Une soirée picole, il fallait au moins ça à Toni. Bon le problème c’est qu’elle craignait un peu que les morts viennent l’enquiquiner ou enquiquiner la personne avec qui elle buvait. Quand la personne c’était moi, tout de suite ça m’enquiquinait beaucoup moins. Alors d’accord j’avais une collection de mort autour de moi, impressionnante, ce qui était d’ailleurs un peu désespérant quand on y pensait. A force, on allait croire que traîner avec moi c’était un aller simple pour la mort. Mais dans toute cette brochette de mort, il n’y en avait qu’un qui était de ma main, façon de parler, c’était plutôt de mes dents, mais je n’éprouvais à l’égard de cette personne plus de mépris qu’une véritable culpabilité et pour le coup je n’avais pas peur une seule seconde que ça soit elle qui vienne me tourmenter ce soir, qu’elle vienne simplement et elle aurait droit au plus beau règlement de compte de sa carrière, qu’elle me reproche juste sa mort et je crois que je lui ricanerais au nez, il faudrait tout de même un sacré toupet pour venir.

En revanche, il y a bien quelqu’un avec qui je serais ravie de parler et un frisson de pur plaisir m’envahissait en sachant que Toni allait essayer de rentrer en contact avec lui. Il n’y avait là aucune garantie que ça marche mais le simple fait qu’elle tente le coup, alors que ça devait la gaver au plus haut point, ça me touchait.  
En préparant mes affaires – ou plutôt en comptant le nombre de bouteilles – une petite tête vint montrer le bout de ses moustaches. Durant quelques secondes, j’observais l’animal tricolore quelques instants. La quantité d’alcool était importante, vraiment importante, la probabilité que je sois torchée l’était tout autant mais si par malheur je m’endormais dans un lieu sans Poil de Châtaigne, surtout un lieu inconnu, la nuit allait être horrible pour moi premièrement parce que la peur me submergerait en me réveillant pour peu que ça ne soit pas elle qui me réveille, mais aussi pour Toni qui serait le témoin de mes nuits infernales. Ce n’était pas le but, j’allais passer pour une folle. J’attrapais donc la boîte du chat pour mettre mon animal afin de l’emmener avec moi, sûre que le fléreur de Toni allait adorer Poil de Châtaigne qui n’aimerait pas un animal si parfait ?

C’est donc comme si je déménageais pour la je ne sais trop combientième fois que je me rendais chez Toni, armée de mes bouteilles, de mon chat, de ma brosse à dent – ah ça c’est la rpgiste qui a un problème avec les dents, faut pas chercher – et de mon pyjama que je me pointais chez Toni avant d’appuyer une fois sur la sonnette, ne restant pas le doigt dessus cette fois-ci, puisque ce n’était pas une urgence vitale – encore que, boire c’est important. Bien entendue, elle ne me loupa en m’ouvrant la porte, je lui adressai un clin d’œil avant de rentrer chez elle, non sans avoir rétorquée « L’apprentissage fut long, une vraie galère, tu n’imagines pas comment c’est difficile d’enlever mon doigt et de ne plus entendre la petite musique agréable de ta sonnerie. »
Tandis que je la suivais dans la cuisine, je ne pu résister à faire mine de regarder derrière moi tandis qu’elle me demandait comment j’allais « Comme tu peux le constater, aucune goutte de sang, je suis en super forme. Et toi, tu vas bien ? » A la question numéro deux, je hochais la tête, bien sûr qu’elle me servait à boire, non mais quand même je n’allais pas la faire boire et tourner à l’eau à côté. Je posais les bouteilles que j’avais ramené sur la table avant de la reprendre doucement « Ce n’est pas un ami que je veux contacter. » Je baissais le regard vers Poil de Châtaigne, toujours dans sa boîte « C’est mon père. » Alors certes pas une seule goutte de sang de Georges ne coulait en moi mais il était de ma famille, pas besoin de partager le même sang, je le ressentais.

Une nouvelle fois, je lui emboitais le pas, esquivant Blacko qui venait se glisser entre mes pieds comme pour avoir des caresses… Technique de chats depuis millénaire, faire tomber les humains pour que nos mains soient à la hauteur de leur corps, c’est vrai que c’est exactement ce qu’on avait envie de faire s’ils nous faisaient tomber. En revanche aujourd’hui, est ce que c’était moi qui l’intéressais ou mon paquet surpris. Dans tous les cas, je caressais le Fléreur pour lui dire bonjour tout en répondant « Si exactement, picoler c’est le thème de la soirée, tu as tout compris ! » Un petit rire accompagna sa phrase, je venais de m’imaginer Toni faire des galipettes et il faut avouer que ce n’était pas forcément en sa faveur « Comme je suis quelqu’un de bien, même si je serais en meilleure forme, je ferais des galipettes pour t’accompagner. » Je posais le sac PUREE MAIS TU VAS L OUVRIR CE PUTAIN DE SAC MAXIME ! m’installant dans le fauteuil à côté du sien, ne laissant pas Blacko venir faire ce qu’il savait faire de mieux, squatter mes genoux et bien non, j’avais un verre à attraper avant, puis finalement avant de répondre à sa question, je regardais Toni « J’ai ramené Poil de Châtaigne. » Avant qu’elle ne me regarde bizarrement, j’admettais que ça pouvait être bizarre, je rajoutais « Je pense que je serais trop alcoolisée pour rentrer en transplaner, rentrer à pied jusqu’à Poudlard ou Sol me semble être une mission impossible avant coup. Or, je sais que j’ai des problèmes pour dormir la nuit, il faudrait sûrement que je fasse une thérapie ou que je dorme contre Kesabel mais c’est pas pour tout de suite mais Poil de Châtaigne réussit à merveille à m’apaiser. Je me suis dit que ça te dérangerait sûrement moins que d’être réveillée en plein milieu de la nuit parce que je panique à l’idée de me faire bouffer par un loup. » Je lui adressais un mini sourire, me rendant compte que j’étais un peu chiante. Puis, parce que pauvre chat, il n’allait pas être enfermé jusqu’à ce que j’aille me coucher, je libérais Poil de Châtaigne, la regardant avec tout l’amour du monde – et surveillant du coin de l’œil Blacko -.

