de Noël ou d’anniversaire – elle essayait quand même de varier, mais le fait est que les livres demeuraient majoritaires. Livres sorciers et livres moldus, tu t’es toujours efforcé de garder un œil sur les deux mondes, même si le côté sorcier l’a beaucoup emporté – tu avais tout à y découvrir.
Cela ne s’est évidemment pas arrêté avec ta découverte de la magie, au contraire. Avant ta première rentrée, tu as passé l’été à dévorer les manuels de cours, avide de découvrir enfin ce monde dont tu ne connaissais pratiquement rien. D’autant que ta mère préférait ne pas se fier aux « connaissances » parcellaires et fortement biaisées du Blood Circle sur le sujet. De ce que tu as retenu de ton enfance, il ne valait mieux pas, en effet. Au fil des ans, tu as gardé cette habitude de parcourir tes manuels avant la rentrée – même si ta mère s’est mise à attendre au minimum le début du mois d’août pour se pencher sur le sujet. D’un autre côté, tes étés n’étaient pas particulièrement joyeux. Elle travaillait la journée la plupart du temps et toi, tu ne pouvais pas vraiment inviter tes amis sorciers. La réalité ne correspondait pas à ce que tu leur racontais à Poudlard. Pour le coup, la césure entre les deux mondes t’a bien servi, d’autant qu’au fil des ans, tu as développé le côté « mon père a du mal avec la magie ». Tu arrivais à t’occuper par toi-même, mais les livres aidaient bien à faire passer les heures. Maintenant, tu en as revendu la plupart, ne gardant que ceux toujours utiles ou ceux qui avaient une importance sentimentale.
Fleury et Bott est restée ta grande découverte sur le Chemin de Traverse. Tu pouvais y passer des heures, à parcourir les rayons, t’arrêter devant un nom inconnu ou un titre intriguant, feuilleter l’ouvrage avec soin, le cuir dur ou souple sous tes doigts, accompagné par l’odeur du parchemin. Tu y passerais encore des heures si cela ne provoquait pas un petit pincement au cœur. En général, tu essaies de ne pas traîner lors de tes achats pour ne pas te laisser happer. La bibliothèque de Poudlard a aussi été une grande joie de ce côté-là et il faut bien avouer que lors des premières semaines de cours on ne t’a pas beaucoup vu dans la salle commune. Grimoires de sortilèges, de métamorphose, d’histoire de la magie, au fil de ta scolarité, tu as lu tout ce que tu as pu. Des ouvrages consacrés à des magies plus sombres aussi, surtout par curiosité, pour voir comment fonctionnaient ces fameuses forces du mal. « Connais ton ennemi », un proverbe que tu as toujours appliqué. C’est devenu d’autant plus vrai avec le retour en force des Mangemorts, qui prospèrent comme de la mauvaise herbe. Une fois que l’Ordre sera sorti de la guerre contre le Blood Circle, il restera ce problème à régler. Les partisans de l’Augurey ne rentreront pas sagement dans le rang. Au contraire. Ils n’ont pas de scrupules à tuer, et si cela aide l’Ordre, cela leur donne aussi un avantage en les montrant en train d’agir.

Tes doigts courent sur les rayonnages de la librairie. Une fois de plus, il y en a tant que tu aimerais parcourir. Tu notes mentalement quelques noms et quelques titres, des éléments déjà croisés dans d’autres lectures. Ce sera pour plus tard, pour le jour où avoir un appartement et une bibliothèque ne sera plus un rêve. Une fois tes études finies… Cela reste difficile à envisager. Au-delà du fait que le conflit peut t’emporter, les années passées à guetter les attaques des hommes de ton père t’ont marqué. Est-ce que tu pourrais vraiment avoir une vie normale, une vie où tu ne craindrais plus de les trouver sur le pas de ta porte, une vie où tu aurais un vrai chez toi, sans déménagement en catastrophe,  et où tu pourrais enfin tes valises pour de bon ? Ta mère n’a jamais caché son soulagement de te savoir à Poudlard, l’un des rares endroits où ton père ne te retrouverait pas.

Tu as déjà pris le livre pour lequel tu es venu, mais tu as du mal à quitter le rayon. La présence d’Ombrage te tire de tes considérations. Quand on parle du loup… Tu pensais aux Mangemorts et en voilà un qui arrive. Que peut-il bien te vouloir ? Sa question comme la tienne sonnent convenues. Politesse de circonstance, rien de plus. Tu ne t’attends pas vraiment à ce qu’il te raconte sa vie, comme tu ne comptes pas lui déballer la tienne.
Tu hoches la tête lorsqu’il te répond. Tu espères qu’il s’en tiendra là, qu’il ne s’agit que d’un échange banal d’amabilités parce que vous avez eu l’heur de partager une mission quelques semaines plus tôt. Pourquoi viendrait-il te parler sinon ? Vous n’évoluez pas dans les mêmes cercles. Est-ce qu’il a pu apprendre que tu es né-moldu ? Tu ne le caches pas particulièrement, mais tu ne le hurles pas sur les toits non plus – et si c’était vraiment le souci, il ne t’aborderait sûrement pas en plein jour dans un commerce. Les libraires restent à l’écart, mais elles sont quand même là.

Espère-t-il que tu participes à plus de missions ? Tu n’en as de toute façon pas l’énergie et tu ne comptes pas saboter tes études. Te faire renvoyer de Poudlard n’améliorera la situation de personne et surtout pas la tienne. Ombrage ne répond pas franchement, dévie la question avec une petite couche de flatterie. « Impressionnant sur le terrain »… Pas vraiment, non. Bien sûr, pour un œil de profane, tu t’en sors bien. Tu t’en es tiré sans casse jusqu’à présent et on pourrait dire que c’est seulement ce qui compte. Pas pour quelqu’un qui a passé son enfance et son adolescence à s’entraîner. Le mélange de techniques d’arts martiaux mixtes et de krav-maga que tu utilises te permet certes de mettre un adversaire à terre le plus vite possible. Mais ces dernières semaines, tu l’as fait face à des sorciers guère entraînés à ce genre de sports, démunis dès qu’ils ne peuvent plus se servir de leurs baguettes. Et tu n’as pas encore eu l’occasion d’avoir ce genre de corps-à-corps avec des membres du Blood Circle, préférant user de ta baguette. Eux te mettraient à terre sans mal si tu n’as pas l’avantage des premières secondes, si tu ne parviens pas à les vaincre dans ce laps de temps. Une fois qu’ils sont dans ton espace, c’est fichu. Mais ça, tu ne l’avoueras pas.

Tu hausses les épaules.

— Merci, mais il n’y a rien de très impressionnant. Je suis sportif et j’aime l’action dans une certaine mesure, voilà tout. J’aide comme je peux, sans oublier le reste pour autant.

Autant tu crois dans la cause de l’Ordre, autant ce n’était pas ta seule motivation pour te rejoindre. Un jour ou l’autre, ça tournera mal pour toi et ils n’ont pas l’habitude de laisser les leurs en arrière. Tu veux croire qu’ils viendront te chercher aussi. Sa question suivante te surprend. Qu’est-ce qu’il veut vraiment ?

— Non, en effet. Je suis à Serdaigle, dans la filière Protection magique.

Le mélange d’études et d’action te convient bien, finalement, même si c’était au départ un choix dicté par la nécessité. Le droit t’aurait intéressé, mais, étant donné la situation, tu voulais continuer à développer tes compétences en magie et c’est la seule qui propose une pratique intensive. Tu n’aimes rien tant que te plonger dans les sortilèges, hors de question de renoncer à cela, et le droit restait trop théorique.
Tu poses le regard sur les livres qu’il tient, reconnaît les noms de deux penseurs. De la philosophie sorcière, tiens donc.

— Je ne voudrais pas vous retarder dans vos achats. Le Conseil doit vous laisser peu de temps libre en ce moment.

L’actualité n’est pas des plus réjouissantes. Entre l’offensive, le coup d’éclat stupide que vous avez arrêté et les échauffourées qui éclatent à droite et à gauche, tu vois mal comment la situation pourrait s’améliorer dans les prochaines semaines.


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Dim 11 Oct - 17:25

Lire des livres... Lire délivre...
C’était sans doute ce qui m'était resté en tête depuis toujours, cette petite phrase basée sur un jeu de mots en français. intraduisible dans ma langue maternelle ni en anglais. Et, encore aujourd'hui, je restais convaincu du bienfondé de la lecture. Dans ma famille, cela avait toujours été une activité privilégiée, que l’on faisait ensemble au salon, ou seul dans sa chambre. C’était comme cela quand j’étais petit et nous avions, ma femme et moi, reproduit le principe chez nous, avec nos propres enfants. Au fond, j’espérais vraiment que notre séparation n’allait pas affecter ce genre de tradition. Mais Elianor et moi avions toujours été d’accord sur ce point, il était important que Marcus et Septima soient dans des environnements qui stimulaient leur curiosité intellectuelle. Il aurait été vraiment dommage que nos enfants en arrivent à perdre peu à peu le goût de la lecture et des livres... c’était quelque chose de fréquent, l’agueusie littéraire, surtout chez les jeunes, d’après ce que j’entendais dire au bureau, mais il semblait que les molduphiles étaient bien plus touchés que les jeunes qui menaient leur vie selon les habitudes sorcières exclusivement.

Les grands auteurs sorciers ne manquaient pas. Les moins grands non plus.  Le tout était de prendre le temps de trouver la perle rare qui allait nous permettre de nous évader de la réalité quotidienne, le temps du livre.
Pour ma part, je me savais assez exigeant en matière de romans. J’avais détesté de nombreux best-sellers à cause du style de leurs auteurs ou du caractère bien trop prévisible de leur fiction... J’aimais être surpris par les romans, décontenancé par l’imprévu et l’inattendu, touché en plein cœur par des émotions soulevées par les mots de l’auteur... En soi, c’était précisément ce qui me gênait dans ma vie de tous les jours qui me plaisait le plus à travers les pages, parce qu’au fond, quand je lisais, je pouvais être tout à fait moi-même, avec ma sensibilité que je cachais au quotidien, avec mes angoisses et mes doutes... tout ce que je refoulais sans cesse pour préserver l’image d’un homme fort et droit, d’un sorcier solide et sévère. Mais je n’étais pas comme cela, et seules quelques personnes pouvaient en témoigner, parce que, avec les années, le masque dur et impitoyable que je m’étais forgé, s’il était accompagné de politesse et de convenance, n’en était pas moins un masque, et la discrétion dont j’avais toujours fait preuve au fil des années n’était qu’une façon de plus de protéger ma vie personnelle et intime.
Cela dit, depuis quelque temps, sans doute depuis la naissance de ma fille, à vrai dire, je prenais un certain plaisir à me montrer affable. Comme si cela allait faire de moi une meilleure personne. Et, au fur et à mesure que le temps passait, j’avais en effet développé cet aspect de moi-même que d’aucuns prenaient pour de l’hypocrisie. Ce n’était pourtant que la face cachée trop longtemps de l’homme que j’avais toujours été... une face que l’on ne mettait pas en avant dans ma famille, pas quand Galaad Ombrage s’était chargé de vous forger, une face qui n’était pas non plus mise en évidence dans la Cause... pourtant, cela faisait partie de moi et, si je n’avais pas suivi le conseil de mon psychomage pour me permettre de me sentir un peu mieux dans mes souliers, il était fort probable que j’eusse gardé le statut et l’image qui allaient de pair avec mon rôle au Ministère et dans ma vie privée. Je n’étais pas mon grand-père et depuis qu’il n’était plus là, je pouvais être tout à fait moi-même. C’était ce qu’il fallait retenir de tout cela.

D’ailleurs, peut-être que, d’une certaine façon, cet aspect de ma personnalité faisait de moi un mangemort plus réfléchi que certains - dont je tairais le nom, parce qu’ils se donnaient déjà assez d’importance comme cela, je n’allais pas en remettre une couche alors que cela n’aurait fait que les conforter dans cette idée qu’ils se faisaient d’eux-mêmes - ou plutôt qu’un certain homme en particulier. D’ailleurs, il arrivait que même Meredith, qui était pourtant une femme ayant bien plus de patience qu’on pouvait le croire au départ, levait les yeux au ciel en le voyant s’enorgueillir pour quelques fifrelins et autres bagatelles. C’était un peu lassant, ces gens qui se donnaient une importance qu’ils n’avaient pas.

Et s’il y avait bien quelqu’un qui me semblait d’une humilité un peu déconcertante, c’était ce jeune homme, Eirian Howl. Selon ses dires, il n’y avait rien d’impressionnant dans la manière dont il avait géré les choses lors de la mission… Ben tiens… Je préférais les gens modestes, ce n’était pas un problème en soi, mais il ne servait à rien de nier les qualités que l’on possédait lorsque cela était vrai et avéré. Cela me faisait un peu penser à ces personnes – majoritairement des femmes – qui se dévalorisaient sans cesse… Était-ce de la mésestime d’elles-mêmes ou une manière peu intelligente de faire en sorte de recevoir des compliments ? Que ce soit l’une ou l’autre solution, à vrai dire, cela n’avait pas d’importance, j’étais d’assez bonne composition pour ne pas poser la question directement. J’arquais donc un sourcil face à sa réponse.

« Votre modestie est tout à fait honorable, mais je n’ai pas pour habitude de faire usage de compliments si ceux-ci ne sont pas mérités. » Qui aurait cru que ce jeune homme puisse se débarrasser de tant d’ennemis avec un tel détachement ? Rien que sa capacité à garder son sang-froid était assez remarquable, soit dit en passant. « Je dois reconnaître que je suis assez intrigué par vos méthodes de combat. Pour le corps à corps, j’ai déjà vu bon nombre de techniques diverses au fil du temps, mais rien qui ressemblait à cela. »

Et puis, comme je lui avais posé la question concernant la maison dans laquelle il avait été réparti, par simple curiosité, en fait, il m’expliqua être chez les Aigles et étudier dans la filière de Protection magique. Encore un qui se destinait à défendre la veuve et l’orphelin… Mais il en fallait, après tout. Et même si je trouvais que les étudiants de Serdaigle n’étaient peut-être pas ceux qui devaient être dans cette filière – question de logique, puisque la sagesse et l’intellect n’étaient pas vraiment ce que ce cursus mettait en avant – il était heureux que certains jeunes ayant des compétences cérébrales optent pour une voie où leur présence pouvait apporter une plus-value dans certaines situations. « Vous devez donc connaître Amber Towsen, je suppose… » Si je ne me trompais pas, la jeune femme était bien dans cette filière, un choix de ses parents, et elle était à Serdaigle, cela j’en étais sûr. J’avais passé pas mal de temps avec elle ces derniers mois, mais elle n’avait pas trop apprécié d’apprendre que j’avais eu l’occasion de croiser la route de l’un de ses amis moldus. Comme si l'on pouvait être amis avec des moins que rien... Amber qui fricotait avec cette maudite engeance… j’en aurais presque eu la nausée.

