Pré-au-Lard, nombreux étaient les élèves à Poudlard, tant bien du côté du collège que des étudiants de l'Université, qui appréciaient passer leur temps libre dans cette petite ville. Après tout, tout ce dont l'on pouvait avoir besoin semblait s'y trouver. Que ce soit pour des emplettes ou pour simplement passer un moment agréable autour d'une bièraubeurre avec des amis, il y avait toujours de quoi ravir tout le monde. Cependant, Kun, lui, ne faisait pas vraiment parti de cette vague d'élèves qui souhaitait à tout prix se jeter dans les rues du village dès le week-end venu. A vrai dire, il préférait de loin le calme de la bibliothèque ou encore la chaleur réconfortante de sa salle commune, et ce quand bien même à première vue elle ne soit pas des plus accueillantes. Des lieux où il pouvait, en somme, rester relativement tranquille, loin de toute l'agitation qui semblait toujours peupler la grande rue de Pré-au-Lard. Mais il pouvait toujours faire des exceptions. Après tout, sa plume commençait à se faire vieille et avait commencé à perdre de sa superbe. De plus, quelques parchemins de plus ne seraient pas du luxe. Et puis, profiter de l'air frais du mois de Mars ne pourrait que lui faire du bien.

C'est donc, malgré une envie certaine de simplement rester à rien faire, qu'il se retrouva bientôt aux portes du château de Poudlard, quittant les barrières l'empêchant de transplaner pour ensuite rejoindre le fameux petit village. Comme il fallait s'y attendre, un bourdonnement de ragots et de plaisanterie s'échappait des différents groupes qui avançaient gaiement entre les magasins. Il en respirait une joie de vivre et une gaieté qui, loin d'être désagréable, ne semblait pourtant n'être rien d'autre qu'une preuve ultime d'une population trop importante pour le lycanthrope. Le nombre important d'étudiants de Poudlard, que l'on pouvait aisément reconnaître grâce à leurs écharpes colorées, s'y trouvant n'aidant probablement pas à baisser l'agitation qui s'y trouvait. Mais d'un autre côté, que serait ce petit village sans cette habituelle animation ? L'endroit, privé de tout cela, ne resterait très certainement rien de plus qu'une coquille vide. Après tout, Pré-au-Lard était ce qu'il était grâce à ses habitants et à ses visiteurs.

Traversant d'un pas vif la rue, tentant d'éviter les passants peu attentifs en zigzaguant entre eux, il pesta à moitié lorsqu'un gamin affublé d'une écharpe à l'effigie de Serdaigle le bouscula. Un air coupable sur le visage, le collégien lâche un léger « Pardon » dans un souffle avant de s'enfuir vers un groupe de jeunes plus loin. Un soupir s'échappa d'ente les dents du jeune Chang. Voilà la principale raison de sa réticence à sortir à Pré-au-Lard. Le fait qu'ils soient en week-end n'aidant par ailleurs, très certainement pas la chose. Enfin, le gosse en question avait tout de même eut l'amabilité de s'arrêter pour s'excuser. Ce qui était loin d'être le cas de bien de ses pairs. Ceci dit, mis à part ce léger accrochage, il n'eut pas eut à faire face à d'autres soucis avant d'arriver devant la porte de Scribbenpenne. Nouvelle grimace lorsqu'il se rendit compte qu'il y avait plus de clients potentiels qu'il ne l'avait songé. Peut-être aurait-il eu meilleur temps de choisir un autre moment pour venir. Mais d'un autre côté, maintenant qu'il était là, autant éviter d'avoir à revenir dans les jours qui suivaient. Ses yeux se baladèrent alors sur les plumes qui étaient présentées. Le choix s'avérait plus délicat que ce qu'il pensait également.