Une fois cette bonne action accomplie, Toni au courant que ce n’était pas un caprice de ma part, enfin si c’était celui de mon cerveau. Je répondis à la question « Georges Whitefield mais je ne veux pas que ça soit éprouvant pour toi, si tu ne le trouves pas du premier coup, ne le cherches pas. Ce n’est pas indispensable, je suis là pour passer du temps avec toi, je ne veux pas me servir de toi pour plonger dans mon passé, mon présent et les personnes qui m’accompagnent à présent me suffisent. » Je ne disais pas là que son absence ne me faisait rien, bien sûr que si j’aurais voulu l’avoir dans ma vie mais j’étais prête à me contenter de ce que j’avais, des amis que je m’étais faite. Je voulais que Toni le sache, j’étais là pour sa compagnie à elle avant tout.

Les félicitations furent accueillies par un semblant de révérence avant que l’on parle de mon état de forme qui était excellent, en même temps, elle m’avait vu lors d’une des rares journées où je ne pétais pas le feu et que je n’étais pas ultra drôle. En parlant d’être drôle, j’en connaissais une qui, je le pressentais, allait me faire beaucoup rire une fois qu’elle aurait bu. Si elle me permettait de rester ici parce que je lui imposais Poil de Châtaigne, il faut dire que j’avais oublié ce petit détail lorsque l’on avait organisé la soirée. Pour le bien de mon sommeil, la présence de l’animal tricolore était indispensable.

Fort heureusement, Toni acceptait cette invitée surprise, de qualité et Black semblait être tout aussi intéressé par la présence d’une copine. J’étais donc cordialement invité à passer la nuit ici, voilà qui m’arrangeait grandement « Promis, je ne te réveillerais pas en sonnant sur l’interphone.» Bon déjà parce que moi aussi je devrais cuver après ingurgité de l’alcool mais qu’en plus, je n’avais pas pour passion dans la vie que d’appuyer sur les interphones, le passetemps était pour le moins débile selon moi.  

Je préférais lui rappeler tant que je n’étais pas là pour me servir de son don, je ne la voyais pas comme un moyen de communiquer avec les morts, elle me plaisait en tant que personne cette fille. Elle semblait savoir que ce n’était pas cette volonté qui m’animait, ne revenait pas sur ses propos, se contentant de me demander des informations sur Georges. Par où commencer ? Le physique, je n’avais pas la moindre idée de comment elle voyait les personnes mais je lui faisais un portrait de Georges tel qu’il était dans mes souvenirs. Puis son caractère, les petites particularités qu’il avait par rapport aux autres, cette sensation que j’avais toujours eu que tant qu’il était à mes côtés, rien ne pouvait m’arriver. Est-ce que ça suffisait, difficile de savoir. Je tendis ma main sans l’ombre d’une hésitation lorsqu’elle me la demanda et observa le petit objet tourner au-dessus, doucement avant qu’elle ne fasse une remarque qui me fit rire «Si par vibration, tu sous entends qu’il y a beaucoup de morts autour de moi, tu n’as pas idée.»

Elle m’attrapa la main et je la regardai se concentrer, me tendant totalement. Pourquoi cela semblait difficile à Toni, j’étais persuadée qu’il se précipiterait pour venir me parler, partant du principe que si ça avait été l’inverse, j’aurais attendu impatiemment de pouvoir lui adresser quelques mots. Se pouvait-il qu’il m’en veuille à propos de ce qui se passait avec Kesabel? Que ce soit au niveau de la meute en elle-même et des choix – qui ressemblaient plus à des obligations – que j’avais dû faire ou bien pour certaines occasions où je m’étais trouvée si proche de lui et que la seule chose qui m’avait intéressée était ses baisers. Ou pas... Comment ça quelque chose qui l’empêchait de le voir ? Qu’est-ce que je devais comprendre au juste et comment aider.

Sans signe avant-coureur de la part de Toni, elle arrêta l’objet, qui avait eu toute mon attention cette dernière minute, mon regard suivant le balancier. Je la regardais intriguée, avait-elle vue quelque chose qui avait décidé de la faire stopper la séance ? Elle était désolée, mais de quoi ? Elle avait vu la mort de Georges, oui bah aussi il aurait pu lui filer une autre vision, ce n’est pas un cadeau ça. Il n’avait pas accès qu’elle disait, je fronçais les sourcils, quelque chose le bloquait ? C’était possible ça ? Faire plusieurs séances ? Je hochai prudemment la tête mais n’étais pas sûre que ce soit une bonne idée, je ne voulais pas avoir cette relation avec Toni, elle avait sûrement assez de personnes qui venaient la voir pour ça sans qu’elle n’ait une casse burne qui vienne l’embêter le soir. Elle m’avait vu ? Je plissais les yeux lorsqu’elle évoqua un câlin avec ma boule de poil, petite. Il avait choisi de montrer cela ? Etrange, on avait pleins de moments tous les deux adultes, pourquoi me montrer quand j’étais haute comme trois pommes. Une autre vision, une louve. Ok d’accord, c’était au cas où j’oubliais que j’étais une louve, non mais ça, je ne risquais pas de l’oublier, il y avait un truc tous les 28 jours qui me le rappelait, la pleine lune. Non franchement, je n’étais pas plus avancée que ça, il s’était pas foulé, je secouais la tête négativement non ça me parlait pas le moins du monde « Georges dans toute sa splendeur, faire des énigmes et me faire réfléchir, j’aimais déjà pas ça petite.» ça marchait par interprétation ? J’interprétais quoi qu’il m’aimait bien petite et bien en louve ? J’avais envie de dire encore heureux. Ce n’est qu’à sa phrase suivante que je compris où il avait voulu en venir, lorsque Toni me fit la remarque qu’elle avait ressenti beaucoup de chaleur et d’affectation, mon regard s’éclaira « Oh, je crois savoir ce qu’il a voulu dire! Il m’a rappelé que j’étais sa petite louve.» Et cette fois contrairement, la possessivité était loin d’être négative, c’était même une marque d’affection de sa part me rappelant qu’il faisait partie de ma vie. Je me redressai venant attraper les mains de Toni « Tu pourrais lui faire passer un message de ma part ? Tu peux lui dire que je l’aime et que je ne l’oublie pas ?»  