Le garçon essaya de me remballer. Enfin, appelez cela comme vous voulez, mais c’était précisément l’impression que cela me donna. A moins que ma susceptibilité ne soit en train d’interpréter, ce qui n’était pas impossible… Cependant, je ne me formalisais pas de cette indélicatesse. « Je n’ai pas fini mes achats, mais j’ai préparé ce qui devait l’être pour la prochaine réunion du Conseil. » En effet, je n’avais jamais été du genre à prendre mes responsabilités à la légère, je préférais même, et cela n’était pas passé inaperçu auprès de mes proches, me concentrer sur cela au maximum, quitte à parfois délaisser un peu les autres éléments de mon existence. Après tout, n’étaient-ce pas mes absences répétées auprès de ma famille qui avait convaincu ma femme de me quitter ? elle avait toujours pu tolérer le reste, mais c’était parce qu’en dehors de mes écarts en tant que mari, j’étais toujours là quand il le fallait, indéfectible soutien pour mon épouse et pour mes enfants. Je le serais toujours, bien sûr, mais plus de la même manière : il était impensable que ce soit possible, d’ailleurs.

J’avais remarqué que le jeune homme avait compulsé des livres d’occasion, tandis que j’avais entre les mains des éditions assez luxueuses des essais philosophiques que j’avais choisis. Il avait regardé mes livres. « Vous connaissez ? »  
Les jeunes gens de son âge n’étaient généralement pas très férus de philosophie, mais peut-être n’était-il pas comme les autres.
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Eirian Howl
Eirian Howl
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Lumos
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Lun 12 Oct - 18:46
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« 31 mars 2020 »
Tu as eu de la chance de passer tes premières années dans un environnement privilégié et, même si ta mère et toi n’en avez jamais retrouvé l’aisance matérielle par la suite, elle a toujours veillé à ce que tu puisses suivre tes envies en matière de livres tant que cela restait raisonnable. Des deux, c’était plutôt ton père qui était moins porté dessus, malgré son éducation et sa culture. Ou, plutôt, selon lui, les livres ne devaient pas empiéter sur les heures d’entraînement. Quand tu y repenses, c’était étrange, au fond, cette enfance en partie tournée vers les extrêmes. Au-delà des mots de ton père qui manifestaient sa haine des sorciers – mais qu’est-ce que tu aurais ressenti, toi, si la magie t’avait volé tes deux parents ? – tu en gardes surtout des sensations. Le sport, bien sûr. Le pistolet, adapté, mais lourd malgré tout au bout de ton bras. Le pas de tir au sous-sol. Tu l’as toujours pris au sérieux, te voyant comme un futur chevalier prêt à défendre les innocents contre les méchants sorciers. Ta mère, elle, s’assurait que tu gardes malgré tout des occupations d’enfants, jeux et livres.
Cela a continué quand vous vous êtes retrouvés tous les deux. Vous ne pouviez pas oublier que le Blood Circle était sur vos traces. Tu voulais te défendre face à eux, et il fallait bien que tu sois capable de te débrouiller seul. Ta mère a toujours essayé de prévoir le pire, tout en espérant qu’il ne se produise jamais. Tu avais de quoi t’en sortir mieux que cela quand tu t’es retrouvé seul. À côté des heures d’entraînement, les livres restaient un moyen privilégié d’apprendre et de s’évader.
C’est dans les livres que tu as vraiment découvert le monde magique, avant de le voir de tes yeux, c’est dans les livres que tu as compris à quoi tu as échappé dans ton enfance, qu’à force de rejeter tes pouvoirs tu aurais pu devenir un obscurial, dans les livres aussi que tu as rattrapé la majorité de ton retard sur l’univers des sorciers. Cela s’est fait au gré de tes envies, il te manque parfois certaines connaissances élémentaires, même si cela devient de plus en plus rare, et sur d’autres sujets tu en sais bien plus que tes condisciples. Tu as dévoré les ouvrages consacrés à l’histoire de la magie, suivi les événements qui ont mené à la création du secret magique, absorbé tout ce que tu as vu sur ce nouveau monde qui te passionnait pour t’y intégrer, le faire tien, le comprendre au sens premier. Accepter pour de bon et définitivement la magie.
Bon, évidemment, tu as beau être à Serdaigle, tu sais [i]aussi|/i] te changer les idées, et les livres en étaient le meilleur moyen. Plus jeune, ces héros forcés de partir à l’aventure, de quitter tout ce qu’ils connaissaient te parlaient. De même que leur retour chez eux à la fin, dans la plupart des cas. Au fond, ça te donnait l’espoir qu’un jour aussi ton aventure finirait, que tu pourrais vivre tranquillement, sans avoir plus rien à craindre. Que pour toi non plus la conclusion ne serait pas trop amère. Rêverie douce et naïve de l’enfance. Même si une part de toi a toujours envie de la construire, cette fin. Sans se faire réellement d’illusions.
Sans amis ou quasiment, c’était la solution la plus simple pour te changer les idées. Ça a toujours été compliqué de te lier avant Poudlard, entre les multiples déménagements, parfois du jour au lendemain, et ta crainte de voir tes pouvoirs t’échapper en leur présence. Même si tu redoutais moins de leur faire du mal, tu savais que cela signerait de toute façon la fin de toute relation. Impossible de garder contact quand tu changes de ville, voire de pays, quand tu adoptes une nouvelle identité, quand tu essaies de disparaître comme si tu n’avais jamais existé. Impossible de laisser une trace derrière toi, une piste pour te retrouver. Les photos de classe, les réseaux sociaux, ça n’a jamais été pour toi. Avec ta mère, vous aviez chacun une figurine, et c’était elles qu’on retrouvait sur vos photos, quand vous visitiez un endroit ou un autre. Jamais ton visage. À Poudlard, tu n’as pas vraiment su agir autrement, même si les années écoulées t’ont quand même permis de nouer des amitiés. Jamais assez pour avouer la vérité, avec l’idée que les sorciers n’accepteraient pas plus la vérité que le Blood Circle. Objectivement, tu sais qu’il y a des exceptions. Mais tu n’as jamais voulu prendre le risque. Ni faire supporter le poids du secret à d’autres. Cela devient de plus en plus compliqué à présent, avec l’Ordre, bien que tu te sois efforcé de désamorcer toutes les interrogations sur ta famille, et évidemment tes techniques qui surprennent un peu.

William Ombrage a l’air quelque peu sceptique lorsque tu lui expliques qu’il n’y avait réellement rien de brillant dans ce que tu as fait. Déjà que les compliments te gênent en règle générale parce que tu ne sais pas quoi en faire ni comment y répondre, mais ici ils te paraissent surévalués. Mais l’homme n’est sans doute pas un spécialiste et ça ne sert à rien de nier davantage, cela va finir par attiser trop de curiosité. Il est de toute façon hors de question d’avouer tes faiblesses devant cet homme.

— Merci pour vos compliments, cela me fait plaisir.


Tes méthodes l’intriguent, bien sûr. Les arts martiaux n’ont pas tellement cours chez les sorciers, mais les techniques de krav-maga enseignées par ta mère restent peu courantes même chez les moldus et les arts martiaux mixtes restent encore controversés, pas acceptés dans tous les pays. Et le premier a été mis au point dans un cadre militaire, même s’il s’exporte également en dehors, pour ceux qui veulent développer leurs compétences de self-défense. Elle voulait te rendre efficace, capable de mettre hors d’état de nuire tes adversaires, voire pire. Tu sais doser tes coups ; tu n’as jamais tué, mais tu pourrais le faire. Tu as peu eu l’occasion de pratiquer en club, vous vous affrontiez tous les deux, obligés sans cesse de vous réinventer et de vous renouveler pour garder l’avantage – tu avais l’avantage de l’âge, elle, de l’expérience.

— Ce sont des arts martiaux moldus, mais ils ne sont pas très courants. Ils commencent à se développer un peu, c’est surtout axé sur le self-défense, pour arriver à se sortir rapidement et efficacement de la majorité des situations. Typiquement, comme l’autre soir.


Ses techniques à lui, pour le peu que tu en as vu, sont plus basiques, mais dans ces cas-là, l’efficacité prime sur le reste. Tu n’as clairement pas une carrure de rugbyman, tu utilises ce que tu as à disposition.
Lorsque tu évoques ta filière, il mentionne Amber.

— Ah oui, en effet, nous sommes dans la même classe. Nous échangeons un peu. Vous la connaissez bien ?

Ce n’est pas tout à fait faux, mais pas entièrement vrai non plus. Vous avez été de simples condisciples pendant un peu plus de sept ans, ne communiquant que pour les cours, mais les choses ont un peu changé depuis octobre dernier, lorsque vous vous êtes retrouvés aux mains du Blood Circle. Tu as été séparé des autres, mais vous en êtes tous ressortis assez marqués, et elle avait besoin d’échanger sur le sujet, ce qui vous a rapprochés. Tu n’en as pas dit beaucoup, mais ça t’a fait du bien aussi de pouvoir relâcher un peu la pression. De ne pas porter ça aussi tout seul. Jusqu’à quand pourras-tu continuer d’encaisser ? Tu n’as pas vraiment le luxe de te poser la question. Ça s’est un peu compliqué avec elle à cause de son frère. Tu ne lui en as pas parlé, évidemment, et tu es bien placé pour savoir qu’appartenir à la même famille ne veut rien dire. Alors, tu te raisonnes et tu essaies de faire en sorte que ça ne change rien.

Ta tentative d’abréger la conversation – ou du moins d’en savoir plus sur ce qu’il te veut, parce que pourquoi serait-il venu te voir sinon ? – échoue. Régulièrement, tu te demandes à quoi ressemblent les sessions du conseil entre membres de l’Ordre et Mangemorts, à quel point cela peut tourner à la foire d’empoigne, vu les divergences d’opinion. Tu repenses à ta discussion avec Raphaël au début du mois sur les nés-moldus, tu ne te fais pas beaucoup d’illusions sur le sujet.

Ton coup d’œil sur ses livres n’échappe pas à Ombrage. Oui, tu es incapable de résister dès qu’une couverture se balade sous ton nez, malgré le lourd pavé entre tes mains.

— De nom seulement, je n’ai pas encore eu l’occasion de les lire. La bibliothèque de Poudlard n’est pas tout à fait à jour sur le sujet. C’est dommage d’ailleurs.

La philosophie n’est pas enseignée à l’école, ce que tu regrettes. Tu n’y connais pas grand-chose toi-même, mais ça t’aurait paru une bonne idée pour aider les élèves à développer leur sens critique, interroger le monde qui les entoure… mais tu n’es pas sûr que l’élite sang-pur soit vraiment prête à se trouver contestée. L’école et le monde magique y gagneraient pourtant. De même qu’avec une généralisation de l’étude des moldus, même si tu n’aimes pas vraiment le terme, pour que les deux mondes apprennent à se comprendre. Mais c’est sans doute ton côté idéaliste qui parle. Ou alors la conscience que la guerre ne se gagne pas seulement sur les champs de bataille ; si l’un des camps écrase l’autre, tu n’es pas sûr qu’il en sorte grand-chose de bon – et d’un autre côté est-il vraiment possible de discuter avec des extrêmes comme le Blood Circle ou les Mangemorts ?



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Jeu 15 Oct - 2:06
Depuis des années, j’avais pris l’habitude de m’autoriser des achats de livres qui garnissaient désormais la grande bibliothèque du manoir. Au fil du temps, les étagères de livres avaient dû être agrandies par magie pour permettre de ranger correctement chaque nouvelle monographie qui venait rejoindre ses nouvelles comparses. Le classement respectait scrupuleusement la logique des bibliothèques : d’abord le sujet principal, puis l’ordre alphabétique des noms d’auteurs et titres d’anonymes, puis au sein des œuvres d’un même auteur, le classement se faisait par ordre alphabétique des titres d’ouvrages. J’avais ainsi pu, depuis leur plus jeune âge, enseigner à mes enfants comment s’y retrouver efficacement dans une bibliothèque, ce qui n’avait pas manqué de leur être utile à Poudlard. Dans mon bureau de chef des oubliators, je classais mes livres par dates, puisqu’il s’agissait surtout d’ouvrages concernant les recherches médicomagiques sur la mémoire et les amnésies. Quant à ma bibliothèque beaucoup plus personnelle, celle qui se trouvait dans la salle rouge de mon donjon, j’avais la fantaisie d’y ranger mes livres érotiques par hauteur de la couverture, pour former quelque chose d’un peu différent, une sorte de silhouette de vague, comme pour illustrer qu’en ce lieu, la logique n’avait ni la même présence, ni le même impact.

Fleury & Bott restait l’un de mes magasins préférés sur le Chemin de Traverse, avec, bien évidemment l’incontournable boutique de Mrs Guipure - il n’était jamais nécessaire de faire la moindre petite retouche sur les costumes trois pièces que j’y achetais, ce qui était un atout considérable de Mrs Guipure à mes yeux - et Barjow & Beurk où je me fournissais en certains produits rares dont il valait mieux ne pas évoquer le nom ou les effets devant n’importe qui.

Je devais reconnaître que depuis le départ de ma femme, j’avais repris de saines habitudes de lecture. Au fond, peu m’importait qu’elle soit désormais en couple avec une femme, tant qu’elle était heureuse, c’était tout ce que je souhaitais. Nous n’avions pas voulu nous déchirer, Elianor et moi, et encore moins que notre séparation vienne affecter Marcus et Septima. Ils devaient déjà bien assez l’être comme cela, sans pour autant le montrer ou le faire ressentir... enfin, ma fille n’avait jamais été aussi démonstrative que ces derniers temps. D’ailleurs, elle me l’avait clairement dit : je lui manquais...
J’avais moi-même beaucoup souffert, au début, à l’idée de ne plus vivre en famille comme cela avait été le cas toutes ces dernières années. J’avais bien cru que je ne me relèverais pas de ce coup dur. Et puis, peu à peu, j’avais appris à vivre sans mon épouse, en découvrant, aussi, que le concept de garde alternée, durant les périodes scolaires, n’équivalait, au fond, à rien de plus que le fait de ne pas avoir les enfants, puisque, évidemment, ceux-ci étaient à Poudlard sept jours sur sept. Autant dire que dans ces conditions, avoir une garde alternée ou pas de garde du tout, cela revenait à la même chose, à quelques menus détails près.
Pour moi, tout cela était source de douleurs, bien sûr, et si je gardais tout cela pour moi la plupart du temps, je ne pouvais nier la souffrance que je ressentais. Et me noyer dans le travail et les responsabilités, d’accord, cela m’empêchait de tourner en rond ou de trop penser. Le temps s’éternisait. Il faut dire que quand les êtres chers se mettent à vous fuir ou à disparaître de votre vie, le temps semblait beaucoup plus long. Vous avez déjà dû attendre des jours et des jours pour obtenir une réponse à un hibou express ? C’est un peu la même chose… et chaque minute passée vous semble équivaloir à un quart d’heure. C’est ce qu’on appelle la relativité et ça fait franchement chier.

