Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibility
RSS
RSS



 

Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

-40%
Le deal à ne pas rater :
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 pièces (induction, ...
59.99 € 99.99 €
Voir le deal

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
No homeland anymore ◊ Adèle :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Hestia Carrow
Hestia Carrow
Admin Serpentard Neutre
INRP
Métier : Etudiante en 4ème année de sciences magiques (spécialisation potions)
Messages : 4638
Gallions : 7665
Date d'inscription : 12/01/2019
IRL

Lumos
Je rp en : #107058
Mon allégeance : ma soeur Thalia et moi-même. C'est déjà pas mal
Sam 19 Sep - 23:30
No homeland anymore


Adestia

I had to fall, to lose it all
But in the end, it doesn't even matter
 
 

Fin février 2020

Quand, ce matin là, Hestia avait reçu un hibou de ses parents, il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre que quelque chose clochait. Recevoir des lettres de ses géniteurs n’était vraiment pas dans les habitudes de la sorcière, alors que la plupart de ses camarades recevaient des nouvelles de leurs familles plusieurs fois par mois, voire par semaine, il n’en n’avait jamais été ainsi chez les Carrow. Si la verte recevait un courrier de ses parents deux fois dans l’année c’était un miracle, et encore, souvent ça n’augurait rien de bon. Alors cette fois-ci, rien qu’en voyant le hibou grand duc de sa famille se poser devant elle et lui tendre un parchemin soigneusement scellé, Hestia avait senti que son contenu ne serait pas pour lui plaire. Seules quelques lignes s’étalaient sur le papier jauni, les Carrow n’avaient jamais fait dans l’étalage de sentiments, mais là c’était encore pire. Juste quelques mots, ni froids, ni chaleureux, pour lui demander, non lui ordonner, de les rejoindre au manoir familial un peu plus tard dans la journée. Hestia n’avait pu retenir une grimace de dépit en lisant ces quelques mots. Rien de tout ça ne prédisait un joyeux repas en famille, loin de là. En fait, elle pouvait certainement deviner où voulaient en venir ses parents et ça lui donnait encore moins envie de les retrouver. Depuis des mois c’était toujours la même rengaine. Ses parents n’avaient que ses fiançailles avec Grigori à la bouche, et c’était loin d’être des paroles agréables à entendre. Ils passaient leur temps à lui reprocher son comportement, à lui dire combien ils étaient déçus qu’elle ne soit pas plus enthousiaste, combien Grigori était un bon parti, combien elle devrait être fière d’intégrer bientôt la grande famille des Dimitrov. C’était un grand honneur pour les Carrow de se lier aux slaves, elle devait se montrer à la hauteur, elle devait faire honneur aux siens et être enfin digne de son rang. Si pour les géniteurs de la sorcière tout ça était d’une extrême importance, certainement l’évènement le plus important de la vie de leur enfant, Hestia voyait plutôt toute cette affaire comme une connerie monumentale. S’en était à vomir.

Sauf que si elle n’avait eu aucun mal à affirmer à Grigori que le mariage n’aurait jamais lieu, face à ses parents elle n’avait pas réussi à faire preuve du même aplomb. Sa belle assurance et sa colère sourde s’étaient brisées sur ses angoisses pour ne plus laisser qu’une frustration cuisante. Tout pour ne pas perdre cet équilibre instable dans lequel elle vivait, cette configuration qui ne lui apportait aucun bonheur, mais qui était la seule qu’elle ait toujours connue. Sa peur de l’abandon, sa crainte de se retrouver seule, si elle s’opposait à la volonté de ses parents c’était ce qui l’attendait. Elle n’avait plus le choix désormais, elle le savait, elle ne faisait que repousser l’inévitable : à un moment ou à un autre elle allait devoir prendre une décision et en assumer les conséquences. Jusque là elle n’avait fait que gagner du temps, refuser d’affronter ce problème ne l’avait pas fait disparaitre, bien au contraire. Grigori lui en voulait, ce dont elle se fichait éperdument, tout ça c’était de sa faute et elle ne lui pardonnerait pas. Ses parents étaient chaque jour un peu plus mécontents de son comportement qui n’avait rien à voir avec celui d’une future épouse docile, mais là encore elle refusait d’y répondre. Pour une fois elle fermait les yeux et attendait d’être au pied du mur pour gérer cette histoire, elle était lâche Hestia, au fond quand il s’agissait de sa famille, il en avait toujours été ainsi. Elle se voilait la face, se cachait derrière la durée de ses études -alors qu’elle savait pertinemment que ça ne voulait rien dire, l’expérience d’Adèle le lui avait prouvé-, elle se disait qu’elle finirait bien par trouver la force d’envoyer au diable ses parents et leurs idées d’un autre siècle. Ou tout du moins de trouver une parade. Sûrement aurait-elle dû le faire depuis bien longtemps, mais la force lui avait toujours manqué.

Dès qu’elle avait franchi le seuil de la porte du manoir familial, Hestia avait senti l’ambiance pesante qui semblait stagner dans les lieux. Certes, la légèreté et la bonne humeur n’avaient jamais été vraiment présentes dans la demeure, mais là il y avait comme une menace dans l’air, un quelque chose qui lui donnait envie de faire demi-tour dans la minute. Enfin, encore plus que d’habitude. Mais elle n’en fit rien, ses parents avaient demandé sa présence et elle savait qu’elle ne pourrait pas s’y soustraire. Elle fut surprise de trouver ses deux géniteurs qui l’attendaient dans le grand salon. Sa mère, magazine de mode à la main était assise avec élégance sur le canapé et semblait s’ennuyer ferme, tandis que son père était posté près de la cheminée dans une attitude que Hestia aurait trouvé parfaitement clichée si l’appréhension n’était pas soudainement venue lui serrer la gorge. Il se passait quelque chose, quelque chose qui n’allait certainement pas lui plaire. Lorsque les deux sorciers levèrent finalement leurs regards vers elle, la froideur qu’elle y lu lui fit serrer la mâchoire. Pourtant, elle ne dit rien, elle se contenta de saluer ses parents et d’avancer dans la pièce sans faire le moindre mouvement pour s’assoir. La demeure des Carrow n’était pas un lieu où on avait envie de s’installer. Maintenant encore plus que jamais. Et le discours que lui tint son père ne fit que renforcer cette impression. Grigori venait de les informer qu’il rompait les fiançailles. Hestia sentit son sang se glacer dans ses veines. Pour elle c’était une bonne nouvelle, mais elle savait qu’elle n’avait aucune raison de se réjouir. Encore une fois ce sale fourbe avait agi dans son dos. Qu’elle soit prévenue n’aurait rien changé à la colère sourde qu’elle pouvait sentir chez son père, mais au moins elle aurait pu s’y préparer, tenter de tourner les choses à son avantage. La décision du slave jetait le déshonneur sur leur famille. Hestia serra un peu plus les dents, se préparant à la pluie de reproches qui ne manquerait pas de venir. C’était de sa faute, à elle et son comportement indigne. C’était toujours le même discours, toujours la même pression sur ses épaules. C’était elle qui entachait leur nom, ce serait donc à elle de le redorer. La crainte s’était immiscée dans les veines de la Serpentarde, l’éclat froid et déterminé dans les prunelles de son paternel lui faisait redouter le pire. Et elle eut raison. Puisqu’elle était incapable de service d’épouse, elle servirait donc la Cause.

Non ! Le cri avait fusé dans l’esprit de la Serpentarde avant même qu’elle n’ait pu ouvrir la bouche. Rejoindre les mangemorts, elle savait que cela faisait partie des desseins que ses parents avaient pour elle mais encore une fois elle n’avait jamais voulu y penser. Maintenant que la situation s’imposait à elle, l’horreur l’envahissait. Non, elle s’y refusait. Les idéaux nauséabonds des mangemorts, elle ne les partageait pas, les actes terribles qu’ils commettaient, elle ne voulait pas y prendre part. Tout son être se rebellait à cette idée et pour la première fois de sa vie, elle fut capable de s’opposer à la volonté de sa famille. Non. C’était un simple mot, un si petit mot, mais en un instant il changea tout. Hestia comprit que tout espoir était vain, que cette famille qu’elle aurait tant aimé avoir n’existerait jamais. Elle s’était voilée la face toutes ces années et maintenant elle se retrouvait avec ses espoirs brisés jonchés à ses pieds. Ils ne seraient jamais une famille, pas tant qu’elle refuserait de se soumettre à la volonté de ses géniteurs. Cette pensée lui déchira le cœur. Rien ne serait plus pareil. Elle le vit dans le regard de ses parents. Instantanément, leur attitude changea, ce fut subtil mais elle savait lire en eux. Leur froideur se teinta de déception. Ce n’était pas comme s’ils allaient lui laisser le choix. Son nom impliquait des devoirs et elle ne pourrait pas s’y soustraire. Figée d’horreur, Hestia vit Cyrus Carrow lever sa baguette vers elle. Comme au ralenti, elle vit ses lèvres prononcer le sortilège de l’imperium, la lueur se former à la pointe de son arme. Mais son corps avait pris le relai, dans un élan instinctif désespéré, elle avait brandi sa propre baguette. Son sort de protection vint se heurter à celui de son paternel, provoquant une gerbe d’étincelles. Il y eut un terrible instant de flottement, pendant lequel Hestia se demanda si le sort de son père n’allait pas prendre le dessus. Jusqu’à ce qu’une violente explosion ne les envois tous les deux s’écraser à un bout de la pièce.

Lorsque la Serpentarde reprit ses esprits, tout bourdonnait autour d’elle. Quelque part dans la pièce, elle entendait les cris apeurés de sa mère. Mais surtout, elle avait mal. Mal au corps et mal au cœur. Son père, son propre père avait tenté de la soumettre à l’imperium pour la forcer à rejoindre les mangemorts. Elle avait toujours su que l’amour n’était pas une évidence dans sa famille, mais jamais elle n’aurait pensé en arriver là. Au bord de la nausée, Hestia se redressa maladroitement avant de lâcher un glapissement de douleur. Elle avait atterri sur un meuble en bois et les dégâts étaient là. Elle avait mal au bras gauche, une terrible douleur qui signifiait surement qu’elle s’était encore cassé le bras. Son crâne l’élançait et quand elle porta sa main à sa tempe, elle y découvrit une vilaine estafilade. Sans prendre le temps de réfléchir, pour ne surtout pas se retrouver paralysée par l’horreur de la situation, elle lutta contre le vertige qu’elle ressentait pour se relever. De l’autre côté de la pièce, sa mère était penchée sur son père, tout comme elle il allait sûrement souffrir un peu de sa chute mais rien de bien terrible. Un instant leurs regards s’affrontèrent, Hestia pu y lire sa rage et sa déception, il baignait sûrement les mêmes sentiments dans ses prunelles. « Considérez que vous n’avez plus d’enfant. » Prononça-t-elle d’une voix sourde et froide qu’elle ne reconnue pas. Avant que le moindre mot ne puisse être prononcé par ses géniteurs, la Serpentarde se hâta de traverser la demeure et d’en franchir les grilles pour pouvoir transplaner. Elle était vaguement consciente qu’elle quittait certainement cette demeure pour la toute dernière fois mais elle refusa d’y songer.