Je m’écartais tout aussi vite que j’étais venue à elle, attrapant à mon tour mon verre, le buvant bien plus rapidement que Toni pour le coup, en même temps, moi je n’avais jamais dû arrêter à cause de mon don et je n’avais jamais arrêté les fêtes non plus, bien au contraire – bon même si elle devait y aller souvent avec Alcy mais que sa pote de beuverie est partie... et Sely mais elle a changé, elle est moins drôle - Non franchement, j’allais pouvoir habituer de nouveau Toni à boire, c’est juste qu’elle allait devoir me prêter sa chambre d’amie à chaque fois et que Black allait devoir accepter la présence de Poil de Châtaigne. D’ailleurs voulant voir comment ça allait de leur côté, je tournais la tête, cherchant ma boule de poil et constatai qu’elle faisait des papouilles entre les oreilles du fléreur... bon bah ça avait l’air d’aller... parfait.

La manière dont je percevais les choses en cet instant c’était que des esprits représentant des personnes qui avaient un jour fait partie de ma vie était installé autour de nous. Est-ce qu’il aurait été poli de leur servir un verre ? Certainement mais alors vu combien ils étaient, pour sûr qu’ils allaient nous coûter très cher en alcool… ou que j’allais finir complètement déchirer si je buvais pour eux, parce que bien sûr, j’étais prête à me sacrifier pour la bonne cause et boire des verres puisqu’ils ne pouvaient plus, quel dommage. Je fis un petit signe de la main pour leur faire coucou à tous ? Quoi c’était au cas où ils me voyaient, ils seraient sûrement très contents. Par contre qu’aucun ne s’approche pour communiquer, c’était un peu déroutant « Quelle bande d’impoli, tu fais ça bien, tu leur demandes de communiquer et eux ils se tiennent tous à distance. Serait-il possible que tu les effraies ? Ils ont dû te voir la dernière fois, quand tu m’as râlé dessus et ils ont peur que tu râles sur eux. » Oui ça me faisait beaucoup rire parce que Toni était, à mon sens, tout sauf intimidante, je l’aimais voilà tout.

Il n’empêche qu’elle finit par rentrer en contact avec Georges, chose qui me rassura, beaucoup. S’il y a bien un mort dont je voulais la présence à mes côtés, c’était lui. Si je demandais à Toni de faire passer quelques mots à cette personne que j’aimais tellement, il y a quelque chose que je ne disais pas mais que je pensais avec tout autant de puissance, qu’il me manquait, terriblement, que j’aurais voulu lui faire part de mes problèmes, lui faire rencontrer Soledad, lui expliquer qu’avec Greyback c’était compliqué parce qu’en sa compagnie tout un tas d’émotions m’assaillaient sans que je comprenne parfaitement pourquoi. Néanmoins, je ne disais rien, le passé était le passé et vivre dans le regret ce n’était pas une bonne chose, qu’il me manque, ça ne changeait rien, il n’était pas là et ne reviendrait pas et je pouvais m’estimer heureuse, j’avais rencontré quelqu’un pouvant communiquer avec lui, ah, il m’entendait. Je me redressais un peu sur ma chaise, regardant autour de moi comme s’il allait apparaître là, comme ça, mais bien entendu rien ne vint.

Je regardais attentivement Toni porter le verre à ses lèvres plusieurs fois de suite. Cette façon qu’elle avait d’agir me faisait prendre conscience que j’avais bien fait de lui proposer cette soirée. Elle aimait l’alcool et j’étais prête psychologiquement à ce que des morts viennent m’enquiquiner et je n’avais pas peur. Je passais toutes mes nuits de pleine lune avec le diable en personne, j’irais même jusqu’à dire que je fricotais avec le diable. Je n’avais donc aucune raison d’avoir peur.
A sa question, je haussais un sourcil. Depuis combien de temps n’avait elle pas bu au juste ? Et pourquoi elle me posait la question à moi, je me voyais très mal dire que souvent je dansais et qu’il m’arrivait de vouloir finir dans le lit d’un mec la soirée. Je pris soin de ne révéler qu’une partie de la vérité « Souvent, je danse. Enfin je n’ai pas besoin d’alcool pour danser mais j’ai cette idée totalement fausse, je t’assure, que je danse mieux une fois que j’ai bu. » Non pour avoir vu des vidéos, oh je craignais tout autant une fois alcoolisée. J’observais attentivement ma camarade qui grignotais et décidant de ne pas passer uniquement pour l’alcoolique de service – parce qu’elle me fixait – je grignotais à mon tour un toast, puis deux, puis trois. Je rigolais à sa proposition qui ma foi n’était pas si dérangeante pour ma part. Je n’étais pas timide mais ça, je crois qu’elle s’en était rendue compte toute seule comme une grande.

Elle se reprit toute seule pour éviter le dernier sujet et je lui adressais un sourire moqueur « Tien tien, il s’est donc passé quelque chose sexuellement ? » J’attrapais son verre dès qu’elle le reposa, le remplissant de nouveau même s’il n’était pas entièrement vide, les yeux pétillants d’amusement « Je vais te resservir parce que j’ai très envie de savoir. Presque autant que j’ai envie de danser et chanter à tue-tête avec toi. » Néanmoins, je voulais bien ouvrir le bal des ragots, voir des mecs… bon pour le sexe c’était légèrement compliqué en ce moment, mais ça je pouvais l’assumer aussi. « Je commence, déjà si tu as entendu Sol dire que je suis la meilleure employée du monde de l’univers à tout le monde. Sache que c’est la vérité, je suis une employée exemplaire. » Oui alors est ce que c’était ce genre de ragot dont on parlait j’en doute, est ce que j’avais l’air sérieuse, pas le moins du monde vu mon petit rire tandis que mes dents faisaient tinter le verre que je portais à mes lèvres. « Quant au sujet mec, qui est intiment lié au sujet sexe. C’est compliqué, très compliqué. Je suis attiré physiquement et je parle uniquement du physique, par un connard. » Ouai je trouve que ces quelques mots résumaient parfaitement bien la situation, encore que j’aurais pu dire le roi des connards, au pays des emmerdeurs mais ça faisait beaucoup de mots pour résumer un type quand même. « Et disons que ça se concrétise jamais vraiment et que pour arranger le tout monsieur a décidé que sous prétexte qu’il a envie de s’envoyer en l’air avec moi, ma vie sexuelle comprend lui et uniquement lui. » Bon après est ce que j’étais attirée par quelqu’un d’autres, bah non sinon sa règle à la con, je l’aurais probablement esquivé.