Peut-être était-ce à cause de tout cela que je cherchais sans cesse à rencontrer des gens avec qui discuter de tout et de rien et des riens qui faisaient tout. J’avais besoin de remplir ma vie sociale pour me sentir un peu mieux, un peu moins morose, un peu plus important. C’était sans doute ce besoin de vie sociale qui m’avait poussé à accepter d’entrainer la jeune Nymphéa Chang, d’ailleurs, à l’instar d’Amber Towsen à qui je dispensais des leçons depuis la fin du mois de décembre.
Les jours, les semaines, les mois s’écoulaient et je voyais les progrès de la jeune Towsen au fur et à mesure, bien évidemment. Elle aurait sans doute pu avancer bien plus vite et bien mieux en venant s’entraîner plus régulièrement, jusqu’à en tomber en pâmoison de fatigue ou d’émotion. Qui sait, depuis ce baiser échangé, ce qu’elle pouvait bien penser… j’avais apprécié, en réalité, le fait qu’elle me fasse confiance et pour rien au monde je n’aurais trahi cela… jusqu’au soir du 25 février où la jeune Serdaigle avait débarqué chez moi à l’improviste, dotée d’une nervosité qui semblait grésiller comme une poêle à frire. Je l’avais accueillie, bien sûr, parce que c’était ce que toute personne bienveillante aurait fait… et je m’en étais pris plein la gueule pour pas une noise. Tout cela à cause d’un fichu espion moldu que j’avais découvert et qui avait, Salazar seul savait comment, trouvé le moyen de retourner la petite sœur de Tobias contre moi.

Les circonstances de tout cela était encore bien absconses, mais une chose était sûre : si je devais perdre cette fille à cause de lui, ce Raphaël Millet allait me le payer. Je n’avais pas oublié son visage, ni son air niais. Je n’aurais aucune difficulté pour le reconnaître et, cela allait sans dire, pour lui adjoindre quelques cure-dents bien placés. Ce sale moldu attisait ma colère à distance, comme s’il disposait d’un pouvoir pour ce faire. Mais cette fois, je ne commettrais plus l’erreur de lui laisser une telle chance de survie, j’avais été bien trop bon et généreux avec cette raclure de pourriture de fond d’ordure. Surtout s’il côtoyait des sorciers, désormais. C’était très mauvais signe, tout ceci, cela n’augurait rien de bon et il était évident que nous allions devoir agir tôt ou tard. Et puis, c’était tellement illogique d’imaginer une collaboration entre l’Ordre du Phénix et les moldus. Il y avait quelque chose de terriblement naïf dans ce rêve que nourrissaient nos semblables… à moins de vouloir se créer de nouveaux animaux de compagnie, je ne voyais franchement pas l’intérêt de nourrir des projets avec les non mages.

Aussi, lorsque le jeune garçon m’expliqua que ses techniques de terrain relevaient des arts martiaux moldus, je serrais les dents. Certes, c’était du jamais vu pour moi et j’avais trouvé cela assez intéressant, mais savoir que c’étaient là quelque chose qui venait des moldus me donna envie de soupirer de lassitude. Ces imbéciles s’immisçaient donc partout ?

« Et il n’en existe pas de version sorcière, à votre connaissance ? » Ce serait idiot de ne pas utiliser la magie dans ce genre de situation. La manumagie, surtout, sans baguette, ce serait un must. « Pouvez-vous m’indiquer le nom de ces arts martiaux, je vous prie ? » Je demanderais à Aidoneus ce qu’il en savait et, surtout, ce qu’il en pensait, lui qui était un véritable expert en combats au corps à corps et en duels, il était évident qu’il serait la personne ressource par excellence pour me permettre d’y voir plus clair… peut-être même qu’il pourrait m’enseigner l’un ou l’autre truc qui pourrait toujours me servir…

Parler d’Amber… était-ce une bonne idée ? Au vu des récents événements avec elle, à vrai dire, j’étais un peu refroidi. Savoir qu’elle fréquentait un moldu, qu’elle s’était même liée d’amitié avec lui, très certainement dans le dos de sa famille et, surtout, de son frère aîné, je voyais cela comme un profond manque de respect pour les gens qui tenaient à elle. Amber Towsen jouait les rebelles, mais ce dont elle ne se rendait pas compte, c’était que tout cela avait des conséquences à court terme, bien sûr, mais cela en aurait aussi, sans aucun doute, à plus long terme.
Alors, la connaissais-je bien ? A vrai dire, la meilleure réponse que j’aurais pu apporter était que j’avais, un temps durant, pensé que je la connaissais bien. Mais à présent, il m’était difficile de savoir quand elle était sincère et quand elle jouait les hypocrites avec moi… Je décidais de couper la poire en deux. « Nos familles sont proches depuis bien longtemps. »
Entre Elianor qui connaissait Margaret depuis des années et moi qui me coltinait Thorfinn depuis pas mal de temps aussi, je ne pouvais pas nier que nos familles étaient liées. Par le sang également, d’ailleurs, bien que cela ne soit jamais réellement relevé, puisque Margaret Selwyn était une petite cousine de ma grand-mère paternelle, Victoria Selwyn.

Avais-je vraiment envie de poursuivre tout ce cirque autour des Towsen ? Je n’en étais pas sûr. Tobias était la valeur sûre de cette famille. Le reste ne m’importait pas. Ou plus, dans le cas d’Amber. Pas tant que je ressentirais comme un cuisant affront son irruption inopinée chez moi la fois dernière. C’était dommage, d’une certaine façon, parce qu’une aussi jolie fille, de bonne famille, aussi intelligente et sage, qui gâchait son potentiel et sa vie en fricotant avec des moins que rien… Mais mon jeune interlocuteur la connaissait et lui parlait parfois. Il était heureux que la jeune femme ait aussi des contacts avec autre chose que des moldus. Je n’aurais pas aimé devoir la considérer comme une traître à son sang, à l’instar de ces empotés roux qui se reproduisaient comme des lapins, les Weasley. « C’est une jeune fille intelligente et avide de connaissances. Cependant, je connais mieux son frère qu’elle, en réalité. »

Mais à partir de quel moment pouvait-on penser connaître quelqu’un ? le connaître vraiment, s’entend… Avec le recul et les récents événements, j’avais la très désagréable impression qu’il ne fallait compter sur personne. Hors de question de faire confiance en quelqu’un qui n’en valait pas la peine… mais comment pouvait-on se rendre compte que la personne faisait partie de cette catégorie sans avoir sous les yeux des preuves qui forçaient à regarder la réalité en face.
Qu’il s’agisse d’Amber, de Myrna, ou de n’importe qui d’autre… les gens étaient décevants en général et seules quelques exceptions sortaient du lot. En ce sens, le premier nom qui me venait à l’esprit était celui de Meredith Carrow. Voilà bien une personne capable de vous redonner foi en l’humanité !
Mais pour compléter cela, rien ne valait quelques ouvrages de réflexion, tels que ceux que j’avais sous le bras. Il avait raison, Poudlard n’avait jamais alloué un budget très important au sujet, puisque l’école préférait privilégier les ouvrages plus axés sur les cours dispensés à l’école. « Peu de sorciers s’intéressent aux questionnements existentiels et aux réflexions philosophiques. Beaucoup de gens pensent encore que comme rien n’est prouvé, cela n’a pas d’intérêt… » Je me souvenais avoir un jour été face à quelqu’un qui qualifiait la philosophie de masturbation intellectuelle et, à vrai dire, si l’image prêtait à sourire, le constat sous-jacent le faisait bien moins. Il y avait bien plus de branleurs que de philosophes, dans le monde, et seuls les seconds pouvaient amener du grain à moudre aux esprits avides d’apprendre et de réfléchir. A mes yeux, c’était une discipline tout à fait noble, digne de figurer dans toutes les filières de l’université, d’ailleurs, mais qui manquait encore de dorures sur son blason pour faire l’unanimité.
Le monde sorcier n’était pas encore prêt à se poser des questions de fond et encore moins à essayer de réfléchir sur le sujet de façon à produire du sens. L’essence même de la philosophie résidait dans ces principes et il était évident que ce n’était pas demain la veille que les jeunes sorciers allaient être motivés pour s’y intéresser de plus près.
Pourtant, ce jeune homme connaissait les auteurs que j’avais sélectionnés. Et il ne semblait pas fermé à l’idée de lire leurs œuvres. Voilà qui était une première. Habituellement, les jeunes de son âge se foutaient royalement du sujet. « C’est plutôt rare de croiser de jeunes gens qui s’intéressent à la philosophie sorcière… »
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Eirian Howl
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Ven 16 Oct - 21:33
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« 31 mars 2020 »
Tu revois souvent la bibliothèque de tes parents, qui te semblait immense à l’époque. Elle t’apparaîtrait certainement plus petite maintenant, mais elle resterait bien garnie. Les étagères montaient haut le long des murs. Ce n’était pas la seule pièce où il y avait des livres, mais c’était la plus grande, spécifiquement aménagée pour cela. Tes deux parents l’ont enrichie, mais elle était surtout constituée de l’héritage de ton père à l’image de l’hôtel particulier de trois étages sis dans un quartier huppé de Londres. Tu n’as pas eu le temps de l’explorer avant de fuir et que ta vie se résume au contenu de ton sac à dos.
Qu’est-ce qu’elle contient ? Tu n’en sais rien. Qu’est-ce que ton père et ton frère aiment lire ? Parfois, tu imagines leurs vies en dehors du Blood Circle. La vie que tu aurais dû avoir. Tu n’en es pas jaloux, pas vraiment, tu te souviens à quel point ton père vous menait la vie dure. Si tu étais né sans pouvoirs… Mais il est impossible de revenir en arrière et – c’est égoïste, peut-être – tu ne te vois pas vivre sans ta magie.
Victor aussi lisait à l’époque, mais il ne partageait guère avec toi. Tout était prétexte à la compétition et la rivalité avec lui ; là où il avait un avantage, il n’entendait pas le perdre. Tu t’es beaucoup rabattu sur Robin. Lui, au moins, écoutait et comprenait. Régulièrement, tu allais t’installer dans la bibliothèque pour profiter du silence, en imaginant tes parents tranquillement assis dans les fauteuils de cuir, Victor un peu plus loin. Plus unis que vous ne l’étiez réellement – à moins que les événements qui ont suivi n’aient coloré tes souvenirs.
C’est en France ensuite que tu as renoué avec les livres, quand vous avez pu vous poser suffisamment longtemps et que tu essayais d’apprendre la langue – avec ses conjugaisons pas possibles, ses accords dans tous les sens et les multiples lettres qui ne se prononcent pas. Il faudrait que tu t’y remettes d’ailleurs – un jour. La conversation avec Raphaël t’a montré que si tu arrives encore à suivre, il te faut quand même du temps pour arriver à formuler correctement. Tu as perdu en fluidité. Ta mère t’emmenait régulièrement à la médiathèque. Tu te souviens encore du jour où, paniquée, elle a cru t’avoir perdu avant de te retrouver assis sagement au fond d’un long rayon, un livre ouvert sur les genoux. Tu l’avais rarement vue aussi en colère.

Aucune des médiathèques ni librairies que tu as vues côté moldu ne valait Fleury & Botts – certaines bibliothèques universitaires, sûrement, mais tu n’y es jamais allé. L’odeur particulière, un peu âcre, du vieux papier, celle de la cire des couvertures lustrée, cuir ou maroquin. Le craquement du parchemin sec et des reliures, les lettres calligraphiées, tantôt manuscrites, tantôt imprimées. La pénombre qui complique la lecture des titres, mais invite à s’y perdre, à oublier la marche du monde à l’extérieur. Un paradis. Au début, l’apothicaire aussi possédait ce caractère de mystère et d’étrangeté – mais vu ton piètre talent en potions, tu t’es focalisé sur la librairie, refuge bien plus sûr et plus amical. Et une fois que tu y es, c’est toujours compliqué de t’en sortir. Tu t’y sens en sécurité d’une certaine manière. Même si c’est illusoire. Encore plus quand on vient te parler alors que tu aspires à la tranquillité.

En soi, Ombrage ne commet rien de mal. Et c’est sans doute normal qu’il vienne te saluer, puisque vous avez fait équipe quelques semaines plus tôt. Mais avec lui, comme avec d’autres, tu ne sais plus comment réagir, comment gérer des conversations banales, quotidiennes. Mangemort ou pas, ce n’est qu’un moteur supplémentaire pour ta méfiance, qui surgit dès qu’une conversation imprévue arrive. Qu’est-ce qu’untel a vraiment derrière la tête ? Pourquoi venir te parler, à toi ? Qu’est-ce qu’il veut ? Où est le piège ? Adolescent, tu avais parfois ce genre de réactions, mais là… c’est de pire en pire, et c’est épuisant. Tu n’arrives pas, plus, à te dire qu’il voulait simplement discuter. Et tu ne sais plus ce qui relève de la méfiance normale et ce qui est trop, surtout, avouons-le, face à un homme adulte.
Ça allait encore il y a quelques mois, mais ta capture en octobre par le Blood Circle et les kidnappings sauvages par Towsen ces dernières semaines t’ont refait perdre pied. Tu appréhendes le moment où il essaiera de te maîtriser – et tout en te doutant que c’est ton cerveau qui se joue des films, tu n’arrives pas à te débarrasser complètement de ces impressions.

Lorsque la conversation glisse vers les arts martiaux, sa réaction quand tu parles de sports moldus ne t’échappe pas. Bien sûr. Mangemort encore et toujours. Et pour le coup, tu ne comptes pas lui dire toute la vérité. Ils possèdent déjà bien assez d’armes sans que tu lui en donnes des supplémentaires ni que tu trahisses tes atouts. Il n’est certes plus tout jeune, mais les sorciers ont une plus grande longévité que les moldus.

— Non, je n’ai jamais entendu parler de version sorcière de ces sports, mais je ne me suis pas particulièrement renseigné. Je pratique surtout le judo, et un peu de boxe.

Les arts martiaux mixtes empruntent un peu à l’un et à l’autre, tout en piochant allègrement dans d’autres sports. Et tu gardes le reste pour toi.

La discussion dérive sur Amber et là aussi tu ne dis pas tout. Au cas où, pour vous protéger l’un et l’autre, mais aussi parce que cela devient de plus en plus difficile de dire la vérité, même pour des choses bégnines. Même tes « ça va, je vais bien » sont devenus des mensonges. C’est plus simple et plus rassurant de toujours tourner autour de la vérité, de la frôler sans jamais la dire. Même si tu te détestes pour ça, pour arriver à regarder les gens dans les yeux tout en les baratinant. À part avec Robin, en février, tu n’es même pas sûr d’être encore capable de la dire.
Elle te fait peur, cette vérité, surtout les réactions qu’elle engendrera. Chez Élise, Elias ou Raphaël, même, bien que vous ne vous connaissiez pas depuis longtemps. Tu apprécies sincèrement vos échanges et vous vous entendez bien. Elias pourrait comprendre, né-moldu lui aussi, qui s’est fait mettre à la porte de chez lui et a été recueilli par sa grand-mère. C’est plus flou du côté des sorciers – enfin, tu vois assez souvent leurs réactions autour du Blood Circle pour n’avoir pas grand mal à imaginer ce que cela donnerait. Et Raphaël qui s’est engagé dans l’Ordre, qui dénonce justement les exactions du Blood Circle… Sans même parler de la catastrophe de l’offensive de février, où ton père et ton frère se trouvaient sûrement, alors que toi, tu as fait le choix de ne pas y participer. Qu’est-ce qu’ils diraient en entendant la vérité ? En prenant conscience des années de mensonge qu’elle implique ? Ça te terrifie de voir leur regard sur toi se transformer, et tu n’as aucune envie de te retrouver plus seul que tu ne l’es déjà. Tout en sachant que tu bâtis tes relations en partie sur du vent et du sable.