Elle avait besoin de soins, mais elle ne voulait pas que ça se passe à Poudlard, elle ne voulait pas des questions de l’infirmier et encore moins des regards des élèves. Les rumeurs ne tarderaient pas à courir, elle le savait mais elle ne voulait pas y penser. Elle voulait quelqu’un de confiance, quelqu’un qui ne la jugerait pas, quelqu’un qui la soutiendrait et parviendrait à lui expliquer qu’elle ne venait pas de foutre toute sa vie en l’air. Quand elle arriva dans le hall de Sainte Mangouste, Hestia n’hésita pas, à la sorcière de l’accueil elle exigea d’avoir à faire à Adèle de Lestang. Oui, elle savait qu’elle n’était que stagiaire en ces lieux. Oui, elle savait que ce n’était que sa première année de stage. Non, elle ne voulait pas voir un médicomage diplômé, ses blessures pourraient très bien être soignées par son amie. Non, elle ne voulait pas s’expliquer et oui, elle se foutait complètement de l’avis de la sorcière. C’était Adèle qu’elle voulait et elle était prête à attendre le temps qu’il fallait pour ça. Hestia avait conscience d’être absolument détestable mais elle s’en foutait, dans sa tête la scène qu’elle venait de vivre tournait en boucle et elle ne savait pas quoi faire d’autre. Finalement, elle fut conduite dans une petite salle d’examen, elle ignora le regard désapprobateur de la sorcière qui lui indiqua qu’elle allait bientôt être rejointe par Adèle. Son bras blessé contre elle, la verte fit les cents pas dans la pièce en attendant, elle était trop sur les nerfs pour s’assoir et elle savait que lorsqu’elle se calmerait enfin, la douleur viendrait remplacer sa nervosité. Après ce qui lui parut une éternité, la porte s’ouvrit enfin sur la française. « Salut. » Lâcha-t-elle une fois qu’elle eut croisé le regard de son ami. Comment lui expliquer ce qu’il venait de se passer ? Sa présence ici, dans un état déplorable et avec un bras qu’elle pensait cassé ? « A force de t’entendre parler de tes stages, j’ai voulu venir voir par moi-même. » Reprit-elle dans une tentative complètement foirée de détendre l’atmosphère. Soudainement, Hestia se sentait nerveuse, pourtant c’était Adèle qui lui faisait face, sa meilleure amie, elle pouvait tout lui dire, elle le savait. Elle ne la jugerait pas, elle était passé par là. « Je crois que j’ai fait une connerie Adèle. » Souffla-t-elle avec une grimace qui reflétait sa souffrance en ces instants. Elle serra son bras blessé contre elle pour en camoufler les tremblements nerveux. C’était la tempête dans sa tête. « Ou alors j’ai pris la meilleure décision de ma vie. Je sais pas trop encore. » Elle eut un bref rire sans joie, qui mourut presque aussitôt dans sa gorge serrée. L’énormité de ce qu’elle venait de faire s’imposait à elle et si elle regardait les choses en face… Eh bien ça la terrifiait.
 

 
CODAGE PAR AMATIS


'Cause there were pages turned with the bridges burned
Revenir en haut Aller en bas
Adèle de Lestang
Adèle de Lestang
Serpentard
INRP
Métier : Etudiante en médicomagie
Messages : 2701
Gallions : 5183
Date d'inscription : 12/01/2019
IRL

Lumos
Je rp en : #666699
Mon allégeance : Neutre
Sam 7 Nov - 12:26

 

No homeland anymore

— Hestia & Adèle

Pas une lettre, même pas trois mots sur un bout de parchemin. Rien. Pas de livre pour son anniversaire, pas de boîte de chocolat pour Noël, non Adèle ne recevait plus rien de sa famille depuis huit mois. Elle n’avait jamais reçu beaucoup de courrier de sa famille, mais ne plus rien recevoir du tout avait quelque chose d’étrange. Au début, elle avait affirmé que c’était parfait, qu’elle se portait bien mieux comme ça. Elle avait parlé de sa liberté et puis de toute façon, on ne l’avait jamais aimée dans cette famille, pas comme on aime une enfant dans les histoires ou simplement dans les familles normales. C’est vrai qu’à son anniversaire, elle avait tout de même guetté le hibou de sa mère, mais rien. Au fond, les attentions de Claire étaient peut-être minimes, mais elles avaient eu le mérite d’exister et de lui laisser l’espoir que celle-ci prendrait un jour pleinement son rôle de figure maternelle. Le silence, c’était désormais la seule chose à laquelle elle avait le droit. A choisir, c’était quand même ce qu’elle préférait. Au moins, elle ne subissait pas un harcèlement permanent d’un fiancé furieux d’avoir été refoulé ou d’une famille humiliée par sa décision. L’avantage d’être une enfant illégitime… Adèle n’aurait jamais pensé que ce statut pouvait être un avantage.

Maintenant elle était libre de tout ça, libre de vivre sa vie comme elle l’entendait, de choisir son avenir aussi. Elle n’avait plus besoin de jouer la parfaite sang-pure pour impressionner les autres familles, plus besoin d’élaborer des stratagèmes pour échapper au mariage dont on lui parlait depuis toujours. Aujourd’hui, elle pouvait même affirmer qu’elle était heureuse dans sa vie. Bien sûr les débuts n’avaient pas été faciles. Elle avait dû revoir son mode de fonctionnement pour subvenir à ses besoins et dans son malheur, elle avait aussi eu beaucoup de chance. Ses problèmes financiers semblaient désormais dérisoires. Bien sûr, elle ne roulait pas sur l’or, mais ses économies lui permettraient de se payer un logement cet été et d’acheter ses fournitures sans craindre de manquer. Elle avait même pu puiser un peu dedans pour faire quelques modestes présents à Noël aux personnes qui lui étaient chères et qui l’avaient soutenue depuis le début de son émancipation. A Hestia bien sûr, pour son amitié si précieuse. A sa sœur Thalia aussi, puisque c’était grâce à ses précieux conseils qu’Adèle avait réussi à économiser cet argent. A Anjelica pour sa confiance et son aide. Et elle avait même offert un petit quelque chose à Elise, oui même à cette cousine avec qui les relations n’étaient pas toujours simples. Elle avait été après tout une personne dans sa famille à croire en elle, et tout cela malgré leurs différends. Aussi paradoxal que cela puisse être, ce premier Noël loin de sa famille avait été un des premiers qu’elle avait pu apprécier.

Après ses amis, son autre moteur c’était ses études. D’accord étudier au milieu d’une bande de boulets de compétition n’étaient clairement pas ce qu’on pouvait rêver de mieux, mais depuis la mise en place des stages pour cette seconde année, Adèle avait vraiment l’impression de faire ce qu’elle aimait. D’accord, ce n’était pas non plus facile tous les jours. Certains patients pouvaient se montrer odieux, insupportables et ingrats, mais heureusement ils ne l’étaient pas tous. C’est vrai que la plupart du temps, il s’agissait d’observer et de réfléchir aux cas qui se présentaient. Parfois, et parce que certains médicomages avaient saisi qu’elle n’était pas la dernière des idiotes, elle pouvait réaliser quelques soins. Ceux parmi les plus classiques et les plus aisés à maîtriser. Ils lui permettaient d’affiner son geste et d’avancer comme elle l’avait toujours fait. Quant aux prises d’initiatives, ce ne serait malheureusement pas encore pour cette année, elle le savait. En attendant, elle s’intéressait à tout. Des cas les plus simples aux plus complexes, et ça ne la dérangeait généralement pas de rester un peu plus longtemps que ce qui était prévu. Elle ne savait pas encore vers quelle spécialité, elle se tournerait, mais chaque jour qui passait la confortait dans ses choix. C’était ici qu’était sa place.

Aujourd’hui était un jour classique. Elle était arrivée à la première heure, avait consulté les dossiers de certains patients pour observer les effets des traitements choisis par ses maîtres de stage, avant de se rendre auprès d’un médicomage qu’elle suivrait une bonne partie de la journée. C’était un type un peu bourru, mais consciencieux et passionné par son travail. Il travaillait dans le service des virus et microbes magiques depuis plus de trente ans. Il avait donc beaucoup d’expérience et de savoir-faire à lui transmettre. Elle avait ainsi pu observer des cas de scrofulite, un cas de dragoncelle chez une dame qui refusait d’expliquer les raisons de la survenue de la maladie chez elle. Son mari étant présent, Adèle vit le médicomage griffonner sur le dossier le mot « adultère » avec un point d’interrogation, avant de lui proposer un traitement adéquat. Ils rendirent visite ainsi à plusieurs patients, des cas classiques et des cas pour qui les symptômes restaient un mystère. Le guérisseur lui expliqua que parfois, certaines maladies n’étaient pas référencées dans les manuels ou alors elles étaient plus rares, ou encore d’origine étrangère. Il n’était ainsi pas rare de collaborer avec des médicomages d’autres pays pour certains patients. Il lui parla aussi de son travail avec un grand chercheur en potions sur les disparitions pathologiques, qui ne trouvaient toujours pas de remède à leur époque. Voilà bien ce qu’il comptait lui apprendre aujourd’hui. Un médicomage serait bien présomptueux et stupide de vouloir travailler seul. La Française pensa à son amie Hestia. Peut-être qu’un jour, elles travailleraient ensemble sur le remède d’une maladie ? Elle se voyait bien mettre leurs domaines en commun pour faire avancer les recherches, et peut-être-même être à l’origine d’une grande découverte…

Elle était dans la salle de repos en train de grignoter des biscuits et de relire ses notes quand on vint la chercher. Une jeune femme apparemment blessée venait de se présenter à l’accueil et exigeait que ce soit Adèle qui la soigne. Elle leva un sourcil interrogateur, expliquant qu’il devait y avoir une erreur. Après tout elle n’était pas encore diplômée. Sauf qu’il n’y avait pas erreur, que c’était bien elle qu’on voulait voir. Le médicomage qui buvait son thé, lui conseilla de l’appeler si jamais elle avait le moindre doute sur ce qu’il fallait faire. Elle le remercia et suivit la dame qui était venue la chercher jusqu’au rez-de-chaussée. Elle ne comprenait pas. Elle n’était que stagiaire, tout ceux qui la connaissaient le savaient, alors pourquoi l’avait-on demandée ? Elle traversa le hall d’accueil et la sorcière lui désigna la porte derrière laquelle elle trouverait celle qui la demandait. Elle ouvrit alors la porte pour se retrouver face à celle à qui elle avait pensé un peu plus tôt. Son coeur fit un bond dans sa poitrine en la découvrant l’air désemparé et en sale état. La tentative d’humour d’Hestia ne parvint pas vraiment à lui arracher un sourire. Elle l’écouta d’abord sans rien dire, essayant de comprendre ce qui avait pu l’amener à se retrouver blessée.

- D’accord, souffla-t-elle pour se recentrer, quoi que tu aies fait, on va affronter ça ensemble…

C’était évident. Hestia avait été là lorsqu’elle avait eu besoin d’elle, il était normal qu’elle lui rende la pareille.

- D’abord, assieds-toi, lui demanda-t-elle avant de se diriger vers le lavabo pour se laver les mains, tu me racontes tout depuis le début ? Comme ce n’est pas la pleine lune, j’imagine que tu n’es pas allée voir notre ami le loup sans moi, lâcha-t-elle dans un léger sourire.

A première vue, son amie n’était pas en danger de mort. Une belle plaie au visage et sans doute le bras cassé vu la manière dont elle le tenait. Ça elle verrait après, elle allait d’abord soigner ce qui était le plus simple. Elle essuya les traces de sang sur la tempe de sa meilleure amie avant de lever sa baguette pour soigner la plaie et la refermer. Pas question qu’elle garde la moindre marque ou cicatrice.
MAY



There's been trials and tribulations
You know I've had my share
I know exactly where I'm going
Getting closer and closer every day
by wiise



Les petits trucs:
Revenir en haut Aller en bas
Hestia Carrow
Hestia Carrow
Admin Serpentard Neutre
INRP
Métier : Etudiante en 4ème année de sciences magiques (spécialisation potions)
Messages : 4638
Gallions : 7665
Date d'inscription : 12/01/2019
IRL

Lumos
Je rp en : #107058
Mon allégeance : ma soeur Thalia et moi-même. C'est déjà pas mal
Mer 18 Nov - 22:55
No homeland anymore


Adestia

I had to fall, to lose it all
But in the end, it doesn't even matter
 
 
Seul le bruit des pas de Hestia résonnait dans la petite pièce d’examen. Ils étaient la seule chose qui brisaient le silence presque étouffant de la pièce. Au fond, elle aurait peut-être préféré l’entendre ce silence, se laisser y engloutir, s’y noyer jusqu’à ne plus rien entendre d’autre. Ça aurait été apaisant de ne plus rien capter d’autre, juste du calme. Se trouver soudainement dans une bulle en dehors du temps, comme si rien ni personne ne pouvait l’atteindre. Une illusion dont elle aurait bien eu besoin en cet instant, elle n’avait pas l’impression de demander grand-chose. Mais elle savait que c’était impossible, que cet état de quiétude, elle ne l’atteindrait pas. Pas aujourd’hui et peut être même jamais. Parce que dans la tête de la Serpentarde, c’était tout sauf le silence qui régnait. En fait, tout était préférable à ce qu’il se passait en cet instant sous le crâne de la sorcière. Lorsqu’elle avait quitté précipitamment la demeure de sa famille, Hestia se trouvait bien trop sous le choc pour réfléchir à quoi que ce soit. Elle avait agi par automatisme, elle avait laissé son corps prendre le dessus et s’était contenté de se rendre là où ses pas la menaient. Elle n’avait peut-être pas agi de la manière la plus logique, ou même pris la meilleure décision mais elle n’avait pas besoin de s’appesantir là-dessus. Elle n’avait pas réfléchi un seul instant, elle s’en était remise totalement à son instinct. L’instinct de survie, l’instinct de préservation, peu importait. Mais quand celui-ci lui avait dicté de se rendre auprès de la seule personne qui pouvait à la fois la soigner et se montrer digne de son entière confiance, elle n’avait pas hésité. Aller trouver Adèle avait été une évidence alors elle n’avait pas cherché plus loin. Quelques mois plus tôt, Hestia n’aurait sûrement pas agi ainsi, elle aurait préféré s’en remettre à un inconnu plutôt qu’à une personne qu’elle connaissait. Elle aurait tout fait pour éviter d’avoir à répondre à des questions trop personnelles, se confronter à un sorcier totalement inconnu lui aurait permis d’éviter toute forme de jugement. Comme quoi, les choses changeaient.