Il parvint finalement à sortir de la boutique plusieurs poignées de minutes plus tard. À l'aide d'un rapide sort, il rétrécit ses achats afin de les placer dans l'une de ses poches sans risquer qu'ils ne s'abîment avant de reprendre sa route. C'est alors qu'il songeait à ce qu'il pourrait acheter avant de rentrer, cherchant à rentabiliser au maximum sa sortie qu'il fut tiré de force de son esprit alors qu'une main saisissait son avant-bras, le forçant à faire face à une vieille femme à laquelle il n'avait pas réellement prêté plus d'attention que cela auparavant. Après tout, elle faisait simplement partie de la foule, et ses paroles s'étaient naturellement mêlées au brouhaha global auquel Kun ne portait aucune attention. « Dugald ! Ca faisait si longtemps que tu n'étais pas venu me voir ! » Ouvrant de grands yeux surpris, le Serpentard ouvrit la bouche pour finalement la refermer immédiatement. Qui ? Mais alors qu'il tentait encore de comprendre ce qu'il venait de se passer, jetant des regards à gauche et à droite, de son côté la centenaire était déjà repartie dans des babillages joyeux : « Ca me fait vraiment plaisir de te voir ici ! Moi qui croyais que tu m'avais totalement oublié ! Comme tu as grandi, viens là que ta grand-mère t'embrasse. » Tirant doucement sur le bras qu'elle tenait toujours dans sa main, elle tenta de faire se baisser le jeune homme. Ah ! Pourquoi fallait-il qu'il tombe sur une vieille folle qui le prenait pour quelqu'un d'autre. Saisissant la main de la femme pour la faire lâcher prise, ne supportant pas le contact de cette dernière, il tenta de s'éloigner sans grand succès, cette dernière ne semblait pas vraiment prête à le laisser filer de la sorte. « Il..Il y a erreur. Je ne suis pas votre petit-fils madame. » Bégaya-t-il maladroitement. Mais visiblement cela ne suffit pas à convaincre la vieille dame qui se laissa aller à un petit rire, assénant une tape sur le bras du pauvre étudiant. « Voyons Dugald, c'est pas bien de faire marcher sa grand-mère comme ça. » Dans quel pétrin c'était-il encore fourré ?!

Alors qu'elle tenait encore le bras du Hongkongais, ses yeux embués par la folie due à son âge avancé, se posèrent sur une autre personne qui passait par là, son regard pétillant une nouvelle fois d'une joie immense. Ne laissant pas au jeune homme une nouvelle occasion d'essayer de se sauver, elle interpella le sorcier qui avait eut le malheur de passé par là. « Oh Ferdinand ?! Mais oui ! C'est bien toi ! » Tout comme elle avait attrapé Kun, le passant fut lui également prit au piège alors que la femme repartait dans son délire : « Si on m'avait dit que je te verrais aujourd'hui ! Et dire que je ne pensais plus jamais te revoir après cette maudite guerre ! » Oh non, ce n'était pas possible... Jetant un regard désespéré à la seconde personne qui venait de sombrer dans cet immense malentendu, le Serpentard espérait qu'il puisse l'aider à les sortir tout deux de ce mauvais pas.

Semblant bien moins atteint par le malentendu que ne pouvait l'être le pauvre étudiant, le nouvel arrivant adressa même un charmant sourire à la vieille femme, sourire qui fit tout de même légèrement tiquer le Serpentard, ce dernier ne semblant pas tellement sincère à y réfléchir. Mais un sourire était un sourire après tout, non ? N'avait-il pas trop entendu cette même rengaine ? Allez Kun, souris un peu ! On dirait une tombe ! Ou il ne savait quelles remarques encore. Il fallait dire que de son côté, il était plutôt avare de ces petites esquisses de lèvres qui pourtant savaient si bien illuminer les visages. Mais si c'était pour sourire de façon si fausse... Alors à quoi bon s'embêter ? Cela dit, l'étrangère ne sembla pas s'en formaliser - ne s'en étant probablement pas vraiment rendue compte à vrai dire - alors que l'inconnu se présentait pour à son tour tenter de dissiper le malentendu. Tobias Towsen ? Son nom lui disait quelque chose. Il lui fallut néanmoins quelques secondes de réflexion pour se souvenir d'où il l'avait entendu. Et si Tobias ne lui disait rien, Towsen n'était-ce pas le nom de famille de l'une des amies de Nymphéa ? ... Et de cet abruti d'Owen au passage ? Il n'était pas certain de pouvoir remettre son prénom, mais il était presque certain que c'était bien une Towsen. Dans tous les cas, ce Towsen là n'était pas quelqu'un que le jeune homme connaissait. La nouvelle victime de la folie de cette vieille femme fit également une remarque sur la guerre à laquelle il participait pour contrer l'argument de la femme, faisant arquer un sourcil au Hongkongais. Parlait-il des affrontements contre le Blood Circle, Kun n'était pas au courant de tout ce qui se tramait contre ces tarés de moldus, mais il savait pertinemment qu'il y avait raison à conflits... Et qu'il y avait par ailleurs bien des batailles contre ces non-mages. Dans tous les cas, bien qu'il n'y réagit pas plus que cela, l'allusion au fait que la guerre de cet homme n'était pas maudite le fit songer que chaque guerre était une malédiction en soit. Après tout, des hommes mourraient, du sang et des larmes étaient sans cesse versés. N'était-ce pas là le plus grand des tourments pour l'humanité ? Les guerres ?