Bon j’avais rempli ma part du contrat, commencer par parler de moi pour lui délier un peu la langue, maintenant c’était au tour de Toni et pour montrer que ce qu’elle allait me dire m’intéressait réellement et que ce n’était pas juste la faire parler pour la faire parler, que je m’intéressais vraiment à sa vie, je posais mon verre pour la regarder « A ton tour je t’écoute, ragots, mecs ? » Je souriais « Pas sexe, j’ai compris, t’es sûr que tu veux pas boire un verre de plus ? »

Je l’avais réveillée à pas d’heure. Non mais elle était gonflée la madame. Ce n’était quand même pas ma faute si je me transformais en loup la nuit. Moi aussi ça me gavait, ça impactait mon sommeil ces bêtises. Et puis on en parle du fait que si j’étais venue la réveiller, ce n’est pas parce que j’étais très mal élevée  mais bien parce que je m’étais pris un ou plusieurs je ne sais plus trop, coups de couteaux et que ça faisait un mal de chien. Bon d’accord, elle n’y était pour rien, elle ne me connaissait même pas à l’époque et en plus et le réveil avait été un peu brutal, elle était donc tout à fait en droit de se plaindre. Je lui adressais un air un peu penaud pour répondre à son air faussement accusateur. En réalité, nous savions très bien qu’elle ne m’en voulait pas vraiment, je glissais même au bout de trois secondes «Au moins c’était original comme manière de faire connaissance.» et ça nous avait mené à une amitié alors c’était sûrement pas plus mal d’avoir été réveillé.

Savoir que George était là, tout près même si nous étions dans l’incapacité de le voir et de le contacter réellement sans que je comprenne vraiment pourquoi mais en même temps, ce n’était pas mon domaine, avait quelque chose d’intimidant. Est-ce que je ne devrais pas poser mon verre d’ailleurs et faire genre que j’étais un exemple, j’étais tentée mais bon vu que j’étais venue avec des bouteilles, qu’il avait pu constater de nombreuses fois que je buvais puisque je revenais complètement torchée chez lui, sans oublier que c’était un sacrilège de laisser une bouteille à moitié remplie et que laisser Toni boire seule, ça ne se faisait pas le moins du monde... ouai j’allais continuer à picoler et changer totalement de sujet puisque Toni me demandait ce que nous pouvions faire. Alors franchement, sans me vanter vu le nombre de fois où j’allais aux fêtes de Poudlard, j’étais une experte en la matière. Je la regardai se lever pour allumer la radio et souriais aux anges tandis qu’elle dansait durant quelques secondes «Tu n’as pas tort même si tu vas voir, tu vas danser n’importe comment parce que dans quelques verres, tu ne l’entendras même plus la musique.» Pour ce qui était de la vie débridée, avant de la soirée je pourrais dire si oui ou non c’était vrai puisque j’allais la faire boire encore et encore jusqu’à ce qu’elle me révèle tout... En attendant, sa vie sexuelle devait être plus intéressante que la mienne où il ne se passait pas grand-chose pour mon plus grand déplaisir.

Pour que sa langue se délie, je commençais par délier la mienne, racontant dans les grandes lignes ce qu’il se passait pour moi - à savoir pas grand-chose – et dressant un portrait très peu flatteur mais totalement réaliste de Kesabel. Lorsque Toni prit la parole pour décrire Kesabel, elle ne se trompa pas réellement avant qu’elle ne me mette le doute dans la suite de sa phrase. Je penchai la tête avant de hausser les épaules d’un air peu convaincue «Je ne pense pas. Je dirais plutôt qu’il veut que le monde tourne selon ses désirs. »  Si je n’étais sûre de rien le concernant, la partie me concernant était évidente « Au niveau de la meute, il leur a mis un coup de pression et il les fait flipper. » Bon moi aussi il me faisait un peu flipper, surtout dans la pénombre « Et en dehors, je crains que la moindre odeur qui signifierait que j’ai eu un amant signerait son arrêt de mort. Ce n’est pas ce que je veux. » Elle releva les yeux vers le ciel avant de rajouter « Tu sais qu’il y a beaucoup de morts qui m’entourent, je ne voudrais pas augmenter le nombre pour du cul. » J’étais tenté de dire vivement que cette histoire se termine mais cela signifiait tuer quelqu’un et ça ne m’emballait pas, sans oublier que je m’habituais au fil des jours à sa présence. Peut être que ça il valait mieux le garder pour moi. Surtout quand Toni commençait à parler de son expérience à elle, elle fréquentait quelqu’un, cette chance. En soit qu’il soit moldu  pour moi ça ne changeait strictement rien, j’avais bien trop aimé ce monde pour pouvoir en dire quelque chose de négatif. Je rigolais lorsqu’elle parlait de bon temps entre adultes consentants « C’est régulier ou occasionnel ? » La suite valait encore plus le coup, elle avait couché avec son ex qu’elle pensait détester, là j’avoue je me bidonnais « Mais qu’est ce qui t’as pris ? Je veux savoir toute l’histoire ! Comment c’est arrivé, est ce que c’était aussi bien que dans ton souvenir ? » Prenant exemple sur elle, je prenais des toasts grignotant avant de poser une autre question puisqu’elle était semblable à ce que je ressentais « ça fait quoi de coucher avec quelqu’un que l’on pense détesté ? » Si elle me disait que c’était nul, ça aurait quelque chose de rassurant.

Bon en revanche, visiblement de coucher avec son ex, ça n’avait pas vraiment  améliorer leurs rapports, loin de là puisqu’elle ne lui avait pas parlé. Bon peut être que je n’aurais pas dû poser ma question  parce qu’il était évident qu’elle n’avait pas aimé. En revanche est ce qu’on pouvait parler d’idée du siècle ou non, ça je n’en savais rien « Boarf, il n’y a rien de mal à ça, on a tous couché avec des ex… Il y  a certains de mes exs, même encore maintenant je serais partante pour coucher avec. » Est-ce que c’était vrai ? Je n’en étais pas sûr, j’avais surtout envie de me taper Greyback mais bon ça m’enquiquinerait de le reconnaître à haute voix parce que je me jugeais pour cela, énormément, je savais que c’était un monstre et moi… et bien je flirtais, je parlais comme si de rien était. Qu’est ce que ça faisait de moi au juste ? Une complice… ni plus ni moins… une complice d’un type sans aucune morale.