Sauf que ce n’était pas forcément une bonne chose pour Hestia. Arriver à s’ouvrir aux autres pouvait être positif, même si la verte avait encore du mal à s’imaginer agir ainsi, ou même à en avoir envie. Mais ce qu’il venait de se passer dans la demeure de ses parents ne lui semblait clairement pas une bonne chose. Pour la première fois de sa vie elle avait réussi à leur tenir tête. Il avait fallu de nombreuses années pour que ses parents arrivent à détruire les espoirs qu’elle plaçait encore en sa famille, mais même ça ils avaient réussi. Et à partir de cet instant, il n’était plus resté qu’un trou béant dans la poitrine de la Serpentarde. Tout ce à quoi elle s’était accrochée tout ce temps, tout ce qui l’avait fait tenir, tout ce qui l’avait poussé à accepter en silence la manière dont elle était traitée… Soudainement plus rien n’avait eu de sens. Ou, si, justement. Tout était devenu parfaitement clair, et infiniment plus douloureux. Tant qu’elle ne correspondrait pas exactement à l’image que ses parents attendaient d’elle, elle ne serait jamais assez bien. Et puisqu’elle avait osé leur dire non, ils avaient voulu la forcer à rentrer dans ce moule qu’ils avaient préparé pour elle. Le sortilège d’imperium avait été le dernier élément à condamner pour de bon leur famille. Il avait forcé Hestia à ouvrir les yeux, à enfin accepter cette réalité qu’elle n’avait jamais voulu voir. Et ça avait été la fin. La fin de ces espoirs stupides et de cette famille qui n’en serait jamais une. Se retrouver au pied du mur avait enfin donné la force à Hestia d’agir, de cesser d’accepter que ses parents ne jouent à la marionnette avec elle. Mais au fond elle ne se sentait pas forte, loin de là, elle se sentait faible et nauséeuse. Elle ne se sentait ni libre, ni pleine d’assurance, en fait elle se sentait complètement paumée. Son avenir avait toujours été incertain, balançant entre ses envies et la pression de ses parents, désormais ce n’était plus qu’un vaste champ de bataille dont elle ignorait encore si elle avait pouvoir faire quelque chose. Contrairement à beaucoup d’héritiers, son futur ne lui avait jamais semblé acquis, mais maintenant c’était mille fois pire.

En attendant Adèle, Hestia s’efforçait de ne pas penser à tout ça, à ce qu’il venait de se passer dans la demeure familiale, aux agissements de ses parents et à tout ce que ça voulait dire pour elle et son futur. Alors bien sûr, elle ne pensait qu’à ça. Et plus les secondes passaient, plus elle se sentait fébrile. Elle avait agi sans réfléchir, elle s’en était remise à cette voix au fond d’elle qui lui avait hurlé de ne pas se laisser manipuler une fois de plus. Mais maintenant que l’adrénaline du moment était passée, elle ne pouvait s’empêcher de se demander si elle n’avait pas fait une terrible erreur, si aveuglée par toute cette situation elle n’avait pas manqué une porte de sortie qui aurait pu arranger les choses sans tout faire voler en éclats. Ses réflexions commençaient à l’enfermer dans un tourbillon de doutes et d’angoisse quand Adèle entra enfin dans la pièce. Sa tentative de plaisanterie fut certainement le signe le plus flagrant de nervosité, Hestia ne plaisantait de la sorte que rarement, et quand elle le faisait ce n’était certainement pas avec la voix tremblante et le regard un peu hagard. Si la française ne sourit pas à sa remarque, elle ne la releva pas non plus et la verte lui en fut reconnaissante. Elle savait que venir chercher l’aide d’Adèle avait été la bonne chose à faire. « D’accord, quoi que tu aies fait, on va affronter ça ensemble… » Une nouvelle vague de reconnaissance envahi la Serpentarde. Elle n’avait encore rien dit, mais déjà la française lui affirmait qu’elle ne serait pas seule pour affronter ce qui l’attendait. Elle ne lui avait rien demandé, rien exigé, et pourtant Adèle répondait présente. Hestia n’en n’avait jamais vraiment douté, elle sentait que l’amitié qui la liait à la blonde était forte et sincère, mais entendre ces mots s’échapper de ses lèvres sans la moindre hésitation lui faisait un bien fou. Après tout ce qu’elle venait de vivre, c’était exactement ce qu’elle avait besoin d’entendre. Si la Serpentarde avait été un peu plus émotive, une telle affirmation aurait pu remplir ses yeux de larmes, mais puisque ce n’était pas le cas, elle se contenta d’adresser un sourire à Adèle, maigre et hésitant, mais plein de gratitude.

« D’abord, assieds-toi. » Hestia obéit sans émettre la moindre plainte et alla s’assoir sur la table d’auscultation. La douleur dans son bras lui arracha une grimace mais elle ne dit rien. Après l’altercation avec son père, elle n’était pas mécontente de ne pas avoir à réfléchir et d’obéir à un ordre simple. Et puis, elle n’était pas venue chercher Adèle pour rien. Elle avait une confiance entière en sa meilleure amie, aussi bien en son caractère qu’en ses talents en médicomagie. La française saurait la soigner, elle en était sûre, mais elle saurait aussi se montrer présente. Dire qu’elle-même avait dû faire face à une situation similaire moins d’un an plus tôt, ça aurait presque pu faire rire Hestia. Sauf que ça n’avait absolument rien de drôle. Voir des enfants reniés par leur parents, ça ne devrait jamais faire rire personne. « Tu me racontes tout depuis le début ? Comme ce n’est pas la pleine lune, j’imagine que tu n’es pas allée voir notre ami le loup sans moi. » Un faible sourire accueilli la remarque de la française. Hestia s’en souvenait comme si c’était hier de cette fameuse nuit où elles avaient dû courir pour sauver leur peau et éviter de se faire tuer par un loup garou. Pourtant, elle avait également l’impression que c’était terriblement lointain. Comme leur vie avait changé depuis cette fameuse rencontre dans la forêt interdite. Si les choses leur avaient parues compliquées à cette époque, ce n’était rien comparé à maintenant. Si seulement elle avait su ça à ce moment là, elles ne s’en seraient peut-être pas autant plaintes. « C’est vrai que ça faisait longtemps que je ne m’étais pas cassé un bras… Mais non… Non, ce n’est pas ça. » Elle aurait presque préféré que ce soit le cas, mais c’était une conclusion assez triste à avouer. Au moins leur rencontre avec le loup garou n’avait pas eu de conséquences graves. Une simple frayeur, pas mal d’égratignures, et elles avaient pu reprendre le cours de leur vie. Désormais cette option était inenvisageable.

Tout en tournant la tête sur le côté pour qu’Adèle puisse accéder plus facilement à la plaie qui lui barrait la tempe, Hestia s’interrogeait sur la manière de lui raconter ce qu’elle venait de vivre. Elle devait tout lui expliquer, elle le savait. C’était en partie pour ça qu’elle était venue à Sainte Mangouste, elle s’était tournée volontairement vers sa meilleure amie en sachant que des questions viendraient, elle n’allait pas changer d’avis maintenant. Ce serait la solution de facilité, mais ça ne changerait rien. Reculer pour mieux sauter n’arrangerait pas les choses. La Serpentarde elle-même avait encore du mal à réaliser que l’entrevue avec ses parents avait été réelle et non pas un tour de son esprit. Mais alors comment lui dire ? Par où commencer ? Par le début tout simplement. « Grigori a rompu les fiançailles. » Déclara Hestia d’une voix étrangement calme qui tranchait avec la tempête qui rugissait sous son crâne. Elle grimaça lorsque la française nettoya la blessure sur son visage. Elle ne s’éternisa pas sur le sujet de ces fiançailles, Adèle savait bien qu’elle n’en voulait pas. Mais elle savait aussi que face à la pression de ses parents, elle n’avait jamais réussi à imposer sa volonté. Maintenant c’était chose faite, et à quel prix. « Il ne m’a rien dit. Il ne m’a pas prévenu. Il s’est contenté d’aller voir mes parents dans mon dos et leur a annoncé que je n’étais pas assez bien. » Ca n’aurait rien changé à la finalité de tout ça, mais au moins elle aurait pu se préparer. Mais non, il avait fallu que Grigori joue au connard égoïste et qu’elle se retrouve à courir aveuglément droit à la catastrophe. Peut-être que s’il avait accepté de lui parler au lieu de ne penser qu’à lui, les choses auraient pu finir différemment. Mais ça, elle ne le saurait jamais. « Oh, ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre, mais mes parents… Mes parents c’était une autre histoire. » Hestia croisa brièvement le regard de son amie. Que celle-ci ne se méprenne pas, elle n’avait pas changé d’avis sur cette histoire de fiançailles, jamais elle n’aurait accepté d’aller jusqu’au bout, mais elle aurait au moins aimé voir le coup venir. Elle soupira doucement pour ne pas risquer de bouger pendant qu’Adèle refermait sa plaie. « Tu te doutes bien que ça ne leur a pas plu. » Oh non, loin de là. Elle avait des blessures et une foule de souvenirs douloureux pour le prouver.
 

 
CODAGE PAR AMATIS


'Cause there were pages turned with the bridges burned
Revenir en haut Aller en bas
Adèle de Lestang
Adèle de Lestang
Serpentard
INRP
Métier : Etudiante en médicomagie
Messages : 2701
Gallions : 5183
Date d'inscription : 12/01/2019
IRL

Lumos
Je rp en : #666699
Mon allégeance : Neutre
Dim 22 Nov - 17:33

 

No homeland anymore

— Hestia & Adèle

C’était vraiment curieux comme situation. Elle n’était pas encore médicomage, et bien qu’excellente élève, elle n’avait pas développé en six mois de temps la maîtrise de quatre années de stage. Elle n’avait pas écrit d’article reconnu, elle n’était pas à l’origine d’un traitement miracle. Elle ne se souvenait pas non plus avoir à ce point marqué un patient qui pourrait à ce jour la demander pour d’autres soins. Et puis même, elle était toujours étudiante. Qui pouvait à ce point préférer les soins d’une étudiante de deuxième année plutôt que ceux d’un médicomage expérimenté ? Effectivement, elle ne s’attendait pas vraiment à tomber sur sa meilleure amie non plus et elle eut beaucoup de peine à dissimuler son inquiétude. Évidemment la première chose qu’elle se demanda, c’était ce qui avait bien pu lui arriver. Hestia n’était pas du genre à se risquer en plein Londres moldu pour une piqûre d’adrénaline. D’ailleurs Londres moldu ou pas, Hestia ne prenait pas de risques inutiles sans avoir une bonne raison. Ce n’était pas non plus une nouvelle attaque surprise du Blood Circle, auquel cas tout le monde ici serait sur le pied de guerre et les victimes se feraient bien plus nombreuses aux urgences. La Française cessa donc de penser au pire attendant tout simplement les explications de son amie. Une connerie ou la meilleure décision de sa vie ? Aïe, ça, ça voulait dire gros bouleversement, gros évènement et ça la blonde le savait, ça n’arrivait jamais quand on le voulait.  