Tu as bien fait de ne pas trop t’avancer. Ombrage souligne que la famille d’Amber et la sienne sont proches depuis longtemps. Forcément. Y a-t-il des sang-pur qui ne se connaissent pas ? Tu en doutes. Ce milieu clos a quelque chose de fascinant tout en ne donnant guère envie de s’en approcher. Cela te fait penser à Helios Carrow, si imbu de sa prétendue supériorité, qui, en se rendant compte qu’il ne connaissait pas ton nom, t’a demandé d’où tu venais comme pour tenter de voir à quoi te relier. Comprendre qu’un né-moldu lui avait sauvé la mise ne lui a pas franchement plu.
Et Ombrage doit donc bien connaître Tobias Towsen – cela leur fait un lien en sus du fait qu’ils sont tous les deux Mangemorts. Pour l’heure, Towsen garde pour lui ce qu’il t’a fait avouer. Tes mains se crispent sur le grimoire que tu tiens, tandis que tu le revois penché sur toi, en train de te tirer la tête en arrière pour te faire avaler de force son maudit Veritaserum. Il a ta vie entre ses mains, et il peut changer d’avis à ton sujet d’un claquement de doigts, s’il y trouve le moindre intérêt. Ombrage continue de parler d’Amber, mentionne qu’il connaît mieux son frère qu’elle.

— Oui, c’est une vraie Serdaigle, tu réponds un peu distraitement. Je ne connais pas son frère, par contre, je l’ai peut-être aperçu une fois ou deux mais c’est tout… Il paraît qu’il est bon en missions.

S’il détaille un peu leur lien, c’est toujours bon à prendre.
La philosophie paraît un sujet moins conflictuel. Pour le coup, tu es d’accord avec lui.

— C’est dommage. C’est toujours intéressant de découvrir d’autres façons de comprendre et penser le monde. Surtout en ce moment. Sans compter que cela ouvre à la réflexion et permet d’avoir un œil plus critique sur ce qui nous entoure.


Et qu’y a-t-il vraiment à prouver ? Bien sûr, les philosophes cherchent « la » vérité, mais devant la diversité des courants de pensées comment imaginer qu’il y en une seule, unique et immuable ? C’est en tombant un peu par hasard sur des ouvrages de philosophie sorcière à Poudlard que tu as commencé à t’y intéresser, et tu as fait quelques recherches côté moldu pour les confronter. Ce n’est pas un sujet qui te passionne énormément, mais tu trouvais cela intéressant pour mieux comprendre la façon de voir des sorciers, comment ils pensaient et écrivaient le rapport avec les moldus, au-delà des idéologies du sang. Quel sens ils donnaient au monde avec la magie. Même chez les Serdaigle, ce n’est pas un domaine qui rencontre beaucoup d’écho. Et les journées n’ont que vingt-quatre heures, il en faudrait au moins le double pour assouvir ta curiosité. Même en mettant tes insomnies à profit, il restera toujours trop de choses à découvrir – ce qui reste malgré tout rassurant.

— Je suis loin de m’y connaître vraiment, je n’ai lu que quelques ouvrages assez généraux pour comprendre comment les philosophes sorciers percevaient le monde et s’ils avaient des vues communes avec les philosophes moldus.

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Dim 18 Oct - 23:32

Croiser des gens par hasard, c’était bien souvent l’occasion de se poser une tonne de questions plus ou moins dignes d’intérêt. Je me demandais souvent ce que pouvaient bien penser mes interlocuteurs – et pour cela, vraiment, je regrettais de n’avoir jamais fait les démarches pour me trouver quelqu’un capable de m’enseigner la légilimancie et l’occlumancie… mais il n’est jamais trop tard pour apprendre, n’est-ce pas ? Le tout serait de trouver cette perle rare…
Je savais bien que quiconque s’amuserait à essayer de suivre le fil de mes idées pourrait avoir du mal à s’y retrouver. L’arborescence avait ceci de particulier que ce n’était sans doute pas quelque chose de compréhensible par le commun des mortels… et j’avais parfaitement conscience de cela : les gens ne pouvaient pas me comprendre, puisqu’ils ne fonctionnaient pas de la même manière. Je n’avais pas rencontré beaucoup de personnes ayant cette caractéristique neuro-atypique, mais lorsque je croisais des spécimens qui étaient comme moi, étrangement, une sorte de connexion se faisait, comme si nous pouvions sentir cette accointance sans même avoir à ouvrir la bouche.

C’était un peu ce qui s’était passé avec Hyacinthe Chang. Une intuition, quelque chose comme ça... on avait senti un truc invisible, qui nous rapprochait, on avait tissé quelque chose, lui et moi, par la conversation d’abord au Ministère, quand nous prenions un café ou un thé ensemble, puis en Norvège, aussi, un peu par hasard, d’ailleurs... Le jeune homme était alors parfois un peu perdu par rapport à ses émotions. Il réagissait un peu trop vite, ce qui lui causait parfois des soucis... j’avais essayé de lui apprendre ma technique, à savoir passer de l’émotion à « je me demande ce que je vais dire » puis à « je me demande ce que l’autre va ressentir » et puis enfin agir. Les deux étapes intermédiaires étaient importantes pour nous car, sans elles, nous pouvions être dans la réaction excessive bien trop rapidement. Et pour vivre en société, ce n’était pas l’idéal.
Il y avait bien longtemps que j’avais appris à me fondre dans la masse, à feindre d’être idiot, parfois, pour ne surtout pas montrer que j’avais déjà une dizaine de fils rouges dans la tête et peut-être, aussi, une bonne longueur d’avance.
C’était, pourtant, un sujet assez tabou. Parler de douance, c’était se confronter directement à toutes sortes de préjugés et de stéréotypes. Les gens parlaient toujours sans savoir, ce n’était pas nouveau. Et s’ils ne parlaient pas, ils jugeaient en silence, ce qui n’était certainement pas mieux.

J’avais toujours eu à cœur de ne pas trop mettre cela en avant, de rester humble, parce que c’était aussi bien une bénédiction qu’une malédiction, au fond, et je n’en maîtrisais pas tous les aspects. La surefficience mentale, ce n’était pas simple, parce que cela impliquait bien trop de choses… Les sens plus développés que la moyenne, une hypersensibilité difficile à gérer, parfois, des émotions envahissantes et étouffantes, les miennes mais aussi celles des autres… Il m’était souvent arrivé de chercher une manière de mettre tout cela en pause, mais ce n’était pas possible, alors, au fur et à mesure que le temps passait, j’avais pris sur moi pour me construire, un peu à la fois, une sorte de « Protego à sentiments »… Mais je ne m’en sortais pas toujours avec tout cela, car rester consciencieusement concentré pour bloquer certains éléments, cela demandait beaucoup, vraiment beaucoup d’énergie. Et encore, parfois, je m’en voulais, je me trouvais égoïste ou apathique, parce que les sentiments, c’était tout de même ce qui nous différenciait en grande partie d’autres sortes d’êtres vivants… Avec le temps, j’arrivais de mieux en mieux à volontairement me couper de certains affects, mais cela ne fonctionnait pas toujours et il suffisait d’un déséquilibre, même infime, pour que tout cela s’avère inutile et bien peu efficace.
J’avais toujours essayé de réagir vite aux émotions, mais en ayant pris le temps, le plus possible, de faire redescendre l’état d’esprit qui dominait sur le moment, qu’il s’agisse de colère, de tristesse, de frustration ou de sentiment d’abandon… je voulais analyser les causes et le pourquoi, voir la situation sous un angle tout neuf… Récemment, c’était l’histoire de ma séparation qui m’empêchait d’arriver à faire cela correctement.
Et puis, il y avait le conformisme…
Comme j’étais différent, que je m’étais toujours senti différent, depuis tout petit, j’essayais de me conformer, de rentrer dans une case qui pouvait me correspondre, pour que personne ne puisse ensuite me trouver bizarre… J’avais toujours été très exigeant, envers moi-même d’abord, mais aussi envers les autres, ce qui faisait, évidemment, que je pouvais passer pour quelqu’un de maniaque, de coincé ou de rigide… Force m’était de le constater : je pouvais bel et bien être tout cela. Et Phoebus Malefoy ne se trompait donc peut-être pas tout à fait, mais il ignorait le pourquoi du comment.

J’avais toujours été doté d’une certaine curiosité. J’aimais découvrir des choses nouvelles, acquérir de nouvelles connaissances, apprendre de nouvelles compétences… Bref, j’étais insatiable dans l’idée d’apprendre et de découvrir… et c’était pour cela que cette forme de combat qu’avait utilisée le jeune garçon m’intriguait. Je ne m’y connaissais pas, mais il m’avait semblé que les techniques du Serdaigle étaient dignes d’intérêt. Il allait vraiment falloir que je me renseigne, puisque lui n’était pas très au courant. Il évoqua d’autres sports dont je n’étais pas très informé non plus, enfin, si, je connaissais les principes des versions sorcières de la boxe et du judo, parce que Marcus avait, à une époque, voulu faire un peu de boxe sorcière et que Septima avait été attirée par le judo, mais les randori face à certains adversaires avaient tôt fait de la démotiver.
« Je me renseignerai, alors. » Peut-être même que ce cher Aidoneus connaissait déjà certaines choses. J’étais persuadé que l’homme était la personne la mieux placée pour m’apprendre des choses sur le sujet. Peut-être même qu’il pourrait m’enseigner des mouvements d’attaque et de défense. « Sportif et intellectuel, alors ? C’est un mélange assez intéressant. »

Bien sûr, le cliché de l’intellectuel à grosses lunettes qui passait sa vie à la bibliothèque n’était qu’un cliché… et j’étais bien placé pour le savoir, mais il était plus rare de trouver des gens passionnés à la fois de sport et de culture. Un mélange assez surprenant, puisque bon nombre de sorciers se disant cultivés n’avaient que bien peu d’intérêt pour les disciplines sportives.

Cela dit… la jeunesse d’aujourd’hui n’était pas la même que celle de mon époque et quand nous nous mîmes à parler d’Amber Towsen, quelque chose se crispa en moi. Evidemment… Elle était appréciée par les autres étudiants de Serdaigle… enfin, c’était ce que je pensais… Mais cela ne m’aurait pas étonné qu’elle soit aussi particulièrement appréciée du côté de l’Ordre du Phénix. Cette petite y avait sans aucun doute des contacts, peut-être même plus étroits qu’au sein de nos rangs à nous… Après tout, n’était-elle pas le genre de fille à se rebeller contre son père, d’abord, puis contre sa famille, par extension ? Sa proximité avec un moldu me dérangeait et j’étais persuadé que cela ne devait pas plaire non plus à Tobias, ni à Margaret et Thorfinn… Pour ma part, en tout cas, quand j’avais appris l’existence de cette relation, j’en avais été particulièrement déçu. Parce que si j’entrainais Amber depuis des mois, cela n’était pas pour qu’elle ait de quoi se battre contre nous, mais bien pour qu’elle puisse se défendre contre son imbécile de père… Et à présent, j’appréhendais le moment où elle choisirait son camp, car quelque chose me disait que sa visite récente au manoir n’était pas quelque chose de très positif pour nous. Et je savais également que je serais bien incapable de lui faire le moindre mal, parce que cette jeune femme aurait pu être ma fille, parce que je l’avais vue grandir, parce que, mine de rien, au fond, j’avais de l’affection pour elle… Comme j’en avais pour son frère, d’ailleurs, dans une autre mesure.
« Il est plus que bon, on peut dire qu’il est excellent. » Tobias et les missions… ces derniers temps, il les enchaînait, je voyais passer bon nombre de rapports où son nom apparaissait… Le jeune homme se démenait pour faire avancer la Cause, en s’investissant et en donnant de sa personne, mais, même si je me devais de trouver cela bienvenu pour le Conseil et pour notre Cause, je ne pouvais m’empêcher de m’en faire pour lui. Parce que Tobias prenait des risques et que je ne voulais pas qu’il lui arrive quoi que ce soit.

J’avais toujours ressenti beaucoup d’affection pour ces deux-là. Tobias et Amber… Allez savoir pourquoi, je me sentais proche d’eux, je les aimais, presque aussi fort que j’aimais mes propres enfants. Et c’était pour cela, sans aucun doute, que l’attitude de la petite sœur de mon ancien apprenti me faisait cet effet-là. Je ne pouvais pas accepter cela parce que je l’aimais, justement. Et plus on aimait les gens, plus ils avaient de chances de nous décevoir.

« Ne confondez pas philosophie et idéologie, je vous prie… Ce sont deux concepts très différents. » J’aimais que l’on ne mélange pas tout, c’était tout à fait légitime, à mes yeux, de différencier ce qui devait l’être. « La philosophie est l’amour de la sagesse, tandis que l’idéologie est un ensemble de croyances, d’idées et de doctrines. La seconde se nourrit de la première, mais non l’inverse… Un philosophe qui se laisserait tenter à faire de l’idéologie viendrait polluer toute son œuvre de réflexion. On dit qu’en tant que telle, la philosophie "laisse les choses en l'état". L'idéologie au contraire introduit ses "idées", explicitement ou implicitement, comme normes et préceptes. »

J’aurais aimé ne pas être aussi à cheval sur le jargon, mais chaque mot avait toujours eu son importance pour moi. Un terme n’avait jamais de parfait synonyme, il y avait toujours une nuance, parfois vraiment infime, mais elle était bien là…
Je me revoyais discuter de mon goût pour la psychomagie et la philosophie avec Hyacinthe, des mois auparavant, lui qui ne croyait qu’aux sciences magiques, pour leur exactitude… Et j’eus un léger sourire à l’évocation de ce souvenir. « Peu de jeunes de votre génération se préoccupent de ce genre de sujets… Vous êtes surprenant, Eirian. » Surprenant parce qu’il était sportif, intelligent et apparemment assez curieux également. « Et donc, en faisant cette étude comparative, vous avez trouvé quelque chose d’intéressant ? »

J’avais déjà entendu parler de certaines choses, mais surtout des comparaisons au niveau de certaines idéologies que l’on pouvait considérer comme relativement proches, mais au niveau des philosophies, je n’avais pas vraiment eu le temps – ou pris le temps, peut-être – de chercher ce qui se faisait du côté du monde moldu. Cela ne m’intéressait pas vraiment, je n’avais pas besoin de connaître les philosophies moldues pour savoir qu’elles ne m’intéresseraient pas.
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« 31 mars 2020 »
Depuis que tu as fui ou presque, tu te sens en marge en monde, sans vraiment savoir quelle est ta place, ni si tu en as seulement une. Existe-t-il un endroit pour quelqu’un comme toi, un endroit où tu pourrais te sentir bien, vraiment bien, et en sécurité ? Côté moldu, ton père n’arrêtera jamais de te traquer, ton frère suit le même chemin et tu sais que tu ne pourrais pas vivre sans la magie, elle fait trop partie de toi, tu y trouves trop de réconfort. Et côté sorcier… après neuf ans à Poudlard, tu as assez entendu fuser de « sang-de-bourbe » pour savoir à quoi t’en tenir. Bien sûr, tous n’agissent pas de cette manière, mais ça fait partie des menaces malgré tout. Au fond, tu as l’impression d’être coincé entre les deux mondes, un pied dans chaque, sans te sentir bienvenu dans l’un ou l’autre. Tu as l’impression de n’être de nulle part et de n’être personne – ce n’est pas qu’une impression. Tu n’as pratiquement personne pour te retenir ou presque, à part Robin, le seul à savoir la vérité, le seul avec qui tu peux être toi-même sans arrière-pensée, sans avoir besoin de surveiller tes mots, même si tu ne lui dis pas tout sur le monde sorcier ou ce que tu vis. C’est au moins quelques heures où tu peux relâcher un peu de pression.
Tant qu’il y avait ta mère, tu arrivais plutôt bien à jouer le jeu ; les mensonges n’étaient pas un problème puisqu’il y avait un endroit où tu pouvais tomber le masque et te réfugier pour te ressourcer. Depuis presque trois ans qu’elle a disparu, tu ne peux plus baisser ta garde. Et le seul qui sait, à part ton cousin, c’est Towsen. Il se tient à ce qu’il a dit, mais tu ne peux pas te contenter d’attendre sans rien faire jusqu’au moment où il te demandera d’agir pour lui. Pour l’heure, tu n’as pas encore vraiment de plan. La fuite n’est pas une option. Repartir à l’étranger, seul, sans argent, abandonner Poudlard et tes amis… c’est tout ce que tu as, tout ce qui te donne un peu de consistance et de réalité, qui te fait sentir vivant. Tu ne peux pas laisser cela pour une nouvelle identité – et vu les accointances que Towsen a l’air d’avoir dans plusieurs pays, cela ne te mettrait pas forcément en sécurité. Il y a l’Ordre également, qui te donne un objectif, un cadre auquel tu te raccroches, un but. Et tu en as marre de fuir.