Le Greengrass en question te répond merde... pas très causant, pas très poli, tkt Maxime l’a tapé Hé hé, j’étais quelqu’un d’original, voilà qui faisait ma fierté. Bon après, cette originalité peut être que j’aurais pu m’en passer, je n’avais pas non plus apprécié de venir la voir toute esquinté. Je levais les yeux au ciel, n’ayant pas d’argument à fournir pour ma défense. Juste que cette fois j’avais fait mieux, beaucoup mieux. Je n’étais pas venue à l’improviste. Non nous avions un programme du tonnerre, picoler, le point le plus important de la soirée, essayer vite fait de contacter Georges qui avait sans doute mieux à faire que de monopoliser l’attention de Toni, donc il lui donna un message codé, parce que c’était toujours plus sympa et décréta certainement que le mieux c’était encore de nous laisser vivre notre vie et profiter de nos soirées sans la présence oppressante d’un mort. Merci Georges !

Mais non boire ne rendait pas sourd, ce n’est pas ce que j’avais voulu dire, non mais aussi, elle relevait ce qu’il ne fallait pas «Oh non, tu entendras toujours mais disons que ça te paraît plus lointain, tu feras moins attention.» Là c’était assez clair pour madame ?
Rappelez-moi juste pourquoi j’avais lancé le sujet mec ? J’avais l’impression que mon public était un peu trop attentif, ce que Toni confirma en se redressant pour commencer l’enquête. Est-ce qu’on était sûr qu’elle était avocate, pour le coup elle avait plus l’air d’être un flic sur une piste. Je l’observai tandis qu’elle me parlait petit sortilège pour enlever les odeurs avant d’en arriver à la conclusion, franchement déplaisante que si je respectais cette règle c’est que je le voulais bien. Merci Toni de me mettre face à la réalité, ça fait toujours plaisir, elle devrait peut-être arrêter de boire en fait, après réflexion. Je me râclais la gorge «Oui, j’ai envie de me le faire... un peu.» Auquel cas, quel intérêt d’attendre. «La règle a beau être merdique, c’en est une quand même, un peu comme les lois... Se croire au-dessus, c’est risquer de tout perdre.» Bon après Est-ce que c’était grave de perdre ma place qui n’en était même pas une, dans la meute, bonne question. Je fronçais le nez, peut-être qu’elle avait raison, d’accord actuellement personne ne m’attirait mais c’est certainement parce que je ne rencontrais pas assez de monde. C’est décidé j’allais me trouver un plan cul pour évacuer la frustration. Ah zut elle ramenait le sujet sur Kesabel, je reniflais «Parce que c’est un con et qu’il ne sait pas quand il faut la boucler du coup il m’agace, du coup je l’agace, on se prend la tête et on se sépare en mauvais terme à chaque fois qu’on est à deux doigts de conclure. Un jour je vais prendre sa tête et la fracasser contre un mur, comme ça là au moins je saurais pourquoi je ne peux pas me le taper.» Non mais à part ça je vous jure, je le vivais super bien de ne pas m’envoyer en l’air avec. Et je n’étais pas du tout dégoutée que tout soit si compliqué avec lui.  Pourtant le plan était bien établi à la base, coucher, dormir avec, le tuer dans son sommeil mais non il fallait que ça dure trois plombes et que je me coltine régulièrement. Pour le meilleur et pour le pire c’était la formule quand on était marié non et bah je découvrais ceci sans le mariage et ça ne me vendait clairement pas du rêve.

Si en apparence, tout allait ultra bien pour ma super copine Toni qui elle s’en sortait très bien avec son plan cul – le fait qu’il soit moldu étant clairement une qualité - surtout qu’elle avait l’air de bien vivre le fait que ça ne soit que du cul puisqu’il semblerait que les couples, ça ne soit pas son délire. Il fallait quand même qu’elle me raconte s’être tapé son ex. Voilà, ça c’était croustillant comme histoire et bien sûr que je voulais savoir le pourquoi du comment. Mon menton était appuyé dans mes mains pendant qu’elle expliquait comment elle en était venue à coucher avec. D’accord, c’était son unique amour, trop mignon, qui l’avait quitté parce qu’elle était sang mêlée, pauvre con ça ne se fait pas... pour faire plaisir à papa, han de pire en pire mais qui fait ça, qui décide de construire sa vie en fonction des agissements de quelqu’un ? Comment ça et moi ? Hé ho c’est différent, moi c’était par esprit de vengeance c’est pas du tout la même chose. Et puis on ne parlait pas de moi, c’était l’histoire de Toni, chut cerveau ! Je buvais un peu pour pas trop réfléchir et que mon cerveau me contredise, je ne l’aimais pas trop lui tout d’un coup. Je me grattais la tête essayant d’analyser donc le type, il était gonflé quand même celui-là. « Tu veux que je lui casse les dents pour avoir fait ça?» Ah oui c’était spontané, toutes les connexions se faisaient bien rapidement dans mon esprit.

J’étais contente de la voir comme ça, ça se voyait que c’était quelqu’un aimant faire la fête et que son était juste frustrant alors si je pouvais aider un petit peu en lui faisant passer des soirées pleines d’enthousiasme, je prenais ma mission très à cœur. Je la laissais remplir mon verre, amusée de voir sa descente et attrapais de mon côté de quoi tartiner du chai pas quoi sur du pain mie. Ah le chai pas quoi c’est vachement bon, il faudrait que j’en mange plus souvent. A sa question, je n’eus pas besoin de beaucoup de réflexions « Il prend de vies. » Pas besoin d’en dire beaucoup plus, ça suffisait à faire de lui un connard. En revanche pour ce qui était de le décrire, je crains devoir être plus locasse « C’est le genre de mec pour lesquelles les filles se retournent dans la rue. Il est vraiment canon, ça devrait d’ailleurs être interdit d’être aussi canon tout en étant aussi con, quel gâchis. » Ouai alors ça je voulais bien le reconnaître, Kesabel était réellement canon. Attendez d’où elle avait une photo de son mec, plan cul sur son téléphone « Tu l’as trouvé sur une appli de rencontre ? » Merde je verrais jamais la photo, je le crains puisqu’elle aimait cette chanson. Boarf, je me levais pour l’inviter à danser -pardon gesticuler plutôt – avec moi. Ouai, à moi aussi ça me faisait du bien, je me sentais bien, ne réfléchissant à rien, purée ce que j’aimais les effets de l’alcool.