Chaque chose en son temps. Déjà, éviter de rester plantée devant la porte. Les blessures d’Hestia ne disparaîtraient pas toutes seules. Et s’il y avait bien quelque chose qu’elle savait maîtriser en presque toutes circonstances, c’était ses émotions. Elle s’était toujours dit que dans ce métier, c’était indispensable. Aussi, après avoir assuré à son amie qu’elle aurait son soutien quoi qu’il se soit passé, elle prit les choses en mains. Les premiers soins, elle gérait. Elle avait déjà pratiqué sur certains patients et aussi sur elle-même. Autant dire qu’elle attachait une importance particulière à la précision de ses soins. Ils devaient être parfaits. Et pour son amie, bien sûr qu’elle prendrait le temps nécessaire pour ça. Hestia n’avait à première vue pas de blessures graves enfin… Sur le plan physique. Elle l’invita à lui raconter son histoire, évoquant au passage un vieux souvenir qui eu au moins le mérite de dérider sa camarade. Adèle s’occupa alors de l’entaille, une coupure nette qui ne serait pas trop difficile à faire disparaître. Elle attendit sans rien dire qu’Hestia trouve ses mots. Il y avait des choses qui ne se racontaient pas facilement, et la Française avait bien compris que cette histoire-là en faisait partie. Son amie brisa le silence.

- Oh… Je vois, répondit-elle sans arrêter ses gestes.

Elle se souvenait parfaitement de sa réaction lorsqu’Hestia lui avait appris cette histoire de fiançailles. Une moue désabusée qui à elle seule avait suffi à transmettre tout ce qu’elle en pensait. Évidemment tout ça s’était organisé dans son dos. Oh bah pensez-bien que l’avis de la principale intéressée, tout le monde s’en cognait. Son amie avait pourtant opté pour une autre stratégie que la sienne. Il n’y aurait pas de mariage avec le Dimitrov, ça c’était une certitude. Tout plaquer du jour au lendemain, elle ne se voyait pas le faire et Adèle la comprenait. C’était loin d’être facile. C’était renoncer à tout ce qu’on avait connu jusque là et subir une avalanche de conséquences auxquelles on n’était pas forcément préparé. Alors, elle attendait. Non, sans doute pas que les choses s’arrangent d’elles-mêmes. Les contes de fées et les happy end, ce n’était pas la réalité. Elle attendait probablement ce moment où les choses s’envenimeraient assez pour qu’elle ait besoin d’agir. Au fond, c’était ce qu’Adèle avait fait. Toujours repousser l’inévitable jusqu’à ce que cela ne soit plus possible. Grigori qui avait rompu les fiançailles auraient pu sonner comme une bonne nouvelle. Elle ne voulait pas de ce mariage, il annulait tout. C’était parfait, non ?

Adèle leva sa baguette et exécuta le sort qui allait accélérer les processus de cicatrisation. Elle ne bougea pas d’un millimètre, écoutant la suite de l’histoire. Et pourtant intérieurement, elle était exaspérée du comportement du Russe. De A à Z, il ne ferait que la traiter comme une vulgaire marchandise dont on prend possession ou dont on se débarrasse sans scrupules.

- Je n’en doutais pas, la rassura-t-elle.

Hestia ne changeait pas d’avis comme de chemise. Elle ne deviendrait pas tout à coup ravie d’un projet auquel elle était farouchement opposée depuis le début. Aux dernières nouvelles, Grigori ne s’était contenté que de la prendre pour acquis et n’avait pas spécialement cherché à la convaincre que l’épouser était la meilleure chose à faire, qu’il allait la rendre heureuse etc etc. Quant aux parents… Avait-il trouvé le moyen de rejeter la faute de tout ce cirque sur Hestia ?

- Ne me dis pas qu’ils t’ont tenue pour responsable ?

Ha ils en étaient capables. Adèle ne les avait jamais rencontrés, juste aperçus au loin à la soirée du conseil. Tout ce qu’elle savait d’eux venait de la bouche d’Hestia et Thalia et clairement ce n’était pas du tout les parents de l’année. Pourtant, Adèle avait l’impression qu’il lui manquait encore un bout de l’histoire. Là le raccourci aurait été de penser que ses parents s’étaient défoulés sur elle, mais il ne fallait pas exagérer. Ils n’étaient pas les parents de rêve, mais Hestia n’avait jamais laissé entendre qu’ils maltraitaient leurs enfants physiquement. Alors qu’est-ce qui s’était passé ? Adèle déplaça sa baguette pour observer son travail. Un sourire satisfait s’afficha sur son visage.

- C’est bon pour ici. Je… vais regarder ton bras du coup.

Elle glissa sa main le long du bras, réfléchissant à la meilleure manière de procéder. Elle n’avait jamais aimé le service des accidents matériels. Très souvent c’était le défilé de sorciers tous plus maladroits les uns que les autres, avec des histoires parfois tellement ahurissantes que ça en était désespérant. Elle réfléchit, se souvenant de ce joueur de Quidditch professionnel qui avait eu le radius cassé à la suite d’un match assez brutal. C’est ça, il fallait déjà vérifier si il y avait eu un déplacement de quelque chose.

- Désolée, si je te fais mal.

Elle se trouvait maladroite et beaucoup moins assurée que pour la partie précédente des soins. Pour essayer de focaliser l’attention de son amie ailleurs que sur ce qu’elle était en train de faire. Elle reprit son questionnement.

- Qu’est-ce qui s’est passé ? Tes parents ont trouvé un autre fiancé ?

Alors oui certes ça n’expliquait toujours pas comment elle s’était retrouvée dans cet état, mais si elle avait commencé avec cette histoire de fiançailles, c’est que ça devait bien mener quelque part.

MAY



There's been trials and tribulations
You know I've had my share
I know exactly where I'm going
Getting closer and closer every day
by wiise



Les petits trucs:
Revenir en haut Aller en bas
Hestia Carrow
Hestia Carrow
Admin Serpentard Neutre
INRP
Métier : Etudiante en 4ème année de sciences magiques (spécialisation potions)
Messages : 4638
Gallions : 7665
Date d'inscription : 12/01/2019
IRL

Lumos
Je rp en : #107058
Mon allégeance : ma soeur Thalia et moi-même. C'est déjà pas mal
Sam 12 Déc - 19:50
No homeland anymore


Adestia

I had to fall, to lose it all
But in the end, it doesn't even matter
 
 

Faire partie des Carrow avait toujours donné l’impression à Hestia d’évoluer au milieu de sables mouvants. Il était impossible de prévoir à quel moment le sol allait se dérober sous ses pieds. Quel faux pas exactement la ferait s’enfoncer et se débattre jusqu’à s’étouffer. Elle savait que le danger était là, qu’il la guettait, qu’il attendait la moindre erreur de sa part pour l’engloutir jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien d’elle. Elle avait toujours vécu ainsi, avec cette menace silencieuse au dessus de la tête. Quoi qu’elle fasse, quoi qu’elle dise, elle devait toujours faire attention. Parce que sa famille et son image si prestigieuse, si précieuse, et si fragile, devait toujours passer avant tout et tout le monde. Elle la première. Jusqu’à présent, Hestia avait toujours réussi à s’en sortir, à éviter le pire grâce à quelques pirouettes, d’habilles mensonges ou simplement en reculant le moment fatidique. A Poudlard son comportement n’était pas parfait, en fait il était bien loin de l’image immaculée que ses parents attendaient d’elle, mais comme une fois en dehors des murs du château elle parvenait à donner le change, ça équilibrait le tout. C’était l’héritière parfaite qui se retrouvait dans la lumière et parvenait tant bien que mal à faire oublier la gamine instable de Poudlard. Oh bien sûr, ses parents n’hésitaient pas à lui faire comprendre combien son comportement était inacceptable et combien elle les décevait, mais ça s’arrêtait là et Hestia s’était toujours contentée de ça. Les sables mouvants étaient là, juste sous ses pieds à attendre le moment propice pour l’entrainer vers le fond, mais elle avait toujours réussi à les éviter habilement, parfois de justesse. Du moins jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’à ce que les sables se renferment sur elle sans même qu’elle ne s’en rende compte et qu’elle doive lutter bec et ongle pour sa propre survie. Au fond, Hestia avait toujours su que ce moment viendrait, avec une famille telle que la sienne, il ne pouvait pas en être autrement. Mais elle avait toujours l’espoir stupide que ce tournant, elle puisse le décider elle-même. Certains disaient que l’espoir faisaient vivre, de son côté elle avait plutôt tendance à croire qu’il rendait aveugle.

Parce que ça avait été le cas, une fois de plus, on avait décidé pour elle et elle n’avait rien vu venir. Elle avait été stupide, et aveugle. Une fois de plus elle s’était retrouvée à se battre seule pour sa survie. Et elle en payait le prix. Tout ça à cause d’une seule et même personne : à cause de Grigori Dimitrov. Ce sale traitre qui croyait pouvoir dicter son existence, et qui y était parvenu par deux fois. Oh non, ce n’était pas à cause d’un loup garou que Hestia se retrouvait dans un tel état, tout ça c’était juste à cause d’un slave qui se pensait tout permis, mais elle aurait presque préféré l’inverse. Au moins un loup garou elle en avait déjà affronté un et elle savait qu’elle pouvait s’en sortir vivante, là… Eh bien elle ne savait pas trop. « Oh… Je vois. » Hestia hocha lentement la tête face à la réaction de sa meilleure amie. Adèle savait parfaitement comment se passaient les histoires de fiançailles chez les sangs purs, pour avoir tenté l’expérience elle-même, alors elle n’avait sûrement pas beaucoup de mal à s’imaginer les conséquences que pouvaient avoir ce genre d’annoncer sur une famille telle que les Carrow. La française n’eut pas l’air surprise quand Hestia lui expliqua que tout ça s’était de nouveau fait dans son dos. Au fond, elle aurait sûrement du s’y attendre, ça avait déjà été le cas pour les fiançailles, elle n’avait pas eu son mot à dire -pour quoi faire ?- alors il était naturel que l’histoire se répète. Pour un sorcier doté d’une assurance impressionnante Grigori mettait quand même un point d’honneur à ne jamais se retrouver face aux conséquences de ses actes, mêmes quand celles-ci prenaient la forme d’une jeune sorcière de dix-neuf ans. Quel lâche. Un soupir échappa à la Serpentarde alors qu’elle précisa qu’elle n’était pas la personne qui regrettait le plus la fin de ces fiançailles de malheur. « Je n’en doutais pas. » La verte eut un infime sourire reconnaissant. Elle savait qu’elle pouvait compter sur Adèle et la française le plus prouvait une fois de plus.

Pendant que la française entamait le sortilège qui viendrait guérir la blessure à la tête de Hestia, celle-ci continua son récit. Elle n’avait pas seulement besoin qu’on panse ses plaies, elle avait aussi besoin de vider son sac, de dire à voix haute tout ce qui la torturait sous son crâne. Elle doutait que ça la libère d’un poids, mais elle savait qu’au moins auprès d’Adèle, elle trouverait une oreille attentive et un soutien sans faille. « Ne me dis pas qu’ils t’ont tenue pour responsable ? » La verte sentait le sortilège de son amie lui picoter la peau mais elle ne broncha pas. Cette douleur n’était rien par rapport à celle de son bras, et encore plus infime en comparaison à celle qui étreignait son cœur. Au moins la souffrance qui traversait son corps serait de courte durée, pour le reste, eh bien elle n’était pas aussi optimiste. Elle aurait pu grimacer en entendant la question d’Adèle, ou lever les yeux au ciel pour lui montrer ce qu’elle en pensait, mais elle ne bougea pas pour ne pas compliquer la tâche de la future médicomage. La manière dont la blonde avait formulé sa question montrait clairement ce qu’elle pensait de tout ça. Elle trouvait la situation anormale et, par Merlin, ça l’était ! Mais elles avaient toutes deux évoluées dans le milieu des sangs purs, alors la normalité, elles savaient qu’elle était totalement différente dans ce monde là. « Qu’auraient-ils pu faire d’autre ? Un Dimitrov est venu les voir pour leur affirmer qu’il avait trouvé mieux que leur fille. Ça ne pouvait être que ma faute. » Souffla-t-elle d’une voix amère. Et au fond, ils avaient raison, c’était de sa faute. C’était elle qui refusait ce mariage, c’était elle qui n’avait pas joué le jeu, c’était elle qui n’était pas à la hauteur. Elle ne répondait aux attentes de personnes, alors bien sûr qu’elle était celle qu’on blâmait, celle qu’on punissait. Tout ça pour quoi ? Parce qu’elle avait voulu conquérir sa liberté et tenter de vivre en paix. C’était peut-être de sa faute, mais au fond personne ne lui avait laissé le choix. C’était ça le pire, ils la blâmaient tous de vouloir vivre sa vie alors qu’eux-mêmes tentaient d’en tirer les ficelles. Quelle hypocrisie.