Cette impression permanente d’être à la marge, en bordure du monde, ne t’aide pas à savoir comment agir avec les autres. Tu as toujours observé de loin leur facilité à interagir sans bien comprendre comment ils s’y prenaient. Est-ce que tu étais ainsi avant la fuite ou est-ce le poids des mensonges qui a fini par brouiller tes capacités à communiquer ? Tu l’ignores. Ça n’a pas d’importance au fond. Une fois en cavale, toute amitié réelle était proscrite, à cause de la crainte que tes pouvoirs ne t’échappent, mais aussi la conscience que tu pouvais disparaître du jour au lendemain sans laisser de traces. C’était plus simple de ne pas avoir d’attaches. Même si, parfois, la solitude est plus que douloureuse. Entendre tes condisciples parler examens, choix d’orientation, projets pour les vacances a toujours été un peu étrange, et tu n’es jamais parvenu à te mettre au diapason. Bien sûr, tu jouais le jeu et inventais les réponses, mais tu prends chaque retour à Poudlard comme un cadeau, la confirmation que tu as bien survécu à l’été et que tu es de nouveau à l’abri pour quelques mois, à l’exception des vacances de Noël lorsque tu retrouvais ta mère.
Amitié, amour même… tout ce que tu ne peux pas construire, là où la comédie s’arrête, parce qu’autant tu peux avoir l’air d’accorder ta confiance, autant tu ne l’as jamais fait pour des choses qui comptaient vraiment. Toujours sur tes gardes, toujours à craindre le retour de flamme. Il t’a toujours paru plus prudent de rester dans la ligne de tes mensonges pour ne pas briser le fragile équilibre autour de toi. Tu es bien assez seul sans avoir besoin que tes rares fréquentations te tournent le dos. Towsen a parlé d’Azkaban, lors de votre première discussion, là où selon lui l’Ordre t’enverrait s’il découvrait la vérité. Pour le coup, tu l’as cru, parce que c’est exactement ce que tu imagines : qu’ils te verront comme un traître, un infiltré. C’est ainsi que les sorciers jugent : né-moldu, pas tout à fait l’un des leurs, et tu ne les penses pas capables de passer au-delà. Sans même parler de ta tendance à prendre la défense des moldus, à chercher la paix entre les deux mondes, ton refus de participer à l’offensive contre le quartier général du Blood Circle. Comment tout cela serait-il réinterprété si ta véritable identité venait à être découverte ?
Les Mangemorts se débarrasseraient de toi, à moins d’arriver à sécuriser tes arrières. Surtout vis-à-vis de Towsen, pour qu’en cas de malheur, il tombe aussi, que ses actes soient révélés. Pour le coup, tu aurais besoin d’aide et c’est là que ça coince. Bien sûr, tu vas travailler à renforcer tes capacités, c’est pour cela aussi que tu as envoyé une demande de stage au bureau des Aurors et que tu comptes bien en profiter au maximum. Peut-être pourras-tu nouer des contacts utiles là-bas. Et il faut que tu arrives à exister un peu plus au sein de l’Ordre, pour que ta disparition se remarque assez vite. Tu as toujours joué l’invisibilité et la discrétion jusqu’à présent, en t’efforçant de ne jamais te faire remarquer, mais cela ne te protègera plus. Il y a un nouvel équilibre à trouver, et rapidement.

Parlant de Mangemorts, Ombrage est toujours là. Un danger lui aussi, que tu ne commettras pas l’erreur de sous-estimer. Tu n’as pas manqué sa proximité avec l’Auror, pendant la mission, ils avaient l’air de se connaître de longue date. Certes, Sean est plutôt du côté de l’Ordre, mais on ne sait jamais. Les Mangemorts sont implantés depuis assez longtemps dans la société sorcière pour avoir de nombreuses ramifications et des soutiens discrets.
Pour l’heure, Ombrage s’étonne que tu allies autant le sport aux matières plus intellectuelles qui ont la faveur des Serdaigle.

— Mens sane in corpore sano, comme on dit. Négliger l’un ou l’autre me paraît absurde, cela ne devrait pas être un mélange si rare.

À propos de cela, tu en profiteras pour te renseigner sur le versant sorcier de certains sports, histoire de ne pas être pris au dépourvu si tu te retrouves un jour face à un sorcier un peu plus sportif que la moyenne – et surtout qui ne compte pas uniquement sur sa baguette pour s’en sortir. Ce ne sont pas les plus nombreux, mais tu ne peux pas les négliger.

La conversation dérive sur Amber. Elle ne doit pas avoir la vie facile non plus entre son frère et le reste de sa famille – tu ne les connais pas, mais tu doutes que Tobias soit une exception dans la famille. Tu espères qu’elle choisira le côté de l’Ordre du Phénix à terme, tout en mesurant les potentielles conséquences d’un tel choix, les déchirures que cela pourrait entraîner. C’est tellement… Pourquoi faire des gosses si c’est pour les rejeter et les haïr dès qu’ils ont le malheur de ne pas correspondre à l’image qu’en ont les parents ? Est-ce que c’est vraiment si dur ? Tu ne laisses pas tes pensées dériver du côté de ta mère. Jamais tu ne pourras la remercier assez – et le moins que tu puisses faire, c’est de la sortir des ennuis dans lesquels elle est par ta faute.

Ombrage confirme que Towsen aîné est excellent pour les missions. Ce qui n’arrange pas tes affaires. À moins qu’il ne s’y fasse tuer, mais en général la mauvaise herbe est dure au mal. Si le Blood Circle pouvait te débarrasser de lui, tu en serais reconnaissant. Pas trop, mais cela t’enlèverait une bonne épine du pied. Tu hoches la tête devant la réponse d’Ombrage, il n’en dira sans doute pas plus sur le sujet.

— J’ai l’impression que malgré toutes les missions que l’on peut faire, les uns et les autres, la situation reste figée en ce moment.

Vous êtes toujours seuls dans le rayon, et tu veilles à garder une voix plutôt basse, sans chuchoter pour autant. Sans même parler de l’échec de l’offensive, le Blood Circle a largement gagné en force et en assurance avec l’arsenal de technologie à sa disposition. Certes, la magie reste plus puissante, mais vous n’êtes pas assez nombreux.
Pour le coup, tu ne t’attendais pas vraiment à discuter de philosophie avec Ombrage. Mais pourquoi pas ?

— Je ne confonds pas les deux. L’idéologie simplifie beaucoup trop la réalité, nie les questions et tord le monde pour l’enfermer dans ses théories et ses principes, plutôt que de s’ouvrir à lui comme la philosophie. Il y a toujours une volonté de découverte dans cette dernière, et surtout pas une volonté de normer le monde. C’est pour cela que je pense que ce serait utile qu’elle soit réellement enseignée à Poudlard. Certains élèves se laissent aveugler par les idéologies de quelques sorciers et ne voient le monde que par le petit bout de la lorgnette…


Tu ne le provoques pas vraiment, mais à tes yeux, l’idéologie du sang est vraiment une gangrène pour la société sorcière. Et plutôt que de se battre pour savoir qui a la meilleure place sur l’échelle de la pureté, les sorciers feraient mieux de s’en rendre compte qu’ils partagent les mêmes pouvoirs… et les responsabilités qui vont avec. Cela aussi mettra des années à se résorber, et cela n’arrivera pas tant que les sang-pur et leurs proches continueront d’occuper les postes clefs de la société sorcière.

Ta curiosité pour le sujet surprend Ombrage. Tu hausses un peu les épaules sans renier entièrement le compliment. Mais tu as toujours eu du temps pour lire et tu as décidé de le mettre à profit.

— J’ai toujours eu beaucoup de curiosité, surtout en ce qui concerne le monde magique. Je ne me limite pas dans mes explorations… avec le revers que cela comporte : je ne peux pas toujours approfondir autant que nécessaire. Comme pour la philosophie : l’étude comparative se fait sur mes loisirs et je n’ai pas eu le temps de m’y pencher récemment. Mais c’est intéressant de voir comment certains courants se rejoignent tandis que d’autres diffèrent. Nos deux mondes sont proches et ont beaucoup à apprendre l’un de l’autre.


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Jeu 22 Oct - 16:54
Tout au long de la vie, on s’imagine que tout va bien se passer. On essaie de se convaincre, de trouver des pistes, des solutions ou des idées... et, au final, quel pourcentage de chances y a-t-il d’arriver à faire quelque chose à partir de tout cela ? La vie était une garce, elle l’avait toujours été et ne s’en était jamais cachée. Cette pute était pourtant perçue comme tout autre chose, c’était comme parler d’une femme de petite vertu comme d’une grande dame alors que tout le monde savait qu’elle avait le feu aux fesses. Angus me ferait sans doute la morale, s’il devait m’entendre penser ainsi, mais il était tout de même bien placé pour savoir que la vie ne me faisait pas de cadeaux et que si je voulais obtenir quelque chose d’elle, il me fallait le prendre par moi-même.
Pour vivre, il fallait à un moment ou un autre finir par ouvrir les yeux. Sur soi, sur ses proches, sur le monde… Ce n’était pas facile de se rendre compte qu’on n’était pas exactement comme on aurait voulu être, que la vie que l’on rêvait était si éloignée de la vie qui était la seule que l’on pouvait vivre… parce qu’au fond, il y a toujours cette distinction, ce constat horrible, entre le rêve et la réalité. Et puis, il y a le questionnement, l’interrogation perpétuelle… les « et si »… autant de manières d’envisager des hypothèses, des possibilités et des idées, dont la plupart ne quitteraient jamais ce statut de simples pensées… et dans ce contexte particulier, aucun homme, aucune femme, nul être vivant, peut-être, ne pouvait guérir de son enfance.
Et quand j’exposais ma façon de voir les choses à mon psychomage, ce dernier essayait par tous les moyens de me faire entendre sa version, mais je ne vivais pas dans le monde des boursoufs tout mignons, moi, et ça, il avait parfois tendance à l’oublier.

Discuter avec ce garçon, c’était comme une parenthèse dans cette journée. Le jeune homme s’était montré efficace sur le terrain et, ici, je découvrais de lui des facettes qu’aucune mission de quelques heures à peine n’aurait pu me dévoiler. Il n’y avait rien de mieux qu’une vraie conversation pour faire se révéler les gens, car, même si l’ont était toujours libre de choisir ce que l’on souhaitait dire ou non, le corps possédait son propre langage et pouvait nous apprendre vraiment beaucoup de choses sur la personne… N’était-ce pas un puissant outil de communication ? Bon nombre d’indices se trouvaient dans le langage corporel et non verbal… Beaucoup de données sur la personnalité, sur les goûts, sur la vision que l’on peut avoir des choses et du monde… L’observation et l’analyse étaient les meilleurs moyens pour moi me faire une idée de qui j’avais vraiment en face de moi. J’avais toujours analysé les gens, surtout lorsque ceux-ci se faisaient bien trop discrets sur eux-mêmes. Le mystère avait toujours attisé ma curiosité.

« Évidemment. Le juste milieu, c’est un peu ce vers quoi devraient tendre tous les systèmes éducatifs. » Après tout, tous les programmes scolaires pour mineurs impliquaient un enseignement plus culturel, avec des cours plus ou moins généraux, des matières qui formaient l’esprit, qui le forgeaient, même, et puis un peu de sport, chaque semaine, pour équilibrer… Qu’il s’agisse du quidditch à Poudlard ou des combats physiques que nous faisions à Durmstrang. « Pensez-vous que ces arts martiaux pourraient entrer dans des programmes de cours dans notre monde ? Il doit bien y avoir moyen de les adapter. »

Et comme nous étions actuellement en pleine période quelque peu troublée, puisqu'il était question maintenant de ces missions qui ne faisaient, finalement, pas énormément avancer les choses, comme le disait si bien le jeune Serdaigle, je ne pus qu'opiner.

« Vous semblez bien pressé de voir les choses changer... Mais considérez chaque mission comme des gouttes d’eau, ce sont de toutes petites qui font les océans. »

Mais au fond, il n’avait pas tort. La situation n’évoluait vraiment pas rapidement et si nous avions dans nos rangs bien des sorciers qui brûlaient d’envie de faire sa fête au Blood Circle, nous devions faire preuve de patience pour pouvoir espérer en arriver là.
Avec le temps, les moldus avaient réussi à créer des armes et des objets inhibiteurs de magie efficaces contre nous. Ce qu’il fallait, c’était avancer un peu à la fois, mes si ce n’était vraiment que bien peu de chose, et considérer chaque petite progression comme un pas de plus vers la victoire sur le Blood Circle. « Si la situation semble stagner, nous savons que ce n’est pas le cas. Il n’est pas nécessaire de faire de grands éclats pour que tout change. » Je me tus ensuite. Nul besoin de détailler. Le jeune garçon n’avait pas besoin de connaître les détails ni même la vue d’ensemble de notre progression. Il n’était qu’un pion parmi tant d’autres, au final, alors, peu importait son avis, au fond.