Cependant, toutes ses réflexions ne semblèrent aucunement toucher la vieille folle qui se contenta de continuer à s'enfoncer dans son délire en incitant l'homme à se joindre à elle - et très certainement à Kun, qui qu'il soit dans son esprit - pour aller boire un verre afin de fêter ses étonnantes mais réjouissantes retrouvailles. Le dénommé Tobias s'était finalement tourné vers le plus jeune dans le but de le questionner sur ses relations avec sa géôlière. Faisant mine de ne pas se froisser aux termes Petit Serpentard - non mais il le prenait à ce point là pour un gamin ?! - il secoua lentement la tête. « Non... Elle n'a pas l'air d'avoir toute sa tête. » A peine sa phrase fut elle achevée que la femme rétorqua avec un bruyant rire. « Oh ! Je comprend hihi ! Vous vous êtes fait passer le mot ! Que vous êtes drôles ! Mais ca ne marchera pas hihi ! J'ai tout compris ! » Kun appuya un regard désespéré vers l'autre homme, le discours de cette pauvre femme venant parfaitement appuyer ses propos précédent. La vieille semblaient avoir atteint un âge où sa raison venait à présenter quelques défaillances. « Maintenant que j'ai compris votre petite blague, on peut tous aller passer un peu de temps ensemble ! » Lâchant le poignet du serpent pour venir passer plus largement son bras autour de ses épaules, le serrant par la même occasion plus étroitement contre elle, Kun ne put qu'esquisser une grimace d'inconfort et un vent de panique se lever en son sein. Les contacts physiques avaient toujours eut le don de le mettre mal à l'aise. Plus que cela, il ne les supportaient pas. D'un mouvement plus vif et brusque qu'il ne l'avait voulu, sans qu'il ne puisse par ailleurs réellement avoir le contrôle sur ce dernier tant il avait été purement instinctif, le loup-garou se défit avec force de l'étreinte non désirée, repoussant alors, sans réellement le vouloir, puissamment la vieille femme qui tituba légèrement, les yeux ronds comme des ballons face à l'incompréhension de ce qu'il venait de se produire. Prenant conscience de ce qu'il venait de se passer et face au visage si défait de cette pauvre femme, le jeune Chang sentit le poids de la culpabilité peser sur son estomac. « Je.. euh... Je suis désolé... v-vraiment désolé.. Peut être qu'on pourrait vous raccompagner chez vous ? » Tenta-t-il de se rattraper suite à son mouvement exagéré. Il tourna par la suite un regard gêné vers l'adulte qui était là. S'il parvenait à le tirer avec eux, peut être qu'il pourrait plus facilement se détacher de la centenaire une fois arrivés ? « Vous... euhm... pourriez m'aider à la reconduire chez elle monsieur Towsen ? ... Elle ne doit pas habiter très.. loin ? »

Il n'avait jamais été des personnes les plus sympathiques, ou tout du moins il était connu pour être particulièrement froid et distant de tous. Mais il restait un être humain et s'il aurait simplement voulu fuir, son acte avait été démesuré, dicté par un moment de panique, et blesser les autres - et en particulier les vieilles femmes perdues - sans raison n'était pas vraiment l'un de ses passes temps favoris. Quelque part, il s'en voulait également d'entraîner le Towsen dans cette histoire, après tout, il n'avait rien demandé non plus. Mais comme on dit, il était au mauvais endroit au mauvais moment. Par ailleurs, la demande de l'étudiant sembla bien contrarier l'adulte qui se retrouva néanmoins obligé d'accepter. Qui ne l'aurait pas fait après tout ? Peut être plus de personnes que l'on pourrait le penser en fait. Peut importe, le fait était que dans tous les cas, Tobias avait accepté, mettant cependant en garde le Serpentard qu'il ne l'aiderait pas plus s'il lui venait d'autres idées de la sorte. Serrant les dents, le lycanthrope hocha simplement la tête. Valait mieux ne rien dire.

Alors qu'il prenait le chemin vers le foyer de la vieille femme, cette dernière recommença à babiller des inepties, visiblement plus qu'heureuse de voir son cher petit fils et son grand oncle venir l'accompagner chez elle pour prendre un café. Une grimace apparut de nouveau sur le visage du jeune homme. Pourquoi se bornait-elle à ne pas vouloir écouter. Tout serait tellement plus simple si elle écoutait un tant soi peu. Les vieilles personnes étaient vraiment... des gens à part. Ou peut être était-ce simplement parce que cette vieille sorcière était justement particulièrement vieille ? Dans tous les cas, Kun la trouvait plutôt effrayante. Et cet impression se renforça lorsqu'elle commença à se mettre dans une colère noire en se rendant compte que les deux jeunes hommes qui venait de la raccompagner n'avaient en réalité aucunement l'intention de passer un moment à ses côtés chez elle. En effet, le Towsen lui avait annoncé qu'ils allaient partir à présent, mais la vieille femme semblait désormais agacée par ce qu'elle prenait encore pour un jeu ou une blague idiote. Et alors qu'elle attrapait le poignet de l'adulte pour l'attirer à lui, elle s'était véritablement mise à crier lorsque ce dernier l'avait doucement repoussé.  Alors que quelques minutes auparavant elle semblait simplement être une pauvre femme totalement perdue à cause de son âge avancée, débitant des bêtises mais foncièrement joyeuse, la centenaire semblait s'être métamorphosée sous le coup de la colère.

Muet, le Serpentard regardait la scène sans vraiment savoir quoi faire. Il était presque certain que la vieille femme n'était pas réellement dangereuse, peut être était-ce simplement là une simple preuve de la folie qui semblait l'habiter. Mais cela n'en restait pas moins effrayant. Finalement Tobias se tourna vers lui, lui annonçant qu'ils feraient sans doute mieux de s'en aller. Nouveau hochement de tête. Le regard du jeune Serpentard tomba sur la baguette que l'adulte avait sorti. Comptait-il réellement s'en servir contre la vieille folle ? N'était-ce pas un petit peu.. trop ? « C-Calmez vous... s'il vous plait madame. » Tenta tout de même vainement le hongkongais, une grimace embêtée toujours bien présente sur son visage. Peut être pas finalement. Après tout, vu l'état dans laquelle la femme s'était mis, à continuer à crier aux deux hommes de rentrer et à s'énerver, peut être qu'un sort serait plus efficace que d'essayer de la raisonner par des mots. Après tout, leurs explications n'avaient jusque là pas suffit. La sorcière semblait être totalement fermée à tout ce que pouvait dire les deux hommes. Rien ne comptait si ce n'était ses fabulations qu'elle répétait encore et encore, enfermée dans un cercle illusoire dont elle ne voulait définitivement pas se sortir.  

Habituellement, le jeune Chang était du genre invisible, préférant rester dans les ombres afin de n'attirer le regard de personne. Tout comme aider son prochain n'avais jamais vraiment été son but premier. Mais il gardait un coeur tout de même, et cette pauvre femme lui avait fait de la peine, ou bien était-ce uniquement à cause des remords qui l'avaient immédiatement suivi après son accès de violence due à sa panique d'être pris au piège dans la poigne de cette vieille femme. Le fait était que désormais, il regrettait amèrement cet élan de bonté. Il aurait mieux fait de s'en tenir à ses habitudes et simplement s'éclipser. Il serait mentir de dire que la situation ne l'effrayait pas. La colère de la centenaire ne semblait ne faire qu'empirer et le vert et argent comprenait à peine comment ils avaient pu en arriver là.

Quelque part, aussi solitaire soit-il et aussi réticent qu'il puisse être vis à vis de traîner avec d'autres personnes, pour une fois, il était bien content d'être accompagné dans cette histoire. Une chose était certaine, il serait redevable au Towsen une fois qu'ils seront sorti de cette situation. Semblant avoir définitivement perdue le peu de raison qui lui restait, la vieille dame se mit à hurler de plus belle, leur ordonnant une fois encore de rentrer tout en essayant une nouvelle fois de se saisir du bras du Serpentard. Sa tentative de l'esquiver en reculant aurait très certainement été vaine si Tobias n'avait finalement pas utilisé sa baguette pour paralyser la menace qui venait de s'écraser raide sur le sol. Kun cligna plusieurs fois des yeux, son cerveau ayant du mal à assimiler les évènements tant ils s'étaient passés vite. Le coeur battant à toute allure, il avait encore du mal à réaliser pleinement ce qu'il venait de se dérouler. Il sembla reprendre ses esprits lorsque l'adulte, qui avait d'hors et déjà commencé à soulever le corps inerte de la vieille folle lui demande de l'aide. Bien que dans le dos de l'homme, le hongkongais hocha tout de même la tête avant de s'avancer pour aider l'homme avec sa charge.  

« M-Merci. Vraiment. » Fini-t-il par lâcher tout de même dans un souffle mal à l'aise. Il se racla la gorge pour essayer de reprendre contenance. « Je vous suivre redevable. J-Je ne sais pas ce que j'aurais fais... enfin vous voyez... Si je m'étais retrouvé tout seul. Je sais que ca ne représente certainement pas grand chose pour vous.. mais si je peux vous aidez pour quelque chose.. un jour.. Enfin, vous voyez ? » Nouveau raclement de gorge. Il n'aimait pas devoir quelque chose à quelqu'un. Il essayait toujours de faire en sorte de payer ses dettes. Et pour le coup, il aurait été dans un sacré pétrin si Tobias n'avait pas été présent aujourd'hui, ou qu'il avait juste passé son chemin comme beaucoup l'aurait sans doute fait face à la situation.