Les picotements sur le crâne de la Serpentarde stoppèrent et elle sut rien qu’au sourire de sa meilleure amie que sa blessure n’était plus qu’un mauvais souvenir. Encore une chose qui lui donnait raison d’avoir entièrement confiance en Adèle. « C’est bon pour ici. Je… vais regarder ton bras du coup. » Hum, là ça allait être plus compliqué mais Hestia ne dit rien, elle était de toute façon trop sonnée pour protester à quoi que ce soit et sans l’intervention d’Adèle son bras n’allait pas se soigner tout seul. Machinalement, la verte remonta la manche de son pull le plus haut possible pour que son amie ait un accès plus facile à son bras. « Désolée, si je te fais mal. » Face aux gestes experts de la future médicomage, Hestia se laissa faire. Si elle était capable de concocter des potions de soin complexes, toute la partie diagnostique lui était complètement étrangère, aussi s’en remettait-t-elle complètement à sa meilleure amie. Elle sentait que son bras était cassé, elle avait entendu le craquement distinctif de ce genre d’accident et elle en ressentait la douleur qui pulsait jusqu’au bout de ses doigts, mais elle se doutait que ce n’était pas aussi simple que ça. « T’en fais pas, j’ai connu pire. Fais ce qu’il faut. » Acquiesça-t-elle calmement. Elle en avait connu d’autres. Rien que lors de ses entrainements de Quidditch, elle s’était retrouvée de nombreuses fois à l’infirmerie. Ce n’était pas la première fois qu’elle se cassait le bras cette année, elle allait finir par s’habituer. Et puis, elle avait une confiance totale en Adèle, alors elle ne s’inquiétait absolument pas.

Malgré tout, ça ne l’empêcha pas de grimacer quand les mains d’Adèle vinrent palper son bras douloureux pour repérer l’endroit de la fracture. Au final peut-être que ce n’était pas plus mal, ainsi Hestia pouvait se concentrer sur autre chose que sur la boule d’angoisse qui grossissait un peu plus à chaque seconde dans son estomac. « Qu’est-ce qui s’est passé ? Tes parents ont trouvé un autre fiancé ? » La Serpentarde leva les yeux vers son amie. Pour oublier apparemment ce ne serait pas aussi simple. Enfin, de toute façon elle doutait de pouvoir oublier un seul instant de ce qu’il venait de se passer dans la demeure des Carrow, elle allait devoir vivre avec toute sa vie. Peut-être que tout raconter serait une bonne manière d’exorciser tout ça ? D’essayer d’y trouver un sens, de l’accepter ? Elle ne savait pas trop mais depuis qu’elle avait quitté la maison de sa famille Hestia n’était plus sûre de rien. Dans tous les cas, elle ne pouvait pas laisser Adèle ainsi après lui avoir raconté la moitié de l’histoire, elle était venue là en partie pour ça elle devait s’y tenir. Peu importe combien c’était difficile. « Si seulement… Oh non, ils ont trouvé mieux que ça. Puisque je n’étais pas fichue d’être une fiancée digne de ce nom, ils ont décidé que ce ne serait pas pour moi. » Un nouveau fiancé aurait été une plaie mais ça aurait certainement été plus simple à gérer que ce que Cyrus Carrow avait voulu exiger d’elle. Au moins se retrouver avec un héritier de sang pur dans les pattes elle s’y attendait, mais ce qui lui était tombé dessus, elle ne l’avait pas vu venir. « A la place, mon père a décrété que je devais rejoindre officiellement les rangs des mangemorts. » Déclara-t-elle d’une voix rauque. Qu’elle rejoigne les mangemorts avait toujours été dans les plans de ses parents, mais elle avait cru avoir le temps. Bien plus de temps que ça. « J’ai refusé. » Était-ce vraiment la peine de le préciser ? Sûrement pas, mais puisqu’elles n’avaient jamais ouvertement abordé le sujet des allégeances autant mettre les choses au clair.

Quant à la suite de cette histoire, Hestia se rendait compte qu’elle était incroyablement difficile à prononcer à voix haute. Elle avait elle-même encore du mal à y croire, alors le raconter ? Ça lui semblait encore plus douloureux que l’examen auquel Adèle soumettait son bras. Après une seconde de pause, elle prit une profonde inspiration pour rassembler le courage nécessaire. Elle n’en n’aurait certainement jamais assez mais elle n’avait pas le choix, c’était une réalité avec laquelle elle allait devoir vivre maintenant. « Et vu ma présence ici, tu peux sûrement deviner que ça non plus, ça ne leur a pas plu… Selon eux, je n’avais pas mon mot à dire. Alors mon père a tenté de me mettre sous imperium. » Alors que les mots venaient résonner étrangement dans la pièce, les prunelles de Hestia quittèrent le visage d’Adèle pour se fixer sur un point au sol. Le carrelage tangua sous ses yeux et elle ferma les paupières quelques instants dans l’espoir vain que le monde retrouve sa clarté. Ce ne serait certainement plus jamais le cas. Ce qu’elle venait de dire, ces mots, c’était comme si elle voulait échapper à leur signification. Elle voulait les empêcher de prendre tout leur sens, de s’ancrer dans la réalité. Parce qu’une fois que la réalité se serait vraiment imposée à elle, il n’y aurait plus de demi-tour possible. Sauf qu’elle n’avait jamais eu le choix, à refuser de voir les choses en face celles-ci lui avaient explosé à la figure, la laissant avec les ruines de son existence à ses pieds et le cœur douloureux. « Je… Je ne pensais pas qu’ils iraient jusque là. Et c’était vraiment… Vraiment stupide de ma part. » Elle avait voulu y croire, Hestia, comme la gamine idiote qu’elle était, et maintenant elle s’en mordait les doigts.
 

 
CODAGE PAR AMATIS


'Cause there were pages turned with the bridges burned
Revenir en haut Aller en bas
Adèle de Lestang
Adèle de Lestang
Serpentard
INRP
Métier : Etudiante en médicomagie
Messages : 2701
Gallions : 5183
Date d'inscription : 12/01/2019
IRL

Lumos
Je rp en : #666699
Mon allégeance : Neutre
Sam 19 Déc - 23:30

 

No homeland anymore

— Hestia & Adèle

Le destin d’une sorcière de sang pur n’était vraiment pas fabuleux. Naître pour vingt ans plus tard épouser un type de sang pur bien entendu, et finir en poule pondeuse pour faire naître une nouvelle génération de sang-purs condamnée à reproduire le même schéma. Et tout ça pour quoi ? Pour qui ? Pour permettre à une élite de fanfaronner sur la pureté du sang ? Pour qu’ils se sentent supérieurs ? Mais de quoi au juste ? Non ils n’étaient pas plus puissant, non il n’était pas de meilleurs sorciers et non leurs vies pleines de diktats n’étaient pas enviables. En fait, les générations de sang-purs n’étaient que du bétail destiné à la reproduction. Ce n’était pas mieux que de la sélection à l’image d’un élevage d’hippogriffes. C’était le sentiment qu’elle en avait. Épouser quelqu’un pour son sang plutôt que pour les sentiments, mais quelle idée ! Adèle avait parfois l’impression que leur génération était celle qui allait remettre tout en question, ou tout au moins en poser les bases. Ce n’était pas nouveau et d’autres avant avaient remis cela en question, mais cela arrivait encore plus maintenant. Thalia, Alcyone, elle-même… Ce n’était qu’une question de temps pour que ce soit le tour d’Hestia. Adèle le savait, sa meilleure amie avait d’autres ambitions et même tout simplement, elle voulait juste avoir le choix. Ce choix que Grigori ne lui avait pas laissé et qui était venu accélérer le moment où rien n’irait plus avec sa famille.

Tout en effaçant la coupure qui lui décorait la tempe, Adèle écoutait le récit de son amie, se permettant de réagir aux différentes informations qu’elle lui révélait. Voilà le Russe avait annulé les fiançailles. Oui d’accord ce n’était pas surprenant, ce n’était qu’une question de temps aussi puisqu’Hestia ne lui avait pas caché son avis sur la question, mais il aurait au moins pu envoyer une petite lettre pour prévenir. Non, visiblement c’était surfait. Cette histoire l’agaçait. Hestia n’avait pas à souffrir de ses décisions, et c’était pourtant ce qui arrivait. Bien sûr que les Carrow avaient tenu leur fille responsable de cet échec. Leur fille éconduite et c’était elle la fautive pas le type qui prenait et jetait, bien sûr. Adèle se retint de soupirer pour ne pas gâcher le travail qu’elle effectuait sur la blessure de son amie.

- Ce n’est pas juste, finit-elle par dire.

Après le visage, elle s’attaqua à la partie qu’elle maîtrisait le moins. Bien sûr, elle avait beaucoup lu. Bien sûr, elle avait retenu ce qu’elle avait pu voir lors de ses stages, mais de là à résoudre le problème en deux temps trois mouvements, non ça ce ne serait pas encore pour maintenant. Elle paraissait sans doute moins experte, mais Hestia le savait ça. Même si elle plaçait sa confiance en elle, son amie savait bien qu’elle ne maîtrisait pas tout. Alors elle manipula du mieux qu’elle pouvait le bras de son amie pour en déduire son état. De tous les cours d’anatomie qu’elle avait ingurgité, elle pouvait en déduire que rien n’était déplacé. Elle eut un sourire en entendant Hestia lui dire qu’elle avait connu pire. Bon ok d’accord, mais ce n’était pas une raison pour qu’elle la fasse souffrir plus que nécessaire. Histoire de lui détourner l’attention si elle le pouvait, elle reprit la conversation. Elle avait besoin de comprendre comment elle en était arrivée là. Pas pour le diagnostic, elle n’avait pas vraiment besoin de ce genre d’informations pour une fracture. Non elle avait besoin de savoir pour aider son amie sur un plan moins médical. Adèle croisa le regard d’Hestia et elle comprit qu’il ne s’agissait plus vraiment que d’une histoire de mariage raté. Elle sentit que c’était de la suite que son amie allait avoir du mal à parler. La Française resta silencieuse. Ce n’était plus vraiment utile après tout ce temps de lui rappeler qu’elle pouvait tout lui dire et qu’elle ne la jugerait pas. Non, si les mots avaient du mal à sortir ce n’était pas une histoire de confiance. C’était simplement parce que c’était difficile à encaisser pour elle. La blonde se concentra alors sur le bras pour tenter d’établir l’étendue des dégâts.

Hestia infirma son hypothèse. Pas de nouveau fiancé à l’horizon. Pire alors ? Qu’est-ce qui pouvait être pire du coup ? Adèle reposa le bras de son amie en entendant la réponse. Ça c’était vraiment un coup dur. La cause de ses parents n’avaient jamais été la sienne. Comme elle, Hestia avait juste envie de vivre sa vie tranquillement. Elle fixa Hestia, tentant de deviner ce qui s’était passé dans la demeure des Carrow. Oui, elle avait refusé bien sûr. Elle s’en doutait un peu. Même si elles n’avaient jamais abordé ce sujet, elle ne voyait pas Hestia soutenir cette cause. Impossible! Elle la connaissait assez pour l’affirmer. Adèle n’intervint pas. Elle sentait que le fin mot de l’histoire allait sortir sous peu. Elle ne put s’empêcher de la fixer abasourdie, en entendant ce que son père avait tenté de faire. Le sortilège de l’Imperium sur leur propre fille ? Jusqu’au bout, ils prenaient leur fille pour un pantin, c’était dingue. Adèle devinait alors ce qu’il s’était produit. Forcément, elle s’était défendue et voilà le résultat.