Oh non, elle lisait dans mes pensées. Je la fixais donc et essayais de lui faire passer le message mental je ne bois jamais trop elle avait pas trop l’air de le capter le message mental… Elle devrait s’entraîner un peu mieux, je décidais donc de répondre à haute voix « Oh je crois que je danse toujours mal, que j’ai bu ou non. »  Je pouvais lui dire, ça ne changerait sûrement pas la vision qu’elle avait de moi.

Qui aurait cru que notre discussion tournerait autour des mecs ? Non mais franchement, moi quand j’étais venue ici je ne m’étais pas dit que la discussion porterait autour de monsieur Gros Con et bah pourtant c’était le cas. Faut dire que je l’avais pas trop anticipé la discussion mec alors que je savais très bien que c’était un des sujets favoris de tout le monde. Bah oui faut dire que tout le monde n’avait pas mes problèmes en matière de mec casse bonbon. Mais une fois que j’étais lancée – que l’alcool devait aider un peu encore que tout est relatif -et bien je répondais à toutes les questions qu’elle me posait sans trop de détour, lui décrochant même un petit rire lorsque j’admettais que oui, j’avais envie de me le faire en même temps est ce que si ça n’était pas le cas, le problème serait réglé depuis longtemps, je serais allée voir ailleurs et puis basta. Je redressais la tête en entendant ma partenaire parler de nos personnalités. Oh non mais attendez ce n’était quand même pas ma faute s’il avait un caractère de merde. Je grognais en comprenant où elle voulait en venir « C’est peut être la meilleure solution, investir là dedans et comme ça je pourrais me foutre de sa tronche parce que lui il est frustré. » Oui c’était un plan merveilleux même moi je me suis dit mais quelle emmerdeuse c’est pas possible

Mais le principal ou plutôt la partie de l’histoire qui m’intéressait parce qu’elle ne me concernait pas, c’était celle sur Toni et alors si moi j’avais un con, son premier amour était quand même pas génial génial. Alors on pouvait l’excuser un peu en disant qu’il était jeune mais bon quand même snober quelqu’un pour la non pureté de son sang, c’est quelque chose que je ne comprenais pas vraiment. Du coup je me proposais pour lui casser les dents mais elle n’accepta pas, ah s’il l’avait aidé, c’était compréhensif et si elle le mettait dans la mouise en prime, je n’avais peut être rien à dire. Et si en plus il avait une belle gueule tout à fait logique qu’on ne fasse rien. Pourquoi la conversation revint sur mon connard ah mais c’est une bonne question ? Puis vint la question, celle qui me fit la regarder longuement sans dire un mot, pesant le pour et le contre de ma réponse, pressentant qu’il s’agissait d’un tournant majeur dans notre relation. Mon passé complet peu de personnes le connaissait réellement, si j’admettais volontiers que j’étais un loup-garou trouvant que ça ne définissait qu’un trentième de jours ce que j’étais, le reste était moins souvent révélé, le pourquoi du comment, mon enfance, à part Kayla personne ne connaissait réellement tout de moi. Et maintenant, il y avait quelqu’un très proche de la vérité et je devais décider de ce que je lui révélais ou non ce qui prit un certain temps avant que je finisse par hocher la tête « C’est lui. » Je prenais la décision de lui faire confiance et de partir du principe qu’il n’y avait aucun risque qu’ils se croisent.

Comment ça elle était indignée par le fait que j’ai mentionné une application de rencontre, non mais attendez c’était pas courant d’avoir son plan cul sur tel. Je roulais des yeux « J’ai pas dit que tu étais désespérée, juste que tu savais te saisir des opportunit… » Ah bah flûte il fallait danser à présent, elle n’aurait pas la fin de la phrase puisque c’était bien plus intéressant de danser.

Pourquoi qu’elle se crispa sur moi ? Elle avait vu un truc chelou ? Je tournais la tête pour regarder ce qu’elle regardait tandis qu’elle se crispait et que mon cerveau un tout petit peu embrumé par l’alcool se souvint que lorsqu’elle avait bu les entités venaient lui parler. Oh non mais qu’ils lui foutent la paix et alors l’entité qui vint me parler, nous parler, je sais pas trop à qui elle parlait au juste et bien ce fut certainement l’énigme la plus compliquée de ma vie. Non mais au bout d’un moment les morts que vous soyez des gros rageux d’être mort, c’est ok, mais est ce que vous pouvez nous respecter cinq minutes. En plus dit comme ça c’était important, c’est sûr mais impossible de vous dire ce que ça voulait dire. Je regardais juste Toni un peu paumée, c’est grave quand même que sur trois phrases, j’en ai compris une non ? J’essayais de comprendre le sens et de mémoriser surtout chacun des mots pour n’en oublier aucun. Je dus avoir une tronche un peu spécial puisque Toni capta direct qu’il s’était passé un truc, je hochais mécaniquement la tête, même si c’était pas vraiment pour le je suis désolée, elle n’avait pas à être désolée qu’un mort pas très clair vienne l’enquiquiner. Un nouveau hochement de tête pour montrer que j’allais bien sans qu’une parole ne soit prononcée et je crois même que je n’avais pas entendu l’autre je suis désolée, pas plus que je ne l’avais vu bouger, pour éteindre la musique. D’ailleurs ce fut ce silence qui me fit secouer la tête avant de me concentrer sur elle « Tu aurais un papier et du crayon pour que je note et qu’on oublie pas ce que le mort a dit, si ça se trouve ça te concerne en plus. » Oui bah moi j’avais pas bien compris comment ça marchait. Une fois que j’eus retranscris les mots dans la fidélité la plus totale, je regardais Toni et me déchargeai royal parce que c’était trop compliqué pour moi « C’est à toi que c’est adressé pas vrai ? C’est limpide pour toi, tu arrives à regarder au-delà de l'horizon? » Non mais comment ça pouvait être limpide entre  l’ange chai pas quoi, Lucifer le chat de cendrillon, la lune qui guide les pas dans la nuit – alors que franchement le soleil ce serait plus logique – le fait que manger le dernier croissant soit un fardeau… en vrai ça je pouvais comprendre, la dernière viennoiserie c’est toujours problématique, soit plus personne a faim et on essaie de la refourguer aux autres, soit c’est l’inverse et tout le monde la veut… la merde quoi. Pour l’horizon c’était simple par contre fallait regarder au dessus des nuages. Niquel un tour à la montagne ! oui, elle a rien compris

Si l’autorisation m’était donné de boire, je comptais bien en profiter. D’ailleurs je buvais encore une ou deux gorgées afin de montrer ma docilité. Est-ce qu’après j’avais besoin d’un alibi à savoir l’alcool, pour danser n’importe comment, rien n’était moins sûr. Je crois que j’assumerais dans tous les cas.

