You call me monster

Crystal & Ezechiel

17 septembre 2018

J’étais encore incroyablement remontée par cette visite d’hier. Je n’arrivais toujours pas à croire qu’Etienne Delacour, de qui je n’avais pas eu de nouvelles depuis trois ans avait osé débarquer dans ma boutique, la bouche en coeur, et certainement pas pour prendre des nouvelles. J’étais terriblement en colère, et surtout outrée par la raison de sa venue. Comment pouvait-il croire, après m’avoir cotoyé un bon moment, que j’étais l’une des traîtres du monde sorcier ? Comment pouvait-il croire que malgré mes convictions, j’étais capable de trahir ma propre famille et mes amis qui eux-même étaient des sorciers ? J’étais tellement déçue par cet homme que j’avais tant admiré par le passé, alors même que je le détestais pour m’avoir lâchement abandonné. Je ne tenais pas en place, depuis hier, depuis qu’il était parti après m’avoir craché toutes ces horreurs à la figure. Inutile de dire que j’avais besoin de prendre un peu l’air, et du recul aussi, beaucoup de recul. Il fallait que je réfléchisse à tout ça, ailleurs, alors j’avais décidé pas plus tard que ce matin de passer plusieurs jours à Londres, chez Nathaniel, pour souffler un peu après tout ce qui s’était passé depuis le début du mois, même si au fond, je le faisais un peu aussi pour une autre raison …

Seulement, une commande importante que je devais terminer pour mardi me clouer ici encore quelque jours. Pourtant je ne faisais que tourner en rond malgré la tonne de travail que j’avais encore. Je n’avais pas la tête à me concentrer sur cette robe qui attendait encore un bon nombre de finition, alors je faisais un peu tout et n’importe quoi, comme vouloir ranger ma réserve qui m’insupportait étrangement en cet instant, cassant quelques bocaux et autres bricoles à cause de ma rage que je peinais à contrôler. C’était plus fort que moi. J’imaginais encore Etienne au milieu de ma boutique, et forcément, ma maladresse était à son comble, quand je n’envoyais pas valser ce qui me faisait perdre patience. Chose encore plus dangereuse, voilà que je commençais à remettre en ordre mes aiguilles de coutures quand la cloche de la porte me fit sursauter, me transperçant le doigt par la même occasion.

Sous l’impulsion du moment, je balançais le tas d’aiguille sur l’une des étagères avant de porter mon doigt ensanglanté à ma bouche. Fallait bien que ça arrive. Certainement que je n’arrivais pas assez vite, puisque le visiteur se fit savoir une seconde fois, mais cette fois ci en en utilisant un terme qui me figea sur place .. La cracmole ? Autant dire que je n’avais plus entendu ce mot depuis un bon nombre d’année, et s’il me glace le sang, il eut aussi le don de décupler ma colère, à tel point que je quittais mon arrière boutique à grande enjambée. « Qui êtes-vous pour oser … » Je ne finissais cependant ma phrase, tandis qu’en arrivant dans la boutique, j’eus la surprise de découvrir mon plus jeune cousin, et pas celui avec lequel je m’entendais le plus, ni même que j’avais l’habitude de côtoyer … « Je me disais bien qu’il n’y avait qu’un Avery pour m’appeler comme ça … Commençai-je, séchement. Ezechiel c’est ça ? Je ne m’attendais pas vraiment à ta visite, et je commences même à la regretter à vrai dire. »

You call me monster

Crystal & Ezechiel

17 septembre 2018

Autant dire que je n’attendais pas cette visite. Si j’avais toujours été proche du grand-frère, en revanche, Ezechiel Avery restait un total mystère pour moi. Il faut dire, six ans nous séparaient, lui et moi, et j’avais déjà traversé toute l’Europe jusqu’en Italie quand il eut atteint l’âge de ne serait-ce s’intéresser à moi. Au fond, je ne le connaissais pas, ce gosse, je ne savais pas ce qu’il me voulait, mais du peu qu’avait pu me raconter Nathaniel à son sujet, et surtout la façon dont il avait fait son entrée dans ma boutique, je pouvais clairement deviner qu’il n’était pas là pour sympathiser. Et en effet, il le confirma quand il reprit la parole, alors je levais les yeux au ciel, plus agacée qu’autre chose tellement ses dires étaient à des millénaires de m’atteindre aujourd’hui. « Comme tu vois, j’existe, alors maintenant tu peux repartir d’où tu viens l’esprit tranquille, j’ai du boulot qui m’attend … » Je n’avais pas envie de perdre mon temps avec ce genre de connerie. Il y avait bien longtemps que je ne me laissais plus abattre par ce genre de propos insultants à mon égard, et de toute façon, je n’étais certainement pas d’humeur à ça.

Je tournais déjà les talons pour retourner à l’arrière boutique, mais mon cousin commençait une  danse lente et infernale autour de moi, alors je me stoppai, croisant les bras sous ma poitrine, tandis que je commençais déjà à perdre patience. « Bon ça suffit tes conneries, tu dégages de là et vite, j’ai pas de temps à perdre avec des gamineries de ce genre ! » La voix montée d’un cran, je fis un pas dans sa direction, les bras déjà tendus pour le pousser vers la sortie, et tandis qu’il s’approchait à son tour, ses nouvelles paroles beaucoup plus agressives encore me laissèrent bouche bée un instant, puis je finis par exploser « Eh oh tu baisses d’un ton sale petit con ! T’es qui pour me parler comme ça hein ? T’entends un peu ce que tu dis ou tu répètes juste les conneries de tes imbéciles de parents ?  » Plus je crachais ma colère, plus je m’approchais du jeune Avery, le doigt tendu en l’air qui vint percuter le torse du gamin.

You call me monster

Crystal & Ezechiel

17 septembre 2018

Si j’avais su garder mon calme au début, alors que ses paroles n’étaient que sarcasmes qui, aujourd’hui, ne m'atteignaient même plus tant je les avais entendu enfant, je n’appréciais pas le ton qu’il prenait, moins arrogant, mais bien plus haineux et agressif. Cette fois, je pouvais être sûre qu’il ne venait pas simplement par simple curiosité pour voir la « bête de foire », mais bel et bien pour venir cracher son venin, répandre sa haine là où j’avais fièrement réussi malgré ce que pouvait bien penser ma famille. Parce que oui, il avait beau prétendre qu’il était assez grand pour se faire une idée des gens de mon espèce, je savais pertinemment que ses idées, il ne les sortait pas totalement de sa tête. Il n’y avait qu’à voir Nathaniel qui lui, ne s’était pas fait berner par les paroles de notre famille, qui avait su se faire une opinion de lui-même dès le début. Si je n’arrivais pas à maudire le plus jeune des garçons Avery, c’est bien parce que je savais que par son âge, et son arrogance, il avait su se faire manipuler à la perfection, même si cela n’excusait pas tout.

Mais voilà, en cet instant, je ne réagissais pas parce que ses paroles me touchaient, mais plutôt parce que j’étais en colère de voir le résultat des foutues convictions de notre famille, et aussi de la stupidité de mon cousin de n’avoir même pas essayé de me connaître en faisant abstraction de ma nature … Alors forcément, ses paroles m’arrachèrent un ricanement tant je pouvais presque entendre mon père parler à sa place. « Je n’ai certainement rien à prouver à ces gens … D’ailleurs, je t’invite même à courir dire à tes parents que j’en ai rien à faire d’être digne d’eux ou non, ça me passe totalement au dessus … » S’ils savaient tous à quel point je m’en foutais royalement de ce qu’ils pouvaient bien penser ... D’ailleurs, je n’en restai pas là, ayant une trop grande envie de donner une petite leçon à mon cousin …  « Ah mais oui c’est vrai … ton père est mort … repris-je alors qu’un rictus se formait sur le coin de mes lèvres. Faudrait que je pense à envoyer une lettre à Arès pour le féliciter d’ailleurs … Continuai-je, la voix et le regard teintés de provocation. Quel dommage qu’il est pris la perpétuité … J’aurai pu lui demander de continuer le travail avec mon père, hein ? Qu’est ce que tu en penses, Ezechiel ? »