- Je suis vraiment désolée pour toi Hestia… Commença-t-elle, j’aurais tellement aimé que tu n’aies pas à vivre ça…

Elle s’installa à côté d’elle et en prenant garde de ne pas lui meurtrir le bras plus que nécessaire, elle l’attira contre elle. Oui, ni l’une ni l’autre n’était démonstrative, mais Adèle savait que le contact humain en de pareilles circonstances faisait du bien. Maintenant, la Française comprenait mieux ce qu’elle avait voulu dire avec la plus grosse connerie de sa vie ou la meilleure décision.

- Déjà, n’en doute pas, c’était la meilleure décision de ta vie. La connerie ce n’est pas toi qui l’as faite, ok ?

C’était une certitude. Ses parents avaient clairement déconné avec elle et fuir un truc pareil ce n’était pas une erreur, c’était logique. Oui forcément derrière, elle ne pourrait pas faire comme si rien ne s’était passé. Elle allait devoir faire face aux conséquences et il n’était pas seulement question de ses blessures physiques. Ça, ce serait la première chose à disparaître. Non, il allait falloir vivre avec la désillusion. Ses parents ne seraient jamais ce qu’elle espérait et oui il lui avaient fait du mal. Pour tout ça, Adèle se contenterait de la soutenir et de lui changer les idées autant que possible. Ensuite, elle allait sûrement devoir faire face à tous les problèmes que déserter le foyer familial impliquaient. Là encore, elle saurait la conseiller et la soutenir, elle était passée par là, elle savait que ce n’était pas insurmontable. Difficile oui, mais pas impossible.

- Je t’ai dit qu’on allait affronter ça ensemble et je le pensais. Crois-en ma maigre expérience, on peut survivre sans nos parents et on peut même être heureuse !

Après un petit moment, Adèle avisa le bras de son amie toujours blessé. Il était temps d’y faire quelque chose. Si effectivement elle savait ce qu’elle devait faire et quel traitement utiliser, elle n’était pas certaine de la posologie et elle se leva pour rédiger une note destiné à son maître de stage. Elle préférait qu’on lui confirme ses hypothèses plutôt que de faire pousser un nouvel os dans le bras de son amie. Elle ensorcela la note avant d’ouvrir la porte pour que celle-ci rejoigne son destinataire.

- Je vérifie quelque chose et je m’occupe de réparer ça, lui dit-elle alors.

MAY



There's been trials and tribulations
You know I've had my share
I know exactly where I'm going
Getting closer and closer every day
by wiise



Les petits trucs:
Revenir en haut Aller en bas
Hestia Carrow
Hestia Carrow
Admin Serpentard Neutre
INRP
Métier : Etudiante en 4ème année de sciences magiques (spécialisation potions)
Messages : 4638
Gallions : 7665
Date d'inscription : 12/01/2019
IRL

Lumos
Je rp en : #107058
Mon allégeance : ma soeur Thalia et moi-même. C'est déjà pas mal
Sam 9 Jan - 23:20
No homeland anymore


Adestia

I had to fall, to lose it all
But in the end, it doesn't even matter
 
 

Tout était la faute de Hestia, bien sûr. Aux yeux de ses parents, il ne pouvait pas en aller autrement. Remettre en question leurs idéaux, leur manière de vivre, tout ce en quoi ils croyaient et sur quoi ils avaient construit leur vie était hors de question. Des décennies de manière d’être ne pouvaient pas être rayées aussi aisément, pas pour des sorciers comme les Carrow. Alors quand Grigori était venu leur annoncer qu’il ne souhaitait plus se marier à Hestia, c’était tout naturellement que la faute était retombée sur la Serpentarde. Remettre en question la décision du slave n’avait même pas dû leur traverser l’esprit. C’était lui qui avait fait un caprice pour que ces fiançailles soient arrangées et pourtant c’était lui qui venait les briser. Mais ce n’était pas lui qu’on blâmait. Non, tout retombait sur Hestia, comme si c’était elle qui avait cherché tout ça, comme si c’était de sa faute à elle et uniquement à elle. Elle se retrouvait fiancée de force à un sorcier qu’elle n’aimait pas, puis éconduite comme un vulgaire objet qu’on jetait lorsqu’on n’en n’avait plus besoin. Elle était ballotée de gauche à droite, n’avait même pas la main sur les décisions les plus importantes de son existence, et pourtant c’était elle la fautive. « Ce n’est pas juste. » Voilà, c’était exactement ça. Adèle avait mis le doigt sur ce qui faisait le plus mal. Peu importe quel comportement Hestia aurait pu adopter, au final elle aurait toujours été la seule et unique fautive. Et c’était incroyablement injuste. Et d’autant plus douloureux que ça venait de ses propres parents. Elle aurait dû y être habituée, pourtant la déception était toujours aussi cuisante. Que Grigori se permette de décider pour elle était déjà insupportable, mais elle ne pouvait rien y faire. En revanche, comprendre que ses parents ne lui apporteraient aucun soutien, ça c’était terrible. « Non, ce n’est pas juste. Mais nos vies n’ont jamais été justes. » Souffla-t-elle à mi-voix. Son ton semblait résigné, mais l’amertume était toujours bien présente au fond de son cœur et elle doutait qu’elle le quitte un jour. Dans tout ça rien n’était juste. Ni que les décisions de Grigori puissent avoir un tel impact sur sa vie, ni que ses parents ne cherchent même pas à l’écouter avant de décider qu’elle était la seule à blâmer.

De cette entrevue, chaque seconde, chaque parole, chaque geste avait été injuste. Rien de ce que Hestia aurait pu dire ou faire pour se défendre ou s’expliquer aurait été assez. Son procès avait été fait avant même qu’elle ait mis un pied dans la demeure et elle était passée directement sur le banc des accusés. Adèle avait raison de trouver ça injuste, mais le pire c’était qu’elle n’avait pas encore tous les éléments en main pour comprendre ce qu’il s’était passé dans la maison de famille des Carrow. Qu’allait-elle penser une fois qu’elle saurait tout ? Le récit était loin d’être terminé mais la Serpentarde avait dû mal à continuer. Ce qu’elle avait vécu face à ses parents l’avait laissé sonnée et désorientée, mais elle n’avait pas eu le temps de réfléchir. L’instinct avait pris le dessus et l’avait poussé à agir. Et maintenant qu’elle prenait le temps d’y songer et de poser des mots sur ce qu’il s’était passé, elle en réalisait seulement la gravité. Tout ça avait encore un peu de mal à l’atteindre, le contrecoup n’était pas encore arrivé même si elle doutait que cela n’allait plus tarder, en revanche elle pu voir les émotions défiler sur les traits de sa meilleure amie alors qu’elle se forçait à continuer son récit. Adèle paraissait atterrée, et au fond il y avait de quoi, bientôt ce sentiment ne manquerait sûrement pas de venir s’ajouter à la tempête qui sévissait dans le cœur de la Serpentarde, une fois qu’elle ne serait plus en état de choc. « Je suis vraiment désolée pour toi Hestia… J’aurais tellement aimé que tu n’aies pas à vivre ça… » La Serpentarde ferma les yeux une seconde en sentant sa meilleure amie s’assoir à ses côtés puis l’attirer doucement contre elle. Hestia se laissa faire. Elle n’était pas particulièrement habituée à ce genre de contacts et même pas vraiment tactile elle-même, mais elle ne dit rien. Et il lui semblait que c’était également le cas d’Adèle, la française n’était pas vraiment du genre expansive. Alors ce simple geste voulait dire beaucoup. Il traduisait tout leur désarroi, leur douleur et leurs désillusions. Si Adèle agissait ainsi, c’était parce qu’elle savait précisément quels tourments Hestia vivait. Et si Hestia se laissait faire, c’était parce qu’elle savait que sa meilleure amie la comprenait mieux que personne, pour avoir vécu ces mêmes tourments. « C’était voué à arriver. J’ai juste été idiote de ne pas le voir venir. J’ai voulu m’accrocher, me dire que les choses changeront peut-être et… J’en sais rien. » Souffla-t-elle à mi-voix dans une tentative de s’expliquer. Elle savait qu’Adèle ne lui demandait rien, mais la verte voulait tenter de mettre des mots sur son manque de rébellion. Peut-être pas que pour la française, peut-être un peu pour elle aussi. Sauf que plus elle parlait, plus elle se sentait idiote. Pourquoi est-ce que ça aurait été différent ? Pourquoi ses parents auraient-ils agis ainsi avec Thalia mais pas elle ? Elle avait voulu y croire, s’accrocher à cette idée de famille qui lui manquait tant, et elle avait eu tort.

Hestia soupira doucement. Si sa tête ne la lançait plus grâce aux bons soins de son amie, son bras lui faisait toujours mal, mais elle ne s’en plaignait pas, la douleur lui donnait quelque chose sur quoi se concentrer pour éviter de trop penser. La réalité la rattraperait bien assez tôt, elle ne voulait pas y songer pour le moment. Pour le moment, elle profitait de la présence d’Adèle à ses côtés. C’était fou comme un peu d’affection pouvait lui faire du bien. Était-ce donc de ça dont ses parents l’avaient privé toute sa vie ? C’était encore plus cruel d’y songer ainsi. « Déjà, n’en doute pas, c’était la meilleure décision de ta vie. La connerie ce n’est pas toi qui l’as faite, ok ? » Un léger sourire vint ourler les lèvres de la verte. C’était ainsi qu’elle avait commencé son entrevue avec Adèle, à n’en pas douter ses mots avaient dû marquer son amie. Au fond, il y avait de quoi, si les rôles avaient été échangés, cela n’aurait pas manqué d’inquiéter Hestia. La plus grosse connerie, ou la meilleure décision de sa vie, ça semblait un peu réducteur dit ainsi, mais ça ne pouvait pas être plus vrai. La française semblait sûre d’elle lorsqu’elle affirmait que Hestia avait pris la bonne décision, mais la Serpentarde devait bien avouer qu’elle n’était pas aussi assurée. « Tu me prends pour la plus grosse des ingrates si je te dit que pour le moment j’ai un peu de mal à y croire ? » Répondit-elle en coulant un regard dans la direction de la blonde. La meilleure décision de sa vie… Ça lui paraissait un peu compliqué à croire pour le moment. Pour la première fois elle s’était opposée à ses parents, elle avait pris une décision pour elle et juste elle, et voilà comment ça s’était terminé. Elle n’avait plus de parents, plus de maison, peut-être plus vraiment d’avenir. Et il y avait tout le reste, les conséquences qui ne manqueraient pas de venir avec cette décision. Les attitudes qui allaient changer sur son passage, les regards et les rumeurs. Mais tout ça, Hestia n’avait pas envie d’y penser. C’était trop d’un coup.

« Je t’ai dit qu’on allait affronter ça ensemble et je le pensais. Crois-en ma maigre expérience, on peut survivre sans nos parents et on peut même être heureuse ! » Un nouveau sourire vint flotter sur les lèvres de la Serpentarde. Pour le moment l’idée de survivre sans ses parents et même de simplement être heureuse paraissait ahurissante à Hestia, mais elle savait qu’elle pouvait accorder toute sa confiance en Adèle. S’il y avait quelqu’un qui savait de quoi elle parlait sur ce sujet, c’était bien la française. Cela faisait plus de six mois maintenant qu’elle avait tourné le dos à sa famille et de ce que Hestia en savait, elle s’en sortait à merveille. Oh, ce n’était pas simple tous les jours, la verte en était consciente, mais à aucun moment sa meilleure amie ne lui avait confié qu’elle regrettait sa décision. Alors si Adèle avait réussi, pourquoi pas elle ? Hestia n’était pas moins intelligente ou débrouillarde que son amie. « Merci Adèle, je savais que je pouvais compter sur toi. » Souffla-t-elle en lui adressant un regard reconnaissant. Le chemin qui l’attendait n’était pas aisé, mais au moins elle ne serait pas seule. Elle aurait Adèle à ses côtés. Et sûrement Thalia aussi. Et puis peut-être que d’autres parmi ses amis ne se réjouiraient pas du spectacle de sa chute. Elle ne préférait pas faire de paris hâtifs sur le sujet, mais peut-être serait-elle surprise. Peut-être. En attendant tout ça lui semblait encore trop énorme pour qu’elle en réalise toute l’étendue. Dans sa tête ça bourdonnait de pensées et de questionnements qu’elle préférait repousser. Gérer la réalité viendrait bien assez tôt.