Dans toute situation, le silence est double. Ou bien il est vide, quand aucune parole n’a sous-tendu ce silence, ou bien il est plein, lorsque, au contraire, des phrases - et peut-être même des phrases d’amour ou d'affection - ont précédé ce silence. Accompagner quelqu’un dans un rite de passage, par exemple, cela peut être vivre un silence plein. Il vaut toujours mieux se taire que mal parler. La parole est source de malentendus. Un regard, un geste, cela peut signifier bien plus que n’importe quelle parole…
Comme il serait doux de ne plus rien dire, de n’avoir plus avoir à énoncer, à affirmer, à contredire ! Comme il serait doux que la parole se perde dans le tout, dans le logos, dans le plein recueillement, la pure intériorité !
Le langage est toujours trahison et les mots sont toujours assassins. Ils ne disent pas ce qu’ils voudraient énoncer. Ils taisent ce qu’ils voudraient dévoiler. Ils voilent ce qui pourrait s’annoncer dans la parole.

Je n’appréciais pas vraiment la manière dont le jeune homme se permit de me faire sa petite leçon de vocabulaire. Ses propos n’étaient pas vains, mais à quoi cela rimait-il de redire la même chose que moi, en d’autres termes ? J’intégrais cela comme on essuie un affront, en serrant brièvement les dents pour ne pas laisser trop vite l’émotivité prendre le pas sur la raison. C’était l’un des hipogriffes de bataille de mon psychomage, ça aussi, la gestion de ma colère, de l’impulsivité qu’elle générait… J’avais du boulot à ce niveau-là et j’en étais tout à fait conscient. Quand les émotions négatives me submergeaient, je perdais le contrôle et cela pouvait parfois avoir des conséquences légèrement désastreuses.
J’avais parfaitement saisi l’allusion aux idées concernant la pureté du sang et, comme je ne me sentais pas vraiment concerné par cela, moi dont le sang était mêlé, j’arquais un sourcil. « Les mentalités évoluent toujours plus lentement que les réalités du quotidien. » Je ne m’avançais pas trop concernant ce que je pensais réellement de tout cela, mais disons que tout sorcier, jeune ou moins jeune, connaissant mon allégeance à l’Augurey devait bien se douter que je ne portais pas les moldus en très haute estime, mais j’étais tout à fait capable de garder mes opinions pour moi-même et de ne pas faire de vagues.

Je considérais que le fait que je sois parmi les sorciers élus au Conseil d’Administration – alors que mon sang n’était pas pur, alors que Malefoy aurait peut-être pu accéder à la place, ou un autre sorcier dont la pureté n’était plus à démontrer – était peut-être bien le signe que les choses étaient tout doucement en train de changer. Bien sûr, cela n’avait pas changé du tout le regard que certains pouvaient porter sur moi, mais, entre nous, vu le poste que j’occupais au Conseil, je pouvais me permettre de les envoyer paître bien loin. Évidemment, cela n’avait pas non plus échappé à des jaloux de toutes sortes, Phoebus le premier, qui auraient eu envie de prendre ma place aux côtés de la magnifique Meredith Carrow. Autant dire que je pouvais m’estimer tout à la fois heureux et chanceux d’en être arrivé là alors que tout le monde savait que j’avais le sang mêlé. Ce que je cachais, par rapport à mon ascendance, était, bien évidemment, l’origine de ma mère. J’étais honteux de cette femme, j’en voulais énormément à mon père de m’avoir conçu avec elle. Puisse-t-elle crever rapidement, que je n’aie plus à faire semblant qu’elle était déjà morte. « Vous dites qu’il faudrait qu’elle soit réellement enseignée à Poudlard… Vous voulez dire comme discipline à part entière et non comme un simple aspect qui vient se greffer sur une matière considérée comme principale ? »

Il était clair que le jeune homme avait un certain goût pour apprendre, d’ailleurs il parlait de sa curiosité envers le monde magique. Ce qui ne pouvait signifier qu’une chose : il n’avait pas grandi dans ce monde. Mais c’était bien là quelque chose d’intéressant. Je notais mentalement l’information. « Vous avez lu Nietzsche ? » Cet auteur allemand était un sang mêlé et il avait fallu du temps pour qu’il puisse dire ce qu’il avait à dire que son œuvre la plus connue puisse être lue dans les deux mondes, sans en dire trop sur le monde sorcier. « A Durmstrang, nous avions dû étudier Nietzsche. Zarathoustra, évidemment, sa pièce maîtresse. Mais je n’ai jamais entendu un seul professeur de Poudlard en parler. Mais il est évident que ce texte est toujours d’actualité, avec une vérité criante et édifiante. Puisque vous connaissez bien le monde moldu, vous devriez pouvoir en faire une double lecture sans avoir à fournir beaucoup d’efforts. »
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Eirian Howl
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Ven 23 Oct - 20:58
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« 31 mars 2020 »
La vie est un combat et ne te fera pas de cadeau, c’est sans doute la première leçon que tu as apprise. Ton père en avait déjà planté les graines en te préparant à affronter les sorciers ; le reste est venu avec la magie et la fuite. Les fuites, même, quand les membres du Blood Circle vous ont retrouvés. Apprendre à repérer les mouvements suspects autour de toi, à te battre, à détecter toutes les issues, à te cacher, à te réveiller en quelques secondes pour filer, à avoir toujours un sac prêt avec quelques affaires : autant de leçons qui ont suivi la première, inculquées par ta mère, conditions essentielles pour survivre. Autant de leçons retenues et mises en pratique ensuite, décidé que tu étais à survivre envers et contre tout une fois tes pouvoirs acceptés. Ça n’a pas cessé au fil des années. La vie t’a pris ta vie d’alors, ta famille, ton enfance. Elle t’a pris ta mère, des années plus tard, votre appartement. Elle t’a pris… ce que tu n’as jamais voulu donner. À chaque fois que tu penses ne plus avoir grand-chose à perdre, elle te prouve le contraire, dernier exemple en date, ce fichu Veritaserum et le pillage de ton esprit. Tu profites de chaque répit en guettant le prochain coup et, avec le conflit qui commence, il ne tardera pas. Au moins, tu as la chance d’avoir Poudlard, qui te facilite grandement les choses la majeure partie de l’année.
La vie est un combat, mais tu es fatigué de lutter pour tout. Et pour un résultat dont tu n’es pas vraiment certain qu’il en vaille la peine. Tu sais bien ce qui te tire en arrière et dont tu ne parviens pas à te débarrasser, cette partie de toi cassée, déglinguée que tu n’arrives pas à réparer malgré tes efforts et qui rend la lutte encore plus difficile. Tu es fatigué de te relever à chaque fois en guettant la suite, en te demandant ce que la vie te prépare, quelle est la suite de cette blague cosmique qu’est ton existence, comme si Merlin, Morgane ou tu ne sais qui s’amusait à lui faire prendre tous les mauvais tournants possibles. Ou à mesurer combien de chocs tu peux encaisser avant de céder. Une réponse que tu n’as pas vraiment envie de connaître, même si tu as conscience de déjà la toucher du bout des doigts. Combien de temps… tu l’ignores. Pour l’heure, tu as seulement l’impression que chaque fois que tu essaies de sortir la tête de l’eau, quelqu’un l’y enfonce de nouveau. Et tu commences à manquer sérieusement d’air, tu en inspires de moins en moins à chaque remontée.

Avant, ta volonté était plus forte, tu serrais les dents, déterminé à t’en sortir, peu importe comment. Tu arrivais à voir plus loin, à imaginer un futur, toujours instable, toujours fragilisé par le Blood Circle, mais présent malgré tout. Simple rêve, mais qui t’aidait quand même. Maintenant, tu gères une étape après l’autre, au jour le jour ou presque. Ton horizon s’arrête à l’été qui vient, tu aviseras pour la suite une fois que tu auras tenu ces deux mois. Ce n’est sans doute pas normal d’en avoir autant marre, de vouloir juste… dormir et qu’on te réveille quand tout cela sera terminé. Mais tu ne peux pas, tu ne peux pas faire défaut à ta mère. Tu n’as jamais été aussi près de la retrouver. Tu n’oses pas imaginer le moment des retrouvailles, par crainte de twister le sort – avec les années, tu deviens méfiant. Tu serais moins seul, alors. Bien sûr, c’est elle qui comptera à ce moment-là, pas toi, mais elle sera de nouveau à tes côtés. Tu t’en veux de penser de cette façon ; si elle t’a appris à te débrouiller seul, justement au cas où vous vous retrouveriez séparés, ce n’est pas pour en venir à te raccrocher désespérément à quelqu’un. Même si tu as juste envie que quelqu’un te remarque, te voie vraiment.
Mais ce n’est pas pour tout de suite, alors tu continues d’avancer comme tu peux. De gérer ce qui est à portée, de te focaliser sur les cours pour garder un semblant de normalité. Et tu as toujours envie de gagner la bataille, c’est sûrement l’essentiel.

La vie t’offre encore un de ses drôles de tournants, en te mettant sur la route d’Ombrage. Si tu avais imaginé tomber sur lui en faisant tes courses… Tu n’es pas très sûr d’où tout cela va vous mener, tu restes sur tes gardes. La librairie est paisible autour de vous, en ces premiers jours printaniers, les sorciers ont autre chose à faire que de se perdre dans les rayons obscurs. Il reste étrange en tout cas de discuter éducation avec un Mangemort déclaré, dont tu es à peu près sûr que la plupart des idées sont à l’opposé des tiennes. Tu hoches cependant la tête. Le juste milieu, vaste débat, mais en ce qui concerne le sport, le monde sorcier n’est pas vraiment à la pointe. Surtout en dehors du Quidditch. Tu n’as jamais trop compris l’engouement pour ce sport, le même qu’il y a pour le football chez les moldus. Et de toute façon, avant le sport, il y a l’étude des moldus qui devrait être généralisée et ne plus être une simple option. Comment espérer que les deux mondes se comprennent s’ils ne commencent pas à se connaître un peu ? Mais ce sont des changements sur le long terme, pas pour la guerre qui arrive. Et pourtant… pourquoi attendre plus longtemps encore ?
Par contre, tu es moins d’accord sur l’idée d’adapter les sports moldus à la magie, ils peuvent aussi bien se pratiquer normalement.

— Pourquoi pas, oui, ou des sports d’équipe autres que le Quidditch, ça pourrait intéresser des élèves. Mais il n’y a pas forcément besoin de les adapter, ils peuvent très bien se pratiquer tels quels pour les mêmes bénéfices.

Tu reviens à la situation actuelle, guère engageante, de ton point de vue. Tu te doutes bien que tu n’as pas tous les éléments, et c’est frustrant. En soi, tu sais que les petits ruisseaux font les grandes rivières, mais tu aimerais bien une vue d’ensemble des choses, savoir où tout cela va. Sans doute parce que tu as trop l’habitude de gérer seul, tu ne rentres pas si bien dans le rôle du petit pion qui obéit sans réfléchir. Sans compter que ta curiosité ne se limite pas aux matières scolaires.

— Pressé que la paix revienne, oui, mais c’est sûrement l’impatience de la jeunesse.


Tu n’es pas vraiment pour les coups d’éclat non plus. Mais au moins une avancée significative… Mais s’il y en avait eu une, tu en aurais sans doute entendu parler au quartier général de l’Ordre ou même dans la presse. Si rien ne sort, c’est qu’il n’y a rien à dire. Le Conseil n’aurait sûrement pas laissé passer l’occasion de claironner une bonne nouvelle pour assurer le moral des troupes, surtout après le fiasco de l’offensive de février.

— Je ne suis pas pour les coups d’éclat de toute façon, ils sont rarement décisifs et sont surtout là pour se rassurer. Je pense surtout à la façon dont nos adversaires gagnent en force.

Ils commencent à avoir pas mal de quoi vous neutraliser entre les bracelets, ce maudit sérum qui leur permet de vous atteindre à distance… Mais de toute façon, ce n’est pas vraiment avec lui que tu tiens à en discuter. Mangemorts, Blood Circle, c’est le même panier.

Ta réponse à sa précision de vocabulaire ne lui plaît pas, c’est bref mais visible. Le terrain va devenir mouvant si vous partez dans cette direction, d’autant que tu ne tiens pas particulièrement à débattre de vos philosophies préférées avec lui.
Il souligne que les mentalités évoluent plus lentement que le quotidien. Surtout que celui-ci est déjà bien lent à progresser. Il n’y a qu’à voir la place donnée aux nés-moldus, la proportion de postes hauts-placés occupés par une certaine catégorie de la population sorcière. Au fond, sorcier ou moldu, le monde politique est partout le même.

— Réalités qui sont elles-mêmes bien lentes à évoluer.


Tu ne comptes pas entrer davantage dans les détails. La conversation avec Raphaël te tourne toujours dans la tête. Ça te paraît toujours aussi fou que le ministère ne soit pas fichu d’envoyer quelqu’un avant le onzième anniversaire de l’enfant pour lui expliquer ce qui lui arrive. Ils sont bien capables de vous trouver à ce moment-là, de vous avoir mis une trace… Alors pourquoi ne pas tout expliquer dès le départ ? Au nom d’un secret magique qui de toute façon volera en éclats ? La magie est déjà bien assez difficile à accepter pour les moldus – ou était, devrais-tu dire – sans en rajouter.
Finalement, la philosophie est un sujet de discussion plus tranquille.

— Pourquoi pas, en effet. Le programme de Poudlard est dense, mais cela pourrait être une option intéressante à mettre en place. Même si l’aborder dans une matière principale serait déjà un progrès.

Nieztsche… Tu retiens une grimace. Oui, tu l’as un peu lu, il t’a surtout donné envie de ne pas chercher plus loin à son sujet. Le terrain va commencer à devenir mouvant s’il t’emmène dans cette direction, tu as conscience que tes connaissances restent très parcellaires. Les quelques ouvrages de Poudlard ne t’ont pas mené très loin, et tu n’as pas cherché au-delà. Ces derniers temps, de façon assez basique, tu t’es concentré sur les sortilèges, la pratique magique. Une fois mort, ça te ferait une belle jambe d’avoir lu une partie des philosophes.
Mais tu as lu Zarathoustra, oui. Justement pour le parallèle qu’on peut en tirer. Les sorciers comme surhommes, les moldus comme manifestations des faibles qui cherchent à écraser les forts… Les sang-pur comme surhommes, les autres comme faibles. L’individualisme au mépris de l’humanisme. Qu’on l’étudie à Durmstrang ne te surprend pas.

— J’ai lu « Zarathoustra ». Les surhommes et la volonté de puissance, créer ses propres valeurs, se définir soi-même, l’individualisme au plus haut... mais aussi ne montrer aucune tolérance ou compassion pour ceux définis comme faibles. Et je vois bien comment certains peuvent appliquer cela aux sorciers et aux moldus, quoique les sorciers aient encore facilement une mentalité de troupeau en se définissant beaucoup par opposition aux moldus au lieu de se développer par eux-mêmes. Sans même parler de ceux qui se soumettent à d’autres.

En ton for intérieur, tu te promets de ne plus jamais parler philosophie avec un Mangemort.

— Pour ma part, je ne trouve pas ce texte d’actualité. Je rejoins bien plus l’humanisme de quelqu’un comme Kant, par exemple, que l’individualisme de Nietzsche. C’est bien plus enrichissant. L’homme ne peut pas se réaliser seul, ni en écrasant les autres. Cependant… si vous cherchez un vrai débat sur le sujet, je crains de ne pas être l’interlocuteur qu’il vous faut. Vous serez plus satisfait avec quelqu’un qui maîtrise davantage le sujet.

Tu gardes un ton neutre, assuré, mais tu espères qu’il n’insistera pas trop. Le débat d’idées avec un Mangemort n’a pas grand sens.

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Anonymous
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Lun 26 Oct - 20:03

On ne peut pas estimer connaître quelqu’un sans avoir vu la personne dans ses meilleurs et dans ses plus mauvais jours. Parce qu’on proposait toujours un visage neutre, suffisamment affable pour être inspirant, assez discret pour ne pas être un livre ouvert pour nos interlocuteurs... et puis, partant de là, il y avait un peu de tout, des tas de possibilités. De rencontres ou de ruptures. De positif ou de négatif.
Tout n’était qu’apparences la plupart du temps et il fallait être un très fin observateur pour remarquer et relever les failles et les faiblesses dans un système si bien établi. Je n’échappais, bien sûr, pas à la règle… Il s’agissait d’avoir toujours cela en tête pour parvenir à maintenir toujours un semblant d’équilibre entre le réel et le vraisemblable…
Pour moi, toutes ces apparences, que d’aucuns jugeaient bien souvent trompeuses, n’étaient que la partie émergée de l’iceberg, nous avions tous des secrets, des choses plus ou moins inavouables que nous gardions précieusement, bien cachées au fond de nous… Mais tôt ou tard, beaucoup de ces petits secrets finissaient par sortir au grand jour. Moi-même, je me retrouvais de temps à autre au cœur d’histoires pour lesquelles je n’avais rien demandé à personne… Pour cela, certains employés du Ministère de la Magie étaient pires que des concierges dans les escaliers… Je ne savais pas comment, mais bon nombre de mes infidélités avaient été connues de ma femme par ces bruits de couloirs… Certains n’avaient que cela à faire de leurs journées, être à l’affût des potins, guetter les rumeurs pour les répéter, les déformer, les amplifier… D’un certain point de vue, je me disais parfois que cette manière dont se passaient les choses n’était peut-être pas anodine. Et, entre nous, je préférais tout de même que les gens s’intéressassent à mes histoires de cul plutôt qu’à des choses plus sérieuses qui m’occupaient.

Et puis il y avait l’imprévu, le fortuit qui pouvait, lui aussi devenir la base d’une nouvelle rumeur. Tenez, par exemple, que pourrait bien se dire quelqu’un qui me verrait discuter avec ce jeune homme ? Peut-être que je les prenais au berceau. Ou alors que je racolais les jeunes hommes au milieu de livres pour les attirer à moi. Ou encore… Non, j’avais décidément moins d’imagination que les lanceurs de potins. Ce n’était pas vraiment dans mes habitudes d’écouter ce genre de propos et quand certains me parvenaient tout de même, je finissais toujours par ressortir au véhicule de la rumeur les principes de base qu’il me semblait essentiel de respecter dans ces circonstances.
Parce que, même s’il était indéniable que le jeune Howl était doté d’une bien jolie figure, je ne pouvais pas imaginer autre chose qu’une conversation un tant soit peu culturelle et littéraire. Cela me semblait logique dans une librairie renommée de ne pas envisager autre chose. Il n’y avait qu’avec ma femme ou avec Meredith que je pouvais me permettre de prendre les bibliothèques ou les librairies pour autre chose que ce qu’elles étaient. Mais, bien sûr, il s’agissait là d’une toute autre histoire et il valait mieux éviter que cela ne s’ébruite trop. Surtout pour la bibliothèque de l’université.

Je ne connaissais pas grand-chose aux sports en général, mais alors, les sports moldus, c’était très certainement le domaine dans lequel j’étais le plus largué, en dehors de mon mariage, cela allait sans dire.
Mais je devais reconnaître que j’étais d’accord sur le fait que le quidditch, c’était tout de même le seul sport vraiment très répandu dans notre monde et que, sans doute parce que le quidditch leur faisait de l’ombre, les autres sports passaient au second plan… enfin, pour ceux dont on connaissait encore un peu l’existence.
« L’hégémonie du quidditch… on en oublierait presque qu’il existe d’autres disciplines sportives ! » Ma fille adorait le sport, et plus particulièrement le quidditch, et c’était véritablement pour elle que je m’intéressais un minimum à ce sport. En même temps, si elle m’avait dit qu’elle voulait faire de l’équitation sur abraxan en compétition, il me semblait que je me serais aussi intéressé à ce domaine d’un peu plus près. En fait, tout ce qui pouvait, de près ou de loin, faire plaisir à ma petite princesse, j’y cédais très facilement, et peut-être trop facilement, même…

Quant à ses propos sur la paix… et sur sa jeunesse, je sentis que je devais les prendre avec des pincettes. D’abord pour ne pas percevoir comme une pique envers moi la remarque sur l’âge… ensuite parce que cela impliquait bien autre chose qu’une simple fin des conflits. Au moins, nous étions d’accord sur un point : faire de grandes vagues ne servait à rien, nous n’étions pas là pour cela et il était évident que le moment était à exploiter sur le fond avant tout. Bien qu’il fallût ne pas oublier l’importance de rassurer la population, encore et toujours, pour éviter une panique générale qui n’aurait fait qu’envenimer la situation.

« Le Blood Circle crée de nouvelles armes régulièrement et nos chercheurs redoublent leurs efforts pour trouver les meilleures parades. Nous ne pouvons pas utiliser leurs armes contre eux, alors il faut aussi chercher des nouveautés. Cela prend plus de temps que ce que nous voudrions. »

Si cela ne tenait qu’à moi, il y aurait déjà eu depuis un bon moment une intervention digne de ce nom. Il fallait viser Kane, le ministre moldu, puis le soumettre au véritasérum pour obtenir les informations nécessaires pour lutter contre ces fichus chasseurs de sorciers.
Or, ce ministre, nous savions bien où le trouver, puisque ce n’était un secret pour personne qu’il résidait au 10, Downing Street, au cœur de Londres, dans la cité de Westminster, comme ses prédécesseurs et comme les ministres qui le suivraient.
Bien sûr, le lieu était bien gardé, les moldus avaient beau ne pas avoir de pouvoirs, certains n’étaient pas si cons que cela. Des cons, il y en avait partout, il suffisait de voir Phoebus Malefoy pour comprendre aussitôt que la pureté du sang ne protégeait pas de la connerie… mais, à l’inverse, certains moldus étaient assez intelligents et il fallait leur reconnaître cette qualité quand elle était présente. Après tout, il n’était pas bon se sous-estimer ses ennemis, cela s’était maintes et maintes fois vérifié par le passé : une mauvaise estimation des forces de l’adversaire pouvait faire chavirer même la meilleure stratégie du monde.

Il souligna la lenteur des progrès au quotidien et, bien que j’ignorasse à quelles réalités précises il faisait allusion, je ne pus qu’opiner à cette remarque. « C’est qu’il faut toujours un temps d’adaptation… On s’habitue à tout, mais pas aussi rapidement qu’il le faudrait, en effet. »  

Au fond, pour avoir un regard réflexif sur le monde et sur ce que nous vivions, rien ne valait la philosophie. C’était une discipline que j’avais toujours affectionnée et qui, somme toute, me donnait l’impression de continuer sans cesse à apprendre. Ce qui était précisément ce que je recherchais encore et toujours. Insatiable soif d’apprendre, inextinguible curiosité. J’avais un côté érudit qui me donnait sans cesse l’envie de collectionner les informations et les connaissances… et dans l’étude, quelle qu’elle pût être, je m’étais toujours lancé corps et âme, comme si ma vie dépendait de mon bagage culturel et intellectuel.
Le programme de Poudlard était-il si dense que cela ? Je n’avais jamais dû beaucoup travailler. Je n’avais pas souvenir d’avoir rencontré de réelle difficulté pour ce qui était des cours. Cela dit, c’était typiquement le genre de choses que je ne disais pas, par simple volonté de ne pas passer pour pédant ou présomptueux.
« Certains enseignants intègrent d’emblée à leurs programmes de cours un aspect un peu plus philosophique. Pour ma part, je serais assez favorable à l’instauration, au moins une fois par année scolaire, d’une sorte de petit séminaire d’étude de philosophies et de sagesses sorcières du monde entier. On connaît bien trop peu les courants de pensée qui alimentent les traditions du côté de Castelobruxo, Mahoutokoro ou encore Uagadou… Pourtant, il suffit de discuter un peu avec des sorciers ayant étudier dans ces écoles pour se rendre compte que nous aurions pas mal de choses à nous apporter les uns aux autres. »  

Sans compter, bien évidemment, les spécialités de chaque école magique, car celles-ci pouvaient, effectivement, être un apport considérable et non négligeable. Il suffirait d’imaginer une véritable coopération pour l’enseignement au niveau international pour proposer de former des sorciers et des sorcières bien plus à même de combattre le Blood Circle… Enfin, ce genre d’idées me trottaient déjà dans la tête lorsque, tout jeune adolescent que j’étais, j’avais intégré le clan Tempête à Durmstrang. J’avais lu tout ce qui avait pu me passer entre les mains, je voulais m’illustrer, dépasser mon père pour mieux l’écraser ensuite…
Peut-être était-ce ce genre d’idées qui m’avait donné le goût de lire Nietzsche pour aller un peu plus loin dans la réflexion que sa lecture avait amorcée lors des cours à Durmstrang… Mais, visiblement, mon jeune interlocuteur n’en avait pas fait exactement la même lecture que moi.

« Vous savez, l’être humain est tout à fait imparfait. Si la pensée de Nietzsche a ses limites, il est évident que sans lui, l’absurdité du monde n’aurait pas pu être aussi aisément pointée du doigt. » Il parlait d’une mentalité de troupeau pour les sorciers, comme s’il ne s’incluait pas dans le lot et cela me fit légèrement tiquer. « Vous êtes pourtant un sorcier. Mais… vous vous voyez peut-être comme n’appartenant pas à ce troupeau ? Peut-être vous voyez-vous comme étant un individu à part ? … c’est de ce type de constat que peut débuter une réflexion nietzschéenne. »  

J’avais pensé, à tort, que ce garçon aurait eu un peu plus de connaissance du sujet, mais ce n’était pas le cas et, comme il le disait clairement, il ne comprenait pas la subtilité de Nietzsche, lui préférant un Kant humaniste… « Oh, je vois… Vous vous basez surtout sur "La métaphysique des mœurs", alors… Un texte intéressant… mais avec de nombreuses limites. Chez Kant, c’est l’idée de connaissance qui me parle le plus. » Mais le jeune homme mit bientôt fin à cet échange en me précisant son incompétence dans le domaine. Comme si je n’avais pas remarqué. Pourtant, c’était bien lui qui avait eu la curiosité de reluquer les quelques ouvrages que je comptais acheter en ce jour. « Si je puis me permettre… vous devriez envisager cela en vous posant la question de ce qui peut être intéressant chez chaque philosophe. Je ne pense pas qu’on puisse être à cent pour cent nietzschéen ou kantien, mais selon les circonstances, certains éléments d’un courant de pensée peuvent l’emporter sur un autre, simplement. »

A plusieurs reprises, je m’étais forcé à demeurer affable, d’abord parce que nous étions dans une boutique que j’appréciais et que je ne voulais pas faire d’esclandre, ensuite parce que mon statut de membre du Conseil m’imposait de conserver mon calme même lorsque j’étais sur le point d’imploser. C’était aussi pour mieux gérer mes émotions dans ce genre de situation que je continuais de me rendre chez mon psychomage.
Après quelques secondes de silence, je regardais le garçon avec un air faussement contrit. « Dommage que vous n’ayez pas une meilleure connaissance de tout cela, j’aurais aimé poursuivre cette conversation un peu plus en profondeur… J'imagine que nous allons chacun finir nos achats, simplement. »
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Eirian Howl
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Mer 28 Oct - 8:50
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« 31 mars 2020 »
Souvent, tu te demandes comment les gens parviennent à faire confiance, comment ils savent que la personne en face d’eux ne les trahira pas, quel déclic ils ont pour accepter de s’ouvrir – ou si c’est un saut dans le vide, sans réel parachute. Quelle mesure ont-ils ? Est-ce qu’ils ont vu suffisamment de facettes de la personne pour la cerner correctement ? Est-ce que c’est une sensation, une sorte d’instinct ? Est-ce qu’il y a eu des actes parlants ? Assez de choses bégnines partagées pour accepter de livrer les plus graves, les plus importantes ? Est-ce que se confier finit par avoir plus d’importance que les possibles conséquences ? Tu n’en sais rien. En dehors de ta mère, tu ne t’es jamais autorisé à faire pleinement confiance à quelqu’un – peut-être parce que, d’une certaine façon, ton père a trahi celle que tu avais en lui, et si ton propre géniteur ne peut pas t’accepter, qui d’autre le pourrait ? Ou alors, les années à droite et à gauche, sans attaches, ont fini par te faire oublier comment on fait.
Certes, c’est compliqué aussi par le fait que tu te refuses à faire porter un tel poids à quelqu’un d’autre. Ça aurait peut-être été possible il y a quelques années, quand le Blood Circle avait un peu moins d’importance, que le conflit n’était pas ouvert, mais maintenant… Mais si tu es honnête avec toi-même, cette considération des autres est aussi un bon prétexte pour ne pas aller vers eux et contourner le problème. Ça finit par ressembler à un cercle vicieux. Et tu crains de te confronter à la vérité, de voir disparaître les murailles de mensonges construites au fil des années. Si tout s’effondrait, qu’est-ce qu’on verrait derrière ? Tu n’en es pas sûr. Attendre de trouver la personne parfaite pour parler, c’est l’assurance de ne jamais le faire. Mais comment accepter une telle prise de risques ? Est-ce que les gens se posent toujours autant de questions, ou est-ce seulement toi qui essaies de naviguer comme tu peux ?
Tu t’es toujours appliqué – mais encore plus ces dernières années – à construire une façade neutre, assez lisse, qui offre peu de prises aux autres. Réservé, discret jusqu’à avoir l’air de pratiquer l’invisibilité, tu tâches de ne pas te faire remarquer. Avec soin, tu t’efforces de passer sous les radars, ceux des enseignants principalement, jusqu’il y a peu, mais aussi ceux de l’Ordre pour éviter toute question embarrassante sur ta famille ou tout prétexte pour la contacter. Les apparences commencent à se morceler un peu avec ton entrée dans l’Ordre, mais elles tiennent encore bon. Et vu la gravité de la situation, les autres ont d’autres chats à fouetter que de se pencher sur ton cas. Toute bonne volonté est bonne à prendre, peu importe ou presque d’où elle vient.
Tu as un peu appris à juger les gens, à étudier toutes les informations à ta disposition, mais lorsque tu vois la façon dont les autres acceptent tous tes baratins sans jamais les remettre en question, sans jamais voir au-delà de ta façade… comment penser qu’ils n’agissent pas de même eux aussi ? Qu’ils ne sont pas les acteurs de leur propre scène de théâtre ? Qu’y a-t-il derrière les apparences que tu crois comprendre ? Impossible de connaître quelqu’un en quelques minutes ; bien sûr, il y a des impressions, des ressentis généraux et parfaitement personnels. Personne n’est ni tout blanc ou le noir, et le spectre du gris est un camaïeu infini. Bon, il y a des catégories où il est plus facile d’avoir un avis plus tranché, comme les Mangemorts par exemple, parce que, quelles que soient leurs qualités par ailleurs, avoir comme principe la destruction ou la mise en esclavage d’une partie de ses semblables n’est jamais recevable. Sans même parler des moyens mis en œuvre pour y parvenir. En dehors de ces cas particuliers, le langage corporel peut offrir de nombreux indices. De temps à autre, tu te dis que ce serait bien pratique de t’y connaître en légilimancie… avant de rejeter l’idée aussi vite qu’elle te vient. Tu ne supporterais pas qu’on viole ton esprit, tu n’as aucune intention d’infliger ça à d’autres.
En parlant d’apparences, William Ombrage en est une belle illustration. Pour le coup, tu ne t’attendais pas vraiment à parler éducation et philosophie avec lui. Vous devriez avoir des points de vue opposés sur tout et pourtant… Alors, bien sûr, vous restez à la surface des sujets, vous ne parlez pas vraiment d’application concrète.