Ce que j’assumais tout autant c’était parler de mes problèmes de… cul on peut dire cul parce qu’il n’y avait rien d’autres. Quoi qu’en fait il n’y avait pas non plus de cul, ouai on va dire mes problèmes de Kesabel, ça fait code secret, c’est parfait. C’était compliqué, d’après ma pote de beuverie, il allait falloir remédier au problème en me débrouillant sans partenaire et bien l’idée me plaisait, jusqu’à ce qu’elle rajoute qu’elle me souhaitait connaître autre chose que ça. Ouai moi aussi, je me souhaitais de coucher avec Kesabel mais bon, c’était pas si facile.
Toni était bien trop perspicace pour moi, ça c’était une certitude. Il ne servait à rien de la mener en bateau, ce serait même indigne de la prendre pour une andouille. Autant l’admettre, oui elle avait parfaitement résolu le puzzle et la seule chose que je pouvais espérer c’est que ce secret, elle allait le garder. Moins de gens seraient au courant et moins je risquais ma peau… encore que ça c’était pas dit, j’étais très douée pour me mettre mon adorable loup-garou à dos en moins de dix minutes à chaque fois. C’est dommage qu’il n’y ait pas cette matière en cours, je suis sûr que je serais imbattable. Merde, c’était le mot et elle ne savait même pas à quel point c’était le bordel dans ma tête, à quel point tout se mélangeait et cette impression constante que j’avais de me trahir. Sans parler de cette crainte de devenir pareil à force de le fréquenter. Sans pouvoir dire de moi-même que j’étais influençable, les relations que j’avais m’avait forgé et me forgerait encore. Alors qu’elle constatait qu’elle était petite joueuse, je râlais pour la forme « Oh j’échange volontiers ma place avec la tienne. » Je suis sûre que je m’en sortirais bien à juste me taper mon ex.

Alors que tout se déroulait bien, que nos discussions étaient géniales et bien il y a un mort qui avait décidé de s’inviter à la fête, oui sans prévenir, bien sûr que ça ne se fait pas… si je l’ai déjà fait ? Oui mais c’est différent moi je ne plombais pas l’ambiance en faisant des énigmes à deux balles. Non mais franchement, le désespoir. Est-ce que moi aussi je serais chiante comme ça une fois morte ? A faire des phrases que personne comprend et je suis sûr que le mort là, il était fier de lui, c’est ça le pire, il devait se dire ahlala chui limpide comme gars. Bah non t’es pas limpide, on comprend rien, si on voulait se faire une soirée énigme on aurait sorti un escape game, si on sortait de l’alcool c’est pas pour rien. En plus, on en parle que c’était à moi de retranscrire tout ? Quelle feignasse ce défunt, il aurait pu au moins écrire sur un papier ? Non non qu’on ne me fasse pas croire qu’il était pas capable de forcer Toni à écrire, il la forçait bien à dire des trucs pas clair. Etant donné que moi je n’avais rien compris, je partais du principe que c’était pour elle… erreur c’est sûr, c’était pour moi. Alors là, je la regardais, je regardais le message, la re regardait. Ah bah j’espère pour le mort qu’il ne comptait pas sur moi parce que là franchement, c’est pas avec son message de croissant, d’horizon et de diable que j’arriverais à l’aider… Est-ce que ça se voyait que j’étais dépitée ? Sûrement puisque Toni s’empara du message pour me souhaiter la bienvenue «  Oh bah merci, c’est gentil. »  

Moi je m’étais dit c’est bon, on comprend rien au pire on jette le message et puis on picole pour oublier… sauf que voilà, miss Toni, elle s’était emparée du stylo pendant que moi je m’étais emparée de mon verre. Ok donc vraiment pas le même objectif, je buvais une gorgée tandis qu’elle dessinait des cercles sur le papier puis qu’elle m’expliquait. Super donc la lune me parlait… de mieux en mieux. Je l’observais tandis qu’elle s’emparait de son tel pour me lister des noms. Vraiment, il y a des gens qui s’appelait comme ça ? C’est ultra spécial comme prénom, jusqu’à ce que… le prénom Kesabel vienne sur le tapis. Je posais mon verre après avoir confirmé que je connaissais un ange – mon œil – déchu. Le problème maintenant c’est pas tant que je le connaisse, c’est qu’on me destine à moi un message pour lui ou le concernait. Je ne comprenais d’ailleurs pas plus et une fois n’est pas coutume, Toni décida de m’aider un peu. En fait je sais pas ce qui était le pire, que moi j’ai l’impression qu’on me parlait chinois ou que pour elle ça soit clair. Donc la personne ayant un melon gros comme je sais pas quoi qui se prenait pour la lune pensait avoir de l’influence sur Kesabel… Déjà rien que ça excusez moi de trouver ça louche. Et pourtant, ma curiosité était piquée, pourquoi un illustre inconnu venait me parler de Kesabel et là, ça ne semblait pas parler de vengeance ? En revanche creuser, ça me paraissait compliqué, je voulais bien essayer cependant et trouver cette lune. Je hochais donc la tête « Si le dernier croissant signifie qu’on ne voit plus la lune et que c’est une façon de nous dire que monsieur lune est mort, c’est pas un génie ton mort, ça on avait deviné toutes seules comme des grandes qu’il avait passé l’arme à gauche. » Voir au-delà des apparences ? Attendez la lune, il sous entendait que je jugeais les gens sur leur apparence ? Mais quel chnoc celui-là, j’étais plutôt relativement ouverte d’esprit je trouve, je ne jugeais personne et alors si msieur Lune me parlait de Kesabel, c’est lui qui était aveuglé hein parce que merci du conseil mais il était au courant que j’étais un loup à cause de lui et que quand nous avions abordé ce merveilleux sujet de la potion et donc de contrôle d’un sale cabot, il m’avait envoyé bouler. Les apparences rien du tout. Ce mort j’aimerais bien qu’il se radine en fait, je crois que moi aussi j’avais des énigmes à lui transmettre.

Toni m’empêcha de ronchonner trop longtemps mentalement en me demandant si elle avait aidé et si je voulais qu’elle fasse des recherches, je poussais un soupir avant de la regarder « ça m’aide. Je ne suis pas certaine que msieur Lune sois ultra objectif si tu veux mon avis. Je ne peux pas te demander de faire des recherches Toni. » ce n’est pas que ça m’intéressait pas, bien sûr que j’allais fouiner maintenant. « Je te l’ai dit je ne veux pas profiter de ton don. Essayer de contacter Georges, c’était déjà ultra gentil. Je ne veux pas abuser, déjà qu’à cause de moi, un mort vient de t’enquiquiner… Je vais pas en plus te faire perdre du temps. » En revanche je voulais bien reconnaître « Oui je veux en savoir plus et je vais essayer de prendre en compte le message. » essayer je dis bien parce que le problème c’est qu’il fallait un grand self contrôle pour parler avec Kesabel et je n’en avais pas vraiment. J’eus un petit rire cependant en l’entendant dire qu’on dessaoulait vite après un truc pareil. « Si j’avais su que ça serait si efficace, j’aurais été ravie de te compter parmi mes amies durant mes années de collèges, ça aurait été pratique pour éviter d’avoir la gueule de bois le matin en cours. »

Championne, c’est le mot en effet. Je poussais un soupir, exaspérée par moi-même. La vie ne voulait pas que tout soit simple, non moi il fallait que vraiment j’aille chercher les emmerdes et que je m’y accroche, bah oui pourquoi faire simple quand on peut faire compliquée. Après, j’étais sympa pas du tout moi je voulais bien échanger avec elle mais elle ne voulait pas. Non mais quelle égoïste, à croire que j’avais mal vendu Kesabel. Peut être que la prochaine fois, je devrais éviter de mentionner ses défauts et passer aux qualités… ouai non en fait en une demi phrase ce serait bouclé et en plus ce serait terriblement mensonger. Après je savais dans quoi je m’étais engagée, ou tout du moins les grandes lignes, donc je pouvais répondre « Je vais me débrouiller à la perfection avec la mienne tu verras. » Je parlais un peu vite mais j’avais confiance en mes capacités, tout se passerait comme sur des roulettes.

Ce qui ne se passerait pas comme sur des roulettes, ce serait cette soirée avec Toni. Enfin, il n’y avait pas mort d’homme, enfin si mais c’est pas le sujet, nous étions en pleine forme, nous ne nous agressions pas non plus. Le problème c’est qu’un passager clandestin avait décidé de venir jouer les troubles fêtes et ça n’était certainement pas à cause de la musique trop forte. Et puis alors ce passager clandestin on peut en parler ? Il venait quand on avait bu, alors déjà que d’ordinaire, je n’étais pas vraiment la pro des énigmes, parce que c’est super chiant à comprendre. Mais alors quand j’ai bu mais faut pas compter sur moi. D’ailleurs ce n’était pas sur moi que notre Lune compta. Mais heureusement que la morsure d’un loup-garou ne faisait pas devenir nécromancienne parce que bon sang de bon soir, les morts avec moi ils auraient déchanté de fou. J’avais l’impression d’être dans une prophétie de film sauf qu’à la rigueur un film, on avance jusqu’à la fin avec la télécommande et on a la solution, moi je ne pouvais pas m’amuser à appuyer sur l’accélérateur pour que ma vie passe plus vite, comprendre en temps et en heure puis revenir dans le passé, toujours avec la zapette. Bah non, ça ne marchait pas comme ça.

Je jure, j’essayais d’être concentré, de comprendre mais faut dire ce qui est c’était du charabia et puis c’était franchement déstabilisant d’entendre Toni parler de Kesabel en utilisant le mot ange. S’il y en avait bien un qui à mes yeux n’était pas un ange, c’était lui. Je répétais comme si le dire à haute voix allait changer la donne « Le dernier croissant c’est son fardeau. » C’était pas plus clair. En revanche, me renseigner sur qui était le croissant, ça je pouvais le faire, bon ça prendrait un peu de temps parce qu’autant gonfler Kesabel, j’étais une experte, ahlala la meilleure même, autant le faire parler… oulalah ce n’était pas dans mes cordes. Je hochais la tête donc « Je vais trouver qui est cette personne. Tu penses qu’il peut l’avoir tué et qu’il regrette ? » ce serait bien la première fois qu’il regretterait quelque chose hein, mais sait on jamais. En tout cas msieur Lune avait l’air de l’apprécier, sinon il ne serait pas venu montrer le bout de son croissant. Si je la trouvais ultra généreuse avec moi, déjà pour avoir accepté de contacter Georges mais aussi pour m’avoir aiguillé avec cette mystérieuse formule, je ne me voyais pas abuser d’elle. Et pourtant, elle insista, ne prenant visiblement pas ça comme une contrainte. « Et bien si tu as le temps de te pencher de temps en temps sur cette énigme et que tu as des idées, n’hésite pas à m’envoyer un hibou pour que je passe. » Ouai, je préférais venir la voir plutôt que de l’utiliser « et moi de mon côté si je suis sur une piste, je te tiendrais au courant. Bonne idée pour monsieur Lune, il s’ennuie sûrement là-bas et il est ravi d’avoir enfin de l’attention, par contre si c’était une fille qui voulait parler cul, elle a totalement foiré sa mission, elle nous a parlé de tout sauf de cul. » A vrai dire, j’aurais préféré qu’elle parle de cul.

Ah la déception par excellence de la part de Toni, ça ne permettait pas de ne pas avoir la gueule de bois le lendemain, je fis la moue « Bon, j’aurais quand même voulu de toi comme amie mais j’aurais adoré ton super  pouvoir. » Son bâillement était contagieux, c’est le moins que l’on puisse dire. On pouvait remercier Kesabel l’ange déchu pour gâcher les soirées, c’est fou, même quand il était absent, il arrivait à me pourrir la vie et quand ça n’était pas directement lui qui était en cause c’était son fardeau monsieur la lune c’est grave. « On va se coucher ? purée même moi en écrivant ça je baille ça craint XD » Je cherchais du regard Poil de Châtaigne, espérant quand même qu’elle accepterait de délaisser l’amour de sa vie pour revenir dormir avec toi.
Après avoir aidé Toni à ranger tout ce qu’il y avait dans le salon, s’être brossé les dents, et s’être mis en pyjama, j’eus la bonne surprise de la retrouver dans mon lit. Ce chat était tout simplement génial. Néanmoins, je laissais la porte ouverte au cas où le fléreur de Tony souhaitait venir dormir avec sa chérie.