Lorsqu’Adèle se leva pour envoyer une note, Hestia l’observa en silence, bien contente de focaliser toute son attention sur sa meilleure amie. Il ne faisait pas bon de se balader parmi ses pensées pour le moment. Ses prunelles suivirent la note lorsque la française la fit partir dans le couloir. « Je vérifie quelque chose et je m’occupe de réparer ça » La verte hocha simplement la tête. Pas un instant elle ne remis la parole de son amie en doute. En fait, elle se demandait plutôt si elle n’avait pas mis Adèle dans l’embarras en exigeant de n’avoir à faire qu’à elle. Elle ne doutait pas que sa meilleure amie deviendrait bientôt une médicomage très douée, mais pour le moment elle restait une stagiaire de deuxième année. Hestia ne voulait pas trop en exiger d’elle, et elle espérait qu’elle savait qu’elle ne lui en voudrait pas si elle choisissait d’appeler un confrère médicomage pour l’aider dans ses soins. Vu le morceau de parchemin qui venait de partir, Adèle avait sûrement les choses en mains. Plutôt que de remettre en cause les décisions de son amie, Hestia tenta de se concentrer sur autre chose. Habituellement, le silence ne la gênait pas, loin de là, mais pour le moment il laissait trop de place à ses pensées. Elle le combla donc avec le premier truc auquel elle pensa. « Tu as des conseils pour moi ? Des trucs que je devrais savoir ? » Lança-t-elle tout à trac, dans un mélange de nervosité et de résignation. Puisqu’elles avaient un peu de temps, autant le mettre à profit. Adèle avait huit mois d’avance sur elle, Hestia ne pouvait qu’apprendre de son expérience. Commencer dès maintenant ne pourrait-être qu’une bonne chose. Elle préférait encore ça au récit précédent qu’elle avait fait à la blonde. « Parce que jouer les parfaites héritières ça je sais faire, mais les filles reniées c’est plutôt nouveau. » Une pointe d’ironie vint se glisser dans sa voix. Oh oui, c’était nouveau, mais apparemment il allait falloir qu’elle s’y habitue. Et vite.
 

 
CODAGE PAR AMATIS


'Cause there were pages turned with the bridges burned
Revenir en haut Aller en bas
Adèle de Lestang
Adèle de Lestang
Serpentard
INRP
Métier : Etudiante en médicomagie
Messages : 2701
Gallions : 5183
Date d'inscription : 12/01/2019
IRL

Lumos
Je rp en : #666699
Mon allégeance : Neutre
Dim 14 Fév - 15:32

 

No homeland anymore

— Hestia & Adèle

Oh non, ça c’était une certitude. Leurs vies n’avaient jamais été justes. Adèle avait vite compris que si elle ne voulait pas être malheureuse toute sa vie, il faudrait qu’elle se batte. Elle ne voulait pas passer sa vie à envier la vie plus simple d’autres camarades, ou simplement leurs familles aimantes. Elle ne pouvait pas se laisser ronger et jalouser la vie des autres. Elle devait se donner les moyens de réaliser ses rêves. Oh bien sûr les apparences avaient toujours laissé croire qu’elle avait une vie de rêve. Si bien qu’elle avait surpris ces fameuses camarades qu’elle enviait, la jalouser aussi. Oh qu’elle aurait aimé échanger. Hestia était comme elle. Elle aussi aurait souhaité moins d’obligations, moins de règles et une vraie famille. Sans doute des parents aussi qui écoutaient l’avis de leur fille. Non il n’y avait pas de justice dans une famille sang-pure qui suivait les traditions à la lettre. Seuls leurs intérêts avaient de la valeur, le reste, tout ce qui pouvait les compromettre était à réduire au silence. Voilà comment on préférait renier ses enfants plutôt que de les accompagner dans le destin qu’ils s’étaient choisi. Sauf que les parents d’Hestia avaient fait pire et la Française ne s’attendait pas à une telle révélation. Ils avaient dépassé les limites de l’acceptable. Finir à la rue, déshéritée, déshonorée, était finalement ce à quoi il fallait s’attendre quand on ne voulait pas rentrer dans le rang. Mais user d’un sortilège impardonnable, obliger par la force son enfant à obéir, ça c’était inconcevable…  

Voilà comment Adèle s’était assise à côté de son amie et l’avait attirée contre elle dans une étreinte maladroite. Quand on n’avait pas reçu beaucoup d’affection dans sa vie, ce genre de geste n’était pas des plus évidents, mais quand il s’agissait d’une amie, ce n’était plus vraiment un effort. Adèle changeait aussi, la vie qu’elle s’était choisie la changeait. Elle ne deviendrait pas aussi froide et effacée que sa mère, elle se l’était promis. Cette simple étreinte à cet instant était ce dont elles avaient besoin. Ça valait plus que des mots et elles en avaient tant manqué que ça ne pouvait que les aider à affronter les tourments passés et à venir.

- Je sais, souffla-t-elle.

Bien sûr qu’elle savait, elle ne pouvait que la comprendre. Jusqu’au bout elle-même avait espéré de sa mère un geste, un mot, le soutien qu’elle attendait tant. Elle avait espéré que sa mère sortirait de son silence et l’aiderait à suivre sa voie plutôt que de laisser Beaulieu lui imposer la sienne. Ce n’était pas idiot que d’espérer, c’était humain. La désillusion était par contre difficile à encaisser, mais dans l’histoire de sa meilleure amie, il y avait plus que de la déception. Alors elle lui assura qu’au vu de ce qu’elle avait subi, elle ne pouvait avoir pris que la meilleure décision de sa vie. Hestia n’avait pas encore les mêmes certitudes qu’elle. La blonde lui adressa un sourire et la rassura :

- Non, bien sûr que non, je comprends même plutôt bien.

Elle aussi une fois sa réponse envoyée à sa famille s’était demandée si elle n’avait pas fait une grosse erreur. Quand on faisait une croix sur tout ce qu’on avait toujours connu, ce qui nous attendait alors était angoissant. On n’avait jamais dit que le chemin pour atteindre le bonheur était facile et confortable.

- Ça viendra et un jour tu seras aussi convaincue que moi.

Elle en était certaine et elle lui assura qu’elle serait là pour elle. Elle n’affronterait pas les conséquences de ses actes seules et Adèle le savait, elle ne serait pas seule à la soutenir. En attendant son amie avait aussi besoin de soins et la Française bien qu’à l’aise dans ses études n’avait pas envie qu’Hestia ait à subir d’une erreur de dosage. Ainsi elle avait choisi avec raison de demander conseil à son maître de stage qui lui avait d’ailleurs proposé de l’aider si elle en ressentait le besoin. La porte refermée, elle se tourna de nouveau vers Hestia qui lui demandait conseil. Elle réfléchit avant de lui répondre :

- Avec le train de vie qu’on menait, l’argent fond comme neige au soleil. Il faut vite apprendre à faire des choix, mais je pense que tu es plus raisonnable que moi à ce sujet…

A part peut-être quand il s’agissait de sa passion ? La fabrication des potions avait un coût après tout. De son côté, une fois qu’elle avait renoncé aux articles de luxe, ses ouvrages de médicomagie étaient ce qui lui avait coûté le plus cher.

- Ta sœur est de bon conseil à ce niveau-là, lui avoua-t-elle.

Et c’était vrai. Sans Thalia, elle aurait eu du mal à ouvrir les yeux. Elle l’avait aidée à cibler les dépenses à réduire et lui avait filé ses bons plans en matière d’économie.

- Pour affronter les autres en revanche, je serais de mauvais conseil… Je n’ai jamais revendiqué mon choix et le fait que ma famille soit française a aidé à sauvegarder les apparences. La distance ça aide…

Ça ne durerait qu’un temps, elle le savait. Tout ça finirait par se savoir. Il suffisait que les gens grattent un peu et ils sauraient ce qui lui était arrivé. Ça ne faisait jamais plaisir de perdre sa réputation et son rang et d’être soudain moins intéressante pour certains, alors elle gagnait du temps.

- L’avantage c’est que tout le temps que tu perdais à satisfaire les exigences de tes parents, les soirées mondaines, les repas interminables, tu pourras l’utiliser pour faire tout un tas de choses bien plus intéressantes.

Et puis il y avait une certaine fierté à mener sa vie comme on l’entendait et à la réussir seule. Il n’y avait pas que des inconvénients à renoncer à sa famille et à ses privilèges.

- Bon c’est sûr, ce n’est pas encore cette année qu’on pourra se permettre une virée à Bali, plaisanta-t-elle.

On toqua alors à la porte et Adèle reprit bien vite son sérieux avant de voir le guérisseur à qui elle avait demandé conseil entrer. Elle le regarda, se demanda si elle devait donner des explications supplémentaires, elle ouvrit la bouche et la referma avant d’avoir pu prononcer une seule parole.

- Je n’ai pas besoin d’explications mademoiselle de Lestang, je viens juste vérifier vos observations. Permettez ? Demanda-t-il alors en montrant le bras d’Hestia.

Adèle resta silencieuse. D’un côté, elle préférait que le médicomage vérifie son diagnostic et d’un autre elle craignait d’être passée à côté de quelque chose et de baisser dans son estime. Elle dissimula son soulagement en le voyant lui adresser un sourire. Celui lui suffisait à savoir qu’elle n’avait pas négligé le diagnostic des dégâts du bras de son amie.

- Bien, partez sur une cuillère de Poussos à renouveler dans six heures, proposez un bandage à votre amie. En maintenant le bras en place vous favoriserez une reconstruction de l’os plus rapide.

La Française acquiesça et le médicomage prit congé. Elle ouvrit un placard pour en sortir le remède et le proposer à Hestia.

- Si tu as encore en réserve une de ces potions que tu me donnais l’année dernière, je pense que ça ne sera pas de trop pour cette nuit.

Son amie aurait besoin de toutes ses forces pour affronter les jours qui viennent.

MAY



There's been trials and tribulations
You know I've had my share
I know exactly where I'm going
Getting closer and closer every day
by wiise



Les petits trucs:
Revenir en haut Aller en bas
Hestia Carrow
Hestia Carrow
Admin Serpentard Neutre
INRP
Métier : Etudiante en 4ème année de sciences magiques (spécialisation potions)
Messages : 4638
Gallions : 7665
Date d'inscription : 12/01/2019
IRL

Lumos
Je rp en : #107058
Mon allégeance : ma soeur Thalia et moi-même. C'est déjà pas mal
Sam 27 Fév - 23:08
No homeland anymore


Adestia

I had to fall, to lose it all
But in the end, it doesn't even matter
 
 

Leurs vies n’étaient pas justes, et le pire dans tout ça, c’était qu’elles en étaient particulièrement conscientes. Mais ça n’avait pas empêché la Serpentarde d’espérer. Dernier brin de naïveté dans son existence où rien n’avait été laissé au hasard et où on l’avait encouragé à grandir bien trop vite. Elle se sentait stupide, elle avait voulu y croire, elle s’était aveuglée elle-même et maintenant qu’elle affrontait la réalité, elle la trouvait mille fois plus douloureuse qu’elle ne l’avait craint. Quand Hestia souligna ce point, Adèle n’avait pas hésité à confirmer ses dires d’un simple « Je sais. ». Elle savait. Deux petits mots qui voulaient tout dire. Elles n’avaient pas besoin de plus, voilà où elles en étaient arrivées. Ces mots laissèrent flotter dans l’air une impression douce amère. Les dire à haute voix était douloureux. Sûrement s’en étaient-elles rendues compte depuis longtemps, c’était au moins le cas de Hestia, mais l’affirmer ainsi était encore différent. Elle avait voulu y croire, elle qui n’avait rien d’une optimiste, et le contre coup avait été sévère. Sa seule consolation dans tout ça, c’était qu’au final elle n’était pas véritablement seule. Si elle s’était tournée vers Adèle ce n’était pas juste pour recevoir des soins, c’était aussi parce qu’elle avait senti que la française serait capable de lui apporter la présence et le soutien dont elle avait besoin. Et elle avait eu raison. Aussi peu habituée aux gestes affectueux qu’elle, la blonde n’en restait pas moins à ses côtés, à la serrer contre elle avec un peu de maladresse mais beaucoup de sincérité. C’était le seul point positif que Hestia pouvait voir pour le moment. La française avait vécu à peu près la même chose qu’elle quelques mois auparavant, alors elle savait exactement par quoi elle passait en ce moment même. Au moins, elle avait la certitude qu’elle n’aurait pas à affronter toute cette situation par elle-même.