Poudlard ne se porterait pas plus mal avec une offre de sport plus diversifiée. Même sorcier, tout le monde n’est pas à l’aise sur un balai ou en hauteur. S’il y a d’autres sports magiques, tu ne les connais quasiment pas et quoique le sujet t’intéresse tu n’as pas pris la peine de le creuser. Il te faudrait plus d’une vie pour suivre l’ensemble des chemins sur lesquels ta curiosité t’entraîne.

— Oui, absolument ! Et c’est dommage. Sans rien retirer aux fans de Quidditch, il serait facile de proposer autre chose.

Il ne relève pas ton commentaire sur la paix, peut-être un peu trop éloigné de ses propres convictions. La paix dont tu rêves, ce sont les sorciers et les moldus parvenant à vivre ensemble. Chaque monde garderait ses spécificités et côtoierait l’autre en voisin. Vision idéaliste s’il en est, mais il faut bien viser haut pour espérer qu’une partie se concrétise. Et des nations arrivent à vivre en paix après s’être déchirées pendant des années. Mais la situation n’en est pas encore là. Ombrage revient sur les armes mises au point par le Blood Circle. Oui, leur arsenal est impressionnant et redoutablement efficace, d’autant plus que tu en as fait les frais en octobre dernier. Te retrouver sans pouvoir avait quelque chose de très perturbant – pas seulement parce que tu te retrouvais démuni face à tes adversaires, mais parce qu’il te manquait une partie de toi, comme une amputation sans douleur. Les sorciers n’ont certes pas fondamentalement besoin de la magie pour vivre, mais elle fait partie d’eux.

— Leur arsenal est redoutable, j’espère que les chercheurs pourront bientôt proposer des solutions pour leur faire face, surtout pour contrer les effets du sérum.

Même si l’escalade n’est pas forcément une solution appropriée. Ou alors, il faudrait que chaque camp ait une arme destructrice pour l’autre afin de forcer le statu quo, comme lors de la guerre froide. Mais si les moldus ont effectivement de quoi vous faire du mal en vous privant de vos pouvoirs, vous n’avez pas d’arme équivalente.
Tu crains qu’il n’y ait une attaque de trop, un mort de trop, qui achève de mettre le feu aux poudres. Si un sorcier décidait, mettons, de s’en prendre à ton oncle… ou qu’un moldu frappait l’un des membres du conseil… Décapiter l’un des deux partis ne ferait qu’aggraver le conflit.

— La société est toujours lente à évoluer, mais peut-être qu’il sortira un peu de bon de ce conflit et que toutes les catégories de sorciers seront enfin traitées à égalité.

Le constat fait avec Raphaël du sort des nés-moldus ne te quitte pas, d’autant plus dans cette situation où il devient primordial. Tu ne veux pas penser au nombre d’enfants qui risquent de se faire rejeter ou pire, si leurs parents adhèrent à la propagande du Blood Circle. Qu’est-ce que ça coûterait au ministère de révéler la vérité trois ou quatre ans plus tôt ? Surtout maintenant avec la levée du secret magique, il y a moyen d’accompagner plus facilement ces enfants dans la découverte de la magie. Le monde sorcier ne peut pas se passer d’eux. Vous n’êtes pas les plus nombreux, certes, comparativement aux sangs-mêlés, mais vous faire disparaître n’a pas de sens. Comme les sangs-mêlés, vous pourriez être un trait d’union entre les deux mondes…

Tout cela vous mène à la philosophie. Un domaine que tu n’as fait encore qu’effleurer, vers lequel ta curiosité t’a porté, mais sur lequel tu n’as pas vraiment eu le temps de te pencher. Tu ne sais pas si tu l’auras un jour, il y a tant d’autres éléments qui t’attirent, notamment la magie et ses différentes formes, la façon dont les pratiques ont évolué… tu admets sans mal que tu es un amoureux des sortilèges, alors que tu restes hermétique à d’autres matières comme les potions. Trop logique pour toi, peut-être, et pourtant les runes et l’arithmancie l’étaient aussi et tu t’en sortais. Même si tu as conscience de son importance, la philosophie restera un sujet annexe pour toi, que tu approfondiras quand tu auras plus de temps, si l’occasion se présente.
La plupart des élèves de l’école jugent le programme intense. Pour toi, cela dépendait des matières. Autant tu excellais en sortilèges, métamorphose et DCFM, autant les potions et la botanique… tu n’as jamais compris, comme si l’ampoule avait toujours refusé de s’allumer. Extrêmement frustrant. Alors évidemment tu as d’autant plus investi les matières où tu avais déjà des facilités.
Ombrage évoque la possibilité de créer une sorte de séminaire, tu hoches la tête.

— Oui, ce serait intéressant comme séminaire, avec des intervenants d’autres écoles ! J’ai toujours regretté qu’on n’apprenne pratiquement rien sur les philosophies des autres continents, sans même parler des différentes utilisations de la magie. Les livres ne remplacent pas complètement un bon professeur, au moins au début. Et il serait intéressant aussi d’y mêler les philosophies moldues pour offrir un panorama assez complet. Ce serait très enrichissant.

Et un jour tu arrêteras peut-être de changer de centre d’intérêt tous les six mois pour te fixer. Bien sûr, il y a des invariants, mais tu as parfois tendance à te disperser en passant d’un sujet à l’autre. Tu n’as pas assez creusé Nietzsche, tu n’en as pas eu envie non plus, tant sa pensée ne te parlait pas. Le temps, cette denrée qui devient si rare maintenant, tandis que tu jongles entre les cours, les devoirs, ta recherche de boulot et l’Ordre. Se former en profondeur sur des sujets non enseignés est un luxe que tout le monde n’a pas. Sans même parler des épées de Damoclès suspendues au-dessus de ta tête.

— Je suis un sorcier. Mais pour cette mentalité de troupeau et de caste, je ne parlais que de certains, pas de tous. Je ne me vois pas comme un individu à part, surtout pas à la façon nietzschéenne. Son concept du surhomme ne me parle pas.


Tu ne développes pas davantage sur les Mangemorts et leur illusion de puissance. Ce n’est pas la conversation que tu veux avoir ici et maintenant.

— Oui, il y a toujours des choses intéressantes à retirer chez l’un ou chez l’autre, ne serait-ce que pour mieux comprendre la façon de penser de quelqu’un d’autre. Aucun philosophe ne détient la pleine vérité de toute façon.

Tu n’as pas l’impression qu’il regrette vraiment que la fin de la conversation arrive, tu as sûrement de la chance que vous soyez dans un lieu public en pleine journée et pas ailleurs.

— J’espère avoir l’occasion de me former davantage, mais ce ne sera pas avant un moment. Je vous souhaite de trouver de meilleurs interlocuteurs. Cela a été un plaisir de vous revoir, monsieur.

C’est hypocrite, mais tu ne l'es pas moins que lui.


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Do you know what it's like
To wanna surrender ?
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Sam 31 Oct - 8:56

En matière de centres d’intérêt, j’avais toujours été relativement éclectique. Chaque matière, ou presque, avait certains aspects intéressants. Et si je n’avais jamais vraiment eu à travailler lors de mes études, c’était très certainement grâce à mon excellente mémoire. Être attentif en cours me permettait déjà de retenir près de quatre-vingts pour cent de la matière à étudier. Qu’il s’agisse de l’histoire de la magie, des formules de sortilèges, de métamorphoses ou encore de défense contre les forces du mal – bon sang, j’avais toujours eu beaucoup de mal à ne pas éclater de rire devant l’opportunité de l’intitulé de ce cours pour quelqu’un comme moi ! –, j’avais toujours eu une énorme facilité pour retenir ce qu’il fallait connaître. Et puis, j’avais depuis longtemps des objectifs bien précis en tête, un cheminement prévu pour mon avenir. Je savais ce que je voulais et je n’aurais pas laissé passer ma chance.
Un chemin tout tracé, par moi-même, pour ne plus avoir affaire à mes géniteurs, pour être moi-même, sans avoir à obéir à qui que ce soit... A l'époque, j'aspirais beaucoup à ce sentiment de liberté et à cette indépendance.
La liberté... de penser, de dire, de faire ce que je voulais, la liberté de fréquenter qui j’avais envie de fréquenter et d’aimer ou de ne pas aimer les gens... j’aspirais à beaucoup de choses à l’époque, je m’en souvenais fort bien. Mais il fallait dire, aussi, que mes amis de Serpentard avaient parfois eu la main un peu lourde quand ils m’avaient dit ce qu’ils pensaient du fait que je puisse être ami avec une fille de Gryffondor... pourtant, Myrna avait un tas de qualités que je ne pouvais pas nier, mais Rabastan ne l’appréciait pas. Pas vraiment par rapport au statut de son sang, mais je n’avais jamais chercher à savoir ce qu’il aimait si peu chez elle... cependant, elle voulait alors que je ne fréquente pas Rabastan et les autres, et eux, de leur côté, étaient ennuyés que je puisse parfois passer du temps avec elle.

Je n’avais jamais vraiment compris cette guéguerre entre les deux maisons de Poudlard : elle semblait bien plus profonde qu’une simple incompatibilité de caractères...
A moins que ce ne soient les tensions habituelles du  terrain de quidditch qui se poursuivaient au-delà des gradins ?

En parlant de sport, nous étions d’accord, le jeune garçon et moi, pour dire que Poudlard gagnerait sans doute à miser sur d’autres disciplines que le quidditch. Je n’avais jamais été un grand adepte de ce sport,  mais ma fille y jouait et elle aimait tellement cela que je m’étais un peu pris au jeu, jouant avec elle quand elle était plus jeune, et, au fur et à mesure qu’elle s’améliorait, elle me battait de plus en plus facilement, même à la course, simplement. Et elle avait depuis longtemps passé l’âge où je la laissais gagner... la vérité, c’était que je faisais ce qu’il fallait comme sport pour rester en forme, en bonne santé physique et puis pour conserver une certaine endurance, bien utile dans de nombreuses circonstances.

« J’en toucherai un mot à Mrs Carrow, elle pourrait peut-être suggérer l’idée lors d’une prochaine réunion du personnel de Poudlard. » Depuis le rapprochement entre l’université et le collège Poudlard, ma belle amie avait gagné en influence, ce qui n’était certainement pas négligeable. « Pour les prochaines années, ce peut être une bonne chose. »

J’imaginais déjà le bonheur que ressentirait Aidoneus s’il disposait d’infrastructures dignes du département des aurors pour entraîner les étudiants à la défense avancée, assurément, il ne pourrait que voir là une belle opportunité de varier les techniques et d’éviter à ses étudiants de verser dans une routine.

N’était-ce pas qu’à ce prix, celui d’un combat vrai et intense, que nous pourrions vaincre l’ennemi et envisager une forme de paix ? Au fond, nous aspirions tous à un monde meilleur, à une vie sereine et à un quotidien bien plus enjoué... mais dans les faits, cela ne semblait pas vraiment possible, en tout cas, cela ne le serait pas avant un bon moment.
Nos chercheurs sorciers se démenaient depuis des mois... il avait fallu quelque temps pour trouver le moyen d’enlever les bracelets inhibiteurs de magie, il y avait eu des tests effectués sur le sang de ceux qui avaient reçu un sérum qui supprimait temporairement les pouvoirs et il y avait aussi eu des études sur le meilleur moyen de résister et de se protéger contre les armes à feu. Mais ce n’était pas encore suffisant. La recherche devait se poursuivre et les sorciers chercheurs n’avaient que bien peu de répit.

« Ce sérum n’est pas encore au point pour l’instant... il semblerait que le but que poursuivent ces moldus soit de composer quelque chose de plus fort, pour transformer les sorciers en cracmols. Je sais de source sûre que nos chercheurs se démènent, mais il faudrait un échantillon du sérum actuel, pur, pour que les études soient plus efficaces. » Et envoyer des sorciers en mission pour aller voler du sérum anti-magie au quartier général du Blood Circle, cela relevait de la mission suicide.

Je ne relevais pas la suite de ses propos. Nous avions discuté suffisamment de la lente évolution des mentalités et des mœurs, je ne voyais pas ce que je pouvais dire d’autre sans me répéter.
L’idée d’égalité qu’il soutenait collait parfaitement à sa place au sein de l’Ordre du Phénix, ces sempiternels rêveurs ne voyaient pas que cela ne pourrait que dégénérer ensuite. Et c’était un débat aussi stérile qu’une terre noyée d’eau salée.

Il était plus intéressant d’aborder le sujet de la philosophie, mais si mon interlocuteur s’avérait réceptif à des idées de programmes de cours, il cherchait toujours à ramener le point de vue moldu sur la table. Comme si les non mages n’étaient pas déjà bien assez présents !
Par contre, j’aurais toujours tendance à œuvrer pour une collaboration internationale entre les différentes nations sorcières, je ne l’avais jamais caché.

« L’enrichissement serait mutuel et nous forgerions des alliances durables. La coopération magique internationale est bien plus qu’une nécessité, de surcroît en période de crise comme celle que nous traversons. »  

Le débat philosophique avec des personnes n’y étant pas familières, cela n’avait pas vraiment d’intérêt. La stimulation intellectuelle n’était pas très importante et je commençais à m’ennuyer de cette conversation. J’aurais sans doute, comme Eirian le disait, plus de plaisir à discuter avec quelqu’un de compétent.

Qu’il s’agisse de Nietzsche ou de Kant, il était évident que nous ne serions pas tout à fait d’accord, bien que nous eussions pu concéder qu’il y avait du bon à prendre de chaque côté. J’eus donc un hochement de tête pour lui répondre, puis je lui tendis la main droite pour le saluer.

« Eh bien, je vous souhaite la même chose, Mr Howl. Passez une bonne journée. »  

Je tournai les talons pour me rendre dans un autre rayon de livres. J’avais perdu assez de temps à converser, si je ne faisais pas attention, j’allais finir par être en retard. Et je détestais cela. La seule idée de manquer de ponctualité avait une fâcheuse tendance à m’horripiler. Je ne supportais pas cela venant d’autres personnes alors il allait de soi que je faisais moi-même bien attention à ne pas imposer un désagréable retard à d’autres.

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