Cependant, elle devait l’avouer, si la présence d’Adèle et ses paroles avaient un côté réconfortant, il restait difficile pour Hestia de s’y accrocher. Sa meilleure amie affirmait qu’elle n’avait pas à douter d’avoir pris la meilleure décision de sa vie mais justement, les doutes, la verte en était remplie. Elle avait agi par instinct, elle avait quitté la demeure des Carrow sans réfléchir, et maintenant que l’adrénaline du moment retombait, l’énormité de son acte lui tombait dessus. Et elle devait avouer qu’elle trouvait ça terrifiant. Elle n’avait plus de parents, plus de maison, plus de fortune, plus de nom et peut-être même plus d’avenir. Alors croire qu’elle avait pris la meilleure des décisions, c’était un peu compliqué pour elle. « Non, bien sûr que non, je comprends même plutôt bien. » Hestia ferma les yeux un instant, laissant aller son épaule contre celui de son amie. Elle la comprenait, cette simple affirmation avait le mérite d’apaiser un peu son cœur torturé. Voilà ce qui apportait un peu de douceur dans toute cette amertume, l’idée d’être véritablement entendue. De voir ses doutes et ses craintes écoutés, et non pas simplement balayés d’un geste de la main. « Ça viendra et un jour tu seras aussi convaincue que moi. » La verte eut un mince sourire. Il était vrai qu’Adèle avait quelques mois d’avance sur elle pour ce genre d’expérience. Et elle devait admettre que la française s’en tirait à merveille. Certes, elle avait vécu des semaines compliquées et avait certainement connu autant de doute que Hestia en cet instant, mais la finalité était là : elle avait tourné le dos à une famille toxique et elle ne s’en portait que mieux. Si la Serpentarde avait besoin d’exemple, il lui suffisait de regarder autour d’elle, entre sa sœur aînée et sa meilleure amie, ce n’était pas ça qui lui manquait. « Au moins ça me fera travailler sur ma patience. » Souligna-t-elle finalement avec ce qu’elle voulait être un trait d’humour. La patience n’avait jamais vraiment été une des qualités de la Carrow. Le seul moment où elle pouvait réellement se montrer d’une patience exemplaire, c’était quand elle travaillait sur ses potions, en revanche sa patience était particulièrement limitée quand elle se trouvait face à d’autres personnes. Et face à elle-même ? Elle n’en n’était pas bien sûre, mais elle n’avait pas d’autre choix que d’apprendre à se laisser du temps.

Pendant qu’Adèle se renseignait auprès d’un confrère médicomage sur les soins à prodiguer au bras cassé de la verte celle-ci décida d’embrayer sur un autre sujet. En cet instant, laisser le silence s’installer n’était pas une très bonne idée, ses pensées étaient trop effrayantes. Elle préférait donc s’occuper l’esprit avec autre chose, mais puisqu’elle ne parvenait qu’à penser à sa fuite et au statut d’héritière reniée qui serait sans aucun doute très bientôt le sien -voire même qui était déjà le sien- elle fini par demander à Adèle si elle savait des conseils à lui donner. « Avec le train de vie qu’on menait, l’argent fond comme neige au soleil. Il faut vite apprendre à faire des choix, mais je pense que tu es plus raisonnable que moi à ce sujet… » Hestia hocha lentement la tête tout en s’efforçant de graver les paroles de son amie dans sa mémoire. Se concentrer sur autre chose lui faisait du bien. Et puis, la française avait parfaitement raison, jusqu’à présent elle ne s’était jamais posé la moindre question en dépensant des Gallions. Certes, elle n’était pas une accro du shopping, ou même le genre de sorcière à ne porter que les dernières pièces à la mode, mais elle avait toujours été habituée à avoir de l’argent à ne plus savoir qu’en faire, la preuve quand Adèle avait pris la décision de quitter sa famille elle n’avait pas sourcillé avant de lui proposer de l’aider financièrement. Faire des choix, voilà ce qui l’attendait, elle le savait mais elle ne pu s’empêcher de grimacer en songeant que bientôt cela concernerait sa passion des potions. Elle ne s’imaginait pas renoncer à ses travaux pour une question d’argent. « Ta sœur est de bon conseil à ce niveau-là. » Nouveau hochement de tête un peu machinal. Evidemment que Thalia était de bons conseils, elle avait quitté la demeure familiale à a peine 18 ans, il ne pouvait pas en être autrement. Hestia ne s’offusqua même pas qu’Adèle ait choisi de se tourner vers sa sœur. En fait, ça lui paraissait logique, si Adèle avait des mois d’avance, Thalia, elle, avait des années d’expérience. « Pourquoi est-ce que je n’en doute pas ? J’irai la voir, après… » Souffla-t-elle non sans hésitation. Parler avec Thalia ça voulait dire l’informer de sa nouvelle situation et raconter une nouvelle fois la scène qui avait eu lieu dans la maison des Carrow. Hestia n’avait aucune intention de cacher quoi que ce soit à sa sœur mais ce n’était pas pour autant que le récit serait plus facile à faire.

« Pour affronter les autres en revanche, je serais de mauvais conseil… Je n’ai jamais revendiqué mon choix et le fait que ma famille soit française a aidé à sauvegarder les apparences. La distance ça aide… » Un léger grognement de mécontentement s’échappa des lèvres de la Serpentarde. Affronter le regard des autres, voilà une idée qui lui déplaisait fortement. Sa réputation, la manière dont les autres la regardaient et ce qu’ils pensaient d’elle, elle s’en fichait bien, elle ne vivait pas pour eux, mais l’idée d’être la cible de tous les murmures la répugnait. Si Adèle avait eu le droit à un peu de répit, elle doutait que ça soit son cas. La dernière héritière des Carrow qui claque la porte, ça n’allait pas manquer de faire jaser. Elle savait que ses parents allaient tenter de cacher ça le plus longtemps possible, et elle-même n’avait pas l’intention de le crier sur tous les toits, mais elle savait que ce statu quo ne serait pas éternel. Et cette perspective la fatiguait déjà. « L’avantage c’est que tout le temps que tu perdais à satisfaire les exigences de tes parents, les soirées mondaines, les repas interminables, tu pourras l’utiliser pour faire tout un tas de choses bien plus intéressantes. » Bon, au moins Adèle avait gardé une réflexion bien plus positive pour la fin. Plus de soirées mondaines, plus de repas interminables, plus de conversations ennuyeuses et de faux semblants. Enfin une perspective qui lui mettait un peu de baume au cœur. Hestia n’avait pas encore pris le temps de voir les choses sous cet angle là mais en quittant sa famille elle avait brisé les chaines de toutes ses obligations. Désormais ce qu’elle ferait, elle le ferait entièrement pour elle. « Qui aurait cru que se faire renier par sa famille pouvait avoir des avantages. » Souffla-t-elle avec un peu d’humour noir. Un peu plus et toute cette liberté qui l’attendait lui donnait le vertige. A moins que ce ne soit la douleur qui pulsait toujours dans son bras. « Bon c’est sûr, ce n’est pas encore cette année qu’on pourra se permettre une virée à Bali. » La verte eut un petit rire à cette idée. Combien de fois avaient-elles eu cette discussion ? Ces envies d’escapades lointaines ? Maintenant qu’elles en avaient la liberté, elles n’en n’avaient plus les moyens. Le Karma était vraiment injuste avec elles. « Ca c’est dommage, j’avais repéré une petite plage déserte parfaite. » Plaisanta-t-elle, tout en songeant qu’il valait mieux en rire. Elles finiraient bien par ses les offrir ces vacances, une fois que leurs comptes en banque le leur permettraient.

Quelqu’un frappa à la porte, coupant les deux Serpentardes dans leurs plaisanteries. Un médicomage entra, voyant Adèle hésiter sur la marche à suivre, Hestia garda le silence mais s’efforça de se redresser. « Je n’ai pas besoin d’explications mademoiselle de Lestang, je viens juste vérifier vos observations. Permettez ? » La verte retint un soupir. Même si elle ne pourrait garder le secret éternellement, elle n’avait pas envie que sa nouvelle situation fasse le tour de Sainte Mangouste avant même que son bras ne soit guéri. Lorsque le sorcier vint ausculter son bras comme la française l’avait fait quelques instants plus tôt, Hestia se laissa faire. Finalement, les conclusions ne tardèrent pas à tomber. « Bien, partez sur une cuillère de Poussos à renouveler dans six heures, proposez un bandage à votre amie. En maintenant le bras en place vous favoriserez une reconstruction de l’os plus rapide. » Du Poussos et un bandage, rien que la Serpentarde n’ait déjà connu suite à une de ses chutes au Quidditch. Elle allait passer une sale nuit mais au moins au réveil son bras cassé ne serait plus qu’un mauvais souvenir. Contrairement à sa dernière visite chez ses parents dont elle doutait qu’elle quitte un jour son esprit. Lorsque la blonde lui proposa une fiole du remède, Hestia la considéra avec un air résolu avant d’en ôter le boucher. Elle avala la potion sans grimacer, désormais presque habituée à son goût désagréable. « Si tu as encore en réserve une de ces potions que tu me donnais l’année dernière, je pense que ça ne sera pas de trop pour cette nuit. » Tout en rendant la fiole vide à son amie, Hestia croisa son regard. Elle se doutait qu’elle ne lui donnait pas ce conseil juste pour échapper à la future douleur de ses os en train de repousser. L’an passé, elle avait fourni des potions de sommeil à Adèle après qu’Eljas lui ait brisé le cœur. Elle aussi avait le cœur brisé, d’une manière un peu différente, mais le résultat était le même. Et la douleur tout aussi réelle. « C’est une bonne idée. » Acquiesça-t-elle. Elle ne doutait pas que les doutes et les souvenirs viendraient la hanter, mais elle avait le droit de s’autoriser une bonne nuit de sommeil avant de les affronter.

Le silence ne s’installa qu’un instant entre elle avant que Hestia ne se décide à reprendre la parole. « Pendant trop longtemps je me suis accrochée à l’idée d’avoir une vraie famille. Je n’avais pas vu que les personnes les plus importantes de ma vie étaient déjà là, sous mes yeux. » Déclara-t-elle à mi-voix. Elle avait eu tort de s’accrocher, le reconnaitre était difficile, mais au moins cette épreuve lui ouvrait les yeux. Elle avait concentré ses espoirs et sa confiance en les mauvaises personnes, désormais elle le comprenait. Et elle savait ceux vers qui elle pouvait se tourner, ceux qui seraient toujours à ses côtés. Au milieu de toute cette douleur, son cœur se gonfla de reconnaissance et d’affection pour Adèle. « Merci Adèle. » Souffla-t-elle finalement, en plantant son regard dans celui de sa meilleure amie, un sourire fatigué mais sincère aux lèvres. Elle faisait face à un avenir incertain, mais au moins elle n’y faisait pas face seule.
 

 
CODAGE PAR AMATIS


'Cause there were pages turned with the bridges burned
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
INRP
IRL
Revenir en haut Aller en bas
No homeland anymore ◊ Adèle
Sauter vers:
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Game of Blood :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs-